Des mois avant la prestation de Steven Wilson à l’Olympia effectuée ce lundi 12 mars, le concert affichait déjà sold-out. Depuis la fin du légendaire groupe de rock progressif Porcupine Tree, le célèbre multi-instrumentiste ne s’est pas arrêté et sa carrière solo est aujourd’hui devenue une référence dans le milieu rock au sens large. La sortie de son nouvel album, To The Bone, bien que davantage tourné vers un son plus pop, a ainsi été encensé par la critique, et ce même si certains fans commencent à regretter son volet plus progressif. Par conséquent, le public parisien accueille ce soir dans la capitale un grand nom de la musique. Les attentes sont donc élevées, d’autant plus que ce concert est uniquement dédié à Steven Wilson. Au programme de ce soir : deux sets d’1H20 pour une soirée de pratiquement trois heures. Un choix permettant à l’audience de parcourir la longue discographie du musicien.
Avant de se faire hypnotiser au Hellfest par ses soins, et même de recroiser sa route à Paris en juillet de par la la forte demande, nous entrons dans ce lieu mythique entouré de t-shirts de goût (Riverside, Pink Floyd, Magma, The Pineapple Thief). Pas de doutes, ce soir nous sommes au bon endroit !
Artiste : Steven Wilson
Date : 12 mars 2018
Salle : Olympia
Ville : Paris [75]
Le concert démarre par une série de photos avec des mots inscrits dessus, projetée sur un voile déployé sur toute la façade de la scène. On peut voir des photos de familles, d’hommes politiques, de réseaux sociaux, d’amis, de secte : le tout s’enchaînant de plus en plus vite avec des mots tels que « famille », « vérité », « information », « mensonge » ou encore « ennemie ». Les termes se mélangent entre les images pour nous faire réfléchir sur le sens premier que l’on a pu leur donner et les associations que l’on a pu en faire. Une entrée en matière particulière pour poursuivre directement avec les projecteurs braqués sur les musiciens et la voix résonnante de Steven sur son titre « Nowhere Now » du dernier album. Le voile où était diffusé les images ne se retire pas pour autant, les musiciens étant visibles derrière par transparence, et offre au spectateur une expérience unique.
La grande force de ce concert est en effet son aspect visuel pour accompagner les morceaux. Sur le voile devant le groupe est en effet projeté plusieurs effets vidéos mettant en avant des projections de danseuses, de peintures, etc. ou faisant par exemple apparaître le visage de Ninet Tayeb en même temps que sa voix jouée en playback sur « Pariah », ou encore est utilisé pour des effets d’ombre. Et ce voile se complète parfaitement avec l’écran placé derrière les musiciens où sont également diffusées diverses vidéos, courts métrages d’animations ou autres montages expérimentaux. Rajoutons à cela les lumières de couleurs vives mêlant le violet avec le bleu, le rouge, le blanc, les stroboscopes… que ce soit les couleurs où les animations vidéos : tout est là pour attirer l’œil et différencier un concert de Steven Wilson de tout ce que l’on peut voir en live habituellement.
Notre hôte ne restera évidemment pas muet durant ce show important car étant effectué dans une salle mythique. S’adressant comme il l’entend à son public, il prendra le temps de présenter ses musiciens en faisant des grands signes de mains vers eux. Il nous parlera de sa guitare et de ce son si particulier qui en découle en citant par exemple Joe Strummer de The Clash ou encore Syd Barret de Pink Floyd sans omettre de mentionner l’album Pornography de The Cure. Avant de jouer seul de la guitare, il évoquera également l’attaque terroriste au Bataclan qui lui avait donné envie d’écrire de manière plus agressive et avait réveillé chez lui son aspect plus punk. Avant « Permanating », il évoquera aussi sa vision de la pop et l’aspect négatif et péjoratif qui peut en découler. Car, comme évoqué précédemment, il est vrai que To The Bone se focalise sur le versant le plus pop du musicien, et en particulier avec ce titre aux relents disco où Wilson joue le jeu jusqu’à faire descendre une boule à facette, replongeant les plus anciens dans leurs soirées booms d’adolescents. Le temps d’un morceau, l’Olympia se lèvera de son siège confortable et dansera aux rythmes de « son morceau le plus pop », comme il l’appelle.
