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Interview   

Symphony X : l’album sauvé des ténèbres


Michael Romeo - Symphony X« C’était mieux avant », une rengaine qu’on entend à chaque génération. Pourtant personne ne peut nier que l’industrie musicale change ; elle a déjà changé, et d’aucuns estimeront que ce n’est pas toujours pour le mieux. Et, face à la tendance du vite consommé et de l’écoute superficielle sur laquelle le format single éphémère règne en maître, il est légitime de se demander ce que va devenir le format album. Attention, pas l’album comme une bête compilation de chansons, mais l’album comme une œuvre bien fichue, pensée et réfléchie comme un tout quasi-indivisible. L’album qui fait vivre un petit voyage lorsqu’on l’écoute, et parfois même de grands voyages que l’on retient encore des années après. Ce genre d’album a-t-il encore un avenir ? Est-ce que de tels albums appelés à devenir des « classiques » existeront encore dans les prochaines années ? En existe-t-il aujourd’hui ?

C’est le genre de questions auxquelles Symphony X a tenté de répondre en concevant son nouvel opus Underworld. Certes, nous avons la chance dans le metal que la plupart de nos artistes soient encore très attachés à ce format généreux, qui permet de vraiment développer la créativité, mais ce que le guitariste Michael Romeo a voulu, c’est vraiment, consciemment, travailler le format, s’inspirant des grands albums qui sont passés à la postérité.

C’est, en partie, ce dont nous discutons avec lui dans l’entretien qui suit, essayant de comprendre l’origine et la conception de cet album. Un opus inspiré par des thématiques issues de L’Enfer de Dante et du mythe d’Orphée, et avec lequel le groupe s’est par ailleurs amusé à dissimuler diverses références liées au nombre trois.

SymphonyX 2015

« Si tu veux te poser pendant une heure, décompresser, faire péter le son et écouter, je trouve que l’album est très cohésif et a vraiment beaucoup de sens. »

Radio Metal : Tu as ton propre studio, baptisé The Dungeon, où tu fais tes albums depuis très longtemps. Le studio a reçu de nouveaux équipements avec une technologie de pointe. Est-ce que tu as ressenti le besoin d’acquérir du nouveau matériel spécifiquement pour cet album ?

Michael Romeo (guitare) : Non. Avec le temps, j’essaie toujours de me dégoter de nouveaux matériels ou logiciels, et c’est ainsi depuis des années. Tu commences petit, ensuite tu montes en gamme et récupères quelques pré-amplis sympas, de meilleurs logiciels et des trucs comme ça. C’est quelque chose qui se fait en continu, il y a toujours de nouveaux trucs qui sortent, tu sais. Tu essaies juste de rester à la page niveau technologie. Mais non, nous n’avons rien acquis spécifiquement pour cet album. Comme je l’ai dit, c’est continuel. N’importe quel musicien essaie de mettre à jour son matériel avec les derniers trucs. Et c’est bien ; tu veux toujours que tes albums sonnent le mieux possible. Plus tu as d’outils, meilleur est le résultat. Tu vois quelque chose de nouveau qui attire ton oreille, tu te dis : « Ouais, il faut que je récupère ça ! » [Petits rires]

Et du coup, penses-tu que le son du nouvel album est significativement meilleur que les anciens albums grâce à ça ?

Certains des très vieux albums… Je veux dire que les quelques derniers, clairement, sonnent bien mieux que les plus vieux. A cette époque nous n’avions pas beaucoup de matériel, je n’avais pas beaucoup d’équipement pour travailler et puis il y a aussi toujours l’apprentissage. Avec l’âge tu gagnes en expérience, tu sais un peu mieux ce que tu fais. Pour les derniers albums, ce n’était pas non plus qu’une question d’enregistrement… Les pistes brutes sonnent toutes super bien mais c’est aussi pour beaucoup une question de mixage. Pour le mixage des derniers albums, nous nous sommes tournés vers Jens Bogren. Il prend une piste qui sonne super bien dès le départ et il assemble tout ça. C’est toutes ces choses, en commençant par le matériel dans le studio, le fait d’obtenir les bonnes pistes et les bonnes interprétations, le fait de donner ça à Jens pour le mixage pour qu’il assemble et peaufine vraiment le tout.

Dans la mesure où tu as un studio et que tu t’intéresses aux équipements, ne penses-tu pas que ça peut être délicat lorsque tu fais de la musique de penser un peu trop aux équipements et à la technologie ?

Ouais, bien sûr, mais comme je l’ai dit, ce n’est pas comme si nous achetons des choses spécifiquement pour l’album. Ce ne sont que des logiciels que j’essaie de mettre à jour. Et ensuite j’apprends un peu à les utiliser avant que la musique n’entre en jeu. Ca peut être une grosse galère lorsque tu fais quelque chose et tu te dis : « Oh, j’aurais aimé avoir ce truc ! » Et tu pars en récupérer un, et tu te rends compte qu’il te faut une semaine d’apprentissage pour pouvoir t’en servir. Ca ralentit tout. Toutes ces années, au cours du processus d’enregistrement ou peu importe sur quoi on travaille, je ne crois pas que nous ayons recherché du matériel comme des fous, parce qu’effectivement ça interfère. Mais, à la fois, quand tu as des trucs cool, tu peux être un peu plus créatif, ça aide. Mais ouais, comme tu le dis, il y a du pour et du contre. Mais généralement, tu trouves quelque chose de sympa, tu apprends à comprendre la chose et ensuite tu te mets à la musique, et si tu en as besoin, tu l’utilises, au moins tu sais comment l’utiliser. Au bout du compte, tout aide. Ca aide à la créativité aussi. Pour la plupart des logiciels, des samples, des samples orchestres et les trucs de ce genre, meilleurs ils sont, plus ça t’inspire lorsque tu composes. Donc au final, en effet, ça aide.

