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Interview   

Rich Ward, partie 1 : Fozzy sort les armes


Étonnant chemin que celui emprunté par Fozzy, ayant débuté comme un projet parallèle parodique de reprises, formé par des membres de Stuck Mojo et le catcheur américain Chris Jericho originellement sous le nom loufoque de Fozzy Osbourne, pour finalement muter en une formation de metal tout ce qu’il y a de plus sérieuse et rencontrant un certain succès. C’est d’ailleurs cette réussite qui les a, en partie, poussés à miser davantage sur les capacités du groupe. Et si les fans de Stuck Mojo – aujourd’hui au point mort – font grise mine, c’est quand même tant mieux car Fozzy permet de mettre en lumière le talent immense du guitariste et compositeur Rich Ward, dit « The Duke ». Un « riffeur » incroyable et prolifique qui a toujours la bonne intuition pour allier efficacité et originalité. Et c’est précisément ce que démontre le nouvel album du groupe, intitulé Do You Wanna Start A War, où ils se sont donnés la liberté d’exprimer toutes les facettes de leur personnalité musicale.

Rich Ward est par ailleurs un homme à la fois bavard et faisant preuve d’une grande intelligence, il n’est donc presque pas étonnant de voir, une fois notre entretien terminé, que pas moins de deux heures (!) ce sont finalement écoulées. Alors, dans un souci de rendre tout ceci digeste et organisé, l’interview que nous vous proposons et proposerons dans les semaines à venir sera découpée en trois parties. La première que vous retrouverez ci-dessous se focalise sur Fozzy et son nouvel album. Dans la seconde, le guitariste nous parlera de Stuck Mojo en répondant aux questions que de nombreux fans se posent certainement et fera le point avec nous sur le futur de la formation de rap metal. La troisième regroupera des thèmes plus généraux mais tout aussi passionnants.

« J’ai appris à être ouvert au fait que ce n’est pas un problème si quelqu’un n’aime pas quelque chose que je fais. En revanche, ce qui pose problème, c’est de faire quelque chose uniquement pour obtenir une approbation. »

Radio Metal : Sin And Bones était un album très orienté metal, autant par les chansons que la production. Vous l’appeliez même votre Black Album. Alors que cette fois-ci, avec ce nouvel album Do You Wanna Start A War, vous avez étendu vos horizons. Quel était donc votre état d’esprit ? Souhaitiez-vous diversifier davantage votre musique, la rendre plus variée ?

Rich Ward (guitare) : Eh bien, je pense que ça vient surtout du fait qu’auparavant j’avais plusieurs groupes actifs en même temps. J’avais mon groupe Stuck Mojo, j’avais mon projet solo The Duke et ensuite j’avais aussi Fozzy, donc je faisais toujours attention à essayer de bien séparer stylistiquement ces groupes de manière à ce qu’ils ne s’entrecroisent pas trop au niveau du style sonore. Et j’avais le sentiment qu’il était préférable pour moi qu’il n’y ait pas de confusion en ayant trois groupes séparés actifs mais qui sonneraient de manière similaire. Donc, pour le nouvel album Do You Wanna Star A War, c’était la première fois, depuis très longtemps, où je n’avais qu’un groupe actif, qui était Fozzy. Et j’ai discuté avec les gars de l’idée de ne pas composer spécifiquement pour Fozzy, et que nous nous rassemblions tous pour composer un album qui serait simplement fidèle à qui nous étions en tant que musiciens, sans règle et sans aucun type de ligne directrice sur laquelle reposer l’album. Alors qu’avec Sin And Bones, même si stylistiquement ça ressemblait à quelque chose que l’on aurait composé, je gardais en tête d’en faire surtout un album bien metal. Le nouvel album rassemble un peu toutes les choses auxquelles je m’intéresse en musique, qui sont les riffs metal, le gros groove et les rythmes qui ont des influences soul et funk, et en même temps [en ayant des chansons] qui soient de nature très mélodiques. Une partie de qui je suis en tant que musicien et compositeur provient de groupes avec lesquels j’ai grandi et qui étaient très différents. J’adorais Sepultura, Metallica et Pantera, mais je suis aussi un grand fan de groupes comme The Police, Rush, Journey, Styx, Foreigner et Golden Earring, et j’adore aussi Peter Gabriel et Pink Floyd et AC/DC. Il y a donc une telle diversité de styles de musiques pour lesquelles j’ai un amour et une passion que j’ai parfois le sentiment que mon style personnel est un peu éclectique, et nous pensions que c’était une super idée de ne pas nous limiter à écrire avec des règles en tête. Donc, en guise de résultat, je crois que cet album est une véritable représentation de qui nous sommes en tant qu’individus et compositeurs, et il encapsule vraiment quelles sont nos passions en musique.

Toutes les chansons sur Do You Wanna Start A War sont plutôt courtes. Presque toutes sont en dessous des quatre minutes. Gardiez-vous en tête de faire des chansons particulièrement concises pour prouver qu’il était possible de faire des chansons à la fois courtes et intéressantes ?

