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Interview   

Sabaton repart comme en 14


Il s’est écoulé à peine deux mois entre notre entretien à Bruxelles à l’occasion de la listening session de The War To End All Wars et cette interview par Skype interposé, et Joakim Brodén n’a manifestement rien oublié de sa soirée passée à enchaîner les gin-tonics en compagnie de la Team France. La première question de l’interview, c’est d’ailleurs lui qui la pose : « Ça va, tu n’avais pas trop la gueule de bois le lendemain ? » Joker, je ne répondrai qu’en présence de mon avocat ! « Oui, le retour à la maison a été difficile pour moi aussi ! » Bienvenue au club, Joakim – bienvenue au club…

Après une première discussion à chaud, deux heures à peine après avoir entendu ce dixième album de Sabaton pour la première fois, il est temps de passer à des questions plus générales qui, paradoxalement, appellent des réponses plus approfondies de la part d’un compositeur qui n’avait jamais prévu de devenir l’une des voix les plus aisément identifiables de la scène metal. De façon presque prophétique au regard des événements actuels, l’entretien ci-dessous traite, en vrac, de géopolitique, des relations russo-suédoises et de la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale. À ce propos, si Joakim tient à revenir sur sa réponse délicieusement optimiste, c’est le moment ou jamais…

« Tu compares toujours tout ce que tu fais avec un best of de ta carrière, et c’est une situation impossible. Il faut toujours que j’arrive à un point où je me dis : ‘Tu sais quoi ? Tu ne peux pas rester là et continuer comme ça. Il faut que tu avances.’ C’est là que je commence à écrire. »

Radio Metal : À l’époque de The Great War, tu nous disais que « trouver de nouvelles choses qui restent Sabaton sans pour autant répéter [ton] processus de pensée ou les mêmes progressions d’accords ou la façon dont [vous faites] la batterie ou les guitares, ça devient de plus en plus dur ». Cela se traduit-il par une dose supplémentaire d’appréhension avec chaque nouvel album ? Comment gères-tu cette situation ?

Joakim Brodén (chant) : Je ne gère pas ! [Rires] Je repousse le problème. Le début du processus d’écriture d’un nouvel album est toujours un putain d’enfer en termes d’angoisse de la performance, parce que tu commences à écrire quelque chose, tu es là avec ton piano à tester des trucs, et tu te dis : « Oh, ça, c’est familier. Oh, ça, c’est nouveau, mais ce n’est pas bon. » Tu compares toujours tout ce que tu fais non seulement avec un album entier, mais avec un best of de ta carrière, et c’est une situation impossible. Il faut toujours que j’arrive à un point où je me dis : « Tu sais quoi ? Tu ne peux pas rester là et continuer comme ça. Il faut que tu avances. » C’est là que je commence à écrire. Peut-être que je vais devoir jeter ce que j’ai écrit parce que ce n’est pas suffisamment bon, mais au moins, j’écris et je ne me bloque pas. Et puis il y a toujours une chanson qui brise la malédiction, et pour laquelle je me dis : « Merde, c’est assez bon pour être sur un best of de Sabaton ! » Alors je peux continuer à écrire. Et puis c’est toujours plus difficile d’écrire au tout début, quand tu n’as encore rien, parce que tu travailles sur une seule chanson. Quand j’ai un peu avancé dans le processus, je peux avoir trois ou quatre projets sur lesquels je planche en même temps. Du coup, si je suis coincé sur une chanson, je change et je passe plus de temps sur une autre.

Le défi du renouvellement musical est-il encore plus grand lorsque l’album traite du même sujet global que le précédent, comme c’est le cas de The War To End All Wars et The Great War, ou au contraire, pensiez-vous avoir le « droit » de répéter votre processus de pensée, dans la mesure où il s’agit d’albums jumeaux ?

Un peu des deux, je dirais. Par certains aspects, les deux albums doivent être similaires parce qu’ils vont ensemble, mais il ne faut pas trop en faire. Je ne pense pas que l’une ou l’autre alternative soit un problème. Le problème, c’est de trouver un équilibre. C’est aux fans de juger si nous avons bien fait les choses. Je trouve que c’est un album plus diversifié, plus varié. Je dirais que Jonas Kjellgren, notre producteur, nous a permis d’obtenir le meilleur son que nous ayons jamais eu. Ce n’est pas à nous de dire si les chansons sont bonnes, c’est à l’auditeur [rires].

Sur The War To End All Wars, on retrouve le thrashy « Hellfighters », le plus industriel « Soldier Of Heaven », et « Christmas Truce », avec cette mélodie au piano qui rappelle « Carol Of The Bells ». Et pourtant, tout cela sonne comme du pur Sabaton. Est-ce là le vrai défi pour le groupe : trouver un moyen de sabatoniser vos influences et vos nouvelles idées ?

