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Interview   

Revocation : une belle mécanique au service de sensations fortes


Revocation, on s’y intéresse pour son côté fou et fourre-tout qui modèle, depuis 2004, une identité musicale si particulière aux natifs de Boston. Une folie qui les pousse à mettre du banjo, par exemple, ou une partie latino dans des chansons où la technique des musiciens reste inlassablement mise au service de la musique. Toutefois, Revocation on l’adopte définitivement pour son sens du riffs thrash/death et ses solos toujours bien sentis pour un rendu toujours incisif et percutant. Et c’est précisément avec cette formule que Revocation parvient, à chaque nouvel album, à marquer de nouveaux points.

Nous avons profité de la sortie de leur album éponyme pour nous entretenir avec David Davidson, un des instigateurs principaux du style Revocation et guitariste élevé au son des ténors du metal, et en particulier du thrash, mais aussi à la technique perfectionnée via la célèbre Berklee College of Music où il a pu mettre les doigts dans le jazz. Il nous en dit plus sur lui-même ainsi que sur ce quatrième album.

« Je ne pense pas qu’il faille avoir beaucoup de technique pour écrire une bonne chanson. Ça peut même être un obstacle. »

Radio Metal : Votre nouvel album est plus sombre que vos disques précédents, que ce soit au niveau des paroles ou au niveau de la musique. Comment cela se fait-il ?

David Davidson (guitare) : Je pense qu’au fil du temps, il y a eu une évolution dans notre son. Lors de la genèse de cet album, nous nous sommes tournés vers un style plus heavy et plus sombre, et je crois que ça s’en ressent. Ce n’a pas été quelque chose de conscient, c’est plutôt une évolution naturelle. Nous avons écouté beaucoup de groupes plutôt heavy et dark, et je pense que ça transparaît de plus en plus dans notre musique.

Cet album est éponyme. Généralement, ce choix veut dire quelque chose. Qu’est-ce qui est si spécial dans cet album ? Est-ce que vous avez estimé que c’était le plus représentatif de votre créativité ?

C’est un album éponyme parce qu’il y a eu un changement dans notre line-up : on a un nouveau bassiste, et c’est notre premier album avec Brett [Bamberger] à la basse. Dans l’ensemble, le groupe fonctionne mieux que jamais à la fois sur le plan créatif et en interne. Je trouve aussi que les chansons de cet album sont mieux écrite, la décision de lui donner ce titre vient donc de beaucoup de facteurs différents.

Dans une interview, tu as déclaré: « C’est en train de devenir l’une de nos productions les plus agressives jusqu’à maintenant, et c’est l’étape suivante après notre dernier EP. Les chansons qu’il y a sur ce nouvel album sont très variées et emploient beaucoup de techniques, de sons et de tempos différents. » Est-ce que tu penses que c’est ce qui fait Revocation : l’agressivité et la variété ?

Oui. Je pense que nous essayons de faire quelque chose de varié sur chacun de nos disques, nous ne voulons pas être un de ces groupes qui sortent des albums sur lesquels tout se ressemble. Sur cet album, chaque chanson a sa personnalité propre tout en restant dans le style de Revocation. J’espère que ça forme un album cohérent, et pas seulement une série de chansons ; quelque chose qu’on peut écouter du début à la fin pour avoir un aperçu complet de ce que nous pouvons faire, au lieu d’avoir cet aperçu en une seule chanson. Je pense que nous avons un éventail de styles très large, et c’est ce qui fait notre son de manière plus globale.

Dan Gargiulo a déclaré dans une interview que l’un de ses albums préférés est In Utero de Nirvana. Il dit aussi que la leçon qu’il y a à tirer de cet album, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être un très bon guitariste pour écrire de très bonnes chansons à la guitare. Est-ce que tu penses que ça s’applique à Revocation ? Que même si vous jouez une musique très technique, votre objectif reste avant tout d’écrire de bonnes chansons ?

Oui, je crois que nous cherchons à être des compositeurs avant tout. Toute la dimension technique, ce n’est pas l’objectif de la chanson. Nous l’utilisons comme moyen de donner une certaine couleur et une certaine épaisseur à notre son. Nous n’écrivons pas des chansons qui ont pour fin d’être technique, comme si c’était tout ce qui importait. Certaines chansons sont assez directes, d’autres vont évidemment être plus contournées, et toutes feront autant partie de notre style. Je ne pense pas qu’il faille avoir beaucoup de technique pour écrire une bonne chanson. Ça peut même être un obstacle : parfois en tant que musicien, je me dis : « OK, cette chanson a besoin de ce riff ici », et parfois : « C’est vraiment un super riff mais il ne cadre pas vraiment avec le reste de la chanson… » Nous essayons de faire au mieux pour la chanson dans son ensemble.

« Nous ne voulons pas que ce soit trop conventionnel, si nous entendons une certaine mélodie qui pourrait le faire dans notre tête, alors nous n’avons absolument pas peur d’expérimenter avec. »

La chanson « Archfiend » se termine par un passage latino assez surprenant. D’où vient-il ?

Il y a eu plusieurs versions de la chanson « Archfiend ». J’avais écrit certains des riffs il y a un moment, j’en étais très content, mais je cherchais un moyen d’y ajouter quelque chose de plus léger. J’ai dû réécrire la chanson plusieurs fois avant d’en être vraiment satisfait : j’ai dû trouver la bonne combinaison avec plusieurs riffs plutôt sombres, les mettre dans le bon ordre pour que ce soit fluide et qu’il y ait quelque chose de différent, un côté un peu à la Opeth jusqu’à l’entrée de guitares plus lourdes pour une partie plus heavy et un solo. C’est définitivement une chanson assez unique sur cet album, mais il a fallu beaucoup de temps et de travail pour qu’elle soit vraiment au point.

