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Interview   

The Banishment : le laboratoire industriel de George Lynch


Certes, George Lynch a largement marqué le monde du hard rock et du metal de son empreinte par le biais des premiers albums de Dokken et de Lynch Mob, mais le réduire à ça serait vraiment passer à côté de l’artiste qu’il est réellement. Au fil des années, s’il n’a jamais abandonné la formule qui a fait sont succès, il n’a pas non plus hésité à sortir des sentiers battus. Parfois, c’était un fiasco auprès des fans – l’album Smoke This de Lynch Mob. Parfois, c’était une réussite – plus récemment, les albums de KXM.

C’est un nouveau chemin de traverse que propose désormais George Lynch avec Machine And Bone, premier album de The Banishment, qui aura mis une bonne dizaine d’années à voir le jour… Dans ce projet fondé avec Joe Haze, producteur-ingénieur aux multiples casquettes, et qui a vu passer en son sein plusieurs chanteurs, dont Tommy Victor de Prong, avant de se stabiliser sur Devix Szell, on découvre le mélange de deux univers : celui résolument électronique, industriel et expérimental de Haze et celui plus guitaristique de Lynch. Nous en discutons ci-après avec ce dernier dans un entretien toujours aussi riche et instructif.

« Quand tout ça s’est enfin mis en place après environ dix ans, il y a eu tellement de traumatismes durant le processus que je ne me sentais même pas d’humeur festive, j’avais plus l’impression qu’on m’enlevait un poids, car ça avait été épuisant de passer la ligne d’arrivée. »

Radio Metal : The Banishment a mis du temps à se concrétiser. Tu en parles depuis des années comme ton « projet avec Tommy Victor », mais au final, il n’apparaît en invité que sur deux morceaux. Et des photos sur Facebook remontent jusqu’à 2014. Pourquoi est-ce que ça a pris autant de temps ?

George Lynch (guitare) : C’est largement à cause du fait que nous n’arrivions pas à sécuriser un constat acceptable à nos yeux avec un label. Ce sont vraiment les rouages de l’industrie qui nous empêchaient de sortir l’album. Ça fait à peu près dix ans que nous avons commencé à travailler dessus, mais nous avons fait du surplace pendant de nombreuses années, à essayer de mettre la partie business d’aplomb. Ce n’était pas dix ans de travail intensif sur un album et à réécrire les chansons. Ceci dit, il y a eu un peu de ça. A chaque fois que nous avions un nouveau membre, un nouveau chanteur ou autre, nous changions des choses et nous remettions à travailler dessus. Haze n’a jamais arrêté de mixer des trucs et il faisait toujours des ajouts. C’était un travail en cours, mais je pense que l’obstacle qui nous a empêchés de le sortir beaucoup plus tôt était le fait que personne ne voulait signer George Lynch sur son label avec un genre d’album industriel [rires]. Ce n’est même pas vraiment de l’industriel, je ne sais pas comment on appelle ça, mais ce n’est ni Dokken ni Lynch Mob.

Je crois savoir que vous êtes passés par plusieurs chanteurs et que vous avez même envisagé de le sortir en tant que projet instrumental…

Oui, j’ai essayé toutes sortes d’approches pour le finir. Comme tu l’as dit, il y a eu un paquet de chanteurs dans la vie du projet. Tommy Victor a fait un aller-retour deux fois. Initialement, il était d’accord pour s’impliquer mais ensuite, il a dit que ça lui prenait trop de temps. Son manageur voulait qu’il laisse tomber pour qu’il puisse se concentrer sur d’autres choses, comme Prong et ainsi de suite. Il est revenu il n’y pas très longtemps, mais nous ne pouvions pas le faire chanter sur l’album tant que la partie business n’était pas en place pour que nous puissions payer tout le monde et régler nos factures. Pour une raison, je ne sais plus pourquoi, ça a mis une éternité. Donc, encore une fois, nous avons dépassé les délais avec Tommy. Il avait un engagement pour faire un disque avec Prong et une tournée. Il devait gérer tout un cycle d’album, ce qui prend une bonne année, donc il a dû se désister une seconde fois. Il n’y a aucune rancœur, c’est juste la situation qui voulait ça. Nous avons fait revenir Devix Szell. Il avait fait partie du projet avant, puis il est parti et maintenant il est revenu.

Au départ, notre premier chanteur était Mandy Lion. C’est d’ailleurs lui qui m’a présenté Joe Haze et c’est là que c’est vraiment devenu mon projet et celui de Joe. Je crois qu’il y a eu d’autres chanteurs en cours de route [rires]. Nous avions d’assez grandes ambitions. A un moment donné, nous voulions avoir un chanteur différent par chanson. Nous avons contacté des gens assez cool chez des groupes industriels, dans le camp Ministry par exemple, des chanteurs de punk et toutes sortes de talents. Mais là encore, c’est tombé à l’eau. Nous avions tout le temps de grandes idées mais les concrétiser nécessitait un peu plus d’expertise que ce dont nous étions capables. C’est probablement ce qu’il faut retenir. Nous avons fini par avoir Tommy sur deux chansons qu’il a chantées quand il faisait partie du projet la première fois. Ensuite, Richard Patrick a été invité à chanter avec Devix sur un morceau. Nous avons un autre gentleman qui chante sur l’une des chansons aussi, mais je ne me rappelle plus son nom. Il y a donc un mélange de chanteurs, mais Devix est le principal.

On dirait que c’est presque un miracle si on a cet album maintenant !

Ça fait tellement plaisir qu’il soit enfin terminé ! Il y a encore pas mal d’appréhension par rapport à la direction du projet, la façon dont le label va le traiter, comment les fans vont le percevoir et s’ils vont l’accepter ou pas. Mais là où c’est devenu réel, c’est quand nous avions fait le clip. Nous avions signé le contrat avec la maison de disques, fini le clip, fait un shooting photo, la promo était en train d’être mise en place et nous avions une date de sortie. Les choses sont tombées à l’eau tellement de fois durant ces dix dernières années qu’à un moment donné, nous avons été à deux doigts d’arrêter. Haze a arrêté une fois et ça m’a un peu brisé le cœur. Il y a eu de longues périodes où je n’avais pas le temps de m’investir dedans et j’ai un peu perdu intérêt. J’avais essayé toutes les pistes possibles et j’ai presque abandonné – enfin, pas vraiment abandonné, mais je voulais le mettre de côté pendant un moment. C’était devenu vraiment décourageant. Donc, quand tout ça s’est enfin mis en place après environ dix ans, il y a eu tellement de traumatismes durant le processus que je ne me sentais même pas d’humeur festive, j’avais plus l’impression qu’on m’enlevait un poids, car ça avait été épuisant de passer la ligne d’arrivée. Encore une fois, ce sera réel et tangible quand je tiendrai le CD dans mes mains et que je l’écouterai. Ce sera un grand moment où je me dirai que nous pourrons peut-être célébrer ça un peu et en être contents.

« Je ne sais pas si j’interprète mal ou si je suis simplement optimiste, mais je crois que les gens sont plus ouverts à ce stade de ma carrière, ils me fichent la paix et ne s’attendent pas à ce que tout sonne comme Lynch Mob et Dokken 1988 [rires]. »

The Banishment est plus ou moins du metal industriel dans la veine de Ministry ou Prong. Les prémices de ce genre musical sont apparues dans les années 80, à peu près au même moment où toi tu as commencé ta carrière dans le hard rock mélodique. Quelle a été ta relation à cette musique au fil des années ?

