Décidément, la ronde des musiciens se poursuit chez The Dead Daisies, avec cette fois-ci le départ du batteur Brian Tichy et l’arrivée de Deen Castronovo. Mais malgré tout, ce que l’on remarque est que non seulement le groupe tend à se solidifier mais également, en dépit du prestige des musiciens, reste plus que jamais une bande de potes soudée et sachant mettre à contribution les talents de chacun. Combien de groupes aussi actifs que The Dead Daisies peuvent se targuer d’avoir de telles pointures entièrement dévouées à leur cause et où règne une telle camaraderie ? Car l’énergie et l’implication dont fait preuve le quintette en live – leur véritable terrain de jeu – ne trompent pas.
Ainsi The Dead Daisies revient cette année avec un quatrième album : Burn It Down. Un disque conçu dans des conditions relativement similaires à Make Some Noise, à ceci près que le producteur Marti Frederiksen a cette fois-ci chapeauté le projet de A à Z à la manière des grands producteurs de l’histoire du rock. En résulte un album assurément heavy mais aussi un peu plus ouvert et dynamique, dont le guitariste Doug Aldrich et le chanteur John Corabi nous parlent ci-après.
« The Dead Daisies est principalement un groupe live […] et nous essayons de capturer ce son en studio au lieu de procéder dans l’autre sens. »
Radio Metal : Doug, quand tu as intégré le groupe en janvier 2016, vous avez directement commencé à travailler sur l’album Make Some Noise. Tandis qu’avec ce nouvel album, Burn It Down, tu as eu l’occasion de faire une longue tournée avec le groupe. Est-ce que ça a changé quelque chose pour toi ?
Doug Aldrich (guitare) : A vrai dire, je ne pense pas que ça ait vraiment changé quelque chose parce que quand j’ai rejoint le groupe, nous nous sommes posés et nous avons écrit un album, et nous avons tous choisi quelques chansons, riffs et choses qui nous plaisaient et nous avons fait Make Some Noise. Nous avions un objectif précis pour ce nouvel album, une direction musicale un peu plus années 70 et un son plus heavy. Donc, je ne sais pas… ça fait longtemps que je suis ami avec ces mecs donc ça m’a paru très naturel quand j’ai fait le premier album avec eux et c’était le cas aussi avec le nouvel album ! Simplement un peu différent. Pour répondre à ta question, je ne pense pas que le fait que j’ai fait partie du groupe aussi longtemps ait fait une différence, nous étions déjà amis, donc c’était très naturel depuis le début et là, ce n’était que le second album.
Vous avez donné beaucoup de concerts pour Make Some Noise, vous avez même sorti un album live de votre tournée en Europe, puis vous avez fait une tournée pour promouvoir cet album live… Est-ce que cette énergie live a, d’un point de vue créatif, nourri le groupe pour l’écriture de Burn It Down ? Est-ce que vous aviez cette énergie à l’esprit en créant l’album ?
Oui, c’était le cas. C’est une chose qui, en effet, paraissait différente parce que nous avons fait beaucoup de concerts, joué dans beaucoup de festivals, et nous voulions écrire de la musique qui était plus adaptée pour les concerts, de la musique très simple, avec des riffs simples qui iraient parfaitement pour le Hellfest par exemple ou un autre festival. Des riffs simples que les gens pourraient entendre au Hellfest et tout de suite y adhérer ; les riffs simples fonctionnent bien en festival. Donc nous avons écrit de la musique que nous avions envie de jouer live et nous avons joué en live en studio. Ça nous a plu, donc nous nous sommes dit « ça serait cool en concert ! » Je pense vraiment que The Dead Daisies est principalement un groupe live, parce que nous passons beaucoup plus de temps à donner des concerts qu’à être en studio. Le temps que nous passons en studio ne nous sert qu’à enregistrer de la musique pour la jouer live. Au début, The Dead Daisies a commencé comme un groupe de studio parce qu’ils ont écrit des chansons et ce n’est que plus tard qu’ils sont partis en tournée pour les jouer, et ils ont monté un groupe avec Marco [Mendoza], Brian Tichy, John Corabi, Richard Fortus… Mais désormais, nous avons donné tellement de concerts que j’ai vraiment le sentiment qu’il s’agit d’un groupe live et nous essayons de capturer ce son en studio au lieu de procéder dans l’autre sens. C’est notre préoccupation principale en ce moment : préparer le groupe pour les concerts, et ces chansons ont été écrites pour être jouées. Nous commencerons la tournée le 8 avril au Royaume-Uni et ensuite nous viendrons en France à un moment donné. Nous sommes très excités pour tout ça !