Oui et je crois qu’une grande part de ceci vient du fait que sur les albums précédents nous avons expérimenté avec des chansons plus longues et l’idée de chansons épiques, car certaines de nos influences, comme je l’ai déjà dit – Rush, Kansas et Styx – étaient des groupes progressifs, et (Chris) Jericho, le chanteur de Fozzy, est un grand fan de Dream Theater et Iron Maiden. Il y avait donc une grosse partie de nous-mêmes qui aimait vraiment l’idée d’expérimenter avec des éléments progressifs et des chansons épiques, mais nous avons eu le sentiment que nous avions déjà beaucoup donné là-dedans, dans le sens où une bonne part de nos précédents albums a pris ce chemin. Et nous avons pensé que nous devions essayer d’écrire des chansons qui, si elles donnaient l’impression de devoir être rallongées, alors nous ferions ça, mais nous ne ferions pas ça juste pour le plaisir de le faire. Dans tous les cas, Chris Jericho est le parolier principal du groupe – et ceci a toujours été notre manière de faire, qui est qu’il écrit les paroles, me les envoie et ensuite je les prends dans leur forme brute, c’est-à-dire, en gros, de la poésie, et j’essaie de les interpréter avec de la musique et de la mélodie. Ce que je fais, généralement, c’est que je reste très fidèle à ce qu’il fait et par le passé il m’a donné de très longues collections de paroles. Eh bien, sur cet album, ses paroles étaient plus concises et elles étaient plus centrées sur ce qu’il traversait d’un point de vue émotionnel ou ce qui l’intéressait. Nous n’avions donc pas ces grands thèmes pompeux comme ce que nous avions sur les albums précédents, ces longues histoires bibliques ou au sujet d’événements historiques. Je crois que cet album est un peu plus un album émotionnel, du point de vue des connexions avec les paroles. Il y a quelques exceptions sur l’album mais j’ai le sentiment que, globalement,il possède un côté plus humain dans son lien à l’auditeur, à la différence peut-être d’essayer d’illustrer via des images ou essayer de raconter une longue histoire à propos, comme je le disais, d’un événement historique. Si tu regardes avec un peu de recul, tu te rends compte qu’il est difficile de faire une chanson de six minutes qui traiterait d’une émotion et d’un sentiment primaire que tu as. A moins d’essayer de les écrire sous la forme d’une histoire, c’est généralement difficile à décrire dans un long format ; une histoire courte ou une nouvelle, en général c’est plus bref. Je pense donc que c’est surtout ça la raison.

Et aussi, ceux qui me connaissent en tant que musicien et compositeur et ont entendu les autres groupes que j’ai eu avant Fozzy savent qu’il est difficile de trouver des chansons qui dépassent les cinq minutes, car en tant que compositeur, ça n’a jamais vraiment été mon truc. J’ai toujours pensé que les chansons de trois minutes et demi ou quatre minutes collaient parfaitement à la formule que j’aime. Peut-être est-ce à cause de certaines de mes influences datant de lorsque je grandissais. J’ai toujours apprécié une super intro de guitare, une super mélodie de chant pour le couplet, un super refrain, ensuite tu me donnes un second couplet mais peut-être avec une petite variation par rapport au premier de manière à ce qu’il ait sa propre identité, ensuite un super second refrain qui peut-être se développe un peu au-delà du premier, ensuite un pont avec soit un solo de guitare, soit une mélodie, et ensuite de retour au refrain. J’ai toujours aimé cette formule et je l’ai exploitée pendant la majorité de mes vingt ans de carrière à faire de la musique. Je pense que c’est parce que, même si je suis quelqu’un qui aime les films, je n’aime pas toujours les films de trois heures, à moins que le film réclame ce genre de longueur en raison du sujet traité. J’ai l’impression que certains compositeurs et réalisateurs s’impliquent un peu trop au point qu’ils essaient d’étirer les choses, en le faisant pour leur propre divertissement au lieu de faire ce qui est le mieux pour la chanson ou le film. Au cours de ma carrière, en prenant de l’âge, j’ai découvert que, en tant que fan de musique, je ne veux pas voir la chanson se perdre et s’embourber dans quelque chose qui, peut-être, ne lui profitera pas. Mon modèle a donc toujours été de composer pour la chanson, pour les paroles, pour le riff. Et généralement il y a un processus où il y a une première version, ensuite une seconde version avec quelques affinages et ensuite, quelque part vers la troisième ou quatrième version, la chanson est affinée au point où j’estime qu’elle est presque terminée. Et presque toujours, je me retrouve à réduire les choses au lieu d’en ajouter, si tu vois ce que je veux dire. Généralement, dans le processus de correction, je sens que la chanson a besoin d’être plus compacte et plus précise plutôt qu’étendue et alambiquée. Je suis désolé si la réponse était un peu longue mais je trouvais qu’elle méritait une bonne explication.

D’ailleurs vos deux précédents albums finissaient avec une longue chanson épique, je suppose donc que vous n’aviez tout compte fait pas l’intention d’en faire une sorte de tradition…

Eh bien, la chanson épique sur Chasing The Grail avait été écrite par notre précédent guitariste (ndlr : Mike Martin) et notre chanteur Chris, et ensuite il a dit : « Hey, j’ai vraiment aimé le fait de terminer l’album avec une chanson épique. Que diriez-vous de refaire ça ? » Et j’ai dit : « Eh bien, si tu as des paroles qui, tu penses, fonctionneraient pour ça, alors essayons. » Et c’était le cas, il avait une chanson qu’il a basée sur le concept du jour du débarquement vu sous la perspective d’un soldat et de ce que ça devait être d’avoir été là pendant l’invasion en Normandie, à essayer émotionnellement de se mettre dans la tête du soldat. Il a fait des recherches là-dessus, lu beaucoup de poésie et de lettres qui ont été écrites par des soldats et donc ça paraissait coller avec l’idée d’en faire une chanson épique, car il y avait beaucoup à dire et beaucoup de sujets à traiter. Ça paraissait approprié. Mais lorsque Chris n’avait aucun sujet et parole de ce genre, même si nous avons mis en place un motif sur nos deux derniers albums, ça ne paraissait pas approprié de refaire une longue chanson alors que nous n’avions pas la base et les paroles pour aller avec. Je crois que la dernière chanson sur le nouvel album est l’une des plus longues de l’album. Donc, même si ce n’est pas une chanson épique, je crois qu’elle approche tout de même les six minutes ou quelque chose comme ça. Il se finit donc bel et bien sur la plus longue chanson. Ce n’est simplement pas la plus longue chanson de notre carrière, mais seulement sur l’album. [Rires]