J’ai toujours aimé quand la musique était à la fois intense, sombre et très orientée groove, donc naturellement ça me plaisait bien. J’ai clairement une affinité voire un amour pour ce type de musique et j’aime beaucoup en écouter. Les éléments qui sont très profonds dans ce genre de musical – dans une moindre mesure – font partie de la musique que j’aime composer, y compris avec les groupes des années 80, comme Dokken. Je ne dirais pas que c’était industriel, bien sûr, mais au moins ça pouvait être sombre et majestueux. C’est le genre de musique que j’aime le plus écouter, jouer et créer, donc c’était très naturel pour moi. Quand tu fais des interviews, parfois on te pose la question : « Quel serait ton groupe de rêve ? » ou « Avec qui aimerais-tu jouer ? » Evidemment, il y a plein de gens, mais être guitariste dans un groupe industriel vraiment cool serait l’une de mes réponses. Ce serait génial d’être musicien pour Prodigy, non pas qu’ils aient besoin d’un guitariste…

The Banishment, c’est quand même assez éloigné de ce que tu fais d’habitude, mais ce n’est pas la première fois que tu t’écartes de ce pour quoi tu es connu – comme tu l’as prouvé avec Shadowlife de Dokken ou Smoke This de Lynch Mob –, et à chaque fois que tu as fais ça, tes fans ont eu du mal à comprendre. Penses-tu qu’en 2023, les fans de George Lynch ou même de hard rock en général soient plus ouverts ?

Je pense qu’en général, oui, les gens sont plus ouverts maintenant. J’ai quelques retours et j’essaye de m’intéresser aux réactions des gens, que ce soit pour The Banishment ou d’autres projets excentriques dans lesquels je peux être impliqué. Je ne sais pas si j’interprète mal ou si je suis simplement optimiste, mais je crois que les gens sont plus ouverts à ce stade de ma carrière, ils me fichent la paix et ne s’attendent pas à ce que tout sonne comme Lynch Mob et Dokken 1988 [rires]. Bien que je fasse ça aussi ! Je fais d’autres projets qui sont pile dans ce que les gens attendent ; j’essaye de respecter ça et de répondre à ces attentes, et ça me plaît aussi. Je fais des albums avec The End Machine, Sweet & Lynch et Lynch Mob… Ce sont juste de bons albums de hard rock avec du groove, de la mélodie et des accroches ; la même formule que j’ai toujours employée. Donc j’assouvis aussi ce désir chez les gens ; le noyau dur de mes fans me voit faire des albums en phase avec ce pour quoi ils ont souscrit sans les prendre à chaque fois en traître. Je pense que, tant qu’on donne aux gens les fondamentaux en plat principal, ils sont disposés ensuite à explorer le dessert. C’est une analogie débile ! Le projet le plus barré que j’ai fait, ceci dit, était Project N-FidelikaH. C’en est probablement un que personne n’a compris, ou alors seulement un auditeur sur mille. C’était un projet étrange, même pour moi. J’étais là : « Je vais essayer de faire le truc le plus bizarre qui me vient » [rires]. Je me suis entouré de gars géniaux et créatifs qui faisaient des choses que je ne fais jamais et je me suis donné ce défi. C’était tout à fait autre chose et super marrant. J’ai trouvé que c’était un album très intéressant.

Penses-tu qu’avec le temps certains de tes fans apprécient mieux certains de tes albums passés qui sortaient de ton cadre habituel ?

On pourrait le croire, mais je ne le pense pas. Je pense que les gens sont inébranlables quant aux styles qu’ils écoutent. Une chose que j’ai apprise à propos du public en général et sur laquelle je me faisais une fausse idée, c’est que je partais toujours du principe que les gens étaient très conciliants, tolérants et ouverts aux nouvelles idées des artistes qu’ils écoutaient. Je présupposais qu’ils apprécieraient ça et suivraient ledit artiste dans son voyage, mais j’ai pris une grosse gifle lorsque j’ai sorti certains albums qui n’étaient pas exactement en phase avec ce qu’ils attendaient, j’ai eu un gros retour de manivelle. Evidemment, je n’ai pas les statistiques ou pourcentage de gens qui ressentent ou pas ça, mais au pif, je dirais que c’est comme la gauche et la droite en politique [rires]. La moitié des gens est conservatrice et aime que les choses restent telles quelles, leur cerveau est ainsi câblé, et l’autre moitié est plus ouverte au changement, au progrès, à l’évolution vers de nouveaux domaines. C’est globalement l’idée que je me fais de la façon dont les choses fonctionnent. Je dirais que cinquante pour cent des fans purs et durs ne veulent que du Dokken et Wicked Sensation, c’est tout ce qu’ils voudront jamais et ils sont contents avec ça. Ils aiment qu’AC/DC et Judas Priest restent les mêmes et ils ne veulent pas qu’ils changent – d’ailleurs, moi non plus, je n’ai pas envie qu’ils changent. Ils ne veulent pas voir Van Halen ou Mötley Crüe faire des albums de hip-hop ou de jazz avant-gardiste. Tandis que cinquante pour cent du public est disposé à te suivre dans tes explorations.

« Je partais toujours du principe que les gens étaient très conciliants, tolérants et ouverts aux nouvelles idées des artistes qu’ils écoutaient, mais j’ai pris une grosse gifle lorsque j’ai sorti certains albums qui n’étaient pas exactement en phase avec ce qu’ils attendaient, j’ai eu un gros retour de manivelle. »

Le groupe étant baptisé The Banishment, t’es-tu senti « banni » parfois dans ta carrière à cause de certains choix artistiques, musicaux ou personnels que tu as faits ?

Une chose qui a provoqué du désarroi chez moi et qui m’a valu d’être censuré – et probablement légitimement – c’est mon choix d’utiliser mon nom de famille dans le contexte d’un nom de groupe. J’ai subi quelques retours de flamme à cause de ça, et c’est compréhensible. C’est un cas compliqué pour moi. En un sens, ce n’est pas du tout compliqué : n’appelle pas ton groupe Lynch Mob, c’est ridicule ! [Rires] D’un autre côté, le retour de flamme que j’ai subi à cause de ça n’est pas vraiment venu de ceux dont on pourrait l’attendre. Je joue avec des gens de couleur, des amis à moi, et ce n’est pas à eux que ça a posé problème. Je veux dire que je joue dans un groupe avec Doug Pinnick, j’en ai parlé avec lui, ainsi qu’avec Corey Glover, Angelo Moore et d’autres gens. Je me pointais en répétition ou au studio avec ces gars et j’avais mes étuis sans me rendre compte que Lynch Mob était marqué dessus. Un jour, j’ai regardé Doug et j’ai dit : « Oh bon sang, ça craint, non ? » Et il était là : « Nan. » Mais ça n’excuse pas, je me sentirai toujours mal à l’aise… Mais l’idée derrière le nom de ce nouveau projet, The Banishment, c’était vraiment par rapport au fait que nous ne semblions acceptables pour personne, nulle part, quel que soit le moment. Nous avions l’impression d’être sur notre petite île musicale à essayer d’envoyer un message dans une bouteille au reste du monde [rires].

The Banishement est un trio de musiciens venant de backgrounds différents et donc, j’imagine, qui sont habitués à des méthodes de travail différentes. Comment s’est passé le processus, en particulier entre toi et Joe ?

