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Interview   

Stone Sour : un nouveau départ


Le suspense arrive enfin à son terme. Hydrograd est l’album de Stone Sour qui aura probablement suscité le plus d’attente, après une pause de quatre ans, dû en partie au retour de Slipknot, mais aussi et surtout après le départ forcé du guitariste Jim Root qui aura valu au groupe une certaine défiance de la part des fans. Mais la bande est fin prête à se racheter avec un disque rempli à ras bord et dont ils ne sont pas peu fiers. Un album qui a semble-t-il bénéficié des EPs Burbank de reprises, puisque c’est bien le côté rock « classique » (au sens noble du terme) qui a primé, tout comme l’interaction live lors de son enregistrement.

Mais autant prendre la température directement auprès du groupe, et plus particulièrement le chanteur Corey Taylor et le guitariste Josh Rand, pour savoir réellement ce qu’il en est de tout ça, le tout dans un enthousiasme débordant de leur part.

« Nous nous sommes assurés que les fans se procurent l’album et se disent ‘putain, on n’aurait pas pu demander mieux’. C’était notre manière de leur dire merci pour avoir attendu si longtemps. »

Radio Metal : Vous avez enregistré dix-huit chansons, et quinze d’entre elles sont sur l’édition standard d’Hydrograd. Ça fait beaucoup de morceaux. Comment pouvez-vous expliquer ce flux créatif ?

Corey Taylor (chant) : C’est juste arrivé un peu comme ça. A vrai dire il y en avait dix-neuf, nous sommes rentrés avec dix-neuf chansons, ouais, c’était même plus ! C’était incroyable ! Je ne sais pas, quelque chose s’est passé et nous avons commencé à écrire tous ces bons trucs. Ça a juste commencé à sortir de nous, jusqu’au moment où nous avons regardé autour de nous. Mais nous n’avons pas tout fait d’un coup. Nous l’avons fait en quatre…

Josh Rand (guitare) : Quatre sessions d’écriture, en un an et demi. Chaque session d’écriture durait à peu près une semaine. En gros, nous avons travaillé sur cinq chansons par session, entre les emplois du temps de tournée de tout le monde, leurs autres projets et groupes. C’est ce que nous avons fait. Après, nous nous sommes retrouvés avec une tonne de trucs et le temps de l’enregistrement était venu. Nous avons fait la pré-production pendant quelques jours et ensuite nous sommes entrés en studio. Nous avons enregistré le disque, ce qui est le cœur du truc, en un mois environ.

Corey : Ouais, très rapidement. Dix-neuf chansons en un mois. Et tout en prenant des jours de congés [petits rires]. Plutôt dingue…

Etiez-vous particulièrement soucieux de donner aux fans une quantité importante de musique, étant donné le temps que ça a pris depuis le dernier album ?

Absolument. Ouais, pour moi, c’était une des raisons pour lesquelles je voulais intégrer autant de chansons à l’album. Pour montrer notre reconnaissance envers les fans qui sont restés avec nous ces quatre ou cinq années où nous n’avons rien sorti de nouveau. Mais en même temps, cette collection de quinze chansons s’enchaîne si bien… Nous avons essayé d’enlever quelques chansons pour voir comment le truc fonctionnerait et ça ne fonctionnait pas. En un sens, nous avons été un peu indulgents en ce qui concerne la musique. Mais aussi, nous nous sommes assurés que les fans se procurent l’album et se disent « putain, on n’aurait pas pu demander mieux ». C’était notre manière de leur dire merci pour avoir attendu si longtemps.

Hydrograd est certainement plus rock n’ roll et peut-être plus « classique », ce qui ressort beaucoup dans une chanson comme « Taipei Person / Allah Tea », qui est basé sur des riffs influencés par Metallica, par exemple. Est-ce que cela pourrait être une conséquence d’avoir repris des classiques sur vos deux EPs Burbank ?

Ouais, absolument.

Josh : Je pense que les EPs de reprises nous ont incontestablement influencés quand nous avons commencé cet album. Rien que la diversité de ces deux EPs. Je veux dire, si tu fais une liste de tous les groupes sur ces EPs… Tu vas de Bad Brains à Mötley Crüe, à Rolling Stones, Metallica, Slayer. C’était un spectre assez vaste de musique à reprendre. Nous les avons enregistré essentiellement live parce que nous les jouions en live, donc ça a continué lorsque nous avons fait Hydrograd et c’est une des raisons pour lesquelles il sonne de cette manière, c’est parce qu’il a été enregistré en live. Pas de piste de click, juste nous dans une grande pièce. C’est la nouvelle vieille méthode de faire les choses [rires].

