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Interview   

Steven Wilson : artiste sans frontière


Steven Wilson n’a pas fini de contrarier une partie de ses fans qui auraient voulu qu’il poursuive tranquillement sa route dans le domaine du bon vieux rock progressif, déjà passablement chamboulée par la tournure volontairement pop de To The Bone (2017). The Future Bites n’arrangera pas les choses – même si ceux qui connaissent les débuts de Steven Wilson ne devraient pas être si surpris que ça et qu’il avait déjà annoncé la couleur avec Love You To Bits (2019) de No-Man – en se désintéressant radicalement des guitares, un instrument qui selon lui n’a plus rien de neuf à dire, au profit d’un vocabulaire électronique qui se veut refléter le monde de 2020.

Car c’est aussi ça The Future Bites : un album qui, thématiquement, analyse nos comportements à l’ère digitale, que ce soit l’égocentrisme qui règne sur les réseaux sociaux ou notre consumérisme compulsif. Un concept qu’il pousse plus que jamais, usant d’humour, en affichant de faux articles épuisés dans sa boutique en ligne ou en proposant en illustration du disque une photo de lui… mais pas vraiment de lui. Le musicien, qui s’inspire plus que jamais des grands artistes qui se sont régulièrement réinventés, à l’image de Prince, David Bowie ou Elton John qui apparaît justement sur le disque, nous donne dans le long entretien qui suit les pistes pour bien comprendre sa démarche, son point de vue et sa réflexion.

« Peut-être qu’il y un côté retour en arrière et une boucle qui est bouclée pour renouer avec la diva pop qui est au fond de moi [petits rires]. »

Radio Metal : Fin 2019, tu as sorti un album avec No-Man intitulé Love You To Bits qui était très électronique, dansant et même disco. Désormais, tu sors The Future Bites qui est aussi un album très électronique et groovy, si on considère des chansons telles que « Self », « Eminent Sleaze » ou « Personal Shopper ». Qu’est-ce qui a suscité cette humeur dansante chez toi dernièrement ? Penses-tu que ton expérience avec la chanson « Permanating » sur To The Bone ait quelque chose à voir avec ça ?

Steven Wilson (chant, claviers, guitare…) : Je ne sais pas parce que, selon moi, « Parmanating » est très différente. « Permanating » était une exception parce que c’était une chanson tellement joyeuse, presque inspirée de la pop des années 70. Le côté plus funky et groovy dont tu parles dans cet album me semble un petit peu plus expérimental et sombre à cet égard. Tout ce que je peux dire, c’est que ça a toujours été présent dans ma musique. Quand je grandissais dans les années 80, Prince était mon héros, donc j’ai toujours adoré la musique funky et groovy. Ça me paraît même étrange, d’une certaine façon, que ça n’ait pas plus transparu dans mes œuvres les plus célèbres et populaires, car quand je repense au début de ma carrière avec No-Man – No-Man était plus ou moins mon premier groupe professionnel –, nous faisions de la synth pop, nous étions un groupe de synth pop qui utilisait des breakbeats, influencés par un tas de musiques synthétiques et électroniques, et Porcupine Tree a été lancé comme une sorte de projet parallèle à ça. Evidemment, l’histoire nous enseigne maintenant que Porcupine Tree a eu beaucoup plus de succès et je pense qu’avec le temps on m’a associé plus à un son particulier, qui n’avait pas grand-chose à voir avec la musique électronique et la musique basée sur le groove. Néanmoins, j’ai toujours eu la passion de cette musique et ça continue encore aujourd’hui. Je pense que To The Bone, l’album précédent, représente une transition pour moi, il m’a permis de me donner confiance quant à l’exploration de cette facette de mon ADN et de ma personnalité de musicien, en particulier si on considère les deux ou trois albums précédents qui étaient vraiment dans le domaine du rock conceptuel typé années 70 et qui ont eu beaucoup de succès. C’était donc peut-être une surprise pour les gens maintenant que je reparte sur quelque chose qui a toujours été là mais peut-être pas de manière très évidente, c’est-à-dire mon amour de la musique basée sur le groove et de la pop expérimentale.

Autant de nombreux fans trouveront que cet album sonne différent, autant il y a effectivement des éléments dans The Future Bites, tout comme il y en avait dans Love You To Bits, qui sonnent comme des renvois à la musique de tes débuts qui était plus électronique et psychédélique – le pont sur « Personal Shopper » a même un feeling à la « The Sky Moves Sideways ». Donc on dirait vraiment que tu reviens à tes premières amours ou que tu boucles la boucle, mais avec l’expérience et les outils que tu as désormais acquis…

Oui, peut-être bien ! Je pense qu’il y a clairement un côté « reculer pour avancer ». L’une des raisons pour lesquelles je suis si fier de cet album est que je l’écoute et je me dis que c’est un album qui aurait seulement pu être réalisé en 2020 ou 2019 en l’occurrence, mais à la fois, je pense que tu as raison. Je repense à mon enfance et à mon amour pour des choses comme Donna Summer et Giorgio Moroder, et ces vieux albums électroniques dont je suis tombé amoureux, et Kraftwerk, etc. et je repense à ma passion pour un tas de pop synthétique des années 80. Peut-être que tu as raison, peut-être qu’il y a un côté retour en arrière et une boucle qui est bouclée pour renouer avec la diva pop qui est au fond de moi [petits rires]. Tout ça avec toutes les choses que j’ai apprises au cours des vingt ou vingt-cinq années intermédiaires à faire des albums, majoritairement dans un style rock, mais je suppose que je voulais désormais m’éloigner de ça et faire quelque chose de différent. Ceci dit, au moment même où je dis ça, je pense : j’ai toujours fait ça, j’ai toujours été quelqu’un qui avait besoin de changer, d’évoluer et d’essayer des choses différentes.

Mais plus ma carrière avance, plus je vieillis et plus je fais d’albums, plus je ressens de la résistance de la part des anciens fans, ce qui n’est pas un problème, j’imagine, et je crois en être davantage conscient parce que les réseaux sociaux font que les gens comme moi sont plus exposés à ce genre de réaction immédiate suscité par les nouvelles musiques. Surtout si je fais quelque chose de très différent, ça génère une sorte de réaction immédiate que je n’aurais pas eue dans les années 90. Je ne l’aurais même pas eue au début du vingt et unième siècle mais maintenant, en 2020, j’ai parfaitement conscience de la réponse à ma tendance au changement. Mais je suis aussi très égoïste. Je fais les choses pour des raisons très égoïstes, comme, je crois, ça devrait être le cas de n’importe quel artiste. Je crois qu’on ne devrait jamais penser à essayer de plaire à d’autres gens quand on est créatif. Ceci est donc un album très complaisant envers moi-même, très égoïste en ce sens, mais c’est aussi, ironiquement, un album très accessible et qui, je pense, pourrait clairement atteindre des gens qui n’ont peut-être jamais entendu parler de moi avant, car les chansons sont très accessibles. Donc je suppose qu’à cet égard, il y a une continuité avec un morceau comme « Permanating ».

Dirais-tu que Love You To Bits et The Future Bites sont liés d’une certaine manière ?

Ils sont liés dans le sens où je suis impliqué dans les deux [petits rires], mais oui. Ce sont deux albums que j’ai faits durant les deux dernières années et qui renouent avec l’idée de rythmes électroniques et de textures synthétiques et ce genre de plaisir à faire de la pop basée sur le groove, qui, comme tu l’as laissé entendre, représente mon état d’esprit du moment. Mon intérêt pour les guitares et le rock n’a pas été aussi bas depuis des années et peut-être même depuis le début de ma carrière. Mon intérêt pour le rock, le classic rock, les guitares, n’a probablement jamais été aussi bas qu’aujourd’hui. Ça ne veut pas dire que ça ne va pas revenir mais actuellement, je suis plus excité par les possibilités de la musique électronique.