« Je trouve que la société est devenue folle parce que nous ne parlons pas des 80% sur lesquels nous nous accordons, le globe est désormais un grand média social qui rassemble des gens qui ne font que se disputer à propos des 20% sur lesquels ils ne sont pas d’accord. »

Quelle est cette guerre à laquelle vous vous référez dans le titre de l’album ?

La guerre est un mot qui peut vouloir dire beaucoup de choses, mais dans notre cas, il s’agit de la lutte que nous menons en chacun de nous, cette sorte de guerre interne dont nous faisons tous l’expérience pour trouver qui nous sommes et déterminer ce que nous sommes censés faire et quel est notre but. Et ensuite, une fois que c’est déterminé, aller à la guerre avec toutes ces forces qui se présentent à nous pour atteindre ce but, quel qu’il soit, ou accomplir notre raison d’être, quelle qu’elle soit. Que tu sois une personne religieuse ou un athée profane, la plupart des gens s’accordent sur le fait que les défis qui se présentent à nous dans la vie ont une raison. Et cette raison c’est de nous donner une opportunité d’apprendre et de grandir, et au sein de cette lutte et de cette guerre que nous menons, nous deviendrons meilleurs et plus raffinés. Exactement comme un fermier qui, après avoir passé des heures sous le soleil, aura une peau plus sombre pour protéger le corps contre les rayons du soleil, de la même manière qu’un ouvrier en bâtiment ou un poseur de brique développera des muscles autour de ses os de manière à les rendre plus forts pour protéger le corps lorsqu’il fait un travail physique, et de la même manière que nous finissons avec des stigmates émotionnels, physiques et mentaux après avoir traversé des épisodes traumatisants de nos vies, ces stigmates sont à prendre comme des leçons. Et la guerre n’en finit jamais, car dès qu’une bataille est gagnée ou perdue, d’autres choses se présenteront à nous, et toute l’idée de Do You Wanna Start A War, c’est d’encourager les gens à faire face à ces défis et à se sentir investis, et de leur laisser savoir que nous sommes forts. Tu es peut-être différent, il se peut que tu aies une couleur de peau différente, une vision politique ou spirituelle du monde différente, mais aucun de nous n’a tort et aucun de nous n’a à suivre le même chemin, mais le fait d’être fort et confiant en ce que nous sommes en tant qu’individus nous permettra de mieux réussir dans la vie que ceux qui ont peur de faire face au miroir et ceux qui ont peur d’affronter ces défis. Donc cet album et plusieurs chansons qu’il contient sont en quelque sorte un appel aux armes pour nous pousser à être meilleurs et plus forts, pour que nous tous en tant qu’individus repoussions nos limites.

Encore une fois tu as produit toi-même l’album. As-tu le sentiment d’avoir atteint une expertise sur cet aspect ou est-ce juste que tu estimes que personne d’autre que toi ne saurait mieux comment ta musique doit sonner ?

J’aime les collaborations. J’estime énormément apprendre lorsque je travaille avec d’autres producteurs et d’autres musiciens, mais j’officie dans ce groupe depuis très longtemps et chaque membre de mon groupe est très particulier, pas seulement en tant que musicien mais aussi question personnalité, et être un producteur a autant à voir avec le fait de travailler avec des personnalités que de travailler avec des musiciens. Pour qu’un producteur puisse faire un excellent album, il faut qu’il apprenne à composer avec chaque individu et trouver où ils sont les meilleurs. Lorsque j’ai eu la chance de travailler avec d’autres producteurs, nous avons eu beaucoup de succès, mais il a fallu qu’ils traversent une si longue période à essayer d’apprendre à nous connaître en tant que musiciens et personnes que nous finissions par y perdre beaucoup de temps, de la même manière qu’un couple est capable de résoudre une dispute lorsqu’il a été marié pendant vingt ans. C’est bien plus facile dans une telle relation de résoudre ces choses et trouver des solutions que ça ne l’est pour un jeune couple qui se voit depuis peu de temps et ne connait pas le fonctionnement interne de chacun. Un groupe, c’est exactement comme n’importe quelle relation et ça se réduit aux personnalités qui le composent et à comment tirer le meilleur de chacun, comment se respecter les uns les autres d’une façon qu’il est difficile d’apprendre après une courte période de temps. Car, tu sais, les gens cachent des choses et sont prudents à court terme. Le plus longtemps tu côtoies les gens, le plus tu te retrouves à en apprendre sur eux.

