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Live Report   

Scorpions : Holiday On Halle


Même si, comme nous le disait il y a peu Matthias Jabs, le groupe devrait encore sillonner le monde de son aiguillon jusqu’en 2013, aujourd’hui, chaque occasion d’assister à un concert de Scorpions est bonne à prendre.

Les sceptiques doutant qu’il s’agisse réellement d’une tournée d’adieu (« Ouais, ils disent ça et dans cinq ans, ils vont revenir ») auraient tort de ne pas croire à ce départ en retraite de ces hard-rockers hard-workers qui ont brûlé toutes les planches de Hanovre à Tokyo depuis plus de quarante ans. D’autres n’auraient pas eu une telle endurance…

Mais, en arrivant devant la Halle Tony Garnier de Lyon, on peut immédiatement déduire que ces adeptes du doute systématique forment une espèce rare. Il est tout sauf courant que la foule à l’entrée de cette salle forme une queue aussi longue pour un concert de hard rock ou de metal ; fait qui ne se produit que pour des AC/DC, des Metallica, et, ce soir, des Scorpions. La Halle Tony Garnier sera en configuration maximale. La salle sera presque pleine à craquer.

Artistes : ScorpionsBlackRain
Date : 14 novembre 2011
Lieu : Lyon
Salle : Halle Tony Garnier

On aura laissé croire jusqu’au jour J que Guano Apes assurerait la première partie de Scorpions lundi 14 novembre dernier. Malgré le fait que le groupe n’ait jamais annoncé cette date et l’ait encore moins confirmé, ils étaient pourtant inscrits sur les billets et les sites de vente en ligne, comme pour la suite de la tournée qui, elle, a bien été confirmée par le groupe. D’ailleurs le management de Guano Apes nous a attestés que, bien qu’ils avaient été invités à faire la tournée complète, ils n’étaient pas en mesure de jouer à Lyon pour cause de soucis logistiques, ce dont toutes les personnes impliquées sur ces dates avaient été informés largement en amont. Pourquoi alors, jusqu’au dernier jour, ce fait n’a-t-il pas été communiqué par un chargé de communication ? Le management de Guano Apes lui-même le déplore. Dommage en tout cas pour tous ceux qui se faisaient une joie de voir le groupe de fusion allemand, même s’il ne s’agissait « que » d’une première partie et que le public était là avant tout pour Scorpions. Ils pourront en tout cas se rattraper lors des prochaines dates, dont Saint-Étienne le 1er avril prochain. Dommage également pour les fans de BlackRain qui, pour certains, se seraient peut-être déplacés ou seraient venus plus tôt pour voir le groupe dans les belles conditions offertes par la Halle Tony Garnier. Peut-être y avait-il simplement une volonté, pas forcément heureuse, de créer la surprise.

Flashy la guitare !

Donc, en effet, c’est bien BlackRain, le groupe de glamouzes savoyardes au demeurant sympathiques, qui, à la surprise générale, investit la scène avant Scorpions, alors que l’immense queue dehors continue à remplir l’ancien marché aux bestiaux, et ce jusqu’à la fin du set. « Encore BlackRain en première partie d’un géant du hard ?! » s’étonneront certains. Des gens fortunés et/ou bien placés semblent décidément énormément croire en leur potentiel. Remarquez, ils auraient tort de ne pas profiter des coups de pouce qui s’offrent à eux, il est déjà bien assez difficile de grimper les échelons dans l’état actuel de l’industrie musicale pour ne pas saisir de telles chances. En revanche, face aux moyens et opportunités (tournée des clubs au Japon dès son premier album grâce à une connaissance, tournée des FNAC pour des sessions acoustiques, etc.) dont le groupe profite et aux exigences dont il fait preuve (voir l’annulation du Hellfest 2011 qui a fait grand bruit), on ne peut qu’être impartial et mettre de côté notre indulgence. Un petit groupe souhaitant faire comme les grands sera jugé comme les grands. C’est en tout cas le moins que nous puissions faire pour honorer leurs ambitions.

BlackRain n’aura pas mis le public lyonnais à genoux.

A leur arrivée sur scène, une chose est sûre, les quatre Annéciens ont le look (le « look that kills » ?). Retour vingt-cinq ans en arrière, à une époque où les groupes osaient les couleurs bariolées, parfois jusqu’au ridicule – on se souvient du pantalon moule burnes arlequin de Steve Harris. Force est de constater que BlackRain a bien étudié sa garde-robe. C’est festif, débraillé avec du style et le groupe fait preuve de cohérence sans être uniforme. Première partie de Scorpions oblige, il fallait plus que jamais se mettre sur son trente-et-un pour convaincre. D’autant plus que, indéniablement, ce soir, les lumières aux couleurs très vives complimentent les looks arborés par les musiciens de BlackRain.

