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Interview   

The Agonist : Vicky Psarakis a trouvé sa famille


Au moment où ces lignes d’introduction sont tapées, votre serviteur sort tout juste, quelques minutes plus tôt, d’une interview d’un artiste sans aucun lien avec The Agonist. Lors de l’entretien, l’artiste nous dit : « Quand tu rencontres des embûches, soit tu pleures, soit tu vas au combat », idée également centrale dans Orphans, le nouvel album de The Agonist.

Probablement qu’un autre angle aurait été choisi pour cette introduction sans cet heureux hasard, mais le fait de surmonter les obstacles et d’en faire quelque chose de positif est une idée couramment véhiculée. Pas uniquement dans le milieu de la musique, mais dans toutes les sphères et à chaque étape de la vie. C’est un classique, donc, un classique indémodable, un de ceux dont il ne faut pas se lasser.

Interview de la chanteuse Vicky Psarakis qui, outre de nous parler d’Orphans et de son évolution à la fois en tant que chanteuse et en tant que membre de The Agonist, nous décrit comment le groupe, dans la vie comme dans les textes, cherche le positif dans chaque épreuve.

« Quand j’ai entendu les instrumentaux d’Orphans, j’étais un peu choquée, car ce sont des chansons vraiment heavy, sombres et techniques. C’est de loin la musique la plus heavy que j’ai jamais faite avec The Agonist. »

Radio Metal : Tandis que l’album Five est sorti seulement un an après Eye Of Providence, ce nouvel album sort trois ans après Five. Que s’est-il passé durant ces trois années ?

Vicky Psarakis (chant) : En fait, c’est assez marrant, maintenant que tu le mentionnes. Oui, Five est sorti un an après mais c’était seulement parce que la sortie d’Eye Of Providence a été un peu retardée, et ensuite, la raison des trois ans entre Five et Orphans, c’est parce qu’Orphans a également été un peu retardé. Nous avons en fait écrit l’album début 2018 et tout était fini, y compris le mix final, pendant l’été 2018, donc il y a un an. La date de sortie est un peu étrange, mais notre façon de travailler et d’écrire les chansons a toujours été relativement la même, dans la même fenêtre de temps. Nous sortons un album, nous obtenons les tournées que nous pouvons avec l’album, et à la seconde où les tournées ralentissent un peu, c’est là que nous recommençons à composer. Si ça ne tenait qu’à nous, nous sortirions probablement un album tous les deux ans, au moins. Ce sont juste des facteurs extérieurs qui déclenchent les dates de sortie des albums et toutes ces choses. Nous avons fini Orphans il y a environ un an et depuis nous attendons avec l’album dans les bras, donc… [Rires] Nous étions un peu nerveux à l’idée que cette musique sorte, et maintenant que nous sortons les singles et tout, nous sommes très contents de voir les réactions des gens.

On avait évoqué par le passé que vous n’aviez pas de planning précis pour la composition et que c’est plus un processus spontané. Du coup, comment comparerais-tu les sessions d’écriture d’Orphans par rapport à Five ?

Honnêtement, en tout cas de mon côté, ça a été exactement le même processus, parce que ce qu’il se passe, c’est que Danny [Marino] est le compositeur principal dans le groupe et il écrit le squelette principal des chansons, et ensuite peut-être que les autres gars arrivent et ajustent des choses, Simon [Mckay] écrit ses propres parties de batterie et ainsi de suite. Ensuite, je reçois les démos et je mets mon chant et mes paroles dessus. Ensuite, en studio, il est possible qu’on fasse des changements de dernière minute, mais généralement, voilà tout le processus. C’était exactement pareil pour Five et pour Orphans. Je dirais juste que la différence est vraiment dans la musique, les instrumentaux. Quand j’ai entendu les instrumentaux d’Orphans, j’étais un peu choquée, car ce sont des chansons vraiment heavy, sombres et techniques. C’est de loin la musique la plus heavy que j’ai jamais faite avec The Agonist. Ça a donc été un peu un choc au début mais j’ai réussi à me calquer sur cette atmosphère avec le chant et quand j’ai écrit la première chanson, soudainement, j’étais inspirée pour faire tout le reste. Je pense que j’ai probablement fini toutes les chansons en environ deux mois.