[Rires] Oui, trouver de nouvelles idées… C’est la raison pour laquelle j’aime particulièrement écrire avec d’autres gens, parce qu’au fil des années, j’ai acquis plus d’expérience dans l’art de transformer n’importe quoi – ou presque – en Sabaton. Ça, c’est devenu plus facile. J’ai beaucoup d’expérience quant à la façon dont Sabaton doit arranger ou jouer telle ou telle chose. Je pense aussi que notre identité en tant que groupe se renforce, parce que nous avons d’excellents musiciens et une identité musicale très forte, grâce à ma voix qui est différente de celle de beaucoup d’autres chanteurs, et grâce à la façon dont nous jouons ces chansons depuis tellement d’années. Dans la mesure où cette identité s’est renforcée chez le groupe et chez les musiciens, quoi que nous jouions – enfin, peut-être pas quoi que nous jouions, mais raisonnablement – sonnera davantage comme du Sabaton que ce que nous aurions pu faire il y a dix ou quinze ans. Le vrai défi, pour nous, c’est de progresser sans s’aliéner le public. Nous voulons sonner comme Sabaton, mais nous ne voulons pas faire le même Sabaton à chaque fois. C’est facile de l’oublier.

« Ghost Division » est un bon exemple. C’est une chanson que beaucoup de gens qualifieraient de typiquement Sabaton, à la fois en termes de sujet et de musique. Mais ce que ces gens oublient, c’est que, quand nous avons fait « Ghost Division », c’était totalement nouveau pour nous. Nous n’avions jamais fait ce type de rythmes de batterie, ce type de riffs de guitare. Je veux dire, nous avions certains éléments de Sabaton, mais c’était un pas vers quelque chose, du genre : « Tiens, c’est quoi, ça ? » Et puis la chanson est devenue très populaire et fait aujourd’hui partie de ce qui est considéré comme le son de Sabaton. Plus nous avançons dans cette voie et dépassons les limites, plus ce qui est considéré comme le son de Sabaton s’élargit, ce qui est cool. D’un autre côté, si nous faisons quelque chose d’un peu différent et que le public n’apprécie pas, nous ne partirons plus vraiment dans cette direction [rires]. Un exemple de chanson que j’apprécie vraiment mais qui n’a pas pris chez les fans est le titre « Wehrmacht », sur Coat Of Arms. Il est un peu différent à tous les niveaux. C’est généralement le cas avec tous nos albums : nous avons souvent deux ou trois chansons qui sortent un peu du cadre de ce qui est attendu de nous. Avec un peu de chance, certaines d’entre elles auront du succès et feront ensuite partie du son de Sabaton. Il nous est arrivé d’utiliser des instrumentations différentes qui fonctionnent alors qu’elles n’entrent pas dans le cadre du son de Sabaton. « To Hell And Back » était vraiment différente et nous a permis de faire quelque chose comme « Blood Of Bannockburn » par la suite.

« Essayer d’effacer des événements sous prétexte qu’ils sont négatifs, je trouve ça très bizarre. Il ne faut pas avoir peur d’aborder des sujets difficiles. Sinon, tu ne fais que te coller la tête dans le sable comme une putain d’autruche. »

Quels sont les paramètres qui font qu’une idée sonne comme du Sabaton ? Comment définirais-tu le son de Sabaton ?

Je pense que nos racines sont à chercher dans le hard rock et le metal classiques des années 80, avec un peu de musique folk scandinave par-dessus. Ce que je les gens ne réalisent pas… Des fois, j’entends : « Oh, Sabaton a fait un truc qui ressemble un peu à du ABBA ! » Oui, et pour une bonne raison : parce que nous avons aussi grandi en écoutant de la musique folk scandinave. Sur cet album-ci, on retrouve [il joue la mélodie de « Versailles » au piano], des trucs comme ça. La base, c’est le hard rock et le metal classiques des années 80 – Twisted Sister, Judas Priest, Bon Jovi, la totale. Nous avons tous grandi en écoutant ce type de musique. C’est ce que nous avons tous en commun dans le groupe. J’écoute aussi de la musique un peu plus hard, ou du rock plus doux des années 70 – et j’aime aussi Jean-Sébastien Bach. Ça ne vaut pas pour Chris [Rörland] ou Hannes [Van Dahl], par exemple. Ils ne sont pas trop fans de Bach ! Ils apprécient des choses différentes, peut-être plus hard que moi, mais le fait est que nous aimons tous Van Halen, Judas Priest, Metallica et Iron Maiden. C’est un vrai luxe, d’avoir une base musicale commune, et je crois que quelque chose est sorti de ça. Mais ce qui est unique avec nous dans le metal, c’est la façon dont nous arrangeons nos chœurs. Certains groupes l’ont fait aussi, mais pas de façon aussi évidente que nous. C’est un arrangement de chœur luthérien, qu’on pourrait entendre dans une église. Au lieu d’avoir tous les chœurs qui chantent la mélodie et chantent la même chose, sur « Primo Victoria », par exemple, tu as la première harmonie [il la joue au piano]. Il n’y a que deux notes, et tout seul, ça sonne bizarre, mais ensuite, tu ajoutes la deuxième harmonie [il la joue au piano]. Là, tu as trois notes, et ça sonne toujours bizarre, mais c’est là que tu ajoutes la mélodie principale [il joue l’ensemble au piano]. Lorsque ces trois harmonies sont jouées ensemble, c’est presque dissonant, mais en fait non. C’est très courant dans les hymnes religieux protestants ou luthériens. Il y a peut-être un peu de Bach là-dedans [rires], mais pour Martin Luther, c’est sûr. C’est ça, associé au hard rock et au metal des années 80 avec lesquels nous avons grandi.