Corey : La vieille nouvelle méthode… [rires]

Josh : Je crois que les reprises nous ont certainement aidés d’une certaine manière ou…

Corey : Nous ont encouragés…

Josh : Nous ont encouragés à faire Hydrograd de la manière dont nous l’avons fait.

Pensez-vous que cet album avait besoin de cette énergie brute plutôt que de la perfection habituelle à la Pro Tool ?

Corey : Je ne sais pas s’il en avait besoin mais il en a bénéficié en tout cas. Nous savions que nous avions un super lot de nouvelles, toute une quantité de chansons qui sonnaient juste vraiment bien. Nous étions impatients de les enregistrer. Et je crois que les enregistrer en live a mené à ça. Et le fait que nous étions un groupe suffisamment bon pour pouvoir le faire. Beaucoup de groupes ne peuvent pas le faire, malheureusement. Donc, peut-être que dans un sens, nous essayions d’épater la galerie [rires]. En même temps, quoi qu’il arrive, nous ne ferions rien qui enlèverait quelque chose à l’esprit des chansons. Pouvoir y aller et les jouer en tant que groupe a permis non seulement de saisir cette énergie brute et cette passion mais nous a aussi préparés à écouter ces chansons comme elles sonneraient en concert. Certains groupes doivent faire le contraire, ils rentrent en studio, construisent ces chansons, et ensuite sont là : “Ok, comment est-ce que ça va sonner avec un vrai groupe ?” [Rires]. Alors que nous savions dès le début que nous pourrions réagir à certains passages ici et là parce que nous les avons enregistrés live. Nous savions à quoi nous attendre en live. Donc c’était passionnant.

« Pour moi, [Hydrograd] résume tout ce que j’ai toujours voulu pour Stone Sour, tout ce que j’ai toujours voulu que nous tentions et accomplissions. »

Était-ce un challenge pour vous d’enregistrer l’album live ?

Pas vraiment. C’est comme Josh a dit. Quand nous étions en train de travailler les démos, nous les avions enregistrées live aussi, alors c’est presque comme si ça nous avait préparé à aller en studio pour le faire. Il y a une approche très différente qui intervient quand on enregistre les morceaux live. Et honnêtement, nous l’avons fait depuis notre premier album. Mais c’est aussi un moyen de faire ressortir naturellement des petites friandises pour les oreilles et tout ça, le genre de choses que tu n’as pas quand tu construis des trucs avec ton ordinateur. Tu as des petits moments où Roy fait quelque chose avec Chow qui est totalement différent du moment précédent et ça coule tout seul, ça sonne comme une chanson, c’est comme ces vieux albums que tu aimes écouter, qui te font te sentir à bien, qui te rendent heureux de la musique. Et c’est ce que nous avons obtenu en travaillant nos morceaux live. Nous avons vraiment l’opportunité de saisir ces moments. Tu n’écoutes pas seulement une chanson, tu écoutes un moment, parce que tu l’enregistres d’une manière qui te permet de traiter ce moment dans le temps. Ça donne un côté plus tridimensionnel, pour moi. Le défi pour nous était honnêtement d’essayer de nous maintenir au niveau des uns et des autres [rires]. Nous étions tellement prêts à y aller ! Comme je l’ai dit, nous avions fait dix-neuf chansons en l’espace d’un mois et nous nous sommes regardés et nous étions là « hum, ok, et maintenant ? » et nous avons commencé à donner des tâches à chacun, et nous avons fini ça rapidement aussi. Le défi était de se maintenir au niveau de notre créativité et de savoir quand se retenir parce que nous savions que nous devions nous concentrer sur l’album aussi.

Il y a un grand contraste entre, par exemple, une ballade rock sudiste comme « St. Marie » et la très agressive « Whiplash Pants » qui fait presque penser à du Slipknot par moments. Qu’est-ce que cette diversité et ces contrastes révèlent quant au groupe et à l’album ?