Il y a plus de chant clair sur cet album. Est-ce qu’on doit s’attendre à en entendre de plus en plus sur les albums à venir ?

Oui, nous mettons du chant clair dès qu’il nous semble que ça convient au passage en question. C’est vraiment le seul critère. Pour cet album, il me semble que c’est encore plutôt guttural, à part sur notre reprise de « Dyers Eve ». Mais nous ne voulons pas que ce soit trop conventionnel, si nous entendons une certaine mélodie qui pourrait le faire dans notre tête, alors nous n’avons absolument pas peur d’expérimenter avec ce genre de chose. C’est difficile de dire de quoi les albums à venir seront faits… Généralement, les paroles et les voix sont les dernières choses sur lesquelles nous travaillons pour nos chansons : nous écrivons d’abord toute la chanson avec tous les riffs, nous les organisons d’une certaine manière, et ensuite nous commençons à penser à la voix. Donc nous n’avons pas encore commencé à parler du chant pour le prochain album, c’est trop tôt pour pouvoir en dire quoi que ce soit.

À quel point Brett Bamberger a été impliqué dans ce nouvel album ?

Il apporte son propre style, sa personnalité et une certaine couleur au groupe, je pense que ça s’entend bien sur des chansons comme « Fracked ». Il a écrit un passage en tapping pour le pont de cette chanson, et je trouve que ça la fait vraiment passer dans la classe au-dessus. Nous avons hâte de travailler et de collaborer avec lui sur nos sorties futures, mais oui, je trouve qu’il a vraiment assuré sur cette partie avec ses différentes techniques, en utilisant son style personnel, même pour des choses aussi simples qu’un break de basse qui permet de passer d’une section à une autre. Je trouve qu’on peut entendre son style dans notre musique.

Tu as développé ta technique de jeu en allant au Berklee College of Music, où tu t’es concentré sur les polyrythmies dans le jazz. Est-ce que tu en écoutes ? Quelles sont tes influences dans le domaine du jazz ?

Là-bas, j’ai écouté plein de guitaristes fantastiques et j’ai beaucoup appris en ce qui concerne l’histoire de la musique, comme le classique et le jazz. Je dirais que mes musiciens de jazz favoris sont, pour les guitaristes, probablement Pat Martino et Pat Metheny. Ce ne sont que les premiers noms qui me viennent à l’esprit… En ce qui concerne les autres musiciens de jazz que j’aime, je dirais Coltrane, et j’aime vraiment un pianiste dénommé Gonzalo Rubalcaba qui un feeling latin dans son jazz mais qui est aussi un pianiste incroyable quoi qu’il joue. Ce ne sont que quelques uns, je pourrais continuer sans fin… J’en écoute beaucoup.

« Dans 50 ans, quand les metalleux auront vieilli, peut-être que notre musique passera dans les maisons de retraite. Qui sait ! »

Vous avez fait un clip très cool pour « The Grip Tightens ». Est-ce que vous avez l’intention d’en sortir un pour cet album aussi ?

Nous nous préparons à en sortir un, je pense qu’il sortira le mois prochain, quelque chose comme ça. Il a été tourné lors d’un concert chez nous qui en fait était le point de départ de notre tournée. C’était à Boston, et c’était complet. Tous nos amis étaient venus et c’était génial. C’est la première fois que nous allons nous servir d’images de concert pour faire un clip. Ils ont filmé le set en entier et ils vont en faire une vidéo. C’était complètement dingue, beaucoup de stage diving, de circle pits, et au bout d’un moment tout le monde sautait sur scène… C’était complètement fou !

D’ailleurs dans le clip de « The Grip Tightens », on peut vous voir jouer dans une maison de retraite. Est-ce que tu penses que la musique de Revocation pourrait être jouée dans un tel endroit ?

Peut-être pas maintenant, mais dans 50 ans, quand les metalleux auront vieilli, peut-être que notre musique passera dans les maisons de retraite. Qui sait !

Est-ce que tu penses que vous jouerez toujours ce genre de musique à 60, 70 ou 80 ans ?

Non… Je veux dire, si les innovations technologiques nous permettent de faire durer nos talents plus longtemps, peut-être, mais jouer du metal, ça demande beaucoup, ne serait ce que physiquement, pour le chant par exemple, il faut vraiment être en forme pour jouer tous les soirs, etc. Je pense que nous y passerons le moment venu, mais nous serons peut-être trop vieux… Qui sait !

Avant, le groupe s’appelait Cryptic Warning. Est-ce que vous jouez toujours les chansons de cette époque quand vous répétez ? Est-ce que vous songez les jouer en live, un jour ?

Nous ne jouons pas de chansons de Cryptic Warning en live. En gros, à partir du moment où nous nous sommes appelés Revocation, nous avons arrêté. Nous sommes passés à autre chose. Ces chansons étaient marrantes à jouer quand nous étions gamins, mais les chansons que nous avons écrites par la suite nous apportent beaucoup plus de satisfaction, donc nous n’avons jamais ressenti le besoin de revenir à ces débuts. Peut-être qu’un jour, nous en jouerons quelques unes pour la blague, mais nous n’avons jamais vraiment pensé à les ajouter à nos sets actuels.

Interview réalisée par téléphone le 24 juillet 2013 par Metal’O Phil.
Retranscription et traduction : Chloé.

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Album Revocation, sorti le 6 août 2013 chez Relapse Records



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