En revanche, là où la formation convainc moins, c’est sur son jeu de scène qui apparaît très et même trop calculé. Les musiciens – particulièrement le frontman Swan – semblent un peu trop réfléchir à leurs mouvements donnant lieu à certains effets d’automatisme et certaines hésitations. Peut-être sont-ce les quinze mille personnes face à eux – ça impressionne, forcément – ou bien est-ce leur manager, Dany Terbeche – fondateur d’Enfer Magazine et producteur des années 80 – qui, presque accoudé à la scène, tel un coach, les fixe du regard en tenant dans ses mains ce qui semble être une fiche de directives. Pas facile de paraître naturel dans ces circonstances.

Plusieurs éléments sur cette photo ont été empruntés à d’autres groupes. Saurez-vous reconnaître lesquels ?

Face à cette discipline quasi scolaire, difficile de ne pas penser au film « School Of Rock », dans lequel Jack Black apprend à des gamins de manière un peu caricaturale l’attitude qu’une rock star se doit d’avoir. Il est clair qu’en trente minutes BlackRain écume toutes les chorégraphies de la parfaite glamouze : solo de guitare à genoux ou le pied sur le retour et buste en arrière, final avec la guitare portée dans les airs, rythmique avec les musiciens alignés en mouvements synchronisés, etc. BlackRain s’applique à reproduire méticuleusement toutes ces images que les années 80 ont laissées à la postérité. Malheureusement, même si la volonté de créer un spectacle est des plus louables, ce côté calculé transpire beaucoup trop de la prestation. Le groupe gagnerait énormément – autant en charisme qu’en crédibilité – à jouer la carte de la spontanéité. Car, à la belle époque, c’est bien avec leurs tripes que Mötley Crüe, Bon Jovi, Van Halen, Guns N’ Roses et consorts scotchaient leur audience. L’attitude, c’est bien avec le cœur qu’on l’acquiert et non avec des schémas en tête.

L’attitude, voilà l’un des problèmes…

Musicalement, le set est bien exécuté. Appliqué serait, une fois de plus, le terme approprié. Le timbre aigu de Swan s’avère toujours aussi particulier. Certains auront fait la grimace, d’autres auront apprécié, se souvenant que des grands comme Vince Neil ou Axl Rose ont construit leur notoriété avec des timbre vocaux singuliers. En revanche, malgré certains titres accrocheurs tels que « Innocent Rosie », « Overloaded » ou la percutante reprise de The CNK « Get A Gun », BlackRain peine à convaincre avec sa musique un public qui n’était pas venu pour lui. Les échos dans la salle après la prestation confirmeront d’ailleurs cette impression, tout comme le flux de spectateurs qui quittent la foule pendant le set, poussés en outre par un son trop fort. La connexion ne se fait pas vraiment et même les « hey ! hey ! hey ! oooh ! » festifs de « Rock Your City » ne reçoivent que de très timides retours des premiers rangs. Des fans du groupe, eussent-ils été là en plus grand nombre, auraient pu mettre davantage d’ambiance et entraîner d’autres spectateurs dans leur mouvement.

Au final, c’est à se demander si cette première partie, dans ces circonstances, n’était pas, en fin de compte, un cadeau empoisonné. « Il n’y a pas de mauvaise publicité », certains rétorqueront. Espérons en tout cas que BlackRain saura effacer ce vilain manque de naturel et revenir à un show davantage exécuté avec les tripes, avec plus de volonté de partage que de volonté de bien faire. BlackRain a prouvé par le passé – même si c’était dans des clubs ou de petites salles – qu’ils en étaient capables.

On ne peut faire que de supers photos avec des modèles comme Rudolf Schenker (Scorpions).

Ne nous laissons pas endormir par le glam de Haute-Savoie. Dès que les lumières se ré-éteignent la foule reflue de nouveau, et définitivement, en direction de la scène pour être au plus près de ceux que tout le monde est venu voir.

La dernière fois que votre chroniqueur avait vu les Scorpions, c’était au Hellfest. Malgré un véritable spectacle – merci aux écrans géants, à ceux plus petits sur les podiums, aux jeux de lumières et à des hits, en veux-tu, en voilà – le bilan de leur concert à Clisson avait été légèrement écorné par un un show écourté (contraintes de festoche oblige) – pas de « Wind Of Change », rendez-vous compte ! – des solos pas toujours heureux de Rudolf Schenker et une voix de Klaus Meine relativement faible, parfois même plate.

