Satyricon a, au fil des années, changé de style et s’est écarté du black metal originel pour proposer à son public une musique extrême plus rock’n’roll. Après un passage au Fall Of Summer 2016 qui avait fait plaisir aux fans – l’album Nemesis Divina avait été joué en entier -, le groupe a sorti un nouveau disque intitulé Deep Calleth Upon Deep. À l’origine, Satyricon devait se produire à La Maroquinerie en fin d’année dernière mais, suite à un souci technique de la salle, le concert avait dû être annulé. Un tort aujourd’hui réparé et c’est non sans joie que l’on se retrouve avec un public nombreux à nos côtés dans la Machine du Moulin Rouge.
En guise de première partie, Suicidal Angels délivre un thrash efficace. Il est à signaler que les Grecs sont très productifs avec un rythme d’un album tous les deux ans depuis la sortie de leur premier disque Eternal Domination.
Artistes : Satyricon – Suicidal Angels
Date : 7 mars 2018
Salle : Machine du Moulin Rouge
Ville : Paris [75]
La foule est cependant assez timide en ce début de soirée et peu nombreuse, ce qui pour une musique si énergique et entraînante rend le tout un peu triste. Mais en se concentrant uniquement sur le groupe, on se rend compte de la grande qualité musicale proposée. Car c’est un grand concert que nous offre Suicidal Angels ! Un concert éminemment intense. Ses membres sont persévérants et ne perdent pas espoir de voir le public bouger. Belle récompense pour eux, les premiers pogos se lancent avec des dizaines de personnes qui participent. Même si les tentatives de circle pit échoueront, les solos, les riffs, les compositions, et plus globalement l’attitude de Suicidal Angels, font de ce dernier un groupe de scène à ne pas manquer.
Arrivant sur le thème d’Ennio Moriconne qui ouvrait le film de Quentin Tarantino Les 8 Salopards, ce début de concert de Satyricon se fait dans une certaine classe. Les silhouettes des membres du groupe présents dans l’ombre auront d’ailleurs ce je-ne-sais-quoi d’inquiétantes. La formation démarre son set sur le premier titre du dernier album Deep Calleth Upon Deep, « Midnight Serpent ». Un morceau qui donne parfaitement le ton de ce concert, comme vous l’aurez compris, définitivement rock’n’roll. Peut-être est-ce un choix qui en rebutera certains ? Surtout qu’au final le groupe ne jouera par exemple qu’un seul titre de Nemesis Divina ou de Dark Medieval Times.
Mais ce n’est pas maintenant que le groupe reviendra sur ses changements d’orientation ! Après, que les fans se rassurent : la voix de Satyr est toujours aussi graveleuse et n’a rien perdu de son charme. Le tout prend même une sacrée dimension grâce à la puissance du son. On regrette toutefois, sur le plan technique, un manque flagrant de lumière de face durant les morceaux, nous empêchant de profiter pleinement du groupe et du visage de ses membres. Mais les tubes s’enchaînent avec « Black Crow On A Tombstone », « The Wolfpack » ou le très attendu « Mother North » qui fera chanter tout le public précédé de l’instrumental « Transcendental Requiem Of Slaves ».
Et comme le dit le frontman : « Tout groupe de black metal qui se respecte devrait avoir un morceau de guerre, voici le nôtre, » avant de lancer « Now, Diabolical » pour que le pit reparte de plus belle. Car même si en règle générale la pratique du pogo est quelque chose à éviter dans le cercle du black metal, difficile de ne pas sentir l’envie de bouger sous les riffs que l’on nous sert. Surtout en voyant Satyr bouger frénétiquement aux rythmes de la musique, quand il n’a pas les mains sur son trident lui servant de micro.
Satyricon n’a pas perdu de sa superbe, il l’a simplement fait évoluer. La passion reste la même, c’est en tout cas ce qui apparaît sur scène, même si cette musique est bien plus nerveuse et se situe maintenant loin du black metal traditionnel. Désormais la pâte du groupe est unique dans le milieu, reconnaissable entre mille, et les fans se déplacent toujours nombreux pour les voir. Le concert se conclut, comme d’habitude, sur « K.I.N.G » de l’album Now, Diabolical. Le set des Norvégiens plaira peut-être moins au fan hardcore que celui du Fall Of Summer, où la fibre nostalgique avait été touchée. Mais soucieux d’évoluer et en grande forme, Satyricon est fidèle au poste et on espère sincèrement que ce n’est pas prêt de s’arrêter.
Setlist :
Midnight Serpent
Our World, It Rumbles Tonight
Black Crow On A Tombstone
Deep Calleth Upon Deep
Ageless Northern Spirit
Repined Bastard Nation
The Wolfpack
Now, Diabolical
To Your Brethren In The Dark
Black Wings And Wilthering Gloom
Walk The Path Of Sorrow
Transcendental Requiem Of Slaves
Mother North
The Pentagram Burns
Fuel For Hatred
K.I.N.G
Report et photos : Matthis Van der meulen.