Penses-tu que ce soit lié au fait que tu as débuté en tant qu’organiste ? Ayant joué à l’église, tu dois être très au courant de la façon dont les chœurs luthériens fonctionnent…

Oui, tout à fait. Quand nous avons fait « Primo Victoria » et que j’ai dit aux gars que la chanson allait commencer avec du chant et rien d’autre, puis qu’il y aurait un chœur arrangé comme un chœur d’église, ils ont cru que j’avais pété un plomb ! [Rires] Mais pour être honnête, quand ils ont entendu le résultat… C’est un bon exemple, parce que, quand nous avons enregistré cette chanson, nous n’avons pas tout chanté ensemble et ils n’avaient aucune idée de comment cela allait sonner. Notre guitariste et moi étions devant le micro et Pär [Sundström] était dans la sale de contrôle, à appuyer sur les boutons pour enregistrer. Je leur ai dit : « OK, là, on chante ça : [il chante] ‘Through the gates of hell/As we make our way to heaven/Through the Nazi lines/Primo Victoria’. » Et ils m’ont fait : « C’est bizarre ! » Nous avons fait ça deux fois, puis nous avons retiré ces pistes. Je leur ai ensuite expliqué la deuxième harmonie, nous l’avons chantée et nous avons retiré ces harmonies-là. Enfin, nous avons chanté la mélodie principale, qui est celle que je chante, et c’était plus facile de faire le lien. Et puis nous avons tout assemblé, et autant je savais que nous tenions quelque chose, autant je ne me doutais pas que ce serait une illumination pour nous, du genre : « Putain, oui, c’est ça ! » Ça a été le cas. Tout le monde a compris, et, du moins pour moi, c’était un moment déterminant : « Waouh, c’est encore mieux que ce que j’espérais. Enfin, nous avons fait quelque chose qui n’est pas juste décent pour une bande de buveurs de bière de Falun ». Nous nous sommes tous dit : « Putain, c’est vraiment bon. J’adorerais écouter cette chanson. La suite, ça donne quoi ? » [Rires] Mais c’est vrai, mon passé sur l’orgue Hammond et le fait de jouer dans les églises… Pas tellement, cela dit. Ils ont fini par arrêter de me contacter parce que je n’étais pas très religieux. Mais j’aime toujours cette musique et je ne vois aucune raison de détester la religion ou l’absence de religion.

En tant que chanteur, ta voix est très différente de n’importe quel autre frontman de metal, passé ou présent. Comment as-tu travaillé ta voix et ton style ? Je sais qu’à l’origine, tu n’étais pas du tout censé être le chanteur de Sabaton…

La raison est sûrement là, je pense. Je veux dire, je n’avais absolument pas prévu d’être chanteur. J’écrivais des chansons et le reste du groupe m’a demandé : « Tu pourrais chanter, histoire qu’on ait une idée des mélodies que tu avais en tête ? » Je l’ai fait et je leur ai dit : « Voilà, maintenant vous connaissez les mélodies. » Et eux étaient là : « Ouais, continue à chanter, on préfère jouer. » Je n’ai jamais pris de cours. Si tu m’avais demandé de chanter quand j’avais dix-neuf ans, j’aurais probablement sonné comme Michael Kiske de Helloween. J’étais à fond là-dedans. Peut-être un peu plus âpre, avec un peu plus de distorsion, dans le style de Mats Levén, un très bon chanteur suédois. Mais je pense que c’est un heureux accident. Je ne me suis jamais dit que je finirais par chanter, donc je n’essayais pas de copier qui que ce soit. Au début, je me contentais de hurler dans le micro, parce que si je chantais « na na na » [il chante doucement], c’était merdique. Au moins, quand je hurlais, ce n’était plus merdique ! Au moins, j’avais l’air d’être en colère, et pas d’être un gros mou ! Ça s’entend si tu écoutes nos premiers enregistrements : c’étaient davantage des hurlements un peu râpeux qui ne sonnaient pas bien, parce que j’étais vraiment débutant. Je dirais que je n’ai commencé à chanter correctement qu’autour de 2005, 2006 ou 2007. Avant ça, je me contentais de crier et d’espérer atteindre la bonne note.

« C’est facile de croire que nous sommes devenus des experts, mais ce n’est pas vraiment le cas. Nous avons peut-être des connaissances très détaillées sur certaines parties de l’Histoire, parce que nous avons fait des recherches sur telle bataille ou tel soldat. »

Quels sont les rouages de la création de musique pour Sabaton ? Votre thématique est la guerre, mais est-ce que les choses finissent parfois en bataille rangée quand vous écrivez ou enregistrez les chansons ?

