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Interview   

The 69 Eyes : une lueur dans l’obscurité


« J’ai l’impression que la dernière décennie était une décennie gâchée », nous confie Jyrki 69 dans l’entretien qui suit au sujet de son groupe The 69 Eyes. Un constat, lié à une routine dans laquelle le groupe s’est laissé prendre, qui peut paraître bien amer, mais c’est surtout une prise de conscience pour quelqu’un qui, peu importe les réussites passées, éprouve le besoin d’aller plus loin, de vivre des choses nouvelles, d’aller chercher de nouveaux publics, tout en entretenant l’énergie et l’esprit des débuts. C’est l’idée de Death Of Darkness, un album qui se veut positif, conçu dans l’idée de voir si le groupe était toujours capable d’écrire des tubes pertinents en 2023, en mesure de rivaliser sur les ondes avec leurs anciens succès.

Nous en discutons avec le frontman, en abordant également une multitudes de sujets annexes, que ce soit l’influence de la culture américaine dans une musique à la mélancolie typiquement finlandaise, son rapport aux années 80, son admiration pour Johnny Cash – il était prévu que le groupe travaille sur une collaboration avec le fils de ce dernier, John Carter Cash –, ou les premiers pas de The 69 Eyes, avec l’impact déterminant des funérailles d’Elvis Presley et un premier album, Bump ‘n’ Grind, qui a désormais passé la barre des trente ans.

« Le nombre d’albums que nous avons sortis me met mal à l’aise. Si je rencontre une femme dans un bar et qu’elle me demande ce que je fais, il se peut que je mentionne que je fais partie de ce groupe, mais je ne mentionnerai pas les treize albums que nous avons sortis. »

Radio Metal : Comment vas-tu ?

Jyrki 69 (chant) : Nous venons de faire une super tournée. The 69 Eyes ne fait quasi rien comme les autres groupes, donc cette fois, l’album sort un mois après la tournée. Ça n’a aucun sens dans le monde du metal, mais nous ne sommes pas un groupe de metal comme les autres ! D’ailleurs, il semblerait que ça n’ait pas du tout d’importance, tous nos concerts sont complets et les gens sont excités même si le nouvel album n’est pas encore sorti, donc on verra comment ça se passera après cette tournée quand celui-ci verra le jour ! Si jamais tu te demandes pourquoi l’album sort après la tournée, ce n’est pas très intéressant, mais la fabrication des albums prend plus de temps de nos jours. Nous avions déjà calé cette tournée et nous avons décidé de la faire quoi qu’il arrive. D’un autre côté, pour nous, c’est aussi une expédition en Europe pour voir ce qu’il reste après le Covid-19, parce que nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, si les gens allaient encore aux concerts, etc. Ça faisait quatre ans depuis notre dernière tournée ici, mais tout est plus ou moins comme avant. C’est vraiment cool que les fans ne nous aient pas oubliés, et je suis content qu’ils puissent profiter d’un nouvel album après nous avoir vu jouer quelques chansons de celui-ci.

Nombre de ces chansons ont été publiées une par une sous forme de single au fil de l’année passée, pendant que nous étions encore dans le processus d’enregistrement et de composition. C’est une manière rafraîchissante de faire des albums, parce que ça permet d’avoir un retour immédiat des fans une fois que la musique sort. Dans notre cas, en Finlande, les médias se sont emparés de ces chansons, en particulier notre premier single « Drive », et ont commencé à les diffuser à la radio. Nous sommes revenus sur les ondes et nos fans étaient excités. Nous avons continué à écrire tout en sortant des singles, et c’était une bonne chose. A notre époque, on a l’habitude d’avoir des retours immédiats, donc pourquoi ne pas faire pareil avec la musique ? Notre album contient cinq toutes nouvelles chansons en plus des singles sorties précédemment. Dans l’approche metal très traditionnelle, un album sort avec un single quelques semaines avant, suivi d’une tournée. Cependant, comment s’assurer que chaque piste reçoit la même attention ? Il y a des chansons sur cet album que les gens devraient découvrir, donc le fait d’en avoir sorti la moitié a déjà donné l’opportunité aux fans de les écouter.

Dirais-tu que le fait de sortir une série de single avant même d’annoncer l’album, pendant que vous étiez encore en train de travailler sur ce dernier, a eu un effet sur votre approche de la composition et les enregistrements ?

Oui. Si tu viens en Finlande et prends le taxi pour aller de l’aéroport d’Helsinki jusqu’au centre-ville, tu entendras certainement à la radio des groupes comme Nightwish, HIM et The 69 Eyes. Cependant, nos seules chansons qui sont diffusées datent d’il y a quinze ans. C’était la motivation derrière cet album. Je me demandais si nous pourrions écrire de la nouvelle musique que les stations de radio voudraient jouer. Au cours des dix dernières années, nous avons sorti des albums, mais les radios ne diffusaient qu’une chanson après nous avoir interviewés, juste pour être polies, donc je voulais voir si nous pourrions écrire de nouvelles chansons capables d’être des tubes dans le temps présent. Quand nous avons sorti « Drive », elle a immédiatement atterri dans la playlist des radios, c’était encourageant. Il y avait quelque chose de rafraîchissant à avoir tout de suite des retours et ça nous a incités à continuer à écrire, parce que nous venions de sortir un morceau mais nous devions encore nous lancer dans la composition de l’album.

