Parmi les thèmes récurrents utilisés dans les textes d’artistes rock/metal, il y a celui des addictions. Pour le nouvel album de Satan Jokers, faisant suite à non pas un mais deux albums sortis en 2009 ainsi qu’un disque de Furious Zoo – preuve que le Hard Rock lui avait manqué – Renaud Hantson a choisi de consacrer à cette thématique un album concept entier. « Encore ? » est donc une réaction légitime, étant donné la récurrence de ce sujet. Néanmoins, pour l’écriture des textes, Renaud a travaillé avec le Docteur Laurent Karila, spécialiste en la matière, peut-être, qui sait, justement pour briser quelques clichés.
Comment cette thématique a été abordée ? Pendant combien de temps Renaud compte-t-il tenir cet impressionnant rythme de composition ?
Nous avons posé toutes ces questions et bien d’autres à Renaud lors de l’émission Anarchy X du 1er novembre 2011 au cours de laquelle, vous pourrez en juger, il a fait preuve d’une très grande éloquence, de sincérité et d’une part d’humour.
Réécoutez l’interview :
[audio:interviews/interviewsatanjokers.mp3|titles=Interview Renaud Hantson (Satan Jokers)]Radio Metal : Salut Renaud ! T’es en forme ?
Renaud Hantson : Oui, ça va bien, j’étais en train de m’écouter moi-même dans une rediffusion, ce que vous faites tous aujourd’hui, avec les podcasts. J’étais donc en train d’écouter une rediffusion de la première interview qu’on a donnée il y a une quinzaine de jours avec Laurent Karila, le psychiatre avec qui j’ai travaillé sur le nouvel album de Satan Jokers et je trouve que le duo marche bien. L’histoire du podcast c’est bien ça parce que ça permet de réécouter les conneries qu’on a dites à la radio et de se censurer pour la prochaine fois.
Tu sais qu’il y a déjà deux podcasts de toi sur Radio Metal.
Je sais ! Justement, il faudrait que vous me donniez les liens pour que je puisse balancer ça sur mes sites internet. C’est vraiment très bien maintenant que des gens qui ne sont pas forcément d’une certaine région puissent écouter une interview qui a eu lieu dans telle et telle région de France. Je trouve ça carrément génial ! C’est top niveau, c’est l’avenir. Ça, c’est au moins l’intérêt du net, ça a niqué un peu le monde de la musique en ce qui concerne les ventes de disques mais, par contre, il y a une vraie propagation des messages, donc je trouve ça plutôt bien et surtout que, là, on a un album avec un message alors je trouve ça même plutôt très bien.
La dernière fois qu’on s’était vu sur cette antenne, je ne sais pas si tu étais en train de fêter quelque chose en particulier mais tu en avais un petit peu dans le nez…
Oui, je crois que j’avais fait une fête, je devais être dans une espèce de fête ici pour célébrer je ne sais plus quoi, la sortie d’un disque ou autre. Oui, je fais toujours la fête mais ça n’est pas la même fête on va dire. C’est un long processus quand tu as été très loin dans les excès avec ce que j’ai caché des années et des années aux gens. Moi, je me suis toujours marré quand j’ai quitté le monde du rock en 1986, quand, justement, le circuit du hard rock pensait que j’étais un traître à la cause, etc. alors que ma vie c’est quand même Ozzy Osbourne et Lemmy mélangés. Ça me faisait doucement rigoler parce que, en vérité, mes plus grosses années d’excès, je les ai connues dans la variété, dans la pop musique. Et là, c’est marrant justement d’avoir remis un pied dans le monde du heavy metal et, au contraire, d’essayer de prêcher quelque chose qui pour certains va être très compliqué à comprendre, sauf pour ceux qui sont véritablement touchés par le problème mais aussi éventuellement pour des gens qui seraient intéressés par la connaissance de l’addiction. Nous, on n’a pas la clé avec le toubib avec qui j’ai fait le nouvel album de Satan Jokers. On propose quelques trucs, on a fait un album qui est un album préventif avec un bouquin de 130 pages. C’est un bouquin numérique dont le lien se trouve à l’intérieur du livret de l’album. On essaie de bouger les choses, donc oui, certainement, la dernière fois que j’ai appelé, je devais être encore dans une phase mais ça ne m’empêche pas de faire la fête ! Samedi soir, je suis sorti, j’ai bu des verres dans un club avec que des belles gonzesses partout, c’était assez rigolo. Mais c’est très difficile de gérer quand on est quelqu’un qui a connu l’excès. C’est juste ce que je veux dire.
Tu disais que les plus gros excès, tu les avais connus plutôt dans la variété. Tu es en train de dire que dans le metal, ce sont des petits joueurs ?
Je pense que la réalité, c’est que je me suis menti pendant des années. J’ai laissé tomber le monde du rock parce que j’ai coupé le cordon ombilical avec cet univers pour pouvoir être capable d’écouter parfois des conseils – qui n’étaient parfois pas forcément de bons conseils – des maisons de disques dans lesquelles j’étais quand j’ai fait de la pop-music. Ce que je fais toujours puisque, il y a deux mois, j’ai sorti un album qui s’appelle Opéra Rock où je reprends les plus gros standards de comédies musicales et d’opéras rock francophones et internationaux. On est en pleine promo, c’est super bien accueilli, j’en suis ravi mais ce n’est pas pour autant que je vais maintenant écouter les conseils de directeurs artistiques ou de chefs de promotion qui vont me dire : « Ouh la la, cache les tatouages ! Tu ne veux pas enlever la boucle d’oreille ? Ou la croix ? Ça ne le fait pas ! ».
Pendant des années j’ai cru que, pour faire de la pop en étant un mec qui vient du rock, ce que je suis profondément, il fallait aseptiser à la fois les discours, et l’image, et la musique, etc.
