Scorpions aurait pu mettre un terme à sept années de silence studio depuis Return To Forever (2015) avec un double album. La formation légendaire allemande n’a pas cessé de jouer pendant la pandémie et a profité de cette capsule temporelle forcée pour accumuler les compositions. Dans un souci de qualité, Scorpions a pris le parti de ne livrer qu’un simple album de rock pur. Leur dix-neuvième opus, intitulé Rock Believer, a pour dessein de restituer l’expérience d’antan : cinq musiciens enregistrant ensemble dans la même pièce. Un procédé « à l’ancienne » pour se rapprocher de l’expérience live et qui devient le leitmotiv de la plupart des productions rock actuelles. Comme si les vétérans devaient rappeler à tous que seule la scène compte et que son absence ne saurait être tolérée trop longtemps. Pas de rock sans la performance du groupe : c’est le credo de Rock Believer auquel Scorpions veut nous faire adhérer.
Les trois vidéos « Rock Believer – The Journey » disponibles sur une plateforme vidéo bien connue présente effectivement la méthode et le plaisir qu’ont les membres de Scorpions à se retrouver ensemble pour enregistrer dans les mêmes conditions (théoriques) qu’à leurs débuts. On ne peut nier qu’il s’agit avant tout d’une histoire de passion. Le producteur Hans-Martin Buff a réalisé un travail d’orfèvre pour capturer cette essence live : il ne tombe pas dans le préjugé de la production « sale » pour susciter une impression de concert. Il porte au contraire un respect presque obséquieux à la sonorité naturelle des instruments. Seul le chant de Klaus Meine laisse apparaître des traces explicites de traitement sonore. Le binaire rock martelé par Mikkey Dee de « Gas In The Tank » a justement pour fonction de présenter l’orientation de Rock Believer : des structures couplets-refrains, des hymnes à reproduire en live et des soli acérés. Scorpions réalise le « salade-tomates-oignons » du rock‘n’roll selon une recette qu’il a lui-même façonnée il y a cinquante ans. L’une de ses vertus premières était sa capacité à changer de registre sans se travestir en évoluant d’un rock entraînant et rugueux à des propositions plus mélodiques. Le refrain de « Roots In My Boots » évoque cette facette plus mélancolique de Scorpions – qui répond à l’énergie du couplet et de son riff à la « Blackout » – où Klaus Meine devient presque l’artificier principal du groupe. C’est particulièrement le cas sur le pop-rock « Rock Believer » – et son intro trompeuse aux faux airs de « No One Like You » –, qui fera crier amoureusement les aficionados du cuir noir luisant. Oui, cinquante ans après, Scorpions est toujours capable de composer des tubes sans nous rendre allergiques aux acariens.
Heureusement d’ailleurs que Scorpions a cette faculté de graviter aisément entre plusieurs vocabulaires issus du rock. « Shining Of Your Soul » emprunte même quelques phrasés de guitare reggae – cette fois, on pense forcément à « Is There Anybody Out There? » – pour contraster avec les grands power-chords balancés à coups de bras solennels. « Shining Of Your Soul » met en avant l’ingéniosité d’instrumentation dont sait faire preuve le groupe en associant ronde de basse, chœurs et solo incisif. « Seventh Sun » ralentit le tempo pour approcher la pesanteur du blues, à la manière d’un « The Zoo » en plus lourd. « Call Of The Wild » a ce cachet de titre de clôture de set, un rock à la fois festif et mélancolique de fin de soirée qui accompagne l’épuisement du festivalier. La bande originale du tiraillement entre la dernière bière et l’effondrement dans la tente (la sienne si possible). Avant que la ballade « When You Know (Where You Come From) » arrive en guise d’épilogue romantique et crépusculaire, comme Scorpions sait si bien le faire. Une dynamique d’album quasi parfaite qui se trouve affaiblie par la version « longue » agrémentée de cinq titres jetés pêle-mêle à la fin de l’opus. Si certaines de ces chansons bonus rajoutent de l’anecdotique, d’autres auraient sans doute mérité une place plus valorisante au sein de la tracklist, à l’instar de l’entraînante et entêtante « Shoot For Your Heart ».
