
Kik (guitare/chant) : Salut à toi : auditeur de Radio Metal ! Ici Kik, guitariste des Tasmaniac et un des chanteurs du groupe. Très heureux d’être là. On est donc Tasmaniac : groupe de rock qui tache depuis maintenant 10 ans.
Un mot sur votre parcours pour débuter. Tasmaniac existe depuis 1998 et il est fait mention dans vos documents promotionnels que la SMAc Les Abattoirs a joué un rôle important dans votre professionnalisation. Peux-tu nous en dire plus sur cette structure et sur ce qu’elle vous a apporté ?Les Abattoirs, c’est une pure salle de concert mais aussi des locaux de répétitions, des formations diverses et variées pour les groupes de la région Berjallienne. Mais la SMAc Les Abattoirs c’est surtout un sacré directeur moustachu (ndlr : Il s’agit de José Molina) ! Dès la création de leur structure, ils sont venus nous chercher dans notre local de répèt. Depuis, on est toujours liés. D’ailleurs nous effectuons chacune de nos sorties d’album aux Abattoirs. Ils nous ont apporté beaucoup en terme de professionnalisation notamment sur la structuration juridique de Tasmaniac.
« Dernière Chance » est le nom de votre troisième album. Généralement le troisième album d’un groupe est souvent qualifié « d’album de la maturité ». Comment analysez-vous cette expression en tant que musicien et quelles sont les différences entre « Dernière Chance » et « Le Temps, c’est l’Envie », votre précédent opus ?Je partage l’idée d’album mature. C’est vrai pour beaucoup de groupes et je pense qu’on ne déroge pas à la règle. Cette fois-ci, on a su prendre le temps de composer, de maquetter et de réfléchir à ce qu’on allait faire. Choses que l’on avait jamais faites auparavant ! L’enregistrement n’était plus une découverte, une zone à risques. En studio, on savait ce que l’on voulait car toutes les directions artistiques étaient prises en amont. On est plutôt satisfait du résultat…et j’espère que toi aussi !

Oui. Très simplement en fait : avoir la chance de tourner le plus possible afin de découvrir le maximum de lieux et de gens. Notre motivation c’est la scène. On fait des disques pour ça, uniquement pour ça.
Seulement deux ans se sont écoulés entre « Dernière Chance » et « Le Temps, c’est l’Envie » pourtant vous avez énormément tourné. Comment expliquez-vous cette montée en puissance de Tasmaniac ces deux dernières années ?Et bien Jeannot (batterie) et Lolo (basse) ont intégré le groupe très peu de temps avant l’enregistrement du « Le Temps, c’est l’Envie ». On a donc très rapidement eu le besoin de vraiment composer à quatre. « Dernière Chance » en est le premier fruit. Le fait d’avoir fait pas mal de concerts tient un groupe sous pression. On se voit souvent et on répète logiquement beaucoup. Donc nous prenons le temps de créer. Par rapport à la tournée, le fait de bosser avec Jaspir Prod nous a fait faire un joli bond en avant. Plus de 80 dates dans toute la France en 20 mois : pour un groupe auto-produit et alternatif comme nous, c’est plutôt bien.
Une vidéo a été réalisée pour le titre « Est-ce que tu sais ». Aujourd’hui les médias télévisuels liés à la sphère rock/metal sont peu présents. Est-ce que vous attendez quelque chose de la télévision ou la vidéo est surtout destinée à la promotion sur les médias Internet comme YouTube ou Daily Motion ? D’ailleurs ce vidéo clip est très original et vaut vraiment le coup d’?il. Qui s’en est chargé et comment s’est passé le tournage/montage ?Je pourrais te répondre qu’on ne gère pas la promo…Ce clip a été réalisé par Ivan Felbabel, un vrai pote. Il a fait un très joli boulot, et rien que ça, ça nous satisfait. La diffusion via internet est la principale voie pour un groupe comme le nôtre, évidemment, et tant mieux d’ailleurs. Après, si des TV en veulent, pas de soucis. Notre musique n’est pas faite sur commande, si ils la diffusent, on ne leur devra rien et c’est bien mieux comme ça ! Le tournage du clip nous a seulement pris une journée. Mais le montage, lui, a pris beaucoup plus de temps. Ivan a eu complètement carte blanche. On connaissait son talent et sa créativité et il ne nous a pas déçus. Il est l’origine de tout, du scénario au montage. On a validé les concepts et amené quelques idées. Mais c’est son travail et tout le mérite lui revient.
