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Interview   

Tankard : la fête est loin d’être finie


Seize albums et plus de trente ans de carrière : l’alcool ça conserve vous dira Tankard et son frontman Andreas « Gerre » Geremia ! Seize albums de thrash des familles sans grande déviation musicale, à honorer le houblon et ses bienfaits sociabilisants, entre autres. Car ce que l’on retient des musiciens de Tankard, c’est avant tout ça, des types fêtards et sympathiques à qui l’on prend plaisir à offrir une bonne bière au détour d’un festival. D’ailleurs, lorsque nous demandons à Gerre si, finalement, le groupe dépense plus d’argent en bière qu’en matériel de musique il répond : « tu sais, lorsque nous jouons avec le groupe, partout où nous allons, nous nous faisons offrir des bières gratuites, donc on ne dépense pas tant d’argent là dedans. [Rires] Je dirais donc que l’on dépense davantage d’argent dans nos instruments. Tu sais, c’est le seul [but] de Tankard : voyager partout dans le monde pour goûter gratuitement différents types de bières. [Rires] »

Interrogé à l’occasion de la sortie de leur nouvel album R.I.B., le chanteur toujours aussi convivial, nous parle de ce qu’il considère un peu comme la suite de leur deuxième opus Chemical Invasion. « On a pensé au vieux professeur qui voulait stopper l’invasion chimique en 1987 et qui a échoué », nous dit-il. « Maintenant il prend une grande revanche sur l’humanité. C’est donc une histoire très drôle et c’est super de voir le professeur fou de retour sur la pochette. » Une suite donc, peut-être plus dans la forme que dans le fond car « on ne se retrouve jamais avant de commencer à composer les chansons pour discuter de comment elles vont sonner », nous avoue-t-il. « Nous commençons simplement l’écriture, ensuite allons en studio et à la fin nous voyons quel type de résultat nous avons obtenu. Il n’y avait aucune intention de sonner comme en 87 ou quelque chose comme ça. » Il ne sont pas du genre à se prendre la tête et se perdre dans de grands plans chez Tankard…

« Nous continuons à avancer, même si nous finissons un jour en chaise roulante sur scène. »

Un opus sur lequel ont été reconduit aussi bien Patrick Strogulski pour l’élaboration de l’illustration – Strogulski qui lui-même était un étudiant de Sebastian Krüger, responsable des pochettes du groupe jusqu’à 2012 – que Michael Mainx à la production, tous les deux ayant déjà été impliqués dans l’album précédent A Girl Called Cerveza. « Nous avons décidé de travailler avec Michael Mainx parce que nous pensions avoir trouvé le son idéal sur A Girl Called Cerveza », affirme le chanteur. « D’un côté tout est très transparent, tu peux entendre très clairement chaque instrument, d’un autre côté il y avait ce son très heavy. Nous voulions donc à nouveau avoir cette combinaison pour cet album. Et oui, nous formons une bonne équipe désormais. Tout le monde se connaît mieux que sur le premier album. Oui, on a fait du bon travail ensemble avec lui mais c’était un travail difficile parce qu’il nous a vraiment botté le cul. Pour ce qui est du gars qui a fait la pochette, je trouve que c’était super de l’avoir, donc pourquoi changer ? »

R.I.B. pour « Rest In Beer », un patronyme « évidemment choisi parce que nous avons eu l’idée de faire un jeu de mots avec Rest In Peace, ‘R.I.P.' » mais qui, de fait, pourrait laisser penser à la fin du groupe. « Ça n’a rien à voir avec la fin de Tankard, » corrige immédiatement Gerre et c’est pour ça que « la dernière chanson de l’album est comme une déclaration : ‘The Party Ain’t Over ’til We Say So’ (ndt : la fête n’est pas finie tant qu’on ne dit pas qu’elle l’est), car nous continuons. […] [Cette chanson] est vraiment à propos de nous en tant que groupe, en tant que Tankard, le fait que nous avons toujours le même état d’esprit, nous continuons à avancer, même si nous finissons un jour en chaise roulante sur scène. Tant qu’on s’amuse, nous voulons continuer avec le groupe. […] Si on dit que la fête est finie alors nous arrêtons mais personne n’a dit ça. […] C’est donc notre déclaration : la fête n’est pas finie tant qu’on ne dit pas qu’elle l’est et personne ne peux nous arrêter. » Puis il poursuit en revenant sur le titre de l’album : « C’est juste un jeu de mot avec R.I.P. et ça n’a rien à voir avec la fin du groupe. Lorsque tu regarde la pochette de Vol(l)ume 14, il y a ce pack contenant quatorze bières et il y a six bières manquantes, il fallait donc que nous fassions encore six albums. Maintenant nous en avons fait deux depuis Vol(l)ume 14, donc tu peux t’attendre à quatre albums de Tankard pour les quelques prochaines années. [Rires] Nous verrons ce qu’il se passe mais le titre n’a rien à voir avec une volonté de raccrocher ou quelque chose comme ça. » Et d’ailleurs, « Rest In Beer », est-ce que ça ne fera pas une mention idéale à marquer sur sa propre tombe ? « Sur ma tombe, ce devra être marqué : ‘mort avec une bière à la main’. Je trouve que c’est mieux », dit-il en référence à la chanson « Die With A Beer In Your Hand » sur l’album Beast Of Bourbon de 2004 et s’esclaffant de rire.