Nous sommes un vieux groupe, mais nous ne nous sentons pas vieux, et nous n’avons pas envie d’être catalogués. Je ne pense pas que les gens le font, mais ils s’attendent quand même à de la super musique de notre part, et nous croyons ne pas être encore finis, en ce sens. Alors que nous aurions pu arrêter de sortir des albums il y a vingt ans en continuant à jouer nos vieux tubes en tournée – ce que nous faisons, il y a dans notre setlist des chansons datant d’il y a deux décennies –, nous sentons que nous avons encore d’autres choses à accomplir. Cependant, le nombre d’albums que nous avons sortis me met mal à l’aise. Si je rencontre une femme dans un bar et qu’elle me demande ce que je fais, il se peut que je mentionne que je fais partie de ce groupe, mais je ne mentionnerai pas les treize albums que nous avons sortis. A la place, je dirai juste que j’ai fait quelques albums et je mentionnerai certaines chansons qui sont populaires. C’est horrible quand on pense au nombre d’albums que nous avons sortis, mais j’ai le sentiment que le nouveau, Death Of Darkness, pourrait bien être notre meilleur à ce jour.

« Je ne vais pas écrire des chansons sur ce que ressent un vieux rockeur de cinquante-quatre ans. Je préfère que ça reste frais, jeune, intemporel, et un petit peu naïf, tel que le rock n’ roll devrait être. »

Tu as déclaré que l’album « est né entre Hollywood – y compris le Sunset Marquis Hotel – et Helsinki, et parfois même dans un avion ». Comment cette nature nomade, entre deux endroits, du processus a façonné cet album et la musique ? Parvenez-vous à écrire à peu près n’importe où ?

Notre guitariste écrit la musique, mais moi j’écris les paroles, donc ça fait une différence où je suis au moment où j’écoute sa démo. Je lui ai expressément demandé de composer un lot de chansons pendant que j’étais – pour la première fois depuis longtemps – en voyage à Los Angeles au printemps dernier. Je crois que dès que j’écris, si je ne suis pas à la maison, le lieu où je me trouve affecte mon écriture. Par exemple, j’ai écrit les paroles de la dernière chanson de l’album, « Outlaws », à Barcelone, quand nous étions en train de faire des concerts à Madrid et Barcelone. Je suis resté là-bas un ou deux jours et j’ai fini ce texte à côté du château de Barcelone. Mon cerveau a besoin de stimulants pour écrire, et le fait de voyager en est clairement un. D’un autre côté, une chanson comme « California » est une lettre d’amour pour la sombre Californie, et ça a été écrit chez moi en Finlande. Je rêvais simplement de cet endroit, ou de ce qui me manquait dans celui-ci, d’une façon ou d’une autre, donc il m’est venu à l’esprit d’en parler dans le refrain. Nombre des histoires dans les chansons de The 69 Eyes sont directement inspirées de ma vie, mais je maintiens l’idée, le message et l’atmosphère de nos chansons au même niveau qu’il y a vingt ans, quand j’avais trente ans. Je ne vais pas écrire des chansons sur ce que ressent un vieux rockeur de cinquante-quatre ans. Je préfère que ça reste frais, jeune, intemporel, et un petit peu naïf, tel que le rock n’ roll devrait être – naïf, furieux, et parfois curieux, et plein de vie.

N’est-ce pas difficile quand on est un adulte plein d’expérience ?

Non, je pense que c’est comme créer des films de Disney les uns après les autres, en gardant le même esprit que j’avais quand j’ai écrit des chansons telles que « Brandon Lee » et « Lost Boys ». C’est assez simple pour moi parce que je suis toujours le même gars. J’ai toujours cette soif de vivre, je suis toujours curieux, et je crois toujours que quelque chose m’attend quand le soleil se couche à l’horizon. Je crois toujours que quelqu’un que je n’ai pas encore rencontré m’attend à l’autre bout de l’océan. Tous ces rêves de bons temps et d’aventures sont encore là.

Tu as mentionné la chanson « California ». Dans la scène rock, il y a évidemment une grande histoire et une grande mythologie associées à la Californie, mais venant de Finlande, qu’est-ce qui en fait un lieu aussi irrésistible et une telle source d’inspiration pour toi ?

Tout d’abord, je viens de Finlande et je dois fournir un peu de contexte. Quand j’avais huit ans, j’ai regardé les funérailles d’Elvis Presley à la télé et je me suis demandé qui était cette personne que le monde entier pleurait. Ma mère m’a dit que c’était une rockstar américaine, et à partir de cet instant, je me suis intéressé à tout ce qui était lié à la culture pop américaine, surtout au rock n’ roll. Pour moi, c’était aussi inspirant que mystérieux, mais à la fois, ça semblait hors d’atteinte. Quand j’avais dix-neuf ans, j’ai fait mon premier voyage à New York à la fin des années 80, à une époque où le rock n’ roll était toujours vivant. Johnny Thunders, les Ramones, et tous ces gars traînaient dans les rues. C’est là que j’ai compris que j’étais au milieu de ce que j’avais rêvé toute ma vie. Quand je suis revenu à la maison, j’ai eu l’idée de fonder un groupe et je me suis demandé si ça intéresserait des personnes que je connaissais. C’était le début de The 69 Eyes.