« Quand je saisis une guitare aujourd’hui, il n’y a rien qui me vient que je n’ai pas déjà fait avant ou qu’un million d’autres personnes n’ont pas déjà fait avant avec cet instrument. C’est difficile d’imaginer que la musique basée sur la guitare retrouve un jour l’attrait ou l’importance culturelle qu’ont eus Black Sabbath, Led Zeppelin, Nirvana, etc. »

Il est clair que c’est l’album le moins orienté guitare que tu aies jamais fait – la guitare est soit absente, soit très simpliste, soit très traitée. As-tu l’impression que tu – voire les artistes en général – a atteint un seuil de créativité avec cet instrument ?

Oui, vraiment. Malheureusement, c’est l’un des problèmes : lorsque quelque chose devient aussi fondamental pour la musique, comme la guitare l’a été durant presque toute la seconde moitié du vingtième siècle, arrive un moment où il n’y a tout simplement plus rien à dire avec cet instrument en particulier. Je crois que c’est ce qui est arrivé avec la guitare. Dieu sait que je ne suis pas particulièrement un bon guitariste, donc je le reconnais, mais quand même, quand je saisis une guitare aujourd’hui, il n’y a rien qui me vient que je n’ai pas déjà fait avant ou qu’un million d’autres personnes n’ont pas déjà fait avant avec cet instrument. C’est difficile d’imaginer que la musique basée sur la guitare retrouve un jour l’attrait ou l’importance culturelle qu’ont eus Black Sabbath, Led Zeppelin, Nirvana, etc. C’est très dur d’imaginer que quelqu’un réussira à créer quelque chose avec ce vocabulaire musical qui aura le même impact qu’ont eu ces groupes. En revanche, on peut imaginer que ça puisse se produire avec les sons électroniques et, en effet, ça se produit. Si tu écoutes des artistes tels que Billie Eilish, par exemple, tu as une très jeune artiste qui crée quelque chose de complètement neuf avec une palette de sons électroniques. C’est dur d’imaginer quelqu’un faire ça avec une guitare. C’est un instrument tellement familier, qui a tellement saturé le paysage musical que maintenant, malheureusement, il semble appartenir au passé. J’adore toujours la guitare et les albums de guitare mais en tant qu’outil me permettant de créer quelque chose de nouveau, j’ai l’impression de ne plus rien avoir à dire avec.

The Future Bites représente bien ta prise de distance avec les instruments rock traditionnels. Qu’est-ce que ça te fait, en tant que performeur et interprète, en termes d’énergie et de ressenti, de ne plus avoir les mêmes repères sonores dont tu as eu l’habitude pendant tant d’années ?

C’est simultanément incroyablement excitant et inspirant et un petit peu effrayant parce que je me dis maintenant : « D’accord, comment vais-je jouer cette musique en live sans guitare autour du cou, en jouant principalement avec des sons électroniques, par exemple ? » Cet aspect fait un petit peu peur mais à tous les autres égards, c’est très excitant et inspirant. Je pense qu’une des réalités que j’ai admises par le biais de ce nouvel album est le fait que désormais, nous vivons vraiment dans un monde électronique. Nous ne vivons pas dans le même monde dont la guitare électrique était peut-être la bande-son idéale. Dans les années 1970, 1980, peu importe, la guitare était la bande-son parfaite du monde dans lequel on vivait, et je suis suffisamment vieux pour me souvenir de la vie à ces époques. La guitare n’est pas la bande-son du monde dans lequel on vit aujourd’hui. On vit dans un monde où on est complètement et constamment entouré de sons électroniques. Donc, à cet égard, c’est plutôt excitant de travailler avec cette palette musicale et ce vocabulaire musical qui reflètent le monde qui nous entoure, qui semblent plus frais et plus contemporains. Mais je suis aussi très conscient du fait que j’ai cinquante-trois ans et que les gens peuvent me regarder et dire : « Pourquoi ce vieux type essaye-t-il de faire de la musique électronique contemporaine ? » Or ce n’est vraiment pas le cas. Je veux dire que tu as entendu l’album, j’espère que tu es d’accord quand je dis que ça sonne toujours vraiment comme un album de Steven Wilson. Ça sonne vraiment comme étant issu de mon univers musical, je ne suis pas tout d’un coup en train d’essayer de sonner comme Billie Eilish ou quoi que ce soit de ce genre. A la fois, j’essaye d’une certaine manière de refléter le monde dans lequel je vis en 2020, c’est-à-dire un monde électronique, c’est indéniable.

D’un autre côté, on a vu de plus en plus d’artistes faire machine arrière et faire du rock rétro ou s’inspirer des techniques de création musicales analogiques un peu en réaction à ce monde électronique. Comprends-tu cette tendance ou cette mode et que certaines personnes en aient marre de ce monde électronique ?

Oui, je vois ce que tu veux dire. C’est vrai qu’il y a une qualité organique dans la musique du passé qui est en danger de disparition avec la technologie moderne, mais je dirais qu’il y a une mode envers, en particulier, par exemple, les synthétiseurs analogiques, qui sont de plus en plus utilisés dans la musique électronique pour essayer de contrecarrer ces accusations de son plus froid et synthétique. Par exemple, il y a une chanson dans mon album qui s’appelle « King Ghost », qui est presque entièrement électronique, même ma voix est traitée électroniquement, mais la plupart des synthétiseurs sur ce morceau sont analogiques et ont un côté très chaud et organique. Je pense que c’est de ça que tu parles. Il y a une envie de faire de la musique électronique ayant un aspect plus organique et humain. Je ne suis pas sûr, en revanche, de reconnaître que les gens soient en train de revenir aux guitares, car je ne crois pas que ce soit le cas et si c’est le cas, ils ne percent pas dans le mainstream. Je suis sûr qu’il existe de super groupes à guitare actuellement qui font de la musique intéressante, mais je les soupçonne d’être dans l’underground, car je ne les ai pas entendus. Les groupes à guitare que j’ai entendus sont des groupes comme… C’est quoi ce groupe atroce avec un prénom de fille ? Il y a un affreux groupe rétro avec des gamins et ils essayent de les promouvoir à fond, c’est absolument horrible…

Greta Van Fleet ?

Oh bon sang, c’est atroce ! Je trouve ça affreux ! Désolé si vous les aimez [rires]. Pour moi, ces trucs où ils essayent de revenir aux guitares rétro me montrent à quel point le rock doit être mort si ceci est ce qu’on peut offrir de mieux. Je parle seulement de groupes qui sont actuellement visibles du grand public. Mais je pense que tu as raison, je pense que les gens ont envie d’une manière de faire de la musique électronique qui soit plus organique et humaine, et c’est une des grandes ironies, le fait que certaines musiques électroniques sonnent effectivement très organiques et très humaines. J’aime à croire que « King Ghost », sur mon album, est un morceau qui sonne très émotionnel, très organique, alors que c’est entièrement réalisé avec des instruments électroniques. Et je pense à des choses comme « This Is America » de Childish Gambino, c’est une super chanson ! C’est électronique, mais ça me paraît bien plus vivant, humain et organique que n’importe quel morceau actuel de rock rétro. Ce n’est que mon point de vue personnel, on a le droit de ne pas être d’accord.

