L’annonce de l’existence du super groupe Sinsaenum avait pris tout le monde par surprise et avait même un quelque chose d’improbable, de part son line-up constitué de Frédéric Leclercq (Dragonforce) et Stéphane Buriez (Loudblast) aux guitares, Sean Zatorsky (Dååth) et Attila Csihar (Mayhem) aux chants, Joey Jordison (Vimic, ex-Slipknot) à la batterie et Heimoth (Seth) à la basse. Mais qu’on ne s’y trompe pas – et ils insistent bien là-dessus – Sinsaenum n’est pas qu’un simple projet mais bel et bien un groupe qui les réunit dans l’amour du black metal et du death metal. Et lorsque l’on entend Frédéric Leclercq, l’initiateur du projet, et Joey Jordison nous parler du premier album Echoes Of The Tortured, tout tombe sous le sens.
Les deux musiciens semblent, dans l’entretien qui suit, habités par leur projet, Jordison martelant sans cesse que s’il est là pour promouvoir l’album, s’il a fait le déplacement jusqu’à Paris, c’est pour clamer personnellement haut et fort que c’est du sérieux. Nous avons donc abordé avec eux la genèse de ce groupe, leurs choix artistiques – comme le fait d’avoir deux chanteurs ou que l’album soit jonché d’interludes – mais aussi leur passion pour le bon vieux black et death metal comme, d’après eux, on n’en fait plus.
« Notre passion et amour pour le death et black metal, c’est comme ça que tout a commencé. […] Nous discutions et tout d’un coup, c’était : ‘Frangin !’ Instantanément une putain de fraternité s’est créée ! »
Radio Metal : Vous êtes sur le point de sortir votre premier album avec le groupe de death metal Sinsaenum. Tout, d’abord, pouvez-vous nous parler de votre relation au death metal, dans la mesure où ce n’est pas forcément le style pour lequel vous êtes les plus connus tous les deux ?
Fréderic Leclercq (guitare) : J’adore ça ! Et c’est aussi comme ça que nous nous sommes liés d’amitié. C’est comme quand tu es gamin : « Oh, tu aimes ce groupe ? C’est super cool ! » Voilà comment ça a commencé aussi pour nous. Et ce style de musique, le death et black metal, c’est quelque chose que j’aime depuis toujours.
Joey Jordison (batterie) : Ouais, c’était lorsque Slipknot et Dragonforce ont tourné ensemble ; nous avons fait plein de tournées ensemble, nous étions presque des partenaires de tournée. Je ne me souviens même plus combien de tournées nous avons faites ensemble, putain mec, probablement au moins cinq ou six, mais nous nous croisions aussi dans des festivals. Fred était l’une des personnes principales avec qui je traînais. Tu sais, je ne traîne pas avec beaucoup de gens. Il faut que je trouve le bon genre d’état d’esprit. Fred venait toujours dans le bus Slipknot ou notre campement et nous traînions, moi, Craig et Fred – tu sais, Craig de Slipknot – et nous discutions des concerts et simplement de la vie en général.
Fred : Et nous buvions !