L’idée de devenir un musicien de rock a succès et de créer de la musique que les gens aimeraient était, fut un temps, un rêve inatteignable, mais nous étions résolus à tenter le coup. Le fait de jouer dans le pays d’Elvis ou des Ramones semblait totalement impossible, surtout pour un groupe finlandais à la fin des années 80. J’avais dix-neuf ou vingt ans, mais j’étais déterminé à y arriver. Il nous a fallu une décennie, mais quand nous avons enfin pu jouer aux Etats-Unis, nous avons été chaleureusement accueillis, comme si nous étions des cousins qu’ils avaient perdus de vue depuis longtemps. Les gens aux Etats-Unis ont immédiatement compris ce que nous faisions. Les idées que j’ai amenées au groupe, les paroles, et ce que nous représentions étaient des choses qui avaient manqué au public américain. C’est ce qu’ils nous ont dit quand nous y avons joué. En 2006, dans le public, il y avait même des gens qui avaient vu Led Zeppelin et qui venaient à nos concerts, parce qu’ils voulaient vivre la vraie expérience du rock n’ roll, ça semblait trop beau pour être vrai ! Malheureusement, il y a eu une interruption de dix ans dans nos tournées aux Etats-Unis à cause de l’effondrement de l’industrie musicale en 2008 ou 2009. Mais juste avant le Covid-19, nous y sommes retournés après dix ans et tout était comme nous l’avions laissé : le même public, la même excitation. Nous sommes amis avec un tas de groupes et nous sommes un peu un « groupe pour les groupes ». Si vous êtes un groupe de metal ou de rock, il y a de grandes chances que vous aimiez The 69 Eyes.

« J’ai toujours cette soif de vivre, je suis toujours curieux, et je crois toujours que quelque chose m’attend quand le soleil se couche à l’horizon. Je crois toujours que quelqu’un que je n’ai pas encore rencontré m’attend à l’autre bout de l’océan. »

C’est assez incroyable de se dire que tout a commencé quand j’ai regardé les funérailles d’Elvis et que j’ai rêvé d’être un rockeur. Et à un moment donné, ce rêve s’est réalisé avec The 69 Eyes. Cette histoire m’a toujours inspiré, et je suis excité de voir que notre groupe est parvenu à créer quelque chose qui plaît aux groupes de metal, de rock et de hard rock aux Etats-Unis, y compris des jeunes groupes comme Palaye Royal. Quand j’ai rencontré les gars de Palaye Royal, qui est d’ailleurs un groupe fantastique, ils étaient choqués de me voir en backstage. C’était vraiment cool de savoir qu’ils sont à ce point fans de The 69 Eyes. Donc, à partir d’un rêve, beaucoup de choses se sont produites dans cette aventure avec The 69 Eyes. C’est flatteur de voir que ce qui était le rêve d’un petit garçon est maintenant devenu une réalité, et que nous soyons parvenus à créer quelque chose que ces gars, là-bas, aiment.

Tu as déclaré que « le groupe a commencé en 1989, donc évidemment, [votre] influence principale vient de cette glorieuse décennie », mais qu’il est aussi « intéressant que, désormais, [vous] av[ez] un jeune producteur qui n’est pas assez vieux pour avoir connu les années 80. Sa vision des choses a apporté une dimension spéciale supplémentaire. » As-tu l’impression que vous pouvez parfois être un peu trop absorbés par les années 80 ?

Pas vraiment, mais c’est quelque chose que je connais très bien. J’étais là et j’ai eu la chance de vivre les années 80, donc il est évident que ça se reflète dans notre musique. Il y a des choses que je trouvais cool et qu’on n’a plus vues après, comme par exemple la façon dont les filles s’habillaient. La présence du sexe dans le rock n’ roll, le fait de jouer de la musique sexy, le public et les groupes qui ont l’air sexy, ça a été anéanti dans les années 90, mais parfois ça revient à la mode, comme en ce moment. C’est quelque chose qui a toujours été là dans The 69 Eyes. J’aime recycler ça, mais autrement, je vis dans le présent et j’aime la scène musicale actuelle. De même, les gens tendent à l’oublier, mais les années 60 étaient très en vogue et une grande source d’inspiration dans les années 80. Si tu penses au Madonna du début des année 80, à Prince, à The Cult, et à plein d’autres artistes apparus à l’époque, ils étaient très inspirés par les années 60 – le look, le style, les sons, les mots, l’attitude. Il y a des choses que les gens ne saisissent pas, comme le fait que ce que Madonna ou Prince portaient venait des années 60. C’est de là que The 69 Eyes puise son inspiration, de plein de choses venant directement des années 60, car je me souviens de cette époque, j’étais là aussi.