L’album s’intitule Orphans : que mets-tu derrière ce mot ? Quelle est l’idée générale de cet album ?

Il y a plusieurs raisons pour que l’on ait choisi ce mot en tant que titre. Evidemment, il y a un morceau sur l’album qui s’appelle « Orphans ». La première idée était que nous n’avions jamais nommé un album d’après une chanson tirée de celui-ci. J’ai donc regardé les titres des chansons que nous avions à ce moment-là et Orphans s’est vraiment démarqué à mes eux, et je me suis dit : « Wow, ce serait vraiment un bon titre d’album ! » Il y a plusieurs raisons mais mon instinct de départ pour vouloir ce mot était que je trouve qu’il colle à la musique et à l’atmosphère globale de cet album. Il y a cette obscurité et ce côté menaçant dans toutes les chansons, et les thèmes ne sont pas du tout positifs. Il y a là-dedans des choses déplaisantes dont peut-être certaines personnes ne veulent pas entendre parler ou dont elles ne veulent pas discuter, mais ces choses sont là. D’un autre côté, par la façon dont les textes sont écrits, il y a toujours un rayon de soleil quelque part, une lumière positive ; il y a toujours un moment clé dans la chanson, quelque part, où j’amène quelque chose de positif. Ce que j’ai vraiment aimé dans le mot « orphelins » est que c’est un mot qui, quand on l’entend dans une phrase, procure automatiquement un sentiment négatif. Quand on rencontre une personne qui a été élevée en orphelin et qui n’avait pas de maison, pas de parent, on se sent automatiquement désolé. A la fois, on entend toujours ces histoires dingues de gens qui ont réussi dans la vie et ont surmonté d’immenses difficultés malgré ça. Quand on entend ce mot, c’est négatif mais parfois ça peut aussi être positif, et au final, on est responsables de la direction que prend notre vie. Après un certain âge, il est temps d’arrêter de se trouver des excuses et de se prendre en main pour devenir ce qu’on a envie de devenir. J’aimais beaucoup ce message. On peut toujours trouver quelque chose de bien dans une situation merdique. Plein de choses dans la vie dépendent de notre perception de celles-ci et comment on les gère, et tant qu’on se dit : « Hey, ceci ne va pas m’abattre, ça craint mais je vais persévérer et me battre pour voir le positif dans cette situation », alors on peut surmonter n’importe quelle difficulté. Donc je pense que c’est ce qui unifie les textes et l’atmosphère de cet album, et je suis très contente de pouvoir dépeindre ceci, car c’est quelque chose en lequel je crois en tant que personne.

« Après un certain âge, il est temps d’arrêter de se trouver des excuses et de se prendre en main pour devenir ce qu’on a envie de devenir. J’aimais beaucoup ce message. On peut toujours trouver quelque chose de bien dans une situation merdique. »

Chris Kelly a déclaré que tu as mis énormément de colère dans le texte du single « Burn It All Down ». Est-ce que, selon toi, la colère est une des émotions clés de cet album ?

Oui, c’est l’une d’entre elles. Je dirais qu’il s’agit de canaliser notre colère, en fait, plutôt que d’être en colère sans raison [rires]. C’est particulièrement le cas de « Burning It All Down », mais encore une fois, c’est une de ces chansons où il y a du positif à la fin. En ce qui concerne les émotions humaines, il devrait toujours y avoir une raison derrière tout. Si on est en colère, il faut une raison pour être en colère, et il faut canaliser cette colère de façon positive et en faire quelque chose de bien, plutôt que d’être une personne grincheuse qui se met en colère sans raison.

