Il apparaît déjà bien difficile de ne pas parler de bière dans une interview de Tankard, alors quand en plus les Allemands sortent un album appelé A Girl Called Cerveza, c’est une mission impossible. Mais d’ailleurs pourquoi se priver, quand un tel disque rend hommage à ce que la vie a de mieux à offrir à un fan de metal, à savoir de la bière, du thrash et des femmes ?
Cela dit, ne s’arrêter qu’à cet aspect festif pour lequel Tankard est connu serait une erreur puisque le groupe a d’autres choses à dire. En résulte un disque aux thématiques diversifiées, allant des commentaires sur Internet (un thème qui nous est cher) à la politique en passant par la beauté des femmes (enfin des hommes) en Thaïlande.
Andreas ‘Gerre’ Geremia nous en parle.
Radio Metal : Le précédent album de Tankard, Vol(l)ume 14, est sorti en décembre 2010 et votre nouvel album est déjà prêt à sortir. Pourquoi avez-vous sorti A girl Called Cerveza aussi rapidement ?
Andreas ‘Gerre’ Geremia (chant) : Je crois que c’est une bonne chose de sortir un album tous les deux ans. Nous voulions également sortir un album pour fêter les 30 ans de carrière du groupe.
Le nouvel album s’appelle A Girl Called Cerveza. On a vraiment l’impression que cet album raconte l’histoire de l’amour de votre vie, qui est la bière, n’est-ce pas ?
L’idée pour le titre est venue de Frank (NDLR : Frank Thorwarth, bassiste de Tankard). Nous étions pour la première fois en Amérique du Sud pour une tournée et il a vu une fille. Il a juste dit : « Hey ! Cette fille ressemble à de la cerveza » (NDLR : « cerveza » veut dire « bière » en espagnol) et notre manager s’est souvenu de cela lorsque nous discutions du titre du nouvel album. Il nous a dit : « Pourquoi ne pas l’appeler ‘A girl called cerveza’ », et on a tous pensé : « Ouais, c’est cool ! » (rires) C’est du n’importe quoi, ça ressemble à du Tankard pur jus, on a donc décidé de garder ce titre. « The girl called cerveza » est la sœur des « Kings of beer » !
Est-ce que la fille était jolie ? (rires)
Honnêtement, je ne sais pas ce que Frank a aperçu ! (rires)
Quelles sont les différences et points communs entre une fille et une bière ?
Franchement, il n’y en a pas ! (rires)
Que préfères-tu : les filles ou la bière ?
Je préfère écouter du bon metal !
Je dois dire que la fille sur la pochette de l’album n’est pas attirante : est-ce ainsi que tu te représentes la version humaine d’une bière ?
Comme je te l’ai dit précédemment, elle est la sœur des « Kings of beer », elle doit donc aller avec le reste de nos pochettes d’albums. Mais si tu vas sur YouTube, tu trouveras notre nouvelle vidéo : on a une autre fille et elle est vraiment chaude !
La chanson « Running On Fumes » parle du fait qu’il vous est arrivé d’être à court de bière lors de certains concerts : cela vous arrive-t-il souvent ?
C’est une chanson drôle mais ce genre de chose arrive, oui ! Durant les trois dernières années, il nous est arrivé d’être à court de bière lors de deux ou trois concerts. Nous avons donc dû aller en acheter pour nous et nos fans.
“Witchhunt 2.0” parle des commentaires anonymes que l’on trouve sur Internet. Cette chanson a-t-elle été inspirée par des commentaires acides sur votre musique ?
Non, mais, tu sais, certaines personnes, devant leur écran d’ordinateur, écrivent des choses sur toi derrière ton dos. Personnellement, je n’aime pas cela. Si quelqu’un a un problème avec moi, pourquoi ne pas venir m’en parler en face ? D’un côté, Internet est vraiment cool car tu peux être connecté avec le monde entier. D’un autre côté, répandre de mauvaises choses anonymement est vraiment détestable. Voilà de quoi parle la chanson.
La chanson « Master Of Farces » parle du Tea Party (NDLR : mouvement populiste de la droite radicale américaine). Étant donné que Tankard est perçu comme étant un groupe drôle, n’est-ce pas dur pour vous d’être pris au sérieux lorsque vous abordez des thèmes politiques ?