Tu as déclaré à propos d’Underworld qu’avec cet album « tout était une question de chansons ». Est-ce que ça veut dire que ça n’a pas toujours été le cas avec Symphony X ?

Si, vraiment, ça a toujours été le cas. Pour chaque album ça a été une question de chansons, tu sais. Mais pour celui-ci, c’était quelque chose de plus conscient. Par le passé nous avons toujours essayé de composer des chansons, toujours à essayer de faire des choses différentes… Avec celui-ci, nous voulions vraiment essayer de faire en sorte que chaque chanson soit pertinente et que l’enchaînement de l’album colle parfaitement. Chaque chanson a, en quelque sorte, une raison d’être quant à sa place dans l’album. On passe à la chanson suivante soit de manière surprenante, soit de manière fluide. On a beaucoup réfléchi à ça. Mais ouais, évidemment, tout le monde essaie d’écrire de bonnes chansons. Mais avec celui-ci, peut-être voulions-nous consciemment avoir à chaque fois la bonne chanson au bon moment. C’est sûrement une meilleure façon de le dire, le fait d’avoir la bonne chanson au bon moment, et le fait de donner beaucoup d’attention à chaque chanson. Avec chaque album tu as tes préférées, c’est vrai pour nous tous. Mais celui-ci est un peu étrange, mec, parce qu’il est assez inhabituel que nous aimions toutes les chansons à égalité ! Enfin, c’est ce que certains dans le groupe ressentent ; évidemment, il y a des préférences. Mais pour moi, c’est difficile parce que je peux considérer une chanson comme « To Hell And Back », elle est un peu plus longue et assez typique de nous, et je trouve que pour ce type de chanson, elle est vraiment bonne ! Elle est solide ! Ou je peux considérer une chanson comme « Without You », qui est totalement différente, un genre de ballade, très mélodique, complètement différente des autres chansons, et cette chanson dans ce contexte est vraiment bonne ! Idem pour, disons, « Kiss Of Fire » qui est vraiment heavy, elle aurait pu être sur Iconoclast, très agressive et sombre, mais pour cette chanson en particulier, c’était la bonne chose à faire. Donc toutes les chansons ne sonnent vraiment pas pareil et nous leur avons toutes donné un quelque chose qui les démarque. Ca rend l’enchaînement encore plus sympa parce qu’il y a assez de différences entre toutes les chansons et qu’elles se tiennent toutes d’elle-mêmes, je trouve.

Mais qu’est-ce qui vous a poussés à être davantage conscient de ça et de vous concentrer là-dessus ?

C’est juste avec le temps, tu sais. Je pense qu’avec chaque album nous essayons de faire quelque chose de différent. Le dernier album était assurément un peu plus heavy et ça a beaucoup à voir avec le thème initial que nous avions choisi ; Iconoclast avait ce thème de l’homme contre la machine, donc naturellement la musique et le groupe étaient un peu plus agressifs, peut-être que certaines parties de clavier étaient un peu plus abrasives. C’était ce que c’était. Donc avec cet album, c’était : « Ok, on ne veut pas se répéter et continuer à faire la même chose. » C’est donc un peu différent, et comme je l’ai dit, on s’est concentré sur les chansons et leur enchaînement, et l’album comme un tout, pas vraiment enrobé d’un concept ou avec des chansons qui se relient mais comme une expérience d’écoute complète. L’une des raisons pour cette manière de faire – et c’est venu vraiment très tôt – était parce que j’avais vu un documentaire et que j’avais parlé avec différents gars de différents groupes à propos de l’évolution de l’industrie, de beaucoup de choses négatives et de ce documentaire que j’avais vu. C’était un mec qui racontait… Peut-être était-ce plus orienté vers le monde de la pop où ils n’ont qu’une chanson qui est destinée à être un hit et le reste de l’album est du remplissage, et les gens sont là : « Bordel, pourquoi est-ce que j’achèterais l’album si une seule chanson m’intéresse ? » Et le gars disait que c’était vraiment dommage parce qu’à cause de ça, il n’y aura plus de grands albums complets qui deviendront des classiques comme avant, comme Dark Side Of The Moon ou Moving Pictures de Rush, tous ces classiques. Et c’était un peu la motivation, genre : « Bon sang, essayons vraiment d’honorer le format album. » Je pense que la plupart des groupes de metal font ça, nous essayons tous de composer des albums mais je pense qu’avec celui-ci ça a été fait de manière un peu plus consciente.

Symphony X 2015

« Utiliser un style fleuri, genre [avec une voix grandiloquente] ‘dans le trépas je me languis de mon épris, ainsi je me hâte…’, tu sais, ce genre de conneries, ça sonne faux. Parfois j’ai l’impression qu’il n’y a rien là-dedans, que c’est du vide. »

Comment assembles-tu un album pour en faire une expérience d’écoute complète ? Est-ce que tu as ceci en tête avant même de commencer à composer, te disant que tu as besoin de tel ou tel type de chansons et qu’elles doivent être arrangées selon un ordre particulier?

