
Rotting Christ
Pour nous réchauffer de toute l’atmosphère neigeuse dont nous avons tous été plus ou moins victimes au mois de février, Rotting Christ nous a fait l’offrande de son onzième album, Aelo. Sakis, le cerveau de la bande, prétend qu’avec cet album, le combo serait « passé à une troisième forme de maturité » et que « les fans hardcore de Rotting Christ auront du mal à accepter cet album » . On peut notamment y trouver une reprise de Diamanda Galas qui reste une artiste d’avant-garde dont les travaux ne sont pas à mettre entre toutes les oreilles. Cela est révélateur de la démarche de Rotting Christ pour cette onzième galette: « Nous sommes un groupe qui a produit onze albums et je considère que ce serait un manque d’imagination et de créativité de jouer ce que l’on jouait il y a 20 ans. Je suis un esprit qui recherche constamment de nouvelles sources d’inspiration et je veux mettre toutes ces matières en place. Je ne peux pas faire les mêmes choses encore et encore »

Septic Flesh
Mais remettons les choses dans leur contexte. Si Rotting Christ a la notoriété et le respect des amateurs de black metal, n’est-ce justement pas du fait de leur identité si particulière ? Ou bien est-ce dû à leur nationalité grecque ? Lorsque l’on regarde en profondeur, on pourrait se dire que ces deux questions sont liées. Après tout, la scène de ce pays est plutôt méconnue mais respectée par ceux qui en connaissent quelques noms. Pourquoi donc ? Pour une identité propre que chaque grosse figure de cette scène a su développer avec le temps. Et la démarche de Rotting Christ pour ce onzième album est révélatrice : ils veulent continuer à proposer quelque chose de singulier pour se démarquer des groupes noyés dans la masse. Les commentaires de Sakis au sujet de ce dernier bébé tombent à point nommé et nous donnent également l’occasion de faire un point sur la scène grecque, atypique s’il en est.

Inactive Messiah
Tout d’abord, il est bon de rappeler qu’une des raisons de tout le respect auquel a droit Rotting Christ, que ce soit venant du public ou des artistes, est qu’il s’agit d’un des tout premiers groupes à s’être exporté. Ajoutons qu’il y a 20 ans, le black metal était un style très méconnu dans le pays. Rotting Christ est le groupe qui a ouvert la voie. Et dans un pays où le metal extrême était peu populaire, c’est finalement des groupes officiant dans ce style qui ont commencé à émerger dans les années 90. Vous ne saviez peut-être pas qu’ils sont grecs, mais les noms de ces groupes ne vous sont probablement pas étrangers. Nightfall et Septic Flesh, ça vous dit quelque chose ? Ces deux groupes sont les fers de lance de la scène du pays de Zeus, avec leurs comparses de Rotting Christ.
Pour comprendre le pourquoi de leur singularité, nous vous invitons tout simplement à écouter les travaux des trois groupes précités. Nous nous attarderons plutôt sur la situation de la scène extrême qui régnait à cette époque. Il s’agissait en effet de la période où les vieux noms du death metal tels que Dismember commençaient à tourner en rond alors que d’autres tels Gorefest ou Benediction entamaient des reconversions plus ou moins réussies. Le death metal était donc en perte de vitesse, laissant place au black. Ca tombait à pic pour Rotting Christ, un peu moins pour Nightfall ou pour Septic Flesh. Ces derniers auront néanmoins réussi leur pari en se démarquant clairement de Cannibal Corpse ou de Morbid Angel. On peut au passage remercier le label Holy Records qui leur aura permis de donner leur mesure.

Nightfall
Durant les années 90, les combos de cette scène restent peu nombreux. Il faut attendre les années 2000 pour voir une nouvelle vague déferler. Celle-ci se veut encore plus diversifiée puisque le metal extrême n’est plus le seul style pratiqué par ces groupes. On trouve alors des combos comme Inactive Messiah, dans une veine dark metal symphonique avec un son et une démarche modernes ou On Thorns I Lay pratiquant un gothic rock particulier et intéressant. On peut aussi citer Wastefall, un des tous premiers combos de metal progressif grec et les power métalleux de Firewind. Sans oublier le projet néo-classique gothique de Christos Antoniou (Septic Flesh), Chaostar. D’ailleurs, la démarche artistique de Christos que ce soit avec Septic Flesh et Chaostar où il incarne le rôle peu conventionnel de chef d’orchestre, est révélatrice de l’état d’esprit de la plupart des Grecs se plongeant dans le metal. Chaque groupe précité tente d’apporter une pierre à l’édifice du style qu’ils ont choisi. Et force est de constater que la plupart réussissent leur pari avec brio, lorsque l’on observe les réactions du public, des médias ou des autres artistes étrangers.

On Thorns I Lay
Qu’en est-il de cette scène aujourd’hui ? Il semble que les groupes de metal en Grèce sont plus nombreux mais ont en revanche toujours autant de mal à s’exporter. Le guitariste de Wastefall, Alex, semble avoir donné un début d’explication à ce constat dans une interview en février 2003 : « La Grèce regorge de musiciens mais personne ne se serre vraiment les coudes. Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais tous les groupes semblent être en compétition. Mais malgré tout, je pense que vous verrez de plus en plus de bons groupes grecs s’exporter dans les prochaines années ». Force est de constater que le guitariste a eu le nez creux. Sakis est récemment allé dans le sens de cette prédiction. Laissons-lui donc une dernière fois la parole : « Je suis actuellement témoin d’une véritable renaissance de la scène grecque. Les groupes partent sur une base plus professionnelle, même s’ils n’en ont pas le statut, et cherchent vraiment à sortir de nos frontières. Tout est désormais possible » .

Chaostar
On attend de voir la suite. Espérons seulement que cette scène grecque continuera de briller par son identité.
Cela dit, lorsqu’on observe les prolifiques scènes allemande ou suédoise, on se rend compte que l’effet de masse produit de la redite. Plus il y a de participants à la course, plus il y a de risques de se copier les uns les autres. Dieu sait combien de clones de grands groupes sont apparus ces dernières années. L’issue pour ces formations est soit d’être engloutis dans la masse, soit de dégager une identité propre.
Ainsi, la singularité des groupes grecs n’est-elle pas la conséquence de la sous-médiatisation du style au sein du pays ? Ainsi, quelles seront les conséquences de ce développement que prédit Sakis ?
En attendant d’avoir une réponse, vous pouvez toujours vous rabattre sur la tournée rassemblant Rotting Christ et Bolt Thrower, qui passera par la France les 7 et 8 mai prochains à Paris (Trabendo) et Lyon (CCO).
Sources :
www.bravewords.com – www.rockpages.gr – http://metal-blogs.com/spiritofmetal/[/urlb] – www.auxportesdumetal.com/interviews/wastefall-fr.html
J’avoue qu’il y a Astarte aussi, j’y ai repensé qu’après que l’article ait été envoyé. Mais bon, on peut pas tout citer non plus au sein d’un article. Après, c’est aux lecteurs qu’incombent la lourde tâche de creuser ses recherches si le sujet intéresse et pourquoi pas le compléter dans les commentaires comme tu le fais 😉
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Astarte putain, Astarte !!! en plus elles sont bonnes héhé
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