En fait je me rends compte que dans les quelques dernières années qui viennent de s’écouler je n’ai jamais été autant dans la vérité, dans moi-même. Manque de bol pour moi, et ça doit être mon karma, c’est à un moment où le marché du disque est en train de s’écrouler, où les ventes sont dérisoires et où même les gens commencent à peiner pour sortir voir des concerts ! Je l’ai un peu dans le cul, comme on dit, mais ça n’est pas très grave parce que, au moins, je suis heureux, je fais des albums qui me ressemblent, je vais laisser une trace, d’une certaine manière, et j’avance. J’avance sur moi aussi. Ça, c’est plus compliqué mais j’avance. Je suis très heureux aussi parce que, dans la démarche que j’ai faite avec Laurent Karila, qui est psychiatre et addictologue, et que j’ai démarrée il y a huit mois, il m’a demandé de faire un journal quotidien, ce qui, bien entendu, m’emmerdait au plus haut point. Cependant, un jour, en thérapie il m’a posé la question : « Tu aimes les autobiographies très rock, alors pourquoi tu n’en ferais pas une toi-même ? » Je l’ai regardé et je me suis dit : « Chiche ! » En effet, ça fait quelques années que j’y pense et j’ai tellement de conneries à raconter que pourquoi pas ? J’ai fait ce bouquin, j’ai écrit ça pendant trois mois en lisant régulièrement à Laurent divers passages, en lui envoyant à chaque fois chaque chapitre. Je suis signé chez Flammarion qui est une des plus grosses maisons d’édition en France. À l’arrivée, le livre va sortir en mars et, pour moi, c’est une vraie rédemption. Je parle autant de rock que de sexe, que de drogues, que de variété, que de musique, que d’amitié, que de mes problèmes avec certains rédacteurs en chef. Je mélange tout ça dans un espèce de truc qui résume ma vie et ça n’est pas présomptueux, ce n’est pas de la littérature. C’est écrit comme un journaliste de rock parce que j’aime ça et c’est surtout très thérapeutique. Le dernier album de Satan Jokers qu’on vient de sortir est lui aussi définitivement thérapeutique. Je me suis demandé au moment où on allait sortir « AddictionS » si j’allais balancer le morceau et dire : « Oui, bien sûr, ça parle de dix-sept années de ma vie », ou si j’allais fermer ma gueule et dire : « Non, c’est juste un album de rock, on a inventé un personnage… » . Bah non ! C’est un secret de polichinelle que de dire : « Oui, ça parle de dix-sept années de la vie de Renaud Hantson, c’est comme ça. »
La thématique des addictions, c’est quelque chose qu’on retrouve beaucoup dans le rock et le metal, donc peut-être que du coup certains artistes ont tendance à véhiculer quelques clichés. Est-ce que, justement, le fait d’avoir travaillé avec ce psychiatre n’était pas aussi un peu une manière de faire tomber quelques-uns de ces clichés liés aux addictions ?
Tu sais, moi, j’ai la même dent dure et la même réaction que lorsqu’on me demandait si Satan Jokers était un groupe sataniste : j’en ai rien à foutre ! Je n’ai rien contre les groupes satanistes, je m’en fous, mais Satan Jokers n’a rien d’un groupe sataniste bien entendu. Pour une raison très simple, c’est que je crois au bien et au mal et que, personnellement, je préfère le bien au mal, et ce même si je me suis fait beaucoup de mal. Pour boucler la boucle, ce que je veux dire c’est que j’ai autant de réactions d’agressivité et un peu de cynisme vis-à-vis de ces groupes de rock qui disent : « Ouais, la police c’est de la merde ! Défoncez-vous la gueule ! Il faut picoler, il faut se droguer, on est une bande de jeunes on se fend la gueule ! » Tu vois ce message-là, pour moi, c’est de la merde ! Pour moi ça n’existe pas, ça ne veut rien dire, c’est ne peut pas faire face à une réalité, qui est une réalité où, dans la vie, il faut se battre, il faut au contraire être responsable, etc. Donc, c’est sûr, la fuite en avant dans la défonce, la fuite en avant dans les excès, la fuite en avant pour essayer de ne pas voir la réalité de la société, etc. : oui, j’ai donné, c’est clair, j’ai donné mais je n’ai fait du mal qu’à moi-même. Je ne suis pas allé brûler des bagnoles, je ne suis pas allé taxer le sac d’une petite vieille pour pouvoir m’acheter de la came, même pas en rêve je n’ai souhaité initier qui que ce soit aux conneries que j’ai pu faire. Ce que je veux dire, c’est que ni Satan Jokers n’a un message sataniste ou maléfique derrière le nom du groupe, ni, avec ce nouvel album, on ne parle des addictions dans un sens positif bien évidemment. On n’est pas non plus en train de devenir un groupe « born-again » c’est-à-dire toutes ces espèces d’anciens toxicos qui se mettent à la religion, etc. C’est pas du tout ça. C’est simplement qu’on essaie de véhiculer un message préventif en se servant effectivement de cette rencontre absolument hollywoodienne entre moi et Laurent Karila, auteur d’un best-seller qui s’intitule « Une Histoire de Poudre », qui est la chance de ma vie parce que ce mec est fan de hard rock, ce mec est fan de Satan Jokers et moi, huit mois plus tôt, avant qu’il n’écrive sur ma page Facebook, j’avais lu son bouquin. C’est donc un truc hallucinant, au milieu de dizaines et de dizaines de messages qui étaient arrivés ce jour-là sur ma page…
Il y a huit mois je démarrais une thérapie à côté de chez moi avec un autre médecin que Laurent. Je ne l’ai vu que deux fois mais il a démarré ma volonté de me sentir mieux et d’essayer de devenir un guide pour les autres. Je suis prof depuis déjà dix ans dans mon école de chant et de batterie et cette pédagogie que j’ai vis-à-vis des élèves de chant et de batterie, je me suis dit : « Mais, putain, pourquoi je continue à me faire du mal à moi régulièrement alors que, en vérité, je déteste ça de plus en plus ? Je suis écœuré, j’arrive à saturation et je pourrais expliquer à d’autres un chemin qui pourrait peut être être évité grâce à moi ». Là, je parle de consommation lourde, je ne parle pas du mec qui boit un petit coup de temps en temps, de la nana qui fume un petit pétard une fois tous les 36 mais, par exemple, rien que sur la fumette, il faut quand même savoir un truc : la personne qui a l’habitude de fumer tous les soirs depuis plusieurs mois, plusieurs années, le jour où elle arrête, elle ne dort pas, elle ne dormira pas. C’est déjà une forme d’addiction. C’est que dalle ! Alors, c’est sûr, ça peut faire marrer, on va se dire : « Putain, l’autre, il s’est défoncé toute sa vie, il nous raconte ça aujourd’hui !» Eh oui, mais la grosse différence, c’est que le jour où on va faire des colloques Karila et moi – et on va le faire parce qu’on a de gros projets pour la suite – je les attends tous les petits mecs de banlieues, au contraire, parce que j’ai un très bon revers verbal ! Donc le petit mec de banlieues qui va me dire : « Ouais, mais toi, tu as pris de la coke, etc. », s’il commence à me casser les couilles sur des sujets à la con du style que, effectivement, pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est plus facile de gagner leur vie en vendant de la merde avec de l’aspirine dedans ou du Doliprane ou de la mort aux rats, car c’est quand même 90% de merde qu’il y a dans les produits vendus, il faut quand même le savoir, la réponse elle est déjà prête, quoi ! Le discours de Laurent Karila et moi-même ne va pas être le même du tout en matière de prévention que ce qui a été fait jusqu’à présent. Ça ne va pas être le même pour une bonne raison : c’est que, au niveau des parents, c’est trop moraliste, au niveau de l’État, c’est trop répressif, et au niveau des médecins, c’est trop chiant ! Le langage des médecins n’intéresse personne ! Laurent n’a pas un langage de médecins, c’est ça la grosse différence déjà.
Est-ce que tu penses que le problème, aujourd’hui, c’est que c’est presque limite mal vu de ne pas boire, de ne pas fumer parce que ça veut dire que tu n’es pas quelqu’un de cool ?