En fait, Joe et moi, nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau lorsque nous travaillons. C’est vraiment merveilleux. C’est un gros bosseur. Nous nous sommes posés dans cette même pièce où je suis interviewé actuellement. Il vivait à Salt Lake City à l’époque et a pris l’avion pour se rendre à Los Angeles, où je vis et où se trouve mon studio. En gros, il a vécu avec nous et nous avons travaillé tous les jours. Nous nous levions le matin, nous prenions nos Cheerios et notre café, nous venions ici et nous y passions douze à quatorze heures par jour. C’était comme ça pendant un mois. Nous nous sommes éclatés, c’était dingue. C’était le bazar créatif le plus fou qui soit ! C’est un programmeur et un ingénieur génial. Il obtient des sons extraordinaires, loin des sons hard rock typiques dont j’ai l’habitude. Comme je l’ai dit plus tôt, j’adore l’intensité et la lourdeur de la musique industrielle, donc il m’a apporté tout ça. J’étais là : « D’accord, j’ai ce riff », et ça pouvait être un riff que j’aurais pu écrire dans n’importe quel autre groupe, mais quand il rajoute cette énorme et monstrueuse batterie dessus, ça m’inspire à un tout autre niveau pour essayer tout un tas d’autres trucs. En plus, il apporte sa science de la musique électronique. Je n’ai pas l’habitude de ça et c’est un véritable don, car ça suscitait un tas d’idées chez moi et ça me permettait aussi de ne pas tout le temps avoir à porter tout le poids de la musique avec ma guitare. Je peux sortir un peu des sentiers battus et faire des choses étranges. C’était instructif, révélateur et une bouffée d’air frais pour moi de travailler dans un environnement complètement différent comme ça. C’était l’éclate !

Nous composions tellement vite, nous avions tellement d’inspiration que nous n’arrivions pas à suivre. Nous aurions pu écrire plusieurs albums. C’était drôle parce que l’écriture du projet dans son ensemble, c’était presque comme une seule chanson. Nous ne nous arrêtions jamais et une chose menait à une autre. Nous avions du mal à faire la liste des morceaux que nous avions. Nous étions là : « Bon, ça, ce devrait être une chanson différente. Mets-le là. » Ça n’arrêtait pas de se produire, au point où nous étions face à un arbre qui n’avait de cesse de se ramifier. C’était d’ailleurs un défi de transformer ça en un album, parce que c’était une collection continue d’idées qui étaient toutes connectées et, à un moment, il a fallu en faire des chansons individuelles, ce qui a nécessité un peu de travail.

J’adore travailler avec Haze, c’est vraiment amusant et facile. Il bosse très dur. Nous bûchions la moitié de la journée, puis nous faisions une pause, par exemple, pour déjeuner, nous vider la tête pendant trente minutes et sortir du studio. J’aime ce genre d’éthique de travail quand on est là en personne. Je trouve que les albums faits ainsi sont vraiment merveilleux parce que, quand on y va à fond de cette manière, ça prend une tournure très personnelle et les chansons ont de la profondeur. Je ne dis pas du tout ça pour dénigrer d’autres projets dans lesquels j’ai été impliqué, mais parfois, les albums peuvent devenir un travail comme un autre. Tu vas au boulot et tu es là pour produire quelque chose, la musique étant le produit. Tu as une certaine quantité d’argent et tu dois avoir fini au bout de tant de temps. Tu fais un peu les choses machinalement, et non pas que tu n’aimes pas ou que ce ne soit pas bien, mais tu ne fais pas cette plongée de dingue en profondeur, en étant expérimental à la Hendrix, façon angoisse existentielle. C’est plus genre : j’ai besoin d’un riff, j’ai besoin d’un refrain, et maintenant j’ai besoin d’un solo. Il nous faut des chansons mid-tempo, des chansons lentes, des chansons à double grosse caisse pour équilibrer l’album. C’est ainsi qu’on écrit un album de Lynch Mob ou d’autres sur lesquels je travaille comme pour Sweet & Lynch. Il n’y a rien de mal à ça, c’est super, mais ceci était différent. Il n’y avait aucune règle.

« Je n’ai jamais voulu être ce gars qui faisait à chaque fois la même chose, pas juste pour faire différent mais parce que j’avais vraiment, sincèrement, envie de faire d’autres choses. A la fois, je n’ai pas non plus envie qu’on me voie comme ce tordu qui ne se refuse rien, fait les albums les plus étranges qu’il peut imaginer et fait chier ses fans, juste pour être bizarre et cool. »

J’imagine que ça a aidé d’avoir quelqu’un de très polyvalent comme Joe. Il a fait de la production dans le rock, l’industriel, le jazz, la pop et même le reggae, et il est producteur, ingénieur, mixeur, remixeur, guitariste et programmeur. On dirait qu’il a tout fait !

Ce mec est une force de la nature. Il est incroyable. J’ai beaucoup de chance de travailler avec lui et je l’apprécie énormément. L’autre truc merveilleux avec la sortie, enfin, de cet album est que nous voulons vraiment en faire un autre, même essayer d’aboutir à celui-ci a été la décennie la plus pénible qui soit [rires]. Nous voulons vraiment nous prouver à nous-mêmes et à quiconque en a quelque chose à faire que nous sommes capables de refaire ça sans mettre dix ans pour y arriver. Il se peut que nous prenions quelques mois pour replonger dans le processus, mais j’ai hâte de revivre cette expérience, et lui de même. Nous en parlons constamment, il est là : « Faisons un autre album ! Faisons un autre album ! » Mais il faut que nous le fassions de la même manière. Nous devons retourner au même studio, faire une pause à une heure trente de l’après-midi chaque jour, aller au Taco Bell pendant trente minutes et revenir au studio. Il faudra porter la même écharpe et installer le même matériel, fermer les portes à clé, éteindre nos téléphones et faire les fous pendant un mois. J’ai tellement hâte ! J’espère que ça arrivera.

Dans quelle mesure est-ce que le fait de composer et jouer du metal industriel t’a poussé à revoir et remettre en question ton approche de la guitare ?

Je pense que quand on commence à jouer de la guitare, on essaye très fort d’être reconnu et d’avoir quelque chose à dire musicalement, on veut que le monde prête attention à nous. Quand on est jeune et plein d’enthousiasme et de motivation, on veut être le meilleur. On veut entrer dans l’histoire comme un artiste et un guitariste important et être au sommet du panthéon – et on croit que c’est possible. Ensuite, on en arrive où je suis aujourd’hui, de super trucs sont arrivés, tout est merveilleux et ci et ça. Mais je n’ai jamais voulu être ce gars qui faisait à chaque fois la même chose, pas juste pour faire différent mais parce que j’avais vraiment, sincèrement, envie de faire d’autres choses. A la fois, je n’ai pas non plus envie qu’on me voie comme ce tordu qui ne se refuse rien, fait les albums les plus étranges qu’il peut imaginer et fait chier ses fans, juste pour être bizarre et cool. Je n’ai pas non plus envie d’être ce genre de gars. Ou celui qui veut prouver qu’il est capable de tout faire : « Je suis un musicien de jazz, de country, de blues et de metal ! Je porte toutes les casquettes possibles pour démontrer que je suis le meilleur guitariste du monde » ou peu importe. Je n’ai pas envie d’être ça non plus.