Oui, absolument ! C’était esquissé dès le premier jour. Nous avions en quelque sorte l’idée du thème pour les paroles de l’album, tu sais, nous avons parlé d’utiliser un peu de Dante, de l’Enfer, et d’Orphée Aux Enfers comme base du thème, l’idée de faire un aller-retour aux enfers pour aller chercher quelqu’un qu’on aime, le fait de se demander ce qu’on ferait dans cette situation. C’était super parce qu’on pouvait avoir des trucs sombres et heavy en se rapportant à l’imagerie de Dante, les paysages infernaux et des choses comme ça, et en même temps avoir des chansons plus émotionnelles et mélodiques qui reflètent l’état d’esprit de ce mec, Orphée, lorsque sa femme meurt et qu’il va voir Hadès pour la sauver. Il y avait donc ce jeu d’ombre et de lumière, et nous pensions que nous pouvions avoir une belle diversité avec chaque chanson et développer ça. Ca a impliqué beaucoup de choses : le fait de trouver le thème, de se concentrer sur comment allait se faire l’enchaînement et sur la force des chansons et aussi de penser aux fans, essayer d’incorporer des choses que nous n’avions pas faites depuis un moment. Il y a donc peut-être quelques sections musicales qui peuvent sonner comme si elles auraient pu être sur notre troisième album Divine Wings, peut-être y a-t-il une chanson qui aurait pu être sur Iconoclast ou l’album V ou The Odyssey… Je veux dire qu’il y a des bouts ici et là, et nous étions conscients de ça aussi, à essayer d’avoir un peu de tout mais tout en conservant un équilibre et que ça reste cool. Mais ouais, nous avons porté notre attention sur beaucoup de choses mais, pour être honnête, c’était presque du gâteau. Ca s’est fait un peu tout seul. C’était assurément inhabituel ! Tout donnait l’impression d’être à sa place, même si dans nos esprits nous savions où tout allait être. Mais évidemment, oui, parfois c’était du genre : « Peut-être que si on met ça ailleurs… » Il y a quelques chansons, bien sûr, que tu peux peut-être inter-changer mais quand même, je trouve que globalement ça représente bien ce que nous voulions faire.

Qu’est-ce que cette approche de la composition a impliqué pour l’interprétation des musiciens et de Russell Allen en tant que chanteur ? Est-ce que vous avez dû vous pousser un peu plus loin ou peut-être ouvrir un peu plus votre jeu et le chant ?

Peut-être un peu. Mais je pense que ce qui est cool avec nous c’est qu’une fois que nous avons compris ce que nous allons faire – et nous essayons de le faire assez tôt -, alors c’est du genre, ok, je sais ce que je dois faire avec la guitare, Russ sait ce qu’il doit faire, etc. Tout le monde sait quelle est la bonne approche. Bien sûr, tu essaies différentes choses, tu expérimentes un peu, peut-être avec certains sons de clavier, à essayer de trouver la bonne chose… Bien sûr, lorsque Russell a une idée, il est là : « Oh, laisse-moi essayer d’interpréter celle-ci de manière peu plus heavy. » Mais il sait ce qui va bien, alors il est là : « Ah, nan, tu sais quoi ? Je vais plutôt chanter cette partie. » Donc il y avait toujours un peu de ça mais ce n’était pas prépondérant au point de se dire : « Mais bordel, qu’est-ce qu’il se passe ici ? » [Rires] Mais très tôt je me souviens d’avoir parlé des chansons, du fait de les rendre plus pertinentes, de vraiment tout peaufiner… Je me souviens même d’avoir dit : « Je pense qu’avec cet album ce sera beaucoup notre interprétation et la manière dont nous le jouons qui sera déterminant, pas seulement ce que nous jouons. » Je pense donc que nous savions tous, même au début, que nous devions l’aborder avec ce qui nous semblait naturel pour les chansons. Tout le monde était sur la même longueur d’onde. Et je trouve que tout le monde a super bien joué. Le groupe a assuré, il y avait beaucoup d’énergie, beaucoup de magie aussi. Beaucoup de super trucs se sont produits, peut-être parce que, comme je l’ai dit, nous nous concentrions sur la composition des chansons et le fait de faire vraiment ressortir l‘interprétation.

Tu as dit que tu voulais « défendre la réputation de l’album, et vraiment faire d’Underworld un album qui valait le coup d’être écouté comme un tout. » Crois-tu que ce genre d’album a toujours sa place dans l’industrie moderne de la musique ?

Je suppose qu’on le découvrira ! [Rires] Mais j’écoute des albums et la plupart de mes amis écoutent des albums. Donc ouais, seul le temps le dira. Nous verrons. Mais même si ça n’était pas le cas, il y a plein de chansons différentes que peut-être les gens aimeront, donc… Mais je veux dire que notre intention était, ouais, d’essayer d’en faire une expérience d’écoute. Tu sais, simplement s’asseoir et… Les fans de musique de façon générale ou les audiophiles ont des platines et leurs vinyles, ils se posent et écoutent des albums entiers et ils se plongent dedans. Je crois que cet album fonctionnera dans les deux sens, pour ce type de personnes mais aussi pour les gars qui peut-être veulent juste écouter une chanson ou deux. Ca ne pose pas de souci. Personnellement, j’écoute des albums. Bien sûr, j’écoute une chanson ici et là, mais pour la majorité de ce que j’écoute et de ce avec quoi j’ai grandi, mec, ça a toujours tourné autour de grands albums. Sabbath : Heaven And Hell, un grand album ! Rush : Moving Pictures, un putain de grand album ! Ouais, il y a de supers chansons sur ces albums, mais ces albums sont, pour moi… Tu sais… Des albums ! Mais comme je l’ai dit, mec, évidemment tout le monde peut avoir ses chansons préférées et vouloir s’en écouter juste une ou deux. Je pense que les chansons sont quand même assez bonnes individuellement. Mais si tu veux te poser pendant une heure, décompresser, faire péter le son et écouter, je trouve que l’album est très cohésif et a vraiment beaucoup de sens.