J’ai adoré les moments d’excitation que j’ai vécus avec ces choses là, avec des substances. D’ailleurs, longtemps, j’ai regretté ces moments d’excitation et régulièrement j’y pense parce que, en fait, le problème, c’est que quand tu es un ancien addict, toute ta vie tu restes un addict, toute ta vie tu restes un ancien addict, il faut le savoir. Par conséquent, toute ta vie il y a une possibilité de rechute. C’est ce qu’a vécu mon idole, héros et ami Glenn Hughes qui a perdu vingt-deux ans de sa vie musicale avec la cocaïne. Alors, ce que l’on souhaite, c’est qu’un jour peut-être ça soit fashion, tendance, in, branché, que les gens des jeunes générations disent : « Non, mais je n’en veux pas de ta merde ! Je sais qu’il n’y a rien dedans, ça ne m’intéresse pas ! Je vais juste boire un coup et m’éclater et ça ira très bien, je n’ai pas besoin de me mettre une poudre dans le pif ou dans le bras. » Là où, en vérité, il n’y a que 2% de produit réel et le reste c’est de la merde ! Je fais exprès de donner cet exemple là parce que c’est vraiment ça ! Il faut savoir que dans la fumette d’aujourd’hui, il y a du pneu, du henné, il n’y a rien du tout les gars ! C’est illusoire, c’est une illusion d’optique, c’est une vue de l’esprit, donc, nous, ce qu’on souhaite effectivement, c’est qu’un jour ou l’autre ça soit tendance pour les jeunes générations de dire : « Moi, j’écoute du rock’n’roll à donf mais je n’ai pas forcément besoin d’avoir envie de dégueuler dans deux heures parce que j’ai trop bu ! »
C’est ambitieux !
Je ne t’ai pas dit que le match était gagné ! Je ne vivrai pas comme un échec le fait qu’on n’arrive à rien parce que qui mieux que moi sait combien c’est difficile de faire machine arrière ? Donc, convaincre des gens qui ont justement envie de vérifier ce que j’aurais pu connaître ou de vivre les excès qu’ont vécus leurs idoles ou des rock stars, mais même dans le sport, on ne pourra jamais les empêcher car plus on empêche les gens de faire quelque chose plus ils ont envie de le faire c’est dramatique mais c’est comme ça !
Le titre « Dealer » de l’album AddictionS est vraiment excellent…
Cette chanson, je voulais qu’elle s’appelle « Dealer » parce qu’il y a un morceau de Deep Purple, sur un album avec Glenn Hughes et de Tommy Bolin, qui s’appelait Come Taste The Band, où il y avait une chanson qui s’intitulait « Dealer ». Moi, ça me faisait marrer d’appeler ma chanson « Dealer » et Laurent, qui lui est fan de Mötley Crüe, voulait absolument qu’il y ait en deuxième titre « Docteur Vice » en référence bien entendu à « Doctor FeelGood » qui est l’album de Mötley où ils étaient tous à peu près devenus clean, sachant que la vie des gens de Mötley Crüe, ça a toujours été chute et rechute. Mais c’est un bon choix de votre part ! Je ne sais pas si c’est la plus représentative mais, en tout cas, ce qui est intéressant dans ce titre là, c’est que c’est justement un truc que, moi, j’ai rajouté à l’album au niveau des textes parce que neuf chansons sur treize ont été écrites seules, au niveau des textes, par Laurent Karila et il y a quatre textes qu’on a cosigné parce que ce sont des chansons où, par exemple, j’ai rajouté beaucoup d’éléments comme pour « Appétit pour l’autodestruction » ou « Lune de Miel ». En revanche, « Dealer », c’est véritablement une chanson qui vient de moi.
Il y a une partie du problème qu’on a oubliée d’aborder et qui est quand même fondamentale, c’est la notion des gens de l’entourage proche parce que la maladie, elle, est entretenue aussi par des gens qui sont eux-mêmes malades, parfois sans le savoir, en tout cas pour les vendeurs-consommateurs, et je trouvais important qu’on aborde le thème avec violence, justement parce que j’avais un médecin, à une époque, qui me disait : « On ne peut pas être décemment ami avec un dealer ». Et moi, malheureusement, j’ai régulièrement été copain avec des gens qui s’arrangeaient pour se payer eux-mêmes leur propre consommation de substance parce qu’ils n’étaient pas inintéressants. En fait, cette phrase est assez exacte : on ne devrait vraiment jamais être ami avec quelqu’un qui est capable de vendre la mort de quelqu’un d’autre. C’est un peu ça dont ça parle.
En 2009, tu as sorti deux albums avec Satan Jokers, ensuite tu as sorti un album avec Furious Zoo, avec cette fameuse pochette qui avait fait un peu parler d’elle. Là, tu ressors un album, tu as quand même un sacré rythme de sorties ! Est-ce que tu penses que tu vas encore tenir longtemps ce rythme de compositions et de sorties d’albums ?
Tu sais, le meilleur exemple que je puisse donner, c’est celui de mon ami Glenn Hughes : pendant des années, il s’est tenu à l’écart de tout, il participait au maximum à quatre ou cinq chansons sur un album de Gary Moore, il faisait un album un peu bancal avec Tony Iommi et Black Sabbath dans les années 1980, ils avaient fait un album avec participation vocale sur un album qui s’appelait Phenomena avec Mel Galley, un ancien musicien de Whitesnake enfin, avant qu’il ne devienne musicien de Whitesnake. Donc, ce que je veux dire, c’est qu’il n’a jamais autant travaillé qu’après ses années d’excès, c’est-à-dire que, en fait, si tu regardes bien la discographie de Glenn Hughes, depuis dix, douze ans, il sort un album par an et il multiplie les projets : il fait Black Country Communion avec Joe Bonamassa, Jason Bonham et Dereck Sherinian au clavier. Je pense que c’est presque thérapeutique. […]
Ce qui prouve bien qu’on est moins créatif quand on est déchiré et ensuite, oui, je pense que je vais tenir la cadence. D’autant plus que, là, je ne me suis entouré que des meilleurs puisque j’ai intégré Michaël Zurita qui est le guitariste de Satan Jokers. Je l’ai intégré à Furious Zoo car je me suis dit que c’était le meilleur du circuit. Pourquoi se priver du meilleur alors qu’il a envie de le faire et que j’adore faire des chansons avec lui ? En fait, le gros du travail, c’était de dissocier les « features » du nouvel album de Satan Jokers qui étaient assez metal fusion et le big rock de Furious Zoo, big rock un peu soul du prochain album, et on y est arrivé. En l’espace de deux mois, tous les soirs, on se téléphonait et on travaillait par téléphone, on s’envoyait des trucs via internet et on a réussi à structurer deux trucs qui sont diamétralement opposés. Tout ça pour dire que je pense que je vais garder la cadence car le dernier album de Furious Zoo est déjà dans les starting-blocks puisqu’il est déjà enregistré, mixé et que la pochette est prête mais je ne le sors pas avant janvier-février parce que je n’ai pas envie que ça passe pour le petit projet sur mes trois projets et que ça passe un peu après AddictionS ou après Opéra Rock. Cela m’emmerderait parce que l’album qu’on va sortir avec Furious Zoo est vraiment un très bon album de rock !
Tu parlais de Glenn Hughes mais lui-même a fait un album qui s’appelle Addictions où, justement, il parle de tous ses démons passés, etc.