Ça te fait réfléchir et poser des questions sur toi-même : qu’est-ce qui est authentique ? J’essaye de me focaliser là-dessus. Qu’est-ce que j’ai toujours eu envie de faire ? Et ce que j’ai toujours eu envie de faire, c’est cette BO intérieure qui se joue dans ma tête. Ce n’est pas toujours exactement la même chanson, mais c’est toujours ce truc irréalisable. C’est extraordinaire, ce satané solo de fou que j’aimerais pouvoir jouer évolue sans cesse et il est époustouflant ! J’ai la chair de poule quand je l’écoute dans mon imagination, je n’ai jamais réussi à jouer aussi bien. Ou cette chanson qui est hyper intense ; là encore, ça me file la chair de poule. Et tu es là : « Oh mon Dieu, il faut que j’écrive ça » et ensuite, tu l’oublies. Tu te demandes : « C’était quoi ?! » mais à chaque fois, tu ne te souviens que du fantôme de l’idée. Ça arrive tout le temps, mais impossible de mettre le doigt dessus. C’est comme sans arrêt poursuivre une chimère. J’ai le sentiment que ce projet m’a offert l’opportunité de trouver d’autres chemins menant vers cet idéal. Je ne veux pas me donner un air suffisant ou quoi, je dis juste que c’est l’inspiration fondamentale pour ce que je fais, c’est le genre de chose après lequel je cours depuis toujours. Je ne veux pas continuer à sortir le même album de hard rock en essayant d’atteindre ce but hors de portée. Je veux peut-être essayer de trouver une autre voie pour y arriver.

On dirait que tu as même essayé de repenser un peu ton son en tant que guitariste, peut-être justement avec l’aide de Joe en tant que producteur…

Absolument. Il m’a offert toutes sortes d’opportunités en construisant différents paysages et environnements. Quand nous collaborons, c’est unique. Ce n’est pas purement une chose, il y a des éléments provenant d’un tas de styles qu’on peut identifier et nommer. Je ne sais même pas comment qualifier cette musique. Je pense que c’est bien, mais c’est aussi probablement un point négatif. On ne peut pas lui donner une seule étiquette, il n’y a pas de fil conducteur. Ce n’est pas comme un album d’AC/DC ou d’un autre groupe dont toute la musique a un fil conducteur. Cet album n’est pas comme ça. On n’y retrouve pas ça et c’est probablement un inconvénient, mais on ne peut pas tout le temps plaire à tout le monde et ce n’est pas un souci. Nous avons aimé l’aventure et le processus. Nous avons capturé un moment, trois ou quatre semaines de magie, et il a fallu dix ans pour le dévoiler, c’est ça qui est dingue. Je m’inquiète maintenant un peu de sa durée de vie. Si c’est de la bonne musique, je suppose qu’on n’a pas à s’en inquiéter, mais est-ce toujours pertinent par rapport à ce que nous avions en tête il y a dix ans ? Je ne sais pas ! [Rires]

« Dans mon esprit, dans mon monde imaginaire, être le gars d’un groupe comme The Prodigy ou Nine Inch Nails serait démentiellement cool, stimulant, différent pour moi et je serais vraiment partant. Ce serait la chance d’une vie de faire quelque chose d’historiquement significatif si je le faisais bien. »

D’un autre côté, la bluesy « The Dead » est probablement ce qu’il y a de plus proche de ce à quoi tes fans s’attendent de ta part…

Le chanteur Jason Charles Miller qui apparaît dessus est vraiment un chouette type. C’est un excellent chanteur et il a écrit toutes ces superbes paroles et mélodies. Il existe une autre version de cette chanson sur la version japonaise de l’album avec Devix au chant. C’est une chanson complètement différente – c’est la même base, mais il y a des petits trucs qui sont différents musicalement. Il y a de la batterie électronique plutôt que de la vraie batterie, par exemple. C’est clairement un album caméléon où on retrouve toutes sortes de choses. C’est peut-être déroutant d’avoir quatre chanteurs avec des styles différents. Je prends chaque chanson comme étant indépendante. Comme je l’ai dit tout à l’heure, ce n’est pas vraiment un album ayant un fil conducteur. C’est fait pour être intéressant et une alternative à ce que je fais traditionnellement dans mon univers créatif. Ce n’est pas Wicked Sensation.

Tu as déjà commencé à en parler, mais te focalises-tu sur des paramètres très différents quand tu crées de la musique pour ce genre de projet par rapport aux chansons de hard rock mélodique dont tu as l’habitude ?

Oui. Le genre de musique que je compose et enregistre traditionnellement se base sur une formule très éprouvée et dont j’ai tellement l’habitude que c’est très dur d’en dévier. Même quand tu essayes de t’écarter de ce chemin, tu restes dessus. Il y a le côté arrangement, le ABABCB, certains tempos qui fonctionnent… Tu veux un bon équilibre entre les différents tempos et tonalités, et il faut que tout soit accrocheur. Toutes ces formules très basiques fonctionnent parce que les gens y sont réceptifs. Tout est plus ou moins prévisible et ce n’est pas un souci, mais avec le processus d’enregistrement de The Banishment, tout ça est parti en fumée.

D’ailleurs, à la fin, quand nous travaillions avec Devix sur le chant, il a vraiment fallu que nous essayions de le pousser, le guider et l’inspirer pour obtenir un peu plus de ce genre d’éléments, car autrement, il n’y avait aucun centre de gravité nulle part, tout était un peu incohérent, il nous fallait quelque chose auquel se raccrocher. Peu importe le type de musique, il te faut quand même une accroche, quelque chose qui parle à l’esprit humain pour qu’il crée une affinité avec la chanson. Personnellement, il me faut un ancrage, quelque chose qu’on peut comprendre. Il a fallu que nous repensions certaines chansons une fois que Devix était impliqué pour les ancrer dans un espace qui leur offrirait une forme d’accroche. C’était difficile, ça a pris un peu de temps, deux ans en fait. Mais c’était merveilleux de s’écarter du chemin, d’essayer quelque chose de nouveau et de découvrir où ça nous menait. Ce n’était pas comme si j’avais une idée précise en tête que j’essayais de concrétiser. Nous nous branchions pour voir ce qu’il allait se passer. Puis, peu importe ce qui se passait, nous le suivions. Il se produisait des choses et c’était génial. C’était un processus collaboratif fou et cool, c’est très dur à décrire.

Je regrette que nous ne l’ayons pas filmé, parce que le processus était tellement intéressant. J’ai déjà eu auparavant des gens qui sont venus au studio pendant que je travaillais, en pensant que ce serait intéressant, et qui se sont finalement rendu compte que c’était extrêmement ennuyeux, donc ils ont dû trouver une excuse pour déguerpir de là ! C’est pénible, tu y passes des heures, et souvent rien ne se passe. Tu ne fais que rejouer sans arrêt les mêmes choses. Mais avec Haze et moi, nous avions nos quatre bras, six têtes d’ampli, six cents câbles, cent pédales au sol et un mur d’enceintes. Nous faisions des patchs avec tous les machins électroniques. C’est un dingue de matos comme moi, donc il en a ramené une tonne. La pièce était remplie et les étagères pleines de matériel pour guitare et de ses trucs électroniques, ses effets et ses unités de traitement sonore. Nous nous sommes éclatés avec tout ça, c’était génial. C’était un vrai laboratoire et je regrette vraiment que nous ne l’ayons pas documenté. Nous n’avions pas le temps, il aurait fallu que nous prenions quelqu’un pour s’en occuper. Mais si nous refaisons ça, je vais clairement le documenter parce que je pense que ce serait intéressant que les gens, surtout les amateurs de matos, voient de l’intérieur comment le processus s’est déroulé.