Dirais-tu que les gens ont simplement tendance à ne pas prendre le temps de vraiment écouter la musique de nos jours ?

[Paraissant exaspéré] Ouais, je trouve ! [Rires] C’est ainsi. Je veux dire que la vie est sacrément frénétique et tout le monde a plein de trucs sur le feu, constamment. Donc pour en revenir à ce sujet, s’ils ont effectivement le temps d’écouter l’album, alors c’est super et j’espère qu’ils l’apprécieront, et je pense que ce sera le cas. Mais en même temps, la vie est ce qu’elle est ; tu ne peux rien y faire. Tout ce que nous avons fait c’est essayer de faire ce que nous pensions vouloir faire.

Tu as mentionné quelques albums comme Heaven And Hell et Moving Pictures. Est-ce que tu as été inspiré par des albums en particulier lors de la conception d’Underworld ?

Peut-être au début. C’est resté dans nos têtes, nous repensions à tous ces grands albums et ce qui les rendaient grands. Mais je pense que la vraie inspiration est venue de lorsque nous discutions de ce que nous allions faire, le fait d’être surexcité, de balancer la sauce, de trouver le thème et de nous poser l’esprit frais avec de nouveaux riffs, à essayer de construire et créer ce truc… Je veux dire que c’est surtout de là que ça vient. Nous avons parlé très tôt des chansons, de l’enchaînement de l’album, d’avoir le thème, et ça, c’est suffisant pour être enthousiaste, commencer à travailler et être créatif.

Dante a été le point de départ pour les thèmes que l’on retrouve dans l’album. Pourquoi et comment t’es-tu intéressé à ceci en premier lieu et comment est-ce que ceci a influencé l’album, autant au niveau des paroles que de la musique ?

Comme je l’ai dit, avec chaque album nous essayons de trouver une sorte de petit thème ou quelque chose qui nous donne un but à atteindre, pour en quelque sorte construire un cadre avec la musique et les paroles, du style : « Qu’est-ce qu’on veut vraiment raconter ? » J’ai toujours adoré Dante. Tout ce truc classique de l’ombre et la lumière, du bien contre le mal, je trouve que c’est toujours un super point de départ, surtout pour la musique que nous faisons. Je veux dire que nous pouvons en partie emprunter une direction peut-être plus épique et cinématique ; tu visualises ces choses. Et aussi avec Orphée Aux Enfers, comme je l’ai dit, ça fait deux trucs sympas qui te permettent de naviguer entre ombre et lumière, ou le côté plus agressif et heavy et celui plus mélodique et émotionnel, et puis ça semble avoir du sens. Pour ce qui est de l’inspiration, c’est vraiment super d’avoir les deux aspects, des chansons heavy qui sont vraiment sombres et d’autres mélodiques qui sont un peu plus dans l’émotion.

Symphony X - Underworld

« Je ne veux pas rendre la musique si compliquée qu’en fin de compte tu ne l’apprécies pas autant que tu essaies de l’analyser. »

Est-ce que la littérature a toujours une grosse influence sur toi et ta manière de faire de la musique ?

Un peu. Tu sais, le simple fait de commencer à faire l’album et m’intéresser à certains de ces trucs… Je veux dire que ces types de thèmes se prêtent bien à la musique que nous faisons. Ca peut même être un grand film ou un livre ou juste une idée. Je veux dire que dans le cas présent, même s’il n’y avait pas eu Dante ou Orphée, juste cette idée : que ferais-tu ? Aller et revenir de l’enfer pour quelqu’un qui t’est cher, pour sauver quelqu’un, ce genre de choses. Donc, ouais, le truc avec Orphée et Dante, c’est surtout pour le visuel mais le noyau dur, c’est cette idée, tu sais, dans les paroles et la musique. C’est de ça dont il s’agit, c’est le type de sujet qui est abordé. Ca ne raconte pas d’histoire, ça ne copie pas un genre de truc logique provenant d’un livre ou quoi que ce soit ; c’est plus l’idée. Exactement de la même façon dont Iconoclast était porté sur l’affrontement entre hommes et machines, et les paroles parlaient de ça et la musique, comme je l’ai dit, était plus agressive et y était assortie ; on pouvait penser à Matrix ou Terminator, peu importe, mais ça ne parle pas exactement de ça mais l’idée est similaire. J’estime donc que c’est toujours l’idée qui est le plus important.

Apparemment, au début, vous aviez un concept pour l’album mais vous l’avez abandonné…

Ouais, nous avons effectivement parlé de ça à un moment donné. Nous parlions, je crois même très tôt, de connecter toutes les chansons avec de petits enchaînements, des interludes orchestraux ou des genres de morceaux de musique qui relieraient chaque chanson, de manière à ce que ça soit dans la veine de l’album V qui avait un concept et était une grande pièce de musique. Et ensuite, on s’est dit : « Nan ! » Car les paroles ne racontaient pas vraiment… Ce n’est pas comme « The Odyssey » où ça a du sens que tous ces petits morceaux de musique soient connectés – grosso modo « The Odyssey » est une chanson mais en fait ce sont plein de petites chansons connectées. Mais sur celui-ci les chansons ne racontent pas vraiment de grande histoire, elles se tiennent individuellement mais pour autant les enchaînements se font bien. Nous nous sommes donc dit : « On n’a pas vraiment besoin de faire ça ! » « Ca aurait pu être sympa… » « Ouais, peut-être mais essayons de faire autre chose… » Tu vois, parfois tu essaies quelque chose mais peut-être n’est-ce pas la bonne chose à faire.