« Ces trucs où ils essayent de revenir aux guitares rétro me montrent à quel point le rock doit être mort si ceci est ce qu’on peut offrir de mieux. »

Comment parviens-tu à donner un aspect humain et organique à un son qui est grosso modo produit par une machine ? N’est-ce qu’une question de matériel ?

Non. Il s’agit en partie d’utiliser du matériel analogique mais c’est aussi le fait que c’est mon vocabulaire musical. Je veux dire que je continue d’utiliser des guitares, de la basse et de la batterie. D’ailleurs, « King Ghost » est l’exception dans l’album, c’est la seule chanson entièrement électronique. Le reste de l’album est une combinaison de choses telles que du piano, de la guitare, de la basse, des percussions, de la batterie, des cordes, du chant. Ce que je crois être vrai, en revanche, c’est qu’il y a une sensibilité électronique même dans les chansons qui ne sont pas électroniques, si ça a du sens. Par exemple, il n’y a pas du tout d’électronique sur une chanson comme « Eminent Sleaze ». C’est fait avec des percussions jouées à la main, de la batterie, du Fender Rhodes, du piano, de la guitare. C’est une palette sonore très organique mais il y a quelque chose là-dedans qui lui confère une sensibilité plus électronique, car c’est très funky et très groovy. Quand on parle de musique électronique, parfois je pense qu’on parle de musique qui n’est pas forcément strictement électronique, mais qui a une forme de groove et de répétition, ce qui lui donne cette sensibilité plus électronique.

Tu as travaillé avec David Kosten, qui est plutôt connu pour ses travaux en matière d’eletronica et d’IDM, ce qui, j’imagine, faisait de lui le parfait producteur pour t’aider à concrétiser ta vision pour The Future Bites – il semble d’ailleurs avoir joué un rôle clé sur cet album. Quel a été l’apport de David et comment votre dynamique créative a-t-elle fonctionné ?

Je connais David depuis vingt-cinq ans. Curieusement, nous nous sommes rencontrés dans les années 90 quand nous avons tous les deux débuté en tant que musiciens professionnels faisant de la musique pour des publicités télévisées. Dans les années 90, tout le monde voulait que la musique des publicités à la télévision sonne comme les Chemical Brothers ou Underworld, elles sonnaient très électroniques. Tout le monde voulait que la musique de sa publicité sonne comme The Prodigy. Je faisais donc des pastiches de chanson de The Prodigy, Underworld, etc. et David en faisait de même. Nous nous sommes rencontrés et nous avons découvert que nous étions parfois concurrents pour les mêmes publicités – nous nous disputions des pubs pour Lego, M&M’s, etc. Nous avons donc eu l’occasion de nous connaître et j’étais très impressionné par ce qu’il faisait. J’ai suivi sa carrière au fil des années. J’adore les albums qu’il a réalisés avec des gens tels que Bats For Lashes, Everything Everything, The Flaming Lips et Keane, et ce que j’adorais dans le son de ses albums, c’est qu’ils sonnaient toujours très contemporains mais à la fois, il semblait y avoir une très grande connaissance de l’histoire de la musique. Il y avait donc une musicalité, il y avait des influences issues de toutes sortes de domaines musicaux, mais à la fois, au final, les albums sonnaient toujours très frais et très contemporains.

J’ai bien peur qu’il y ait une chose dont je suis parfois fautif, c’est de m’égarer dans la nostalgie, dans des hommages aux vieilles musiques, et j’en suis conscient. Donc faire équipe avec quelqu’un comme David était un peu ma manière de m’assurer que je ne m’égarais pas dans les hommages ou la nostalgie, car c’est quelque chose que je fais très facilement. J’adore être nostalgique avec la musique, j’aime des tonnes de vieilles musiques, donc je m’enthousiasme très facilement à faire des hommages à ces choses. Or David, c’est un peu le contraire. La plupart du temps, les musiciens, les ingénieurs, les producteurs, presque tous ceux avec qui j’ai travaillé au fil des années, quand ils tombent sur quelque chose qui leur rappelle quelque chose qu’ils aiment déjà – ça peut être un son dans la veine des Beatles, de Kraftwerk ou de Pink Floyd – ils sont tout excités : « C’est génial ! » Mais David, c’est l’inverse, il est là : « Ça me rappelle ça, on laisse tomber. Essayons de trouver quelque chose de différent qui serait plus unique, plus frais et qui sonne plus comme toi plutôt que de sonner comme Kraftwerk, Pink Floyd, les Beatles ou Radiohead. » C’était très rafraîchissant pour moi parce que je suis du genre à vraiment m’enthousiasmer par les choses qui me rappellent ce que j’aime, tandis que lui est très sur la défensive avec ça et dit : « Non, on ne devrait pas faire ça parce que ça sonne comme quelque chose que quelqu’un a déjà fait. » J’aime croire que c’est l’une des raisons pour lesquelles The Future Bites sonne vraiment comme mon album le plus contemporain et le plus frais, parce qu’il m’a empêché d’être nostalgique.

Une des surprises de cet album est qu’Elton John participe à « Personal Shopper » sur laquelle il liste différents articles à la fois chers et inutiles. Comment es-tu parvenu à l’impliquer dans cette chanson ?

J’ai eu cette idée, dès le début de la chanson, c’est-à-dire que je voulais une section au milieu où quelqu’un lirait cette liste de ce qu’on pourrait appeler des articles de consommateurs de pays industrialisés, dont certaines choses que j’adore ; j’ai beaucoup d’affection pour les vinyles, les coffrets d’édition deluxe, etc. Mais je voulais que quelqu’un ayant une voix assez reconnaissable la liste et j’ai pensé à un moment donné que peut-être je pourrais trouver un acteur ou quelqu’un de connu issu du monde des acteurs. Je n’avais pas vraiment d’idée jusqu’à ce que j’aille voir le film sur Elton John, Rocket Man. Il y a une petite légende qui apparaît à la fin de film et ça dit qu’Elton avait désormais réussi à se débarrasser de toutes ses addictions, sauf une et là on voit une photo de lui tenant ses courses. D’emblée, j’ai su : « C’est ce gars ! Elton John est le plus célèbre des consommateurs de la planète, il faut que ça se fasse ! » J’avais la chance de connaître quelqu’un qui a travaillé avec Elton et j’ai dit : « Peux-tu lui faire parvenir la chanson ? Je pense qu’il va l’aimer. » J’ai reçu un coup de téléphone d’Elton le lendemain – curieusement de France, depuis sa résidence à Antibes dans le sud de la France. Je me suis demandé : « Qui pourrait bien m’appeler d’Antibes ? » Ça s’affichait sur mon téléphone : « Antibes. » J’ai répondu au téléphone et il a dit : « C’est Elton John, j’adore ta chanson et j’ai envie de le faire ! » Evidemment, le fait qu’un de mes héros musicaux m’appelle et me dise qu’il a adoré ma chanson et qu’il voulait en faire partie était un moment incroyablement excitant dans ma carrière professionnelle. C’est la version raccourcie de l’histoire, mais il était incroyablement impliqué et nous avons travaillé ensemble sur la liste des articles. Il y avait certaines choses qu’il ne voulait pas citer qui étaient sur ma liste originelle, pour des raisons personnelles, mais il a fait un boulot fantastique ! Je suis très fier de l’avoir dans l’album.

« Comme la plupart des gens, je trouve que faire du shopping est l’une des choses les plus amusantes qu’on puisse faire en tant qu’être humain […], et une autre part de moi se demande si on ne permet pas au monde des gens comme Jeff Bezos et Amazon de nous manipuler d’une manière dont on n’est même pas conscients. C’est fascinant. »

Est-ce qu’il connaissait ta musique avant ?