Make Some Noise a été fait en très peu de temps. Est-ce que vous avez pris plus de temps pour Burn It Down ou est-ce que vous avez continué à faire dans la spontanéité ?
Rapide et spontané sont définitivement les deux mots qui décrivent le mieux le processus pour Burn It Down. Nous l’avons fait très rapidement et notre producteur Marti Frederiksen avait une vision qu’il voulait réaliser, donc la manière dont nous allions procéder était clairement définie et c’est ce que nous avons fait. Nous avons écrit et enregistré l’album en cinq semaines. En fait c’est assez facile, il n’y a aucune pression. Les chansons sont très simples, donc une fois que la musique est écrite, je peux l’enregistrer très facilement. Je veux dire, nous pouvons l’enregistrer très facilement. Nous enregistrons les morceaux de base ensemble, puis nous corrigeons toutes les erreurs qu’il peut y avoir, et ensuite nous ajoutons le chant et les solos de guitare et c’est fait !
Comme c’était le cas pour Make Some Noise, vous avez enregistré Burn It Down à Nashville avec Marti Frederiksen. Est-ce que vous avez trouvé la combinaison gagnante, pour ainsi dire ?
C’était différent. Pour Make Some Noise, nous avons écrit les chansons ensemble en tant que groupe et ensuite Marti est intervenu et a plus ou moins ajouté sa touche personnelle à la fin, mais nous avions plus ou moins un son que… Non, en fait nous n’en avions pas. Nous avons écrit beaucoup de choses différentes et Marti est arrivé et nous a aidé à les assembler. Pour Burn It Down, Marti était aux commandes et il était là dès le début des sessions d’écriture, il a tout dirigé vers la vision qu’il avait. Nous lui avons dit ce que nous voulions, ce que nous étions en train d’essayer d’accomplir, et il a dit : « Ok, cool. Ca me parait bien, faisons ça, mais je dois être aux commandes », ce qui veut dire qu’il gère tout. C’est comme ça que la production « old school » se passe, comment ça se passait dans l’ancien temps. Dans les années 60 et 70, quand des mecs comme George Martin ou Glyn Johns produisaient un album, leur job ne consistait pas à juste rester assis et discuter avec le groupe, « qu’est-ce que vous en pensez ? » C’étaient eux le patron ! C’est comme ça que ça se passait. Et c’est comme ça que ça s’est passé avec Marti. Marti était aux commandes. Il avait un son en tête qu’il voulait obtenir. Donc c’était un peu différent de Make Some Noise. Ça ressemble plus au son que Marti voulait.
N’est-ce pas un peu frustrant d’avoir quelqu’un qui nous dirige quand on est des musiciens expérimenté comme vous ?
Non ! C’est cool ! C’est différent. Nous avons tous eu des opportunités au fil des années d’enregistrer dans des contextes différents, parfois tu produis même quelque chose tout seul, mais avec The Dead Daisies, nous avons simplement choisi de faire comme ça. Et c’était sympa d’avoir Marti en tant que leader. Evidemment parfois il y a des choses avec lesquelles tu n’es pas d’accord, ou alors tu veux essayer de faire autrement et le boss dit : « Non, on va faire comme ça. » C’est comme ça que ça fonctionne. C’est la manière dont c’est censé se passer si tu t’organises de cette façon. Tu ne peux pas décider d’un seul coup… Je pense que c’est à ce moment-là qu’un groupe a des ennuis, quand les membres essayent de changer la méthode de travail en plein milieu du projet, ils décident : « Hmm, l’album ne correspond pas à ce qu’on voulait, on va prendre un nouveau producteur, on va faire ci ou ça. » Tu dois aller jusqu’au bout. Marti était vraiment passionné, donc le fait qu’il soit là a facilité les choses.
