Scott Ian est connu pour être le célèbre guitariste d’Anthrax. Il est actif dans le circuit musical depuis 1981, autant vous dire qu’il maîtrise bien le milieu dans lequel il évolue. Scott Ian a notamment vécu l’époque florissante des années 80 où le public courait chez le disquaire pour acheter des albums sans se poser la question de savoir s’il n’y gagnerait pas à le télécharger illégalement sur le web. En effet, à cette époque Internet n’était pas encore dans notre quotidien et le rapport au format physique avait beaucoup plus de valeur qu’aujourd’hui où le support dématérialisé prend de plus en plus de place.
Dans un entretien accordé à Forbes.com, Scott Ian donne son sentiment en deux paragraphes sur Internet et le monde de la musique. Un point de vue nuancé, qui distingue les éléments positifs et négatifs apportés par le net, partagé par bon nombre de musiciens.
« Forbes.com : Anthrax utilise-t-il les réseaux sociaux pour rester en contact avec les fans ?
Scott Ian : Je dirais que les réseaux sociaux sont une des rares choses positives qu’Internet ait offertes au monde de la musique. Twitter est quelque chose que j’ai immédiatement adopté depuis que je m’y suis inscrit il y a un an de cela. Avoir la possibilité de parler aux gens sans intermédiaire… c’est une façon géniale pour moi de m’exprimer. Je crois que l’on arrive à connaître un peu mieux les gens via Twitter. C’est une fenêtre sur le monde très cool et un super outil pour vendre son groupe. J’ai environ 60 000 personnes qui me suivent sur Twitter et c’est à peu près pareil pour Anthrax. Il serait intéressant de savoir combien de gens ont découvert le nouvel album grâce au fait que nous l’ayons Twitté. Je parie que ça fait un sacré pourcentage. On est capable de motiver les gens directement. Cela ne prend pas des semaines pour avoir des budgets validés, des pubs placées dans des magazines. Il suffit de se connecter pour avoir 60 000 personnes voulant écouter ce que l’on a à dire.
Alors tu penses qu’Internet et les réseaux sociaux ont également quelque chose de négatif ?
Tout ce que j’aime dans Twitter ne suffit pas à compenser la quantité de musique qui est volée. Alors j’abandonnerais Internet avec plaisir. Si demain quelqu’un me donnait le pouvoir d’appuyer sur un bouton pour effacer Internet de nos vies – ce qui voudrait dire que les gens sortiraient de nouveau pour acheter de la musique – j’appuierais immédiatement dessus. Il ne s’agît pas que de musique. Les films, les magazines, les journaux – tout cet univers renaîtrait. Le contenu n’est pas libre. Le fait est que les gens volent et voler n’est pas correct. Avant les sites de torrent, l’unique moyen de voler de la musique c’était de rentrer chez un disquaire et de ressortir avec. On savait qu’il y aurait des conséquences si l’on se faisait attraper. La plupart des gens ont grandi en apprenant cela. Avec Internet, il n’y a aucune conséquence. »
Dans ces déclarations on sent que, à l’image de beaucoup d’acteurs du milieu de la musique, Scott Ian regrette la période des années 80 où le vol de la musique était beaucoup moins aisé. Il imagine donc que si on enlevait Internet aujourd’hui, une situation normale serait de retour. Mais tout effacer d’un revers de la main est bien entendu impossible et Scott Ian le sait très bien.
Ainsi lorsqu’il constate avec finesse qu’avec « Internet, il n’y a aucune conséquence » car le contrôle total est impossible, il souligne avec perspicacité le sentiment d’impunité de l’internaute qui a la possibilité, en toute liberté, de ne pas payer pour accéder à la musique et de voler en conséquences les artistes. Ces derniers étant bien entendu les plus frustrés par cette situation parce qu’ils en sont les premières victimes.
Pour autant, peut-on uniquement expliquer la chute du secteur musical en disant simplement que l’émergence d’Internet a tué le secteur de la musique ?
En effet, il paraît malgré tout assez simple et réducteur d’affirmer (ou de sous-entendre) une telle idée notamment car le déclin de l’industrie de la musique a plutôt eu pour cause l’incapacité des dirigeants politiques, à l’instar des décisionnaires du monde de la musique, à anticiper et gérer les dérives du web.
Internet n’a pas tué la musique mais il est vrai que la non-anticipation de son aspect négatif renforce clairement la crise du secteur.
Traduction du question-réponse : Isa.
Franchement les gars il y avait combien de groupes de metal aux années ’80?? Voire combien de styles musicaux?