Il me connaissait. Une chose concernant Elton – beaucoup de gens disent ça à son sujet – est que la nouvelle musique et la découverte de nouveaux artistes le passionnent et l’enthousiasment toujours beaucoup. Il avait donc fait ses devoirs. Il savait qui j’étais. Je ne sais pas, peut-être qu’il est juste allé sur ma page Wikipédia, mais peu importe, il savait clairement quelques trucs à mon sujet. L’idée même qu’il ait pu me remarquer était très flatteuse. Je trouve que c’est l’un des plus grands. L’une des meilleures suites d’albums de tous les temps est la discographie des années 70 d’Elton John. C’est l’une des suites d’albums les plus extraordinairement inspirées qui soient, probablement seulement égalée par David Bowie dans les années 70, dans le sens où chaque album est juste génial et après six mois il y avait un autre album, puis neuf mois un autre album, etc. C’est extraordinaire ! C’est l’un des meilleurs, cela ne fait aucun doute.

Thématiquement, l’album explore la manière dont le cerveau humain a évolué à l’ère d’internet. Penses-tu que ce soit plus une question d’évolution que le fait qu’internet ait révélé, accentué et donné des proportions mondiales à certains comportements et instincts qui étaient déjà là depuis la nuit des temps ?

Oui, c’est une très bonne question. J’ai tendance à croire ça. Je crois que, d’une certaine façon, l’évolution humaine a été légèrement déviée de sa trajectoire à cause de la technologie, des réseaux sociaux et d’internet, qui ont offert une tribune – je ne sais pas si c’est la bonne expression – à certaines des tendances les plus négatives de l’espèce humaine, en particulier celle concernant l’égocentrisme. Quand j’étais gamin, notre opinion au sujet de quelque chose n’était rien de plus que ça, c’était notre opinion, on pouvait la partager avec notre famille, on pouvait la partager avec notre meilleur ami, mais c’était tout. Nous vivons désormais dans un monde où les gens peuvent partager leur opinions, leurs commentaires, leurs pensées, leurs préjugés, leurs haines, leurs amours avec le reste du monde et en voir les effets sous la forme de likes, de commentaires, de vues, etc. Je ne trouve pas que ce soit une évolution particulièrement bonne dans l’histoire de la race humaine. Je trouve que ça puise dans certaines de nos pires tendances à l’égocentrisme et l’égoïsme. L’une des phrases clés de cet album, pour moi, se trouve dans la chanson « Self », où je chante : « L’individu voit un million d’étoiles, mais pourtant il n’a d’estime que pour lui. » C’est l’idée qu’on ne regarde plus vers le cosmos, on regarde seulement nos publications Facebook pour voir qui a liké nos commentaires ou nos publications Instragram et le nombre de likes et de commentaires qu’on a obtenu. Ce genre de petit égocentrisme étriqué, qui est si prédominant dans notre société et notre culture, ne me paraît pas être une évolution particulièrement bonne.

Mais je pense que tu as raison, ça a toujours été là et internet lui a donné un moyen d’expression, il a créé une tribune pour cet égocentrisme, d’une certain façon. L’autre chose concernant internet, pour moi, c’est la quantité de belligérance et d’opinions. Les gens ne font que voir les choses en noir et blanc, se disputant et étant incapables de comprendre le point de vue des autres et de faire des compromis ou d’admettre l’opinion d’autrui. Ça aussi, ça semble être en nette progression. Particulièrement depuis l’ère Trump, ça a vraiment empiré car c’est exactement comme ça qu’il se comportait et se comporte toujours. Ces choses ont été facilitées par les réseaux sociaux et internet, mais d’un autre côté, on ne peut pas blâmer la technologie. La technologie n’est bonne ou mauvaise que suivant la manière dont on choisit de l’utiliser et de collaborer avec elle.

« Personal Shopper » semble être une critique du consumérisme et de l’oniomanie. Quand on y pense, on dirait qu’on est désespérément en train d’essayer de combler un vide avec notre consumérisme compulsif. Quel genre de vide essaye-t-on de combler, à ton avis ?

Tout d’abord, j’aimerais te corriger sur une chose : je ne pense pas que ce soit forcément une critique, parce que d’une certaine façon, je vois ça comme une lettre d’amour au consumérisme. Comme la plupart des gens, j’adore faire du shopping et consommer. Mes collections de disques, de CD, de Blu-Ray et de vêtements sont des preuves que j’adore acheter et que je suis un consommateur très passionné. Comme la plupart des gens, je trouve que faire du shopping est l’une des choses les plus amusantes qu’on puisse faire en tant qu’être humain. C’est à mi-chemin entre la lettre d’amour au consumérisme et une observation comme quoi il y a un aspect plus insidieux dans le consumérisme, particulièrement dans le monde d’internet et du e-commerce et avec la manière dont on est constamment manipulé pour acheter des choses dont on n’a pas forcément le besoin.

« Il est parfois important de faire passer le message avec de l’humour, sans être tout le temps très sérieux et impassible, et avoir l’air d’un vieux type qui aboie à la lune, or c’est un piège dans lequel je pourrais facilement tomber. »

Toute l’idée de « Personal Shopper » est originellement venue quand j’ai rencontré un gars dont le boulot était d’analyser pourquoi les gens mettaient des choses dans leur panier d’achat sur Amazon mais sans acheter. Initialement, je me suis dit : « C’est vraiment un boulot étrange. » Puis, plus tard, je me suis dit que c’était parfaitement logique que ce soit un job parce que c’est quelque chose qui coûte à des plateformes comme Amazon des milliards de dollars. Du coup, ils commencent à utiliser ces données, ils les récoltent et les analysent et commencent à les utiliser contre nous. Ils commencent à nous envoyer des réductions, des offres spéciales, des rappels et d’autres incitations à acheter ces choses. De toute évidence, ça fonctionne pour eux parce qu’autrement, ils ne le feraient pas. Il y a cet aspect plus insidieux dans le consumérisme mondial, particulièrement dans le e-commerce. On achète des choses pour plein de raisons. Au milieu de cette chanson, on entend aussi l’autre Elton parler de certaines de ces choses : confiance en soi, autosatisfaction, égocentrisme, art de se faire plaisir, et toutes les raisons pour lesquelles on pourrait acheter des choses dont on n’a pas besoin. Une part de moi trouve que c’est très amusant et que ça fait partie de l’être humain, et une autre part de moi se demande si on ne permet pas au monde des gens comme Jeff Bezos et Amazon de nous manipuler d’une manière dont on n’est même pas conscients. C’est fascinant.

N’est-ce pas une nouvelle forme de religion qui nous donne quelque chose en lequel croire ?

Absolument. Je le crois totalement. Une chose concernant la religion est que l’on vit aujourd’hui dans un monde dans lequel il y a plus de théories conspirationnistes que jamais auparavant. Toute l’administration Trump a créé ce climat où les théories conspirationnistes, ou la capacité de croire quelque chose qui n’a aucune logique, sont désormais très répandues. Pour moi, l’emblème ou l’exemple ultime de croyance en quelque chose qui n’a aucune logique, c’est la religion. Cette idée existe depuis des siècles, si ce n’est des millénaires. La capacité que l’on a de tenir pour vraie une idée qui n’a pas de logique, qui n’a pas de sens, et qui peut être réfutée par la science ou d’autres moyens, ou dont la fausseté peut être démontrée, est extraordinaire. Je trouve ça extraordinaire que l’être humain ait la capacité de faire ça, et pourtant on le fait constamment. Trump est très bon pour pousser les gens à faire ça. Bien sûr, tout ceci puise également dans le consumérisme mondial. C’est fascinant. Ça me frustre beaucoup quand je vois certains trucs en ligne ; les gens croient des choses, ils adhèrent aux complots. Toutes les théories du complot qu’on voit aujourd’hui concernant le Covid-19 – comme quoi ça a été créé pas des gens pour faire ci et ça, comme quoi ça a été délibérément créé dans un laboratoire scientifique pour faire ci et ça – ce ne sont que des absurdités, mais les gens y croient. C’est extraordinaire que l’être humain ait la capacité de croire des choses qui sont manifestement fausses ou dont on peut clairement prouver qu’elles sont fausses.