Ce n’est jamais une guerre. Ça ne finit jamais de façon agressive, et je pense que c’est mieux comme ça. C’est une des choses que nous avons perfectionnées au fil des années : nous pouvons avoir des conflits sains. Tu as le droit de défendre ton opinion, quelle que soit ta place dans le groupe, et nous sommes toujours ouverts à de nouvelles idées. Pour cet album, j’ai beaucoup écrit avec Chris, et lui comme moi ne sommes pas compétitifs dans le sens où il faut que l’un soit meilleur que l’autre. Nous avons largement dépassé ce stade, nous nous connaissons depuis tellement longtemps. Dans quelques mois, ça fera dix ans qu’il fait partie du groupe ! Mais nous voulons tirer le meilleur de nous-mêmes et de nos chansons. Il arrive que je préfère ses idées et qu’il préfère les miennes, et nous finissons par défendre les idées de l’autre. Quand nous atteignons une impasse en termes d’écriture, il ne nous reste plus qu’à écrire quelque chose qui nous mette d’accord tous les deux et qui soit aussi bon ou meilleur que les idées précédentes. Ça fonctionne, mais parfois, ça prend beaucoup de temps [rires]. Je vais continuer sur cet exemple pour la partie studio : si Chris et moi avons écrit une chanson ensemble, ça veut dire que nous avons fait la préproduction pour le tout. Ça ne signifie pas nécessairement que nous avons écrit le solo de guitare ; Chris l’a peut-être déjà fait, mais en général, ce n’est pas le cas. Nous avons enregistré une idée de ce que doit faire la batterie, mais de façon générale, imprécise, parce que Hannes est un bien meilleur batteur que nous. Si Hannes a une idée différente, ça peut impliquer de réécrire la totalité des guitares. Ça peut être une bonne idée, et dans la plupart des cas, ça vaut au moins la peine d’essayer. Le côté positif de l’enregistrement moderne sur ordinateur, c’est qu’on peut se dire : « Je crois qu’on devrait tenter ça. Oh, je me demande comme telle chose sonnerait », et on teste. Si la réponse est « peut-être », nous enregistrons l’un des couplets et un refrain de cette façon. Si ça ne fonctionne pas, il suffit de copier un autre refrain plus proche de l’original. Ensuite, c’est facile de comparer. Le premier refrain est enregistré de la façon dont il a été composé à l’origine, le deuxième de la façon voulue par Hannes, et nous pouvons les comparer et les faire écouter à d’autres personnes, au lieu de perdre du temps à nous battre sur ce qui sonne le mieux.

Bien évidemment, Sabaton parle exclusivement d’histoire militaire. Quelle est la meilleure façon de faire passer un message de paix lorsqu’on traite de la guerre – en particulier un épisode aussi brutal que la Première Guerre mondiale ?

Je crois que ce n’est pas seulement valable pour l’histoire militaire, mais pour tout. Si tu dis à un gamin : « Ne fais pas ça ! » sans lui donner de raison ou lui expliquer pourquoi, il va le faire quand même. Mais si tu lui expliques l’horreur que représente une brûlure, si tu lui montres des photos ou si d’autres personnes lui racontent comment ces brûlures ont affecté leur vie, et s’il assimile cet ensemble d’informations, il y aura à mon avis beaucoup moins d’enfants qui finissent brûlés. C’est une situation très bizarre à certains endroits. Ça dépend du pays ; chaque pays a sa propre culture en la matière. Mais ne pas évoquer les sujets inconfortables, quels qu’ils soient, dire « ne parlons pas de la guerre » ou « n’évoquons pas ce sujet qui fait partie de l’Histoire », et essayer d’effacer ces événements sous prétexte qu’ils sont négatifs, je trouve ça très bizarre. Il ne faut pas avoir peur d’aborder des sujets difficiles. Sinon, tu ne fais que te coller la tête dans le sable comme une putain d’autruche.

À ce propos, lors de notre dernier entretien, tu nous as dit ne pas aimer « la tendance actuelle qui consiste à ignorer, voire à essayer d’effacer les passages dérangeants de l’Histoire, parce que c’est grâce à ça qu’on apprend ». Cette phrase a fait réagir beaucoup de gens, qui se demandaient ce que tu entendais par « la tendance actuelle qui consiste à ignorer, voire à essayer d’effacer les passages dérangeants de l’Histoire », si tu parlais de la cancel culture ou du négationnisme historique. Peux-tu clarifier tes propos et nous en dire plus sur la tendance à laquelle tu faisais référence ?

