Peu importe la discipline artistique, le style et la diversité que l’on s’accorde dans notre art, que l’on soit AC/DC ou Faith No More, le but de tout artiste est de se trouver, de cultiver cette identité et ne pas laisser la lassitude et l’ennui s’installer.
Ce travail sur l’identité est le thème majeur de cette interview que nous a accordé Scott Holiday, guitariste de Rival Sons, à l’occasion de la sortie du nouvel album Hollow Bones. Rival Sons est un collectif avant tout, qui cherche à incorporer les diverses influences de chacun, à agrémenter de nouvelles sonorités à son style de hard rock pourtant assez rétro, afin de ne pas devenir trop familier, tout en restant sur une méthode de travail très instinctive. Scott étant très impliqué dans le travail de studio, où le groupe à la fois compose et enregistre, il nous livre son regard sur le compromis à trouver entre le sens du détail, de l’expérimentation et une démarche spontanée et brute.
Et il ne manque pas l’occasion d’adresser quelques piques à certains groupes qui selon lui abusent du temps de studio. En pleine tournée avec Black Sabbath et alors que le metal extrême n’a jamais été aussi populaire, il s’exprime également sur ce que « heavy » signifie vraiment pour lui.
« Tu peux le sentir lorsque quelqu’un est […] vraiment en train de tout donner […] et toi, tu veux vraiment être à la hauteur, jouer au même niveau et lui rendre la pareille. C’est comme un cadeau qu’il te donne et toi, tu veux lui retourner la faveur. »
Radio Metal : Jay Buchanan a déclaré que « chaque album que [vous avez] fait a fait partie d’un processus de distillation en vue de révéler l’essence du groupe. Ce [nouvel] album [Hollow Bones] est enfin la libération de cette bête sauvage sans remord qui a longtemps vécu dans la cage thoracique de Rival Sons, hurlant pour qu’on la libère. » Est-ce que ça signifie qu’avant cet album, vous n’aviez pas encore atteint l’essence du groupe ?
Scott Holiday (guitare) : Eh bien, c’est sa façon romantique d’expliquer les choses. Donc [rires], ce n’est peut-être pas exactement les mêmes sentiments que j’ai mais je comprends ce qu’il veut dire par rapport à ça, le fait de comparer le processus d’enregistrement à un animal sauvage. Au lieu de construire une chanson et un album instant après instant où on finit par prendre trop de temps, nous traitons la chanson et la performance comme si nous essayions de capturer un animal sauvage. Chaque album pour nous est vraiment… Je pense que si tu évalues d’un album sur l’autre, nous devenons de plus en plus notre propre groupe et prenons davantage conscience de nous-même et de notre son, à chaque album. Et il est certain qu’Hollow Bones est un pas de plus dans cette direction.
Quelle est l’essence du groupe d’après toi ?
Bonté divine ! C’est quelque chose sur laquelle il est très difficile de mettre des mots. Tu as quatre individus qui ont leur propre palette d’influences et approche stylistique. Je pense que nous apportons tous quelque chose de très individuel, comme ça devrait être le cas dans n’importe quel groupe, et l’essence de ce groupe est probablement à trouver dans l’écriture, dans la chanson. C’est comme un romancier qui n’est qu’aussi bon que le dernier livre qu’il a écrit. C’est très difficile d’expliquer ce qu’est l’essence du groupe.
Est-ce parfois difficile de dompter le processus d’écriture avec Rival Sons ?
Dès que tu fais de l’art avec un groupe de personnes, ça devient un défi et c’est difficile parce que non seulement tu englobes la perspective d’un artiste, mais tu englobes aussi la perspective de tout le monde et tu t’assures que l’opinion de chacun soit prise en compte. Tu dois jouer un rôle de soutien, à la fois, et même souvent un rôle de meneur. Il est certain que dans mon cas, c’est difficile. Car si tu es un écrivain, généralement, tu écris seul ; si tu es un sculpteur, un seul homme sculpte ; la peinture, c’est un seul homme qui concrétise sa vision. Alors que la façon dont nous travaillons, c’est un processus à plusieurs qui est difficile. Et ce n’est pas prédéterminé parce que nous le faisons sur le vif, nous composons sur le vif, nous créons tout dans l’instant. Donc c’est difficile, car en quelque sorte, ces chansons et ces performances nous accompagneront pendant très, très longtemps, éternellement. Donc ça amène un certain niveau de pression d’être le musicien et le compositeur que tu veux être dans cet instant. Je pense que c’est l’une des choses les plus difficiles.