Dans la chanson, il y a cette phrase : « Achète le coffret et le genre de trucs que tu as déjà acheté des millions de fois… » Même si tu as fait exprès de mettre dans ta boutique en ligne de faux articles épuisés pour illustrer ça, tu as mis en vente un coffret deluxe de l’album, divers lots, des versions vinyles en noir et en rouge, etc. et je ne parle pas des rééditions d’albums anciens comme celle d’In Absentia récemment. J’allais te faire remarquer à quel point c’était ironique mais maintenant que tu dis que c’est aussi une lettre d’amour, c’est parfaitement logique…

J’adore ça ! Même en mettant de côté le fait que je suis un musicien professionnel, j’achète constamment ces trucs. J’achète des rééditions, j’achète des coffrets, j’achète des rééditions vinyle cent-quatre-vingts grammes. J’adore ça absolument, c’est amusant ! C’est comme tout, il y a de bonnes et de mauvaises manières de le faire, et il y a des manières cyniques de le faire. Il y a plein de coffrets en édition spéciale qui sortent de nos jours, qui coûtent cher et qui n’offrent pas grand-chose en termes d’expérience d’écoute améliorée. Mais par exemple, j’ai travaillé très dur sur le coffret d’In Absentia, il y a un disque complet avec d’autres musiques, il y a un autre disque complet avec mes démos et elles sont de très bonne qualité. Il y a un documentaire de deux heures et un joli livre… Je crois que c’est la bonne manière de faire un coffret deluxe et de proposer quelque chose que les gens aimeront vraiment et voudront écouter plus d’une fois. Mais il y a un tas de coffrets sur le marché qui sont très cyniquement remplis de vent, de choses que personne ne voudra vraiment écouter plus d’une fois : des démos, de mauvais bootlegs, différents mixes – la seule différence dans le mix est que le charleston est légèrement plus fort ou que le chanteur fait une erreur sur le troisième couplet. L’idée est qu’il y aura toujours quelqu’un qui voudra acheter ça parce qu’il y aura toujours quelqu’un dont c’est l’album préféré. Il y a donc un certain cynisme, je pense, dans la manière dont certains de ces coffrets sont réalisés, mais la notion même de coffret, j’adore ça. Comme tu le dis, je suis impliqué dans un grand nombre de ces programmes de rééditions, à faire des mixes en 5.1 et autre, et je m’éclate à le faire. J’essaye de faire des choses que, je pense, les fans de ces albums apprécieront beaucoup.

Quelles ont été les réactions des gens aux faux articles épuisés dans ta boutique en ligne ? Y en a-t-il qui ont été contrariés d’avoir « manqué » ces articles ?

Pour être honnête, je ne sais pas parce que je ne lis rien. Je ne lis pas les commentaires sur internet. Je suis sûr qu’il y en avait. La chose dont on peut être certain dans le monde des réseaux sociaux au vingt et unième siècle est que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, peu importe à quel point on essaye de mettre en évidence qu’on fait une plaisanterie ou qu’on est ironique, quelqu’un sera contrarié. Peu importe ce qu’on fait, ou ce qu’on dit, ou comment on le présente, quelqu’un sera contrarié. Donc je suis sûr qu’il y a eu des gens qui ont été affreusement contrariés par les faux articles parce qu’ils n’ont pas pu les avoir, qui n’ont pas compris qu’ils n’existaient pas, qui ont eu l’impression d’avoir été manipulés, qui ont eu l’impression qu’on se moquait d’eux… Mais je suis dans une situation aujourd’hui où tout ce que je fais contrarie certains de mes fans, je prends presque ça comme une distinction ; quand je contrarie quelqu’un avec une idée ou une nouvelle chanson, c’est que je dois faire ce qu’il faut, car les gens sont facilement contrariés. La réponse courte à ta question est que je ne sais pas parce que je ne suis pas les commentaires et ce genre de chose mais je suis sûr que certaines personnes ont été contrariées par ça. Pour moi, c’était juste drôle – c’était censé l’être. Si vous ne saisissez pas la blague, qu’est-ce que je peux dire ?

« Le désaccord fondamental que j’ai avec une large partie de mes fans – pas tous mes fans, nombre d’entre eux sont aussi très ouverts d’esprit – [est qu’]ils veulent juste plus de la même chose et que ça rentre bien comme il faut dans la même catégorie générique qu’ils apprécient, et je n’ai jamais compris ça. »

Le même type de remarque pourrait être fait concernant la chanson « Self » que tu as évoquée et qui parle de l’égocentrisme qu’on voit aujourd’hui. Pourtant, ceci est ton second album d’affilée avec une photo de toi sur la pochette…

Ce n’est pas moi sur la pochette, c’est une femme mannequin qui s’appelle Daisy et qui a été stylisée et arrangée par ordinateur pour me ressembler. Je ne suis donc pas sur la pochette mais le fait que tu aies pensé que c’était moi, c’est un peu la blague pour étayer ce dont on a parlé, l’idée de l’image de soi et de l’identité propre, concernant les réseaux sociaux, les théories du complet, les fake news… Est-on vraiment en train de regarder ce qu’on croit regarder ? Obtient-on vraiment de quelque chose ce qu’on est censé obtenir ? L’idée de l’illustration était encore une fois d’utiliser ça. On vit dans un monde de filtres Instagram et de gens qui manipulent leur image et leur look pour mieux ressembler à ce qu’ils veulent être ou à la manière dont ils veulent apparaître aux yeux du monde extérieur. Donc la pochette de The Future Bites est une photo de moi mais ce n’est pas moi, c’est une mannequin qui a été stylisée pour me ressembler. Elle a l’air bien plus jolie que je ne pourrais jamais l’être [petits rires]. C’est une autre plaisanterie que, j’en suis sûr, certaines personnes trouveront offensante mais pour moi, ça fait encore une fois partie de toute cette notion d’identité et de consumérisme, sans forcément comprendre qu’on nous manipule. Je suis un peu flatté, je suis content que tu aies pensé que c’était moi parce que ça faisait partie de l’arnaque, d’une certaine façon.

Tu as déclaré : « The Future Bites, ce n’est pas que la musique, c’est un grand projet conceptuel qui implique le design, l’illustration, les vidéos et une production de tournée, tout à une échelle plus grande que toutes [tes] tentatives précédentes. » Du coup, plus généralement, peux-tu nous parler de tes ambitions à cet égard ?

