Rob Zombie est un de ces touche-à-tout hyperactifs et hyper-productifs dont le monde du metal regorge. Mais, comme pour la plupart de ses pairs, la quantité ne nuit généralement pas à la qualité de ses productions, comme en atteste le dernier album au titre version table à rallonges pour douze personnes, que même le créateur ne peut dire d’un seul souffle : The Electric Warlock Acid Witch Satanic Orgy Celebration Dispenser, en soutien duquel l’artiste effectue la présente tournée.
Et le côté touche-à-tout a ceci d’intéressant que parmi le public, on retrouve des types de profils totalement différents, et bien plus divers que dans d’autres concerts de ce style. Les fans du musicien, les dingues d’indus, ceux qui le suivent depuis la première heure et les White Zombie, ceux qui l’ont découvert avec ses films, ou ceux que la musique a emmenés derrière l’écran. Et il semble peu risqué de dire que tous sont repartis satisfaits de ce concert. Le Trianon affichait complet depuis bien des semaines, la file d’attente pour y entrer en attestait. Cela ne semblait en revanche pas pris en compte en termes d’organisation, et la soirée a donc accusé d’emblée un retard de vingt à trente minutes. Fort heureusement, cela n’a pas empêché le maître de cérémonie de jouer du rappel jusqu’à la dernière minute, bien au contraire !
Artistes : Rob Zombie – Ginger Fish
Date : 16 octobre 2016
Salle : Trianon
Ville : Paris [75]
Pourtant, on ne pourra pas reprocher au musicien de ne pas avoir tout donné, avec une présence scénique vraiment énergique et investie. Mais le public n’était, pour la plupart, vraiment pas dedans, et il n’y avait semble-t-il rien à y faire ! Après une demi-heure sur scène, les lumières s’éteignent à nouveau pour laisser place au balai des roadies, qui est – sans mauvais jeu de mot – bien rôdé, pour mettre en place une scène suffisamment travaillée, mais pas surchargée.
Après avoir confirmé cette entrée fracassante avec un « Superbeast » qui porte bien son nom, l’énergie sauvage qui s’en dégage étant franchement communicative, Zombie s’adresse enfin à la foule, dans un français très américain, perfectible, mais non moins agréable. « Bonsoir Paris ! » Il rappelle son amour pour le public français et pour la capitale, avant de conclure avec une question quasi-rhétorique : « Are you motherfucking high ? » qui trouve sa réponse dans une clameur générale, réponse qui semble convenir à l’intéressé : « Great ! So am I ! » en guise d’introduction au titre « In The Age Of The Consegrated Vampire We All Get High ». Suivent alors une chanson « dédiée à toutes les belles filles de Paris » selon Zombie : « Living Dead Girl », puis « Scum Of The Earth ». Quand le chanteur reprend la parole, pour dire qu’il y a un « très gros problème aux États-Unis », tout le monde s’attend au couplet politisé sur l’élection présidentielle dont la plupart des artistes américains nous gratifient ces temps-ci. Mais Zombie est Zombie, et c’est donc des enlèvements de ses concitoyens par les aliens en soucoupe volante dont il est question. Et c’est là que l’unique, l’irremplaçable Sheri Moon Zombie, épouse, égérie, première fan et première collaboratrice de Rob, nous fait l’honneur de sa présence sur scène, pour envoyer dans le public de splendides « ballons aliens » qui voleront tels des OVNIs pour le restant du concert, entre les mains d’un public de metalleux soudain retombés en enfance. Et bien sûr, c’est le premier single du dernier album en date qui fait suite : « Well, Everybody’s Fucking In A U.F.O. ». On retrouve ensuite un morceau de White Zombie : « More Human Than Human », puis le classique « Never Gonna Stop (The Red, Red Kroovy) » qui parachève la séquence.
Cependant les talents de négociateurs du public les ont faits réapparaître pour un troisième (et dernier, c’est promis !) rappel, avec « Meet The Creeper », puis Rob Zombie a demandé au public de choisir quelle chanson le groupe allait jouer, et c’est « Ging Gang Gong De Do Gong De Laga Raga » qui l’a remporté, Rob Zombie s’est alors demandé « pourquoi choisissez-vous celle qu’on ne répète jamais ? », John 5 a donc changé de guitare, récupéré toute la pression avec un « Si on foire, ce sera entièrement de ta faute » asséné par Zombie, et attaqué le riff d’introduction. Fort heureusement, tout s’est bien passé, et le groupe a reconduit l’expérience, avec à la clé un « Sick Bubblegum ». Enfin, alors qu’ils devaient avoir déjà quitté la scène, à plus de 22 heures, c’est « Pussy Liquor » qui clôt le spectacle, introduite par une référence aux sorties de Donald Trump sur la question. Du côté des musiciens, Ginger Fish, bien que derrière sa batterie, envoie une prestation millimétrée et vitaminée. John 5, dont le talent, aussi bien en tant que guitariste qu’en tant que show man, n’est plus à prouver, a quant à lui confirmé sa capacité à mettre le public dans sa poche, et à assurer un show visuel et musical à la hauteur, avec ses guitares toutes plus excentriques et esthétiques les unes que les autres. Piggy D, quant à lui, peut être considéré comme la révélation de la soirée. Non seulement le bassiste développe une présence scénique imposante, malgré un gabarit qui ne l’est pas, mais il se la joue Steve Harris, chantant et mimant toutes les paroles par cœur. Rob Zombie est lui un show man, un vrai, et le temps ne lui enlève rien de cette qualité qui n’est plus à démontrer. Les tenues de scènes de ces trois derniers changent au fil des morceaux, les instruments aussi, et cela ne fait que rajouter à l’attrait du spectacle.
En résumé, le groupe a vraiment su se montrer convaincant, et le public a apprécié. Tous les éléments d’un bon show étaient réunis, et l’ensemble vraiment bien produit. Tant scéniquement, musicalement, qu’en termes d’ambiance, Rob Zombie et sa troupe sont définitivement maîtres dans leur art.
Setlist :
The Last Of The Demons Defeated
Dead City Radio And The New Gods Of Supertown
Superbeast
In The Age Of The Consegrated Vampire We All Get High
Living Dead Girl
Scum Of The Earth
Well, Everybody’s Fucking In A U.F.O.
More Human Than Human (White Zombie)
Never Gonna Stop (The Red, Red Kroovy)
The Hideous Exhibitions Of A Dedicated Gore Whore
House Of 1000 Corpses
Solo – John 5
Thunder Kiss ’65 (White Zombie)
Blitzkrieg Bop (reprise des Ramones)
School’s Out (reprise d’Alice Cooper)
Am I evil? (reprise de Diamond Head)
Thunder Kiss ’65 (Reprise)
Rappels :
The Lords Of Salem
Get Your Boots On! That’s The End Of Rock And Roll
Dragula
Meet The creeper
Ging Gang Gong De Do Gong De Laga Raga
Sick bubblegum
Pussy liquor
Live report : Aline Meyer.
Photos : Lost (Bataclan 2014)