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Interview   

Textures et sa génétique musicale


Textures 2014

Si le successeur de Dualism (2011) se sera fait attendre, c’est aujourd’hui tout pardonné lorsque l’on voit le projet on ne peut plus ambitieux que s’est imposé Textures et dont la première partie voit le jour aujourd’hui, sous la forme d’un album intitulé Phenotype ; son complément, Genotype, étant à paraître dans un an. Il s’agit en effet d’un double album mais, là encore, Textures sort des sentiers battus. Là où Phenotype apparaît comme un album de synthèse et qui fera notamment plaisir aux fans de Silhouettes (2008) et des albums antérieurs, Genotype sera une toute autre affaire, prévu pour n’être constitué que d’un titre progressif d’une quarantaine de minutes, avec des rappels vers son aîné. Et lorsque l’on pourra entendre les deux disques, leurs rapports chronologiques pourraient bien s’inverser… Vous ne comprenez rien ? Ce n’est pas grave, Daniël de Jongh tente de vous expliquer tout ça ci-après. Nous essayons de comprendre avec lui comment un tel projet a germé et quels rapports entretiendront les deux disques.

Qui plus est, Phenotype est le premier album de Textures à avoir été intégralement conçu en groupe depuis le grand changement de line-up survenu en 2010, avec l’arrivée de Daniël de Jongh, justement, et du claviériste Uri Dijk, ainsi que l’intégration du guitariste Joe Tal en 2013. Les confessions du chanteur à l’égard de Dualism, album marqué par une période de transition, sont d’ailleurs intéressantes et permettront sans doute de mieux comprendre son côté un peu à part, ainsi que pourquoi Textures semble aujourd’hui opérer un retour en arrière en termes de style.

Textures 2016

« Nous écrivons de la musique, pas des chansons. »

Radio Metal : Vous avez un nouvel album qui sort bientôt et qui s’intitule Phenotype, et c’est le premier d’un double album. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce projet ?

Daniël de Jongh (chant) : Nous avons toujours voulu apporter quelque chose de spécial pour ce prochain album. En fait, nous aurions dû commencer à enregistrer Phenotype un an avant que nous soyons effectivement entrés en studio mais nous n’étions pas encore prêts à l’époque. Le truc, c’est que lorsque nous avons décidé de repoussé les enregistrements, ça nous a donné une année de plus pour finir l’album et grâce à ça, nous avons eu du temps pour écrire encore plus de musique, ce qui a permis de composer quelque chose de très, très, très spécial. Pendant cette année supplémentaire qui nous a permis de composer plus de musique, Bart [Hennephof] nous a donné un avant-goût de ce qu’il avait déjà composé, et c’était tellement cool que nous avons décidé de faire un double album. Nous avons commencé à composer et puis, au final, Phenotype était terminé et nous avions comme… Bon, nous n’avons pas encore fini Genotype mais il y avait déjà un gros morceau de fait pour celui-ci. Donc ouais, voilà pourquoi nous avons voulu faire ça, simplement pour mettre quelque chose de vraiment différent sur la table et faire quelque chose de très spécial pour les fans.

Est-ce que vous aviez dès le départ le concept pour ces deux parties ?

Non, non, nous n’avions pas le concept dès le début. Nous avions Phenotype qui était un album en soi. Nous savions que lorsqu’il serait fini, il serait fini. C’était cool mais ensuite Genotype a commencé à évoluer vers quelque chose de très atmosphérique. Ça sonnait comme une sorte de naissance et même comme un préquelle de Phenotype, aussi amusant que ça puisse paraître. Ensuite, Uri [Dijk], notre claviériste, a commencé à écrire ce morceau et a trouvé l’idée de Phenotype/Genotype pour la musique. Donc, lorsqu’il a proposé cette idée, ça paraissait vraiment cool et ça collait complètement, presque comme quelque chose de logique. Lorsque nous avons entendu la musique et l’idée du phénotype et du génotype, on se disait : « Oh, ça leurs va comme un gant ! C’est génial ! » Car Genotype aura plein d’éléments qui pourront rappeler Phenotype – ce pourrait être une ligne de chant, un roulement de batterie ou une ligne de guitare, peu importe. Voilà donc toute l’idée derrière ça. Les deux albums sont vraiment étroitement liés par tout le concept de Phenotype/Genotype.