« Sur ma tombe, ce devra être marqué : ‘mort avec une bière à la main’. »

Bien que Tankard aborde des sujets divers dans ses chansons, dont certains tout ce qu’il y a de plus sérieux – comme les programmes de surveillance de gouvernements dans « Enemy Of Order », la guerre menée par des drones dans « War Cry », la perte d’un ami cher dans « Hope Can’t Die » ou de manière générale la mortalité de l’être humain dans « Clockwise To Deadline » – il est de notoriété publique que Tankard est avant tout un groupe de joyeux lurons qui aiment rires, en particulier de l’alcoolisme, thème de prédilection du combo. Pour ceci ils redoublent d’inventivité et même s’inspirent de faits insolites. C’est le cas de l’histoire étonnante narrée dans « Fooled By Your Guts ». « C’est une histoire vraie qui s’est passée aux Etats Unis », nous raconte Gerre. « Il y avait un type qui était toujours complètement ivre et tout le monde croyait qu’il était alcoolique. Mais il avait une maladie qui faisait que son corps produisait son propre alcool. Nous avons donc lu cette histoire sur internet et nous avons dit, évidemment, que ce devrait être le sujet d’une chanson de Tankard, une chanson très drôle, et ensuite il y aura un clip vidéo pour ça. » Et il enchaîne sur le sujet du clip vidéo : « nous aurons deux clips vidéo. Le premier est déjà fait pour la chanson éponyme ‘R.I.B. (Rest In Beer)’? Et la deuxième ‘Fooled By Your Guts’ est plus un truc façon BD. Un gars australien nous a contacté, il travaille avec son équipe sur un dessin animé pour cette chanson. Nous serons très excités lorsque nous verrons le résultat final. […] On ne sait rien. On a juste donné la musique et les paroles à ce gars et ils peuvent faire ce qu’il veulent. On n’a donc aucune idée de ce que ça donnera au final. Ce sera quelque chose de différent de d’habitude, je dirais. Cette chanson sera aussi sur un split single en vinyle avec une nouvelle chanson de Destruction. Il y a donc déjà une illustration de prête, également par ce gars australien, avec un extra-terrestre qui sort de l’estomac d’une personne. »

Pour finir, comment ne pas évoquer le Big Teutonic 4 (composé de Kreator, Sodom, Destruction et Tankard), la réponse allemande au Big 4 américain, réuni à l’occasion du Beastival qui s’est tenu du 30 mai au 1er juin 2013 à Geiselwind en Allemagne, et qui a fait l’objet d’un split EP en 2012 avec des reprises de Motörhead et Iron Maiden par chacun des groupes (Tankard reprenait « The Prisoner » de la Vierge de Fer). « Pourquoi diable est-ce que ça nous a pris tant de temps pour que nous jouions tous sur la même scène » se demandait à juste titre Schmier, leader de Destruction. Alors la question est de savoir si un tel événement, à l’image du Big 4, pourra se reproduire à l’avenir ? « Beaucoup de gens m’ont posé cette question », avoue Gerre. « Bien sûr, nous aimerions refaire un festival avec ce line-up. Mais pour le moment ce n’est pas prévu, mais nous sommes ouverts à tout. Chaque groupe a son propre emploi du temps, c’est donc difficile de se rassembler mais nous gardons l’esprit ouvert à tout. C’était un super événement et j’aimerais refaire ça. Mais rien de prévu à ce jour. Peut-être devrons-nous attendre une autre trentaine d’années, je ne sais pas [Rires]. J’espère pas. »

Interview téléphonique réalisée le 16 mai 2014 par Metal’O Phil.
Retranscription : Thibaut Saumade.
Traduction et texte : Spaceman.

Site internet officiel de Tankard : Tankard.info



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