Sur scène Tasmaniac est un groupe à voir absolument car vos prestations mélangent énergie et bonne humeur. Avec plus de 200 concerts, vous avez maintenant une vraie expérience du live. Qu’est-ce que vous pourriez dire à nos auditeurs/lecteurs pour que ces derniers viennent assister à l’une de vos prestations ?C’est très simple. Si tu veux bouger la tête, sauter en l’air, te marrer un coup et boire des bières (rayer les mentions inutiles), viens donc jeter une paire d’oreilles à ce qu’on fait. Juste du rock énergique, authentique, sans se prendre pour d’autres. C’est ce qu’on offre à qui veut bien de nous.
On a l’impression que la musique de Tasmaniac est vraiment calibrée pour la scène grâce aux riffs accrocheurs (très Silmarils ou RATM dans l’esprit) et l’envie de jumper que peut donner ce genre de guitares à la Tom Morello. Est-ce que vous considérez que Tasmaniac est avant tout un groupe de scène ?Oui. Le rock, c’est pas qu’une musique. Il y a aussi l’état d’esprit, la politisation qui va avec. Ce qui nous plaît, c’est l’humain. On fait des disques pour faire des concerts, pas l’inverse. Donc oui, nous sommes avant tout un groupe de scène. Et ça ne changera pas !
L’humour est très présent chez vous (sur scène, MySpace, cd etc.). « Dernière Chance » en couverture de votre album et « au dernier moment » dans le contenu du livret. Vous êtes quatre dans le groupe. En conséquence, qui sont Hannibal Smith, Mister T., Futé et Looping au sein de Tasmaniac ?!Déjà je t’applaudis. T’es le premier qui me pose cette (très bonne) question ! C’est très simple : je suis Hannibal Smith, Mister T et Futé à la fois. Les trois autres se partageant le rôle de Looping de manière très équitable et remarquable !
Les paroles de Tasmaniac sont très engagées. Vous n’hésitez pas à critiquer la police, les politiques, les inégalités etc. On a l’impression que ces thématiques sont souvent reprises par les artistes français qui jouent, comme vous, de la musique qualifiée de « fusion ». Ne penses-tu pas que le fait que beaucoup de groupes véhiculent ce message fait perdre un peu de sa portée et constitue une sorte de passage obligé pour réussir dans ce style ?Déjà, on ne s’impose rien. Ce qu’on écrit, on ne le fait pas pour rentrer dans telle ou telle case. Je pense que l’essence du rock est contestataire. Il y a énormément de choses qui ne tournent pas rond. On le sait, on le vit, et si on peut faire ouvrir quelques paires d’yeux ou inciter quelques personnes à s’informer de manière objective, alors ce sera mission accomplie. Effectivement, on est pas les premiers et j’espère qu’on ne sera pas les derniers à le faire. Tant qu’il y aura des choses à combattre, il faudra le faire, quelque soit le moyen. Si les artistes ne prennent pas la parole, qui le fera ?
En 10 ans d’activité, quel bilan peux-tu faire sur l’évolution de Tasmaniac ? Et plus généralement, quel regard portes-tu sur l’industrie de la musique et la crise qui touche cette dernière ?De notre côté, on fait de plus en plus de concerts et on va de plus en plus loin. On est donc satisfait de la tournure que les choses prennent pour la vie du groupe. Par rapport à l’industrie du disque, c’est bien fait pour leur gueule. Si, au lieu de courir après leur bassesse mercantile, ils avaient cherché à élever le niveau artistique, à faire découvrir des artistes frais, variés et riches (artistiquement) qui offrent quelque chose de différent sur scène, alors on ne se serait pas détourné des bacs à disques. Les disques, je continue de les acheter. Mais au stand de merchandising des groupes ou via les prod quand les artistes viennent de loin. Je saute les chaines de distribution désormais. Je n’ai rien contre eux, mais un disque, ça ne vaut pas 20€. Les artistes qui se plaignent du téléchargement sont ceux qui se gavent, pas les alternatifs. Ils ne m’intéressent pas. Les CD de mes potes, je les achète. C’est une démarche de soutien, de motivation. INFORMEZ VOUS !
Entretien réalisé en mars 2009 par email
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