« J’adore faire partie de ce groupe, j’adore le fait que trente ans plus tard, […] je m’amuse toujours, j’ai une belle vie. Tu sais quoi ? Je n’ai pas l’intention de partir et d’ailleurs, je suis de retour, plus grand, plus fort et meilleur que jamais, je suis ressuscité ! »
John Corabi (chant) : C’est ça le truc, laisse-moi te l’expliquer de la façon suivante : je suis conscient que j’associe The Dead Daisies à des groupes légendaires en disant ça, mais si tu prends Jimi Hendrix par exemple, je pense qu’il était un artiste incroyable, très créatif, quelqu’un qui a révolutionné la musique, mais je pense que beaucoup de choses qu’il voulait faire et qu’il avait en tête auraient été perdues en chemin si Eddie Kramer n’avait pas été là. Et c’était pareil pour Queen au début de leur carrière : si Roy Thomas Baker n’avait pas été leur producteur, les choses n’auraient pas été les mêmes. Pareil pour The Beatles ; si tu prends le temps de regarder, il y avait énormément de choses pour lesquelles ils étaient vraiment créatifs et ils étaient des compositeurs talentueux, mais si Georges Martin ne les avait pas poussés dans certaines directions, beaucoup de leurs chansons n’auraient pas été les mêmes. Donc je pense que c’est très important pour chaque groupe d’avoir cette personne qui comprend la vision que le groupe a et ce que le groupe veut accomplir, et il les aide à traduire cela en musique. Et je pense que Marti est cette personne pour nous.
Make Some Noise contient deux reprises et il est assez facile de reconnaitre ce qui a influencé beaucoup des chansons originales sur cet album, notamment Aerosmith sur la chanson « Last Time I Saw The Sun » ou Kiss sur « Make Some Noise ». Cette fois, vos influences sont peut-être un peu plus discrètes. Est-ce que vous considérez que cet album est plus personnel, qu’il représente mieux la personnalité de The Dead Daisies ?
Doug : Pas nécessairement, non. Je pense qu’il faut plusieurs albums sur une certaine période de temps pour voir ce qui représente le mieux The Dead Daisies. C’est une nouvelle opportunité de faire un album qui reflète un moment précis, et c’est ce que fait Burn It Down. Nous pensions à un son en particulier que nous avions en tête et qui nous plaisait et pourrait changer plus tard. Si nous faisons un nouvel album l’année prochaine ou dans deux ans, il pourrait être très différent, on verra. Il faut regarder au moins deux ou trois albums pour avoir une bonne idée de la personnalité d’un groupe. Avec ce nouvel album, nous voulions faire quelque chose de plus heavy et quelque chose de simple, nous ne voulions pas que l’album soit influencé par certaines choses qui peuvent apparaitre sur l’album Make Some Noise. Nous voulions des influences plus simples comme Sabbath, Free, Bad Company, Uriah Heep, des choses différentes. Peut-être qu’il y avait quelques trucs sur Make Some Noise qui étaient influencés par Sabbath ou Free, Aerosmith, mais sur le nouvel album, nous n’avons pas vraiment de son à la Aerosmith ou Van Halen. C’était plus européen. Nous avons aussi fait quelques reprises sur Burn It Down. Il y a une reprise de la chanson « Bitch » des Rolling Stones, et ça rend super bien ! Quand tu l’entendras, tu te diras « oh, c’est un choix parfait pour eux ! » Nous l’avons rendu heavy et intéressante. John Corabi est génial dessus ! Il a vraiment visé juste. Ce n’est pas la chanson la plus connue des Rolling Stones mais c’est ce qui est cool : reprendre une chanson sans que les gens ne sachent que c’est une reprise. C’est ce qu’il s’est passé lorsqu’ils ont repris « Midnight Moses » il y a quelques années. Et nous avons aussi fait notre version de « Revolution » des Beatles, je crois que c’est une chanson bonus sur l’album.