Je pense que l’idée était de parodier ce monde de high-concepts et d’articles pour consommateurs élitistes. Les ventes physiques de musique semblent de plus en plus aller vers ces coffrets d’édition deluxe et l’idée que l’on puisse posséder quelque chose de limité. On a parlé des éditions vinyle rouge… Je sais que Paul McCartney a dix-sept versions de son nouvel album et qu’il y a quatre versions différentes du CD et chaque version possède un titre démo bonus exclusif. Donc si tu es collectionneur des musiques de McCartney, t’es obligé d’acheter son album en quatre exemplaires. On se dirige semble-t-il de plus en plus vers ce genre de monde avec les produits physiques. Je trouvais que c’était intéressant de presque parodier ce monde avec les visuels et de rappeler aux gens, par le biais du titre et de la présentation, qu’ils sont engagés dans un acte de consommation, un acte d’échange financier, et de jouer avec ça et l’utiliser comme point de départ pour développer une imagerie espiègle. Je n’ai pas envie de trop en dire, même si on en a déjà un petit peu parlé concernant l’image sur la pochette qui est trompeuse, nous vendant quelque chose qu’on ne pensait pas être en train d’acheter. Mais il y a aussi des choses dans l’édition deluxe : des analyses de ventes, de faux produits, ainsi qu’un livret de conditions d’utilisation sur lequel j’ai beaucoup travaillé et dont je suis très fier. Je parodie donc un peu tout cet univers du consumérisme et du consumérisme high-concept. Je trouve ça amusant à faire au vingt et unième siècle où on est tous très impliqués dans le monde du commerce.

The Future Bite a été créé dans un monde très différent de celui dans lequel il va sortir – avec le coronavirus, Donald Trump qui a perdu la présidentielle, etc. N’as-tu pas eu peur que l’album perde de sa pertinence ou, au contraire, penses-tu qu’après avoir vu les gens se ruer dans les supermarchés pour acheter du papier toilette ou l’augmentation des ventes sur les plateformes internet comme Amazon, il est d’autant plus pertinent ?

C’est un sujet très intéressant. Je ne suis pas sûr. Quand l’album a été écrit et repoussé de juin à janvier, je pense qu’aucun de nous, la maison de disques, le management ou moi-même, n’avait imaginé que ça poserait encore problème si longtemps après. On se retrouve dans un monde où la pandémie est toujours aussi problématique qu’avant. On pourrait soutenir que le fait de repousser l’album était inutile, mais à la fois, en juin, je soupçonne que certaines personnes auraient trouvé cet album un peu plus offensant parce que c’était encore très sensible. L’idée du confinement était encore très fraîche dans l’esprit des gens, les nerfs étaient à vif, et je pense que les gens avaient très peur. Maintenant, je pense qu’ils se sont presque habitués à l’idée du confinement, certains sont même un peu blasés. C’est presque devenu une nouvelle normalité. Peut-être qu’en sortant l’album maintenant, à cette période, les gens verront mieux son côté drôle, avec des chansons comme « Self » et « Personal Shopper », alors qu’en juin, je pense qu’ils seraient peut-être passés à côté, ça aurait peut-être été plus perçu comme étant blessant. Mais je ne fais que spéculer, je n’en suis pas du tout sûr. Je ne sais même pas exactement comment l’album sera reçu maintenant, l’avenir nous le dira.

Penses-tu que le fait de mettre un peu d’humour et d’espièglerie dans cet album aide le message à mieux passer ?

Je pense, oui. Il y a une phrase dans « 12 Things I Forgot » qui dit : « Je suis assis dans un coin à me plaindre, faisant croire que c’était mieux dans les années 80 » et je n’ai pas envie d’être ce mec. Je n’ai pas envie d’être un vieux type qui se plaint que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. J’aime l’idée d’inclure un peu d’humour noir dans la musique. D’ailleurs, nous sortons le clip de « Personal Shopper » pour le Black Friday, ironiquement, et plutôt intentionnellement devrais-je dire. C’est une vidéo humoristique assez noire comme vous pourrez le voir. Je pense qu’il est parfois important de faire passer le message avec de l’humour, sans être tout le temps très sérieux et impassible, et avoir l’air d’un vieux type qui aboie à la lune, or c’est un piège dans lequel je pourrais facilement tomber. Mais je suis un petit peu plus optimiste concernant l’avenir maintenant, surtout si on compare à il y a deux ans quand j’ai écrit l’album. Nous étions en pleine administration Trump, je voyais le monde de manière très négative. Je suis un peu plus positif désormais sur ce qui se passe en Amérique et maintenant que la vaccination se profile enfin à l’horizon ; je suis prudemment optimiste. Quand les gens me rencontrent, ils sont toujours surpris de découvrir que je suis quelqu’un de plutôt joyeux. Je ne suis pas cette personne morose et déprimée qu’ils ont probablement imaginée en écoutant ma musique. Je pense que cet album le démontre un peu plus avec certains de ses traits d’humour.

« C’est presque comme si certains fans adoraient détester tout ce que je fais [rires]. Peu importe ce que je fais, ils le détesteront, mais ils l’achèteront quand même, ils continueront à me suivre et ils reviendront quand même pour le prochain album ! »

Dans une interview passée, quelques mois après la sortie de To The Bone, tu nous avais dit que tu avais « vraiment hâte de contrarier les gens avec [la chanson ‘Permanating’]. [Tu] savais que ça allait énerver certaines personnes [et] que cette chanson créerait une controverse auprès de [t]es fans ». As-tu ressenti la même chose maintenant avec The Future Bites ? Car à en juger les commentaires sur tes réseaux sociaux, il n’est même pas encore sorti qu’il est déjà en train de contrarier les gens !

Je dois être honnête, je suis légèrement surpris. Je savais que « Permanating » allait contrarier les gens parce que c’était un morceau de pop joyeux et feel-good, presque comme du ABBA ou quelque chose comme ça. Les chansons que j’ai sorties sur cet album sont en revanche assez sombres, conceptuelles et épiques. Voilà pourquoi je suis légèrement surpris par les polémiques qu’elles ont générées. A bien des égards, « King Ghost » a l’air de découler de sonorités et d’une émotion très typiquement Steven Wilson, mais la différence, je suppose, est le fait que c’est plus électronique. Encore une fois, « Personal Shopper » est épique, elle fait dix minutes, elle est de grande envergure, elle est conceptuelle. La thématique est assez sombre. C’est ambitieux. C’est pareil avec une chanson comme « 12 Things I Forgot », c’est un morceau qui sonne très classiquement comme du Steven Wilson. Quelqu’un a dit plus tôt qu’il aurait pu être dans Stupid Dream, et je pense qu’il a absolument raison ; il aurait pu aussi être sur l’un des premiers albums de Blackfield. Je suis légèrement surpris d’une manière que je n’étais pas avec « Permanating ». Je savais que « Permanating » allait faire polémique. Je suis surpris que les chansons de cet album qui ont à ce jour été révélées aient fait autant polémique, si ce n’est plus. Je ne le comprends pas encore. Peut-être que quand les gens entendront tout l’album, ils auront le déclic et ça fera plus sens pour eux, car l’album me semble quand même avoir un côté très épique et conceptuel. Il est assez intense. Peut-être que les gens finiront par comprendre. Ou peut-être que je ne réfléchis pas de manière assez simple, c’est-à-dire qu’il y a des gens qui veulent juste que je fasse du rock progressif à l’ancienne. Peut-être que c’est aussi simple que ça et que ce sont ces gens qui sont contrariés. Pour répondre à ta question, je ne m’y attendais pas cette fois, en tout cas pas au niveau auquel « Permanating » a fait polémique.

Je sais que pour toi, un artiste doit faire ça pour lui-même et pas pour son public, qu’il doit défier les attentes de son public au risque d’en perdre une partie. D’un autre côté, tu dois gagner ta vie et avec la réduction de leur capacité de concentration, les gens s’attendent encore plus à la même chose à chaque fois. Comment gères-tu ce paradoxe ?

