
Artistes : Suicidal Tendencies – 7 Weeks
Salle : Elysée Montmartre
Date : 19 Mars 2010
Public : 1000 personnes environ
Les quatre limougeauds de 7 Weeks investissent la place devant une salle honnêtement remplie pour une première partie. Tous les fans des Suicidal ne sont pas encore arrivés mais il y a quand même du monde et le public grossira au fil de la prestation. En tournée pour défendre leur premier album « All Channels Off » sorti en septembre 2009 et salué par les critiques, les 7 Weeks proposent un stoner – puisqu’il faut bien éclairer le lecteur par des étiquettes – de très bonne facture.
7 Weeks : du stoner bien de chez nous
Musicalement, c’est bien en place et la set-list s’appuie évidemment sur leur unique album sans oublier néanmoins leur EP B(l)ack Days datant de 2007. Les musiciens occupent bien la scène mais, malgré tout, le set manque de percussion, de ce petit grain de folie qui fait décoller un concert. Peut-être y a-t-il quelque chose côté matos comme nous en avons discuté avec Abir, l’attachée de presse de 7 Weeks….
Pour en revenir au concert, au-delà du matériel, il y a peut-être quelque chose qui manque côté groupe – un groupe reste effectivement maître de sa prestation – mais aussi et surtout quelque chose est absent côté public. Il écoute sagement, applaudit mais ne bouge pas et ne réagit pas vraiment aux sollicitations de Julien, le chanteur du groupe. Dommage et dur pour 7 Weeks dans ces conditions de vraiment décoller. Peut-être que l’écart de style entre le stoner des français et le délire des californiens est-il trop important pour que les fans de Suicidal se jettent dans le rock proposé par nos compatriotes pendant ces trente grosses minutes de concert. Enfin, pour être complètement honnête, disons que 7 Weeks doit encore trouver sa propre empreinte, celle qui les dégagera définitivement de leur marque très QOTSA. Mais ils ont tout l’avenir devant eux et restent très prometteurs.

Côté Suicidal, on change de registre. Le groupe a bientôt trente ans de carrière et une empreinte musicale bien marquée. Les californiens montent sur scène un peu avant 20h45 et attaquent avec «You Can’t Bring Me Down». Au fond le backdrop, superbe, reprend la pochette de Year Of The Cyco. Parler de pile électrique pour Mike Muir n’est même pas assez fort. Bandana rivé sur la tête, le personnage ne reste pas une seconde au même endroit, passant du côté gauche de la scène au côté droit puis retour à gauche avant un arrêt au milieu avant de basculer à nouveau sur la droite en un clignement d’oeil. Un cauchemar pour photographe ! Un bonheur pour le public qui, des premiers aux derniers rangs, est là et bien là. Le reste de la prestation prouvera effectivement que personne ne peut mettre Suicidal à terre.
ST : Mike Muir plus en forme que jamais
Tellement de choses à dire sur ce set que finalement, on ne sait pas par où commencer. La musique paraît le plus logique. Chez Suicidal, elle est hardcore, rentre dedans et tellement différente du hardcore traditionnel. Peut-être est-ce du à cette touche particulière, à cette section rythmique énorme. Il est vrai que Steve Brunner fait royalement claquer sa basse six cordes et qu’Eric Moore, batteur imposant tant par son physique que par son talent, manie ses fûts de belle manière et assure le show en faisant tourner ses baguettes. La classe. Mike nous explique qu’Eric vient en fait des Infectious Grooves. Toujours ce microcosme de groupes autour de Mike Muir. Une autre preuve ? Dean Pleasants, le guitariste solo ?uvre aussi dans les Infectious Grooves. Une autre encore ? Mike Clark, le guitariste rythmique est lié à No Mercy.