Je produis donc le groupe car je suis le musicien de studio le plus expérimenté du groupe, je suis celui qui a réalisé le plus d’albums et j’ai plus d’expérience à mettre mes mains sur les consoles de mixage, dans les enregistrements et avec le son, et aussi parce que je suis le membre fondateur du groupe avec Chris et je connais tout le monde dans ce groupe si bien. A l’exception de Paul (Di Leo), notre bassiste, je connaissais déjà tout le monde dans le groupe bien avant même que nous nous retrouvions dans Fozzy ensemble. Ce sont donc des amitiés de longue date qui, je pense, me permettent de gagner leur confiance, car ils savent que je fais beaucoup de musique et que j’ai eu un certain succès au cours de ma carrière en tant que guitariste, compositeur et producteur ; ils me font confiance de ce point de vue mais aussi parce que nous sommes amis. Je sais où ils sont forts et je sais où ils sont faibles, je les pousse donc vers leurs forces. C’est ainsi que devrait être tout musicien, exactement comme un athlète. Tu dois jouer sur tes points forts et cacher tes faiblesses car, au bout du compte, un groupe est une équipe, exactement comme une équipe de football au moment du lancer. [La manière dont vous jouez] individuellement n’a pas d’importance, ce qui importe c’est comment vous jouez ensemble. Organiser un studio, c’est donc la même chose qu’être coach. Tu essaies de faire ressortir le meilleur de chaque individu mais en gardant bien en tête ce qu’il faut pour gagner en tant qu’équipe, donc je ne fais pas qu’examiner la ligne de chant toute seule. J’examine la ligne de chant par rapport à la manière dont elle fonctionne au sein de la chanson et comment l’émotion se connecte à la batterie, la basse et la guitare, et en regardant le tableau dans son ensemble. Je crois que le groupe a confiance en moi en me considérant comme étant le meilleur gars pour ceci.

Après, je suis totalement ouvert à l’idée de travailler avec d’autres producteurs dans le futur, mais les producteurs avec lesquels je suis intéressé de travailler sont des producteurs à un million de dollars et nous ne sommes pas un groupe qui peut se permettre de travailler avec un tel producteur. Andy Sneap est un très bon ami à moi et je le considère comme l’un des plus brillants producteurs dans le metal mais, parce que nous sommes de tellement bons amis, il est difficile pour nous de travailler ensemble car je trouve simplement que… Si je devais faire un [autre] projet solo j’impliquerais Andy, mais parce qu’il est si proche de ce projet – et aussi parce que je pense qu’Andy est un bien plus grand fan de true metal et de musique thrash alors que je préfère expérimenter un peu – je pense que travailler avec Andy sur ces deux derniers albums n’aurait pas été un aussi bon assortiment, stylistiquement. Mais si je devais un jour refaire un autre album de Stuck Mojo, je pense qu’Andy serait la personne idéale pour le faire.

Vous avez toujours des invités sur vos albums. Cette fois-ci c’est Michael Starr de Steel Panther qui chante sur « Tonight ». Steel Panther est un groupe parodique et humoristique, et Fozzy était d’ailleurs aussi un genre de groupe humoristique à ses débuts. Vous sentez-vous, d’une certaine manière, proche d’eux à cause de ce terrain commun ?

Non… Je pense que ça vient de la tournée en ouverture de Steel Panther en Australie en novembre de l’année dernière. J’avais entendu parler d’eux et vu quelques-unes de leurs vidéos, mais je n’avais pas vraiment cherché plus loin ou passé beaucoup de temps à les écouter, et je ne m’étais pas rendu compte à quel point ils étaient bons. Je veux dire que c’est un groupe sensationnel et, oui, ils suivent la tradition que Fozzy a suivie il y a quinze ans, qui est ce genre [d’esprit] à la Spinal Tap avec de supers chansons mais faites pour se marrer. Donc, lorsque que nous écrivions l’album, l’idée était que nous cherchions quels invités fonctionneraient bien avec certaines chansons. Et, alors que nous étions en tournée, Michael Starr qui, comme tu l’as dit, est dans Steel Panther, est venu voir notre chanteur Chris et a dit : « Hey, je sais les gars que vous allez bientôt faire un nouvel album. J’adorerais chanter dessus si vous pensez avoir une partie pour moi. » Il a donc dit ça à Chris et moi j’étais vraiment excité car je suis un énorme fan de sa voix : il a le style rock parfait. Sur l’album il y a une chanson intitulée « Tonight », pour laquelle j’avais une démo terminée au moment où nous tournions avec Steel Panther, et c’est vraiment une chanson typiquement rock. C’est dans la veine de Cheap Trick mélangé à The Cars, une sorte de groupe de new wave américain. C’est une chanson intéressante, mais c’est fondamentalement une chanson de rock et j’ai trouvé qu’elle était parfaite pour lui. C’était tellement ironique qu’il soit venu nous voir pour se rendre disponible si nous avions besoin de lui pour faire quelque chose. Il était donc écrit que ça devait se faire et je trouve que sa performance sur l’album est incroyable.

« J’espère donc que tout le monde l’aime et si c’est principalement des filles, alors c’est génial parce que les femmes sont belles et si elles viennent à nos concerts alors ça rend notre public plus beau à regarder ! »

On peut entendre une femme chanter sur « Unstoppable », qui est-ce ?