Josh : Je pense que nous avons toujours été un groupe diversifié dès le premier album, tu as « Get Inside », tu as « Bother ». Nous continuons d’étendre notre connaissance musicale et les choses que nous voulons faire à mesure que nous vieillissons, je suppose. Il y a de la maturité dans l’écriture. Pour moi, ce sont les chansons qui représentent une sorte de nouvelle direction ou quelque chose que nous n’avions jamais abordé qui sont vraiment excitantes, comme « St. Marie » ou « When The Fever Broke », et même « Rose Red » qui est un peu différente. Mais tout ça nous ressemble et je pense que ça nous ramène à notre tout premier album en étant diversifié et en ne nous enfermant pas dans un carcan ou une bulle de laquelle on ne pourrait pas sortir. Je pense que les fans attendent vraiment ce côté imprévu dans chaque album, parce qu’il est là dans chaque album que nous avons fait. Il y a toujours cette chanson où t’es là « wow ».

Hydrograd est le premier album sans Jim Root, qui était très impliqué dans l’écriture. Comment son départ a-t-il changé la dynamique du groupe ?

Corey : Pas beaucoup, pour être honnête. Jim écrivait mais nous avons tous écrit depuis le premier jour. La seule chose qui était différente était d’écrire avec des personnes différentes, avec Johny et Tooch. La difficulté n’a pas véritablement changé. Nous avons toujours écrit avec ce « réagissons à ce que nous aimons ». Je ne peux pas parler pour Josh parce que je sais qu’il est très impliqué dans les guitares. Y a-t-il quelque chose qui a changé chez vous ?

Josh : Non, je suis d’accord. Notre processus d’écriture n’a pas changé du tout. Nous avons ajouté deux personnes différentes mais je ne pense pas que ça ait changé quelque chose.

Depuis que Jim a quitté le groupe, il y a eu beaucoup de méfiance de la part des fans envers votre prochaine production musicale. Avez-vous ressenti cette pression ?

Corey : Peut-être un peu mais honnêtement nous étions ensemble si souvent que… pas vraiment en studio. Nous étions si heureux d’être là que c’était juste un bonheur de rentrer et tout enregistrer. Évidemment, je parle pour moi mais…

Josh : La réalité c’est que tu es dans une position différente. En ce qui me concerne, une fois que nous avons fait les reprises et que la première vague d’originaux est arrivée, je me suis dit : « Ça va le faire, et tout le monde va le comprendre ». La dynamique du groupe maintenant n’a jamais été aussi bonne, en remontant jusqu’à 92, à n’importe quelle étape ou pic de la carrière du groupe. Nous nous sommes tellement éclatés en le faisant et je pense que ça se traduit dans la musique et je pense que les gens vont l’entendre et l’apprécieront pour ce que c’est.

Par conséquent, c’est le premier album de Stone Sour pour Christian Martucci. Qu’a-t-il apporté ? Comment pouvez-vous décrire l’alchimie maintenant au sein du groupe avec lui à bord ?

Corey : Géniale ! Ce qui est super avec Tooch, c’est qu’il est toujours positif, juste tellement content. Il s’intègre si bien avec nous. Nous adorons tous le fait de pouvoir faire ça, pouvoir jouer l’album live, pouvoir écrire des chansons et voyager à travers le monde. Ce que nous pouvons faire est un cadeau. Et il ressent exactement la même chose. Il était si heureux chaque jour, arrivait avec de très bonnes idées, c’est juste l’une des meilleures personnes à fréquenter. C’est ridicule [rires]. Et c’est un abruti comme nous ! Il se fond si bien dans toute cette bizarrerie [rires] que tu ne peux pas t’empêcher de sourire et rire tous les jours. Et du point de vue d’un guitariste…

« Le truc génial par rapport au premier album de Slipknot, c’est que nous ne nous rendions pas compte de ce que nous avions. Je ressens un peu la même chose pour cet album. Cet album n’a pas de plafond. »