Est-ce qu’on peut dire que c’est une tradition pour le groupe de faire des reprises sur chaque album ?
John : Oui. Pour être honnête, je n’ai rien contre les groupes qui font des reprises. Je n’y vois rien de mal. Traditionnellement, si tu retournes en arrière et que tu regardes des groupes comme… Même Zeppelin, sur leur premier album ! Il y avait plusieurs vieux morceaux de blues sur leur premier album, et même sur leur deuxième album ils ont fait « The Lemon Song » et il y a tout un passage au milieu de vieux blues. Grand Funk Railroad, Aerosmith, The Beatles, même les Rolling Stones, ils ont tous fait des reprises. Ils ont respecté le fait qu’une bonne chanson est une bonne chanson et ils l’ont fait, tout simplement ! Nous le faisons intentionnellement parce que c’est un hommage, ou un coup de chapeau, à tous les groupes qui étaient sur les posters accrochés dans ma chambre. C’est une manière pour moi de les remercier, et, même, peut-être, d’une certaine façon, de convertir certains de nos fans les plus jeunes à la musique que j’écoutais en grandissant. J’ai été surpris par le nombre de personnes qui ne connaissaient pas la chanson « Midnight Moses » avant que nous la reprenions et, ces trois ou quatre dernières années, nous avons converti beaucoup de nos fans à The Sensational Alex Harvey Band. Sur notre album précédent, nous avons repris la chanson « Join Together » de The Who, ce qui me paraissait être une chanson connue de beaucoup de gens, mais j’ai trouvé incroyable le nombre de personnes qui ne savent ou ne savaient pas que « Join Together » est une chanson de The Who ! Ils l’ignoraient complètement. Du coup, d’une certaine manière, nous rendons non seulement un hommage à nos héros, mais, sans vouloir paraitre prétentieux, je pense que, dans un sens, nous éduquons aussi les gens et nous leur faisons découvrir de la musique géniale qu’ils n’ont peut-être jamais entendue auparavant.
Est-ce que le fait de toujours avoir cet enfant dans sa chambre aux murs recouverts de posters au fond de vous est la clé pour garder le feu en vie après une si longue carrière ?
Honnêtement, je suis un fan de musique. Donc oui, peut-être que c’est une sorte d’alter ego, un jeune John Corabi, assis dans son garage à apprendre « Misty Mountain Hop » de Led Zeppelin, ou « Dancing Days », « Train Kept A Rollin » d’Aerosmith par exemple.
Doug : Je pense que c’est important, parce que si tu t’ennuies, c’est que la fin approche ! Il faut que tu trouves un moyen de conserver ça et de continuer à aimer la musique. Parfois, les gens l’oublient et pensent que l’on fait ça machinalement. Mais nous aimons réellement la musique et nous voulons réellement nous améliorer en tant que groupe, qu’interprètes, nous voulons écrire de meilleures chansons. C’est important pour nous ! Que les fans aiment ou pas, nous avons besoin d’être en accord avec notre musique.
« Chaque album que tu fais est un nouveau départ. […] Il faut que tu sois disposé à grandir, à changer et à prendre quelques risques. Donc nous voilà, en train de réduire le passé en cendres et reconstruire l’avenir. »
Burn It Down est un album plus heavy et, en même temps, il comporte aussi des chansons plus dynamiques comme « Burn It Down » et « Judgement Day » et même une ballade, « Set Me Free », ce qui n’était pas le cas de Make Some Noise. Est-ce que vous aviez envie d’élargir le spectre de votre musique ?
Oui, ça s’est fait assez naturellement ; Make Some Noise était vraiment dirigé vers un son unique. Le fait d’inclure une ballade a été discuté dès le début. Nous sommes contents d’avoir su trouver quelque chose qui corresponde à l’esprit de cet album, qui est heavy et sombre. « Set Me Free » est dans ce même esprit.