Figure-toi qu’en faisant l’album avec Karila, on n’y a pas pensé une seconde et, en fait, ça m’est apparu comme une évidence il y a un mois et six jours chrono en main en rangeant des disques ! D’autant plus que Glenn était super présent dans notre esprit quand on travaillé sur l’album avec Laurent. On a été voir ensemble Black Country Communion, le groupe qu’il fait avec Joe Bonamassa, Jason Bonham, etc., on a été les voir au Bataclan à Paris, et c’est ce soir-là qu’on a parlé de ce putain d’album qu’il avait sorti, qu’il m’avait d’ailleurs amené à la maison. C’était la fameuse soirée dont je parle dans mon autobiographie qui va sortir en mars. On a fait une soirée complètement à côté de la plaque chez moi. Je ne m’attendais pas à avoir mon idole à la maison pendant sept heures mais on n’était pas présents mentalement, on était complètement déchiré. On s’est mis au piano et on a fait trois ou quatre heures de piano. On a essayé de faire des mélodies mais en fait on était complètement à la masse et je me suis dit ce jour-là que je ne voulais pas ressembler à ça dans une dizaine d’années. En réalité, il ne s’en sortait pas, c’est-à-dire qu’il avait arrêté, une fois à Paris, il s’était fait plaqué par sa nana en Suède et il voulait à tout prix qu’on se déchire la gueule, je lui ai dit : « Ce n’est pas une bonne idée, il y a deux ans, quand tu es venu à Paris, tu m’as dit que tu avais arrêté et que tu étais super heureux, super fier ! ». Je me suis dit que j’aurais déjà dû savoir que, malheureusement, le trajet d’un addict, c’est chute et rechute. C’est d’ailleurs l’un des titres d’un des textes de Laurent Karila sur le nouvel album de Satan Jokers : « Ma chute, Ma rechute ». C’est un truc assez costaud qui est un peu « queensrychien », il paraît. Je ne m’en suis pas rendu compte quand j’ai écrit le truc musicalement, mais il semblerait que ça sonne un peu comme du Queensrÿche. C’est une chanson que j’avais dans mes tiroirs musicalement et qui était destinée à Satan Jokers 4 dans les années 1980, c’est donc un vieux truc que j’ai dépoussiéré, en fait, et je ne sais même pas si à l’époque Queensrÿche existait… Je crois qu’ils démarraient.
Sur l’album, est-ce toi qui joue de la batterie ou est-ce Aurel ?
Non, c’est Aurel, il joue sur neuf chansons. Cette fois-ci, je n’ai fait que trois ou quatre chansons maximum. J’ai joué sur une ballade qui s’appelle « Une Semaine En Enfer » qui est un truc un peu Guns N’ Roses. J’ai joué sur un titre qui s’appelle « Ma chute, Ma Rechute » dont je viens de parler à l’instant. Et j’ai dû jouer sur une dernière chanson. Je crois que je n’ai fait que trois parties de batterie. Aurel est complètement intégré au groupe et c’est vraiment une locomotive à l’album. Il est complètement le cyborg que je souhaitais avoir pour le groupe, c’est-à-dire qu’il a un gros bagage technique, une grosse connaissance musicale et en même temps il va excessivement vite en studio puisque, en fait, il a enregistré ses dix parties de batterie en une journée ! C’est vraiment mon petit frère, c’est quelqu’un que j’admire beaucoup, que j’aime beaucoup, même si je ne suis pas toujours en phase avec ces nouveaux musiciens aujourd’hui qui, de temps en temps, privilégient le nombre d’affaires qu’ils ont pour travailler et pour gagner leur vie que, parfois, des choses fondamentales dans la musique, mais ça viendra plus tard. Il saura peut-être mieux faire une sélection dans ce qu’il fait. Aujourd’hui, ce que je lui souhaite, c’est de bien gagner sa vie avec la musique et d’avoir plein de projets. Je pense que, en plus, c’est musicalement enrichissant d’avoir plein de projets et, en même temps, c’est aussi enrichissant au niveau du portefeuille. Mais c’est vraiment un excellent batteur !
En écoutant l’album, c’est justement la question que je me suis posé : ça sonnait différent au niveau du jeu de batterie. Je n’ai rien contre ton jeu à toi mais c’est vrai qu’il a ce côté un peu plus « musclé ».
C’est un batteur d’aujourd’hui, quoi ! Il a transposé ce qu’était Satan Jokers en 2011. Comme il est très musicien, il fait un peu aux pieds ce que moi je sais faire aux mains, c’est vraiment intéressant. C’est la continuité logique de ce qu’aurait pu devenir le groupe si j’avais continué à faire de la batterie, à travailler véritablement mon instrument. Satan Jokers, moi, je lui donnais un côté un peu plus jazz-rock et un peu plus frêle parfois avec Laurent Bernat, alors que là, avec Aurel, on a gagné en efficacité en terme de puissance sonore et de metal d’aujourd’hui. Ça, c’est ce qui m’intéresse parce que, justement, il n’y a rien de plus redoutable quand tu as la quarantaine bien tassée qu’on vienne te dire « Satan Jokers, le fameux groupe des années 1980 ». Moi, j’en ai rien à foutre des années 1980 ! Je ne suis pas comme toutes ces reformations bidon qui ont du mal à enregistrer des disques et qui font une copie de ce qu’ils ont fait il y a vingt-cinq ans. L’album AddictionS n’a aucun rapport avec l’album Les Fils Du Metal qui n’a aucun rapport avec l’album Fetish X ou l’album SJ 2009. Je suis un musicien qui a continué une évolution depuis très longtemps. Je fais de la musique depuis que j’ai 6 ans, j’en ai 48, ça fait 42 ans que je fais de la musique, j’ai fait mon premier album à l’âge de 18 ans, tu vois ce que je veux dire ? Ça veut donc dire que ça fait déjà trente ans que je suis dans ce putain de business et que je suis dans le circuit. Je ne veux surtout pas me servir d’une méthode en refaisant éternellement le même album, c’est gonflant, quoi ! J’ai justement choisi de revenir dans le rock pour la liberté, donc ça n’est pas pour m’enfermer dans un carcan musical, surtout pas !
C’est vrai que cet album a globalement une composante plus moderne que vos précédents albums. Le jeu d’Aurel y joue un petit peu mais les riffs aussi ont, quelque part, un côté plus actuel. Est-ce qu’il y a vraiment eu une volonté de sonner actuel sur cet album ?
Oui, parce qu’on ne peut pas parler d’un sujet, d’un fait de société et d’un sujet qui est malheureusement depuis des dizaines et des dizaines d’années d’actualité : Whitney Houston vient de mourir… Non pardon ! Amy Winehouse vient de mourir, Whitney Houston était sur la mauvaise pente, c’est une de mes idoles dont je reprends un titre sur le prochain album de Furious Zoo. Pourquoi je pensais à elle à l’instant ? Parce que, justement, j’ai écouté sa musique cette nuit et j’espère que ça ne lui portera pas malheur, je ne veux surtout pas qu’elle meure et j’espère qu’elle saura se détacher de tous les excès qu’elle a vécus depuis une vingtaine d’années maintenant.
Quel est le morceau de Whitney Houston que tu reprends ?
