En tournée européenne pour soutenir The Gang’s All Here, leur excellent nouvel album sorti en octobre dernier, Skid Row s’aventure ce soir à l’Empreinte de Savigny le temple pour ce qui sera leur unique date en France, quatre ans après leur dernier passage chez nous.

Les choses n’ont pas été simples pour le groupe du New Jersey depuis le départ forcé de leur chanteur historique, Sebastian Bach en 1996. Malgré la bonne volonté de leurs chanteurs successifs (Solinger, Harnell, ZP Theart), les Skid Row ont du mal à retrouver leur place sur la scène metal actuelle. C’est donc accompagnée de son nouveau chanteur, le Suédois Erik Grönwall (ex-H.E.A.T), que la bande de Rachel Bolan et Dave Sabo officiera aujourd’hui. Et à écouter les conversations de ci de là avant le début du show, le nouvel arrivant est attendu au tournant.

Artistes : Skid Row – Bad Situation
Date : 16 novembre 2022
Salle : L’Empreinte
Ville : Savigny Le Temple [77]

Le concert affiche complet depuis déjà plusieurs semaines et c’est dans une Empreinte surchauffée et pleine comme un œuf que débute cette soirée placée sous le signe du hard rock. Bad Situation est chargé d’ouvrir les hostilités et le groupe francilien fait le job parfaitement. Configuration peu banale, le groupe est uniquement composé d’un batteur, Lucas Pelletier, et d’un guitariste chanteur, Aziz Bentot, connu par certains et certaines sous le pseudo Dealer2metal sur YouTube. Œuvrant dans un style moderne, Bad Situation propose au public un hard rock puissant et mélodique. Le guitariste chanteur est très loquace et emmène la salle avec lui. Il finit le set dans la fosse armé de sa guitare et de son pied de micro, pour le plus grand plaisir des gens autour.

21h45, les premières notes de « Blitzkrieg Bop » des Ramones retentissent alors que les lumières de la salle s’éteignent, c’est parti pour les Skids… Les musiciens arrivent un par un dans la pénombre et sous les applaudissements du public puis la scène s’éclaire au son du premier morceau lancé comme une balle, « Slave To The Grind », dont l’intro est accompagnée par des sirènes, ce qui intensifie le côté rentre-dedans du classique du groupe. Le son est puissant mais pas extra notamment niveau chant, c’est brouillon mais cela s’arrangera pendant le concert. Les jeux de lumière sont excellents. Les musiciens portent tous leur nouvel uniforme, une veste sans manches flanquée du logo du groupe et d’une bannière étoilée, comme sur la pochette du nouvel album. Ils sont tous parfaits dans leur jeu mais ne nous leurrons pas, ce que chaque personne attend ici ce soir, c’est de voir et surtout d’entendre Erik Grönwall en live sur les classiques du groupe, lui qui a fait un sacré boulot sur le nouvel album.

Arrivé sur scène en sautant comme un cabri, Grönwall s’empare du micro et commence à chanter, tout sourire, visiblement très heureux d’être là. Première montée dans les aigus, Grönwall gère, ouf ! Il semble très à l’aise dans son rôle de frontman. Les morceaux s’enchaînent, « The Threat », « Big Guns » puis les notes du classique « 18 And Life » s’élèvent dans la salle au son des cris et applaudissements du public. Erik est capable de chanter ce morceau à la perfection, le test est réussi et à partir de là il met tout le monde dans sa poche. « Piece Of Me », « Living On A Chain Gang », puis Rachel Bolan prend le micro pour sa version burnée de « Psycho Therapy » des Ramones. Reprise apparaissant sur l’EP B-sides Ourselves (1992), ce morceau chanté par le bassiste est devenu un incontournable des concerts de Skid Row.

Le groupe enchaîne ensuite avec « In A Darkened Room », sublime ballade ayant fait la renommée du groupe dans les années 90. Erik s’en sort haut la main encore une fois, sa voix est magnifique et ses montées dans les aigus sont parfaitement maîtrisées. Le solo de ce morceau, joué par Scotti Hill, est toujours aussi puissant, trente ans après sa création, un régal ! Les chœurs, assurés par Rachel Bolan et Dave « The Snake » Sabo, donnent une profondeur à tous les morceaux, de la douceur sur les quelques ballades et de la puissance sur tous les autres titres plus heavy. Just après « Makin’ A Mess » arrive l’excellent « The Gang’s All Here », morceau tiré de l’album éponyme sorti le mois précédent et force est de constater que cette chanson est taillée pour le live : rythme saccadé, backing vocals puissants et mélodie accrocheuse, il n’en faut pas plus pour mettre tout le monde d’accord ! « Riot Act » puis « Monkey Business » seront joués juste avant le rappel.

Le groupe semble vraiment détendu, chacun y va de son petit mot à l’égard du public venu ce soir, la palme de la gentillesse, aussi téléphonée soit-elle, revenant à Dave Sabo remerciant les fans de les avoir suivis depuis 1989, date de leurs débuts sur la scène metal. On a l’impression d’être avec de vieux copains, Scotti fait des grimaces à qui mieux mieux, Dave et Rachel saluent les gens dans le public, Erik envoie sourire sur sourire, bref, ils semblent tous heureux d’être là et soyons francs, le public le leur rend bien, il n’y a qu’à tendre l’oreille pour s’en rendre compte.

Le rappel débute par la ballade « I Remember You » et son intro à la guitare acoustique. Magnifiquement interprétée par Erik, elle est reprise par l’ensemble de la salle qui ne boude pas son plaisir. « Time Bomb », tiré du dernier album, verra ses « tik tik tik » chantés par les spectateurs à pleins poumons et les Skid Row finiront leur set sur l’hymne du groupe, « Youth Gone Wild », qui emportera tout sur son passage ! Il est à noter que ce concert a des allures de best of, la setlist étant composée quasi seulement de titres issus des deux premiers albums du groupe, à l’exception de « Psycho Therapy » et des deux singles de The Gang’s All Here. Dommage, d’autres titres de ce nouvel opus auraient trouvé leur place, « Resurrected » ou « October’s Song » par exemple auraient été parfaits ce soir.

C’est littéralement trempé que le public quitte l’Empreinte, avec le sourire et des étoiles dans les yeux. Ce soir, Erik Grönwall a peut-être fait son baptême du feu mais il a brûlé tous les doutes quant à sa place au sein du groupe ! Les Skids n’ont pas trouvé un nouveau chanteur, ils ont trouvé leur nouveau chanteur, celui qui, on peut en être sûr, leur permettra de retrouver une deuxième jeunesse. « The gang was here » et qu’est-ce que c’était bon !

Setlist :

Slave To The Grind
The Threat
Big Guns
18 And Life
Piece Of Me
Living On A Chain Gang
Psycho Therapy
In A Darkened Room
Makin’ A Mess
The Gang’s All Here
Riot Act
Monkey Business

Rappels :
I Remember You
Time Bomb
Youth Gone Wild