Joey : Ouais, nous buvions ! [Rires] Mais un soir, je m’en souviens parfaitement, nous étions dans une remorque ou en coulisse quelque part et nous nous sommes mis à discuter du death metal old school. Moi et Fred commencions à nouer des liens grâce à notre passion et amour communs pour un certain style de musique, ce que je ne savais pas et c’était très surprenant. Je n’en avais pas la moindre idée ! C’est pour ça qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, jamais ! Parce que Slipknot, c’est un style de musique et tout ce que j’ai fait, j’en suis très fier. Et Dragonforce, c’est un style de musique et, bien sûr, il est très fier de ce qu’il a fait avec ce groupe. Mais je ne savais pas à quel point il était putain de dingue de cette putain de musique ! Pareil avec moi : « Oh mon Dieu ! » Lorsque nous nous sommes rapprochés via ceci, notre passion et amour pour le death et black metal, c’est comme ça que tout a commencé. C’était du genre : « Tu aimes cet album ? » Comme Resurrection, Morbid Angel, et en remontant, les vieux Pestilence, ce genre de conneries. Nous discutions et tout d’un coup, c’était : « Frangin ! » Instantanément une putain de fraternité s’est créée ! Ma passion pour le black metal et le death metal, j’en ai parlé dans un million d’interviews, et c’était un lien immédiat que nous avions. Tout de suite après ça, nous n’avons pas arrêté de parler de faire un projet parallèle ensemble. Et plein de gens disent des conneries à propos de faire un projet parallèle et ce genre de merde, ils sont là : « Nous allons un jour faire un projet ou quelque chose ! » Et ça n’arrive jamais. Car ceci, nous ne le considérons pas comme un projet parallèle. Pas du tout ! C’est un groupe. Ce n’est pas quelque chose, putain, avec lequel nous nous contentons de sortir des chansons, les faire écouter et les montrer rapidement… C’est putain de sérieux pour moi, autrement je ne serais pas ici. Et c’est pour ça que nous avons impliqué les gens que nous avons impliqués. Nous avons fait en sorte que ça se réalise parce que nous nous sommes trouvés, comme des homologues. Pareil avec Attila et tous les autres dans le groupe. Attila était chez moi pendant une semaine. Donc nous avons travaillé là-dessus pendant des années et maintenant que c’est enfin en train de voir le jour, ce n’est pas un projet parallèle. Je veux que les gens l’apprennent directement de ma bouche : c’est prêt à être lancé.
Fred, certaines de ces chansons datent de 1998. Comment se fait-il que tu aies attendu presque vingt ans pour enfin faire un album avec ces chansons ?
Fred : Car je n’avais pas le temps ou je n’en avais pas l’occasion ou je ne travaillais pas dessus pour diverses raisons. J’ai toujours été occupé avec différents groupes ou à faire autre chose, donc ce truc death metal, même si c’est quelque chose que je voulais vraiment faire, je n’ai pas pu le faire. Et ensuite, ça s’est soudainement fait. Lorsque j’ai commencé de mon côté, j’ai évidemment contacté Stéphane, de Loudblast. Donc nous étions là : « Ouais, ouais, nous allons le faire ! » Et ensuite, lorsque Joey s’est retrouvé impliqué, nous nous disions : « Putain, maintenant c’est en train de devenir quelque chose. C’est en train d’arriver ! » Et il était là : « Putain ouais ! Je veux être le batteur ! » Et moi : « Ahhh, ok ! Il faut que je finisse toutes les chansons ! Merde ! » Et donc, ouais, c’est là que les choses ont accéléré.
« Je voulais reprendre là où cette musique s’était arrêtée parce que, pour moi, ce type de musique était là et puis, pour une raison ou une autre, elle n’existe plus vraiment […] mais maintenant, c’est à notre tour de la faire. »
Le line-up du groupe au complet a pris pas mal de monde par surprise. Comment tous les autres se sont retrouvés impliqués ?
C’est par mon biais parce que ce sont tous des amis. Je me suis donc constitué une sorte de dream team dans ma tête, des gens que je connais avec qui je suis amis et qui sont bons dans ce qu’ils font. J’étais là : « Est-ce que tu es partant ? » Et ils répondaient : « Putain, ouais ! » Tout le monde était très enthousiaste. C’est une chose que de dire : « Je veux que tu fasses ci et ci, et ça et ça. » Mais ensuite, parfois, l’alchimie ne fonctionne pas lorsque tout le monde est dans la même pièce. Mais, putain, nous nous sommes retrouvés dans la même pièce quelques jours avant de filmer la vidéo d’ « Army Of Chaos » et, mec, l’alchimie était au-delà de ce que j’espérais ! C’est vraiment cool. J’étais en train de regarder tout le monde se parler les uns les autres, comme des amis. C’est putain de cool ! Donc ouais, il y a une vraie alchimie.