Tu as en fait déclaré que « parce que ce n’est pas un album conceptuel, ça le rend plus personnel et moins prétentieux. » Est-ce que tu as un souci avec le fait d’être prétentieux ?

Est-ce que j’ai un souci avec le fait d’être prétentieux ? [Rires] Bien sûr ! [Rires] Non, non. Tu vois ce que je veux dire. C’est plus dans le fait de copier des phrases littéraires. Tu sais, ça ne fait pas vrai. Avec la plupart des choses que nous faisons, c’est plutôt ce que quelqu’un dirait vraiment aujourd’hui. Comme dans « Without You », le mec est triste, sa copine lui manque et il part faire un aller-retour en enfer pour aller la chercher. Je pense qu’utiliser un style fleuri, genre [avec une voix grandiloquente] « dans le trépas je me languis de mon épris, ainsi je me hâte… », tu sais, ce genre de conneries, ça sonne faux. Parfois j’ai l’impression qu’il n’y a rien là-dedans, que c’est du vide. Les vrais mots et les vrais sens sont plus importants, je trouve.

Tu as dit que chez Dante on voit le nombre trois sans arrêt réapparaître et que tu as aussi joué avec ce nombre dans les chansons. Tu as mentionné le fait que la chanson « Nevermore » était en trois syllabes et que la mélodie était constituée d’une phrase de trois notes…

Ouais, il y a plein de choses ici et là, et c’est très subtil. Ce n’est pas comme si on était parti dans tous les sens à essayer d’en faire un élément primordial. C’est un peu un truc secondaire. C’était du genre : « Tu sais, mec, ce serait cool si nous faisions ça. Mettons vingt-sept mots, trois fois neuf, dans le refrain. » La chanson « Without You », la signature rythmique est en trois et ensuite le refrain en six. Ce sont juste des choses de ce genre. Il n’y en a pas de partout. C’est pour nous, mec. C’est juste un autre truc pour nous inspirer, pour nous amuser un peu. Tu sais, il faut s’amuser, mec ! Voilà tout. Les fans qui aiment effectivement creuser et rechercher ce genre de choses, c’est aussi pour eux. C’est pour nous, pour nous amuser et essayer d’apporter un plus, un petit quelque chose qui peut-être n’a de sens que pour nous mais si d’autres personnes tombent dessus ou les cherchent, ils apprécieront aussi. Je pense aussi que beaucoup de fans entendront quelques petits clins d’œil à certains de nos anciens albums. Certaines parties musicales auraient clairement pu être sur tel ou tel album. Il y a tout plein de petites choses diverses qui se sont présentées à nous et que nous avons inclus là-dedans, encore une fois, surtout pour nous mais aussi pour les fans ; je pense qu’ils apprécieront certaines de ces choses.

D’ailleurs, c’est le neuvième album de Symphony X, trois fois trois…

Je ne comptais pas te le dire, mais ouais ! [Rires] C’est clair qu’il y a des choses subtiles mais comme je l’ai dit, il n’y en a pas de partout. Le plus important restait la musique et les chansons. Et si des fois on pouvait intégrer une référence au trois, six, neuf… Ouais, nous trouvions ça sympa. Mais c’est subtil. Et si tu ne sais pas que c’est là, ça ne fait de toute façon aucune différence. Mais si tu recherches ces choses, ouais, il y a quelques petits trucs sympas ici et là. Mais pas de partout.

Tu as aussi mentionné qu’il y avait trois références à trois de vos anciennes chansons de votre troisième album, lesquelles sont-elles ?

N’en as-tu pas trouvé une ? Dans la chanson « Nevermore » ! Dans la toute première phrase de la chanson, tu as « sea of lies ». Il y en a d’autres…

Ok, lesquelles ? [Rires]

D’accord, je vais te dire ! [Rires] Tu as « The Divine Wings Of Tragedy », et je pense que celle-ci est un peu remaniée, avec « on tragic wings I take flight ». Et ensuite, l’autre, tu as « eyes of stone », qui est une référence à la Méduse, de la chanson « The Eyes Of Medusa ». Ouais, tu sais, nous ne nous sommes pas contentés de mettre titres des chansons, sauf évidement pour « Sea Of Lies ». Mais ouais, mec, ce sont juste des petits trucs malins. Si quelqu’un tombe dessus, c’est cool et sinon, les chansons restent de super chansons.

Ok, donc c’est essentiellement dans les paroles…

Oh non, ouais, pour ce cas précis c’est effectivement dans les paroles. Mais après il y a d’autres trucs où des sections musicales vont par trois, des motifs en trois… L’ « Overture », le tout début, les gros accords en alternance, un accord a une tierce majeure et l’autre une tierce mineure. Des petites choses comme ça. A moins de vraiment les rechercher, tu ne les remarqueras même pas, mais les chansons sont quand même cool, donc… Si tu cherches ça, c’est amusant. Sinon, pas de souci.

