Le sang saiyan. Quelque part, Rise Of The Northstar peut prétendre en avoir un peu. En raison de la pandémie, le groupe français a dû annuler une tournée prévue en avril 2020. Lorsqu’on sait que ROTN existe par et pour le live et que ce dernier s’est refusé à proposer des concerts en streaming pour préserver le côté viscéral de l’expérience, on pouvait douter de sa capacité à revenir sur le devant de la scène. Mais à l’image d’un Vegeta qui revient plus fort après avoir frôlé la mort – trait principal de son peuple – Rise Of The Northstar met un terme à trois années de silence pour accoucher de Showdown. Le shonen sans fioritures, troisième arc.
L’album a été mixé par Johann Meyer (Gojira) et masterisé par Ted Jensen avec un objectif en tête : rester fidèle à ce qui se dégage en live. La manière dont l’opus est conçu s’articule intégralement autour de la retranscription scénique. L’introduction « The Anthem » d’une minute pleine bourre est là pour servir d’échauffement express, le temps d’apprécier le son de guitare en béton armé et d’entendre scander « Northstar is fucking back ». « Showdown » emboîte le pas en faisant la part belle au groove gras à souhait dont la formation a le secret. Vithia a conservé un flow véritable gage d’agressivité et d’énergie presque juvénile. « Showdown » présente toute la violence débridée communiquée par ROTN, comme une forme de lâcher-prise libérateur qui se résume par ce « allez tous vous faire foutre, allez tous vous faire niquer ». « Third Strike » ne change pas vraiment de registre et se contente d’accélérer légèrement les débats sans trancher avec la lourdeur de son prédécesseur. Le titre se paie le luxe d’un petit pont aux leads meshuggesques malsains : l’accalmie de convenance avant l’explosion de poings portée par la batterie et sa double grosse caisse en excès de vitesse. ROTN utilise des arrangements hérités des nineties, à l’instar des harmoniques dissonantes de « Crank It Up » qui rappelle les premières heures de Machine Head. « Crank It Up » et son refrain scandé à la Hatebreed illustrent par ailleurs pleinement cette volonté de faire primer le live. Un véritable hameçon pour le public qui pourra jouer les Ryu de série B en pogo.
Rise Of The Northstar a un certain sens du tracklisting : il sait que son hardcore hybride ne doit pas excéder les quarante minutes pour respecter l’esprit et ne pas créer de lassitude. Les soli d’Eva B ont d’ailleurs cette fonction, que ce soit les déroulés heavy de « Crank It Up » ou les phrasés langoureux sur le long développement final de « Clan ». Ce dernier présente d’ailleurs un visage plus progressif du groupe qui tranche avec sa radicalité sans la compromettre. Les arpèges réverbérés renvoient eux aussi aux années 90 et ouvrent le bal à une conclusion aussi grandiloquente que cathartique. De quoi contraster avec la rigueur rythmique d’un « Shogun No Shi » qui cherche à briser une vertèbre à chaque coup de caisse claire à vide. Un autre procédé bienvenu est la multiplication des voix, pas seulement lors des paroles scandées à l’unisson en tant que bon élève hardcore. Les voix gutturales de « Shogun No Shi » participent à nourrir l’univers shonen propre au groupe où les coups de latte doivent avoir la prestance qui sied. On retrouve des vociférations qui s’enchevêtrent sur « Golden Arrow » et des accents plus mélodiques sur la conclusion « Rise », qui se mue en générique de fin – dont les leads de guitare contribuent largement à l’effet libérateur voire d’exaltation – qu’un mangaka fier de son œuvre embrasserait sans peine. Rise Of The Northstar n’accuse pas l’excès de zèle et laisse cela à Masashi Kishimoto.
Showdown est un retour athlétique et déterminé. Rise Of The Northstar conchie les tergiversations et les incipit trop longs. Il commence avec tout son arsenal, l’altère suffisamment pour nous tenir en haleine et termine son propos avec l’art de la mesure. Indéniablement, le matériel présenté devrait ravir le public en live et c’est précisément ce qu’il est censé faire. Persévérance, sueur et rage de vaincre : le combo parfait pour remplir les cases et continuer d’enchaîner les chapitres.
Clip vidéo de la chanson « Showdown » :
Lyric vidéo de la chanson « Third Strike » :
Clip vidéo de la chanson « One Love » :
Album Showdown, sortie le 7 avril 2023 via Atomic Fire Records. Disponible à l’achat ici