J’adore le matos. C’est mon truc, ça m’inspire et je kiffe. J’ai tout le temps envie d’en parler. Et je ne suis pas le seul, je pense que plein de gens adoreraient voir tous les trucs techniques, genre : qu’est-ce qui se passe si on branche cette pédale bizarre là-dedans, qu’on applique un effet de gate, avec un certain tempo, et qu’on crée un larsen ininterrompu avec une sorte d’unité d’induction comme un EBow ou Sustainiac ? Ça crée un bourdonnement qui bégaye – je m’en souviens, c’est quelque chose que nous avons essayé, nous avons mis ça en place –, c’est tellement cool. Quand tu entends l’effet, tu te dis : « Oh putain. Mets la guitare directement dans les enceintes de monitoring. Pousse tout à vingt et laisse ça hurler ! » Ensuite, tu regardes les fréquences changer à mesure que ça se transforme en autre chose. Sur l’album, ce sera peut-être un arrangement dans le fond que l’on entend au casque, mais quand tu vois comment ça a été créé, à quel point c’était profond sur le moment, quand c’était fort et que nous étions juste en train de le découvrir, c’était assez cool. Je suis tout excité rien que d’en parler !

« Je suis le gars organique dans le désert avec du matos vintage et des lampes, et Joe Haze est le scientifique électronique dans son laboratoire. »

On parle souvent des guitar heroes dans le rock, le hard rock et le metal – et tu es clairement l’un d’entre eux – mais quels ont été les guitaristes qui t’ont inspiré et impressionné dans le domaine industriel ?

Je n’écoute pas la musique industrielle pour les guitaristes parce qu’il n’y a pas de guitariste dans la musique industrielle [rires]. C’est pourquoi j’ai toujours pensé qu’il y avait de la place pour ça. Je ne sais pas si c’est considéré comme du pur industriel, mais quand j’écoute des groupes comme Nine Inch Nails, The Prodigy ou Ministry, je peux m’imaginer ce que je ferais si on me donnait ça, que j’étais en studio et que j’avais mon son. Ce serait cool. Je l’ai toujours pensé et c’est pour cette raison que nous avons fait The Banishment. Nine Inch Nails ne va jamais m’appeler pour être son guitariste, ça n’arrivera pas. Ça fait quarante ans que je regarde le téléphone et il ne sonne pas, Trent [Reznor] ne m’appelle pas, donc autant faire ce groupe moi-même. Evidemment, ils ont un très bon guitariste et leur musique est très intéressante et cool. C’est bien plus que de l’industriel, on y trouve toutes sortes de choses belles et étranges. Je ne suis probablement pas qualifié pour ça, mais dans mon esprit, dans mon monde imaginaire, être le gars d’un groupe comme The Prodigy ou Nine Inch Nails serait démentiellement cool, stimulant, différent pour moi et je serais vraiment partant. Ce serait la chance d’une vie de faire quelque chose d’historiquement significatif si je le faisais bien. Mais ce serait illusoire !

L’album s’intitule Machine And Bone. On dirait que le but était de réconcilier la machine et l’être humain – que l’on oppose souvent – ou l’électronique et l’organique…

Haze est la machine et je suis l’os. Je suis le gars organique dans le désert avec du matos vintage et des lampes, et lui est le scientifique électronique dans son laboratoire. C’est l’idée du titre.

Si on transpose cette idée à notre société, au-delà de la musique et de cet album en particulier, penses-tu qu’on finira par trouver un équilibre dans notre rapport à la technologie et aux machines ?

Si tu crois Kurzweil et un tas d’autres futuristes en matière d’IA, de transformation de l’homme et de la machine, de l’extension de notre esprit et de notre corps au travers du calcul quantique ou peu importe quoi, il est certain que ça soulève toutes sortes de questions éthiques. Selon moi, la conclusion logique est que chacun sera son propre créateur en temps réel parce que l’interface aura été intégrée aux impulsions créatives. Si tu peux le penser et donc le rêver, tu peux le concrétiser. Alors pourquoi aurait-on besoin d’artistes ? On serait son propre artiste. On commence déjà à le voir un petit peu. Je veux dire que les gosses, avec Garage Band et la programmation, sont capables de faire des albums sur leur téléphone – alors que je me sens déjà à l’étroit dans un studio d’enregistrement ! On en arrive à un point où tout a été écrit et joué, donc qu’est-ce qu’il reste d’un peu neuf à faire sans que ça consiste à simplement déplacer des choses ? L’art n’est que ça, personne ne fait quoi que ce soit d’original. Tout ce qu’il y a d’original a sans doute été fait au début et nous, on ne fait que réorganiser des morceaux. Dans n’importe quelle forme d’art, de science ou quoi, il s’agit juste de réorganiser ce qui existe déjà.

Je pense qu’on devient plus efficace avec la technologie, donc en effet, je dirais que la conclusion logique serait que l’auditeur devienne son propre artiste. Evidemment, on peut tous échanger des informations, mais si on vit encore dans un système capitaliste, peut-être que le défi sera : comment commercialiser ça ? Si les choses doivent être vendues pour faire du profit, comment le faire dans un monde où la propriété intellectuelle est créée par la personne même qui en profite ? Comment le faire payer pour ça ? J’imagine qu’il y a des millions de questions. C’est intéressant et amusant d’y réfléchir d’ailleurs. C’est presque de la philosophie : est-ce utilisable ? Eh bien, peut-être… Sois une bonne personne et suis la règle d’or, qu’en est-il de ça ? Tu peux aller loin, te prendre pour Spinoza et tel ou tel philosophe qui s’amuse avec ce genre de questions, mais quelles applications pratiques y a-t-il à la surface du monde réel, dans notre vie quotidienne ? En termes de moralité, il y en a peut-être, mais autrement, pour ce qui est des grandes questions, « d’où vient-on ? », « où va-t-on ? », je ne pense pas que ça a vraiment d’importance. Enfin, ce n’est pas tout à faire vrai, car si tu vois le monde comme étant fini, alors tu ne le traiteras pas et tu ne traiteras pas autrui respectueusement. Mais ce n’était pas la question, désolé.

Au fait, pourquoi avoir inscrit le titre de l’album en japonais sur la pochette ?

Juste pour que ça ait l’air cool [rires]. Le truc avec la musique, c’est qu’il y a une part de mystère. C’est lié à ça quand tu me poses cette question. Il y a deux façons de voir la musique et elles ne sont pas incompatibles : la musique en tant que produit et la musique en tant qu’exploration créative. Quand on regarde les groupes, il y a toujours eu une démarche pour que ça ait l’air et que ça sonne cool. Prenons par exemple les textes de chansons. Je ne suis pas un poète, mais j’en connais, j’ai travaillé avec des paroliers qui sont incroyables, pour qui ça sort tout seul quand ils parlent normalement. Ils pensent comme ça, ils écrivent comme ça, c’est incroyable. C’est de la peinture en trois dimensions, c’est des paysages lyriques… C’est tellement cool et je ne suis pas capable de faire ça. Moi, je suis le type qui a un dictionnaire, pique des trucs à tout le monde, essaye désespérément d’écrire et rien ne fonctionne.