Est-ce que tu as un intérêt particulier pour les mathématiques et ce que qu’on peut appeler la magie des nombres ?

Pas comme un fou mais un ami à moi m’a effectivement intéressé à ce truc. C’était un documentaire ou quelque chose dans le genre qui parlait de ça. Et non, habituellement je ne suis pas très porté sur ces trucs de dingues. Mais il m’a effectivement montré ça et c’était… Oh, bordel, de quoi ça parlait ? Ca racontait plein de choses sur la nature et les nombres, ils parlaient même des pyramides, c’était sur toute cette géométrie secrète… Je dois l’admettre, c’était assez intéressant. Mais ouais, je ne suis pas à fond dedans ou un genre de matheux [rires].

Symphony X 2015

« Si nous mettons un orchestre ou des chœurs, le groupe reste le plus important. Nous ne voulons pas noyer le groupe dans tous ces trucs. […] Ce n’est pas un album de musique classique, c’est un putain d’album de metal [rires] ! »

Tu sembles minimiser l’importance de ce jeu avec le nombre trois dans l’album. Est-ce important pour toi, au bout du compte, de ne pas trop intellectualiser ta musique ?

Pour certains… Je veux dire que tout le monde est différent. [Il réfléchit] C’est une bonne question… Je veux dire que je ne veux pas rendre la musique si compliquée qu’en fin de compte tu ne l’apprécies pas autant que tu essaies de l’analyser. C’est certain qu’il y a des choses qu’on analyse en tant que musiciens, bien sûr, mais si j’écoute quelque chose et que je veux juste l’écouter, alors je me contente de l’écouter. Il y a peut-être des choses, bien sûr, que j’analyserais… Si j’écoute du Stravinsky, ouais, il se peut que je ressorte la partition pour analyser quelque chose, mais aussi parfois je vais l’écouter juste pour l’écouter, et je vais vraiment l’écouter. Tout le monde est différent et a des raisons différentes d’écouter des choses mais je pense qu’on aime tous nous détendre et mettre de la musique, et ne pas forcément trop réfléchir, simplement apprécier.

L’illustration de l’album est composée de huit symboles. Quel est leur sens ?

Ouais, je pense que le neuvième est sous les masques mais il y a bien neuf symboles. Ca vient de Warren Flanagan… Nous avons fait appel à Warren pour les quelques derniers albums ; un super mec, très créatif, il travaille sur de gros films hollywoodiens… Lorsque nous parlions de l’illustration, comme avec les derniers albums, nous avons conversé pendant cinq minutes pour que je lui dise de quoi parlait l’album, ce que nous essayons de faire, en disant : « Ouais, c’est ce truc inspiré de Dante et Orphée, avec cette notion d’aller-retour en enfer pour aller chercher quelqu’un qu’on aime… » Et il a parlé de revenir aux masques, puisqu’il y avait ce truc avec l’ombre et la lumière ; il y a ce contraste et puis celui avec les couleurs – le noir et blanc, ou argenté. C’est tout ce que nous nous sommes dit. Et ensuite il est parti, a fait son truc et de toute évidence a fait quelques recherches sur L’Enfer de Dante. Il avait ces symboles étranges, neuf symboles pour les neufs cercles des Enfers. Il était donc aussi dans le thème. Je veux dire que je ne pense même pas lui avoir mentionné quoi que ce soit de ce genre. Il l’a juste fait. Donc tout s’est rejoint. Dans son esprit, chaque symbole, d’une certaine façon, a une signification [rires]. C’est ce que font les artistes ; tu laisses le gars être un artiste, mec. Tu le laisse être créatif. Tous ces symboles veulent dire quelque chose mais comment il les a trouvé, qu’est-ce qu’ils sont ? Peut-être que dans le monde réel ils ne veulent strictement rien dire… C’est une question intéressante [rires].

L’album débute sur une grosse introduction orchestrale et le disque contient bien quelques supers arrangements orchestraux et de chœurs. Mais malgré ça, les riffs sont toujours très en avant dans le mix. Est-ce important pour toi de ne jamais perdre le rôle central de la guitare ?

Ouais, il faut que tu conserves… Je veux dire que parfois l’orchestre peut exiger d’être indépendant, comme dans ces interludes ou introductions. Je trouve ça cool lorsque c’est vraiment incorporé au groupe et que le groupe a toujours une présence, que ce soit les guitares ou la batterie. A égalité parfaite. Les guitares ne doivent pas être complètement au fond ou la batterie à plus faible volume, il faut que ce soit le bon équilibre. Si ça noie la guitare, alors pourquoi la mettre ? Tout doit avoir une raison. Je trouve que [sur « Overture »] le mélange est parfait, tu peux entendre toutes les guitares, la batterie et tout, et tu peux entendre l’orchestre comme si c’était un seul instrument. C’est un seul instrument. Pour nous, si nous mettons un orchestre ou des chœurs, le groupe reste le plus important. Nous ne voulons pas noyer le groupe dans tous ces trucs. Nous sommes un groupe de metal, mec ! Et nous aimons aussi tous ces trucs. J’adore les grosses pièces classiques épiques, les œuvres de John Williams, les bandes originales de film… C’est génial. Ce sont des choses très inspirantes et inclure un peu de ça dans la musique, c’est super, mais ce n’est pas un album de musique classique, c’est un putain d’album de metal [rires] !

En 2013 le batteur Jason Rullo a souffert de déficiences cardiaques. As-tu eu peur après ça, évidemment pour sa santé mais aussi pour son implication dans Symphony X et sa capacité à jouer de la batterie au niveau requis ?

