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Live Report   

Sólstafir vous fait perdre vos repères


Il y a de nombreuses raisons d’être enthousiaste à l’idée d’assister à un concert de Sólstafir. D’une part le groupe est une forme d’ovni sur la scène musicale, d’autre part le mélange entre le rock/stoner et les atmosphères plus progressives ont indéniablement un potentiel live des plus intéressants, notamment en matière d’immersion. Ainsi, l’affiche du 30 janvier 2015 proposée par le CCO de Villeurbanne intriguait autant qu’elle donnait envie, mêlant Nordic Giants et Radium Valley aux Islandais, tête d’affiche. Un concert éclectique, pour un public de la même teneur.

Nordic Giants n’a pas encore de réelle notoriété en France, sans doute en raison de la jeunesse de la formation (les deux E.P Build Seas et Dismantle Suns sont parus en 2013 ; leur premier album, Rapture, sort chez KScope cette année). C’est donc dans une forme d’indifférence mêlée à une curiosité sincère que les deux musiciens se sont illustrés. La prestation est autant sonore que visuelle. Les membres du groupe arborent une tenue de scène faite de masque, de cornes, de plumes et de fourrure qui vient justement faire écho aux représentations illustrées de « géants » qui entourent leur concept. En outre, la musique instrumentale est constamment supportée par des clips vidéos et un jeu de lumières extrêmement dynamique.

Artistes : SólstafirRadium ValleyNordic Giants
Date : 30 janvier 2015
Salle : CCO
Ville : Lyon [69]

Multi-instrumentistes, les membres de Nordic Giants alternent entre les samples, la trompette, la batterie, la guitare avec archet et ont recours à différentes lignes de chant enregistrées en collaboration avec des artistes comme Freyja et Alex Hedley. Le show proposé bénéficiait d’un son plutôt travaillé et aurait pu réellement transporter. Aurait. Car malgré la prestation parfaitement exécutée de la part du groupe, le public vient parfois ternir le résultat avec un savant mélange d’ignorance et d’impolitesse. Quelque soit le groupe, même inconnu, rien n’excuse le manque de respect qui consiste à vouloir dépasser le volume sonore de la musique proposée, trait qui persistera malheureusement pendant la prestation de Radium Valley et Sólstafir, à de moindres occurrences heureusement. Nordic Giants est tout de même parvenu à convaincre certains profanes qu’il faudra désormais compter avec eux dans la scène post-rock, et a pu transporter notamment les initiés à travers des titres comme « Néoténie » ou encore « Mechanical Minds ». Si l’on peut leur reprocher d’emprunter le même schéma à chaque composition (soit une montée en puissance après la mise en place d’une ambiance), force est de constater que cela reste très efficace, lorsque ça ne prend pas réellement aux tripes.

Radium Valley
Radium Valley est arrivé sur scène de manière inopinée. En premier lieu, beaucoup de personnes n’étaient pas au courant de leur présence ce soir. Enfin, la musique proposée tranchait radicalement avec Nordic Giants et se distinguait notablement de ce que pratique Sólstafir. Les Français ont eux –aussi recours à divers artifices pour créer une ambiance de dystopie, tels que des tenues de scène post-apocalyptiques tout droit sorties de l’univers de Stalker et Mad Max et un décor à base de barbelés, de grilles et de chaînes. La musique proposée par la formation tend vers l’indus, avec quelques consonances sludge très légères. Le son est très correct (il couvre les dialogues des habitués de comptoir) et bénéficie d’une lourdeur bienvenue. Pour autant, cela ne suffit pas à amoindrir l’impression de monotonie que laissent certaines compositions. Surtout, un ressenti étrange persiste : celui que le groupe ne joue pas réellement dans un contexte qui lui est propice. Si l’univers proposé est crédible, les ambiances qu’il délivre contrastent trop fortement avec les deux autres groupes et brisent la cohérence de la soirée. Le groupe lui-même ne donnait pas l’impression d’être porté par sa musique malgré un jeu sans accrocs. C’est au terme d’une prestation un tant soi peu nonchalante que ces derniers laissent la place à Sólstafir.

Sólstafir
Sólstafir a un credo : jouer. Aucune mise en scène, aucun artifice, rien. Instruments, jeu de lumières traditionnel, présence scénique et c’est tout. Il faut dire qu’il n’y a pas besoin de suppléer à l’immense charisme du chanteur-guitariste Aðalbjörn Tryggvason. Et lui-même le sait très bien, communiquant sans cesse avec l’auditoire, ne serait-ce que pour susciter l’attente auprès des titres proposés ou bien tout simplement plaisanter. Ce dernier se permet de demander le silence (et ne l’obtient que partiellement…), fait des baisemains en plein milieu de morceau et interpelle sans cesse les spectateurs. Le son dont bénéficie le groupe pâtit malheureusement de quelques imperfections, le chant est parfois effacé par le mur de guitares, et la netteté des leads laissait à désirer. Toutefois, la rythmique était d’une solidité exemplaire, le remplaçant de Guðmundur Óli Pálmason à la batterie remplit parfaitement son office. Surtout, le traitement sonore n’empêche pas le côté progressif de la musique de Sólstafir de s’illustrer pleinement. « Lágnaetti » fait frissonner lorsque « Svartir Sandar » fait office de catharsis bienvenue en fin de concert. La musique des Islandais est dans son ensemble difficile à appréhender, car tout y passe. Leur prestation live ne fait d’ailleurs aucun compromis sur ce point. Les ambiances pesantes se conjuguent aux atmosphères éthérées au sein d’un même titre comme « Ótta » où le banjo était de sortie. Pour une moyenne de neuf minutes par titre, Sólstafir ne semble s’être imposé aucune contrainte dans la progression musicale et croît fermement à ce qu’il propose. Les membres du groupe donnent autant l’impression d’être mélancoliques, enragés, résignés. En tout cas, ils sont toujours transportés et nous avec eux. C’est une alchimie bizarre, unique, entre un Truckfighters et un Sigur Rós qui a sévi ce soir-là.

L’impression qui subsiste au terme du concert est mitigée, mais pas vraiment pour des raisons en rapport avec la musique. Sólstafir reste une expérience authentique à vivre en concert, puisqu’elle a le don de faire perdre ses repères et de s’abandonner totalement à la musique. Et c’est bien là l’essentiel si ce n’est pas l’objectif de cette affiche.

Setlist Sólstafir (sous réserve) :

Intro (Nattfan)
Köld
Lagnaetti
Rismal
Otta
Pin Oro
Dagmal
Svartir Sandar
Djaknin

Rappels :

Fjara
Goddess Of The Ages

A voir également :

Galerie photos Solstafir.
Galerie photos Radium Valley.



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