Je reprends en blues une chanson qui s’appelle « I Have Nothing » que je fais complètement en version soul / blues à la Led Zep. C’est une espèce de tube « I Have Nothing », vous chercherez ça sur internet, vous vous démerderez ! [Rires] C’est un titre qui figurait dans le film « Bodyguard » qu’elle avait fait avec Kevin Costner. C’est une chanson dans laquelle j’ai toujours senti une base très bluesy, très Jimmy Page, très Robert Plant donc je me suis un peu amusé à faire mon Led Zep’ avec Michaël Zurita. Mais comme je suis très superstitieux, je ne voudrais surtout pas que ça porte malheur à ce genre d’artistes parce que je trouve que c’est une des meilleures chanteuses au monde et je suis très touché par son parcours de vie et, malheureusement, par toutes les rechutes qu’elle a vécues avec le crack et la cocaïne. Avec la drogue, on est dans une espèce de routine depuis des dizaines et des dizaines d’années, où on voit de nombreux artistes – et pas seulement qui sont touchés par ce problème. Amy Winehouse vient de mourir, Houston ne se sort pas de ses problèmes d’addiction, elle a du mal à s’en sortir. Je pense que, là, peut-être enfin il va y avoir une rémission enfin je l’espère.
Je voulais que sur un sujet de société ça sonne d’aujourd’hui, que ça sonne moderne. Pascal Mulot, ça fait des années qu’il joue de la basse mais c’est un bassiste exceptionnel et exceptionnellement moderne. D’ailleurs il est sponsorisé par des grosses marques comme Roland où il démontre les capacités de certains effets créés par la société Roland, au niveau des pédales d’effets, des amplis… On est des musiciens modernes, on est des musiciens d’aujourd’hui ! Ce n’est pas parce que tu as atteint la quarantaine que tu es un mec dont la vie est derrière, la vie pour tout le monde elle reste devant ! Et, justement, comme la vie vaut d’être vécue, on s’est dit qu’un album avec un sujet aussi profond et en même temps un véritable cliché justement du monde du rock qui dit systématiquement « Oui, c’est super le rock, on se défonce ! » Mais non ! C’est une grosse connerie ! Tu es cent fois plus créatif quand tu n’es pas défoncé justement ! Ça aurait été extraordinaire d’entendre Jimi Hendrix travailler vingt ans plus tard et qu’il puisse être en vie et voir ce que clean il aurait donné ; ça aurait été très intéressant et même, certainement, ça aurait été plus loin.
Tu penses que Jimi Hendrix clean, cela aurait décuplé les capacités dont il avait fait preuve ?
Je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que la défonce augmente la créativité et le talent, c’est faux ! On s’est tous enregistré un soir de beuverie quand on est musicien, tu écoutes le lendemain, tu es quand même catastrophé, je suis désolé ! Le pauvre Jimi Hendrix, c’est qu’il a quatre ans de carrière en tout et pour tout, donc, si tu veux, on est bien obligé de se gaver de ce que l’on a et dire que c’est formidable, etc. Tout ça parce qu’il y a des effets sur les bandes, c’était un mec qui expérimentait, ça ne s’appelait pas pour rien Jimi Hendrix Experience. Mais je reste définitivement convaincu que clean, même si, effectivement, peut-être que pendant deux, trois, quatre années il aurait perdu un poil de magie, de volonté de créer, de volonté d’enregistrer, de volonté de composer, je pense que ça aurait été plus intéressant après ! Les drogues ne sont pas interdites par hasard, il y en a combien qui sont morts de ça ? Laurent Bernat qui était le bassiste de Satan Jokers est la première personne à qui on a pensé quand on a enregistré ce putain de nouvel album. On a fait un concept-album avec un psychiatre avec le nouveau line-up de Satan Jokers parce que notre bassiste, créateur du groupe avec moi, est décédé d’une overdose d’héroïne ! Il y a un moment où il faut arrêter de penser que c’est génial ! Ce n’est pas génial de crever dans un caniveau et que tout le monde s’en foute dans le sud de la France, ça n’a rien de génial ! C’était son jeu de basse qui était génial et malheureusement il ne jouera plus jamais !
J’ai un peu pourri l’ambiance là quand même… [Rires]
Non mais c’est intéressant que tu parles de Laurent car on se demandait justement si ça avait joué sur cet album.
Bien sûr ! Ma propre prise en charge vis-à-vis de mes moments de fuite en avant qui étaient trop réguliers depuis dix sept ans, c’est aussi quand le beau-père de Laurent m’a appris son décès. En 2005, j’ai réalisé le best-of live de Satan Jokers et je pensais m’arrêter là, je pensais que c’était un point final à l’existence de Satan Jokers. Je pensais comme ça faire plaisir aux fans du groupe de la grande époque en sortant un live qui serait justement l’épitaphe et la pierre tombale du groupe. C’est pour ça d’ailleurs qu’il y avait des pierres tombales sur la pochette parce qu’on est un peu gonflé, j’ai quand même défié la mort toute ma vie, c’est vraiment n’importe quoi. La pochette que j’ai choisie, avec un excellent graphiste qui s’appelle Stéphane Martinez, contenait des pierres tombales avec dessus les noms de chacun des musiciens alors que je suis horriblement superstitieux et que je n’aime pas du tout la mort ! Mais vraiment pas, c’est quelque chose qui ne me branche pas du tout ! Et surtout la décrépitude qui va avec, le vieillissement… C’est sûr, on se dit : « Putain, le mec, il a eu trois accidents de voiture, il s’est déchiré dix-sept ans, il a déjà enterré plein de gens autour de lui… ». Mais je me dis que, justement, mon karma, c’est peut-être de servir de guide à d’autres et que, quelque part, il y a une force supérieure, il y a quelque chose en tout cas qui me protège de mes propres doutes et qui me pousse à faire ce genre d’album-là.
Là, on gonfle peut-être les auditeurs à ne pas trop écouter de musique et à parler essentiellement avec un message un peu « dictatorial » en disant : « Ce n’est pas bien, ne le faites pas », d’abord ce n’est pas ce que je dis, je dis : « Oui, ce n’est pas bien ! Maintenant vous faites ce que vous voulez… ». Moi, j’en ai enterré un wagon qui est parti de ça. Cet album va laisser une trace parce que c’est également un album dont on va se servir avec Laurent Karila, donc le psychiatre qui a fait les textes de cet album, dans un domaine purement médical. Cet album dépasse complètement le simple circuit du monde du hard rock, on va véritablement s’en servir, l’e-book, le bouquin de 130 pages qui va avec et dont le lien est dans l’album, est un fascicule préventif vraiment intéressant. C’est vraiment un truc intéressant où on mélange la musique avec une explication plus médicale de ce qu’est la mephedrone, la méthamphétamine, l’héroïne, la cocaïne, le cannabis, etc. Mais on explique du mieux possible, de la manière la moins chiante possible – en tout cas, on a essayé – que c’est vraiment de la merde, quoi ! Encore plus aujourd’hui. Et mon discours va vachement dans ce sens-là quand on sait que c’est juste un business pour certain. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il n’y ait absolument plus de substances réelles dans ce qui est consommé aujourd’hui. Il faut savoir ça, la plupart des mauvais effets que l’on peut avoir avec la drogue aujourd’hui sont, en vérité, dus aux médicaments et à toutes les saloperies qu’ils mettent à l’intérieur… Attention je ne suis pas en train d’inverser le débat en disant : « La drogue, c’est formidable, si elle était pure, ça serait super ! » parce que la drogue, même pure, ça n’est pas super du tout, vraiment pas… Je vous ai endormi ?