Ca a pris deux longues années au groupe pour composer et enregistrer tout l’album. Quel a été le plus grand défi dans ce processus ?

Ce qui est drôle dans le fait de composer dans le style de Textures, c’est que nous ne composons pas une chanson à la fois, nous avons constamment plein de bouts de musiques. Nous commençons à composer mais nous ne pensons pas vraiment à écrire une chanson, nous pensons à écrire de la musique [petits rires], pour ainsi dire. Nous avons tous ces petits morceaux de musiques et nous essayons tout le temps de les assembler. En l’occurrence, le début d’ « Illuminate The Trail » avait déjà été écrit en 2008 et c’était à l’époque prévu pour Silhouettes. Mais, comme toutes ces choses sont là à disposition sur l’étagère, nous pouvons les prendre, les mettre sous d’autres formes et puis finalement faire des chansons et essayer de les connecter sur cet album. Nous nous sommes donc ainsi retrouvés avec ces neuf chansons qui collaient vraiment bien et qui sont comme un puzzle, et au bout du compte tout s’emboîte bien. Je ne sais pas si ça répond à la question [rires]. Tu peux répéter ta question !

[Rires] Eh bien, la question était : quel a été le plus grand défi dans ce processus ?

Le plus grand défi, c’était de lié les bouts de chansons ente eux [rires]. En fait, c’était ça toute l’idée. Tu dois surpasser ton album précédent, c’est une chose, et nous savions ce que nous voulions. Je ne sais pas si on peut considérer ça comme un défi mais pour nous, le défi, c’est comme avec chaque album, c’est de créer quelque chose que nous trouvons génial, quelque chose qui définit vraiment le groupe et ce qu’il est à un moment donné, et essayer de repousser nos limites encore plus loin qu’auparavant. Voilà donc notre défi pour cet album et je trouve que nous avons plutôt assuré, en fait ! [Petits rires]

Le groupe a déclaré que le premier album contenait des chansons accrocheuses, innovantes et progressives alors que Genotype serait constitué d’une seule chanson conceptuelle de quarante-cinq minutes. Cherchiez-vous avec ce concept à explorer au maximum deux côtés opposés de votre musique, le côté accrocheur et celui plus progressif ?

Ouais, c’est certain. C’était toute l’idée de départ, et c’était déjà le cas lorsque nous avions commencé à composer pour les autres albums. Car nous avons toujours voulu faire quelque chose comme ça mais nous n’avons jamais eu le temps ou les idées ou l’inspiration pour ce genre de projet. Nous savions que nous voulions faire un album qui serait percutant et aurait de bonnes accroches. Nous voulions faire un album comme Phenotype. Mais d’un autre côté, nous voulions faire… Car, il y a trois ans, nous avons réalisé une version acoustique de « Messengers » et c’était vraiment cool, nous voulions avoir quelque chose dans cette veine sur tout un album. Nous savions que nous voulions faire un album un peu prog et qui n’aurait pas forcément à être découpé en différentes chansons. Comme je l’ai dit précédemment : nous écrivons de la musique, pas des chansons. C’est ça que nous voulions sortir. Essayons de créer de la musique, voyons où ça commence et où ça se termine, ça n’a pas d’importance. D’un autre côté, nous avons des chansons de quatre, cinq, six, sept ou peut-être huit minutes et il y a toujours une fin. Et avec cet « album/chanson », eh bien, nous verrons jusqu’où ça ira et d’ailleurs elle n’est pas encore finie [petits rires]. C’est vraiment cool de faire ça parce que nous ne l’avions jamais fait auparavant ! Et maintenant, nous avons cet album bien hard, rapide, avec diverses influences et puis un autre qui sera très expérimental et prog qui arrivera l’année prochaine.

Textures - Phenotype

« Je n’ai pas peur de dire que, pour ma part, [Dualism] était un peu une déception parce que je pensais que nous composerions plus dans [la] veine [de Silhouettes] alors que ce n’était pas du tout le cas. »

Même s’il contient des moments très directs et mélodiques, l’album n’est pas exactement ce qu’on pourrait qualifier d’album accrocheur « tout public ». Au contraire, il contient des parties très extrêmes, combiné avec des rythmes asymétriques, etc. Vouliez-vous jouer sur le mot « accrocheur » et en faire votre propre interprétation ?

