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Chronique Focus   

Steven Wilson – The Future Bites


Comment continuer à s’exprimer musicalement en fuyant la redite ? C’est littéralement l’obsession de Steven Wilson. C’est aussi ce qui déstabilise ses auditeurs, parfois peu enclins à délaisser les terres du rock progressif comme l’a fait l’ex-frontman de Porcupine Tree. To The Bone (2017) était l’occasion pour le sieur Wilson de témoigner de son affection jamais cachée pour la musique pop, parfois audacieusement avec le dansant « Permanating » aux antipodes de l’univers plus sombre de Porcupine Tree et de ses premières œuvres sous son propre nom. C’est bien simple : le metal ou le rock ne conviennent plus à l’artiste. D’où ce désintérêt pour la guitare en tant qu’instrument fondamental de l’architecture musicale. Il faut puiser du côté de la musique électronique, de ce goût pour le groove, le funk… To The Bone se perçoit ainsi comme une transition nécessaire pour Steven Wilson, le gain de confiance crucial pour assumer ces affects et embrasser pleinement une pop électro expérimentale via The Future Bites.

D’une certaine manière, c’est comme si Steven Wilson en revenait à ses premières heures de musicien passées à explorer des sonorités synthétiques et dessiner des atmosphères psychédéliques. The Future Bites est tout d’abord un exercice de programmation, œuvre de David Kosten qui est venu prêter main-forte à Steven Wilson. La guitare est presque absente de l’opus, quand on la décèle elle est élémentaire ou trafiquée, à l’instar des accords d’introduction de « 12 Things I Forgot » – une chanson enjouée et légère en apparence, dans la lignée d’un Blackfield, mêlant ces instruments acoustiques, ce Fender Rhodes, ces claviers avec la batterie de Michael Spearman simulant une boîte à rythmes. The Future Bites laisse apprécier la plupart de ses chansons avec la facilité propre à la pop, les accroches mélodiques et la simplicité du groove étant au cœur du propos. Le joueur « Personal Shopper » renvoie justement aux influences disco de « Permanating », en plus ambitieux et psychédélique. Le rock enfantin de « Follower » emprunte quant à lui une rythmique et des mélodies de clavier sautillantes pour nous entraîner à accompagner le frontman entre quelques sonorités et un solo de guitare plus expérimentaux. Indéniablement, The Future Bites est l’album qui démontre de manière éclatante où en est le songwriting de Steven Wilson après une évolution aussi subtile que réussie et assumée.

Ce qui reste de The Future Bites est surtout la leçon qu’il nous apprend. La musique pop est immense, une étendue qui nous fait encore douter des intérêts de classer les genres. The Future Bites est parfois très simple à écouter. Pas à approfondir. Le recours convenu aux grooves et arrangements funk – « Eminent Sleaze » en tête, avec cette basse ronde aux notes parfois tirées –, aux chœurs et aux refrains haut perchés n’occulte pas la richesse des articulations. « Personal Shopper », approchant les dix minutes, se veut l’avatar de cette pop progressive intéressée par une profondeur conceptuelle. L’énumération consumériste d’Elton John – sur une ambiance planante qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’époque des « Voyage 34 » et « The Sky Moves Sideways » – en dit long sur le sens de l’humour de Steven Wilson. L’électro minimaliste de « King Ghost » rappelle par moments l’atmosphère lugubre d’« Index » sur Grace For Drowning (2011). « Court Of Unease » est quant à lui une progression éthérée, un enchevêtrement de sonorités aériennes qui font écho au goût de Steven pour ces envolées délicates, à l’image d’un « Gravity Eyelids » d’In Absentia (2002).

La prouesse est ici : The Future Bites ne dénote en rien avec l’œuvre intégrale de Steven Wilson. Ses atours électro et pop sont secondaires, ils témoignent simplement du vocabulaire que veut employer son auteur, las d’utiliser les mêmes arguments. En réalité, The Future Bites est une extension de son univers musical qui est resté fondamentalement le même. Dès lors qu’on y réfléchit, Steven Wilson n’a jamais prétendu appartenir à un quelconque courant ou registre. The Future Bites n’a pas les mêmes ingrédients principaux que ses prédécesseurs, c’est bien la seule différence. Il a la même élégance et la même force, tout en procurant l’espace créatif dont a aujourd’hui besoin son compositeur pour se sentir pertinent.

Clip vidéo de la nouvelle chanson « Personal Shopper » :

Chanson « 12 Things I Forgot » :

Clip vidéo de la chanson « King Ghost » :

Clip vidéo de la chanson « Eminent Sleaze » :

Album The Future Bites, sortie le 29 janvier 2021 via Caroline. Disponible à l’achat ici



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  • Heureusement pour moi, en parallèle, Kscope balance une pétablinde de Porcupine Tree sur Bandcamp. xD
    J’ai l’impression d’aller à reculons mais bon. xD

  • que dire … autant la prise de risque par rapport à sa fanbase est immense et louable,mais la, pour simplifier (puisque le dogme est ainsi ) c’est de l’eurodance quoi, certes certains arrangements sont subtiles mais quand faut chercher des trucs qui sentent bon dans un paquet d’ordures, je préfère passer mon chemin

  • Et bien ce sera sans moi !
    Déjà « To the Bone », après d’agréables premières écoutes, m’avait très vite ennuyé.
    Là, passez moi l’expression, c’est la même, en pire !
    Il continue ses explorations, c’est bien. Dommage qu’il s’attaque à des contrées qui ne m’intéressent pas des masses…

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