Non pas du tout ! On t’écoute avec une grande attention mais le problème c’est que tu réponds toujours à toutes nos questions à l’avance du coup on réfléchit un petit peu…
Tu sais pourquoi ? Parce que maintenant que je ne me déchire plus la gueule, il est 21h30, je vais aller me coucher ! Non, je déconne, ce n’est pas vrai. [Rires]
Quel est le morceau que tu apprécies le plus dans cet album ?
Pour moi le titre de la rédemption c’est la dernière chanson de l’album, c’est une chanson qui s’appelle « Ma Vie Sans » et que j’ai écrite spécialement pour l’album, ça n’est pas un fond de tiroir que j’avais. Sur le nouvel album, j’ai fait quatre ou cinq chansons seul dans mon coin. Il y a également beaucoup d’investissement de Pascal Mulot et de Michaël Zurita qui ont vraiment écrit des chansons chacun de leur côté, ils en ont aussi écrites ensemble, après je me suis occupé des mélodies, on s’est occupé d’arranger des titres ensemble, etc. Quand tu as la chance d’avoir une équipe de rêve, chacun amène sa patte. Aurel n’a pas composé de titres sur l’album mais il amène vraiment quelque chose de très fort à la batterie. Il y a eu un pôle d’écriture de trois mecs : Hantson, Mulot, Zurita et un quatrième sur les textes qui est Laurent Karila, notre fameux psychiatre. Pour moi, la chanson qui synthétise et qui se devait d’être un peu épique et un peu héroïque, c’est « Ma vie Sans ». Initialement, j’avais proposé à Laurent une idée de thème et je lui avais dit : « Une vie avec ou une vie sans » et là il me regarde et il me dit : « Non, non, ça s’appellera ‘Ma Vie Sans’ ».
Karila est un mec positif, lui, dans sa tête, la démarche de cet album, c’était aussi de dire : « Oui, même quand on est lourdement addict, on peut vivre sans ». C’est ça le thème de cette chanson et je pense que, musicalement en plus, c’est un bombe atomique, pas parce que je l’ai écrite moi-même mais parce que je pense que ça reflète bien le Satan Jokers d’aujourd’hui.
C’est vrai que quand on parle d’addictions il y a peu de conclusions possibles : c’est soit la mort, soit dépasser l’addiction et savoir s’en affranchir et, justement, ça faisait une conclusion très positive de choisir de parler de « Ma Vie Sans ».
On voulait finir avec quelque chose de positif alors, musicalement, pour ce qui est grand public, pas les fans de metal ni les adeptes du hard rock, c’est sûr que c’est une chanson un peu agressive pour une fin qui est censée être positive. Mais, pour moi, se sortir de ça, c’est se faire souffrance, c’est-à-dire que c’est un cri cette chanson. Les quatre dernières gueulantes de cette chanson, quand je dis : « Je suis délivré », moi j’avais les larmes aux yeux dans le studio ! Personne ne l’a vu, là je le dis parce que je suis en interview et que je fais le cake avec ça mais, même la nana qui faisait des images, Isabelle qui était là pour filmer les moments où le groupe enregistrait. En vérité ça m’a fait un truc parce que les quatre dernières phrases, pour moi, sont d’une puissance absolue et j’en parle d’autant plus facilement que je n’ai pas écrit ce texte, c’est Laurent qui a écrit ce texte et avoir les mots d’un autre et d’un toubib et d’un mec qui veut que tu t’en sortes et chanter ces mots-là… Même si c’est du heavy metal et que c’est un monde qui joue les durs, c’était émotionnellement très fort.
Est-ce que toute cette réflexion sur l’addiction, sur les excès, etc. est quelque chose qu’on peut généraliser au-delà des drogues ? Est-ce que toute addiction est néfaste ? Par exemple, la musique, est-ce que le fait d’en abuser, d’en écouter, d’en faire peut être considéré comme une addiction néfaste ?
Je vais te répondre très simplement et je n’essaie surtout pas d’avoir un discours médical, je ne suis pas médecin, je vais juste te répondre techniquement et humainement. D’abord, il y a plusieurs addictions. Laurent s’occupe aussi d’addictions au sexe, par exemple, dans ses consultations. Moi, tout était très mêlé, tout était très conjoint. Les excès dans la drogue étaient uniquement des trucs qui correspondaient également à des pulsions sexuelles. C’est illusoire de penser que ça fonctionne et que tu deviens un super héros au niveau de la queue, ce sont des conneries absolues ! C’est complètement une légende, en tout cas, en ce qui concerne la drogue dont on parle dans l’album, à savoir la cocaïne. Ensuite, on peut parler d’addiction à partir du moment où il y a souffrance, c’est-à-dire que, si un mec qui écoute énormément de musique, s’il n’en souffre pas, quelle que soit sa souffrance, s’il a mal à la tête, mal aux oreilles ou parce que ça bouffe le reste de son temps, de sa vie collective avec ses parents, sa femme, ou je ne sais qui ou ses enfants, s’il n’y a pas de souffrances, écouter trop de musique ça ne pose problème à personne. C’est un plaisir et, tant que ça reste un plaisir, c’est génial. Fumer quatre paquets de clopes, tant que le mec ne ressent pas que c’est un problème pour ses poumons et bah, ça reste du plaisir. C’est une addiction mais, en tout cas, ça n’est pas une addiction avérée et ressentie puisque, temps qu’il ne dégueule pas ses poumons et qu’il ne meurt pas comme mon père il y a un an d’un cancer des poumons, il ne se rendra pas compte qu’il a la tête dans un café-tabac, tu vois ? Et surtout un corps en forme de cercueil ! L’alcool, c’est pareil, si tu bois deux verres et que tu es super jovial, que ça ne te rend pas agressif, que tu arrives à faire ça sans le systématiser et sans que ça devienne un problème et donc une souffrance, il n’y a pas d’addiction. Tant qu’il n’y a pas de souffrance, il n’y a pas d’addiction.
Mais l’addiction ne commence-t-elle pas avant la souffrance ? N’est-ce pas elle qui l’amène un peu ?
Bien sûr que oui ! L’addiction commence avant la souffrance mais, en tout cas, il faut faire quelque chose pour soi-même à partir du moment où l’on se rend compte. L’addiction commence avant la souffrance. Tu sais, le vrai problème des drogues, c’est que c’est du plaisir au départ, c’est du plaisir ! Donc on ne va pas pouvoir empêcher les nouvelles générations de se droguer alors qu’elles savent toutes déjà avant même d’avoir testé quoi que ce soit que, en vérité, c’est une recherche de plaisir. Mais il faut simplement avoir conscience que, à un moment, ça n’est plus du plaisir, c’est une addiction, c’est une souffrance, ça fait du mal, ça détruit, etc. On ne gère jamais la came, personne ne peut gérer la came, ça ne veut rien dire, comme tous les imbéciles qui s’imaginent qu’ils ont une gestion d’un produit. Là, je parle à haut niveau, attention, je ne parle pas du mec qui boit un verre de rouge le midi et tout va bien ou du mec qui fume une fois de temps en temps un pétard et qui sait très bien contrôler le truc, je ne parle pas de ça ! Je parle quand on y va vraiment, quoi ! Un mec il s’achète deux packs de bière et il se les enfile, pas il en garde pour trois jours, non, il se les enfile, là il y a un problème.