Apparemment, les textes sont principalement inspirés par des histoires d’horreurs et des tragédies bien réelles…

Oui, enfin, tout ça dépend des chansons, mais il y a quelques chansons qui sont basées sur un livre, disons en l’occurrence, un livre de fiction. Ou il y a d’autres chansons qui sont basées sur des histoires de guerre. Il y a une autre chanson, « Mr. Cold », qui est basée sur une observation de fantôme récurrente dans les années 70. Toutes les chansons ont une source d’inspiration, je suppose, et j’ai l’impression… Bon, il y a certains textes qui peuvent être personnels, où j’utilise une partie de mon expérience de vie pour écrire, mais ensuite, il y a d’autres chansons dans lesquelles j’essaye de canaliser les histoires d’autres personnes. Je trouve qu’il est extrêmement important de pouvoir faire ça, car ma vie n’est pas tout le temps très intéressante, et si je ne fais qu’écrire à partir de ma propre expérience personnelle, je vais finir par manquer de matière à un moment donné [rires]. Donc j’utilise tout ce qui, sur le moment, colle à ce que je ressens, et je me dis : « D’accord, cette histoire colle vraiment bien à la musique, donc je pars là-dessus. »

Comme tu l’as dit plus tôt, tu étais un petit peu choquée, parce que c’est « de loin la musique la plus heavy que [tu as] jamais faite avec The Agonist » et tu as aussi déclaré que tu n’étais pas certaine comment tu parviendrais à t’assortir avec cette émotion. Finalement, comment es-tu parvenue à trouver le bon état d’esprit et la bonne énergie pour chanter ces chansons ?

Honnêtement, je l’ai pris une chanson après l’autre. C’est marrant de voir… Par exemple, si je réfléchis sur mon passé en tant que compositrice, la façon dont j’ai commencé la composition, c’était plus du point de vue de musicienne. Donc j’essayais de trouver des mélodies dans une chanson et ensuite je pensais à des paroles après coup. Mais pour cet album et, de façon générale, la façon dont j’ai évolué au fil des années, c’est que j’adore écouter la musique et essayer de m’imprégner du feeling que la musique me procure, et ensuite ça m’inspire pour les paroles, et une fois que j’ai les paroles, dans les grandes lignes, je colle les mélodies dessus. Je trouve que, globalement, c’est une bien meilleure façon de faire une chanson, parce que ce que tu chantes a de l’importance. Le thème, les mots, tout, pour moi, doit coller à la musique. J’ai l’impression que c’est peut-être quelque chose qui manque à beaucoup de groupes : ils ont de super chansons mais à propos de quoi chantent-ils ? Il n’y a pas forcément d’histoire derrière, parfois, pas toujours. Bref, je me suis beaucoup concentrée sur les textes dans cet album et j’ai fait ça chanson par chanson : « Quelle émotion est-ce que cette instrumentale me procure ? Ok, c’est ça, donc on part là-dessus. » Dès que j’ai commencé à faire ça, honnêtement, c’était super facile. Je me posais avec une chanson et je la finissais en un ou deux jours. Honnêtement, pour tout le monde, pas seulement moi, c’était l’album le plus facile à écrire, c’était l’album le plus rapide que nous ayons jamais composé et enregistré. Même en studio, nous étions en avance sur le planning. Et il sonne super. Je trouve que ça en dit long. Il y a une raison derrière tout ça [rires].

L’album est encore plus varié que les deux précédents en termes de chant. Parfois, dans une même chanson, on peut entendre du chant clair calme, du chant clair heavy, ainsi que du chant extrême. Tu as aussi dit qu’il y a des choses que tu as essayées pour la première fois sur cet album. Quels ont été les passages qui ont représenté le plus grand défi pour toi au niveau chant ?