Il y a deux chanteurs dans ce groupe, Attila et Sean. Qu’est-ce qui vous a fait dire que ces chansons nécessiteraient deux voix ?
Joey : Honnêtement, c’est une chose dont nous avons parlé très tôt parce qu’évidemment, nous sommes hybrides. Le truc, c’est que nous avons parlé de notre amour pour le death metal, bien sûr, c’était le principal, c’est comme ça que ça a débuté mais, tu sais, lorsque nous avons commencé à parler de black metal… Je connais Attila depuis longtemps, tout comme lui, et je ne voulais pas nécessairement n’être que… Genre, ceci est notre premier album, ok ? Il faut en avoir conscience. Je le vois toujours comme, probablement, l’un de mes albums préférés mais je le vois aussi toujours comme un modèle parce que, putain, nous sommes un hybride de black et death metal, tu vois. Donc nous combinons les deux styles, et c’est pourquoi nous avons deux chanteurs, parce qu’il a fallu ces deux chanteurs, honnêtement, en plus de la musique, pour obtenir le son que nous recherchions. C’est ce dont nous avions très envie. Ces deux chanteurs, ensemble, qui se donnent la réplique, c’est presque le putain de truc le plus démoniaque que tu putain d’entendra, c’est juste démentiel.
Fred : Ouais, Sean, c’est du death metal très rythmique et bien prononcé, alors qu’Attila, c’est plutôt l’inverse, il est comme un fantôme qui flotte en l’air et rend tout effrayant et malsain. C’est donc une combinaison parfaite.
Le projet initial et les chansons sont venus de toi, Fred, mais comment est-ce que le projet a évolué à partir de ton idée de départ lorsque Stéphane, Joey et ensuite les autres gars ont été impliqués ? Est-ce que la vision musicale a changée ?
La musique est restée la même. Enfin, jusqu’à un certain point. J’ai écrit le noyau dur des chansons, toutes les chansons, les interludes et ainsi de suite mais ensuite, je ne suis pas batteur donc je fais grossièrement les batteries, du genre « là ce sera des blast beats, ici ce sera… » Et ensuite, j’envoie ça à Joey et c’est à lui de décider parce que tu veux aussi que les gens puissent s’exprimer, autrement ce n’est pas amusant. Et je voulais aussi que les gens reconnaissent immédiatement que « putain ouais, c’est lui, c’est son style. » Et ça vaut pour tout le monde. Donc, je suppose, qu’il y a clairement une liberté pour tous. Tout du moins, je l’espère.
Joey : C’était le cas. Disons ceci, là tout de suite : c’est notre bébé, c’est le bébé de tout le monde, mais Fred est le putain de cœur de tout ce truc. Donc lorsqu’il a envoyé les batteries programmées, je me suis posé dans ma salle de répétition et j’ai putain de fait pété les parties, mais le truc, c’est que plus j’écoutais les chansons et rentrais dedans, évidemment, plus mon style ressortait. Je ne voulais pas les jouer exactement comme sur les démos mais il m’a donné un excellent modèle. Donc je suis resté assez putain de fidèle à exactement ce qu’il a écrit, en dehors des roulements, des blasts, des crashes qui sont différents mais autrement, j’ai ajouté mon propre style à ses parties. Et c’était mortel !
Et quelles étaient les contributions des autres membres du groupe ?
Fred : J’ai fait toutes les guitares et la basse également, donc Heimoth est venu après lorsqu’il fallait consolider le groupe parce que nous nous disions : « Ok, nous allons faire une vidéo, nous avons donc besoin d’un bassiste. » C’est donc à ce moment-là qu’il a rejoint le groupe. Stéphane a fait les solos et il aidait aussi un peu avec le re-amping de la guitare et l’édition des pistes, pour nettoyer les trucs, choisir parmi les différents fichiers… Ensuite Sean a enregistré à Atlanta et a aidé avec les paroles. Attila est venu en France. C’était donc un long processus. Et ensuite, nous avons tout mixé en suède, en novembre l’année dernière.