John : Tu sais, le truc marrant à propos de The Dead Daisies, c’est que quand nous allons en studio, aucun des membres du groupe n’a une chanson complètement finie. C’est bizarre. Voilà comment nous écrivons : nous allons en studio et nous prenons les riffs que nous avons, ou parfois quelques suites d’accords, une idée que nous avons, et tout le monde pense : « Oh, c’est cool ça ! » Et nous commençons à travailler sur ça. Nous ne planifions jamais vraiment quel son nous voulons que le prochain album ait. Comme l’a toujours dit David Lowy : « Nous sommes en plein voyage et nous voulons emmener les fans avec nous. » Chaque album est un voyage et nous laissons les chansons venir à la vie, elles se matérialisent, et ensuite nous laissons la musique nous emmener et nous dicter la direction que prendra l’album. Nous nous sommes rassemblés et nous avons écrit quelques chansons : « Ouais, celles-là sont cools, celles-ci sont cools… » Et, d’un seul coup, l’un de nous avait le riff ou la chanson… Par exemple, il y a une chanson qui s’appelle « What Comes Around Goes Around » sur l’album, et l’un de nous avait ce riff, je crois que c’était Marco, et nous étions là : « Oh ! C’est génial ! » Nous avons commencé à travailler à partir de ce riff et nous avons écrit une chanson. C’était un peu plus heavy que tout ce que nous avions fait, du coup Doug a dit : « J’ai écrit ce riff-là, écoutez. » Et ça a donné la chanson « Rise Up ». A ce moment-là, tu pouvais presque voir une ampoule au-dessus de la tête de chacun de nous, comme dans les cartoons : « Ça va être un peu plus heavy mais c’est la voie sur laquelle cet album nous emmène. » Nous nous sommes assis et nous avons composé ! A ce moment, l’album avait plus ou moins une direction, et nous avons laissé les choses se produire de la façon dont elles se sont produites. Marti était présent pendant tout le voyage : « Oh, tu sais quoi ? Je pense que ceci ajouterait une ambiance un peu différente… » C’est étrange ! Nous laissons la musique nous faire voyager.
Je sais que vous aviez composé quelques ballades pour Make Some Noise, en particulier une qui avait des airs de Led Zeppelin, mais vous ne les avez pas inclues sur l’album puisque vous avez choisi de faire un album de pur rock. Est-ce que « Set Me Free » fait partie de ces ballades ?
Doug : Non. C’est une nouvelle chanson. A la base, c’est une chanson que Marco avait écrite au piano et nous l’avons retravaillée en faisant quelques ajustements sur les accords, nous l’avons transposée à la guitare. C’est très… C’est pour ça que j’ai mentionné Uriah Heep. Ça me fait penser à une chanson que Uriah Heep aurait pu écrire.
John : Cette chanson, nous l’avions construite ensemble : nous nous sommes assis, nous avons écrit les paroles et, en toute honnêteté, nous sommes tous mariés ou en couple, avec des enfants… Nous avons pensé que c’était une déclaration qui avait beaucoup de sens étant donné toutes les tournées que The Dead Daisies a faites ces trois ou quatre dernières années. C’est la sensation que nous avons quand nous quittons nos familles, nos femmes et nos êtres chers pour faire autre chose que nous aimons faire. En gros, ça dit : « Hey, je dois aller jouer de la musique et je serai absent pour un moment. Je ne changerai rien, je t’aime et je reviendrai bientôt. » Nous avons pensé que c’était une nouvelle nuance sympa à apporter à l’album.
Burn It Down est le premier album avec Deen Castronovo à la batterie. Doug, tu joues avec lui au sein de Revolution Saints, je suppose donc que c’était un choix évident que de le présenter au groupe.
