Finalement, Weapons Of Mass Percussions ou W.O.M.P. nous est parvenu. Pour les amateurs de metal qui connaissent le groupe des Tambours Du Bronx, c’est un petit peu la réalisation d’un fantasme. W.O.M.P. c’est bel et bien l’alliance de la puissance physique des Tambours avec l’énergie d’un genre musical extrême. W.O.M.P. n’est pas un projet traditionnel des Tambours qui ont pour habitude de réaliser des prestations destinées pour tous les publics. W.O.M.P a un dessein plus spécifique, un registre bien défini. On savait que les Tambours pouvaient très bien fonctionner avec un groupe de metal via ses prestations avec Sepultura. Cette fois, les Tambours du Bronx ont réalisé un album entier, avec la participation de Reuno (Lofofora) et Stephane Buriez (Loudblast) au chant et accompagné de Franky Costanza (ex-Dagoba, Blazing War Machine) à la batterie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que W.O.M.P. a du coffre !
Il ne faut pas considérer W.O.M.P. comme l’aventure d’un collectif qui cherche à conjuguer son concept avec les styles musicaux adéquats. Les Tambours Du Bronx sont un groupe à part entière, et W.O.M.P. est un album de metal canon, point barre. Certains membres des Tambours se sont, pour l’occasion, remis à la guitare et à la basse. Comment allier un élément aussi dense que les bidons avec une formation metal plus classique ? L’ouverture de l’album (copieux, avec vingt pistes mais de nombreuses transitions) « Delirium Demain » donne les essentiel de la formule. Les bidons restent l’instrument mis au premier plan, toutefois subordonnés à la composition. À ce titre le jeu de batterie de Franky Costanza est un exemple de placement et ce tout au long de l’opus. Ce dernier privilégie des plans parfois minimalistes, avec un seul impératif en tête : compléter les percussions. Le plan de batterie presque élémentaire de « Jour de Colère » en est l’exemple même : il crée les repères de la chanson, amplifiée par la fougue des Tambours, ici sous la touche dramatique des arrangements orchestraux. Évidemment, cela donne lieu à quelques plages rythmiques épiques, à l’image du plus que massif « Mirage Eternel » qui a de quoi galvaniser même le troupeau le plus amorphe. La première réussite de W.O.M.P. est la plus évidente : chaque élément rythmique obéit à la volonté d’accrocher l’auditeur et le spectateur et de l’entraîner dans ce qui peut très vite prendre la forme d’une transe. Concernant le jeu de guitare et les quelques arrangements électroniques, on se rapproche de l’indus, parfois de Rammstein (les chœurs de « Pray ») ou de Ministry. Quelquefois, une identité plus rock et mélodique transparaît notamment sur « Le Festin », qui voit la participation de Renato de Flayed.
Là où W.O.M.P. se distingue réellement, c’est via l’apport de Reuno et Stéphane Buriez qui s’intègrent parfaitement à la masse sonore délivrée par les Tambours. « Tainted With Anger » doit toute sa dimension au timbre guttural de Stéphane, incarné sur le martèlement addictif de « Never Dead » – un hit au refrain à hurler comme un damné. Quant à Reuno, ce dernier permet aux Tambours de varier les atmosphères, presque mystique sur « Mirage Eternel », mélancolique et résignée sur « Noir », hargneuse sur « Le Mal ». Au final, W.O.M.P. dévoile une certaine diversité qui permet de l’apprécier sans éprouver une forme de lassitude malgré l’aspect évidemment très percussif de la musique. Il faut en outre noter la très bonne reprise de The Prodigy « The Day Is My Enemy » avec le chant d’Apolline Magnet. Une grandiloquence qui sied parfaitement à un live survolté. Plus insolite est celle de « Requiem Pour Un Con » de Gainsbourg, qui délaisse l’aspect intimiste pour prendre un air plus solennel, presque majestueux.
Weapons Of Mass Percussions pourra laisser sur le carreau certains des habitués de ce que propose habituellement Les Tambours Du Bronx. Les percussions restent l’élément primordial de la musique, mais partagent la vedette. En outre, ceux qui sont hermétiques au metal ne se retrouveront sans doute pas dans un genre très codifié. W.O.M.P. est un album rugueux, violent. L’appareil rythmique gargantuesque ne laisse pas souvent à l’auditeur le temps de s’extraire, le recours à de nombreuses transitions ambiantes est alors pertinent. Indéniablement, W.O.M.P. fait éprouver à l’auditeur un sentiment de puissance et provoque parfois des lâcher-prises viscéraux. Ce que le live devrait inévitablement décupler…
Clip vidéo de la chanson « Mirage Eternel » :
Clip vidéo de la chanson « Jour de Colère » :
Album W.O.M.P., sorti le 19 octobre 2018 via AT(h)OME. Disponible à l’achat ici