Je ne crois pas que ce soit plus dans l’esprit de quiconque que dans le sien ! C’était une période effrayante lorsque tout ceci s’est produit, comme n’importe qui pourrait l’imaginer. Mais il a pris soin de sa santé, tu sais. Ses médecins s’assurent qu’il fait les bonnes choses. Lorsque nous avons enregistré l’album, il disait qu’il se sentait bien. Je lui ai parlé il n’y a pas très longtemps, parce que nous allons commencer les répétitions, et il a dit qu’il s’est entraîné, qu’il maintenait son énergie au top… J’imagine que c’est bon pour lui de jouer de la batterie. Je veux dire qu’il maintient son cœur en forme, il maintient son endurance. Le fait d’être sur la route, ouais, ça c’est une autre histoire. Ca implique beaucoup de voyages qui secouent. Nous verrons. Nous commencerons sûrement les répétitions dans un mois mais je suis optimiste : il paraît en forme et en bonne santé. Je pense que si c’était vraiment devenu un problème, il nous l’aurait dit. Je pense qu’il aurait juste dit : « Mec, il y a un truc qui se passe. » Mais l’enregistrement et tout s’est très bien passé. Comme je l’ai dit, mec, je viens de lui parler et il était surexcité, il a dit qu’il a joué et maintenu sa force au top. Je pense que tout va bien se passer. Mais comme je l’ai dit, tourner c’est difficile… On verra avec le temps comment ça se passe mais, évidemment, on espère que tout va aller pour le mieux.

Vous prenez votre temps ces derniers années entre vos albums, généralement quatre ou cinq ans. Est-ce le temps qu’il vous faut pour faire vos disques sans pression ?

Il y a plusieurs raisons à ça. Nous ne commençons pas à composer avant la fin des tournées, une fois que tout le cycle de tournée est terminé. Donc, par exemple, lorsque Iconoclast est sorti, les deux années qui ont suivi correspondaient au cycle de tournée. Et essayer de composer en tournée… Je veux dire que si nous sommes à la maison pour une pause pendant un certain temps, bien sûr, je me mettrais à chercher des riffs mais tu n’es pas complètement concentré, nous ne parlons pas d’idées, tu ne fais qu’écrire des riffs, peut-être que certains d’entre eux seront utilisés mais la plupart du temps ce n’est pas le cas. Donc après ces deux années, nous nous concentrons totalement sur l’album et nous parlons de ce que nous allons faire. C’était pareil cette fois-ci : nous avons commencé à parler du projet d’album dès le début 2014, janvier ou peut-être février. Je me souviens d’avoir composé précisément à cette période, de chercher les idées de base. Et les chansons étaient terminées vers, je ne sais pas, juin ou juillet, sûrement juillet. Ca ne représente donc pas beaucoup de temps pour composer ! Mais ce n’est pas non plus peu de temps. Je veux dire que ça a pris six ou peut-être huit mois. Ensuite nous avons un peu répété et avons enregistré en septembre. Et le mixage, je crois, s’est déroulé en février ou mars, dans ces eaux là. Toutes ces choses sont à prendre en compte dans l’équation. Même si l’album était mixé d’ici mars, nous devions encore faire l’artwork, le label avait besoin de temps pour s’organiser de son côté, ce qui correspondait à trois mois supplémentaires. Donc ouais, le temps défile mais ça ne prend pas quatre ans à écrire un album, ça n’en prend qu’un mais ensuite ça implique plein d’autres choses. Je ne crois pas que ça fasse tant de temps. C’est juste que cet écart entre les albums donne l’impression que ça prend beaucoup de temps. Mais c’est sûr, d’un autre côté, que les chansons et la musique nous tiennent à cœur. Nous voulons investir notre énergie et notre temps à ça. Est-ce que nous pourrions sortir un album tous les ans ? Peut-être. Mais j’en doute et je ne sais à quel point il sera vraiment bon. Il faudrait rogner sur la qualité à un moment donné. Et ça fait neuf albums que nous faisons ainsi, et il faut essayer de ne pas se répéter, de chercher de nouvelles choses, de faire de choses différentes avec la musique… Tout ceci doit aussi être pris en considération. Chercher de nouveaux trucs, retrouver de la créativité et de l’inspiration, essayer de ne pas se répéter et ne pas tomber dans : « Oh, on n’a pas utilisé ça, ce n’est pas super mais utilisons-le maintenant ! » « Non, non mec, commençons avec quelque chose de neuf et une ardoise vide. »

Symphony X 2015

« Beaucoup de groupes essaient vraiment de faire plus de tournées aujourd’hui et cela aussi est un peu en train de saturer. Donc pour tous les nouveaux les choses deviennent plus dures. »

Tu as aidé ton bassiste Mike Lepond pour son album solo. Qu’en as-tu pensé ?

Il est solide, mec ! Et [Mike] Pinnella en a aussi fait un, Russ a aussi fait d’autres trucs… Tout le monde fait d’autres trucs. C’est bien, mec, c’est sain. Les gens ont des idées différentes quant à ce qu’ils veulent faire. Ils veulent s’exprimer. Je me souviens de Lepond affirmant depuis un certain temps qu’il voulait faire un truc de metal old school. Je sais que c’est le genre de choses qu’il aime vraiment. Je me souviens qu’il a travaillé dessus le temps d’une année ou peut-être deux. Ensuite est venu le moment de l’enregistrer et je lui ai dit que, ouais, je serai là pour tout ce dont il aurait besoin. Il est venu et j’ai fait de l’enregistrement pour lui, j’ai fait quelques solos… C’était amusant !