Rival Sons est un super groupe de live mais quelle est votre relation au studio en comparaison ?
J’apprécie énormément être en studio. J’ai fait des tonnes et des tonnes d’albums, je produis d’autres albums pour d’autres gens, c’est ce que j’ai fait toute ma vie. Tout le monde dans le groupe a une très bonne relation au studio. Mais j’ai déjà passé un an à faire un album et c’est un pitoyable processus que de passer autant de temps en studio. Autant j’adore enregistrer, passer toutes mes journées là-dedans à m’amuser, fabriquer de nouveaux sons et accomplir de nouvelles choses, autant pour ce qui est de la carrière de ce groupe, c’est dans la performance live qu’il se passe des choses et donc nous avons traité le studio comme un lieu pour capturer ces performances live. Comme je l’ai dit, j’ai fait d’autres groupes où nous avons passé plus d’une année à méticuleusement passer en revue les performances, à corriger des choses, changer des choses, réécrire, réenregistrer, empiler des couches sonores, et c’est marrant ! C’est très marrant mais c’est aussi un peu un paquet de conneries. Au final, avec ce que tu finis par entendre, tu en arrives à te dire : « Ça ne sonne pas comme un vrai groupe ! Ça sonne comme des gens qui construisent quelque chose plutôt que de capturer quelque chose qu’ils font en étant connectés les uns aux autres, c’est comme si c’était fabriqué de toute pièce. » Notre relation, dans ce groupe, au studio, c’est vraiment que c’est un lieu que nous utilisons pour capturer quelque chose de vrai et de passionné, quelque chose qui ne se produit qu’une fois dans une vie ou dans la magie de l’instant et qu’on peut ressentir venant du cœur. Si tu passes trop de temps en studio, tu perds ça, et c’est un problème majeur avec les artistes qui enregistrent, et certainement dans le rock n’ roll, aujourd’hui. Ils finissent par sonner complètement fade, sur-travaillé, fatigué et sans passion. Il n’y a pas de place dans ma vie pour de la musique de ce genre.
« Tout le monde a sa propre façon de disparaître pour être très, très présent dans la musique. Fais-moi confiance, lorsque tu es là face à nous, ce n’est pas nous qui allons dans ton monde, c’est toi qui vient dans notre monde [rires]. »
Vous avez une fois de plus enregistré cet album avec Dave Cobb et Dave est aussi guitariste. Du coup, quelle est la relation entre vous-deux ? Est-ce que ça aide qu’il soit lui-même guitariste ?
Dave joue de multiples instruments. Dave écrit avec nous à la batterie ; je crois que plus que la guitare, il est souvent à la batterie avec nous. Il va aussi prendre une basse, c’est un super bassiste. Et c’est un guitariste qui tue. Donc, ouais, c’est clair que ça aide le groupe qu’il soit guitariste mais aussi et surtout un multi-instrumentiste. Il y a eu plein de fois au cours de la conception des albums où nous étions bloqués, il a eu une idée, il est arrivé et moi et lui nous nous sommes posés et avons échangé pour comprendre les choses et trouver des trucs vraiment cool.
Tu as un son de guitare avec beaucoup de fuzz, surtout sur cet album. Quelle est ton approche avec ton son de guitare ?
Il y a un paquet de fuzz mais je pense qu’il y a aussi une bonne quantité de son sans fuzz sur cet album. Je pense que c’est quelque chose qui me colle à la peau, c’était presque comme une sorte de blague au départ… Mais avec chaque album, j’essaie d’avoir une palette assez extraordinaire de sons et j’y travaille vraiment dur, j’aime expérimenter avec mon son. Du coup, l’approche est différente sur chaque album, j’essaie d’amener de nouveaux sons et de nouvelles tonalités à chaque fois, mais je suis certainement fan d’une bonne pédale de fuzz. Pour ça ou tout ce qui est modulation, en studio je ne suis pas trop pour utiliser de gros amplis et sur cet album en particulier, j’ai utilisé un combo Magnatone Twilighter pour tout ce qui a été enregistré en live et ensuite un combo Supro Coronado pour les overdubs.
La chanson « Hollow Bones » est en deux parties dans l’album. Comment a-t-elle ainsi été séparée ?