C’est une fille qui s’appelle Christie Cook. Elle est d’Atlanta où je réside et je l’ai rencontrée en 2005 lorsque je cherchais une chanteuse choriste pour m’accompagner en Europe pour chanter des chœurs pour mon groupe solo. Nous n’avons fait que sept concerts, tous au Royaume-Uni. J’essayais de trouver un chanteur et son nom m’a été beaucoup recommandé, et c’est une fille blanche mais tu ne le devinerais pas en l’écoutant car elle a une forte influence et élocution soul. Lorsque je l’ai entendue chanter, j’ai été vraiment impressionné, mais avec le côté blanc de son éducation à vivre dans la banlieue d’Atlanta, elle était aussi très influencée par la musique rock. Elle était donc le parfait mariage du rock et de la soul. J’ai toujours adoré sa voix et j’ai fait appel à elle sur plusieurs albums : Stuck Mojo, sur mon album solo ou avant ça pour faire des chœurs sur certains projets parallèles que j’ai fait. Et j’ai trouvé que cette chanson était tellement parfaite pour elle ! Elle a un groove sale mais aussi un côté funk soul années 70 qui font que j’ai pensé qu’avoir elle et Chris collaborant ensemble, presque comme un duo, [fonctionnerait parfaitement]. Je veux dire que c’est très inhabituel, car, généralement, si tu as un chanteur invité sur un album, il chante un couplet ou contribue à une harmonie de chant dans le refrain, mais dans cette chanson, elle et Chris chantent presque toute la chanson ensemble – Chris chante la partie grave et elle chante la partie aiguë et ensuite ils chantent à l’unisson dans la seconde partie du complet, et ensuite ils chantent en harmonie dans le refrain. Je trouve donc que c’est une collaboration vraiment brillante et Chris en était très excité.

Encore une fois, tout ce que nous faisons provient d’un processus organique. Nous n’avons pas abordé l’album en ayant en tête : « On devrait faire une chanson avec une chanteuse qui chante avec Chris sur toute la chanson. » C’est simplement qu’au fur et à mesure que la chanson avançait… Tu sais, les chansons peuvent prendre plusieurs chemins. Je veux dire que tu pourrais avoir une chanson de country écrite pas Willie Nelson qui, en étant ré-imaginée, pourrait devenir une chanson de heavy metal ou de jazz. Tout est une question d’approche. Donc, au fur et à mesure que nous écrivons les chansons, nous devons déterminer quelle approche nous ressentons être la meilleure pour la chanson, et ensuite tu commences à expérimenter avec les choses : tu commences avec différentes sonorités d’accords et tu essaies différentes mélodies et différents arrangements. Et pendant que tu expérimentes, certaines choses te viennent à l’esprit en te disant que ça pourrait être intéressant de faire ça. Parfois tu essaies et ça sonne horriblement et parfois tu essaies et c’est génial ! Je me rends compte que plus je vieillis, plus je suis ouvert à toutes sortes d’expérimentations, et puis si ça ne semble pas fonctionner, tu ne forces pas les choses, tu abandonnes cette idée et tu continues à travailler et développer d’autres idées. C’est ce qui rend l’enregistrement et la composition si amusants ! J’adorerais être un AC/DC ou Motörhead, j’adore l’idée d’un groupe qui a une formule qui est brillante et qui ne devrait pas être changée, mais si tu n’es pas Motörhead, si tu n’es pas ZZ Top et si tu n’es pas AC/DC, et si tu n’as pas une patte spécifique qui est si unique que tu ne devrais pas trop expérimenter avec, alors je pense que l’idée d’essayer des choses et te pousser en tant que groupe et compositeur est excitant !

Tu espères toujours que ce soit excitant pour tes fans, mais j’estime que tu ne peux pas t’inquiéter de ça. J’estime que la chose la plus importante est d’écrire avec honnêteté et essayer de faire un album que tu aimerais toi-même écouter ou que tu aimerais écouter lorsque tu vas courir dans un parc ou lorsque tu pars faire un tour en moto ou lorsque tu entreprends un long voyage en voiture… Et c’est ce que nous essayons de faire ! Nous voulons créer notre album préféré ! Et ensuite tu espères simplement que les critiques et les fans l’apprécient, mais si ce n’est pas le cas, alors tu ne peux qu’accepter le fait que tout le monde ne s’accordera pas sur le même art, tu sais, que ce soit de la peinture, une chanson, un film, une pièce de théâtre ou une production de Broadway, le fait que ce qu’une personne aimera, une autre n’aimera pas. Il faut accepter les mauvaises critiques, car, en toute franchise, il y a tant de groupes que je n’aime pas que mes gars dans Fozzy aiment. Ça ne signifie pas que ces groupes sont bons ou mauvais, ce ne sont que des opinions ! C’est comme un assaisonnement sur un morceau de viande et je suis végétarien donc… Et je suis le seul végétarien dans le groupe, mais je ne considère pas que ce soit une erreur de la part des autres gars de manger de la viande ! C’est simplement que nous sommes différents. Nous sommes différents par la manière dont nous avons été élevés et quelques stimuli que ce soit auxquels nous avons été exposés au cours de notre vie et qui nous ont amené là où nous en sommes. Nous écoutons et voyons tous les choses à travers des prismes différents. J’ai appris à être ouvert au fait que ce n’est pas un problème si quelqu’un n’aime pas quelque chose que je fais. En revanche, ce qui pose problème, c’est de faire quelque chose uniquement pour obtenir une approbation : ça parait moche à mes yeux. Je ne veux donc jamais avoir à me retrouver dans une situation où je dois écrire ou m’habiller ou me comporter d’une certaine manière de façon à obtenir l’approbation de quelqu’un d’autre, car, eh bien, ça me parait simplement hypocrite et ça ne m’attire pas.