Doug : Oui. J’ai travaillé avec Deen au début de l’année dernière, j’étais très heureux qu’il soit de retour, à tout déchirer. C’est évidemment très compliqué, tu ne peux pas remplacer quelqu’un comme Brian Tichy, il est tellement unique et génial, mais nous avions besoin de procéder à un changement, et ça impliquait de changer un peu notre son, que nous allions faire des choses un peu différentes. Deen est arrivé, nous lui avons dit quel son nous voulions pour l’album et il a répondu : « Ok, pas de problème, je vois très bien ce que vous faites. Allons-y ! » Ça s’est très bien passé. En fin de compte, nous avons un son différent et c’est aussi en partie parce qu’une nouvelle personne a rejoint le groupe. Deen est une des raisons de notre nouveau son. Deen peut jouer n’importe quoi, aussi bien de la musique avec des shreds de guitare que des trucs pop comme Journey. Avec The Dead Daisies, il a entendu quelques riffs et ensuite quand nous les avons joués avec lui, il a apporté un aspect très chic. Son jeu de batterie apporte un son presque sexy. Ce n’est peut-être pas aussi précis que ce qu’il pourrait faire s’il jouait avec de la musique plus instrumentale ou plus metal, il avait un jeu possiblement plus précis quand il était avec Ozzy, mais avec nous, il y avait cette sensation très libre des années 70.
D’ailleurs, que s’est-il passé avec Brian Tichy ?
Brian est un mec super talentueux, il est très créatif, tout le monde sait que c’est un très bon batteur, mais peut-être que les gens n’ont pas conscience de son talent de batteur, c’est un des meilleurs au monde. Il est également très doué pour la guitare et la musique en générale… Il vient de la Berkley School Of Music de Boston, il a des compétences très variées, il sait beaucoup sur beaucoup de choses ! Il se donne vraiment à fond. Et je pense qu’il a simplement décidé qu’il voulait essayer d’autres choses. The Dead Daisies, c’est du rock’n’roll très simple et carré. Peut-être qu’il avait envie d’aller dans d’autres directions parce qu’il faisait ça depuis quatre ans. Ça s’est passé de façon amicale. J’adore Brian ! C’est un de mes meilleurs amis. Je ne veux que le meilleur pour lui. Pareil lorsque je faisais partie de Whitesnake depuis un moment et Brian nous a rejoint, il a joué sur l’album Forevermore et sur quelques albums lives – The World Record et Made in Britain. Ensuite, après ça, je pense qu’il s’est juste dit : « Ok, j’ai fait ça, je vais passer à autre chose maintenant. » Et il a fondé son propre groupe, S.U.N.. Brian est comme ça ! C’est un créatif, il ne reste pas en place, il est toujours en mouvement. Mais Deen a apporté quelque chose de différent, ce qui est très bien, et Deen chante également, comme tu as pu le constater dans Revolution Saints. Donc nous sommes très excités à l’idée de partir en tournée avec Deen !
« De temps à autre, mon ego va me poser problème et je dois me rappeler que je ne suis pas là pour ça. Il ne s’agit pas de Doug Aldrich, mais du groupe et ce qui est le mieux pour le groupe. »
N’avez-vous pas eu envie de plus utiliser sa voix sur l’album ?
Il chante pas mal de chœurs, mais John est la voix du groupe, c’est lui le chanteur et personne ne le remplacera comme chanteur principal. Mais nous avons une nouvelle opportunité désormais, avec Marco qui est un très bon chanteur et Deen, il se peut que nous fassions quelque chose de différent. Peut-être que nous aurons une chanson sur laquelle John a chanté en studio mais Marco et Deen pourraient essayer de chanter un couplet ou faire un duo avec John dessus, ça pourrait être amusant. On verra !
Tu travailles désormais avec Deen dans deux groupes différents ; ne crains-tu pas de mélanger les choses parfois ?
Ouais. Je pense que tu as raison. La seule différence c’est que The Dead Daisies est avant tout un groupe live. Revolution Saints est plus comme un projet. J’adorerais en faire un groupe live aussi mais je ne pense pas que ça arrivera parce que nos emplois du temps sont trop chargés. C’est tellement compliqué avec Deen et moi dans The Dead Daisies et Jack [Blades] est tout le temps occupé avec Night Ranger. C’est très dur de planifier quoi que ce soit.