Josh : Je veux dire que pour moi, avec lui, déjà il est extrêmement drôle. Il fait partie de ces personnes du groupe qui, en fait, si tu te sens pas bien ou que tu traverses un moment difficile ou peu importe, il illuminera ce moment en nous faisant rire et changera toute l’ambiance. De ce point de vue, c’est juste une de ces personnes qui, dans une situation donnée, rendent la situation géniale. Tout le monde ne peut pas faire ça. Du point du vue guitariste, ce que j’ai vraiment apprécié est que je l’ai littéralement vu grandir ces trois dernières années, et j’ai vu le travail qu’il a abattu pour pouvoir jouer comme il joue maintenant. Il a vraiment progressé. C’était déjà un très bon guitariste, mais il est toujours là : « Ecoute cette partie, écoute cette partie ». Et de ce point de vue, c’est génial d’avoir cette personne. Pour moi, qui suis le guitariste opposé, c’est comme un coup de pied au cul, c’est comme : « Ok, il faut que j’y arrive, putain, mec ! » [Rires]. Mais la manière dont nous communiquons tous les deux est vraiment super. Nous nous asseyons, et analysons les choses différemment, comme je ne l’avais fait avec personne auparavant et je suis là : « Essayons cet effet, ou cet ampli, ou peu importe » et il est là : « Qu’est-ce que tu penses de cette partie ? » Ça a toujours littéralement poussé une chanson à être la meilleure possible. Nous partageons en quelque sorte les mêmes sentiments pour les arrangements d’un morceau mais c’est plus sur les ajustements spécifiquement des guitares, qui va jouer quoi, et comment ça va s’accorder, est-ce que c’est logique d’avoir une contre-mélodie, est-ce que c’est trop… ? C’est sûrement beaucoup à assimiler pour ceux qui ne jouent pas de guitare, ce que j’explique là. Mais je pense que c’est très important, quand tu as deux guitaristes, d’avoir ça, parce que ça rend la musique bien meilleure et… Je ne sais pas quoi dire d’autre ! C’est un gars génial [rires].

Corey, tu as déclaré que Hydrograd est « probablement l’album le plus cool que [tu as] fait depuis le premier album de Slipknot. » C’est une affirmation forte. Qu’est-ce qui t’a fait dire ça ?

Corey : Mon Dieu, il y a tellement de raisons. La façon dont nous l’avons enregistré, le processus d’enregistrement, le temps passé en studio et à quel point j’ai apprécié le faire. Juste tout le bonheur qui en est ressorti, le fait que nous étions si déprimés quand nous avons dû arrêter et quitter le studio. La musique, les chansons, les moments forts qui y figurent… Je peux toujours l’écouter. Je veux dire, je l’écoute toujours et je découvre des petites choses musicalement que peut-être j’avais manquées, juste parce que j’étais tellement excité par certaines parties. Mes paroles, mes prestations, l’acoustique… tout ! Je suis immensément fier de cet album, et si content d’avoir pris part à ce disque. Si je n’étais pas dans ce groupe, j’achèterais cet album. Et c’est mon style de musique. Pour moi, il résume tout ce que j’ai toujours voulu pour Stone Sour, tout ce que j’ai toujours voulu que nous tentions et accomplissions, et l’excitation, l’émotion, la passion, tout. Ça me rend si heureux. C’est ça que je voulais dire. Le truc génial par rapport au premier album de Slipknot, c’est que nous ne nous rendions pas compte de ce que nous avions. Je ressens un peu la même chose pour cet album. Cet album n’a pas de plafond ; il n’y a pas de limite en ce qui concerne jusqu’où nous pouvons aller et combien de gens vont l’écouter. Combien de personnes peuvent dire ça, une fois dans leur vie, peut-être deux ? Je mesurerais cet album à n’importe qui, disons-le ainsi.

Avez-vous le sentiment que cet album est un nouveau départ pour Stone Sour ?

[À l’unisson] Oui. [Pause et rires]

Josh : Et voilà, c’est ça.

Corey : Question suivante ! [Rires]

Le nom de l’album est assez intriguant. Johny a dit que ça venait de toi, Corey, qui te trouvais dans un aéroport et prenais la mauvaise porte d’embarquement…