Je veux dire que les décennies ne changent pas du jour au lendemain, donc les années 60 étaient très présentes dans ma jeunesse. Je me souviens que les années 70 n’ont pas commencé en 1970, elles ont sans doute commencé en 1972 ou 1973. Pareil pour les années 80, elles ne se sont pas arrêtées en 1989. Je pense que les années 80 ont été finies quand Guns N’ Roses a sorti Use Your Illusion I et II, c’était vers 1991-1992. Les années 80 ont duré très longtemps, et dans une certaine mesure, elles durent encore avec The 69 Eyes, mais tout comme les années 60 dans de nombreuses formes de musiques et d’art. Le rôle de The 69 Eyes est de faire revenir certaines choses, comme The Lost Boys, ce film vraiment cool que les gens ne comprenaient pas quand nous avons fait la chanson. On nous avait prévenus, notre label allemand a dit que c’était un film horrible et que nous ne pouvions pas faire une chanson dessus. C’était il y a vingt ans, et maintenant, c’est considéré comme un classique. Et si tu vas sur les réseaux sociaux, on tombe forcément sur une image tirée de ce film. C’est l’exemple le plus concret de ce que nous avons fait avec notre musique, nos prestations et nos looks.

Aujourd’hui, j’ai de très longs cheveux noirs comme quand nous avons commencé le groupe, et pendant les concerts, je me suis remis à sauter dans le public, ce que j’avais l’habitude de faire quand nous débutions et que les gens étaient assis à leur table. Dans le temps, j’allais vers le public, je montais sur leur table pour les choquer et chanter devant eux. J’avais vu des photos de Lux Interior de The Cramps et d’Iggy Pop faire ça, donc j’ai commencé à le faire quand nous avons créé notre groupe. Maintenant, trois décennies plus tard, je fais la même chose sur notre tournée européenne. C’était une façon d’exorciser le Covid-19, je vais dans le public, je saute et je chante le refrain de « Lost Boys » avec eux, et tout le monde chante. Il n’y a rien de neuf à ça, mais je me recycle, et j’ai appris ceci d’autres gars il y a longtemps.

« C’est assez incroyable de se dire que tout a commencé quand j’ai regardé les funérailles d’Elvis et que j’ai rêvé d’être un rockeur. Et à un moment donné, ce rêve s’est réalisé avec The 69 Eyes. »

D’ailleurs, en parlant de film sympa, la chanson « Call Me Snake » est une référence évidente au classique de John Carpenter, New York 1997. Qu’est-ce que le personnage de Snake Plissken t’évoque ?

Encore une fois, ça fait partie des choses oubliées. Quand j’ai écouté la musique, ça m’a rappelé une fusion entre les Stooges et Ministry. J’ai voulu créer un sentiment apocalyptique dessus et j’ai pensé aux films New York 1997 et Los Angeles 2013, avec Snake Plissken. J’ai pensé que ce serait amusant de rendre hommage à ce personnage et de rappeler aux gens à quel point ces films sont géniaux. Je ne sais pas si tu l’as vu, mais récemment, un court métrage hollywoodien intitulé Call Me Snake est sorti le jour de l’anniversaire de Kurt Russell, et ils ont utilisé notre chanson dedans. C’est intéressant de voir que la chanson se soit retrouvée sur ce film un an après sa sortie. Même elle a été originellement inspirée par le film, ils en ont fait un autre portant le même nom, ce qui est plutôt inhabituel, mais ça peut arriver.

« This Murder Takes Two » sonne comme un morceau de Johnny Cash, et pour cause : John Carter Cash, son fils, vous a contactés pour enregistrer un EP acoustique avec lui au Cabin Studios de son père. Au final, l’enregistrement n’a jamais eu lieu et cette chanson est un vestige du projet. Peux-tu nous raconter cette histoire ? Comment John Carter Cash a-t-il connu The 69 Eyes et s’est-il mis en relation avec vous ?

Nous avons un manageur américain, Dez Fafara, qui est mieux connu pour son groupe Coal Chamber. Coal Chamber est de nouveau en activité, mais durant la dernière décennie, il a été le chanteur du groupe de metal Devildriver. Devildriver a sorti un album mélangeant metal et outlaw country il y a quelques années, que je trouve toujours vraiment cool. D’une certaine façon, j’ai l’impression que les fans de metal ne l’ont pas encore découvert, mais si vous avez le temps, s’il vous plaît, allez jeter une oreille sur l’album Outlaw ‘til The End de Devildriver, c’est vraiment cool. John Carter Cash, le fils de Johnny Cash, apparaît sur cet album en tant qu’invité. Comme c’est aussi un producteur et qu’ils ont le studio de son père, la Cash Cabin, Dez a eu l’idée que The 69 Eyes aille enregistrer des chansons de country sombre là-bas. Nous étions excités par cette idée, c’était la meilleure de tous les temps ! Il fallait que nous envoyions de la musique à John Carter Cash, et notre guitariste, Timo-Timo, a rapidement écrit quelques démos, genre trois ou quatre chansons, en un weekend, juste pour montrer ce dont nous étions capables. Mais aucune maison de disques n’était intéressée pour sortir cet album, donc ça ne s’est jamais fait, et nous avons mis l’idée au placard ; parfois, les choses ne se font pas comme on voudrait. Donc, nous nous sommes remis à composer et nous avons commencé à travailler sur le nouvel album. Mais malgré tout, certaines de ces chansons de country étaient tellement bonnes qu’elles nous hantaient, et nous les avons déterrées.