La seconde partie a en fait été écrite en premier et elle a surtout été créée spontanément, en se basant sur l’histoire que Jay a apportée. C’est une chanson très libre dans sa forme qui pour beaucoup s’est faite via des jams. Je veux dire qu’il y avait une idée générale où nous voulions mettre des rebondissements et les riffs que nous avions. Nous avons structuré les sections, comme nous faisons d’habitude, mais elle avait besoin de donner l’impression d’être libre et elle nécessitait que nous soyons très connectés en studio et que nous nous écoutions mutuellement. C’est un peu comme une peinture libre que l’on fait en ressentant l’instant et laissant les choses se faire, sans trop forcer. La première partie est venue après, elle est née de ce riff que j’ai écrit et qui a aussi été écrit très, très rapidement, spontanément, et puis Michael et moi avons travaillé ensemble sur quelque chose de très funky. Jay, pour sa part, a terminé la première partie, au niveau des paroles, très tard au cours de la session d’écriture. Ensuite ça semblait parfaitement coller de la faire intervenir tôt dans l’album et que la seconde moitié vienne plus vers la fin pour englober l’album.
« Black Coffee » est probablement la chanson la plus blues que vous ayez jamais faite avec Rival Sons. Du coup, comment vous êtes-vous retrouvés à reprendre cette chanson de Ike et Tina Turner ?
Cette chanson et son choix nous sont venus parce que nous allions contribuer à quelque chose qu’un bon ami était en train de mettre en place pour un album hommage à Steve Marriott. Et étant un grand, grand fan de Small Faces et Humble Pie, j’avais vraiment envie de faire la version de « Black Coffee » qu’Humble Pie et Steve ont fait au cours [de l’émission de télé] The Old Grey Whistle Test [en 1973]. Donc notre version et interprétation est très calqué là-dessus. La compilation n’a finalement jamais vu le jour mais nous trouvions que la chanson était tellement bien que nous avons voulu la garder et la sortir sur cet album. Et, en fait, nous l’avons par la suite sortie en tant que titre bonus sur la réédition de Great Western Valkyrie mais nous pensions qu’elle méritait une bonne mise en lumière et Hollow Bones semblait être l’endroit idéal pour la placer. Et aussi tu peux entendre à la fin de ce morceau qu’il y a un petit mashup avec « Come On Children » de Small Faces.
L’album se termine sur une chanson folk très intime qui s’intitule « All That I Want ». Que vouliez-vous exprimer en terminant l’album sur cette chanson un peu spéciale ?
C’est une chanson très sensible sur un album très agressif. Si j’arrive avec quelque chose de ce genre, ces ballades qui sont sur nos albums, comme sur Head Down lorsque j’ai apporté « Nava » et que j’ai eu le sentiment qu’il fallait vraiment qu’elle soit sur l’album, il faut lui trouver une place. C’est ce que les autres gars et moi feraient. Si c’est nécessaire dans mon cœur de faire une chanson que j’ai le sentiment d’avoir besoin d’exprimer sur un album ou que mes potes ont ce sentiment, alors il faut que nous trouvions une place qui lui convient. Et c’était vraiment ce que « All That I Want » était pour Jay. Jay a apporté cette chanson et avec Dave Cobb, ils en ont beaucoup parlé, ils trouvaient qu’il était nécessaire que cette chanson soit présente dans cette collection. Dans la tracklist, en écoutant les divers endroits où nous pourrions la mettre et qui collaient, étant donné la dynamique, la trajectoire que prenait la déclaration que nous faisions, ça semblait logique de la mettre à la fin. Sur cette déclaration agressive et puissante, je pense que c’était bien d’apaiser les choses et se mettre à l’aise en mettant quelque chose comme ça à la fin.
« Le sentiment que procure Black Sabbath, c’est plus heavy que ces sons de guitare, ces batteries rapides et ces chants extrêmes ridicules [du metal moderne]. »
C’est un album assez varié. Comme on a dit, il y a cette chanson purement blues « Black Coffee », cette chanson très psychédélique « Hollow Dones Pt. 2 » ou ce morceau de folk très intime « All That I Want » qui termine l’album. Est-ce que vous avez cherché à étendre votre son avec cet album ?
C’est toujours ce que nous voulons faire et je pense qu’avec chaque album nous cherchons le moyen d’atteindre d’autres horizons. Le but pour n’importe quel groupe ou artiste, en l’occurrence, et c’est certainement le cas pour nous, c’est de solidifier son identité et construire sur la base d’un son sur lequel nous travaillons très dur et qui devient familier aux oreilles des gens et à nos oreilles et, à la fois, l’étendre et faire de nouvelles choses. C’est donc incroyablement familier, et exactement en même temps, incroyablement nouveau et différent. Nous essayons de faire ça sur chaque album et je pense que nous avons fait du plutôt bon boulot cette fois avec cet album, simplement en composant dans des styles différents, en utilisant différents sons, différents tempos, différents rythmes, tout en conservant vraiment les riffs et les côtés rock n’ roll et blues du groupe qui sont devenus, heureusement pour nous, assez indéniablement Rival Sons.