Croyez-le ou non : cet homme a 63 ans !

Mais n’allez pas pour autant croire que le 18 juin dernier les Scorps furent décevants. Comment le seraient-ils tout à fait ? Bien sûr, on aurait aimé en entendre plus et mieux (j’en entends dans le fond qui parlent des albums des années 70…) mais les Allemands sont maîtres dans ce qu’on peut appeler le fan-service.

Inutile d’entrer dans le détail titre à titre. Au programme : des hits, des hits, et encore des hits. Tout ce dont le fan de Scorpions peut attendre du groupe, avec une setlist et un show qui n’a quasiment pas bougé d’un iota en six mois ; avec un démarrage en trombe sur « Sting In The Tail », Klaus Meine & co. déboulent en courant sous la batterie surélevée de Kottak, celui-ci étant déjà prêt à faire chauffer l’ambiance.

Matthias Jabs (Scorpions)

Au départ, on reconnaît bien les défauts de la Halle Tony Garnier : tous les aigus sont saturés rendant parfois le chant et certaines envolées des guitaristes vraiment désagréables. Mais on est tout de même loin des espèces de pelotes de bruit écrasantes, soudaines comme des coups de canon, qui nous ont parfois fait souffrir pendant la première partie. D’ailleurs, au fur et à mesure de la performance des Teutons, est-ce parce que le problème a été corrigé, est-ce parce que nous étions trop pris par le spectacle pour encore nous en soucier, ces défauts se sont assez tôt avérés moins sensibles. On pouvait ainsi parfaitement apprécier le menu. « The Zoo » , avec ses animations « muy caliente » sur les écrans géants, succède à « Bad Boys Running Wild ». Puis on prend plaisir à voir ces quinqua/sexagénaires s’amuser comme des gosses, tous sur le front de scène, chacun sa guitare, sur « Coast To Coast ».

Chaud, le show, chaud !

Petite surprise pour le public lyonnais : pour la première fois, le groupe interprétait la reprise de Gloria Jones, « Tainted Love », présente sur leur tout dernier disque, Comeblack. Sans être un franc succès, cette nouveauté n’en est pas moins une réussite et les plus circonspects se seront au moins fait plaisir avec les animations de silhouettes féminines pratiquant le lap-dance sur cette chanson…

Scorpions, c’est aussi, bien sûr, des ballades, certaines des plus entêtantes de l’histoire du rock… Plus d’une semaine après, impossible d’extirper « Holiday » de ma cervelle ! Mais je vous disais que nous ne vous détaillerions pas le concert chanson par chanson. Regardez donc la setlist à la fin de cet article et dites-vous que les ballades étaient toutes jouées avec émotion ; on a eu envie de se faire des câlins sur « Still Loving You » ; les titres les plus hard étaient joués avec puissance ; et le tout fut exécuté avec une maîtrise parfaite, sans aucun des défauts constatés en juin dernier à Clisson.

Scorpions a encore plus que l’étincelle : il a la lumière !

Rudolf Schenker s’est contenté de jouer ses parties et de les jouer, excellemment, mais laissa les « excentricités guitaristiques » à Jabs, visiblement plus doué que son camarade pour cela. Mais Matthias n’a tout de même pas les mêmes qualités de showman que Rudy, véritablement survolté et plus doué pour d’autres excentricités, comme quand il arrive sur scène, pour « Black Out », maquillé à la manière du personnage de la célèbre pochette, bandages sur le crâne et fourchettes dans les yeux. La voix de Klaus était parfaite, pas une fausse note ; et nous n’en sommes que plus désolés pour les fans de Montpellier et de Tours qui se sont vus privés de cela par une angine… Kottak, lui, était… comment dire ? Kottak, quoi ! Toujours cet espèce de gamin hyperactif de la bande, vrai sauvage et parfait amuseur à la fois. Qui a déjà vu son « Kottak Attack » sait pertinemment de quoi nous parlons : avec lui, ce sera toujours « Rock ‘N’ Roll Forever ! »

Le toujours bouillonnant Rudolf Shenker

L’ensemble du groupe fonctionne en parfaite harmonie, entre les membres mais aussi avec le public, toujours au plus près des fans, profitant largement de l’avant-scène. Seul le bassiste Pawel Maciwoda aura passé presque toute la soirée en retrait du reste, jouant les parfaits hommes de l’ombre.