Ouais, c’est un peu ça [rires]. Ça remonte à quelques années et je courais dans l’un des aéroports les plus vieux d’Europe de l’Est, je ne me souviens pas exactement quelle ville c’était parce que c’était une sorte d’escale. Les portes étaient très spartiates. La technologie pour les portes était très, très déficiente. Toutes les portes avaient ces trucs qui ressemblaient à de vieux blocs Timex avec des lettres et des nombres sortis des années 80. Non seulement ça alternait entre le cyrillique et les lettres normales, ça alternait aussi entre les différentes langues et tout. Alors j’étais là : « Ah, je suis en retard ! Il faut que je trouve ma porte ! » Je regarde chaque porte en courant, en essayant de savoir où chaque porte menait et j’en regarde une qui dit « Hydrograd ». Je regarde, ce n’est pas là où j’allais, alors j’ai continué mais ensuite mon cerveau m’a dit : « Hydrograd… mais c’est où ça ? » Et je me suis littéralement arrêté. J’étais là : « Il faut que je sache, il faut que je sache où c’est ! » Je suis retourné, et j’ai regardé, et les langues défilent, et… ce n’était pas du tout marqué Hydrograd. Ça n’y ressemblait même pas. Ça ne commençait pas avec un H, ce n’était dans aucune… Ça ressemblait à du russe. J’étais loin du compte. J’étais juste là : « Merde… c’est juste mon cerveau qui est super bizarre ». Alors je me suis juste dit : « D’accord, merde… ». Je suis reparti essayer de trouver ma porte mais dans un coin de ma tête, j’étais là : « C’est un nom vraiment cool, j’aime bien. C’est cool ». Et je m’en suis souvenu toutes ces années jusqu’au moment où nous avons rassemblé des trucs pour l’album, et j’ai intitulé une chanson « Hydrograd ». Ensuite j’ai commencé à penser : « Ce serait une idée vraiment cool pour le nom de l’album », parce que ça pourrait déclencher toutes ces images sympas, nous pourrions jouer avec et les utiliser comme, pas une ambiance art déco, mais juste une ambiance art design et vraiment s’amuser avec. C’est tout. Ça venait de mon cerveau qui était super bizarre et qui était juste [bruit grotesque].

Beaucoup de titres de chansons sur l’album sont aussi assez drôles. Est-ce que vous vouliez que les titres de chansons et les paroles, en quelque sorte, reflètent la bonne ambiance qui régnait quand vous avez fait l’album ?

Parfois, ouais. Je veux dire, absolument. Il y a quand même des moments sérieux mais il y a une atmosphère plus légère sur cet album, ce qui est très cool. Il ne se prend pas trop au sérieux, un danger que beaucoup de groupes, beaucoup d’albums courent parfois ; c’est genre : « putain on a compris ! T’es déprimé, ça tourne pas rond. » Pour ma part, je voulais jouer avec ça, remettre cette attitude tout en gardant l’esprit positif de… Nous avons parlé des groupes old school, comme Metallica, Van Halen, ces groupes où c’était plus hymnique et moins thérapeutique. C’était supposé rassembler les gens, pas juste déverser de la merde pour les déprimer. Pour moi, entre jouer avec les phrases et les mots et jouer avec l’attitude et l’émotion, je crois que nous avons été capables de vraiment capturer ça.

« Je n’ai pas besoin de beaucoup de temps, surtout pour ce projet, étant si excité de le commencer. Si j’avais dû attendre un mois de plus, j’aurais été en train de mourir, j’aurais pété un câble parce que j’étais tellement prêt à le faire. »

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’histoire derrière certains titres de chansons ? « Fabuless », par exemple…

Bien sûr, c’est un jeu avec « fabulous », fabu-less… C’est mon point de vue sur la célébrité sur les réseaux sociaux, cette célébrité jetable. C’est genre, pourquoi t’es célèbre déjà ? Oh, pour rien, c’est génial ! Ce genre de « ah, bien » dit sèchement [rires]. Ce sont des choses dont j’ai déjà parlées mais que j’essaye vraiment de transpercer et à propos desquelles j’essaye d’être très, très mordant. Et juste jouer avec le fait qu’on en arrive à rendre des gens célèbres pour rien, pour aucun talent, ils sont juste nuls dans la vie. Ensuite, tu as une chanson comme « Rose Red » à propos de… « Rose Red Violent Blue (This Song Is Dumb And So Am I) », qui traite des vampires de la société qui t’entourent parfois. Surtout quand tu es le centre de l’attention ou le centre d’un groupe social, ils vont te prendre des choses et te laisser avec plus de drames qu’autre chose. Parce qu’il ne s’agit pas d’être amis pour eux, il s’agit de te siphonner et d’essayer de stimuler quelque chose en eux qu’ils n’ont peut-être pas, donc il y a un peu de jalousie et de rancune. Tu élimines ces personnes de ta vie et tu as le courage de le faire. C’est plutôt des trucs standards. « When The Fever Broke », qui est probablement l’une de mes préférées de l’album, porte sur ce moment où tu sens que l’amour que tu as n’est peut-être plus l’amour que tu pensais que c’était. Tu te trouves dans une position où soit tu fais en sorte de comprendre comment retrouver cet amour, tel que tu pensais qu’il était, soit tu disparais en arrière-plan et décide ce qu’est le mieux pour ton cœur et le leur. Il y a quelques autres moments contemplatifs dans l’album. Mais principalement il a été fait pour être écouté de manière positive.