« Peu importe ce que tu fais dans la vie, nous sommes tous déglingués. […] Quoi qu’il putain de puisse arriver, tu as des démons, tout le monde en a et c’est ça tout le putain de truc dont nous parlons dans cet album. »
Fred, tu as déclaré que tu voulais éviter que cette musique sonne nostalgique. D’un autre côté, ces chansons ont été nourries par ton amour du vieux death et black metal avec lequel tu as grandi. Du coup, pourquoi était-ce si important de ne pas avoir l’aspect nostalgique ?
Je ne voulais pas parce que je voulais que la musique reste fraîche et qu’elle apporte, évidemment, des éléments de ce qui a pu se passer au fil des ans, mais je voulais aussi reprendre là où cette musique s’était arrêtée parce que, pour moi, ce type de musique était là et puis, pour une raison ou une autre, elle n’existe plus vraiment. Voilà donc où je voulais l’amener. Car la nostalgie, ça fait un peu : « Oh, c’était mieux avant. » Ça l’était, c’était super avant mais maintenant, c’est à notre tour de la faire et se dire « allez, on y va ! » Nous prenons ce qui était super, nous nous l’approprions et allons de l’avant à partir de là.
Toutes les chansons, à l’exception de « Final Curse » et « Condemned To Suffer » sont séparées par des interludes qui donnent un côté cinématographique à l’album. D’où vient cette approche ?
« Final Curse » est précédé d’un interlude, c’est « Lullaby », qui l’interconnecte avec « Dead Souls », et « Condemned to suffer » a son propre interlude intégré, donc c’est pour ça que c’est intéressant ; celle-ci n’est pas séparée, elle ne fait qu’un avec la chanson, c’est l’intro avec les guitares acoustiques et claires. Et je pense que c’est intéressant également de rompre la routine avec le fait d’avoir à chaque fois des interludes. Donc là, c’est dans la chanson. Ça te pousse à t’interroger. C’est quelque chose d’étrange pour que les gens se disent : « Attend, c’est quoi ça ? » Après, les interludes, pourquoi est-ce ainsi ? Parce que c’est quelque chose j’ai toujours aimé et je viens d’une époque – nous venons d’une époque – où il fallait écouter un album de A à Z pour ressentir une vraie expérience et cette musique, que tu comprennes les paroles ou pas, t’emmène quelque part et ces interludes aident à t’emporter quelque part.
Joey : Evidemment, nous parlions de Morbid Angel, et il y a aussi le groupe Resurrection, l’album Embalmed Existence, même si ces interludes peuvent être un peu agaçantes, mais le truc c’est que nous voulions essayer de recréer ça, et surtout pas l’émuler ou l’imiter. Lorsque nous avons écrit et enregistré ces chansons ensemble… Tu sais, Fred est le compositeur principal, je n’ai rien écrit là-dessus hormis mes compositions de batterie, mais le fait d’avoir un break pour putain de digérer la chanson, genre : « Qu’est-ce que je viens d’entendre ?! » Je veux dire que ces interludes ne sont pas des blagues, putain, ce sont les trucs qui t’amènent vers la partie suivante de notre âme, de ce dont nous parlons dans Sinsaenim, pas simplement la chanson suivante ; nous avons travaillé là-dessus pendant des années.
