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Interview   

Skunk Anansie reste libre


Skin n’a jamais tant aspiré à faire du rock qu’à être libre. Or le rock n’est pas plus ni moins libre que le jazz ou n’importe quel autre style de musique. Et la définition que Skin donne à la liberté, c’est pouvoir être soi-même. En l’occurrence, faire du rock alors qu’elle avait été bercée au R’n’b ou au reggae. Mais aussi, ne pas faire que du rock, quoi que puissent en penser les fans les plus obtus. Le nouvel album de Skunk Anansie, Black Traffic, dans la lignée des précédents, est l’incarnation de cette diversité.

La liberté, Skunk Anansie n’y aspire pas seulement musicalement. Comme tant d’autres, le groupe a décidé de sortir des albums lui même via son propre label. Et en termes de visuel, Skunk Anansie s’adapte habilement à l’évolution des comportements des consommateurs en proposant un artwork simple « pour ceux qui consomment la musique sur iTunes », mais dont les subtilités se révèleront pour ceux qui auront choisi d’acheter le disque et par conséquent de pouvoir voir le détail de la pochette.

« Je viens d’une famille jamaïcaine très stricte et tout le monde écoutait à la maison du R’n’B ou du reggae. Ce que j’ai accompli est donc vraiment différent. C’est comme trouver ta véritable âme et ce que tu recherches. Lorsque j’ai commencé à jouer du rock, c’était moi. »

Radio Metal : Dans le prélude du livre « What Are You Doing Here ? A Black WOman’s Life And Liberation In Heavy Metal », tu as écrit : « Ce qui m’a toujours attiré dans le rock, c’était la sensation de liberté, que je pouvais enfin être qui je voulais être et chanter ». Lorsque tu as commencé à jouer professionnellement, as-tu senti cette liberté que peut apporter le rock à tout musicien ?

Skin (chant) : Je ne parlerais pas de liberté au sens politique mais au sens personnel du terme. Je viens d’une famille jamaïcaine très stricte et tout le monde écoutait à la maison du R’n’B ou du reggae. Ce que j’ai accompli est donc vraiment différent. C’est comme trouver ta véritable âme et ce que tu recherches. Lorsque j’ai commencé à jouer du rock, c’était moi. Voilà le type de liberté que j’ai ressenti.

Même si le rock et le metal sont considérés comme des styles de musique rebelles, ils ont leurs propres codes et beaucoup de fans ont une idée très précise de ce qui doit être rock ou metal : ces genres sont-ils vraiment libres d’après toi ?

Honnêtement, je m’en contrefous. C’est à eux de choisir s’ils veulent mettre leur musique dans de petites boîtes et de toujours suivre ce choix. C’est vrai que le rock va au-delà des lois et te permet ainsi de faire ce que tu veux, mais si tu souhaites mettre tous les styles de musique dans de petites boîtes en disant : « Ca, c’est du rock ; ceci, c’est du metal », eh bien, Skunk Anansie ne pourrait pas exister : tu as une black qui chantent dans un groupe de rock avec des mecs qui aiment le funk et d’autres Mötörhead. Les lois ne devraient pas exister au sein de la musique : nous les avons abolies depuis longtemps. Nous faisons juste de la musique : nous ne prétendons pas être d’autres personnes.

« Chaque album doit représenter les quatre membres du groupe. »

Le nouvel album est très noir et tes paroles sont assez agressives : d’où cela vient-il ?

Nous vivons des temps obscurs. Tout ce que tu as à faire, c’est d’ouvrir les yeux, regarder autour de toi et voir beaucoup de gens souffrir. Ce n’est pas facile pour nos proches et amis, il y a ces scandales financiers, donc tout cela devait se retrouver dans nos chansons. Au fur et à mesure que nous composions pour l’album, ces thèmes revenaient sans cesse : c’est un reflet de ce qui nous arrive et aux autres.

Le nouvel album est très varié : il s’ouvre avec le punchy « I Will Break You » et se termine avec le lumineux « Diving Down ». Vous avez toujours sortis des albums variés : comment gérez-vous ces différentes atmosphères ?

