The Darkness, malgré le succès retentissant d’un premier album vendu à 3,5 millions d’exemplaires, véhicule les clichés d’un groupe de rock à la Spinal Tap ou issu de Wayne’s World : un chanteur porté par son extrême allégeance à Freddy Mercury, ce même chanteur qui avait quitté le groupe pendant cinq ans à cause notamment d’une cure de désintoxication, une batteuse (Emily Dohan Davies) qui avait enregistré le quatrième album du groupe mais qui acte son départ (le 21 avril) à quelques jours de la sortie de ce celui-ci, pour être remplacé par Rufus Taylor, le fils du légendaire Roger qui œuvrait derrière les fûts de Queen… Oui, The Darkness fait dans le stéréotype (les labels hésitèrent même à signer le groupe à ses débuts, pensant que celui-ci n’était qu’une parodie à vocation humoristique), mais est porté par un talent suffisant pour faire du groupe un élément solide pour au final traverser quinze années de carrière ponctuées de tournées aux côtés de Metallica ou Lady Gaga (oui, oui) mais également de trois British Awards récompensant une première partie de carrière au succès fracassant.
Relativement peu connus en France, The Darkness et son chanteur Justin Hawkins possèdent une notoriété importante outre-Manche et outre-Atlantique, à tel point que certains les comparèrent aux illustres Queen, notamment du fait des performances vocales à la large tessiture de son excentrique chanteur, et du grand buzz qui exista autour du groupe au début des années 2000 avant même que ceux-ci n’aient signé sur un label. One Way Ticket To Hell avait même été produit par Roy Thomas Baker qui avait travaillé avec la bande à Freddy trente ans plus tôt… Le groupe revient aujourd’hui avec ce Last Of Our Kind, second effort depuis la réunification de 2012, qui fait toujours honneur aux inspirations du groupe (AC/DC, Queen, Aerosmith, Thin Lizzy, pour ne citer qu’eux), dans un registre parfois proche d’une version plus moderne du hard rock 80’s de The Cult ou des plus récents The Answer. De l’humour, des riffs, des solos et une voix capable de toutes les excentricités : le menu de ce quatrième opus évolue au cœur d’un son plus mature et moins stéréotypé qu’à ses débuts, même si la verve stylistique reste la même, toujours aussi fun.
Et pourtant, de nouveautés, il en est bien question, au travers des dix compositions qui passent avec brio le test d’une certaine originalité au-delà des influences glam ou hard rock 80’s aisément reconnaissables : le bassiste Frankie Poullain interprète par exemple, avec une impressionnante réussite technique, son premier titre en tant que chanteur principal sur le morceau « Conquerors ». Dan Hawkins, le guitariste du groupe et frère du chanteur, a également enregistré et produit l’album pour la première fois seul dans son studio de Norfolk (Grande-Bretagne) pour un résultat qui tient franchement la route, avec notamment un fin travail d’arrangement. Enfin, en opposition avec Hot Cakes qui marquait le retour du groupe sur le devant de la scène par des compos directes, les ambitions des titres sont cette fois-ci plus variables : d’un hard rock efficace aux racines blues ou 70’s sans ambages ni anicroches qu’on leur connaît (« Open Fire » qui aurait pu être un hit de The Cult, « Mudslide »), les Anglais iront un peu plus chercher les complications dans des titres plus fourre-tout et moins faciles d’accès comme l’étrange progressif « Mighty Wings » qui jongle entre « Bohemian Rhapsody » et gros riffs heavy, le refrain catchy mais surprenant de « Last Of Our Kind » et son chant sacrément haut perché ou ce désarçonnant pont très metal sur des airs vocaux Zeppeliniens de « Roaring Waters ». Le tout, au détriment d’une certaine cohérence, mais clairement dans une optique d’évolution, qui rappelle ce qu’ils avaient tenté avec un titre comme « Bald » sur One Way Ticket to Hell.
Si on connaissait bien l’excentricité et le côté très divertissant de The Darkness (le refrain du single « Barbarian » où Justin Hawkins se prend pour Tarzan), il y aura lieu de découvrir cette fois-ci d’autres aspects, peut-être plus matures (avec une voix au grain forcément plus âgé), de leur personnalité musicale. Les mélodies, l’apparence accessible parfois même délicate des titres (« Wheels Of The Machine », « Hammer & Tongs ») ne sont pas mises de côté, mais un palier supplémentaire dans l’expérimentation est franchi. Peut-être un petit pas fait volontairement de côté par Hawkins et ses acolytes pour se démarquer des clichés qui collent à leur peau depuis leurs débuts…
Regarder les clips de « Barbarian » et « Open Fire » :
Album Last Of Our Kind, sortie le 1er juin 2015 chez Kobalt Label Services.
groupe honteusement sous estimé
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