Je pensais plus à l’aspect historique, mais bien sûr, c’est étroitement lié à tout le reste, et même, dans un certain sens, à la cancel culture. Le gommage ou la suppression de l’Histoire peut également avoir un côté politique, même si ce n’est pas complètement le cas. Je ne cherche pas à critiquer un pays ou une situation en particulier. J’envisage davantage ça à une échelle qui… Peut-être que je pense de façon différente. Je ne dis pas que je suis meilleur que les autres à un quelconque niveau, mais ayant voyagé dans plusieurs pays à des moments où des événements internationaux se produisaient… Par exemple, quelque chose se passait dans le monde, et j’ai vu en temps réel la façon dont les informations rapportaient la situation en Allemagne, en Amérique, en Suède ou en Russie, parce que j’étais en tournée. Il est important de se rappeler que, d’où que tu viennes, si tu prends tes informations à une seule source, il est facile de croire que c’est la vérité, parce que tu ne connais que ça. Bien sûr, Internet aide. Je ne parle pas d’une situation spécifique. J’imagine que ce que tu évoques est lié à une situation francophone, et peut-être que cette culture n’est pas très présente en France – je n’en sais rien. Dans certains pays, les gens sont vraiment ouverts en matière d’Histoire. La Suède ayant été neutre pendant tellement longtemps, l’Histoire y est complètement dédramatisée. Enseigner ces événements et faire des blagues sur la Deuxième Guerre mondiale n’est pas vraiment un problème, alors qu’en Allemagne, c’est tabou. Je veux dire, l’Allemagne n’a pas cherché à se dédouaner à ce sujet. Ils insistent lourdement dessus à l’école. D’un autre côté, dans certains pays que l’on peut qualifier d’anciennes puissances coloniales – et je ne vise personne en particulier –, les aspects négatifs ne sont pas vraiment enseignés. Et aujourd’hui, quand les gens refusent d’évoquer un sujet parce qu’il est inconfortable ou qu’il y a un risque de débat, je me dis : « Attendez un peu… Si vous voulez éviter le débat, commencez par ne pas effacer le sujet ! » [Rires]

« Il y a des endroits où nous ne pouvons pas aller parce que nous finirions morts ou en prison, donc nous n’irons évidemment pas là-bas, mais nous n’allons pas décider de jouer dans un pays en fonction de son histoire, de son climat politique actuel ou de ses politiciens. Pour être très honnête, si nous devions arrêter de jouer dans les pays qui ont un connard à la tête de leur gouvernement, nous n’aurions plus beaucoup d’endroits où aller ! [Rires] »

J’ai récemment discuté avec Ian Anderson de Jethro Tull, qui me disait qu’il est contre le déboulonnage des statues d’esclavagistes en Angleterre, parce qu’il pense que l’on devrait s’en servir d’exemple pour expliquer à nos enfants et à nos petits-enfants : « Voilà le genre d’horreurs que l’Empire britannique a engendrées. »

J’aurais tendance à être d’accord. C’est comme lorsqu’un pays qui adhère à une certaine religion détruit un lieu de culte de la religion précédente, d’une certaine façon. Même si aujourd’hui, la plupart des gens seraient ravis de voir une église chrétienne dans un pays musulman, ou vice versa. Ou si on parle de la Scandinavie… Chaque pays a sa propre histoire en termes de religion qui a voulu en annihiler une autre. Et des siècles plus tard, on est heureux qu’il reste des vestiges de l’époque des Vikings, ou des vestiges mésopotamiens ou préislamiques au Moyen-Orient.

Aujourd’hui, vous êtes devenus des « experts » en matière de guerres mondiales. Beaucoup de gens pensent que nous sommes au bord de la troisième. Qu’en penses-tu ? D’après tes connaissances historiques, en vois-tu des signes ?

Tu vas devoir t’adresser à quelqu’un de beaucoup plus intelligent que moi ! C’est facile de croire que nous sommes devenus des experts, mais ce n’est pas vraiment le cas. Nous avons peut-être des connaissances très détaillées sur certaines parties de l’Histoire, parce que nous avons fait des recherches sur telle bataille ou tel soldat. C’est facile de croire que nous avons le même niveau de connaissances sur l’histoire militaire en général, mais ce n’est pas le cas. Je veux dire, oui, nous en savons beaucoup plus qu’une personne lambda qui n’est pas vraiment intéressée par l’Histoire. Mais à l’heure actuelle, l’Histoire est un sujet tellement vaste et complexe que certaines personnes se spécialisent dans la Première Guerre mondiale et n’abordent rien d’autre – et pourtant, il y a deux ou trois choses que je sais et dont elles n’ont pas forcément connaissance. Très peu, sans doute, mais il y a des chances que j’aie entendu une histoire quelque part. Mais de façon générale, je ne suis pas inquiet.

Pendant la pandémie, vous n’avez pas seulement produit un tout nouvel album, vous avez également sorti cinq singles indépendants. Quelles ont été la genèse et l’origine de ces chansons ?

C’était un peu différent. L’idée générale était que nous ne pouvions pas jouer de la musique, mais que nous avions envie de jouer de la musique [rires]. C’est difficile d’oublier que nous sommes musiciens, parce que c’est ce que nous voulions faire et que nous adorons jouer de la musique. Nous avons eu la chance de pouvoir faire de notre passion un travail, mais si on nous retire la possibilité de jouer, c’est une grande part de nos vies qui disparaît. Nous voulions vraiment faire de la musique. « Royal Guard » et « Livgardet » ont été créées pendant le confinement. Nous sommes rentrés de Russie en mars 2020. À l’époque, on en savait très peu sur la pandémie. Le virus avait un nom, mais c’était à peu près tout ; il n’y avait pas encore de vaccin, les informations continuaient d’arriver, et c’était un peu la panique. Lorsque nous sommes rentrés de Russie, Chris, notre ingénieur batterie et moi avons décidé de passer quinze jours dans notre entrepôt en Suède, pour nous assurer que nous ne ramenions pas le virus à nos familles. Et bien sûr, il arrive un moment où boire et jouer à des jeux vidéo ne suffit plus pour éviter de s’ennuyer, alors nous avons commencé à écrire de la musique. Voilà comment est née la chanson. « Steel Commanders » devait sortir pour la Gamescom en 2020, mais ça n’a pas pu se faire, ce qui a retardé la sortie d’un an. Quant à « Defense Of Moscow », pourquoi pas ? Nous avions le temps et nous aimons faire de la musique [rires].