Fred : Je ne peux suffisamment insister : les gens doivent vraiment écouter l’album de A à Z. Lorsque j’avais terminé les interludes, j’ai envoyé aux gars un gros fichier…
Joey : [Rires] Ouais. J’étais là : « Tu peux pas juste envoyer une chanson ? » Je me souviens de ce truc ! [Petits rires]
Fred : Mais non, je disais : « Ouaip, c’est exactement comme ça qu’il faut que tu l’écoutes, un gros fichier. » Si j’avais pu faire ça, une seule chanson complète, ça aurait été super, comme l’album Crimson d’Edge Of Sanity. Je veux dire que tu peux aussi prendre ces chansons séparément, comme par exemple, nous avons fait une vidéo pour « Army Of Chaos », ensuite nous avons un EP qui est sorti il y a deux jours. Tu peux extraire ces chansons, elles vont bien toutes seules. Je dis juste que c’est encore mieux lorsque tu… Comme un film d’horreur : tu peux regarder certaines scènes et dire « putain c’est trop cool ! » Mais si tu regardes tout le truc, c’est là que ça prend tout son sens.
Je sais que « Lullaby » était inspirée par le groupe Goblin qui est réputé pour ses musiques de film. En dehors de cette chanson, étais-tu, de façon générale, inspiré par des films ou des musiques de films pour cet album ?
Pas directement. La musique exprimait juste qui je suis, je pense. C’est qui je suis. Je suis le death metal, je suis les causes malfaisantes, je suis les interludes effrayants… Je n’ai donc pas vraiment pensé à quoi que ce soit. C’était simplement toutes mes influences et ce avec quoi j’ai grandi. Et même si j’ai tout écrit, je sais que les gars ressentent la même chose parce que nous avons tous cet amour pour ce genre de films d’horreurs et tout ce qui est sombre et négatif.
« Je ne crois pas en Dieu, en conséquence je ne crois pas en Satan. Cependant, j’aime l’imagerie, j’aime le côté sombre, ce que ça implique, ce que ça implique pour certaines personnes. »
Tu as dit que cet album devait être écouté de A à Z. Penses-tu que, de nos jours, nous perdons cette pratique qui consiste à faire l’expérience d’un album comme un tout ?
Oui et je déteste ça. Je ne veux pas passer pour un vieux schnoque mais je n’aime pas lorsque les gens ne font que… C’est si c’était un monde piloté avec une télécommande, lorsque les gens coupent les chansons, genre : « Attend, celle-là est mieux. » Je viens d’une époque… J’apportais des cassettes lorsque nous faisions la fête. Tu apportes une cassette et tu l’écoutes, lorsque quelqu’un te donne un album, tu l’écoutes… Nous prenions plus le temps. Maintenant tout va vite, tu as ton téléphone, tu cliques et tu vois quelque chose, et c’est déjà plus là, tu tweet, tu… Pas de soucis, c’est comme ça que ça se passe mais ce n’est pas comme ça que je suis. Je ne sais pas pour toi [Joey] ?
Joey : C’est pareil. Lorsque j’étais gamin, je me souviens me procurer tellement d’albums de thrash metal, de death metal, de black metal que ça a fait un déclic dans ma tête… Je me souviens lorsque j’ai récupéré Cause Of Death d’Obituary. Tu ne peux pas écouter cet album… Enfin, tu peux passer une piste si tu veux mais tout le truc, c’est un voyage. C’est ça le genre d’album que j’aime, putain. Et c’est pareil lorsque j’écoute Dragonforce ou les trucs que j’ai fait avec mon ancien groupe : il faut que ça te fasse putain de voyager, quoi qu’il arrive. C’est ce que nous… Je sais – ce n’est pas que je le pense, c’est que je le sais – que c’est ce que nous avons fait avec ceci. C’est ce dont je veux que les gens se rendent compte et à quoi ils doivent s’attendre avant d’écouter l’album de Sinsaenum. Parce que ce ne sont pas que des putains de chansons qui envoient la sauce. Ce sont des chansons vraiment construites, qui ont pris des années à se faire. Ça ne s’est donc pas fait en quelques mois juste pour aller faire une putain de tournée de presse. Nous sommes ici parce que c’est quelque chose qui, putain, est dans notre cœur et notre âme, et ça fait maintenant longtemps que nous le faisons. Tu sais, nous tournons ensemble depuis putain de longtemps et ça faisait longtemps que nous parlions de faire ça. Il a tellement putain de mis son cœur et son âme dans ces conneries, mec, que je veux que les gens se rendent enfin compte à quel point c’est un putain de guitariste et de compositeur qui déchire. Et j’étais putain d’honoré d’être celui à qui il a demandé de jouer dans Sinsaenum.