« Selon moi, la conclusion logique est que chacun sera son propre créateur en temps réel parce que l’interface aura été intégrée aux impulsions créatives. Si tu peux le penser et donc le rêver, tu peux le concrétiser. Alors pourquoi aurait-on besoin d’artistes ? On serait son propre artiste. »

Puis il y a ton image et ton look qui sont rattachés à la musique. Tu veux avoir ce côté cool, intéressant et mystérieux. Ça a toujours joué dans le rock et dans les projets musicaux dans lesquels j’ai été impliqué depuis que je suis gamin. L’image, les mots et les symboles font tous partie du truc. Certains groupes ont été très doués pour ça, comme Kiss, Mötley Crüe, Led Zeppelin avec le ZoSo, etc. Je me souviens quand j’étais gosse, je me demandais : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qu’il y a sur la pochette ? Qu’est-ce que ce titre signifie ? De quoi parlent ces paroles ? » Ça m’a toujours intrigué et je sais que ça intrigue tout le monde. Je pense qu’il faut y mettre cette part de mystère si on en a la capacité naturelle. Pour revenir à ta question de départ, il peut y avoir un peu de ça avec le titre. Pourquoi le faire en japonais ? Je ne sais pas, parce que ça a l’air cool et que ça semblait bien.

Tu as mentionné plus tôt le fait que votre musique soit difficile à catégoriser. D’un autre côté, vous avez qualifié votre musique de « dream punk ». Que mettez-vous derrière ces termes ?

C’est un autre exemple de ce dont nous venons juste de parler il y a deux secondes. C’est une appellation de style qu’a trouvée Devix. Ça n’a pratiquement rien à voir avec notre musique, mais c’est une petite accroche sympa. Ça fait réfléchir les gens, tu as toi-même posé la question et ça attire l’attention. Ils sont là : « Oh, c’est quoi ? Un nouveau genre musical ? » Initialement, quand nous étions en train de travailler avec Devix et que nous avons fait quelques interviews, nous nous sommes emparés de ces termes et avons commencé à les utiliser. Nous disions aux gens que c’est du « dream punk ». Puis nous avons eu du temps pour y réfléchir un petit peu et nous nous sommes demandé : « Bordel, c’est quoi le dream punk ? » Ce n’est pas ce qu’on imagine quand quelqu’un dit ça. On se dit : « Ça sonne vraiment cool, mais même avec beaucoup d’imagination, ce n’est pas ce que représente cette musique », donc nous l’avons abandonné. Il fallait soit laisser tomber cette appellation, soit tout réécrire.

Lors des campagnes de financement participatif, vous proposiez des peintures que tu as réalisées en collaboration avec Devix, et puis on a un peu cette idée de peinture sur la pochette de l’album. Vois-tu des parallèles entre la peinture et la création musicale ?

Absolument. Ça fait partie des rares choses dans la vie qui, quand on les fait bien, permettent d’oublier le temps et l’espace. Quand on est complètement plongé dans une activité, que ce soit le jardinage, la randonnée dans la nature, la construction ou la conception de quelque chose ou, dans mon cas, le fait de jouer de la musique, de peindre ou de travailler et peindre sur des guitares, tu es tellement concentré sur ce que tu fais que c’est presque de la méditation. Au fil des années, les gens m’ont dit qu’il fallait que je médite. J’ai toujours essayé et je n’arrive pas à calmer mon esprit. Je pense que je me débrouille mal, mais ils disent qu’il n’y a pas de mauvaise façon… Mon esprit est une putain de boule de nerfs et je ne peux pas l’éteindre. J’en ai parlé à ma femme et elle était là : « On dirait que tu es vraiment en paix quand tu joues. Tu es juste concentré sur ce que tu joues. » Je lui ai dit : « Tu sais quoi ? Je médite. C’est exactement ce que je fais. » Quand on est là et qu’on joue ou qu’on fait de l’art, c’est pareil, c’est très méditatif.

Evidemment, c’est bien connu, mais les parallèles entre les deux sont assez extraordinaires, parce que tu essayes de créer quelque chose à partir de rien et tu synthétises différents éléments, en suivant où ça te mène et en essayant de ne pas faire d’erreur. Dans les deux cas, quand tu le fais bien, tu perds la notion du temps et de l’espace. Par exemple, quand tu es au milieu d’un long solo de guitare en live et que tu es concentré, ça sonne bien, tu joues bien, tu es en train de raconter quelque chose et tout s’enchaîne bien, c’est magique. C’est pareil quand tu es en train de travailler sur un corps de guitare ou sur une toile. Tu as l’idée de ce que tu veux faire et il faut passer par un processus. C’est un peu fastidieux, mais pas vraiment parce que tu es absorbé dans l’instant présent. Tu ne stresses pas à l’idée de ce qui va arriver ensuite et tu ne penses pas à tes problèmes passés ; c’est très thérapeutique, je trouve. Puis le résultat est cette chose qui immortalise un moment dans ton univers intérieur et qui, avec un peu de chance, parle aux gens.

Tu as mentionné le fait de peindre sur des guitares. Je crois que tu as d’ailleurs collaboré sur l’une d’entre elles avec Devix également…

Après que Devix et moi avons fait quelques toiles, j’ai eu cette idée parce que j’ai un atelier où je fabrique des guitares – les guitares Mr. Scary. Sachant que Devix est un artiste – je n’en suis pas vraiment un, lui si, moi je fais juste semblant – j’ai dit : « Pourquoi ne pas travailler ensemble sur quelque chose ? Ce qu’on vient de faire, faisons-le sur un morceau de bois. » Il a accepté, donc j’ai amené un corps de guitare vierge chez lui à Hollywood. Nous avons sorti des peintures, des pinceaux et différents petits outils, et j’ai dit : « Je fais mon truc d’abord, puis tu feras le tien là où il restera de la place. »

« Personne ne fait quoi que ce soit d’original. Tout ce qu’il y a d’original a sans doute été fait au début et nous, on ne fait que réorganiser des morceaux. Dans n’importe quelle forme d’art, de science ou quoi, il s’agit juste de réorganiser ce qui existe déjà. »

J’ai fait ce que j’appelle du « pointillisme mosaïque », mais c’est juste que j’utilise l’arrière de bâtons, de pinceaux ou de baguettes de différentes formes, différentes tailles, pour créer à l’aide de peintures de différentes couleurs des motifs qui me viennent naturellement. Je fais des figures organiques, florales, de vent, de feu, etc. et ensuite, j’étoffe à partir d’une matrice de ces formes de base et de multiples couleurs. Ce sont des cercles dans d’autres cercles, par exemple un bleu, puis un rouge à l’intérieur, puis un jaune qui est encore plus petit. Je fais ce qui me passe par la tête. J’ai donc créé tout un truc avec cet effet de pointillisme mosaïque que j’ai trouvé plutôt cool, mais il restait plein de parties vides. J’avais fait une couche d’apprêt sur le bois, donc c’était juste blanc. C’était à moitié fini, mais je ne savais pas quoi faire d’autre, je ne pouvais pas tout remplir. Donc j’ai dit : « Et si je te laissais faire ton truc, Devix ? »