Quelle est la différence entre écrire une chanson indépendante par rapport à une chanson qui fera partie d’un album ? Est-ce plus simple parce qu’il y a moins de contraintes, ou plus difficile parce que la chanson doit avoir un impact immédiat ?

Un peu des deux. Je pense que tu as mis le doigt sur quelque chose. C’est plus difficile parce que la chanson sera jugée pour elle-même, et pas dans le contexte d’un album. Elle ne fait pas avancer l’histoire et elle ne l’aide pas à prendre vie, si tu veux. D’un autre côté, c’est plus facile, surtout quand tu écris de la musique qui n’a pas à se couler dans un quelconque moule : « Oh, j’ai une super idée de chanson, mais ça ne colle pas dans le contexte de la Première Guerre mondiale. Allez, on s’en fout ! On peut faire ce qu’on veut ! » C’est parfois facile de l’oublier. Je pense que nous avons appris quelque chose de tout ça. Je ne suis pas en train de dire que nous allons arrêter de sortir des albums, évidemment. Je ne peux faire aucune promesse, je me base seulement sur mon ressenti du moment, mais il très possible que nous sortions davantage de singles autonomes ou de mini-EP à l’avenir, parce que nous avons réalisé qu’il y avait énormément de sujets que nous voulons aborder sur l’histoire militaire, mais ce n’est pas suffisant pour un album complet.

« Nous ne sommes pas un groupe de punk révolutionnaire qui veut changer le monde et faire passer un message politique. Les gens cherchent un message politique chez nous alors que nous n’en avons pas, en raison de cette tradition qui consiste à utiliser la musique pour faire passer lesdits messages. »

« Livgardet » devait se faire en collaboration avec les forces armées suédoises, mais tu as déclaré que, « comme d’habitude, tout s’est arrêté au niveau politique ». La raison en est que Sabaton a joué en Crimée en 2015, dans le cadre d’un festival organisé par des bikers russes. Aviez-vous conscience que vous pouviez être considérés comme « politiquement dangereux » en faisant cela ?

Oui, mais je trouve ça tellement bizarre… D’un côté, je peux comprendre, parce que la décision ne peut qu’être politique. L’armée est une extension de la politique, donc ce sont les politiciens qui sont concernés. Je ne leur en veux pas. Ce qui est drôle, c’est que, quelques semaines plus tard, nous avons reçu un e-mail de la division cynophile de la Garde royale, Livgardet. Ils ont fait une vidéo où on les voit travailler avec leurs chiens, et ils nous ont demandé s’ils pouvaient utiliser la chanson dans leur vidéo. J’étais là : « Putain, vous vous foutez de moi ?! » La collaboration s’est arrêtée parce que les politiques se sont dit qu’ils ne pouvaient pas nous apporter leur soutien, car nous avons parlé de l’Empire suédois, et en Suède, c’est un sujet controversé. Si tu te risques à l’évoquer, on te dit : « Ouh là là, attends, attends… » Ça fait partie de ces conneries dont on parlait, les sujets sensibles qu’on n’a pas le droit d’aborder. Oui, nous avons des chansons sur l’histoire de la Suède, et alors ? Nous vivons dans un monde où la liberté d’expression existe. Un morceau d’Histoire ne devrait pas appartenir à une faction politique ou religieuse. Ça, nous l’avons compris.

Et puis chaque pays est différent, mais entre la Suède et la Russie, les choses sont et ont toujours été un peu délicates, avec ces histoires de sous-marins et tout ça. Ce n’est pas à nous de juger ce qui est vrai et ce qui s’est réellement passé, mais les relations entre la Russie et la Suède sont un sujet sensibles. C’est pour ces raisons que nous sommes controversés : jouer en Crimée, parler de l’histoire russe d’un point de vue pro-russe… Nous avons aussi reçu beaucoup de critiques dans les magazines quand nous avons joué en Israël. C’était du genre : « Vous ne devriez pas jouer là-bas, vous ne devriez pas faire ça. » Comment sommes-nous censés changer quoi que ce soit à la situation là-bas ? Nous ne ferions que punir les metalleux israéliens. Dès que nous choisissons de ne pas jouer quelque part, ça revient à faire une déclaration, or nous avons choisi de ne pas nous mêler de politique ou de religion. Notre seul moyen de nous battre contre ça, c’est la liberté d’expression : « Allez vous faire foutre, nous jouerons exactement où nous avons envie de jouer ! » Il y a des endroits où nous ne pouvons pas aller parce que nous finirions morts ou en prison, donc nous n’irons évidemment pas là-bas, mais nous n’allons pas décider de jouer dans un pays en fonction de son histoire, de son climat politique actuel ou de ses politiciens. Pour être très honnête, si nous devions arrêter de jouer dans les pays qui ont un connard à la tête de leur gouvernement, nous n’aurions plus beaucoup d’endroits où aller ! [Rires]

