Niklas Olsson, authentique leader de Shining et figure devenue incontournable des musiques extrêmes, n’a cessé de repousser les limites durant ces deux dernières décennies. En ce mois de décembre, le suédois et sa troupe viennent céléber leurs vingt ans de carrière au Petit Bain, lieu devenu la niche des concerts de black metal. Pour les accompagner c’est Taake, groupe aussi mythique que magique, qui défendra les couleurs du voisin Norvégien. Du pur black metal nuancé comme on l’aime. Pour ouvrir, Slegest, amènera sa touche Heavy à la soirée.
Le concert est presque à guichet fermé ce soir et le bateau est vite pris d’assaut par les blackeux habituels. Les Norvégiens de Slegest montent sur le pont du petit bain et rentrent de suite dans l’ambiance sombre et humide de la salle qui se marie très bien avec leur style.
Artistes : Shining – Taake – Slegest
Date : 5 décembre 2016
Salle : Petit Bain
Ville : Paris [75]
Un black metal très heavy qui n’est pas sans rappeler les divers projets d’Abbath, avec cette touche toujours un peu plus rock’n roll que le black traditionnel. Néanmoins, le combo colle bien à la soirée et pioche dans ses deux albums studios, Løyndom (2013) et Vidsyn (2016). Ese, leader et membre exclusif de la formation mène clairement la barque au chant et à la guitare pendant que ses musiciens de session recrachent parfaitement les compositions à la lettre. Les morceaux varient entre une énergie très lente et un tempo rapide et caverneux. Les riffs mélodiques de guitares font rentrer l’équipage dans un autre univers. L’auditoire est clairement très attentif à ce qu’il se passe. Ces prestations et ces types de groupes rendent très bien sur scène, et la salle y est clairement pour quelque chose. Après une quarantaine de minutes, Ese et sa bande se retirent, convaincus d’avoir fait à minima voyager l’audience durant la prestation.
Taake, la valeur sûre de ces vingt dernières années. Toujours productifs aussi bien photographiquement que scéniquement, les Norvégiens brandissent les armes pour une heure de set qui sent bon la neige et la forêt. Les connaisseurs reconnaîtront de suite « Nattestid Ser Porten Vid 1 » et son riff universel et ravageur, un morceau dont la mélodie incarne parfaitement l’identité du groupe. Toujours mené d’arrache pied par la pointure qu’est Hoest, Taake répond présent, notamment avec les parties un et trois de « Hordalands Doedskvad ». Le son est de qualité et les membres live font bien le job, comme à chaque prestation d’ailleurs. La base lumineuse est plutôt faite de couleurs qui agressent, du bleu, du vert, et rejettent toute la rage de Hoest. Le public est plus que réceptif à ce déferlement de riffs froids envoyés au Petit Bain. Hoest et sa horde montent en puissance tout au long du set ; « Du Ville Ville Vestland » fait headbanger toute une salle, en furie pour une part, ébahie pour l’autre. Pas la peine de donner la moindre expression faciale quand Taake est dans la place, on reste concentré devant cette atmosphère si prenante. Le morceau « Orm » extrait du dernier album Stridens Hus achève l’audience qui désormais comprend bien le bulldozer qu’est Taake. Peinturluré de Corpse Paint, droit comme la justice, le leader emblématique et ses sbires se retirent sans broncher, sans se retourner. On vient d’assister à une pure volée black metal !
Voilà qu’arrive ce pour quoi une grande partie du public s’est déplacée ce soir, Shining et son emblématique leader Niklas Kvarforth Olsson. On ne rate jamais une occasion de voir ce que nous a réservé ce diable de Niklas. C’est pourtant sur une attitude très calme et posée que ce dernier se présente sur les planches du Petit Bain, Jack Daniels à la main, bien sûr. Une bonne partie du concert sera réduite à l’observation de chaque faits et gestes de Niklas, oubliant parfois les performances instrumentales des musiciens. Toujours en promotion de leur album de 2015, IX – Everyone, Everything, Everywhere, Ends, les Suédois attrapent seulement l’attention d’une partie de l’audience, l’autre se montre assez distraite et préfère même discuter. Il est vrai que l’ambiance est difficile à s’approprier et que toutes ces lumières rouges ne diversifient pas beaucoup l’étendue pourtant vaste du set. De même que, si les riffs extrêmes sont très bien exécutés, le côté spécifique et plus « bluesy » de Shining ne parvient pas à captiver tout le monde. Sans doute que le show percutant de Taake passé juste avant n’y est pas étranger ; Hoest fait d’ailleurs une apparition pour chanter avec Niklas sur « Claws Of Perdition ». Le leader essaye plus que jamais de se donner, en haranguant la foule, en criant sur un membre du public au premier rang ou bien en absorbant de grandes gorgées de whisky. Pas facile ce soir de se mettre dans l’atmosphère des suédois et le set est peut-être un peu long pour être apprécié à sa juste valeur. Notons tout de même la qualité de certains « tubes » comme « Låt Oss Ta Allt Från Varandra », « Längtar Born Från Mitt Hjärta » ou même la reprise « Ohm (Sommed Med Siv) » du groupe norvégien Seigmen dont le solo de guitare est de toute beauté. Globalement, une performance en demi-teinte, avec un Niklas concentré sur sa musique plus que sur son jeu de scène, pour une fois, mais un set un peu long et peut-être un peu soporifique à certains moments.
Durant cette soirée, Slegest aura joué la carte de la nouveauté, Taake celle du patron. Quant à Shining, leur musique est tellement personnelle, que chacun ressent différemment la chose.