
A noter un intéressant regard, honnête et plein de recul, sur le controversé dernier disque. Vorph nous parlera également de l’importance pour la formation de prendre des pauses au sein de leur carrière afin de se retrouver et de mieux repartir.

« Quand nous l’avons terminé (Above), nous nous sommes dit qu’il avait du charme, qu’il avait quelque chose de différent, de brut, de pas trop surfait. Même si ce n’était pas un album parfait et qu’il n’était pas aussi abouti que nos autres réalisations. »
Vorph (chant) : C’est toujours nous, parce que Masmiseim (ndlr : bassiste du groupe suisse) est toujours celui qui finit le dernier et qui est debout le premier le lendemain.
Above est un album très surprenant. Pourquoi ne pas l’avoir sorti sous un autre nom que Samael, comme c’était prévu ?Quand nous l’avons terminé, nous nous sommes dit qu’il avait du charme, qu’il avait quelque chose de différent, de brut, de pas trop surfait. Même si ce n’était pas un album parfait et qu’il n’était pas aussi abouti que nos autres réalisations. Nous avions trouvé que c’était quelque chose d’intéressant et de surprenant.
A tel point que nous avons hésité à l’intégrer à la discographie de Samael.
C’est quelque chose qu’on entend beaucoup. Pour ma part, je trouve qu’il se rapproche beaucoup de nos premiers disques. D’ailleurs, nous avons réenregistré un morceau de notre premier album (NDLR : Worship Him), « The Black Face », sur lequel nous avons modifié les paroles. Nous l’avons renommé « Darkside ». Cet album est une parenthèse que nous nous sommes permise.
Un peu comme le projet Era One ?A l’origine, nous ne voulions pas que Era One sorte sous le nom de Samael, mais le fait est que nous avions signé un contrat et que nous ne pouvions pas le sortir comme c’était prévu, sous le nom Era One. Du coup, vu que nous avions déjà cet OVNI dans notre discographie, nous avons moins hésité pour sortir Above sous le nom Samael. Ces deux disques sont une sorte de Yin et de Yang…

Je ne le trouve pas sombre du tout. L’album le plus sombre à mon goût est Eternal. Quand je le réécoute, je lui trouve une profondeur abyssale. Above est agressif, parfois violent, mais pas sombre.

« Solar Soul était un moyen de faire le point. Above était un exercice de style. Une manière de se demander ‘qu’est-ce que ça donnerait si on reprenait tout à zéro ?' »
Non, c’était plus pour s’amuser qu’autre chose. Solar Soul était un moyen de faire le point. Above était un exercice de style. Une manière de se demander « qu’est-ce que ça donnerait si on reprenait tout à zéro ? ».
Si Above est un aparté, doit-on s’attendre à une grosse surprise pour le prochain album ?Nous avons déjà des brouillons de morceaux, mais rien de fini. Nous avons l’expérience que nous n’avions pas à nos débuts. En revanche les idées, les pensées que nous avions à l’époque sont toujours là.

Nous avons commencé à en utiliser en 1996 pour l’album Passage. Beaucoup de gens ont une opinion très arrêtée sur comment les choses doivent être faites. On nous demande souvent quand on va reprendre un batteur. Mais je ne pense pas que cela se fera, la boîte à rythmes est un élément qui fait notre singularité.