Quatre années se sont écoulées depuis le dernier album de Stone Sour, évidemment parce que Corey, tu es occupé avec Slipknot qui a fait un album et une grosse tournée entre temps. N’est-ce pas frustrant parfois, pour toi Josh et pour les autres de Stone Sour, de devoir attendre que Corey et Slipknot finissent leur travail ?

Josh : Je pense que c’est bénéfique de faire une pause. Je sais que beaucoup de gens se posent la question et veulent tourner ça négativement, mais la réalité est que la pause est ce qu’elle est. Je pense aussi, ceci dit, que la pause nous permet d’écrire dix-neuf chansons, sans pression, en prenant vraiment notre temps. Sur le plan personnel, je ne suis pas câblé comme Corey. En ce qui concerne l’éthique de travail, ça ne veut pas à dire que j’ai peur de travailler mais je ne sais pas…

Corey : Tu n’es pas fou comme moi [rires]

Josh : J’aime prendre une pause. Pour moi, à chaque fois que nous prenons une pause, quand nous revenons, c’est rafraîchissant et ça ressemble à un nouveau groupe. Contrairement à d’autres groupes, ou la plupart des groupes, qui restent coincés dans cette routine à sortir un album et tourner, et ensuite avoir un mois à ne rien faire, et ensuite repartir dans ce cycle. Ensuite tu es épuisé et après personne ne veut plus se parler, et c’est ce que ça devient, et ce n’est pas censé être comme ça. Ce n’est plus marrant à ce moment-là. J’aime avoir cette pause parce que ça permet de nous recharger. Je me doute que ça doit être nul, probablement, d’être un fan mais tu sais quoi ? J’ai attendu huit ans pour le nouvel album de Metallica [rires], c’est tout ce que j’ai à dire !

Corey : Faut faire avec !

Josh : Et les fans de Tool ! Ca fait une vie entière qu’ils attendent pour le nouvel album de Tool [rires].

Plus généralement, est-ce que ça ne devient pas un peu difficile, voire épuisant, parfois pour toi, Corey, d’être sur les deux fronts, mener et jongler entre deux gros groupes ?

Corey : C’est fatiguant parfois. Je ne sais pas si tu as remarqué mais je suis super nerveux. Je suis désolé, je sais que c’est épuisant pour les autres parfois [rires]. Je ne sais pas ! Je n’ai pas besoin de beaucoup de repos entre les projets et tout ça. Avant d’entrer en studio, j’avais quelques mois de repos après avoir été sur la route. Donc j’ai pu voir ma famille, et prendre des vacances et faire tous ces trucs-là, et même quand nous étions en studio, il y avait de bons moments pendant lesquels j’ai pu recharger mes batteries et passer du temps avec ma famille et ma grand-mère. Je sais ce qui est important pour moi et à partir du moment où je peux faire ces choses-là, je n’ai pas besoin de beaucoup de temps, surtout pour ce projet, étant si excité de le commencer. Si j’avais dû attendre un mois de plus, j’aurais été en train de mourir, j’aurais pété un câble parce que j’étais tellement prêt à le faire. Je n’ai pas besoin de beaucoup de temps. Je vais dire que j’ai décidé de prendre du recul sur certains projets solo que j’ai, pour ne plus en avoir autant, juste parce que je me suis retrouvé en studio à travailler sur deux projets différents sans pouvoir me concentrer sur l’un ou l’autre parce que [soupir] je tirais dans toutes les directions. J’ai toujours dit que si ça m’empêchait trop de me concentrer, alors je commencerais à réduire la dose, et c’est ce que j’ai commencé à faire maintenant. Juste pour me décharger un peu.

Interview réalisée en face à face le 3 mai 2017 par Aline Meyer.
Introduction et fiche de questions : Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Clotilde Percheminier.

Site officiel de Stone Sour : www.stonesour.com.

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