Chris a dit au sujet de la chanson « Lights Go Out » que les « nanas la kiffent, ce qui est la chose la plus importante. Parce que lorsque les nanas aiment quelque chose, ça signifie que les mecs vont suivre. » Penses-tu que le succès vient généralement des femmes en premier lieu ?

Je ne sais pas ! Je ne pense jamais aux choses en ces termes ! C’est la raison pour laquelle Chris et moi sommes de parfaits partenaires pour travailler ensemble, car son esprit fonctionne ainsi. Il pense en termes de ce que les gens aiment et n’aiment pas, alors que moi je pense en termes de ce que j’aime et ce qui, je crois, fonctionne le mieux dans le contexte d’une chanson, et je pense à la dynamique et comment juxtaposer les riffs les uns aux autres et comment ça aide la mélodie… Je ne pense jamais en termes de « est-ce qu’une fille aimera quelque chose ? » ou un gars aimera ça parce qu’une fille aime. Je trouve que ma collaboration avec Chris fonctionne bien. Nous avons rencontré un peu de succès justement parce que nous sommes si différents à bien des égards, exactement comme, je suppose, n’importe quel grand groupe le serait. Nous ne sommes en aucun cas… Si tant est que je puisse nous comparer à eux, j’imagine que dans des groupes qui ont bien mieux réussi que nous – comme Iron Maiden avec les différends que Bruce Dickinson et Steve Harris ont connus, et les choses que, je suppose, tu verrais entre Lars (Ulrich) et James Hetfield – tu as différentes personnalités qui voient les choses sous des angles différents et qui travaillent ensemble, et c’est cette collaboration que fait que le groupe est ce qu’il est. Donc, si une fille aime le groupe, ça me rendra heureux et si nous vendons plus d’albums parce que les filles l’aiment, alors c’est super ! Mais je n’ai jamais demandé à une fille quel type de musique elle aimait et je n’ai jamais demandé à quelqu’un en dehors du groupe : « Hey, qu’est-ce que tu aimes ?! », car c’est… [Explose de rire] Je m’en contrefiche ! Parfois lorsque je demande à des gens : « Est-ce que tu aimes Deep Purple ? » et ils répondent « Non ! » et ensuite ma question suivante serait « Es-tu malade ?! Car Deep Purple est incroyable ! », et ensuite tu rentres dans un débat pour expliquer pourquoi Deep Purple est un super groupe et ils te diront pourquoi ce n’est pas le cas… Et je n’aime simplement pas me quereller à propos de musique ou autre. Je trouve que la société est devenue folle parce que nous ne parlons pas des 80% sur lesquels nous nous accordons, le globe est désormais un grand média social qui rassemble des gens qui ne font que se disputer à propos des 20% sur lesquels ils ne sont pas d’accord. Donc, lorsqu’il est question de politique ou de musique, la plupart d’entre nous pouvons nous accorder sur la plupart des choses : il faut aider les pauvres, il ne faut pas avoir de préjugé, AC/DC et les Beatles sont responsables de la plupart des choses que l’on connaît dans la musique rock… Mais les gens ne veulent pas parler de ça. Ils veulent seulement parler des choses sur lesquels ils ne sont pas d’accord. J’essaie donc de me trouver un endroit où je n’ai pas à m’engager dans beaucoup de conversations avec des gens qui nous poussent dans une position où on ne ferait que se disputer sur les choses sur lesquelles nous ne nous accordons pas, car je pense que la société aime se quereller, ils aiment le conflit et les tensions. Je ne vois rien de bon en ressortir ! [Rires] J’espère donc que tout le monde l’aime et si c’est principalement des filles, alors c’est génial parce que les femmes sont belles et si elles viennent à nos concerts alors ça rend notre public plus beau à regarder !

« Si quelqu’un me demandait : ‘Si tu pouvais tout refaire, changerais-tu de nom ?’ Je dirais oui. »

Toujours à propos de cette chanson, « Lights Go Out », ce que je me suis dit c’est qu’avec ses grosses guitares, son refrain accrocheur et son côté moderne, ça et le chant de Chris qui rappelle celui d’Ozzy, ça m’a fait penser au dernier album d’Ozzy Osbourne. Qu’est-ce que ça t’inspire de m’entendre dire ça ? Est-ce que c’est un album que tu as écouté ?

Non. Je veux dire que j’ai presque tous les albums d’Ozzy mais je ne me souviens pas quel était le dernier album. Est-ce que c’était Black Rain ?

Non, c’était Scream !