Non, car nous avons toujours essayé de mélanger thèmes sérieux et drôles. En premier lieu, nous sommes un groupe de thrash qui écrit des choses stupides car nous ne nous prenons pas au sérieux. En deuxième lieu, nous avons 40 ans ou plus et on ne peut pas éternellement parler de bière dans nos chansons.
Penses-tu que vos fans sont intéressés par ce que vous pensez de la politique ?
Oui. Les fans sont ouverts à tout. Si nous voulons parler de politique, nous le faisons et espérons que les gens comprendront notre démarche.
« Not One Dad Dead (But One Day Mad) » est une chanson qui parle de vos 30 ans de carrière, de votre volonté de ne jamais abandonner, malgré les obstacles. Quel est selon toi, la raison de votre longévité ?
C’est une sorte de chanson d’amour dédiée à nous-mêmes ! (rires) Nous aimons toujours jouer ce style de musique, nous sommes totalement indépendants, nous jouons le plus souvent possible et investissons tout notre temps libre dans notre musique. Quant à moi, je ne peux imaginer ma vie sans être le chanteur de Tankard ! Ainsi, j’aimerais dire un gros « Santé ! » aux prochains 30 ans !
Doro Pesch chante sur une des chansons de l’album. Comment êtes-vous entrés en contact avec elle ?
Nous sommes divorcés, maintenant mais… (rires) ! Non, je plaisante ! (rires) Doro est si gentille : je l’adore, ainsi que sa voix. Elle est vraiment LA Metal Queen. En décembre dernier, je suis allé la voir à un de ses concerts. Elle m’a vu dans le public et m’a demandé de la rejoindre sur scène pour chanter avec elle ! Backstage, on a parlé et je lui ai dit que nous avions une chanson d’amour sur l’album et que nous adorerions l’avoir comme guest. On est resté en contact, elle a adoré la chanson, et l’a enregistrée. C’est ma chanson préférée sur l’album.
On a vraiment l’impression que cette chanson a été écrite pour elle (NDLR : la chanson s’appelle « The Metal Lady Boy »).
La Metal Queen devait chanter sur “The Metal Lady Boy” : c’est logique ! (rires)
Cela veut-il dire que si elle n’avait pas chanté sur cette chanson, vous ne l’auriez pas enregistrée ?
Je ne sais pas. Nous avions bien sûr prévu une voix féminine sur ce titre, et donc nous l’aurions sortie, mais Doro était le meilleur choix possible.
Quel a été son apport ? A-t-elle par exemple écrit les paroles ?
Non, elle a simplement chanté. Nous avons d’abord enregistré la chanson en studio, puis nous lui avons envoyé celle-ci.
Cette chanson parle de votre première tournée en Thaïlande. Qu’avait ce pays de si particulier pour que vous écriviez une chanson sur celui-ci ?
C’était super excitant d’aller jouer en Thaïlande. Là-bas, la scène metal est petite, mais ce que j’ai trouvé de vraiment particulier, c’est que les plus belles filles sont… des mecs ! Les deux premières nuits, j’étais vraiment perdu et c’est pourquoi j’ai voulu parler de cette expérience. Par contre, ce que je ne peux te dire, c’est quels membres de Tankard ont couché avec ces « Lady Boy » (NDLR : les « Lady Boy » sont des hommes thaïlandais qui se maquillent et s’habillent en filles) ! (rires)
Tu parles des fans dans “Fandom At Random”. Pourquoi ce choix de thématique, s’agit-il d’un hommage ?
Cette chanson ne parle pas des fans de metal en particulier, car ils sont très cool. On a voulu parler de certains fans, plutôt dérangés, qui dédient leur vie entière au culte d’une star de cinéma par exemple.
Quelqu’un a-t-il réussi un jour à vous interviewer sans parler une seule fois de bière ?
Oui, il y a une demi-heure ! Le journaliste m’a dit dès le début : « Il n’y aura pas de questions sur la bière » ! (rires)
C’est une performance ! Dernière question, la question ‘Captain Obvious’ : aimes-tu la bière ?
Parfois ! (rires)
Interview réalisée le 19 juillet 2012 par téléphone
Retranscription et traduction : Jean Martinez – Traduction (s) Net
Site Internet de Tankard : www.tankard.info
Album : A Girl Called Cerveza, sortie le 27 juillet 2012 via Nuclear Blast Records
Très bon interview ! En plus de faire un bon thrash, ces mecs ne se prennent vraiment pas au sérieux et ça apporte vraiment un petit côté sympa à leur musique.
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