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Metalanalyse   

Satyricon donne sa définition personnelle de la pop


Si une chose est certaine concernant Satyricon, c’est bien sa stabilité. Satyr et Frost, les deux têtes pensantes indéboulonnables de la formation norvégienne tiennent à eux deux ce qu’est Satyricon : un black metal accessible, aux rythmiques minimalistes et aux boucles mélodiques répétitives et lancinantes. La musique de Satyr a toujours été pensée de manière simple, presque primitive. Cette accessibilité tend à transformer la musique de la bande en hymne. Vite assimilée, vite chantée. Et c’est cette formule basique qui fait qu’aujourd’hui Satyricon, sur la scène black metal mondiale, reste l’une des formations les plus respectées. C’est ce qui fait la force du propos de Satyricon expliquant non seulement sa longévité mais aussi sa popularité malgré ses diverses orientations musicales entreprises au fil du temps.

Satyricon est né dans le cœur flamboyant d’une scène black metal en pleine croissance en Norvège au début des années 90. Dark Medieval Times (1993), The Shadowthrone (1994) et Nemesis Divina (1997) marquent à eux trois la période la plus sombre du combo. Une période mais surtout un black metal aux tendances symphoniques au final vite délaissé au profit d’une musique plus heavy, plus thrash et considérablement plus posée. Une volonté assumée par Satyr et son comparse. Et aujourd’hui, bis repetita, car pour le compositeur principal un véritable sentiment d’avoir ratissé dans les moindres détails chaque style jusqu’alors pratiqués par la formation se faisait sentir : « Avec The Age Of Nero (2008) j’ai senti que le chemin musical sur lequel nous marchions depuis la dernière décennie avait atteint sa destination. Écrire des chansons d’un black metal compact sur une base de musique rock est quelque chose que j’ai vraiment aimé faire. Mais je sentais que j’avais atteint une limite et que je voulais faire quelque chose de différent. »

Lugubre et malsain, voire mélancolique. Avec ce nouvel album, Satyricon s’ouvre la voie de l’atmosphérique. Apportant des titres mid-tempo intimistes (« Phoenix) et froids (« Tro Og Kraft ») Un sentiment qui plus est accru par une production épurée et un son « naturel » (si cher, par exemple, à Fenriz de Darkthrone) lié au fait que cet album a été enregistré de manière analogique. De cet opus se dégage ainsi une composante plus fidèle à un esprit black metal traditionnel que les précédentes œuvres du duo Satyr/Frost. « The Infinity Of Time And Space », cette pièce épique en fin d’opus en est d’ailleurs la preuve. Mais en s’orientant vers des rythmes moins rapides et plus lancinants Satyr et Frost transforment leur musique tout en conservant leur personnalité musicale et signature artistique (« Walker Upon The Wind »). Là encore, la démarche est des plus simples et primaires : en apparence, faire le même album que le précédent en abaissant seulement le tempo. Or ici la volonté atmosphérique nécessite intrinsèquement une démarche épurée, tel que ce pont acoustique sur « Trog Og Kraft ». De plus, le groupe n’hésite pas à ressortir les claviers de la vieille époque, afin de rendre la musique plus aérienne mais paradoxalement plus dense (le refrain de « Our World, It Rumbles Tonight » ou « Nocturnal Flare ») ; sorte de roc solide réussissant à flotter dans les airs.

Ainsi, ce qui aurait pu laisser entrevoir un véritable revirement musical, comme ce fut le cas de Rebel Extravaganza après Nemesis Divina, n’est qu’une évolution du propos initial. Satyricon ne fait qu’assembler sa musique sous un même étendard, s’ouvrant toutefois à de nouvelles expérimentations. Ces élans pop sur « Phoenix » qui voient la présence de Sivert Høyem, chanteur norvégien du groupe rock Madrugada, sont désarmants. Mais là encore, ce n’est qu’une évolution, non une révolution. Satyricon a toujours eu d’importantes capacités à créer des tubes : « Mother North », « K.I.N.G. » etc. Et « Phoenix » a les caractéristiques d’un tube : simplicité et accroche mélodique. Ainsi, en plaçant un tel titre en position quasi centrale de son album, Satyricon assume ouvertement et plus que jamais sa casquette pop, donnant sa propre définition de celle-ci. Car au final, depuis ses premières heures, Satyricon a toujours été dans le haut du panier en termes médiatiques. Aux côtés d’Immortal ce fut l’un des premiers combos de black metal à offrir un clip vidéo (pour « Mother North »). Véritable influence, aussi bien lors de sa période symphonique, comme dans sa période plus thrash (inutile de préciser son influence sur un Aura Noir). Ici, ce Satyricon, ce nouvel opus éponyme, s’apparente à un témoignage franc et assumé : « Voilà ce qu’est Satyricon ».