La chanson « This Murder Takes Two » était tellement bonne que les gars de la maison de disques et notre producteur ont voulu l’inclure dans cet album. Nous l’avons donc enregistrée et elle était entièrement terminée, mais ensuite, notre bassiste, Archzie, s’est dit que peut-être cette chanson avait besoin de chant féminin. J’ai tout de suite eu l’idée de demander à Kat Von D, et je lui ai envoyé un texto. Elle a immédiatement répondu : « Carrément ! » C’était parfait, sa voix collait vraiment bien. Elle a enregistré son chant à Los Angeles, et nous avons aussi filmé le clip là-bas en janvier. Ce sera le premier single qui sortira le même jour que l’album. C’est différent comparé aux autres morceaux qu’on trouve sur les albums de The 69 Eyes, mais ça nous va bien. Avec un peu de chance, ça attirera de nouveaux auditeurs, et peut-être même qu’un jour, nous finirons par faire cet EP ou album de country sombre avec John Carter Cash.

Tu as quelques intonations à la Johnny Cash dans la chanson. On connaît certaines de tes influences évidentes, comme Elvis Presley ou Glenn Danzig, mais quel impact Johnny Cash a-t-il eu sur toi en tant qu’artiste ?

Johnny Cash a eu un impact à de nombreux niveaux. Non seulement c’était un artiste, mais l’histoire de sa vie était également très inspirante. En l’occurrence, j’ai un coffret physique complet de ses albums et à chaque Noël, je sors toujours ses albums de Noël pour les écouter. Il a des intonations avec sa voix que j’aime beaucoup, et c’est drôle parce que ma propre voix sonne parfois un peu comme la sienne. Je pourrais sans doute bien l’imiter, mais ce n’est qu’une coïncidence si nous avons des lignes vocales sombres dans un registre similaire. Au-delà de ça, je n’en ai pas souvent parlé, mais je trouve son mode de vie très inspirant. J’ai visité deux ou trois fois le musée Johnny Cash à Nashville et j’ai passé beaucoup de temps à tout regarder dans l’exposition. J’ai remarqué une couronne d’épines dans le musée, semblable à celle que Jésus a portée sur la croix et je me suis demandé ce que ça faisait là. Il s’avère que Johnny Cash a fait un film intitulé Gospel Road au début des années 80 et il a aussi sorti un album du même nom. Il est allé en Israël pour en apprendre plus sur l’histoire de Jésus et il en a fait un film, dans lequel il apparaît, et il chante dans l’album associé. Après avoir appris ça, ça peut paraître dingue, mais j’adore ce genre de chose et j’étais tellement intrigué que je me suis moi-même rendu en Israël pour voir les choses de mes propres yeux et suivre la Via Dolorosa.

« Il faut qu’on aille vers la lumière. Il y a cinq ans, le monde était bien plus stable, quand on y pense. Maintenant, on a été habitués au fait qu’il n’ait plus cette stabilité, mais on doit croire qu’on se dirige toujours vers quelque chose de positif. »

La chanson « Gotta Rock » est un tube des rockeurs Finnois Boycott. C’est un groupe qui a été formé seulement deux ans avant The 69 Eyes, donc qu’est-ce qu’il représente pour vous ?

Hanoi Rocks a vraiment tout changé en Finlande et ils chantaient en anglais. Après eux, certains groupes finlandais locaux ont émergé, et Boycott en faisait partie. C’était un groupe de classic rock et leur guitariste et leur chanteur étaient des icônes du rock. Mon style préféré de musique, c’est le rock n’ roll qui se joue dans les petites salles, qui a tendance à être dangereux, en quelque sorte, et pas fait pour tout le monde. Cependant, Boycott jouait du hard rock fait pour être joué dans des stades dans le style des années 80. J’allais à leurs concerts à Helsinki parce qu’ils avaient les filles les plus jolies dans leur public. Ces filles n’étaient pas juste des punk rockeuses ou glam rockeuses ; elles étaient très bien habillées avec des talons hauts, des vestes courtes et des permanentes. Donc, les filles magnifiques présentes dans leur public étaient l’une des raisons pour lesquelles j’allais voir le groupe. Leur premier single, « Gotta Rock », a été un tube un été. Quand nous avons commencé The 69 Eyes, nous jouions plein de reprises et « Gotta Rock » était une chanson que nous avons souvent parlé de reprendre, mais nous ne l’avions jamais fait. Nous l’avons enfin fait pour une émission télé l’automne dernier en Finlande. Quand nous l’avons jouée, tout le monde connaissait déjà la chanson, car c’est un hymne national qui passe à la radio depuis les années 80, c’est l’un des morceaux de classic rock du pays, donc c’est génial à jouer en concert. C’est aussi intéressant de le jouer pour des publics hors de Finlande, maintenant que nous tournons en Europe. Ils croient que c’est une chanson à nous ou, en tout cas, ils n’ont entendu que notre version, mais ça fonctionne, les gens chantent en chœur, donc c’est vraiment cool de donner une nouvelle vie à cette chanson toute simple et de la présenter à un nouveau public. Nous n’étions pas sûrs que ça marcherait auprès de gens qui ne connaissent pas son histoire ou ne l’avaient pas entendue avant, mais ça a bien marché, donc c’est cool ! C’est un chouette groupe ; leur premier album est vraiment un bon album de classic rock !

L’album et la première chanson de l’album s’intitulent Death Of Darkness. N’est-ce pas paradoxal de chanter sur la « mort de l’obscurité » à une époque où l’obscurité semble partout dans le monde gagner du terrain ?