Ouais, bon, il n’y a aucun album [de Textures] qui soit vraiment… accrocheur ! [Petits rires] Car je pense que chaque album possède ce genre d’influence ou de dynamique mais la différence, peut-être, cette fois, est qu’il se passe beaucoup de choses sur cet album : des trucs rapides, de longs passages, des lignes mélodiques et tout, mais d’un autre côté, il y a des morceaux vraiment groovy et accrocheurs et c’est peut-être pourquoi nous employons le terme « accrocheur » parfois. « New Horizons » peut être considérée comme une chanson accrocheuse ! [Petits rires] Ce n’est pas comme si toute la chanson était expérimentale ou quoi. C’est sûrement pourquoi nous qualifions cet album d’accrocheur. Même si c’est vraiment un album extraverti avec plein d’aspects différents, des lignes techniques et mélodiques, ou peu importe comment tu veux appeler ça. Ouais, je ne sais pas, ce n’était pas vraiment pour mettre une étiquette sur cet album ou le type d’album qu’il pourrait être.

L’album démarre de façon très agressive et devient plus mélodique ensuite, pour finir sur « Zman » et la très mélodique et pleine d’espoir « Timeless ». Etait-ce fait exprès, pour donner un sentiment de « lumière au bout du tunnel » ?

Ouais, le truc c’est que nous avions déjà une démo pour « Timeless » et nous étions presque sûrs que ce serait la fin de l’album, car elle offre une fin ample et épique à l’album, et c’est quelque chose que nous voulions. C’est pareil pour la première chanson, nous voulions entrer avec grand fracas, quelque chose que Textures n’avait jamais fait sur un album, simplement pour « BOOM ! », envoyer la sauce dès le départ comme Pantera a pu le faire à une époque [petits rires]. C’était ça l’idée. Les deux chansons en soi avaient toutes les deux en elles le fait qu’elles seraient le début et la fin. Et donc c’est pour ça qu’on les a employées ainsi.

Il y a deux interludes instrumentaux, « Zman » étant l’une d’entre elles. Quelle est l’importance de ces morceaux ?

Le truc avec « Meander », celle basée sur la batterie et qui arrive avant « Erosion », c’est que Stef [Brokes] a toujours voulu faire une chanson ou un morceau instrumental qui offrirait à la batterie le rôle principal. Nous lui avons offert cette liberté et, au bout du compte, il a eu cette idée géniale de créer une chanson avec huit batteurs, parce que c’est ce qu’est « Meander ». La chanson est jouée par huit batteurs et si tu écoutes bien, tu peux t’en rendre compte. Nous avions déjà « Erosion » et nous nous sommes dit, eh bien, nous terminons « Meander » avec le « tacatataca » typique et ensuite « bouh », ça s’enchaîne sur « Erosion » et c’est genre « wah ! », comme si quelqu’un enfonçait la pédale de gaz. C’est ça toute l’idée avec « Meander », comme si on démarrait le moteur et ensuite, avec « Erosion », on appuie à fond sur l’accélérateur et on fonce à deux-cents à l’heure pour écouter la chanson suivante. « Zman » existait déjà. Uri a un autre projet qui s’appelle The Ulex, dont l’album est plus orienté électronique. Il a donc eu cette idée de donner un peu plus d’importance au piano sur cet album parce que ça n’a jamais vraiment été le cas avant. En fait, sur cet album, il se passe des choses qui n’ont jamais été faites avant avec Textures et c’est ce qui fait que c’est si cool d’avoir ces interludes. Sur « Zman », qui signifie « temps », l’idée était de faire monter la tension jusqu’à « Timeless » et, au bout du compte, même finir avec ce morceau puisqu’il revient à la fin de « Timeless ». Ce qui en fait un thème récurrent dans l’album. C’est ça toute l’idée derrière ces deux morceaux de musique : ils donnent un signal de départ ; même s’il y a des sons différents, c’est le départ d’une autre chanson.

La grande dynamique de l’album, avec ces parties vraiment agressives et d’autres très calmes, à tendance à rappeler l’album Silhouettes. Est-ce quelque chose vers laquelle le groupe voulait revenir ou était-ce plus une question de résumer ce qu’a été Textures jusqu’à présent ?