C’est marrant parce que oui, c’est l’album le plus varié que j’ai fait avec The Agonist vocalement parlant et, à la fois, il y a des parties très difficiles à chanter. Par exemple, maintenant que nous répétons les chansons, je peux discerner quelles parties ont besoin que je sois plus concentrée et quelles sont celles où je peux bouger sur scène tout en chantant comme il faut. Mais je dirais que le processus d’enregistrement a été très fluide. Il m’a fallu bien moins de temps pour enregistrer toutes les parties de chant pour cet album que pour les deux autres albums. C’est un peu surprenant, car il y a aussi beaucoup d’harmonies là-dedans – j’adore utiliser des harmonies, des chœurs et tous ces trucs. J’étais assez choquée à quel point c’était fluide. Je pense que c’est simplement parce que dans cette diversité dont tu parles, il y a des choses que j’avais déjà faites en tant que chanteuse, peut-être avant The Agonist ou en dehors de The Agonist en faisant des reprises et autre, et que j’ai apportées à cet album. Je n’ai pas eu peur, du style : « Oh, ce style de chant sonne très power metal, est-ce que ça va convenir à The Agonist ? » Je m’en fichais de ça, je le faisais parce que je trouvais que la partie en avait besoin. Ce confort que j’ai ressenti – genre, tout ce que je faisais me ressemblait plus que sur n’importe quel autre album – a facilité l’enregistrement cette fois. C’est dur à dire, car nous n’avons encore joué aucune chanson en live. Je pense que ce sera difficile mais ce sera aussi très excitant de pouvoir faire ces trucs en live.

« En ce qui concerne les émotions humaines, il devrait toujours y avoir une raison derrière tout. Si on est en colère, il faut une raison pour être en colère, et il faut canaliser cette colère de façon positive et en faire quelque chose de bien. »

Est-ce que tu as une formation vocale particulière pour pouvoir changer si souvent de style au sein d’une même chanson ?

Non. En fait, la seule formation vocale que j’ai officiellement eue était quand j’avais dix-neuf ans. J’ai pris pendant deux ans des cours de chant classique, or c’est un style de chant que je ne fais jamais. Je pense que c’est pour ça que j’ai arrêté après deux ans, car j’étais là : « C’est sympa mais est-ce que j’ai envie de chanter comme ça en tant que chanteuse lead ? Non ! » Et j’avais l’impression que ça emmenait ma voix dans une direction que je ne voulais pas. J’ai donc arrêté ces cours et j’ai essayé d’apprendre d’autres styles vocaux par moi-même ou avec l’aide de gens que je connaissais à l’époque, en étudiant d’autres chanteurs, souvent presque par imitation – pas de l’imitation pour sonner comme quelqu’un d’autre mais de l’imitation pour essayer de comprendre comment ils font ça et l’adapter à ma propre voix, mon propre timbre, etc. En ce qui concerne le chant, le chant agressif et tout ça, je suis totalement autodidacte. Je suis très reconnaissante d’avoir pris des cours de classique, ceci dit, parce que ça m’a donné des bonnes bases bien solides pour savoir respirer comme il faut, comment construire des chœurs avec ma voix et ce genre de choses.

Y a-t-il des choses que tu aimerais faire musicalement à l’avenir et qui nécessiteraient de nouvelles capacités vocales ou as-tu des exemples de choses que tu n’as pas pu chanter à un moment donné et a dû abandonner ?

Je crois que jusqu’à présent, tout ce que j’ai tenté de faire, j’ai fini par trouver le moyen de le faire. Certaines choses sont venues plus facilement et d’autres ont pris plus de temps, parce que je suis humaine et il n’y a pas un seul chanteur sur cette planète qui soit capable de tout faire. J’ai la ferme conviction que si on ne peut pas faire quelque chose bien, alors peut-être qu’on ne devrait pas le faire du tout et essayer autre chose. Jusqu’ici, j’ai réussi à comprendre comment faire tout ce qui m’intéressait. Je pense que la plus grande difficulté que j’ai rencontrée en tant que chanteuse était que j’avais naturellement une voix douce, parfaite pour les films de Disney, et j’avais du mal à faire ressortir le metal dans ma voix pour le chant – je ne parle pas des cris, mais juste le fait de sonner agressif. Ça m’a beaucoup aidée d’écouter plein de classiques comme Iron Maiden, Judas Priest et d’autres, afin d’obtenir ce son, disons, plus couillu dans ma voix [petits rires]. Je suis toujours très curieuse et disposée à explorer et comprendre d’autres façons de chanter, donc ce n’est clairement pas la fin. J’ai envie de pouvoir repenser aux albums que j’ai faits, à chaque fois, et me dire : « Oh, j’ai grandi en tant que chanteuse et en tant qu’artiste. »

Quand tu écoutais tous ces classiques du metal pour t’inspirer et trouver le metal dans ta voix, te souviens-tu d’un jour ou d’un déclic particulier qui t’a permis de chanter comme ça ?