Enfin, évidemment, tout cela s’est fini sur des « Rock You Like A Hurricane » et « Wind Of Change » (« une chanson qui a marqué l’histoire », ce n’est pas nous qui le disons mais Klaus Meine – mais on aurait du mal à le contredire). Pendant deux heures, le public aura chanté, applaudi, sifflé, crié, et, à la fin, a offert une standing-ovation pour ces stars. 2013 ou non, quel que soit le jour que choisira Scorpions pour s’arrêter, on est certains qu’ils seront encore au top.

Animalement vôtre.

Setlist de Scorpions :

Sting In The Tail
Make It Real
Bad Boys Running Wild
The Zoo
Coast To Coast
Loving You Sunday Morning
Tainted Love (reprise de Gloria Jones ; interprétée pour la toute première fois)
The Best Is Yet To Come
Send Me An Angel
Holiday
Raised on Rock
Tease Me Please Me
Dynamite
Kottak Attack
Blackout
Six String Sting
Big City Nights

Rappels:
Still Loving You
Wind Of Change
Rock You Like A Hurricane
When The Smoke Is Going Down

Live report de BlackRain par Spaceman
Live report de Scorpions par Animal

Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt



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  • J’y étai !

    Rarement la Halle aussi pleine, quel contraste avec le concert d’Alice Cooper une semaine plus tôt…

    BlackRain ? Nul à chier. Franchement j’en ai marre qu’on mette en avant des manches pareils pour faire briller la scène française. Y’a plein de groupes clairement meilleurs qui leur font de l’ombre, y compris en matière de Glam. Ces mecs se la pètent complètement, ils sont premier degré à mort alors que, justement, le Glam comprend une bonne dose d’humour et de second degré. Leur chanteur n’a aucun charisme, ses interventions entre les chansons étaient pathétiques(j’avais honte pour lui, franchement), leur gratteux avec sa perruque à deux balles ressemblait à un personnage de Final Fantasy et leurs gestuelles forcées vraiment lassantes. Leurs chansons sont clichiesques, fades et mornes… BR, c’est l’exact antithèse d’un groupe comme Steel Panther, qui est pris au sérieux justement parce qu’il ne se prend pas au sérieux. Bref, la pluie noire m’emmerde.

    Scorpions ? Ah ben pas de problèmes, c’était géant. Klaus m’a scié, je pensais qu’il allait faiblir un peu et non, il était époustouflant, sa voix est vraiment très bien conservé. On sentait le groupe motivé, enthousiaste, content d’être là. Ils ont tout donné, exécutant un set d’une solidité à toute épreuve, un peu trop chargé en ballades à mon goût, mais bien équipé niveau tubes (raaah « Tease Me Please Me » !!). Par contre Kottak m’a gonflé, je n’apprécie vraiment pas son jeu lourdeau et inutilement bourrin et son manque de naturel : il se la pète à mort… Franchement arrivé à la fin du concert j’avais envie de lui foutre des baffes.

    Le son de la Hall a encore merdé pas mal de fois, mais globalement le matos grand luxe des allemands a réussi à avoir le dessus et on reconnaissait bien les différentes chansons (et surtout on entendait tout les musiciens, même si la basse était pratiquement aussi absente que le bassiste).

    Niveau mise en scène, on va dire les choses franchement… Écrans géants en fond de scène, éclairage pléthorique et bariolé, et surtout batterie qui monte et qui descend ? C’est méchamment pompé sur Kiss tout ça ! Tout au long du concert je n’ai put m’empêcher de penser aux effets de mise en scène du groupe maquillé. Bon, c’était quand-même très spectaculaire alors c’est pas un problème !

    J’ai été aussi surpris par la qualité des chansons diffusées entre les deux groupes. Outre plusieurs titres d’AC/DC qui ont soulevé des acclamations, j’ai notamment reconnu avec un grand étonnement « War Machine » de Kiss (clairement pas le titre le plus connu de ce groupe), qui a reçu un bon accueil dans le public. Faudrait que ça soit plus souvent comme ça, bordel !

    Par contre, gros coup de gueule contre le public qui, globalement, connaissait mal le groupe en dehors de ses ballades (« Wind of change » et « Still loving you », évidemment), et semblait ne pas avoir l’habitude des concerts de rock. Je me suis fait emmerder par trois personnes différentes soit parce que je prenais trop de photos, soit parce que je bougeais trop quand ça envoyait du lourd, soit parce que je headbangait trop et que mes cheveux les indisposaient. A la fin j’ai surpris un quinqua disant à sa bonne femme « ah mais c’était très hard rock quand-même, je m’y attendais pas »… PUTAIN ! C’est pas Lorie non plus, merde alors !!

    J’ai malgré tout passé un bon moment. Je vais certainement en reprendre un petit coup à St Etienne, cette fois-ci plus proche de la scène et plus loin des relouds !

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