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Chronique Focus   

The Crown – Royal Destroyer


« Plus de tout ». Une formule extrêmement simple pour résumer l’approche de The Crown à l’origine de Royal Destroyer, leur dixième album studio. The Crown a dépassé les trente années de carrière et n’a toujours pas renoncé aux vestes en cuir et aux regards de loubards, à raison. Le groupe est devenu l’une des valeurs sûres du death/thrash suédois, ayant défriché toutes les variantes de la musique extrême au long de sa carrière. Le chanteur originel avait fait un retour remarqué sur un Death Is Not Dead (2010) en forme de renaissance, confirmé par Cobra Speed Venom (2018), rappelant à tous l’importance du groupe pour la scène. Insuffisant pour étancher la soif de The Crown, désireux d’embrayer via une recette : la même chose, en montant les curseurs. Royal Destroyer a un objectif : il doit incarner la carrière entière de The Crown, il doit « tout avoir ».

Royal Destroyer est présenté via une de ces pochettes qui nous renvoie immédiatement à la fin des années 80 : des couleurs volontairement délavées et une composition aux allures d’amas. Un cavalier à la tête de mort brandissant une hache sur son destrier, des éclairs en arrière-plan, une souche enflammée et une couronne planant au-dessus comme si elle s’apprêtait à plonger dans les abysses. Sans ce cachet poussiéreux, The Crown aurait presque déçu. L’introduction radicale « Baptized In Violence », à peine plus d’une minute de thrash ultra-violent, contient toute la crudité sonore dont The Crown est capable. Un riffing incisif, une batterie frénétique et le growl omniprésent de Johan Lindstrand qui n’a plus rien à prouver en termes de métier et de présence. « Let The Hammering Begin ! » – tout est dans le titre – est loin de lever le pied. Le titre veut être un hommage à Jeff Hanneman en présentant un thrash définitivement inspiré de Slayer, en plus frénétique. The Crown n’a rien à envier à ce dernier, il applique les codes sacrés à la lettre – du break de guitare seul au solo écervelé, en passant par le tempo divisé avec la ride en triple croche – en y insufflant tout de même cette touche de mélodie scandinave qui le caractérise. « Motordeath » suit avec, là encore, une utilisation d’influences punk et thrash, ainsi qu’un enchevêtrement de mélodies heavy qui finissent par prendre le pas, comme si The Crown s’évertuait à opérer un croisement des cultures musicales.

Royal Destroyer a ainsi des allures de synthèse de la carrière de The Crown. Le groupe s’approprie tous les registres qu’il a abordés pendant trente ans sur un seul effort. « Ultra Faust » profite de quelques articulations doom et d’un son de guitare retravaillé pour alourdir le propos, avec ce qui ressemble à la réutilisation d’un riff de « No Tomorrow » sur Possessed 13 (2003) en intro et outro. « Glorious Hades » lui emboîte le pas en accentuant le caractère mélodique et massif. Cette multiplicité des approches de The Crown est justement ce qui empêche Royal Destroyer d’être une réalisation à sens unique, une sorte de thrash décérébré qui file aussi vite qu’on l’oublie. The Crown cajole tout en violentant par cette multitude de petites accroches mélodiques et la dimension épique que prennent certaines compositions, à l’instar de « We Drift On » et de ses passages d’inspiration folklorique, la fausse ballade de l’album. De là à prétendre que The Crown a davantage de conviction lorsqu’il se montre moins effréné… « Scandinavian Satan » nous gratifie d’un retour aux sources du black, Venom et Bathory en tête. L’occasion pour Johan Lindstrand de vociférer sur la destruction imminente de notre monde, avant de lâcher un rire diabolique et de conclure sur un « scandinavian fucking satan » tout en délicatesse. Le second degré n’est jamais très loin, à l’instar d’un « Full Metal Justice » généreux en riffing accrocheur et en phrasés solos épileptiques, ne rendant The Crown que plus fun. Le grand cru de ce Royal Destroyer reste sa conclusion « Beyond The Frail ». Le titre agrège littéralement tout le savoir-faire du groupe : death, thrash, doom et heavy metal scandinave sans prendre l’allure d’un amalgame immonde agencé à la pelle. De quoi donner envie de suer jusqu’à ce que la veste en cuir nous colle à la peau. Le Ragnarök certes, mais avec panache.

Royal Destroyer remplit son cahier des charges : il représente parfaitement la musique de The Crown en intensifiant les caractéristiques de ses prédécesseurs. Il y a toujours ce malin plaisir à dissimuler des mélodies derrière un déferlement de violence protéiforme. The Crown ne s’est pas donné de céphalées. Il a juste exécuté ce qu’il sait faire de mieux, en un peu mieux. Suffisant pour prétendre au titre subtil de monarque de la destruction.

Clip vidéo de la chanson « Motordeath » :

Album Royal Destroyer, sortie le 12 mars 2021 via Metal Blade Records. Disponible à l’achat ici



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