Plus généralement, l’Histoire est souvent politisée. En tant que groupe qui traite d’histoire militaire, êtes-vous souvent confrontés à des gouvernements ou des politiciens qui tentent de vous mettre des bâtons dans les roues ?

Oui, souvent ! Je comprends pourquoi : la musique a souvent été utilisée pour faire passer des messages politiques ou qui parlent de liberté, tandis qu’avec un film, on accepte plus facilement l’idée qu’il s’agit d’une histoire. Nous racontons des histoires. Nous ne sommes pas un groupe de punk révolutionnaire qui veut changer le monde et faire passer un message politique. Les gens cherchent un message politique chez nous alors que nous n’en avons pas, en raison de cette tradition qui consiste à utiliser la musique pour faire passer lesdits messages. Ça peut se transformer en une situation où les politiciens sur-analysent une seule chanson et nous empêchent de jouer. Il est arrivé que nous soyons vus comme trop controversés en raison de ce que nous avons écrit par le passé. Je peux aussi le comprendre : si tu ne connais rien au metal, que tu entends dire que Sabaton va jouer dans la salle locale, que tu n’écoutes que « Rise Of Evil » et que tu ne fais pas plus de recherches, je comprends que ça puisse être un problème. C’est à double tranchant. Nous avons choisi d’aborder ces thèmes et nous n’avions pas réfléchi à toutes les conséquences. Faire ce que nous faisons nous apporte certains avantages. Dans certains cas, il peut être plus facile d’attirer l’attention sur notre musique grâce à un sujet que nous avons abordé. D’un autre côté, ça nous a fermé beaucoup de portes.

Je ne comprendrai jamais comment on peut considérer que « Rise Of Evil » peut prêter à controverse. Le titre dit clairement que vous ne cautionnez pas tout ça. Il y a le mot « evil » dedans !

Je suis totalement d’accord avec toi, mais je crois que tu surestimes une grande partie de l’humanité !

« Une des pistes que nous avons évoquées est de chercher à améliorer l’expérience pour les gens qui assistent à nos concerts. Comment pouvons-nous rendre ça plus sympa et éviter les files d’attente au stand de merchandising ? Rien qu’un camion à l’extérieur de la salle qui proposerait du café gratuit s’il fait froid. Parce que tout peut affecter ton expérience d’un concert de Sabaton. »

Vous avez votre propre chaîne YouTube, votre propre Sabaton Open Air Festival, et aujourd’hui, vous lancez votre magazine officiel, Camouflage. Comment arrivez-vous à gérer tout cela tout en étant un groupe très occupé à enregistrer et à tourner ? N’avez-vous pas l’impression d’être submergés de temps en temps ?

Ça devient un problème à certains moments, quand il y a trop de choses à faire. Ce serait plus une question pour Pär, même si je peux répondre pour lui. C’est quelqu’un de très dynamique. Je vais te raconter une anecdote qui en dit long sur lui. Au fil des années, je me suis progressivement éloigné de l’aspect management et business. Je suis toujours impliqué, mais j’en fais de moins en moins, afin de pouvoir me concentrer sur la musique. J’étais en train d’écrire pour l’album Heroes, ce qui veut dire que je travaillais énormément, et Pär m’a appelé pour me dire : « Il faut qu’on aille jouer quelque part. J’ai une ouverture pour un concert en Macédoine. Nous n’avons jamais joué là-bas, il faudrait qu’on y aille. » Je lui réponds : « Ouais, cool, sans problème. J’ai besoin d’une pause. Et toi, comment ça va ? » « Mec, je suis tellement sous-stimulé ! » « Comment ça ? » « Je n’ai rien à faire, c’est dingue! » Je lui dis : « OK. Tu as fait quoi de ta journée ? » Il me répond : « Je me suis levé à 7h30, j’ai petit-déjeuné, puis j’ai commencé à envoyer des mails, j’ai rapidement déjeuné avec notre webmaster, ensuite j’ai bossé jusqu’à 17h, et maintenant il est 17h30 et je n’ai rien à faire. » Je lui fais : « Putain, tu viens de décrire une journée de travail de huit heures et tu es désespéré parce que tu es sous-stimulé. Bordel, va boire une bière et prendre le soleil, mec ! » Il aime être au cœur des événements. C’est quelqu’un de très créatif par de nombreux aspects, il a des tonnes de bonnes idées. Nous avons tous de bonnes idées, mais agir et les transformer en réalités, c’est quelque chose que très peu de personnes font. En plus de ça, c’est quelqu’un d’intelligent qui sait reconnaître les bonnes idées des autres. Si on se pose pour discuter, que quelqu’un a une idée sympa et que ça pourrait être intéressant, quelques mois plus tard, il va vraiment s’y atteler. Dans un certain sens, beaucoup de ces à-côtés sont ses enfants.