Je voulais faire preuve d’espoir. J’ai d’abord eu le titre de l’album, Death Of Darkness, que j’ai trouvé super, surtout après les deux dernières années ; il faut qu’on aille vers la lumière et penser positivement. Mais ensuite, cette chanson est arrivée, et j’ai réalisé que les paroles collaient parfaitement, donc c’est devenu la chanson « Death Of Darkness ». Le titre de l’album était là en premier, et la chanson est venue ensuite, tout s’est mis en place. La chanson parle d’une personne que je connais, mais le message global est qu’il faut qu’on aille vers la lumière. Bien sûr, c’est facile de parler de ça maintenant qu’on a passé la période la plus sombre, mais le monde est en train de changer. Il y a cinq ans, le monde était bien plus stable, quand on y pense. Maintenant, on a été habitués au fait qu’il n’ait plus cette stabilité, mais on doit croire qu’on se dirige toujours vers quelque chose de positif.

The 69 Eyes a toujours joué avec l’obscurité mais de façon très romantique – je suppose que c’est ce qu’on appelle le « gothique ». Alors que l’obscurité est généralement vue comme quelque chose de négatif par la majorité des gens, on dirait qu’il y a parfois quelque chose de doux dans celle-ci dans l’univers de The 69 Eyes. Qu’est-ce que l’obscurité pour toi et quelle a été ta relation à celle-ci au fil des années ?

Il y a un côté joueur. Je peux y entrer par ici et en ressortir par là, et c’est un endroit sûr pour moi. Je suis à l’aise dans l’ombre, mais je suis aussi capable de briller sur scène. Donc, l’obscurité, pour moi, fait plutôt partie d’une forme d’imaginaire. C’est quelque chose qui peut être anéanti dès qu’on allume la lumière. En général, je vis dans mon propre monde, comme quand je t’ai parlé du musée Johnny Cash et que j’ai tout d’un coup décidé de me rendre en Israël pour comprendre pourquoi la couronne d’épines était dans ce musée. J’ai appris à vivre cette vie, et le monde que je vois est le mien. Nous sommes un petit peu différents, mais vous pouvez en avoir un aperçu dans notre musique. Il prend toujours la forme que je veux qu’il prenne, et ceci a été ma manière de survivre.

D’ailleurs, qui fait le chant un peu black metal dans le morceau ?

C’est moi. Je l’ai d’ailleurs fait chaque soir. Au début, j’ai cru que j’allais perdre ma voix, mais non, pas encore. Bien sûr, j’ai toujours été un énorme fan de black metal. Ces gars ont mon âge, ceux de la scène norvégienne, et anglaise si on parle de Dani Filth. Nous avons tous un background musical similaire et nous aimons les mêmes trucs. Ils ont inventé ce style pour se rebeller contre les temps actuels. Je suis un énorme fan de Darkthrone, en l’occurrence, c’est probablement mon groupe préféré de cette époque, et bien sûr, Cradle Of Filth.

« Nous imaginons être un groupe américain, mais notre composition est unique et les Américains ne sont pas capables de faire ça. Il y a des groupes de metal américains qui parfois essayent de répliquer le son nordique, mais ils n’y arrivent pas, ils en sont loin, car ils ne peuvent pas comprendre comment faire ce genre de musique. »

Depuis West End en 2019, tu as sorti un album avec The 69 Cats et un album solo, les deux la même année en 2021 : dans quelle mesure le fait de t’éloigner de The 69 Eyes t’a aidé à y revenir revitalisé ?

Ces deux projets ont été faits un peu différemment. Pour l’album de The 69 Cats, ça faisait sept ans que nous n’avions pas fait de musique avec Danny B. Harvey, donc nous nous voyons un peu comme les sauterelles dans la Bible qui émergent du sol tous les sept ans. Nous trouvions ça cool, donc nous avons décidé d’enregistrer un nouvel album de The 69 Cats. L’idée est venue quand The 69 Eyes a joué à Austin et que Danny B. Harvey a participé en tant qu’invité au concert. Je me suis rendu à Austin pour la nouvelle année 2020 afin d’enregistrer l’album chez Danny B. Harvey et nous avions un super nouveau line-up pour The 69 Cats. Sur le premier album, nous avions Clem Burke de Blondie à la batterie et Chopper Franklin des Cramps à la basse. Maintenant, The 69 Cats est un groupe avec deux membres permanents, Danny B. Harvey à la guitare et moi au chant, donc nous avons recruté une toute nouvelle section rythmique avec Rat Scabies de The Damned à la batterie et Kim Nekroman de Nekromantix à la basse cercueil. Danny B. Harvey a composé les chansons et j’ai enregistré mon chant dans son studio à Austin autour du jour de l’an 2020. L’album était supposé sortir à l’automne 2020, et nous avions prévu de tourner pour le soutenir. Nous en avions parlé à Rat Scabies et Kim Nekroman, mais tout a changé, et l’album est sorti plus tard. Nous n’avons pas vraiment pensé à faire des concerts après ça, mais on verra.