Comme nous sommes de bons musiciens, je crois que nous pouvons jouer tous les styles que nous voulons. La seule règle, c’est que chaque album doit représenter les quatre membres du groupe. On a beaucoup expérimenté avec cet album car nous venons d’univers musicaux différents : Ace, le guitariste, vient d’un background metal ; Mark, le batteur est plus rock ; Cass, le bassiste, vient du funk et moi je suis plutôt reggae. Culturellement, nous représentons différentes parties de l’Angleterre. Nous faisons donc ce que nous voulons et on s’en fout de savoir si telle chanson est plutôt rock ou pas. Pourquoi te limiter à un seul style musical ?

Le groupe français Shaka Ponk a été invité sur le nouvel album : peux-tu nous en dire plus sur eux et ce que tu aimes dans leur musique ?

D’abord, ils sont très différents du reste de la scène française. Il y a un peu de Skunk Anansie en eux et c’est ce que nous aimons : ils font leur truc et mixent beaucoup de styles divers. Ils sont barrés mais j’adore ! J’aime lorsque quelqu’un fait un truc qui sort de l’ordinaire : si tu veux descendre la grande rue de chez toi en sous-vêtements et talons aiguilles, pourquoi pas ? Avoir du caractère donne de l’inspiration. Nous avons voulu collaborer avec eux, ils ont écouté les chansons et ensuite on a discuté. À partir de là, nous avons échangé des idées et tout s’est mis en place. On aime beaucoup ce qu’ils ont fait sur cette chanson.

L’artwork de l’album a été réalisé par Stewart Western qui semble être un gros fan du groupe. Est-ce important pour toi de travailler avec des gens qui comprennent ton univers ?

C’est simple : tu ne nous aimes pas, tu ne travailles pas avec nous. Stewart est un ami du groupe depuis des années, cela est donc très bien tombé.

Aviez-vous des idées précises sur cet artwork ou bien lui avez-vous donné carte blanche ?

On a un peu regardé ce qu’il faisait et parfois donné des conseils. Mais comme on est amis, il savait où il allait. Il avait une complète liberté de travail.

Ce qui est intéressant avec l’artwork, c’est qu’il change selon qu’on le regardes de près ou de loin.

Si tu le regardes sur iTunes par exemple, tu penseras voir une sorte de petit monstre bizarre. Mais si tu le regardes de près, tu pourras voir certains membres du groupe. Ce fut un choix délibéré : comme l’album va sortir sous différentes tailles, nous voulions que les gens voient une chose particulière selon l’angle de vue choisi.

« Les majors ne comprennent pas que les choses ont changé. Nous avons maintenant la possibilité de contrôler ce que nous faisons, et de manière très différente. Les majors ne peuvent voir cela car elles sont toujours coincées dans leurs vieilles habitudes. »

Lorsque vous jouez live, il y a ce moment toujours fort où tu marches sur les mains du public : peux-tu nous expliquer ce que cela représente pour toi ?

C’est juste un moment spectaculaire : beaucoup de gens l’ont copié d’ailleurs, mais je suis la première à l’avoir fait de cette manière. Le public fait attention à ce que je ne tombe pas : c’est vraiment cool.

Tu n’as jamais peur ? As-tu une confiance absolue dans le public ?

Oui. Complètement.

Dans une récente interview, Lemmy a déclaré que vous étiez son groupe préféré. Lemmy étant une légende vivante, c’est un sacré compliment !

C’est un énorme compliment. Il y a peu de gens sur cette planète qui peuvent me faire m’arrêter et dire « Waouh ! » : Lemmy est l’une d’entre elles. Le premier concert d’Ace fut un concert de Motörhead et on a grandi sur leur musique, c’est donc un gros truc pour nous de savoir qu’il nous aime tellement. C’est un honneur. Par ailleurs, beaucoup de gens nous disent en face qu’ils nous aiment mais ne le font jamais dans la presse.

Black Traffic va sortir sur votre propre label : peux-tu nous parler de celui-ci ?

On va d’abord sortir cet album, puis on verra comment les choses évoluent.

Beaucoup de groupes créent leur propres labels : pense-tu que les majors sont maintenant dépassées ?

Oui. Les majors ne comprennent pas que les choses ont changé. Nous avons maintenant la possibilité de contrôler ce que nous faisons, et de manière très différente. Les majors ne peuvent voir cela car elles sont toujours coincées dans leurs vieilles habitudes.

Interview réalisée par téléphone le 19 septembre 2012
Retranscription et traduction : Jean Martinez – Traduction(s) Net

Site internet officiel de Skunk Anansie : www.skunkanansie.net

Album Black Traffic sorti le 17 septembre



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