ST : Steve Brunner (basse)
Côté spectacle, le batteur exécutera au cours du set un solo de batterie, efficace et court comme on les aime et qui ravira le public. Solo que Mike aura introduit de manière assez originale en chauffant les fans en leur faisant hurler des « Eric, play some fuckin drum ! » histoire de tester leur motivation. Le titre « Come Alive » enchaîne derrière le solo. Il s’agit d’un des titres de Suicidal issu de la compilation Year Of The Cycos. L’interaction avec le public sera omniprésente ce soir, comme un fil rouge. Très rapidement dans le set, Mike demande « can you do me a favour ? Raise your hand. » Et toutes les mains de la salle se lèvent en deux temps trois mouvements. Et quand le chanteur appelle le public à chanter « ST ! ST ! », il a à peine fini de parler que la salle scande « ST ! ST ! ». C’est chaud ce soir dans le public. Tout comme la set list qui remontera jusqu’à «Join The Army» avec «I Feel Your Pain», une chanson d’amour dans le style Suicidal Tendencies comme l’a définie Mike. Ce morceau hyper speed est rarement joué et ravira les fans.
Mike, toujours bavard, se réjouit d’être ici, de revoir des visages connus, de faire la fête et cela se voit car il ne ménage pas sa peine. Et le terme de fête n’est vraiment pas usurpé ici tellement on sent cette envie côté public et côté groupe. Et même si honnêtement, en raison du flux super rapide du chanteur et de son accent prononcé, la plupart ne comprennent pas ses propos, Mike n’hésite pas à faire d’assez longs discours. En particulier sur «How Will I Laugh Tomorrow» où il aligne un long monologue, accroupi sur un côté de la scène. Cette chanson, dernière avant les rappels, offre de beaux passages instrumentaux et laisse faussement croire à un moment de calme et de répit. Mais non, elle reprend sur un rythme ultra rapide qui laisse tout le monde sur le carreau.
Le seul musicien dont le calme contraste avec les autres est Dean Pleasants à la guitare solo. Il est effectivement assez statique sur son côté de scène, concentré à décocher ses solos. Côté guitares, à la rythmique, Mike Clark, bandana sur la tête également, bouge pas mal. Les classiques roulent, «War Inside My Head», «I Saw your Mommy», «Cyco Vision», etc.

ST : heu-reux !
La prestation est ponctuée de moments forts et jouissifs. Mike a repéré un tout jeune adolescent et le fait monter sur scène pour gueuler des « Suicidal ! » au micro. Le garçon ne se démonte pas et quand Mike beugle avec lui au micro, le concert atteint un grand moment. Le public apprécie et la prestation monte d’un cran. Le groupe attaque alors «Church Of The Suicidal». On reverra le garçon, accompagné de son père vraisemblablement, assurer les ch?urs lors des rappels. Autre moment excellent : quand Mike invite Eric le batteur sur le devant de la scène pour effectuer quelques pas de danse soutenus par une ligne de basse qui claque. C’est presque funky et c’est en tous les cas bien marrant.
Malheureusement, la fête doit se terminer et les Suicidal quittent la scène pour la pause avant les rappels. Et le public réclame immédiatement son groupe. Le batteur arrive et interpelle le public « make some fuckin noise ! », rejoint par Mike qui enjoint le public à hurler « ST ! ST ! ». Le public répond évidemment présent à toutes ces sollicitations. La soirée se termine avec une scène noire de monde. En effet, le chanteur a invité le public à monter sur scène ! Il n’a pas eu à demander trop longtemps !
Ce soir nous avons donc eu droit à une affiche riche avec deux styles différents, deux expériences différentes. Indéniablement, Suicidal Tendencies a donné un excellent concert. Pendant à peu prés une heure trente ils ont maintenu la pression et assuré une prestation explosive. Côté 7 Weeks, l’essai reste à transformer, tout comme côté public.
En ce 19 Mars, la foule découvrait un groupe de stoner alors qu’elle attendait des stars dans le hard/punk/funk/metal et a été sûrement pris au dépourvu face à ce décalage. Peut-être est-ce lié à cet esprit que l’on dit français de ne vouloir qu’un style…Qui sait ? L’avenir nous dira si nos limougeauds se font un nom. et c’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter. En attendant, n’oubliez pas : «You Can’t Bring ST Down, Cyco !»
Photos : Lost

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