L’idée initiale était de faire un album et de partir en tournée avec The 69 Cats, mais le monde s’est arrêté et Cleopatra Records m’a contacté en me proposant de faire un autre album solo. Je me suis rapproché de Tim Sköld, qui était connu à l’origine pour son travail avec Shotgun Messiah à la fin des années 80. Au cours des dernières décennies, c’est devenu un célèbre producteur, notamment pour avoir produit certains des meilleurs albums de Marilyn Manson. Nous avons fait un morceau de Shotgun Messiah avec le guitariste originel pour cet album. Toute l’idée était de contacter différents producteurs et artistes pour faire des chansons avec eux. Chaque morceau devait être produit par un producteur différent, et la plupart d’entre eux étaient américains, donc j’ai décidé d’appeler l’album American Vampire, car mon précédent album solo s’appelait Helsinki Vampire, ça collait bien vu qu’il avait été fait à Helsinki avec le producteur de longue date de The 69 Eyes, Johnny Lee Michaels, qui a composé toutes les chansons. La majorité d’American Vampire a été créée durant la période de Covid-19, et il y a des morceaux vraiment sympas dessus. Par exemple, j’ai fait une reprise de « White Rabbit » de Jefferson Airplane avec Steve Stevens, et comme je l’ai dit, il y a le retour du légendaire groupe de glam rock Shotgun Messiah qui est désormais basé à Los Angeles. C’était assez fou, mais ça m’a donné quelque chose à faire pendant le confinement, et c’était un bon exercice en vue de ce nouvel album de The 69 Eyes.

Ça fait un moment maintenant que je sors un album par an, que ce soit avec The 69 Cats, mes trucs solos ou The 69 Eyes. J’apparais aussi sur d’autres projets ; de nos jours, on me demande de chanter sur pas mal d’albums. J’en suis ravi et honoré, mais je veux aussi m’assurer que c’est une bonne idée pour les deux parties ou que ce soit pour quelqu’un que j’admire vraiment. En l’occurrence, j’ai été invité à faire du chant sur deux morceaux d’un album [du groupe] Blak29, qui vient tout juste de sortir. En gros, c’est avec Steve Zing de Samhain, Tommy Victor de Prong et Johnny Kelly de Type O Negative. Si tu regardes ces gars, c’est en fait le groupe live de Danzig, donc c’est un peu étrange de faire du chant en sachant que c’est ce groupe qui joue, mais c’est cool. Je suis curieux et je veux tout le temps faire de la musique, que ce soit en tournant avec des artistes sympas ou The 69 Eyes, ou juste en faisant du chant en tant qu’invité. J’ai toujours un truc dans les tuyaux. D’ailleurs, il y a une série d’animation d’horreur qui va arriver, dans laquelle Dani Filth fait la voix d’un conte qui vit dans un château. Le conte a une momie qui l’aide et c’est moi qui incarne sa voix. Je fais tout le temps des trucs de dingue ! Donc, le prochain est un dessin animé dans lequel Dani Filth et moi prêtons nos voix.

Comme tu l’as dit, tes deux albums solos s’intitulent Helsinki Vampire et American Vampire, et c’est intéressant parce que, dans The 69 Eyes, vous avez aussi bien des références finnoises que des influences américaines. As-tu l’impression d’avoir une sorte de double culture ?

Nous avons toujours eu la liberté et l’opportunité dans notre pays de regarder à l’est ou à l’ouest. C’était particulièrement évident quand j’étais plus jeune, dans les années 80, et j’ai choisi de me tourner vers l’ouest. En tant qu’Helsinki Vampire, j’ai voulu afficher nos origines et être fier d’où nous venons, je suis fier de la Finlande et d’Helsinki. Les Beatles, en l’occurrence, s’imaginaient américains – j’ai lu ça quelque part –, et nous faisons pareil, nous nous imaginons comme un groupe américain, mais nous voulons aussi dire que nous venons d’Hell-sinki [petits rires]. Même si à la première écoute notre musique peut ne pas sonner finlandaise, si vous écoutez bien, vous pourrez entendre la mélancolie qui est très finlandaise. La profondeur et les mélodies sont purement finlandaises, tout en mélangeant l’Est et l’Ouest. Nous imaginons être un groupe américain, mais notre composition est unique et les Américains ne sont pas capables de faire ça. Il y a des groupes de metal américains qui parfois essayent de répliquer le son nordique, mais ils n’y arrivent pas, ils en sont loin, car ils ne peuvent pas comprendre comment faire ce genre de musique. C’est pareil si un groupe d’un autre pays essayait de jouer dans le style de The 69 Eyes. Seuls les Finlandais en sont capables, parce que notre background musical influence notre musique. Et malheureusement – ou heureusement pour nous – c’est impossible à répéter et ça ne peut s’apprendre. Les Finlandais sont capables de faire ça probablement parce qu’ils sont un background culturel et musical similaire. C’est très facile de voir quand des groupes américains ou d’ailleurs essayent de faire du death metal scandinave, car ça ne marche pas. Il y a toujours le death metal floridien, donc peut-être qu’ils peuvent essayer ça ! [Rires].

