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Live Report   

System Of A Down à la Halle Tony Garnier : hors-normes


Il existe plusieurs types de tournées : la tournée de promotion d’un album, la tournée d’adieu, la tournée de reformation, la tournée d’apogée, et la tournée que System Of A Down organise pour éveiller et réveiller les consciences sur les événements du génocide arménien maintenant vieux d’un siècle. Cette dernière est évidemment hors-norme.

Véritable pierre angulaire du concert, l’anniversaire du génocide est omniprésent et teinté par le devoir de mémoire. Qu’il s’agisse du titre et de l’artwork de la tournée, du stand pour la pétition prônant la reconnaissance du massacre, des courts-métrages animés moitié-historiques moitié-militants scindant le spectacle en trois parties, des élocutions revendicatrices de Serj Tankian : tout met en lumière la blessure arménienne.

Artiste : System Of A Down
Date : 14 avril 2015
Salle : Halle Tony Garnier
Ville : Lyon [69]

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Shavo Odadjian

Mais il serait lacunaire d’envisager la tournée mondiale du combo américain comme étant exclusivement militante et curative : elle se veut aussi informative et « préventive ». A ce titre, le court-métrage du spectacle diffuse un message clair : prendre conscience, se souvenir pour éradiquer les génocides contemporains, et prévenir leur ré-apparition. Le public entre donc dans le monde de System Of A Down avec humanité et gravité, sans pour autant manquer d’excitation et d’impatience.

Une Halle Tony Garnier remplie à bloc, des vendeurs d’eau/bière qui gratifient le décolleté de certaines demoiselles avec des jets de glaçons « tout en restant dans le respect de chacun et de chacune » (le tireur d’élite a tenu à cette précision), un parc spécialement aménagé devant la scène pour abriter régie et futurs pogo, du pop-corn sucré à 2,5€, des sécheurs de mains Dyson AirBlade aux toilettes : tout est prêt pour le marathon.

Aucune première partie, ça va de soi. Au-delà du souci de cohérence vis-à-vis du thème véhiculé, inutile de programmer un groupe d’introduction quand le combo principal aligne un set de 2h40 avec pas moins de 35 titres balayant l’ensemble de sa discographie. Après un premier court-métrage rappelant le contexte historique du génocide, System Of A Down fait son apparition sur les arpèges d’un très attendu « Holy Mountains ». Suite à quelques morceaux mythiques comme « Prison Song » et « Aerials », les premières impressions sont pourtant mitigées. Très loin d’être décevante, la qualité globale n’est cependant pas idéale. Le chant de Serj Tankian est en retrait par rapport à son homologue guitariste, rendant parfois difficile la distinction de ses lignes vocales. Pour preuve : le frontman a dû jongler entre ses retours et son casque personnel sur plusieurs morceaux. Côté public, certes il faut un certain volume pour envelopper les milliers d’âmes dans le maelström d’un tel concert, mais le rendu général était plutôt agressif dans un premier temps. La difficulté a heureusement été surmontée aux alentours de la deuxième partie du concert.

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Daron Malakian

La formation américaine est fidèle à sa réputation, dans tous les sens du terme. Évidemment impliqués dans la dimension émotionnelle de leur tournée, les artistes jouent certains morceaux avec justesse et rage comme « P.L.U.C.K » et « War? », mais savent parfaitement être détendus et toniques sur des icônes tels que « Chop Suey! » ou « Toxicity ». Parfois emportés par l’adrénaline et l’euphorie, certains départs sont quelque peu brouillons avec notamment des retards entre la basse et la batterie. On a beau connaître le talent des deux chanteurs, on reste toujours scotché devant le chœur final de « Chop Suey ! » et la frénésie de « B.Y.O.B ».

La prouesse de ce concert réside surtout dans une triple endurance de la part de System Of A Down, de leur public et de leur setlist. Rares sont les groupes de renommée mondiale à être capables de proposer un concert d’une telle durée sans que les artistes s’essoufflent, que le public décroche ou que les titres soient fondamentalement inégaux. Les Américains ont su intelligemment distiller leur énergies aux moments clefs de chaque partie pour faire voyager le public. De plus, la communication avec la foule est un jeu d’enfant lorsqu’elle est aux mains de Serj Tankian, artiste rompu aux arcanes des discours humains et revendicateurs. L’auditoire a pu reprendre son souffle pendant les cours-métrages ou certains titres plus posés comme « Hypnotize » ou « Lonely Day » après être passé par « Jet-Pilot » et « Prison Song » en abordant une moitié de « Suite-Pee ». Côté titres, il faut dire que la discographie est charnue et la setlist du spectacle ressemble à la compilation de tout fan invétéré de System Of A Down (on ne demandait pas mieux d’ailleurs). Leur second opus est clairement plus exploité que Steal This Album, mais la part des autres galettes est équivalente et ne laisse personne déçu. Avec une palette de trente-cinq morceaux, le combo outre-atlantique a eu recours à plusieurs medley et alternait entre morceaux éphémères à l’image de « Bounce » et peplums comme « Psycho », ou « Toxicity » qui aura reçu un traitement de faveur en étirant le passage propice aux pogos.

Après un traditionnel « Sugar » en guise d’ultime célébration, la Halle Tony Garnier se vide peu à peu, les derniers fans prolongeant le voyage et la dépense en abordant le stand de merchandising. Chacun semble repartir avec son euphorie propre, avec la joie simple d’avoir pu faire partie d’un concert colossal au sein d’une tournée ambitieuse d’un groupe dont l’identité à la fois engagée et complètement perchée reste intacte.

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Serj Tankian a savouré

Setlist :

Wake Up The Souls – Part 1
Holy Mountains
Jet Pilot
Suite-Pee
Prison Song
U-Fig
Aerials
Soldier Side – Intro
B.Y.O.B.
I-E-A-I-A-I-O
Radio/Video
Bubbles
CUBErt
Hypnotize
Dreaming
Needles
Deer Dance
Wake Up The Souls – Part 2
P.L.U.C.K.
Sartarabad
Psycho
Chop Suey!
Lonely Day
Question!
Bounce
Kill Rock ‘n Roll
Marmalade
Lost In Hollywood
Spiders
Mr. Jack
Wake Up The Souls – Part 3
Science
Chic ‘N’ Stu
War?
Arto
Cigaro
Sultans Of Swing
Toxicity
Sugar

Live report : Julien Gachet.
Photos : Nicolas Gricourt.

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Galerie photos System Of A Down.



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