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Metalanalyse   

Stratovarius s’assombrit pour voir plus clair l’avenir


Alors que Stratovarius a renoué avec une partie de son public via ses deux précédents opus – Polaris et Elysium –, la confirmation de ce nouveau départ se devait d’être effective avec Nemesis, son nouvel album. Car, a contrario de ses deux prédécesseurs empreints d’une certaine linéarité, dans la mesure où leurs compositions furent des plus rapprochées dans le temps, Nemesis contraste. Une nouvelle galette sujette aux expérimentations, profitant d’un désir de variété afin de mieux se démarquer de la discographie passée du groupe.

Alors qu’Elysium semblait, à sa sortie, être un album ambitieux, ce Nemesis apparaît comme un successeur plus travaillé. Car, de l’aveu de Timo Kotipelto (chant), le groupe a « manqué de temps » pour travailler sur Elysium. Bien que conservant quelques attraits progressifs, ce Nemesis est définitivement plus sombre que ses prédécesseurs. « Out Of Fog » et son refrain intense, ses sonorités légèrement arabisantes et décadentes. « Unbreakable » et son riff lourd appuyé par des chœurs consistants. Ou encore, « Nemesis » qui traite d’un prêtre libérant de leurs péchés ceux qui cherchent le pardon mais punissant ceux qui agissent mal. Toutes démontrent un certain aspect solennel qui accentue la froideur musicale.

Mais le combo ne tombe pas pour autant dans la noirceur absolue. « Abandon », titre d’ouverture, alterne entre obscurité et clarté. Au même titre que la seule et unique ballade de cet opus : « If The Story Is Over ». Un morceau jouant sur la douleur sentimentale tout en apportant une réelle dose d’optimisme par la musique ; démontrant aussi les effets de l’art sur un artiste, le poussant à vivre ou mourir. « Dragons » et « Fantasy » se montrent même, pour leur part, plus positives, en foulant un terrain plus habituel pour les Finlandais. Mais il faut garder à l’esprit que Nemesis reste lié au passé du combo. Ses deux précédents albums avaient réussi à assez fidèlement incarner ce que Stratovarius savait faire le mieux : du power metal croisé speed qui commençait déjà à lorgner de temps en temps sur un côté plus froid, plus sombre et des ambiances qui rappelaient les débuts plus progressifs du groupe. C’est donc de cette union, ici plus franche et assumée, que sort Nemesis.

Cette volonté de changement de son sur cet opus s’opère en parallèle de l’intégration d’un nouveau batteur au sein du combo : Rolf Pilve, jeune homme de 26 ans qui a pour lourde tâche de remplacer ce membre emblématique qu’était Jörg Michael. « [Rolf Pilve] est plus flexible en termes de jeu et nous n’avions donc pas de limites » nous avouait le chanteur, réfutant les similarités entre le jeu de Pilve et celui de son prédécesseur. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de ce nouveau et jeune visage a certainement participé, ne serait-ce que par la stimulation que peut engendrer le changement, à catalyser un désir créatif. Et l’absence de limites dont parle Kotipelto se ressent bel et bien, notamment dans les expérimentations effectuées par le combo. A l’image d’un « Halycon Days » soutenu par de nombreuses ambiances électro, presque dubstep sur le break central du morceau. « Out Of Fog » et « One Must Fall » profitent de quelques synthés aux sonorités rappelant parfois celles que pouvait utiliser Rammstein à ses débuts. Ou encore, « Dragons » et son intro au clavier faisant penser à de vieux tubes électro des années 90. Bien que plus succinctes, ces ambiances se retrouvent aussi sur un titre tel que « Stand My Ground ».

Stratovarius a réussi à donner une nouvelle couleur à sa musique, sans se trahir. Par l’union entre un aspect plus sombre et moins évident d’approche et un enchevêtrement de petits détails qui fait mûrir et modernise l’œuvre en un tout cohérent et travaillé, Stratovarius marque le coup. Telle une nécessité inconsciente, « Unbreakable » rappelle que malgré les différentes épreuves traversées par le groupe (les déboires avec Timo Tolkki, le cancer de Jörg Michael ou les problèmes de voix de Timo Kotipelto), Stratovarius fêtera l’an prochain ses 30 ans de carrière. Incassable. Désormais prêt à affronter le futur, nourri de son expérience, le groupe – avec Nemesis – fait peau neuve afin de se rincer du passé, de ses démons et de ses conquêtes et heures de gloire. La cohésion musicale et émotionnelle de Nemesis semble démontrer le bien être et la sérénité d’un combo sûr de son fait et désormais apte à s’ouvrir au changement.

Mais n’est-ce pas là, in fine, le nouveau visage, non pas d’un groupe mais d’un genre musical ? A ce sujet, Timo Kotipelto a avoué à La Grosse Radio :« Vers 2000-2002, nous étions au sommet de notre carrière et le power metal était au top, avant que la mode ne change et que les gens s’en désintéressent. Je sens qu’avec Nemesis, le power metal va revenir en force. Nous avons réussi à populariser le genre dans le milieu des années 90, en Finlande du moins. Je pense qu’on peut y arriver à nouveau. » Tel est apparemment l’objectif premier de ce nouvel opus. Assombrir la musique afin d’être plus clairvoyant sur l’avenir.

Album Nemesis, sorti le 22 février 2013 via earMusic/Edel



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