« Si on rassemble toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, ça finit par donner du noir. Si on devait décrire The 69 Eyes avec une couleur, ce serait le noir, mais en ayant conscience qu’elle contient toutes les autres couleurs. »

En parlant de regarder à l’est, votre album précédent s’intitulait West End et – comme nous en parlions la dernière fois – posait la question : « Que se passera-t-il quand l’Occident touchera à sa fin ? » Il se trouve qu’aujourd’hui, on a des pays comme la Russie et la Chine qui prétendent que ceci est la fin de l’Occident…

Dernièrement, j’ai surtout songé à l’holocauste animal qui est en cours, au fait que les animaux vivent un enfer aujourd’hui dans l’industrie agroalimentaire. Ça m’inquiète beaucoup et c’est principalement ce que j’avais en tête avec le titre West End, mais ensuite, d’autres choses se sont produites. Donc, il était temps maintenant d’avoir un titre d’album plus positif et, comme je l’ai dit, c’est pour ça que nous avons baptisé ce nouvel album Death Of Darkness.

Quel est ton sentiment par rapport à votre voisin la Russie dans le contexte actuel ?

Eh bien, nous rejoignons l’OTAN, c’est à peu près tout. Je suis un citoyen du monde, donc je vois le monde entier comme étant ma maison et mon terrain de jeu. Je ne vois pas les choses de façon unidimensionnelle. Mais c’est ce qui se passe en moment. Tout est intéressant. Je suis content de vivre cette époque. C’est intéressant de voir ce qui se passe. Honnêtement, avec The 69 Eyes, nous sommes un groupe de rock n’ roll et notre musique et nos concerts sont ouverts à tout le monde partout sur cette planète. Surtout avec cet album, il y a quelques nouvelles idées. Si on rassemble toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, ça finit par donner du noir, donc toutes les couleurs sont représentées dans le noir. Si on devait décrire The 69 Eyes avec une couleur, ce serait le noir, mais en ayant conscience qu’elle contient toutes les autres couleurs. En ce sens, depuis le début, nous sommes des mecs bizarres, nous venons de cette idée que tout devrait être possible et que tout le monde est le bienvenu. C’est aussi l’une des idées derrière le fait de jouer dans ce genre de groupe de rock n’ roll : c’est un lieu, une salle de concert, une expérience d’écoute sûrs pour tout le monde, peu importe d’où on vient.

L’année dernière, le premier album de The 69 Eyes, Bump ‘n’ Grind, a passé la barre des trente ans. Evidemment, le groupe a fait du chemin depuis et est très différent, mais quel regard as-tu aujourd’hui sur ces premiers enregistrements ?

Ils étaient pleins d’énergie positive et n’avaient aucune pensée cynique. Nous étions ouvertement curieux et positifs sur tout, et j’espère maintenir cette même énergie lors de nos prochains concerts. Je m’efforce de garder cet état d’esprit. Au niveau des paroles, les premiers albums abordent à peu près les mêmes sujets que j’aborde aujourd’hui. Bien que j’aie cinquante-quatre ans, je n’écris pas du point de vue de quelqu’un qui a la cinquantaine dans le monde d’aujourd’hui, mais plutôt avec le regard primitif que j’avais quand j’ai commencé à écrire des paroles. Je fais des paroles qui restent simples pour entretenir le feeling originel du rock n’ roll. Selon moi, notre musique actuelle est tout aussi cool que ce que nous avons fait au début, il n’y a pas énormément de différence, et on pourrait dire que c’est une qualité aussi.

Ce qui est incroyable, c’est que vous avez toujours le même line-up qui a résisté à toutes ces années, évolutions musicales, etc.

Alors que nous embarquons sur cette tournée et continuons à faire des concerts, j’ai le sentiment que nous sommes plus proches que jamais. Quand je repense à la dernière décennie, j’ai l’impression que c’était une décennie gâchée, nous étions pris dans un cycle à écrire de la musique, sortir des albums, les promouvoir, partir en tournée, et répéter la même chose. Autant ça a aidé à maintenir The 69 Eyes en vie, autant ça n’a rien apporté. Quand nous jouions dans différentes salles et que nous étions en backstage, nous voyions des posters de certains groupes, et quand nous revenions plus tard, il y avait des posters d’exactement les mêmes groupes, mais sur des années différentes. J’avais l’impression que nous étions coincés dans le même stress de la routine sans que ça nous apporte quoi que ce soit. Ce n’est pas toujours nécessaire d’amener du neuf si ça nous convient, mais je suis trop curieux et j’ai toujours envie que quelque chose de nouveau se passe. Nous avions bien réussi, nous étions dans une catégorie cool que seuls quelques groupes et musiciens parviennent à atteindre, mais évidemment, je cherche toujours autre chose. J’ai toujours eu en tête qu’il y avait toujours plus à accomplir avec The 69 Eyes, surtout après avoir fait ça pendant aussi longtemps. Notre position garantit un côté cool, mais nous cherchons quand même quelque chose que nous n’avons pas encore accompli. Je crois qu’il y a plein de gens, y compris des gamins et des fans de rock, qui ne savent pas que nous existons et adoreraient nous connaître. D’après notre maison de disques, il y a une nouvelle génération de fans qui nous ont découverts au travers des plateformes de streaming, et ça se voit tout de suite dans les statistiques. Il y a quelques nouvelles générations qui rattrapent leur retard, donc je suis content que nous soyons encore là et que nous soyons capables de proposer des concerts et de la nouvelle musique.

Interview réalisée par téléphone le 27 mars & le 3 avril 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Ville Juurikkala (1), Marek Sabogal (2, 4, 6), Anabel DFlux (3, 7) & Olivia Jaffe (8).

Site officiel de The 69 Eyes : 69eyes.com

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