Plus tard, il a trouvé le temps de s’y mettre et a fait quelque chose dessus. J’étais pressé à Hollywood, je faisais des courses et je me suis arrêté chez lui. Il m’a passé le résultat dans la voiture et je l’ai regardé, c’était ce truc bleu, vert, un peu jaune, comme s’il avait badigeonné de la peinture dessus avec un satané couteau ou je ne sais quoi. J’étais là : « Bon, j’espérais que tu peindrais entre le reste ! Que tu complexifierais, réagirais à ce que j’avais fait et l’embellirais… » Je me suis dit que j’allais devoir tout poncer et recommencer. Je l’ai ramené à l’atelier et j’ai commencé à travailler dessus, avec l’idée de le poncer jusqu’au bois et tout refaire. Je m’y suis mis et pendant que je ponçais ce qu’il avait peint sur tout ce que j’avais fait – je trouvais qu’il avait tout gâché –, ça a commencé à révéler ma partie. Quand j’en suis arrivé au point où j’ai laissé la moitié de ce qu’il avait fait et révélé une bonne partie de ce qu’il y avait dessous, ça ressemblait à un morceau de pierre tarabiscoté de l’âge de glace ou quelque chose qui avait été nettoyé et poli, révélant de magnifiques couleurs et motifs complexes. C’était extraordinaire et tout dépendait de la profondeur du ponçage. Ensuite je l’ai enduit de nitrocellulose couleur ambre pour lui donner une allure ancienne et voilà ! C’était un heureux accident, mais aussi une collaboration sympa finalement. La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit, donc je ne pense pas que ce soit possible de le refaire, c’est un truc vraiment unique et ponctuel. Je trouve ça cool, mais peut-être que tu trouveras que ça ressemble à un étron !

J’ai lu que vous aviez initialement songé à sortir cet album seuls, vous aviez d’ailleurs fait une campagne de financement participatif pour ça, avant de finalement signer chez Frontiers. C’est un genre d’album assez inhabituel pour ce label : qu’est-ce qui vous a fait dire que c’était mieux de signer chez eux que de le sortir par vous-mêmes ?

Nous n’avions pas le temps ni les ressources pour gérer correctement une sortie nous-mêmes. Il faudrait embaucher son propre chargé de promo et sa propre distribution, tout faire fabriquer, gérer l’impression et honorer toutes les commandes… Qui a le temps pour ça ? Jamais de la vie je n’aurais le temps de gérer tout ceci, les clients et puis le paiement, etc. C’était inéluctable. Nous avons effectivement fait une campagne Indiegogo et nous avons levé un peu de fonds pour terminer l’album. Nous sommes très loin d’avoir donné aux gens ce que nous leurs avons promis mais c’est parce que nous avions un contrat à un moment donné et le label en question s’est désengagé à la dernière minute, donc nous nous sommes fait planter. Nous n’avions aucun moyen d’honorer nos engagements auprès des participants, mais nous avons encore la liste de noms et nous sommes en contact avec tout le monde. Dès que nous recevrons le produit de Frontiers, nous allons nous occuper de tout le monde pour leur envoyer leurs albums, CD, t-shirts, etc.

Je trouve que Frontiers est étonnamment enthousiaste vis-à-vis de cet album parce que, tu as raison, ce n’est pas forcément dans leurs cordes, mais il y a quand même pas mal de guitare sur cet album. C’est un album de guitare à bien des égards. Souvent, tu écoutes un truc et tu te demandes : « Oh, c’est du synthétiseur ? » Mais non, c’est que de la guitare faisant des trucs qui sonnent comme un étrange synthé. Je pense que les fans de guitare vont aimer. Ça reste du hard rock au final, donc ce n’est pas si éloigné que ça du créneau du label. Et pourquoi pas ? C’est un album qui sonne extraordinairement bien, c’est un projet de grande qualité. Nous venons de finir le clip, il est fantastique. J’en suis excité. Ils ont un produit de grande qualité avec dix années de travail derrière, avec que des pros et nous y allons à fond. Pourquoi ne pas le mettre en avant ? Ils seraient stupides de ne pas le faire. Ils le soutiennent énormément, probablement plus que n’importe quel autre projet que j’ai sorti chez eux, ce qui est très surprenant et j’en suis très content.

« Smoke This était un de ces étranges projets avec lesquels j’ai tourné et c’était un misérable échec. Nous pensions avoir un superbe album – en lequel je crois toujours –, puis nous avons tourné et nous nous sommes fait laminer le cerveau [rires]. Les gens nous envoyaient littéralement de la merde, quittaient la salle en nombre et nous faisaient des doigts d’honneur. »

Tu as dit plus tôt que vous vouliez faire un second album, mais avez-vous l’intention de jouer live avec ce projet aussi ?

On a toujours envie d’emmener tous ses projets sur la route. Il peut y avoir eu deux ou trois trucs que j’ai faits dans ma vie pour lesquels je me suis dit : « Je vais me contenter de le faire. C’est un boulot. Je vais aller en studio, ce sera fini et je passerai à autre chose. » Il y a eu de ça, mais tous les autres projets, j’ai envie de les jouer parce que ça leur donne une réalité. Tu veux concrétiser ça en live parce que c’est ainsi que c’est censé être joué et que tu veux que les gens le vivent. Pour ton propre épanouissement, pour compléter le processus, la dernière étape est de l’emmener sur scène pour le rendre tangible devant un public. Nous l’avons fait de façon limitée avec The End Machine et Project N-FidelikaH, c’était assez cool. Sweet & Lynch n’a jamais tourné, ni KXM, malheureusement.

C’est difficile parce que si un organisateur cherche à faire tourner un groupe de George Lynch, qui va-t-il faire tourner ? Il voudra Dokken ou Lynch Mob, parce que ce sont les deux plus gros noms. C’est ce qui attirera du monde et qui leur permettra de se faire payer ; c’est ce qui remplit les salles. Alors que si tu arrives avec un petit projet comme Project N-FidelikaH ou The Banishment, les gens seront là : « C’est quoi ce truc ? » Tu ne gagneras pas d’argent avec ça, tu ne susciteras pas l’intérêt des tourneurs, tu ne susciteras pas l’intérêt des fans… Des gens seront intéressés, mais je ne sais pas s’il y en aura suffisamment. Le truc, c’est que ça nécessite autant voire plus d’énergie et d’effort pour mettre en place une tournée. Il faut une nouvelle équipe, du matériel, apprendre l’album, voir comment on va jouer toutes les parties, faire plein de répétitions pour être carré, etc. Tu fais tourner un tout nouveau projet, mais déjà, est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce que du monde va venir ? Smoke This était un autre de ces étranges projets avec lesquels j’ai tourné et c’était un misérable échec. Au bout de cinq concerts, nous avons été obligés de commencer à jouer des chansons de Dokken. C’était démoralisant et le groupe s’est séparé après ça. Il y avait tellement d’énergie et de sentiment positif dans ce groupe, nous allions régner sur le monde. Nous pensions avoir un superbe album – en lequel je crois toujours –, puis nous avons tourné et nous nous sommes fait laminer le cerveau [rires]. Les gens nous envoyaient littéralement de la merde, quittaient la salle en nombre et nous faisaient des doigts d’honneur. Nous étions rejetés. C’était dur. Il faut donc faire attention.