Est-ce qu’il y a une histoire ou un fil conducteur dans cet album ou bien les chansons sont-elles indépendantes ? Comment décririez-vous le contenu des paroles ?
Fred : Ce n’est pas un album conceptuel. Je dirais qu’il y a une trilogie sur le cauchemar mais je ne l’ai encore dit à personne. C’est ce que je ressens, avec les intros, je pense que « Sacrifice », « The Forgotten One » et « Anfang Des Albtraumes » sont connectées. Mais le concept, si tu veux, est à trouver dans le voyage et le fait que les chansons sont toutes interconnectées. Nous ne faisons qu’exprimer nos pensées sombres et ceci va avec la musique sombre.
Joey : Ouais, peu importe ce que tu fais dans la vie, nous sommes tous déglingués. Je me fiche de savoir qui tu es et la façon dont le monde fonctionne, dont il tourne, tu peux être la meilleure personne au monde, quoi qu’il arrive, tu as des problèmes. Tu peux être dans la pire des situations dans ta vie, tu peux être dans la meilleure des situations, quoi qu’il arrive, tu es entouré de démons. Je veux dire, quoi qu’il putain de puisse arriver, tu as des démons, tout le monde en a et c’est ça tout le putain de truc dont nous parlons dans cet album, la raison pour laquelle nous avons formé ce groupe. Et ce que nous voulions décrire, c’est que tu écoutes ça et c’est presque un exorcisme. Tu l’écoutes et c’est presque un putain de baptême, comme savoir exactement où tu es et qui tu es. Putain, c’est ça que nous essayons de dépeindre avec le black et death metal. Et notre côté hybride, c’est un équivalent. C’est ainsi et c’est une lune, et la lune brille constamment comme ce que nous faisons là tout de suite. Nous n’essayons pas d’être des putains de prédicateurs, rien de ce genre, ce n’est pas notre but. Le fait est, lorsque nous nous sommes rassemblés, que ce n’était pas prévu pour être, genre : « Je t’appelle pour faire un projet parallèle ou quelque chose comme ça. » Non, d’une certaine manière, ça s’est fait et nous voilà maintenant en train de te parler, d’accord ? Et, putain, c’est ce qui vaut tout l’or du putain monde pour moi, là tout de suite, genre, dans mon cœur, et je suis venu te le putain d’expliquer parce qu’autrement, je n’aurais pas pu dire ces choses sur ce que nous avons créé.
Des titres de chansons comme « Inverted Cross » ou « Sacrifice » peuvent sonner un peu cliché. Est-ce qu’il faut plutôt prendre ça comme un hommage à une certaine tradition dans le black et death metal ?
Fred : Ouais, je ne sais pas si c’est cliché. Je ne sais pas si, par exemple, les films d’horreur, tu les qualifierais de cliché, ou juste, ouais, plutôt d’hommage au style qui est sombre. Le satanisme, c’est une imagerie que j’aime. Je ne crois pas en Dieu, en conséquence je ne crois pas en Satan. Cependant, j’aime l’imagerie, j’aime le côté sombre, ce que ça implique, ce que ça implique pour certaines personnes, et je pense que c’est quelque chose qui est super à utiliser en tant qu’image. Comme 666, ces symboles sont forts en soi, par forcément ce qu’ils signifient vraiment. Je n’ai pas de bible, je me fiche de cette merde mais ça n’engage que moi. Je trouve que ça représente… J’ai grandi en trouvant que les cornes, c’est effrayant lorsque tu les vois, genre, peu importe, lorsque le diable est représenté quelque part. Je pense que c’est effrayant, ça fait peur aux gens. C’est ce que nous exprimons dans ces chansons. Tu peux donc qualifier ça de cliché si tu le veux mais non, moi je préfère voir ça comme une expression de l’obscurité.