Qu’il s’agisse du festival, de la croisière ou de Sabaton History, au début, lors de la phase de création, Pär et moi sommes généralement très impliqués. Pour le festival, je me suis chargé de la production locale les premières années. J’étais là, sur le terrain, à déplacer les toilettes et à retirer les lumières dont nous avions besoin pour la scène, sous la pluie, le dimanche d’après. D’un autre côté, nous ne sommes par les mieux placés pour promouvoir ou faire tourner un festival. Quand les choses commencent à prendre de l’ampleur, nous faisons appel à des gens qui savent ce qu’ils font. Nous sommes toujours impliqués dans le choix des groupes et le passage en revue des plans, mais ce n’est pas nous qui nous occupons de la gestion au quotidien. Pareil pour Sabaton History. Ce n’est pas nous qui faisons les recherches pour Indy [Neidell]. Nous sommes là pour discuter de la façon dont nous allons faire l’épisode, de ce qui va se passer, puis Markus [Linke], dont nous avons parlé dans Camouflage, écrit le script et fait les recherches historiques. Nous lançons un projet, puis nous nous en éloignons un peu. Nous ne l’abandonnons pas complètement pour laisser quelqu’un d’autre s’en occuper, mais lancer un projet prend beaucoup de temps, et le maintenir en vie une fois sur pied exige beaucoup de travail. Si nous essayions de gérer tout ça en même temps, ce serait l’enfer. Ça nous a pris des années d’organiser le festival et d’avoir des équipes rodées. À l’heure actuelle, parce que c’est très récent, gérer tout ce qu’il y a à gérer pour le magazine Camouflage prend beaucoup de temps. Et c’est la faute de Pär, qui se sent sous-stimulé après une journée de huit heures !

Cet homme a besoin d’une pause. Il faut qu’il prenne des vacances.

Fais-moi confiance, il n’aime pas ça !

Vous ne cessez jamais d’étoffer l’expérience Sabaton, que ce soit avec ce genre d’initiatives ou en termes d’albums et de présentation scénique. Avez-vous des pistes concernant ce que vous pourriez faire de plus ?

Une des pistes que nous avons évoquées est de chercher à améliorer l’expérience pour les gens qui assistent à nos concerts. Comment pouvons-nous rendre ça plus sympa et éviter les files d’attente au stand de merchandising ? Comment pouvons-nous rendre ça plus… Rien qu’un camion à l’extérieur de la salle qui proposerait du café gratuit s’il fait froid. Parce que tout peut affecter ton expérience d’un concert de Sabaton. Il peut s’agir des groupes de première partie : nous veillons toujours à ce que les fans de Sabaton soient susceptibles de les apprécier, qu’ils les aient déjà entendus ou non. Comment améliorer l’expérience pour tout le monde ? Ça paraît sympa à envisager pour le public – et ça l’est –, mais c’est aussi une façon de rivaliser avec d’autres groupes, de faire en sorte que les gens aient une meilleure image de nous et un meilleur souvenir d’un concert de Sabaton. C’est l’une de ces situations où tout le monde gagne. Si c’est bien pour nous en tant que groupe – ou en tant que marque sur le long terme –, c’est aussi bien pour les gens qui éviteront de geler dehors avant nos concerts, et ça leur offre une meilleure expérience. Nous faisons d’une pierre plusieurs coups. Voilà le genre d’idée que nous avons essayé de mettre en place. Quand on nous parle d’objectifs… Oui, nous pourrions nous fixer un objectif et travailler pour l’atteindre, mais ça ne servirait qu’un seul intérêt. Mais si le but est de faire en sorte que notre prochain concert soit meilleur que le précédent, bien que ce ne soit pas possible à chaque fois, au moins, nous pouvons continuer à essayer. Nous pouvons aussi essayer de faire un meilleur album que le précédent – même si c’est subjectif, évidemment. Certaines de mes chansons ne seront pas aussi bonnes que j’aurais pu l’espérer, voire vraiment merdiques ; c’est possible aussi [rires]. Mais ce sont des objectifs qui font que le groupe comme le public sont gagnants. Concentrons-nous là-dessus plutôt que sur autre chose.

Interview réalisée par téléphone le 4 février 2022 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Traduction : Tiphaine Lombardelli.
Photos : Tim Tronckoe & Christian Ripkens (2).

Site officiel de Sabaton : www.sabaton.net

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  • Par peut venir bosser dans une usine après sa journée de 8 heures il voudra boire une bière !!ah ces artistes parfois ils sont hors sol!!lol

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  • La brigade sinophile… Oui oui oui…

    [Reply]

    Tiphaine

    Oups, mon cerveau serait-il en train de m’envoyer des messages subliminaux ? Ce devrait être « cynophile », bien sûr… Merci pour la correction, Wlad !

    Torion

    Du moment que c’est pas la zoophile !

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