C’est marrant, je ne me souviens pas d’un jour particulier, mais c’est vrai… La voix est un instrument physique, et c’est interne, on ne peut rien voir. Ce n’est pas comme un piano sur lequel on peut voir les touches, ou une guitare sur laquelle on peut voir les frets et les cordes. Il faut donc ressentir son instrument et être là : « Ok, ceci semble bien ou cela ne sonne pas super, donc je fais ça sans doute comme il faut ou peut-être pas… » Mais bref, je pense que ce qui se passait le plus souvent quand j’essayais une nouvelle technique vocale est que pendant une période de temps, ça ne sonnait pas bien, ça ne donnait pas l’impression d’être comme il faut, mais je me disais que c’est comme ça que ça doit être fait, que je suis sur la bonne piste, il faut juste que je me donne du temps. Je me souviens quand j’utilisais pour la toute première fois ma voix de poitrine, afin d’obtenir ce grain dont on parlait, ça sonnait vraiment forcé, ça sonnait très peu naturel pendant au moins trois ou quatre mois, mais j’ai continué à m’exercer, et puis le jour dont tu parlais… Il y a eu un jour où je me suis levée, je l’ai fait et ça sonnait comme il faut, il y a eu une sorte de déclic. Il se passe la même chose avec n’importe quelle technique vocale à laquelle je me suis essayée. Ça ne venait pas du jour au lendemain. Certaines choses sont venues plus vites, d’autres ont pris plus de temps, mais je pense que c’est comme ça pour tout le monde. Il faut juste continuer à s’exercer. En fait, je donne des cours de temps en temps, et c’est la première chose que je dis à mes étudiants, surtout aux débutants : « Ne vous attendez pas à repartir aujourd’hui et à être un chanteur différent demain. Vous devez rentrer chez vous, vous exercer, le faire et le refaire jusqu’à ce que ça ne soit plus nul, en gros » [rires].

Dirais-tu que c’est toujours l’atmosphère des chansons qui dictent ta façon de chanter ou bien est-ce déjà arrivé que ton chant affecte les parties instrumentales ?

Généralement, je m’inspire de la musique et je fais mes parties riff par riff, genre : « Oh, la façon dont ce riff sonne me donne envie de crier par-dessus » ou « Ce riff sonne de telle façon que je pourrais mettre cette jolie mélodie par-dessus », et ainsi de suite. Il est arrivé qu’après avoir fait une démo à la maison et l’avoir renvoyée au groupe, ils ont entendu quelque chose dans le chant et ont pensé qu’ils pourraient changer la structure de la chanson, ajouter un riff ou rallonger ou raccourcir quelque chose parce qu’ils aimaient la partie de chant. Il y a toujours des ajustements après que le chant ait été posé sur une chanson, mais je laisse vraiment la musique dicter le feeling pour lequel j’opte.

« La plus grande difficulté que j’ai rencontrée en tant que chanteuse était que j’avais naturellement une voix douce, parfaite pour les films de Disney, et j’avais du mal à faire ressortir le metal dans ma voix. Ça m’a beaucoup aidée d’écouter plein de classiques comme Iron Maiden, Judas Priest et d’autres, afin d’obtenir ce son, disons, plus couillu dans ma voix [petits rires]. »

Tu as déclaré qu’avec « chaque nouvel album [tu] adore[s] expérimenter et mettre les pieds sur de nouveaux terrains ». Où penses-tu que le groupe pourrait aller à l’avenir ? Y a-t-il une limite, comme des choses que tu ne te vois pas faire, musicalement ?