Cette fois, l’artwork a été réalisé par Martin Wittfooth, qui utilise la métaphore de l’animal pour dépeindre le futur de la condition humaine. Comment interprètes-tu personnellement cette œuvre d’art ?
Je pense que c’est très bien de laisser ça ambigu. A la seconde où quelqu’un du groupe ou l’artiste lui-même nous dit exactement ce que ça signifie ou comment nous l’utilisons, ça peut tout gâcher pour celui qui admire l’œuvre ou l’auditeur. C’est comme lorsque tu entends parler d’une chanson dont tu penses qu’elle parlait d’une fille et tu apprends finalement que c’était à propos de sa mère ou à propos de Dieu et ainsi de suite, donc ça gâche tout pour l’auditeur. Donc je pense que c’est mieux de laisser ces idées et interprétations ambiguës et inconnues, de façon à ce que celui qui regarde et écoute puisse créer sa propre idée.
Jay nous a dit qu’il n’a « jamais été un gars très rock n’ roll. Même en arrivant dans ce groupe, [il a] toujours pensé que le rock n’ roll était en quelque sorte immature, suffisant et motivé par l’image » et que toi et Miley êtes « bien plus dans la musique des années 70 » que lui. Donc, même si lorsqu’il s’y est « vraiment mis, [il a] pu découvrir un autre côté de cette musique, » est-ce que ça a déjà causé des divergences d’opinions voire des frictions dans le groupe à propos du style de musique, avec toi qui tire la couverture d’un côté et lui de l’autre ?
Non ! En fait, c’est même le bienvenu de toute part. Même si le rock n’ roll est probablement quelque chose que je fais ressortir de façon plus dure, il a assurément été élevé au rock n’ roll, probablement autant que moi. Je pense qu’en tant que compositeur et performeur, il s’en est éloigné à un plus jeune âge. Mais même maintenant, nous avons tous une palette musicale assez large. C’est vraiment bien que tout le monde veuille apporter des côtés différents et différents styles dans notre musique. Si quelqu’un a quelque chose qui… Tu sais, si j’entends quelque chose à la D’Angelo et que je veux l’incorporer pour faire un truc basé sur un genre de funk solaire et crasseux et que Jay entend quelque chose à la Judy Mayhan, du vieux folk, et que Michael entend des rythmes brésiliens et Dave un autre genre de rock n’ roll ou une forme de jazz pour une chanson, c’est ce qui donne quelque chose d’original, le fait de rassembler tout ça, plus que ça ne puisse causer des frictions, c’est certain.
Votre musique vient toujours du fond du cœur, surtout pour ce qui est du chant de Jay et de tes solos. Est-ce que vous vous nourrissez l’un et l’autre en termes d’émotions que vous faites ressortir ?
Je ne peux pas parler à sa place mais j’ose espérer que c’est ainsi que ça fonctionne pour lui et c’est certainement ainsi que ça fonctionne pour moi. Il est clair que je me nourris de ce qu’il fait, de son interprétation et de l’interprétation de chacun. Tu peux le sentir lorsque quelqu’un est vraiment en phase et vraiment, vraiment dans le moment présent et vraiment en train de tout donner, l’immortalisant sur l’enregistrement et l’offrant sur scène ou peu importe, et toi, tu veux vraiment être à la hauteur, jouer au même niveau et lui rendre la pareille. C’est comme un cadeau qu’il te donne et toi, tu veux lui retourner la faveur.
Jay semble toujours être en transe lorsqu’il est sur scène et il nous a dit que la plupart du temps, il fermait ses yeux. N’as-tu pas parfois l’impression qu’il est dans son petit monde ?
Non, il est vraiment dans un monde que nous créons tous et que nous écoutons. Je pense que tout le monde à sa propre façon de disparaître pour être très, très présent dans la musique. Fais-moi confiance, lorsque tu es là face à nous, ce n’est pas nous qui allons dans ton monde, c’est toi qui vient dans notre monde [rires].
« Il y a plein d’artistes contestables qui jouissent d’une incroyable visibilité et il y a plein d’incroyables artistes qui souffrent d’une invisibilité contestable. »
Comment parvenez-vous à toujours conserver votre passion lorsque vous jouez les mêmes chansons tous les jours en tournée ?