« Nous voulons faire savoir aux gens que nous allons faire partie de leur vie que ça leur plaise ou non ! [Rires] »
Joey, tu es en fait celui qui a trouvé le nom du groupe, qui est une combinaison des mots « sin » et « insane ». Que veux-tu exprimer avec ces mots ?
Joey : Les mots sont là. Je ne veux pas donner une définition spécifique parce que la musique… Laisse-moi te dire ceci : la musique est ce que ça exprime, en conséquence c’est ce qu’est Sinsaenum. Tout le monde sur terre est un putain de pécheur, quoi qu’il en soit. Putain, certaines des personnes les plus religieuses au monde sont les plus grands pécheurs de tous les temps, parce que ce sont des putains de menteurs. Ce n’est pas comme si nous essayions de prêcher quoi que ce soit mais ce que je ressens dans la musique que nous créons, via le death et black metal, c’est le fait que, aussi heureux puisses-tu être dans ta vie, et c’est ce qu’il faut être dans la vie… Je ne suis pas en train de putain d’écarter l’aspect sombre de l’interview. Disons juste qu’il faut être putain d’heureux dans la vie, mais le truc, c’est que le monde est putain de sombre et il y a des merdes qui déconnent partout et tout le monde, je me putain de fiche de qui tu es et les gens les plus religieux, je dois dire que parfois ce sont les plus grands putains de pécheurs… Tu amènes ce type d’énergie que tu as traversé, dans ta vie, dans ton cœur, que tu dois gérer, putain, tu amènes cette énergie dans un putain de groupe et c’est comme ça que le nom est venu, Sinsaenum. Car, putain, tu sais que c’est l’énergie que nous sommes en train d’illustrer maintenant. Ce n’est pas que je suis en train d’encourager à être un pécheur, tu peux pécher tout ce que tu veux, putain, t’éclater à font ; putain, fait ton putain de truc ! Mais le truc avec ça, cette projection, c’est exactement ce que nous voulons transmettre, pour ce qui est de la putain d’obscurité de l’âme des êtres humains.
Il y a trois Français, deux Américains et un hongrois dans ce groupe. Comment vous organisez-vous en étant éparpillés dans le monde mais aussi chacun d’entre vous ayant son propre groupe principal ?
Fred : Eh bien, de toute évidence, comme tu viens de le dire et comme tu peux l’imaginer, nous sommes très occupés avec ce que nous faisons mais ce n’est pas incompatible. Comme nous l’avons dit, nous considérons ça comme un groupe plutôt qu’un projet. Nous insistons vraiment là-dessus parce que c’est ce qui importe. Tu peux dire : « Oh, faisons ça » et puis c’est tout, tu vois. Mais dès l’instant où nous avons répété, tous ensemble dans une pièce, tout a pris sens et c’est là que nous nous disions : « Oh, putain, ouais ! C’est un train d’arriver, maintenant tout a du sens. » La connexion est là et nous voulons en faire davantage. Donc nous allons tourner lorsque ce sera le bon moment, il n’y a pas de pression de la part de quiconque. Nous avons tous des engagements que nous devons respecter. Sinsaenum est nouveau, c’est le dernier arrivé, tu ne peux pas juste dire « a plus Dragonforce », « a plus Vimic », « a plus Mayhem »… Sinsaenum est le dernier arrivé mais quand même Sinsaenum est et Sinsaenum sera pour longtemps. Il n’y a donc aucune pression. Nous n’allons pas faire des concerts foireux, du genre : « Oh, Attila n’est pas là, c’est pas grave, nous donnerons le concert quand même. » Tout le monde doit être là. C’est quelque chose sur laquelle j’ai insisté lorsque nous parlions aux labels. Ils étaient là : « Qui penses-tu… ? » Et je répondais : « Non, tout le monde doit être là. » C’était non négociable. « Est-ce que vous allez pouvoir tourner si quelqu’un n’est pas disponible ? » « Non, il n’y a pas moyen. C’est nous six, sinon rien. » Voilà comment c’est aujourd’hui. En conséquence, au niveau enregistrement, grâce à la technologie actuelle… C’est l’un des bons côtés d’internet, le fait que tu puisses envoyer et échanger des choses, donc c’était facile. Nous n’avions pas besoin d’être dans la même pièce pour ça. Mais ouais, nous ferons des choses parce que c’est ce que nous ressentons aujourd’hui.