Oui et oui [petits rires]. Le truc, c’est que tous ceux qui ont rejoint le groupe après Silhouettes, comme moi, Uri, Joe, adoraient vraiment cet album. J’étais un grand fan de Silhouettes, encore aujourd’hui je l’adore, j’adore même le chanter en live. Le son de Silhouettes balance vraiment, il est chaud et vraiment classe, et même les parties atmosphériques sont extrêmement bien amenées. C’est donc ce que nous voulions retrouver un peu dans cet album. D’un autre côté, le feeling global des rythmes et de toutes les idées, c’est comme passer en revue les cinq derniers albums. Car nous savions que de nombreux fans voulaient voir réapparaître plein de parties qui avaient un peu disparues sur Dualism. Car Dualism était un album complètement [différent] ; même si c’était toujours très Textures, ça restait un album à part. Nous avons donc décidé de redonner aux fans ce qu’ils voulaient, enfin, à peu près. Ce n’est pas vraiment un album qui a été spécialement conçu pour les gens mais d’un autre côté, ça l’est un peu [petits rires], car nous voulions nous-mêmes refaire de Textures ce qu’il était. C’était comme une vue d’ensemble des cinq albums. Donc, ouais, c’est peut-être comme un best of mais en allant plus loin encore !

Tu as dit que vous adoriez tous l’album Silhouettes. Est-ce que ça veut dire que tu avais été déçu, pour ainsi dire, par Dualism parce qu’il s’en éloignait ?

Personnellement, ouais. Lorsque nous avons commencé à composer, ouais, je n’ai pas peur de dire que, pour ma part, c’était un peu une déception parce que je pensais que nous composerions plus dans [la] veine [de Silhouettes] alors que ce n’était pas du tout le cas. Ce n’est pas une mauvaise chose mais il a fallu que je m’y habitue parce que lorsque nous avons commencé à écrire Dualism… Bon, laisse-moi présenter ça comme ça : lorsque j’ai rejoint le groupe, la moitié de Dualism était déjà écrite. J’ai donc dû travailler sur de la musique qui était déjà là et nous étions un peu pressés par le temps, il fallait que nous enregistrions et composions de la nouvelle musique. Ce qui a fait que c’était un peu difficile pour moi de rentrer dans l’état d’esprit [de l’album], car je savais ce qu’était Textures et, en l’occurrence, Dualism était quelque chose de très différent. Je dirais que, pour ma part, Dualism n’était pas vraiment mon album [petits rires]. Je n’avais pas cette impression parce que je ne ressentais pas l’énergie que je recherchais sur un album de Textures, et pour le coup, Phenotype a complétement cette énergie.

Textures 2013

« Nous voulons créer l’idée que Genotype est en fait l’album qui devient au final Phenotype. »

En 2013, le groupe a accueilli Joe Tal à la guitare, suite au départ de Jochem Jacobs. Quel a été son niveau de contribution sur cet album ?

Un gros morceau ! [Petits rires] Lorsqu’il a auditionné, nous avons sorti un podcast and il y disait : « Si je peux ramener quelque chose dans le groupe, ce serait les blast beats. » Et il l’a fait, car la plupart des parties avec des blast beats viennent de Joe, ce sont ses idées. « The Fourth Prime » est d’ailleurs presque complètement sa chanson ; c’est lui qui l’a écrite, les lignes de guitare et tout. De même pour la fin de « Shaping A Single Grain Of Sand », c’était aussi son idée. Sa contribution est donc vraiment importante. Il a été formé au jazz, c’est un étudiant en jazz du conservatoire hollandais. Tu peux t’en rendre compte. Il connaît tout. C’est comme un jukebox. Du coup, une grande part de la contribution pour cet album est à mettre à son crédit.

Le claviériste Uri Dijk semble également avoir été davantage impliqué dans Phenotype qu’il ne l’avait été sur Dualism.

Ouais, parce que pour Uri, c’est presque la même chose que ce que je t’ai dit à mon sujet : il a rejoint le groupe alors que la moitié de l’album était déjà écrite, et Dualism n’est pas vraiment un album orienté synthétiseur. Textures n’avait jamais eu un vrai claviériste. Ils avaient un gars, Richard [Rietdijk], qui était plus porté sur les atmosphères. Il donnait vie à des atmosphères avec ses sons sur cet album. Uri peut également le faire mais il peut faire encore plus que ça. C’est un super claviériste et pianiste. Et il voulait le montrer sur l’album, et il l’a fait. Lorsqu’il avait la place de le faire, eh bien, voilà, maintenant tu as ça sur cet album. Ça donne un côté encore plus varié à Textures, qui n’était pas apparent avant.