Je ne suis pas en train de dire que je ne tournerai pas avec The Banishment et je suis absolument ouvert à cette idée, mais si je le fais, ça veut dire que je ne pourrai pas tourner avec mon groupe principal, qui est Lynch Mob. J’ai ce groupe qui dépend de moi et que j’essaye de soutenir et de maintenir intact, ce qui implique que nous devons travailler. C’est mon groupe de tournée, donc je dois faire un certain nombre de concerts par mois avec eux pour assurer le flux en oxygène, pour ainsi dire, et continuer à avancer, autrement il meurt. Si je prends un autre projet en disant : « Eh, Lynch Mob, on va faire une pause de trois mois et je vais tourner avec un projet qui me tient à cœur », à ton avis, qu’est-ce qu’il va se passer avec mon groupe quand je vais revenir ? Est-ce qu’il existera encore ? Accessoirement, j’aurai cramé ce marché pour six mois à un ans parce que quand tu joues pour un marché donné, tu ne peux pas y revenir sous quelque forme que ce soit. Je ne peux pas revenir avec Dokken, Lynch Mob ou un autre projet qui me tient à cœur. Il faut attendre au moins six mois pour revenir et rejouer sur ce marché. Il faut penser à plein de choses à la fois compliquées et intéressantes.

Ensuite, il y a aussi que les autres personnes dans le groupe ne sont pas toujours disponibles. Avec KXM, nous avons essayé de tourner et nous en avons été proches, mais à chaque fois que nous nous rapprochons de ce but, le batteur officie dans Korn, Korn appelle et il doit y aller. Doug a plein d’autres projets, y compris King’s X, et j’ai tous mes projets, donc c’est incroyablement difficile. Nous n’avons fait que trois concerts avec The End Machine et nous avons perdu de l’argent. Nous l’avons fait par principe, nous voulions prouver au monde que nous pouvions techniquement tourner. C’était comme Howard Hughes qui a fait voler le Spruce Goose. Il a construit le plus grand avion du monde avec du bois et par principe, il a décidé qu’il voulait le faire voler. Il a techniquement volé à seulement soixante centimètres de hauteur sur une distance de douze mètres et ensuite, il est resté cloué au sol et n’a jamais plus décollé. C’était un peu ça avec The End Machine. Enfin, les gens sont venus et c’était cool. Nous avons bien joué et tout était super. Je pense que les gens auraient accepté ce groupe parce que nous jouions beaucoup de Dokken et du Lynch Mob ; nous n’avons joué que trois chansons de The End Machine, je crois. C’était Jeff [Pilson], Robert Mason, Steve Brown – le frère de Mick Brown – et moi. C’était l’héritage de Dokken et les vieux Lynch Mob. Nous rassemblions tous les projets que Jeff et moi avons faits ensemble, donc ça impliquait tout cet héritage. Le groupe était super, ça se passait bien, mais techniquement, niveau business, nous avons dû nous décarcasser pour ne serait-ce que tourner trois jours. C’est le problème avec ça. Ce n’était pas à cause d’un manque d’acceptation des fans, c’était le fait que logistiquement parlant, nous ne voyions pas comment arriver à organiser ça, et c’est le cas de la plupart des autres projets. Donc, est-ce qu’il y a de la place dans ma vie pour avoir deux groupes qui tournent ou plus ? Je ne pense pas.

« J’ai sept sorties cette année ! C’est fou. C’est stupide du point de vue business, c’est le truc le plus idiot qu’on puisse faire, mais je m’en fiche. »

Tu as toujours été un musicien très prolifique, mais je suppose que la période qu’on a vécue avec la pandémie t’a donné plus de temps que d’habitude. En as-tu tiré profit pour être encore plus créatif ? Doit-on s’attendre à une avalanche de sorties estampillées George Lynch ?

Oh oui, j’ai sept sorties cette année ! le troisième The End Machine, le troisième Sweet & Lynch, un nouvel album de Lynch Mob avec le nouveau chanteur Gabriel [Colon]… Un nouvel album d’Ultraphonix arrive, un second Heavy Hitters sur lequel Jeff et moi faisons des reprises… J’ai aussi un album instrumental qui s’appelle Guitars At The End Of The World qui est fait depuis un an et demi et The Banishment. Sept sorties en une année. C’est fou. C’est stupide du point de vue business, c’est le truc le plus idiot qu’on puisse faire, mais je m’en fiche.

Tu as mentionné un nouvel album de Lynch Mob, mais vas-tu le sortir sous ce nom ? La dernière fois, nous avions parlé du fait que tu arrêterais d’utiliser de nom…

Je l’ai fait pendant environ un an et demi, puis je l’ai repris. Nous tournons, je viens juste de revenir de tournée hier soir, et nous sommes de retour en tant que Lynch Mob. C’est la marque et c’est le nom que j’ai utilisé pendant trente-cinq ans. En un sens, ça évoque le groupe. Je ne suis pas en train d’essayer de le justifier rationnellement. Je trouve que c’est vrai quand on dit que, comme avec n’importe quel nom de groupe, ça devient ce qu’est le groupe, le nom n’est rien. Dans le cas de Lynch Mob, ce n’est pas rien, mais si tu as un nom comme The Who, ça pourrait être le nom le plus stupide ou le plus cool du monde, ça dépend si le groupe lui-même est stupide ou cool. Dans l’ensemble, pour les gens, il renvoie au genre de musique que nous jouons et aux personnes que nous sommes, et c’est à peu près tout, et c’est évidemment mon nom de famille. Je dirais ceci : ça n’a jamais vraiment été un problème, sauf que ça devrait en être un, je trouve, et c’est pourquoi ça l’a été pour moi. C’est toujours dans un coin de ma tête et ça me rend très mal à l’aise, mais à la fois, on m’a rarement posé de problème à cause de ce nom et il a rarement dérangé les gens. On dirait que ça me dérange plus que n’importe quelle personne que je connais. Je sais que c’est mal et peut-être que ce n’est pas bien de ma part de continuer à utiliser ce nom. Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse simple…

Tu as prouvé tout au long de ta carrière – et tu le prouves encore aujourd’hui avec The Banishment – à quel point tu étais un artiste aux multiples facettes. A quel genre musical que n’as-tu pas encore touché aimerais-tu t’essayer ?

Je veux juste être un meilleur guitariste et un meilleur compositeur. J’en ai parlé au chanteur avec lequel je travaille dans Lynch Mob, Gabriel Colon, hier soir quand nous sommes descendus de l’avion. J’ai aussi eu cette discussion avec d’autres gens avec qui je compose. J’ai toujours composé comme un guitariste et je ne suis pas chanteur, alors que toutes les grandes chansons ont été composées par une équipe qui le fait sur la base d’une mélodie de chant et d’une histoire, d’une idée. Que ce soit une chanson de country, Elton John et Bernie Taupin, Lennon et McCartney, Richard et Jagger… Leurs chansons ne sont pas construites sur la base de riffs de guitare. J’aimerais en arriver là et écrire d’une façon plus percutante. Il faudrait un changement complet de paradigme dans ma façon de penser, mais c’est le défi auquel je suis personnellement confronté dans ma manière de travailler. Dans ma tête, je suis le meilleur chanteur du monde. C’est juste que quand j’ouvre la bouche, rien ne sort, je ne sais pas chanter. Mais j’ai une sensibilité de chanteur. J’écoute des chanteurs plus qu’autre chose, plus que des guitaristes, et j’adore tous les grands chanteurs de RnB, de blues et même de pop. J’adore la voix et les grands chanteurs, j’adore écouter ça. Je veux imiter ça. Je suis loin de toutes ces grandes chansons, celles de la Motown et des Beatles, de toute la British Invasion et de tous les grands tubes pop et rock… Je veux être un meilleur compositeur.

Interview réalisée par téléphone le 30 janvier 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Kevin Baldes (1, 4) & Moria Ross (2, 3, 7, 9, 11).

Facebook officiel de The Banishment : www.facebook.com/thebanishment

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