Je le gère aujourd’hui, je le gère au quotidien. J’ai simplement le sentiment de devoir avant tout m’enorgueillir de ce que je fais et je dois être fier de la musique. Si je fais quelque chose en lequel je ne crois pas moi-même, je me sens très mal. Je suppose que l’autre réponse à ta question est que je retourne toujours vers les gens qui m’ont inspiré, des artistes qui se sont constamment réinventés et n’ont jamais vraiment fait deux fois la même œuvre : David Bowie, Stanley Kubrick – un cinéaste qui n’a jamais fait deux fois le même film dans un même genre –, Kate Bush, Frank Zappa, Prince… Même si je dirais que c’est bien plus dur pour moi que ça l’était pour eux. Je vis dans un monde de retours et d’opinions instantanés et de réseaux sociaux, alors que ce n’était pas leur cas, ils n’opéraient pas dans ce monde. C’est donc plus dur pour moi d’ignorer ce qui se passe, mais ça ne m’empêche pas de m’inspirer de ces gens. Ce sont les grands artistes de notre temps et je ne suis pas en train de suggérer que je suis dans la même division que ces artistes, mais à ma façon, j’aimerais bâtir un monde à moi, où les gens reconnaissent immédiatement que ce que j’ai fait était unique, que la manière dont j’ai mené ma carrière était unique et originale et n’était pas liée à l’idée d’être générique ou de plaire à ma communauté de fans. Un jour, j’ai envie de mourir sachant que j’ai accompli ça et que je suis resté fidèle à mes principes à cet égard car je crois que c’est ce qu’un grand artiste ou un bon artiste devrait faire.

Nous avons eu une discussion avec Greg Puciato dernièrement, il a dit qu’« il faut arrêter avec ces histoires de genres parce qu’on fait ça seulement avec la musique, on ne le fait pas avec les films » et comme exemple, il a dit qu’« Alfred Hitchcock, Quentin Tarantino et Stanley Kubrick, c’est eux qui sont importants et ces gens existent tous sans rentrer dans un genre ». Je suis sûr que tu es d’accord avec sa vision, mais pourquoi les gens sont-ils aussi attachés aux genres en musique quand ils ne le sont pas dans d’autres formes d’art ?

Je ne sais pas ! J’aurais aimé le savoir et j’aurais aimé que ce ne soit pas comme ça. Ça m’a frustré durant toute ma carrière parce que j’ai grandi en écoutant de la musique avec une curiosité qui ne se raccrochait à aucun concept de genre. J’écoutais de la musique classique avant-gardiste, j’écoutais de la pop, j’écoutais du metal extrême, j’écoutais du rock progressif, du jazz, du ska, et je ne comprenais pas pourquoi tous les autres gamins à l’école n’écoutaient que The Jam ou Gary Numan ou Iron Maiden. Je ne le comprenais pas et je ne le comprends toujours pas. C’est le conflit que j’ai constamment avec mes fans. C’est fondamental et c’est le désaccord fondamental que j’ai avec une large partie de mes fans – pas tous mes fans, nombre d’entre eux sont aussi très ouverts d’esprit. Ils veulent juste plus de la même chose et que ça rentre bien comme il faut dans la même catégorie générique qu’ils apprécient, et je n’ai jamais compris ça. Mais tu as raison et Greg Puciato a raison, c’est vrai que la musique s’accroche à cette idée de genre. J’aurais vraiment aimé que ce ne soit pas le cas. C’est ce qui est magnifique avec quelqu’un comme Stanley Kubrick, et je pense qu’on retrouve aussi ça chez Christopher Nolan actuellement. Ces gars sont capables de passer d’un film de science-fiction à un film de guerre, à un drame historique, à un film d’horreur, et les gens les suivent et applaudissent la trajectoire de leur carrière. Alors que si tu fais ça en tant que musicien, les gens sont terriblement contrariés. La réponse à ta question est que je ne le comprends pas.

As-tu parfois l’impression d’avoir bâti une relation sadomasochiste avec tes fans ou, en tout cas, une partie d’entre eux ?

C’est une très bonne manière de le dire. C’est presque comme si certains fans adoraient détester tout ce que je fais [rires]. Peu importe ce que je fais, ils le détesteront, mais ils l’achèteront quand même, ils continueront à me suivre et ils reviendront quand même pour le prochain album ! Il y a donc ce côté un peu sadomasochiste chez ces fans, je suppose. Je ne veux pas non plus exagérer parce que je pense que la plupart de mes fans s’attendent désormais à ce que j’évolue, ils s’attendent à ce que je change, ils me suivent vraiment et sont très positifs par rapport à ce que je fais. Le problème est que, souvent, sur internet, les voix négatives sont celles qui font le plus de bruit. Ce sont toujours les gens qui crient le plus fort parce qu’ils ont quelque chose qui les contrarie. Mais c’est très facile de commencer à croire qu’ils représentent la majorité, alors que ce n’est vraiment pas le cas, donc j’en ai aussi conscience et je me le rappelle tout le temps. La plupart des fans me soutiennent, sont investis, intéressés et me suivent dans cette voie. C’est ce qui est important.

Interview réalisée par téléphone les 25 novembre 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Andrew Hobbs (1, 3, 7), Lasse Hoile (2, 4, 8) & Miles Skarin (6).

Site officiel de Steven Wilson : stevenwilsonhq.com

Acheter l’album The Future Bites.



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  • Excellent album,
    Tout simplement.

    [Reply]

  • Excellente interview !!!!!! Tout simplement !!

    [Reply]

  • La musique de Steven m a peu séduit dans l’ ensemble malgré mon age proche de lui, mais c est sûrement question de gout..
    Par contre son opinion de croire que le rock ou la guitare disparait est une erreur d d’interprétation et un parti pris pour un genre qui résiste depuis 70 ans et un instrument bien plus ancien et integré dans tant de formes musicales:c est comme si j estimais que la musique classique aurait du disparaitre depuis au moins 2 siècles et que le violon devrait être brulé sans espoir d intérêt pour ses mélomanes:je trouve d’ailleurs une similitude entre le violon et la guitare électrique pour apporter l émotion que ces instruments transmettent suivant les styles du jeu du musicien..la musique électronique est bien entendu à la mode même si on l’ avait utilisé dans les années 70.. mais ne remplacera pas une musique venant du coeur avec des sons plus « humains  » créé par l artiste et le jeu de scene qui va avec..en opposition au numérique robotisé de la nouvelle ère

    [Reply]

    Pat du 12

    J’apprends ce jour chez vos confrères de la presse métal que Wilson s’est excusé auprès du fils d’Eddie VH pour avoir »dénigré » ou du moins minimisé l’impact d’Eddie sur le monde de la guitare électrique en particulier et celui de la musique en général…dont acte !
    Je pense également que derrière un instrument de musique il y a un musicien avec sa technique mais aussi son feeling et son humanité et c’est précisément cette mixité d’âmes qui accouche d’un cocktail musical unique qu’aucun ordinateur au monde n’arrivera à créer ni à reproduire… tout ça pour conclure que S Wilson n’est pas très intéressant..

  • Je partage l’idée de Steven concernant le parallèle avec certains réalisateur de cinéma qui excellent dans plusieurs styles.
    Pourquoi ça ne fonctionne pas dans la musique?

    Au delà du talent de l’artiste, je pense que la réussite de ces projet dépend aussi des genre avec qui il s’entoure. Ce sont eux aussi qui apportent des idées nouvelles, de la maitrise, du recul à une personne qui ne peut pas tout savoir sur tout.

    Prince est une des rares exception de musicien qui excelle sur beaucoup d’instruments, dans la composition, la production, l’interprétation, le sens du show… Mais des gars comme ça, ça se compte sur les doigts d’une main. Aussi, il est resté « cantonné » au funk.