Alors la aujourd’hui moi j’aimerai bien acheter le dernier Anthrax, le dernier Arch Enemy, le dernier Dream Theater, Alpha Tiger, Septic Flesh, Amon Amarth, Iced Earth, et bientot le dernier Megadeth, le dernier Metallica………….la liste est infinie…….en plus de ça j’aimeria bien aller a tous les concerts (prevoir frais de concert, deplacement, logement) ainsi qu’a tous les festivals de l’été ………
En gros selon M Ian le fan de metal de la bel époque « courait » acheter de disques des qu’ils sortaient ce qui est regrettable car le fan de nos jours n’a pas un serieux budget metal pour ecouter toute la nouvelle musique et aller aux concerts, acheter du merch etc….
A l’epoque ou j’ai commencé à ecouter du metal vers les debuts des années 90 je pouvait me payer 1 CD/mois voire mois et demi. J’étais content d’ecouter des artistes libres des leur choix et loin de tout principe de commerce.
Mais voici que M Ian comme pleins d’autres viens de me rpouver le contraire.
En temps de crise economique, moi j’adore Internet.
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Et oui, Scott Ian est aussi un beau trou du cul qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Quelle misère de vieillir en étant déconnecté des réalités.
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Ce n’est pas Internet qui est responsable des difficultés « financières » de l’industrie du disque (même si on peut concéder que la technologie offre des moyens d’accélérer le mouvement), mais c’est bien la difficulté de trouver un juste équilibre entre la rémunération légitime d’une oeuvre originale auprès des concepteurs (ici les musiciens) et la rémunération des « intermédiaires » qui permettent à l’oeuvre d’exister et d’être distribuée, sans que le consommateur que nous sommes se sente floué… Pour ceux qui ont connu l’époque du vinyl à « pas cher » (quoique, quand t’as pas de tunes, 10 € ou 20 F, c’est du pareil au même), le problème du piratage se posait également puisque c’était facile de transférer sur une cassette !
Très franchement, tant qu’une grande partie du public n’aura pas intégré le principe même de payer pour écouter l’oeuvre d’un artiste parce que c’est normal de le rémunérer, les choses ne pourront pas évoluer, quand bien même l’artiste produirait lui-même ses disques et les commercialiserait directement sur le .net
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La problème réside encore ailleurs: le prix des CD… Même si ces derniers temps des efforts sont faits, le fait de trouver un album à 15-20€ est hors de portée d’une grande partie du public.
Un exemple très simple avec le Vinyle: à l’époque on les achetait quoi, 20 à 40F ? Aujourd’hui, c’est minimum 17€, soit 110F !! C’est tout simplement scandaleux !!
Encore, si on savait que l’on donnait une bonne partie à l’artiste en achetant un album…
Après, il y a une autre dimension dans le téléchargement illégal: les internautes se procurent gratuitement un album et si ça leur plaît et qu’ils ont un minimum de scrupules pour les efforts faits par les artistes, ils courront chez le disquaire pour se le procurer. Bien sûr, il faut toujours pour cela, avoir quelque chose dans sa bourse après avoir payé la bouffe et le loyer…
En plus de la probabilité d’acheter un album après l’avoir écouté, la filière illégale a une autre avantage: pub gratuite! On écoute, on partage, et on fait découvrir aux autres!
Alors le seul problème dans internet n’est pas la gratuité, mais le scrupule des majors (baisse des prix) et des internautes (efforts à l’achat).
Heureusement qu’on ne peut pas encore dématérialiser les concerts et le merch !!
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je suis parfaitement d’accord. Je ne connais pas bien le milieu, mais je pense vraiment que les majors nous prennent pour des imbéciles. C’est aussi (petite digression) pour cette raison qu’à ceux qui affirment que le merchandising c’est que du capitalisme de m*rde, je répondrai que c’est un des seuls moyens de survivre pour un groupe de nos jours (je crois que ghost brigade avait souligné ça dans leur interview sur RM). Le capitalisme n’a pas que des mauvais côtés.
Après, peut-être que faire un CD coûte la peau des fesses, mais j’en doute fortement, voire très fortement:
http://www.dailymotion.com/video/x31qbi_serj-tankian-sauto-interview-vostfr_music: une perle, selon moi.
Merci pour le lien, Slasher !
Excellente vidéo, au passage !
C’est toujours une question d’échelle, faire un cd avec studio, producteur, bon matos et tout le tintouin est très cher pour les petits groupes… Les « grands » comme Scott Ian, bourrés de fric feraient mieux d’aider les « petits » au lieu de se plaindre en insinuant qu’ils ne font pas assez de profits à cause des internautes.