Donc j’imagine qu’on peut s’attendre à ce que ça aille plus loin que cet album…
Joey : Oui. C’est pour ça que suis ici là tout de suite, que je suis assis à côté de Fred et qu’Attila était chez moi pendant une semaine… Ces conneries ne se font pas toutes seules, c’est pour ça que je suis là. Si je n’en avais rien à foutre, tu sais, j’aurais dit : « Tu sais, c’est un projet parallèle. Sortons-le et voyons ce qu’il se passe, et nous nous réunirons quand ça nous paraîtra naturel de le faire. » Le truc, c’est que c’est un élément vital pour moi, idem pour lui. Nous avons travaillé sérieusement là-dessus pendant des putains d’années. Donc, là tout de suite, l’orage commence à gronder et, putain, nous voulons que sa pleuve sur les putains de gens mais le moment doit être le bon, nous choisirons le bon moment et ça sera putain d’énorme. C’est ce sur quoi sur avons tellement travaillé, surtout avec les vidéos et tout, et c’est pourquoi nous faisons cette tournée de presse, pour que tout le monde sache que c’est du putain de sérieux, ce n’est pas une putain de blague. Tout le monde sait de toute façon que ce n’est pas une blague [petits rires] mais ce que j’essaie de dire, c’est que nous voulons faire savoir aux gens que nous allons faire partie de leur vie que ça leur plaise ou non ! [Rires]
Fred : Ouais parce que les gens pensent [que ce n’est pas du sérieux] parce qu’on appelle ça un super groupe. Car, soyons honnêtes, nous sommes connus pour d’autres trucs, donc nous sommes des musiciens accomplis. Donc ça implique dans la tête des gens qu’un super groupe, c’est quelque chose qui ne durera pas longtemps. Ça veut dire que nous n’avons pas le droit d’avoir un groupe simplement parce que nous sommes connus pour d’autres trucs, ce sont des conneries. Donc ouais, nous venons de faire un album qui est super, nous allons tourner, nous avons déjà des chansons pour le prochain album, donc c’est un groupe ! Avec de super mecs, si tu veux parler en ces termes [petits rires], mais nous sommes un groupe et, ouais, comme tu l’as dit [Joey], que ça vous plaise ou non, nous sommes là.
Interview réalisée en face à face le 8 juin 2016 par Valentin Istria.
Retranscription : Céline Hern.
Traduction et introduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Sinsaenum : www.sinsaenum.com
vivement le 29 !!!!
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J’adore la référence à Edge Of Sanity …
Ca va envoyer du lourd je pense, vivement l’album pour découvrir l’univers qu’ils nous ont composés …
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Excité le père Jordison ! Surexcité même. J’imagine que l’interview en VO devait avoir l’air un peu moins chaotique… Dommage qu’on y ait pas accès. Pour les anglophones, ça permettrait d’éviter les « putain » intraduisibles en français à toutes les sauces… En tout cas ça donne envie tout ça 😀
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C’est putain de clair, par moments ça devient putain de pénible de putain de lire ses putain de phrases ponctuées de putain de putains.