« Je pense qu’avec Solar Soul, nous avons essayé de faire le point ; c’est d’ailleurs ce que j’ai dit à l’époque dans pas mal d’interviews quand on en faisait la promotion. »
L’Orient est la culture du rêve. Je ne connais pas vraiment la culture orientale, donc ce qu’elle m’inspire est très abstrait. Nous avons des textes spirituels et ces sonorités s’y prêtent bien. Si j’étais né en Inde, j’aurais peut-être eu une autre vision des choses. Avant la sortie de Passage, j’ai passé un peu de temps en Inde. C’était tellement déstabilisant que j’avais l’impression de visiter une autre planète. Mais cela m’a plu, je m’y suis retrouvé.
Vous avez un univers qui vous est propre, une sorte d’univers cosmique intérieur. Pensez-vous que la condition humaine soit à ce point complexe pour être comparée à une galaxie ?Oui. C’était d’ailleurs complètement l’idée de la pochette d’Eternal. Une sorte de croix, un point central, une manière de présenter l’âme.
Qu’y a-t-il de si complexe dans le genre humain et dans la manière de se ressentir soi-même?Il faut abandonner nos certitudes pour libérer notre esprit. Cela suppose de perdre son confort, sa sécurité. La pensée humaine infinie. C’en est étourdissant.
Tu penses qu’il y a beaucoup de choses qui t’attendent, sur le plan personnel et de Samael ?Solar Soul était une pause. Nous allons maintenant continuer de manière différente. Cela va prendre du temps avant que nous nous libérions totalement de nos racines. Dans un premier temps, nous allons explorer ce que nous n’avions qu’effleuré jusque là.

« Nous subissons des influences, voire des pressions extérieures, mais c’est à nous d’en tenir compte ou pas. La décision finale, c’est nous qui la prenons. Donc oui, je me sens libre. »
Oui. Nous subissons des influences, voire des pressions extérieures, mais c’est à nous d’en tenir compte ou pas. La décision finale, c’est nous qui la prenons. Donc oui, je me sens libre.

Non. Au sein du groupe, on a tous reçu une éducation religieuse à nos dépens. Aucun membre du groupe ne l’avait demandé. J’ai fait l’effort de m’intéresser aux autres religions officielles. Je n’y ai trouvé que l’idée de domination.
Tu n’es pas croyant ?Non.
Es-tu contre la religion, ou c’est un abus de langage ?Je serais plutôt pour la non-religion que contre la religion.
Que penses tu de la polémique concernant les minarets ?Personnellement, j’aimerais voir disparaître les églises. Non pas les éradiquer car je suis contre le fait d’imposer un changement aux gens. Mais il y a des acharnements pour préserver certaines choses que je ne comprends pas. Il y a quelques années, ils avaient proposé de désacraliser une église dans laquelle plus personne ne venait. Mais il y a eu un véto. C’est un espace formidable dont on pourrait faire un musée, une salle de concert, à l’instar du « Paradiso » d’Amsterdam. Je ne suis pas pour le fait de brûler les églises, mais pour en faire autre chose.

« Je ne suis pas pour le fait de brûler les églises, mais pour en faire autre chose. »
Je pense oui, la base n’a pas changé. Il y a des erreurs de parcours qu’on peut essayer d’éviter. A l’adolescence, on a tendance à s’attaquer à un problème d’une manière trop frontale. En mûrissant, on comprend que ce n’est pas la meilleure manière de faire, car cela crée des ondes de choc et cela ne fait pas avancer les choses.
Avez-vous des regrets ?Non, pas vraiment, parce que les erreurs que tu fais t’apprennent toujours quelque chose.
Pour finir, quelle a été la rencontre la plus enrichissante pour Samael ?Makro. Avant qu’il ne rejoigne le groupe en 2002, nous avions fait une pause avec le style que nous jouions. On travaillait à l’époque sur le projet Era One. Quand Makro est arrivé, ça a été un bol d’air pour tout le monde, car il nous a donné envie de reprendre là où nous nous étions arrêtés. Nous avons alors entamé une tournée pour valoriser un album vieux de trois ans (NDLR : Eternal). Peu de groupes font ça : les promoteurs préfèrent mettre en valeur un nouveau disque. Tourner pour cet album, c’était un risque qu’on a bien fait de prendre parce que la tournée s’est très bien passée. Après quoi, nous avons entamé la composition de Reign Of Light. L’arrivée de Makro nous a permis de prendre un nouveau départ.
Interview réalisée le 14 décembre 2009 au Transbordeur de Lyon