Est-ce qu’il est vraiment possible de n’être addict à rien du tout ? Est-ce que, quelque part, on n’a pas tous une addiction à quelque chose ? Si quelqu’un est addict à l’alcool et que, à un moment, il s’arrête de boire mais que, à la place, il se met à regarder des séries télé et qu’après il arrête les séries télé et qu’il se met à autre chose… Est-ce que finalement on n’est pas tous addict à quelque chose ?
Attention, le terme d’addict est un peu, aujourd’hui, employé à tort et à travers. Bien sûr qu’on est tous addict à quelque chose, on est addict à faire une collection de films de cul ou on est addict à faire une collection de films de cowboys, on est addict à avoir de tous les albums de Led Zeppelin et de Black Sabbath parce que c’étaient les pères du hard rock anglais avec Deep Purple. C’est une forme d’addiction mais, sans déconner, ça te fait mal au cul de faire ça ? Est-ce que ça te fait mal au poumon, mal à la tête ? Est-ce que tu risques un infarctus parce que tu fais ça ? Est-ce que tu risques une rupture d’anévrisme ou un AVC ? Non, tu ne risques rien, juste de te faire plaisir en écoutant de la bonne musique, ça n’a rien à voir ! On parle d’addictions dangereuses, dans l’album on parle de cocaïne, de mephedrone, d’héroïne, d’alcool, de sexe, de sexe quand il est mal vécu, quand il est totalement dévié du truc essentiel, attention je n’ai pas dit que, pour moi, le sexe, c’était uniquement procréer, il ne faut surtout pas voir ce que je ne suis pas devenu. L’important, c’est qu’il n’y ait pas de souffrance. J’ai décidé d’entrer en thérapie quand je me suis rendu compte que je ne m’en sortais pas tout seul et que ça ne suffisait pas que j’en parle de temps en temps ou que je fasse de temps en temps des allusions au sujet comme je l’ai fait avec « Heal Me » qui est une chanson de Furious Zoo et qui signifie « Guéris Moi » en français et qui était déjà une chanson préventive ; ou comme la chanson qui s’appelait « Addiction, Souffrir Avec Toi » que j’ai composée avec Pascal Mulot sur l’album de la reformation de Satan Jokers. Il y a déjà eu des appels au secours mais je ne pouvais pas personnellement avancer plus que ce que j’ai fait seul, ça ne suffisait pas. Et moi encore, j’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré un frère, un gourou, un ami comme ce qu’est devenu Laurent Karila pour moi. Puisque, comme je vous l’ai dit, les projets ne s’arrêtent pas là.
Le morceau « Detox » a un beau solo à la fin…
Oui, Zurita, comme on dit dans le business, il n’est pas un manchot ! [Rires] C’est un shredder fou mais il est inspiré aussi, c’est un mec inspiré et c’est surtout un mec bien et ça, c’est assez agréable de travailler justement avec des grands musiciens qui sont, en plus, des êtres humains intéressants, ça c’est vraiment plaisant !
Je pense qu’on a fait un petit peu le tour de l’album, même si je pense qu’il y a encore énormément de choses à dire sur ce sujet mais j’aimerais qu’on parle un peu de Furious Zoo. Tu disais tout à l’heure que vous aviez déjà un album de prêt. Alors, je voulais faire un peu le point par rapport au précédent et cette polémique qu’il y a eu car je ne sais pas si ça a un rapport mais on l’a très peu vu dans les bacs en fin de compte.
Furious Zoo, c’est un petit projet, c’est déjà difficile pour un petit projet de se faire entendre. Vous savez combien c’est compliqué de monter un nouveau groupe. J’essaie de ne pas trop me servir du nom de Renaud Hantson parce que, de toute façon, les fans qui m’aiment dans la musique pop ne vont pas tous forcément aimer Furious Zoo, tout comme ils ne vont pas forcément tous aimer Satan Jokers. Mais il est clair qu’entre les chiffres de vente dans le monde du rock et les chiffres de vente dans la pop, il n’y a quand même pas de grands rapports. Ce qui prouve d’ailleurs définitivement que si j’aime autant le rock ce n’est vraiment pas pour une histoire de pognon. Il faut que ça soit bien clair dans l’esprit de tout le monde. Furious Zoo c’est vrai que ça a un peu desservi, à l’arrivée, l’album parce qu’il y a certaines centrales d’achats qui ont refusé de le mettre dans les bacs. C’est complètement hallucinant quand tu y réfléchis. La pochette est vraiment dérisoire, c’est un cul plutôt stylisé, c’est un cul qui ressemble plus à une espèce de poulet, une cocotte avec des ailes, il n’y a rien de négatif, il n’y a rien de barbare, il n’y a rien de porno, ce sont des cons, quoi ! Mais je pense que c’était une pochette marrante et je pensais que de faire un jeu de mots sur A.O.R. qui veut dire « Album Oriented Rock » aux États-Unis en le transformant en « Anal Oriented Rock » était rigolo. Furious Zoo, c’est un peu de l’A.O.R., c’est pas du Hard FM, c’est un groupe d’adultes qui joue de la musique d’adultes qui fait taper du pied, qui n’oblige pas à une grosse réflexion, c’est un groupe de club qui fait du gros rock et on fait plutôt ça très bien. Je me suis donc dit : « Ça va faire rire tout le monde ! » Mais non, ça n’a pas fait rire tout le monde et, en tout cas, pas certaines centrales d’achats en France. Donc, oui, à l’arrivée, ça a un peu desservi l’album mais, ceci dit, Furious Zoo n’a jamais fait de gros scores, ce n’est donc pas ce qu’il y a de plus grave non plus. A un moment, je me suis même demandé si ça ne pouvait pas nous servir à quelque chose de faire un peu un scandale mais, en fait, non, pas du tout. Au contraire, un scandale ça dessert plutôt que ça ne sert à moins d’avoir vraiment un scandale rattrapé médiatiquement de manière très positive mais globalement ça ne sert à rien.
Est-ce que justement tu vas tirer des leçons de cela pour le prochain album ?