L’ambition du groupe, par cette nouvelle galette, n’est pas à lier à une quelconque démarche ou volonté « commerciale ». Ici cet album est une réponse du groupe au monde musical actuel. Par sa volonté rétrograde dans le procédé d’enregistrement de l’opus, tout comme dans la « simplification » de sa musique en réduisant les tempos, Satyricon parvient à fournir une œuvre particulièrement pensée faisant contre-poids au metal moderne et ses excès de production, de complexité, de vélocité, de violence, etc. Mais, cet opus se veut également spontané, donnant un caractère désordonné à l’ensemble (les différentes phases constituant « The Infinity Of Time And Space ») mais lui assurant aussi sa sincérité. Car Satyr est un puriste, un vieux de la vieille, vétéran du style. Une place lui assurant crédibilité et respect de ses confrères. Car le black metal n’est pas qu’un code vestimentaire, comme aime le préciser la tête pensante de la formation qui s’est depuis longtemps affranchi de s’afficher maquillé en noir et blanc. Et tout comme récemment Watain avec son The Wild Hunt, Satyricon expose sa personnalité avec assurance, ne cherchant pas à plaire mais visant définitivement à transmettre son message avec le plus de sincérité qu’il le peut.

Satyricon, sortie le 8 septembre 2013 chez Roadrunner Records.



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  • Je ne souhaite pas lancer un débat stérile pour définir le style de Satyricon, néanmoins le terme symphonique pour décrire ses 3 premiers albums me semble inapproprié.
    Il y a des touches de folk, et du claviers à certains endroits mais bon, c’est du black assez classique, loin, très loin même de ce que l’on peut appeler symphonique (Dimmu, Anorexia, Emperor et consorts…). L’utilisation des claviers n’est pas un ersatz d’orchestre symphonique, c’est une intro ou des nappes ou un instrument.

    Ce qui peut expliquer qu’on pourrait vouloir ranger Satyricon vers le symphonique, c’est que le groupe accompagne en live ses anciens morceaux avec beaucoup de clavier et que leur claviériste est une jeune femme à la superbe classique. Cela a pu marquer les esprits, toutefois, cacher ce sein que je ne saurais voir, Satyricon n’est pas symphonique…

    Sur un plan aussi discutable, je trouve que la période la plus sombre du combo est Rebel Extravaganza, la musique est malsaine et froide.
    Les 2 premiers albums n’ont pas ce coté chirurgical, on sent/sait que c’est fait par des ados, avec tout le respect que j’ai pour eux et tout l’affection que j’ai pour ces albums. Nemesis Divina est une oeuvre aboutie, qui n’a pas le coté un peu mal dégrossi des démos/2 premiers albums, mais c’est un voyage moins noir que Rebel Extravaganza… à mes oreilles en tout cas. Il me semble que les interview des 2 compères à l’époque de Rebel Extravaganza me donne raison, ils étaient (soit disant ?) en colère contre le tournant commercial que la scène prenait avec Dimmu/Craddle notamment et ils avaient voulu faire un album froid, noir et rapide, avec une collaboration/featuring sur 2 morceaux leur permettant d’avoir le label « plus true tu meurs » avec Fenriz…

    Quand on voit ce qu’est devenu Satyricon, les interviews de cette époque semblent étranges, ils ont à leur tour succombé à l’appel des sirènes…

    A vous de voir si cela vous plait, perso ce n’est pas mon truc, c’est sympa mais pour ma part comme en musique comme en alcool je ne suis pas trop mélange : j’aime le heavy rock comme Motorhead, j’aime le black que pratiquait Satyricon, je trouve le Satyricon actuel sympatoche, mais ça va 5 min, j’écouterai pas KING, Pentagram Burn et ce genre de morceaux autant de fois que j’ai pu le faire pour les morceaux de Nemesis Divina notamment…

    • *a la superbe plastique (une faute d’accentuation et un lapsus mignon)
      *cachez ce sein (une belle faute, ouch !)

    • Non, je te l’accorde : Satyricon n’est pas symphonique. Or dans les premières heures de cette scène norvégienne, l’utilisation de claviers (hormis chez Burzum qui, dans tous les cas, ne les utilisera/détournera qu’à partir de Filosofem en 1996) cet instrument est directement hérédité des Emperor et autre Dimmu Borgir. Donc du cœur même de la scène black sympho. Et incontestablement, à cette époque, Satyricon était bien plus « symphonique » que ne l’était Mayhem, pour exemple.

      Satyr a toujours aimé ces nappes atmosphériques qui restent bien évidement loin de ce que fera plus tard Anorexia, Dimmu et autre, nous sommes bien d’accord. Mais il faut re-contextualiser.

      Par contre, oui, là où il peut y avoir débat c’est sur les « heures noires » de Satyricon. Mais pour moi, des « Skyggedans », des « The Dark Castle In The Deep Forest » ou même des « Dominions Of Satyricon » restent pour moi ce que le duo a fait de plus sombre, de plus crade, de plus primitif. Les deux premiers opus n’ont pas ce côté chirurgical de Rebel Extravagenza, là aussi nous sommes d’accord, mais dans mes oreilles se sont ces riffs dégueulasses et baveux qui me filent des frissons (les démos sorties en 92 et 93 sont particulièrement représentatives).

      Enfin voilà, je m’attendais à un premier commentaire assassin sur cet album, je suis donc heureux de voir que je me suis planté. 😉

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