Oh Scream, OK. Ouais, je n’ai pas cet album mais la vérité est que l’idée de cette chanson est venue… Il y a un riff sur un album que j’ai fait, un projet parallèle (ndlr : l’album The Way I Am de Sick Speed), la chanson s’appelle « Autumn Brings », et j’aimais le bend renversé [de son riff], similaire au bend que l’on entend au début de « Iron Man », cette tension qui se produit lorsque la note commence aiguë et ensuite retombe [il simule l’effet]. J’adore cette technique ! L’idée était donc d’écrire quelque chose de différent de tout ce que j’entends sur les stations de radio rock américaines, car tout ici sonne très… Eh bien, ça sonne comme tout le reste ! Les radios de rock américaines ont un son particulier. Je ne suis pas certain si ce sont les maisons de disques ou les groupes qui ont décidé ce qui était le mieux, que si quelque chose était populaire alors tout devait sonner exactement comme ça de manière à essayer d’avoir du succès. J’ai donc co-écrit cette chanson avec un gars qui vit ici, pas loin de chez moi, à Atlanta, et qui s’appelle Johnny Andrews, et notre idée était de composer quelque chose de totalement différent de tout ce qui passe sur les radios de rock moderne, et essayer de faire quelque chose qui a un son un peu funky et groovy, quelque chose que tu pourrais entendre dans une boîte de nuit mais [en imaginant] ce qui se passerait si un groupe de rock diabolique écrivait ce type de chanson sexy pour danser. Et encore une fois, j’ai grandi en écoutant de la musique pour danser, j’adorais ça car c’est ce que mes parents aimaient. Je suis né en 1969, donc lorsque j’étais très jeune – 8, 9 et 10 ans – la musique disco était très populaire aux États-Unis. J’ai grandi en écoutant du disco et de la musique soul, et j’adore la musique soul ! Je trouvais ça génial ! Et ensuite, plus tard dans ma vie, j’ai découvert Faith No More, les Red Hot Chili Peppers, Bad brains, Fishbone et 24/7 Spyz… Et j’aimais la musique qui était heavy mais qui avait aussi un fond contenant des éléments soul, car, de toute évidence, c’était quelque chose qui m’attirait musicalement. Et cette chanson était une tentative de capturer ça, ce qui explique pourquoi on entend de la batterie artificielle dans les couplets qui donnent un aspect dance club… Mais, encore une fois, tout est venu d’expérimentations. Nous avions un concept et j’avais un riff mais c’est quelque chose qui s’est développé sur plusieurs jours de travail et de tentatives.

Pour ce qui est du style vocal de Chris, même si nous reprenions une chanson d’Iron Maiden, il sonnerait toujours un peu comme Ozzy car c’est simplement le type de son qui sort de sa voix. Tu sais, lorsque les gens parlent, il y a un certain son, certaines personnes sonnent de manière plus nasale et d’autres ont un son qui vient plus profondément de la cage thoracique. Eh bien, le son de la voix de Chris est similaire à Ozzy, pas parce que… Je veux dire les groupes préférés de Chris sont Metallica, The Beatles, Iron Maiden et Dream Theater. Ses chanteurs préférés sont Paul Stanley et David Lee Roth. Il aime Ozzy, bien sûr ! Qui ne l’aime pas ? Ozzy a été une énorme influence sur quiconque joue de la musique heavy. Mais je pense que les similarités entre la voix de Chris et celle d’Ozzy proviennent bien plus des propriétés sonores de sa voix. Des gens ont dit : « Mon Dieu, ça sonne super ! Chris sonne comme Ozzy et… » Donc si c’est une bonne chose, tant mieux, et si c’est une mauvaise chose, eh bien, désolé mais tu ne peux pas… Bon, je suppose qu’on pourrait essayer de forcer Chris à sonner différemment mais j’ai appris il y a bien longtemps que les gens devraient chanter et interpréter les paroles sans avoir à opter pour une fausse voix. Car il y a des chanteurs pour lesquels, lorsqu’ils font ça, je n’aime pas ça. J’aime les voix qui donnent le sentiment de sortir naturellement de la bouche de la personne. C’est comme, j’aime Megadeth mais lorsque Dave Mustaine déclamait [il imite Mustaine dans « Sweating Bullets »] « Hello me, it’s me again ! », je n’ai jamais aimé ça. Je n’aime simplement pas le son d’une fausse voix. Donc, lorsque nous travaillons sur des chansons, j’essaie toujours de m’abstenir d’utiliser ce genre de technique.

Fozzy a débuté comme une sorte de groupe parodique. Le nom du groupe était d’ailleurs une boutade par rapport à Ozzy Osbourne. Maintenant que Fozzy est clairement devenu un groupe sérieux, n’est-ce pas étrange d’avoir conservé un nom qui était une sorte de blague en premier lieu ?

C’était probablement une erreur. Mais faire partie de Fozzy était très différent de faire partie de n’importe quel autre groupe, car lorsque nous avons commencé, notre chanteur Chris était un catcheur professionnel et c’était son job, et moi j’étais le guitariste de Stuck Mojo et c’était mon job. Nous nous sommes rencontrés et sommes devenus amis. Ensuite la section rythmique de Stuck Mojo a formé un groupe avec Chris Jericho, le catcheur, et nous avons pensé que ce serait cool de faire des reprises, porter des costumes et s’éclater ! Car mon groupe Stuck Mojo était un groupe très sérieux, nous sommes un groupe politisé et très heavy. Ca paraissait donc être un exutoire pour faire des choses différentes, pour jouer du Judas Priest, Iron Maiden et Accept. Ca paraissait être une idée vraiment cool de monter ce groupe et de l’appeler Fozzy Osbourne, car ça nous paraissait drôle. L’idée était donc juste de faire ça, et lorsque le groupe commençait à se développer de manière organique, nous commencions à nous dire « Wow, c’est bon ! » Nous donnions plus de concerts, nous nous éclations de plus en plus et nous en sommes arrivé au stade où nous avions le sentiment que nous tenions quelque chose de particulier et que peut-être nous devrions faire un album entier de compositions originales et arrêter de nous appeler avec de faux noms et de porter des perruques. Mais il n’y a pas eu beaucoup de réflexion là-dedans. Ce n’est pas comme si nous nous étions réunis pour dire : « Ok, il est temps d’être sérieux ! » Car il faisait toujours du catch et nous étions toujours dans Stuck Mojo. Fozzy était toujours pour une bonne part un projet parallèle. Nous n’avons donc pas beaucoup réfléchit au fait d’être un groupe sérieux qui allait un jour jouer sur la scène principale du Download, au Monsters Of Rock ! Tu sais, tu prends ça au jour le jour. Nous avons fait beaucoup d’erreurs, tout comme j’en ai fait beaucoup dans chaque relation. Tu ne peux pas défaire ces choses et surement que nous aurions dû redémarrer avec un tout nouveau nom de groupe. Mais nous n’y avons pas réfléchit une seule seconde. Il n’y a pas eu un moment où nous nous sommes dits : « Ok, il est temps pour la version 2 ! » C’était une lente migration d’un style à un autre, et ça ne s’est pas fait en une nuit. C’était de tout petits pas que nous faisions vers une autre direction. Et un jour nous nous sommes réveillés en tant que groupe à part entière, à faire des albums et tout le monde qui appréciait vraiment jouer les uns avec les autre et tourner ensemble. Ça s’est fait, comme je l’ai dit, avec le temps.

