Peut-on décemment se demander si Roger Glover a quoi que ce soit à regretter dans sa vie ? Il compte parmi les bassistes les plus emblématiques du non moins emblématique Deep Purple, ayant participé à la composition d’albums-culte tels Deep Purple In Rock ou Machine Head, pour ne citer que ceux-ci. Il a produit plusieurs des albums solos de ses confrères de Deep Purple. Il a catapulté la carrière du regretté Ronnie James Dio au temps du groupe Elf mais aussi grâce à l’album The Butterfly Ball and the Grasshopper’s Feast qu’il retrouvera ensuite dans Rainbow au côté de Ritchie Blackmore. Pour nous autres amateurs de bon hard rock, cela pourrait déjà suffire à dire que ce type est formidable.
Mais comme Ingres avait son violon, le bassiste a un bon coup de pinceau. Par conséquent, la galerie d’art colonaise (de Cologne, en Allemagne, bien sûr) K-8 organise une exposition des œuvres de Roger Glover du 25 octobre 2010 au 31 janvier 2011, présentant ainsi ses travaux de peinture et de photographie. Certaines des œuvres seront mises en vente et, parce que Roger Glover refuse d’en tirer profit, les bénéfices seront reversés à des œuvres (de charité cette fois) pour la lutte contre le cancer, les sans-abris et les enfants malades.
Et si nous nous intéressions à cette partie de la vie artistique de Roger Glover ?
En mettant le nez dans la biographie de l’intéressé, on voit bien que la musique a toujours fait partie de sa vie. Mais entre 1963 et 1964, on peut voir qu’il a fait un petit détour par le Hornsey Art College de Londres. Vraiment petit, le détour. Très vite, il se sent frustré par les modes d’apprentissage. Il passe plus de temps à traîner dans les locaux, profitant des installations de l’école, la chambre noire en particulier, qu’à aller en cours. En 1965, il commence à vivre de la musique mais son goût pour l’art pictural ne le lâchera jamais.
En vous rendant dans la galerie virtuelle du site de Roger Glover, vous vous rendrez vite compte qu’il est toujours revenu à son amour du pinceau. Pratiquant plus souvent la peinture à l’huile que toute autre technique, il est aussi de tous les styles. Aussi bien figuratives qu’abstraites, ses œuvres touchent autant à l’impressionnisme qu’au cubisme (passant même par un peu de futurisme dans ce « Day Dream » de 1969) ou au naturalisme. Au milieu de ses peintures, on peut aussi trouver quelques dessins au crayons ou à l’encre (esquisses datant de ses années d’étude ou dessins humoristiques).
Dans son utilisation de la couleur, on discerne des œuvres aux couleurs vives parfois primaires (comme le tableau « Edge » ci-dessus) dans lequel les teintes et les nuances s’affrontent ou se répondent mais aussi des œuvres plus sombres où le noir et les nuances de gris associés à des lignes brisées ou à l’enchaînement de courbes glauques expriment le malaise ou un désespoir gothique.

Si vous êtes tentés par le voyage à Cologne et que vous avez d’abord pris le temps de visiter sa cathédrale (et comme nous sommes sur Radio Metal, je précise : « visiter », pas « brûler » ; chacun sait que vous n’êtes qu’une bande de petits satanistes !) avant de vous rendre à la galerie K-8, vous verrez aussi les photographies de Roger Glover. L’homme pense ses photographies comme des tableaux saisissant des formes et des couleurs dans les signes du délabrement et dans les coups de griffe du temps sur toutes les surfaces où l’artiste pose son œil. Après vous pourrez toujours aller participer au carnaval de Cologne…