    Dans un autre style plus proche, la carrière solo de Mike Portnoy est assez exemplaire. Je ne suis pas mega-fan de son jeu, ni de tout ses groupes, mais il sait mener un projet et bien s’entourer pour que ça fonctionne.
    Bien sur, lui ne s’est jamais trop éloigné de son spectre métal/rock/prog. Il ne s’expose pas trop aux foudres des gardiens du métal.

    Tu sens qu’un bon paquet public a des limites, et que les exploration de Wilson dans l’électro choque.
    Pour ma part, il n’y a pas de surprise si tu regardes la carrière du gars. C’est presque un retour aux sources.
    Après, est-ce que c’est bon ou pas, à chacun d’en décider.

    J’applaudis ce musicien, sa capacité à changer de direction, faire ce qu’il veut, exprimer qui il est.
    John Coltrane, repris par Christian Vander, disait que la musique est multi directionnelle.
    à creuser…

    [Reply]

  • @thorpedo
    C’est pour ça que j’ai précisé » pour moi » ça n’est que le modeste avis d’un ancien guitariste de hard rock amateur qui se marre bien de lire autant de lieux communs et de contre-vérités dans une interview…et pour Eddie, je persiste et signe !!

    [Reply]

  • Désolation dit :

    Steven Wilson un un petit bourgeois bien né qui n’a cessé de faire ce que les autres ont déjà fait (pink floyd, king krimson ,tool , pearl jam hahaha…), il suis les modes , donne son avis sur tout et on s’en fout et colle son nom à des albums mythiques en les remasterisant …je vomis ce mégalo pseudo intello !!!
    et quel poseur !!!
    no fun no core no mosh no trends !!!!

    [Reply]

    Thorpedo

    Même si je suis fan de l’artiste sur sa période Porcupine Tree et début de carrière solo… je dois bien dire que ce n’est pas faux au niveau de la description de sa musique.
    Ses influences se sont toujours clairement entendues.
    Que ce soit les Floyd, les Crimson, ou aujourd’hui Peter Gabriel et Bowie, ça s’entend très clairement.
    Sauf qu’il fait souvent cela de fort belle manière surtout dans sa période prog. En pop, il n’est pas aussi doué que ça.
    Quant à la qualité de ton jugement concernant le bonhomme, « mouais, bof » sera ma réaction!

    Stéphane

    Un fan de Greta Van Fleet? 🤣

  • Un musicien qui pense que la guitare n’a plus d’avenir et que le salut viendra des sons électroniques n’est pas un vrai musicien pour moi ! En plus,il n’aimait pas Eddie VH,il a donc des circonstances aggravantes !
    Le monde du métal et de la musique se souviendra à jamais d’Eddie,qui se souviendra de Steven Wilson ?

    [Reply]

    Je ne pensais pas lire un jour que quelqu’un s’interrogerait sur le fait de savoir si SV est un vrai musicien tiens ! 😉

    Dans la mesure où Porcupine Tree est plus vieux que moi, limite il y a *déjà* des gens qui se « souviennent de lui ». ^^ Il y a qu’à voir la disparité d’âge à ses concerts.
    Après, oui, je suis de moins en moins fan de sa manière de s’exprimer sur certains trucs. Et de ce qu’il fait. Mais il n’a plus grand chose à prouver.

    Thorpedo

    Il a le droit de penser ce qu’il veut l’ami Steven Wilson – et je crois bien qu’il est en train de laisser une trace importante dans la musique lui aussi.
    De toute façon, cela n’a aucune espèce d’importance!
    Tu juges les deux musiciens en vertu de leur popularité.
    Ce n’est pas très « metal » si tu veux mon avis.

    Selon ce même critère, le monde de la musique se souviendra à jamais de Justin Bieber, qui se souviendra d’Eddie?
    Pour « x », la musique de Justine Bieber est plus importante, pour « y », ce sera plutôt celle de Steven Wilson, pour « Pat du 12 » celle d’EVH.
    Perso, je suis plutôt un « y » même si je n’aime pas trop ce qu’il fait maintenant.
    Je n’ai jamais aimé la musique de Van Halen même si j’ai bien conscience qu’EVH était une légende de notre univers et que ce fut une très grosse perte.

    Concernant la nouvelle direction prise par Steven Wilson, pas que ce soit mauvais, hein, juste pas à mon goût.
    Selon moi, il n’arrive pas au niveau des meilleurs artistes pop qu’il cherche absolument à imiter.
    Ce qu’il fait n’est pas révolutionnaire – et c’est là que je me sens de le reprendre sur cette déclaration que tu cites à moitié.
    Pour quelqu’un qui pense que la guitare est morte et qu’il n’y a que dans la pop/electro-pop que l’on peut encore faire du neuf, je trouve qu’il ne fait que reprendre certaines choses déjà faites par des Bowie, Gabriel, etc.

    Steven Wilson, que j’adore, a toujours été un excellent musicien mais il n’arrive pas dans la pop à atteindre le niveau qu’il avait dans le prog (où l’on sentait aussi les influences pop notamment chez Porcupine Tree).
    Dans le prog, il avait réussi à se hisser au niveau des plus grands, pas dans la pop. En tout cas, pas encore.

  • Je ne peux que saluer la démarche et son honnêteté, il n’y a aucun intérêt à sortir un album de rock progressif s’il n’y croit pas.

    Malheureusement, je n’accroche pas du tout à l’album, ce qui n’est que mon ressenti personnel, mais je regrette sincèrement de voir l’égo de Steven Wilson gonfler à ce point…

    Citation : « Ces trucs où ils essayent de revenir aux guitares rétro me montrent à quel point le rock doit être mort si ceci est ce qu’on peut offrir de mieux ».

    C’est à la fois vrai et faux, car nombreux sont les groupes innovants en matière de rock progressif ou de metal, qui sont à des années lumières des délires de guitar hero (qui a dit the Pineapple Thief ?).

    A l’inverse Steven Wilson essaie dans son nouvel album de faire revivre l’ambiance des années 80. Je trouve par exemple que personnal shopper, surtout son refrain, fait caricature de musique disco…

    Steven Wilson n’a sur son nouvel album pas véritablement mieux à proposer que ce qu’il critique. Des groupes comme Lethe ou Puscifer sont bien plus intéressants en matière de rock/electro.

    bref, il gagnerait à rester modeste…

    [Reply]

    gedeon67

    Je plussoie complètement…j’ajouterais aussi les albums de R.Barbieri ( au hasard )par exemple bien plus créatif avec ses claviers que le père Wilson…dont le disque tend dangereusement vers une « pisserie » électronique totalement diluée et sans intérêt…Wilson touche là ses limites, il se fait plaisir ok mais il a tort de croire qu’un musicien peut être génial dans tous les genres…je luis pardonne car il a déja sorti quantité d’albums remarquables seul ou en groupe.

    Ütnir

    Je ne connais pas R.Barbieri alors merci pour cette référence, je vais jeter une oreille 😉

  • J’adore Steven, mais franchement feindre de croire que Trump a accentué quoi que ce soit et le désigner comme un des grands coupables de tout ce qu’il dénonce est d’un ridicule achevé.

    Trump est une conséquence, pas une cause.

    [Reply]

    Dypso

    Je dirais même que c’est le symptôme 🙂

    Simon

    Nier l’influence du Président de la première puissance mondiale est aussi absurde.
    Il y a une infinité de nuances entre tout mettre sur le dos de Trump (ce que SW n’a pas sous-entendu) et le blanchir de toute contribution à la paranoïa complotiste. SW cite Trump parce que c’est l’exemple le plus évident. Il critique aussi Bezos qui est opposé à Trump. Le monde n’est pas noir et blanc.

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