Évidemment il n’oubliera par les nombreux fans de Porcupine Tree et servira à son audience divers titres de ce passé musical avec par exemple « The Creator Has A Mastertape », « Lazarus », sans oublier les douze minutes de « Arriving Somewhere But Not Here » en ouverture du second set. On ne peut d’ailleurs qu’esquisser un sourire en songeant au caractère provocant de l’enchaînement de ce dernier avec « Permanating » ; Steven Wilson fait indéniablement partie de ces artistes « utiles » qui n’hésitent pas à bousculer leur public dans ses certitudes. Amusant également, lorsque Wilson revient pour les rappels, un tout petit ampli dans une main, une guitare dans l’autre, pour interpréter seul, à nu, le classique « Even Less ». Et même si l’accent est davantage mis sur To The Bone, duquel huit titres seront interprétés, on profitera également de morceaux des albums Hand. Cannot. Erase., 4 ½ ou The Raven That Refused to Sing (And Other Stories). On aurait bien aimé que tous les disques soient représentés ce soir et que la part d’acoustique soit plus importante (avec des reprises d’artistes comme il avait pu le faire avec le « Sign O’ The Times » de Prince sur le plateau de Nagui ?) mais, de manière générale, il aurait fallu bien plus que trois heures pour brasser la discographie monumentale de Steven Wilson !
Le titre de l’événement, « une soirée avec Steven Wilson », n’aura jamais aussi bien porté son nom. Pendant presque trois heures de concert (avec entracte), l’artiste a emmené le public dans une transe mystique par ses morceaux d’une variété sans fin. Entre le free-jazz, le rock progressif, la pop, le metal, l’expérimental : Steven Wilson et ses incroyables musiciens – dont Nick Beggs et ses multiples changements de basse et chapman stick – arrivent à toucher à absolument tous les styles pour proposer des morceaux d’une grande richesse. Terminant son concert sur le titre « The Raven That Refused To Sing », il nous quitte comme il l’avait fait au Palais des Congrès il y a deux ans, avec ce grand sentiment de mélancolie. Mais comme il le dit avant de nous laisser, « une belle mélancolie, une mélancolie positive ». Ce concert fut donc une grande soirée pour le rock progressif, et pour la musique en règle générale a-t-on envie de dire, dans des conditions idéales. Au final, Steven Wilson est une expérience à laquelle nous retournerons avec plaisir pour le deuxième couvert en juillet.
Setlist :
Set 1
Nowhere Now
Pariah
Home Invasion
Regret #9
The Creator Has A Mastertape (Reprise de Porcupine Tree)
Refuge
People Who Eat Darnkess
Ancestral
Set 2
Arriving Somewhere But Not Here (Reprise de Porcupine Tree)
Permanating
Song Of I
Lazarus (Reprise de Porcupine Tree)
Detonation
The Same Asylum As Before
Heartattack in A Layby (Reprise de Porcupine Tree)
Vermillioncore
Sleep Together (Reprise de Porcupine Tree)
Rappels :
Even Less (Reprise de Porcupine Tree)
The Raven That Refused To Sing
Report et photos : Matthis Van der meulen
C’est étonnant qu’il finisse encore ses concerts avec « The Raven »… Pour moi, c’est un des titres les plus vides de ses albums solos. La dernière fois qu’il était passé à l’Olympia, ça m’avait laissé sur ma faim aussi…
Idem, pas hyper fan de ce morceau, même si j’ai pu apprécier tout de même son interprétation (mais à Lyon).
Toujours quelque chose à redire xD
Un commentaire toutes les 3 semaines, c’est pas exactement « toujours ».
Pleure pas Fikou :'(