Ton interprétation va de vocalises incroyablement agressives, comme à la fin de « Shaping A Single Grain Of Sand » à du chant très calme et mélodique. Cherchais-tu à te stimuler encore plus vocalement cette fois-ci ?

Ouais, assurément. Je pense que sur Dualism, je n’avais pas la place de montrer ce que j’avais en moi. J’avais fait un album [Deranged Headtrip, en 2009] avec un groupe qui s’appelle Cilice et jusqu’à présent, c’était mon album fétiche. J’avais tellement d’idées sur celui-ci ! Et je voulais retrouver ça et le transmettre à Textures. Je crois donc que, vocalement, ceci est l’album le plus extraverti que j’ai jamais fait.

Les noms des albums viennent de la génétique. Penses-tu donc que ces albums, Phenotype et Genotype, représenteront l’ADN de Textures ?

Ouais, pour ainsi dire, on peut le voir comme ça ! C’est d’ailleurs l’idée principale de ces albums ; c’est l’ADN de ce qu’est Textures, de sa musique et tout. Donc, bien trouvé ! [Petits rires] Le truc, c’est que normalement, dans la génétique, le génotype vient avant le phénotype. Comme je te l’ai dit plus tôt, Genotype sera un album complètement différent, qui aura ces ouvertures éthérées et ces montées en puissance vers ces très grands… Tu peux presque le voir comme un vol à travers les montagnes : tu montes, tu vois l’eau en dessous, tu vas plus loin et tu survoles de larges espaces de forêts, ce genre de choses. C’est ce que tu entendras dans la musique. C’est donc un peu comme un genre de naissance parce que dans Genotype tu entendras pleins de petits bouts qui te rappelleront Phenotype. Donc dans cette métaphore, nous voulons créer l’idée que Genotype est en fait l’album qui devient au final Phenotype. C’est ça toute l’idée.

Est-ce qu’il y a un lien entre les noms Phenotype / Genotype et le contenu des paroles des albums également ?

Non. Il y quelques trucs qui effectivement correspondent mais les chansons sur l’album n’ont pas été expressément écrites sur la base de l’idée de phénotype. Toute l’idée par rapport au phénotype et génotype est apparu après tout le processus d’écriture. Donc les chansons en elles-mêmes n’ont pas de lien avec le nom de l’album, car les sujets sur l’album varient. Ça peut être des problématiques personnelles ou des sujets plus larges qui touchent à la vie des gens. Ce n’était donc pas forcément lié à toute l’idée de phénotype. Pour ce qui est de Genotype, nous n’avons pas encore terminé. A peu près soixante-quinze pour cent de l’album est écrit. Donc je ne sais pas encore vraiment.

Si l’on considère les titres des chansons, la nature semble être un thème important à travers l’album, avec des titres comme « Erosion », « Oceans Collide », « Shaping A Single Grain Of Sand ». Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Il y a toujours ce lien à la nature. Ce qui est drôle, c’est que les noms en tant que tels ont été réfléchis après coup. Nous avons toujours des noms stupides pour les chansons lorsque nous les écrivons. Lorsque nous commençons à écrire, nous pensons aux noms les plus ridicules qui soient [petits rires]. Nous n’avons pas vraiment de nom de chanson avant que nous réfléchissions à l’album, ce qu’il pourrait être et tout l’ensemble. Mais, au final, lorsque nous commençons à lister les chansons et penser à l’idée de l’album ou à ce que les chansons peuvent vouloir dire… Même s’il y a une idée principale pour ces chansons et les paroles, bien sûr, nous ne pensons pas au nom de la chanson en en tant que tel. J’écris les paroles de mon côté et je ne pense pas vraiment à un titre, jamais [petits rires]. C’est pour ça que les noms des chansons se relient effectivement à toute l’idée [de l’album] et, bien sûr, à l’idée de nature. Dans les paroles, nous avons toujours ces touches de nature. Ce que nous essayons de faire, c’est de lier la nature à notre esprit humain parce qu’il y a plein de choses qui trouvent une connexion. Ainsi, nous essayons de prendre des éléments liés à la nature pour les intégrer à la musique.