C’est difficile. Une façon de faire est de les jouer différemment presque à chaque fois ou de faire quelque chose juste un peu différent ou l’aborder un peu différemment ou interagir un peu différemment. Nombre de nos chansons ont des sections qui sont prises avec une certaine liberté soir après soir après soir et nous les improvisons à chaque fois que nous jouons, et c’est cette relation symbiotique avec l’audience qui fait un peu que les choses changent, qui nous change et qui fait changer le set. Je pense que c’est la seule façon de garder une fraîcheur. C’est très difficile parce que parfois tu en a marre de jouer certaines chansons mais cette façon de faire que nous avons semble beaucoup aider.
D’ailleurs, comment se passe la tournée avec Black Sabbath ?
Elle se passe super bien ! C’est vraiment, vraiment fantastique. On vient juste de finir de jouer à Budapest pour la première fois la nuit dernière, ce qui était vraiment, vraiment magnifique. Et nous avons fait l’Amérique du Nord déjà avec eux, ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, donc nous commençons maintenant l’Europe et ils ont vraiment été très gentils avec nous, le public a été d’un grand soutien, vraiment génial. Ouais, c’est un rêve devenu réalité. Qu’est-ce que je peux dire ? C’est merveilleux chaque soir !
Qu’est-ce que Black Sabbath représente pour vous ? Je sais notamment que Jay avait dit qu’ils étaient « plus heavy que le metal »…
En effet, Black Sabbath est pas mal pas heavy ! [Rires] D’une certaine façon, ils sont plus heavy que les groupes de metal actuels. Ces tempos, ces accordages… Ce sentiment que procure Black Sabbath, pour nous, c’est plus heavy que ces sons de guitare, ces batteries rapides et ces chants extrêmes ridicules. Ce n’est pas notre truc. Et c’est un peu ce qu’est devenu le metal moderne de nos jours, ce sont des sons de guitare ridiculement saturés, sous-accordés bien trop bas, des guitares à cinquante cordes qui vont bien trop vites, des paroles et chanteurs incompréhensibles… Pour moi, ce n’est pas heavy, c’est n’importe quoi ! Et Sabbath est très compréhensible, c’est quelque chose que tu peux fredonner et c’est bien assez grave. Il y a quelque chose chez eux qui, je pense, touche une corde sensible.
La fin de la carrière de Black Sabbath nous fait nous demander qui pourrait devenir le prochain groupe emblématique auquel les gens se référeront durant les prochaines décennies. Ce pourrait être qui selon toi ?
C’est difficile à dire. Je pense qu’il y a des gens plus ou moins emblématiques mais je dirais qu’ils se reposent beaucoup sur leur nom. Beaucoup de ces gens emblématiques… Tu as certaines personnes qui ont les bonnes chansons, d’autres ont la bonne image, mais c’est assez difficile de trouver les bonnes personnes avec les bonnes chansons et le bon son. Il y a des artistes qui sont très, très populaires aujourd’hui mais est-ce qu’ils ont des chansons qui seront des chansons que nous écouterons éternellement ? Probablement pas [petits rires]. Donc c’est difficile à dire à ce stade, surtout étant un groupe nous-même qui travaille avec ces vieux héros, tu sais.
Est-ce que ce pourrait être vous ?
Certainement que notre catalogue aura cette qualité, et certainement que nos performances live aussi. Mais allons-nous atteindre suffisamment de gens pour atteindre ce statut ? C’est difficile de réussir à se retrouver face à autant de gens. Nous sommes dans un monde musical très difficile et bourré de styles musicaux différents, où les gens ont tellement de choix et le rock n’ roll n’est pas toujours la mode du moment, comme ça avait peut-être pu l’être dans les années soixante ou soixante-dix, au milieu de plein d’autres choses. C’est difficile à dire ce qu’il se passera, quel genre de héros… C’est assez ridicule si tu observes toutes ces pop stars. Il y a plein d’artistes contestables qui jouissent d’une incroyable visibilité et il y a plein d’incroyables artistes qui souffrent d’une invisibilité contestable, genre, qui passent inaperçus. Donc c’est difficile de savoir. Est-ce qu’il y aura de nouveaux héros du rock ? Qui sait ? Au bout du compte, il faudra bien.
Interview réalisée par téléphone le 2 juin 2016 par Philippe Sliwa.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Rival Sons: www.rivalsons.com
Merci pour l’interview, elle est cool.
Je les ai vus en première partie de Deep Purple, et ils assurent ; un hard rock qui empruntent aux trois grands de Led Zep, de Black Sabbath et de Deep Purple justement 🙂
Hâte d’écouter leur nouvel album.