Peut-être. Je ne sais pas ! C’est honnêtement quelque chose auquel j’ai réfléchi parce que, comme je l’ai dit, cet album sort maintenant mais ça fait un an que nous l’avons enregistré. Donc, pour moi, c’est déjà un peu un vieil album [petits rires]. C’est un peu triste à dire, mais… Depuis que j’ai terminé le nouvel album, j’ai ce truc qui me titille : « Ok, écrivons de la nouvelle musique maintenant ! » J’en suis déjà à vouloir écrire de la nouvelle musique, mais cet album sort tout juste, donc évidemment, nous n’avons encore pas écrit de nouvelle musique, mais je suis très curieuse de voir quelle direction ça va prendre. Je pense qu’Orphans est une très bonne direction et nous devrions la poursuivre, mais bien sûr, je n’ai pas envie que le prochain album soit une simple copie d’Orphans. J’ai toujours envie qu’il y ait une forme de diversité et d’expérimentation là-dedans. C’est un peu trop tôt pour le dire, mais si vous êtes fans de ce groupe, vous pouvez toujours vous attendre à quelque chose de différent de notre part. D’album en album, ce ne sera jamais exactement la même chose qui sera répétée encore et encore.

Ceci est ton troisième album avec le groupe et la dernière fois qu’on t’a parlé en interview, tu nous as dit que sur Eye Of Providence, vous commenciez tout juste à vous connaître et que Five était l’album où vous avez pu écrire plus naturellement. Dirais-tu que sur ce troisième album, la relation est devenue plus mature ?

Oui, clairement ! Plus longtemps tu passes dans un groupe avec quelqu’un, en partant du principe que tout se passe bien, évidemment, plus vous vous attachez les uns aux autres et plus ça ressemble à une famille. Je suis très reconnaissante que, dès que j’ai rejoint le groupe, nous avons eu une très bonne alchimie, mais de toute évidence, celle-ci a été intensifiée avec les années. Je dirais, honnêtement, que les processus de composition d’Orphans et celui de Five étaient plus ou moins identiques de mon côté – je recevais les instrumentales et je travaillais sur les paroles, les mélodies et tout à mettre sur les chansons – mais j’ai vraiment l’impression que la raison pour laquelle Orphans est globalement notre meilleur album, c’est parce que la musique en soi colle encore mieux à ce qu’est The Agonist que Five. Je me sentais mieux à écrire le chant sur cet album que pour Five, parce que ça me paraissait encore plus naturel par rapport à ce qu’est ce groupe. J’espère juste que d’album en album ça continuera à se développer et que ça deviendra encore plus que c’est censé être, je suppose [petits rires].

Comment ton implication et ton rôle dans le groupe ont évolué au cours de ces cinq années ?

Evidemment, quand j’ai rejoint le groupe, ils ne voulaient pas que j’ai trop de pain sur la planche parce que j’étais totalement nouvelle là-dedans, je remplaçais quelqu’un, ils voulaient que je me focalise sur le chant et la composition, et c’est tout. Mais au fil des années, j’ai dit au groupe : « Hey, j’ai envie d’être impliquée dans plus de choses. » Surtout pour Orphans, j’ai l’impression d’avoir beaucoup contribué, non seulement aux chansons, mais au titre de l’album, à une grande partie des titres de chansons, aux clips, etc. Je me suis posée avec Chris Kells, notre bassiste, qui fait nos clips. Nous avons passé en revue les textes et je lui expliquais le message des chansons qui pourraient être dépeintes visuellement et comment nous pourrions le faire. C’était la première fois que je faisais ça et que j’avais autant la main sur l’aspect vidéo. Au fil du temps, je donne bien sûr plus d’interviews parce que je suis la frontwoman du groupe, et je m’implique de plus en plus dans d’autres choses en dehors de la composition, et c’est vraiment cool.

Interview réalisée par téléphone le 29 août 2019 par Philippe Sliwa.
Retranscription : Nathalie Holic.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Eric Sanchez.

Site officiel de The Agonist : theagonistband.com.

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