Textures 2013

« Nous avons déjà plein de commentaires à propos de Phenotype disant qu’il se passe énormément de choses sur cet album, alors imagine si nous avions sorti Genotype en même temps… [Petits rires] »

Avez-vous une relation particulière à la nature ?

Ouais, j’adore la nature ! [Petits rires] même lorsque nous partons jouer dans des festivals ou très loin, comme en Inde, nous sortons souvent, en essayant de se prendre une semaine de vacances en plus pour aller faire des randonnées dans la montagne et ce genre de choses. Nous adorons vraiment tout ce qui attrait à la nature. Donc ouais, nous adorons la nature.

Pourquoi n’avoir pas sorti les deux albums d’un coup ?

Ca fait trop d’information [rires] ! C’est ça toute l’idée ! Nous avons déjà plein de commentaires à propos de Phenotype disant qu’il se passe énormément de choses sur cet album, alors imagine si nous avions sorti Genotype en même temps… [Petits rires] Nous ne voulons pas que les gens oublient ces albums. Aujourd’hui, nous pouvons leur laisser du temps pour qu’ils s’habituent à Phenotype et même qu’ils en réclament plus après celui-ci, et lorsqu’ils en voudront plus, ils en obtiendront plus puisque alors nous sortirons Genotype, et donc voilà !

Tu as mentionné plus tôt la version acoustique de la chanson « Messengers ». Est-ce que les réarrangements acoustiques seraient quelque chose que le groupe pourrait développer dans un projet futur ?

Tu es la quatrième personne à me demander ça [rires] ! Le truc, c’est que nous aimerions vraiment le faire mais ça prend beaucoup d’énergie… Bon, pas de l’énergie mais ça prend beaucoup de temps de créer quelque chose comme ça parce que « Messengers », en soi, est une chanson imposante et lorsque nous avons essayé de la modifier et en faire une version acoustique, nous voulions vraiment tout donner pour en faire une jolie version acoustique, sans endommager la chanson en elle-même. Si nous voulions faire ça pour chaque chanson, je crois que ça nous occuperait pendant un an [petits rires] ! Mais c’est une chouette idée !

C’est aussi quelque chose que vous n’avez jamais fait !

Non, exactement, ça aussi nous ne l’avions jamais fait mais peut-être que nous le ferons lorsque nous serons vieux avec les cheveux gris [rires] !

Vous rencontrez un certain succès en Inde, ce qui est assez insolite. Vous avez parcouru presque tout le pays. Qu’est-ce que cette expérience représente pour vous ?

C’était vraiment cool ! C’est complètement différent parce que nous n’y étions pas habitués. C’est un énorme pays avec beaucoup de gens et ils te traitent presque comme si tu étais les Backstreet Boys, et ça, ça nous change [petits rires] ! Ce n’est pas quelque chose à laquelle nous sommes habitués en tant que groupe de metal dans un pays comme celui-ci. C’était cool et à chaque fois que nous y retournons, c’est toujours plus important et ça fait du bien. Les gens sont très gentils, ils sont vraiment fidèles au groupe et c’est également pourquoi nous adorons jouer là-bas.

Comment expliquer le succès que vous rencontrez là-bas ?

L’origine remonte à longtemps, avant même que le groupe ne vienne en Inde, car il y a un gars, un tourneur, qui avait fait un faux flyer en disant que Textures allait jouer en Inde. Plein de gens ont réagi à ça, genre : « Oh, c’est vrai ? Est-ce que Textures va venir en Inde ? » Et ensuite, il y a eu tellement de gens qui se sont posés des questions par rapport à ça qu’ils ont finalement été plus loin et ont demandé au groupe de jouer à Calcutta. Donc ouais, voilà pourquoi Textures est plus populaire en Inde aujourd’hui !

Avez-vous eu l’occasion de découvrir la scène locale en Inde ?

Ouais. Désormais nous connaissons quelques groupes et c’est cool. Ils ont pas mal de bons groupes en activité. L’un d’eux est Skyharbour et ils tournent, ils sont connus. Je crois que c’est le groupe de metal le plus connus en Inde aujourd’hui, donc c’est super !

Interview réalisée par téléphone le 27 janvier 2016 par Nicolas Gricourt.
Fiche de questions : Philippe Sliwa et Nicolas Gricourt.
Retranscription : Céline Hern.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Tim Tronckoe (1 & 2).

Site officiel de Textures : texturesband.com.



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