Rock Believer est un titre parfaitement à propos : Scorpions est un dévot fidèle, rien que la production de l’opus confirme cet amour inconditionnel pour l’expression rock dénuée d’artifices. Il parlera sans mal aux nostalgiques de la période 79-82, avec de nombreux auto-référencements. Les Allemands ont toujours ce pouvoir quasi mystique de livrer un rock puissant rempli d’accroches, de mélodies et de soli qui ont un véritable sens. Scorpions démontre qu’on peut dérouler ad vitam aeternam le même plan de jeu sans perdre en saveur. Rock Believer est un appel du pied à la force indéniable : le rock a besoin de la scène pour vivre et Rock Believer n’attend que ça.
Clip vidéo de la chanson « Rock Believer » :
Clip vidéo de la chanson « Peacemaker » :
Album Rock Believer, sortie le 11 février 2022 via Universal Music. Disponible à l’achat ici
Scorpions réalise le « salade-tomates-oignons » du rock‘n’roll.
Si vous utilisez des termes trop techniques, vous perdez votre lectorat…
Scorpions est une légende hard et metal depuis 50 ans avec beaucoup de « haut »:début année 80 et peu de « bas » : »années grunge ».le groupe a rarement déçu et ses détracteurs lui reprochaient de conquérir un autre public avec un coté trop commercial (ses ballades mémorables cependant)
Ce nouvel album semble très bon à l écoute de quelques titres mais là où Scorpions déçoit le moins c’est leur charisme sur scène depuis tant d années..c est sans doute le groupe qui a mis d accord un public élargie sur le rôle majeur du genre musical par des mélodies reconnaissables entre tous et son chanteur à la voix unique et consensuelle
Très bon résumé de la carrière de ce groupe essentiel. On peut y rajouter leur attitude toujours positive qui fait plaisir à voir.
Scorpions toujours vivant, je suis toujours fan de ce groupe devenu légendaire, même si certains albums sont à oublier…
Pour l’instant on a eu droit à un tempo rapide plutôt punchy (Peacemaker)et un mid-tempo un peu mollasson (Rock believer).. attendons la suite en espérant éviter le syndrome du dernier ACDC du « CD transparent »: tu l’écoutes dix fois et tu l’oublies à la 11eme..
Dommage qu’on n’ait pas droit au double album, mais je peux comprendre la décision. Cela dit, avec un peu de chance, quelques morceaux non retenus fuiteront comme c’est déjà le cas pour d’autres albums. 😛
« Scorpions aurait pu mettre un terme à sept années de silence studio […] avec un double album »
Et heureusement ils s’en sont abstenu.
Merci pour cette superbe intervention et achete un dictionnaire…un double !
Que vient faire ici cette histoire de dictionnaire ? ?
Cocasse cette intervention au sujet d’un dictionnaire de la part de quelqu’un qui écrit « achete », sans accent… ?
???, j’en étais sûr, enfin quelqu’un qui a un peu d’humour et d’orthographe !!! Donc pour info, TofVW il faut un s à « abstenus » .
On arrête là nos échanges, on s’éloigne trop de la musique.
Oui en effet, il faut mieux s’arrêter là, vu que tu viens de te faire sabrer de la plus belle des façons. ?
et monsieur revient… en fait on ne t’a rien demandé, PanzerSam répond, de manière humoristique et c’est cool. Toi, tu n’as rien compris, mais tu as l’air très content.
Parce qu’à toi, on t’a demandé quelque chose peut-être ? ?
Au fait, hormis le problème d’accent… après des points de suspension, on met un espace (cf. ton message d’hier). Et en début de phrase, une majuscule (ton dernier message). ?
Alors quand tu viens critiquer l’orthographe de quelqu’un tout en faisant toi-même encore plus de fautes, ne viens pas te plaindre de te faire rabattre le caquet. ?
PS : PanzerSam a répondu sur le ton de l’humour, mais dans le fond il voulait juste te « casser ». Et il a réussi.
Donc maintenant que j’en ai rajouté une couche, tu devrais plutôt faire profil bas, sauf si tu aimes te faire maltraiter. ?
je pance que j’aimme ça efectivemment et Scorpions, je n’ai pas très bon goûts.
C’est pas un dictionnaire qu’il faut mais un Bescherelle à l’occasion, si on est scrupuleux.
Dans un dictionnaire il n’y a pas de règles d’orthographe citées.
Désolé. Je me suis écarté de la musique.