Le prochain album est très simple, ce sont les quatre mecs en noir et blanc avec une photo un peu cramée et l’album s’appelle Wock’n’Woll donc Furious Zoo VI « Wock ‘n’Woll » avec des « w » comme j’écris à chaque fois que je fais une signature donc si tu veux, c’est du rock’n’roll, ça reste un groupe de rock’n’roll mais la pochette n’est pas tendancieuse. Cependant tu sais, je ne trouve même pas que la pochette du Furious Zoo V était tendancieuse, c’est vraiment ridicule, ce n’est pas de bol parce que, en plus, le contenu était plutôt sympa. Mais, ceci dit, je m’en fous parce que le meilleur reste à venir. Ma seule force et mon seul équilibre, c’est d’arriver à m’auto-surprendre, à surprendre mon entourage proche, à surprendre mes propres musiciens, les amener là où ils ne s’y attendent pas, qu’eux m’embarquent aussi dans leur délire et essayer à chaque fois de faire des albums plus intéressants que le précédent, du moins, en ce qui concerne les albums de rock. Dans la pop musique, c’est très complexe et difficile de se renouveler. Tu vas me dire qu’on peut dire la même chose du hard rock mais, en tout cas, comme j’ai eu une interruption de fréquentation du monde du rock et une interruption de sortie d’albums rock entre 1985 et 2005 – puisque Furious Zoo est un projet qui est né en 2005 – je ne suis pas un blasé, saturé et c’est comme si j’avais vingt balais quoi ! En fait, chaque album va dépasser le précédent, pour l’instant temps qu’on a des idées… Et on en a puisque, comme je l’ai dit, toutes les idées que j’avais en tête, je ne les ai pas mises en œuvre puisque je ne faisais plus d’album dans ce circuit-là ! J’ai donc l’impression d’avoir dix-huit ans d’âge mental, et même pas quatorze, mais avec quarante-huit d’expérience, c’est un peu comme Steven Tyler, si tu veux. Lui il s’est cassé la gueule dans sa salle de bain, ça c’est un peu con mais j’espère que moi je vais garder mes dents. C’est un peu ce que je dis à chaque fois : « Les jeunes groupes se branlent, nous on baise ! » C’est un peu ça. J’aime bien cette phrase de Steven Tyler, il a vraiment le sens de la phrase qui tue ! [Rires]
Tu dis que « les jeunes groupes se branlent pendant que vous, vous baisez » mais quand est-ce que vous allez faire l’amour alors ?
Pour l’instant, à ma connaissance, je n’ai pas d’enfants. Peut-être qu’un jour j’aurai un gamin d’une vingtaine d’années qui va sonner chez moi avec une vielle dame qui me dira : « Bonjour Renaud, tu me reconnais ? » Et je ferais : « Bah, non », « Je te présente ton fils ! » Tout ça pour dire quoi ? Faire l’amour, bien sûr ! Faire l’amour, baiser, tout ça ce sont des mots… Faire de la musique, c’est déjà aimer les autres, c’est faire beaucoup pour les autres, faire beaucoup pour soi, c’est un échange. Ce qui est intéressant avec la musique, c’est que c’est un vrai échange et, ce qui est encore plus intéressant avec le monde du rock tel qu’il est aujourd’hui, en tout cas en France, c’est que, comme c’est un petit circuit, même si des Scorpions arrivent à remplir des Palais des Sports, des Bercy, des Zénith, c’est tout à fait irrégulier, c’est-à-dire qu’ils ont eu des années de vaches maigres aussi, il n’y a pas eu beaucoup d’années noires mais il y en a eu quand même quelques-unes. La carrière d’un musicien, elle est faite de hauts et de bas, c’est obligatoire et il faut se nourrir de l’échange avec les autres, il faut se nourrir de chaque expérience avec chaque musicien, chaque interview est intéressante aussi, chaque rencontre est intéressante, c’est aussi ce qui nous fait grandir.
Pour clôturer cette interview, on va te laisser choisir un morceau autre que Satan Jokers.
J’ai monté un petit projet qui s’appelle Judas Feast, c’est un tribute-band, on va faire un concert en banlieue parisienne le 10 décembre dans un club que j’aime beaucoup qui s’appelle le Pacific Rock. En fait, c’est un hommage au Priest qu’on a aimé. J’ai vu la dernière tournée de Judas Priest, j’ai pas trouvé ça folichon – je me suis donc dit, avant de ne plus pouvoir monter dans les aigus, je vais m’amuser avec des supers musiciens dont Michaël Zurita, dont je ne me sépare plus bien entendu, et quelques autres, un musicien de Snake Eye, un musicien d’Hellectrokuters et un musicien de Show Time. On s’est donc amusé à faire un tribute-band, on va faire deux ou trois répétitions, on s’est vu déjà une fois et ça sonne de la mort, ça sonne drôlement bien. On a choisi une vingtaine de titres de Judas Priest, alors, moi, je propose qu’on rende à César – en ce qui me concerne – ce qui appartient à César. Car moi, ce qui m’a définitivement convaincu de monter Satan Jokers, ça a quand même été Judas Priest. Alors vous n’avez qu’à choisir n’importe quel titre béton de l’album Stained Class ou de Killing Machine. Il y avait un titre que j’adorais qui s’appelait « Delivering The Goods » qui est la première chanson de Killing Machine où je trouve qu’Halford est carrément bestial dedans, on entend toutes les respirations, toutes les intentions, il y a un moment où il fait une espèce de gueulante où on l’entend souffler dans le micro, je trouve ça complètement bestial, je n’ai aucune attirance physique pour Robert Halford, je rassure la France entière, je suis beaucoup moins branché garçons que lui, mais, en tout cas, j’adore ce groupe, et si on peut écouter Judas Priest, extrait de l’album Killing Machine, « Delivering The Good », eh bien, tu feras plaisir à papa !
Eh bien papa aura son plaisir ! Est-ce que tu peux nous chanter le refrain, là, en direct ?
Oh, putain, mais t’es un grand malade, toi ! Je ne m’en souviens pas, je me rappelle plus du riff d’intro. Cet espèce de marteau-piqueur en intro, que je trouvais assez entêtant, mais ce qui me plaît surtout en vérité, c’est que les riffs de Judas Priest, à l’époque, étaient vraiment riches, les riffs de guitares étaient riches et puis les attaques vocales d’Halford m’impressionnaient vraiment ! Je trouvais ça vraiment bien. Et puis, surtout, c’était l’avènement de ce look qu’ils ont installé dans le metal avec le cuir, les clous et, en fait, quand on y réfléchit, un look d’Halford qui n’était pas hyper éloigné de nos camarades Freddie Mercury et des back-rooms des clubs gays, mais c’était totalement nouveau à cette époque-là. Et c’est vrai que nous, on était clients avec les mecs de Satan Jokers, on aimait bien ça quoi.
Un titre qui a notamment été repris par Skid Row avec Rob Halford.
Absolument ! Sebastian Bach et Rob Halford. C’est une super chanson, c’est une grosse chanson de metal, mais ça reste très écoutable, peut-être pas pour la ménagère de plus de cinquante ans mais la ménagère de moins de cinquante ans, elle peut écouter ça sans problème tout en faisant son ménage… Non, je déconne ! [Rires] Mais, en tout cas, j’aime bien ce titre, vous me ferez plaisir si vous mettez ça pour finir parce que, en plus, cet album-là est sorti à l’époque où je montais Satan Jokers, donc 1981, 1982 maximum…
1978 exactement…
OK, c’est possible. Pour moi je l’aurais situé entre 1978 et début 1980. Tout ce que je sais, c’est que les prémices de Satan Jokers, à savoir le groupe qui s’appelait Jarretelles en vrai, a été monté en 1978/79 et que, lorsque cet album-là est arrivé, j’avais déjà en tête de monter un groupe avec un look à la Priest et j’avais déjà le nom en tête, je voulais que cela soit Satan Jokers parce que je voulais que ça soit un mélange du nom de deux bandes de motards qui étaient les Hells Angels, les Satan Slaves et les Gipsy Jokers, voila, je t’ai tout dit mon gars !
Article édité avec le podcast de l’interview !
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