Tu sais, lorsque je prononce le nom « Red Hot Chili Peppers », c’est un nom de groupe stupide. Lorsque je dis « Metallica », c’est un peu un nom stupide. Et « Kiss » est un nom stupide. Je veux dire qu’il y a beaucoup de groupes pour lesquels on pourrait dire que leur nom n’est pas le meilleur au monde. « Faith No More » est un nom de groupe incroyable, c’est un nom de groupe qui tue et il y a de nombreux groupes qui sont comme ça aussi, mais il y en a aussi d’autres qui ont des noms qui sont devenus cool parce que le groupe est vraiment bon ! Nous nous sommes simplement dit que ça fait si longtemps que nous portions ce nom que nous n’allions certainement pas commencer à nous excuser. Le groupe a changé. Tu sais, Pantera était une sorte de groupe de glam à leurs tout débuts, ensuite ils ont arrêté de porter du Lycra et se mettre de la laque dans les cheveux et sont devenus l’un des plus grands groupes de heavy metal de tous les temps ! C’était une transition qui s’est produite sur plusieurs années, où les choses ont commencé à évoluer et tu peux le voir lorsqu’ils sont passés de Power Metal à Cowboys From Hell puis à Vulgar Display Of Power, mais ils avaient toujours un son similaire. Simplement ça évoluait, et leur image évoluait. La même chose à dû en quelque sorte se passer pour nous dans Fozzy ! Nous avons beaucoup changé et avons évolué pour devenir un groupe différent, mais dans ce processus d’évolution, nous n’avons jamais ressenti la nécessité de changer le nom du groupe. Si quelqu’un me demandait : « Si tu pouvais tout refaire, changerais-tu de nom ? » Je dirais oui. Mais parce que les choses se sont faites lentement avec le temps, les changements étaient très naturels, il n’y a jamais eu un moment où nous avons eu le sentiment de devoir recommencer, si tu vois ce que je veux dire.

Dirais-tu que si Fozzy fonctionne si bien c’est parce que le groupe a justement démarré pour s’amuser, sans pression et qu’il a conservé cet état d’esprit fun ?

Absolument et j’ai maintenu cet état d’esprit dans chaque aspect de ma vie, qui est de faire les choses que tu aimes, t’entourer des gens que tu aimes, respectes et apprécies pour travailler avec. Il n’y a rien de pire que d’entretenir une relation avec des gens que tu n’aimes pas, et ce n’est jamais aussi vrai que lorsque tu es dans un groupe. J’ai tourné en tant que formation d’ouverture de gros groupes dont les membres ne se parlaient même pas. C’est la chose la plus étrange que d’être en tournée avec un groupe et les voir ne même pas vouloir partager leur vestiaire parce qu’ils ne s’entendent pas ! Je comprends bien que c’est leur job, qu’ils vivent de ça et paient leurs factures en jouant de la musique, mais être dans un groupe est sensiblement différent d’un boulot moyen, car il doit y avoir un échange d’énergie et une alchimie que tu peux transmettre à l’audience. Je dirais que les meilleurs groupes sont ceux qui peuvent faire ça, avec une alchimie, une unité et un sens de la fraternité. J’ai donc toujours voulu ça et je crois que c’est pourquoi Fozzy rencontre tant de succès, au moins en interne. Nous avons eu quelques changements de line-up, mais l’alchimie a continué à s’améliorer. Être dans un groupe est exactement comme être marié : la plupart du temps ça va fonctionner et parfois ça ne fonctionnera pas. Je suis simplement marié à quatre autre membres du groupe et lorsque ça ne marche pas, tu apprends ce qui n’a pas marché et ça te permet d’être plus précis et porter plus d’attention sur ce que tu recherches dans cette relation, pas seulement musicalement mais aussi dans le lien, dans la fraternité qui vient avec le fait d’être partenaire avec quelqu’un d’autre dans un bus de tournée, dans un studio et sur scène. Fozzy est un groupe amusant, vraiment ; nous nous éclatons. C’est un super ressenti que d’être capable de jouer avec quelqu’un que tu respectes et de pouvoir ne pas feindre sur scène, ne pas avoir à prétendre aimer ces gens, car autrement ça ne peut pas être une bonne manière de vivre.

Interview téléphonique réalisée le 7 juillet 2014 par Spaceman.
Retranscription, traduction et introduction : Spaceman.

Site officiel de Fozzy : www.fozzyrock.com



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