En fait, je l’ai eu au téléphone l’année dernière et il m’a dit qu’il y a eu quelques albums de Symphony X où il est vraiment difficile d’entendre la basse… [Rires]

Je suis certain que tous les batteurs pensent que la batterie est trop faible ou que les bassistes pensent que la basse est trop faible [petits rires]. Et c’est pourquoi nous confions le mix à un mec spécialisé là-dedans, tu sais. C’est un gars expérimenté qui sait où est la place de chaque chose dans le mix. Je ne sais pas si je suis d’accord avec ça… Je veux dire que peut-être y a-t-il certains de nos albums où un solo de guitare est trop faible ou la basse n’est pas aussi bien définie ou peut-être que l’instrument en tant que tel n’était pas aussi bien…. Il y a toujours des choses ! Il y a toujours quelque chose pour laquelle tu te dis : « Oh, mec, ça aurait été mieux si nous avions fait ça ! » C’est la vie !

Tu penses que c’est mieux de faire appel à un mec spécialisé pour le mixage ? Tu as une entière confiance ?

Ouais, bien sûr, Jens Bogren sait de quoi il est question avec le groupe. Comme je l’ai dit, nous avons travaillé avec lui sur les quelques derniers albums. Je veux dire que nous avons émis l’idée que je me charge du mixage et je pense que je pourrais le faire mais après tu commences à sur-analyser, car c’est ta musique et tu as été lié à elle pendant si longtemps qu’il se peut que ça affecte tes prises de décision. Et il est clair que, de toute façon, Jens aurait fait un meilleur travail que moi. C’est son boulot !

Envisages-tu de refaire un album solo ?

Ouais, en fait, je suis un peu en train d’y penser en ce moment. Je pense sérieusement à en faire un parce qu’il y a des choses que j’ai et d’autres types de choses que j’aimerais bien essayer. Encore une fois, c’est une question de temps. Tout prend du temps. Au cours de ces dernières années, j’ai trouvé des trucs ici et là qui pourraient correspondre à cet album solo. Aussi, le business est vraiment difficile aujourd’hui, mec. L’industrie devient vraiment dure pour les groupes pour faire de l’argent. Les choses changent. Donc c’est toujours bien d’essayer de faire d’autres choses. J’ai essayé de trouver du travail sur des films, à la télévision et pour des jeux vidéo. J’ai des gars à Los Angeles qui m’aident, en quelque sorte, et me trouvent du travail en plus là-dedans, et ça aussi c’est amusant. J’adore ce genre de choses. J’essaie donc de rester occupé.

Est-ce qu’un groupe comme Symphony X a plus de mal dans l’industrie de la musique aujourd’hui qu’auparavant ?

Ouais, c’est un peu différent aujourd’hui. Je connais plein de gars dans plein de groupes différents et entre les ventes de CD et… Je veux dire que, de toute évidence, beaucoup de gens ne font que télécharger des trucs illégalement, voler des trucs ou juste écouter gratuitement. Bon, ça ne représente pas beaucoup d’argent mais juste assez pour aider le groupe à traverser les périodes difficiles. Donc beaucoup de groupes essaient vraiment de faire plus de tournées aujourd’hui et cela aussi est un peu en train de saturer. Donc pour tous les nouveaux les choses deviennent plus dures. Du coup ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir d’autres trucs à côté. Symphony X, évidemment, reste la priorité. C’est juste ce qu’est devenue l’industrie. C’est devenu un peu plus difficile qu’avant.

J’ai d’ailleurs entendu dire fut un temps que pour Symphony X l’accueil était meilleur en Europe qu’en Amérique. Est-ce vrai ?

Genre aujourd’hui ? Ouais, je veux dire que tout s’améliore de partout mais nous avons vraiment commencé uniquement au Japon, avec les premiers albums. Et ensuite, nous avons commencé à bien nous porter en Europe et en Amérique du Sud. L’Amérique, c’est venu bien après ; je pense que ce n’était pas avant… Bon Dieu, quand est-ce qu’on a tourné pour la première fois aux US ? Doux Jésus, je ne m’en souviens plus mais au moins cinq albums étaient sortis. Donc ouais, ça a démarré sur le tard là-bas pour nous. Ce que nous faisions à l’époque, ce n’était pas… Pas que ce soit super populaire aujourd’hui non plus, mais à l’époque, ce n’était pas trop ça. Mais maintenant nous nous portons bien. L’Europe, ça marche d’enfer. En Amérique du Sud, pareil. Tu sais, ça change avec le temps. Tu fais juste du mieux que tu peux.

Est-ce que vous avez déjà des projets de tournées pour l’Europe ?

Ouais, nous sommes en train de mettre en place la tournée européenne, quelque part vers février et mars. Nous avons une tournée ici en septembre et octobre. Nous partons avec nos amis du groupe Overkill et nous allons parcourir les Etats-Unis, et puis nous allons nous poser ici pour les fêtes et juste après la nouvelle année, nous aurons cette tournée de programmée pour l’Europe. Ouais, on dirait bien que ça se fera fin janvier, février, peut-être mars, quelque part par là.

Interview réalisée par téléphone le 12 juin 2015 par Nicolas Gricourt.
Retranscription et traduction : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Danny Sanchez.

Site officiel de Symphony X : www.symphonyx.com.



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