L’album débute avec « Resurrected ». Il s’agit d’une chanson qui sonne énorme avec une grosse partie orchestrale, et je suis sûr que commencer l’album avec cette chanson, avec ce titre, n’est pas un fait anodin. Est-ce qu’il y avait une volonté de faire une déclaration avec cette chanson ?
Souvent dans ce genre de cas, la déclaration est dans les paroles, c’est-à-dire le fait d’être ressuscité et de revenir. Voilà comment je vois la chanson personnellement : John a l’impression d’être ramené à la vie, de retrouver sa propre personnalité, son propre soi. D’après moi, il a fait un super album avec Mötley Crüe et n’a pas vraiment reçu le mérite qui lui revenait pour ça, surtout de la part des membres du groupe – peut-être de la part de Mick Mars, ils sont amis. Il a vraiment aidé Mötley Crüe à traverser une période pendant laquelle ils avaient besoin d’un chanteur ainsi que d’un changement dans leur direction musicale parce que l’industrie musicale a tellement changé que le Mötley Crüe de l’époque de Girls Girls Girls n’allait plus fonctionner. Ils avaient besoin d’une chanson comme « Hooligan’s Holiday » pour y arriver et John les a aidés à le faire. Il a fait profil bas depuis qu’il a quitté Mötley Crüe et il est désormais ressuscité avec The Dead Daisies.
John : Pour être honnête avec toi, ce n’est pas que j’ai fait profil bas. Le truc, c’est que quand tu es au sommet, quand tu t’en sors super bien, que tu as du succès, tout le monde t’aime, veut être près de toi, tout le monde t’invite à des soirées et tout ce qui va avec. C’était comme ça pour moi quand je faisais partie de Mötley Crüe. Mais ensuite, quand j’ai quitté le groupe, tout le monde s’est mis à dire : « Il est fini, il a eu son seul essai, sa seule chance… » Ils te considèrent comme fini. Et ça n’arrive pas qu’à moi. Même quelqu’un comme Deen a vécu un peu ça. Deen Castronovo a connu une période un peu difficile il y a quelques années et tout le monde l’a mis à l’index. Il n’était plus un membre de Journey. Donc “Resurrected” parle d’un mec comme moi ou Deen ou même, pour être complètement honnête, du groupe entier, de The Dead Daisies. Beaucoup de gens disent : « Oh, Marco Mendoza et Doug Aldrich, ces mecs avaient beaucoup de succès il y a de très, très nombreuses années, » et maintenant ils veulent te mettre à l’index parce que tu ne fais pas partie du dernier truc à la mode. En gros, quand j’étais en train d’écrire les paroles, je me disais : « Tu sais quoi ? J’adore faire partie de ce groupe, j’adore le fait que trente ans plus tard, après avoir été dans l’industrie de la musique pendant trente ans, j’écris toujours des albums, je fais toujours des tournées dans le monde entier, je m’amuse toujours, j’ai une belle vie. Tu sais quoi ? Je n’ai pas l’intention de partir et d’ailleurs, je suis de retour, plus grand, plus fort et meilleur que jamais, je suis ressuscité ! »
Comment est-ce que vous en êtes venus à composer la fin orchestrale de cette chanson ?
Doug : Cette chanson était différente dès le départ. C’est moi qui ai écrit cette chanson, enfin les riffs, et ensuite, à un moment, John a eu une idée qui est désormais le riff du couplet. Il a commencé à jouer ça et tout le monde a aimé, en particulier Marti, notre producteur. Nous avons ensuite décidé de répéter ce riff, pas seulement sur le couplet mais également sur l’outro. On retrouve aussi un esprit à la « Live And Let Die ». Nous nous amusions à fredonner « Live And Let Die » [il chante la mélodie] par-dessus, et ça avait l’air de fonctionner ! C’est de là que nous est venue l’idée : « Pourquoi ne pas ajouter un orchestre pendant qu’on joue le riff ? » C’est venu comme ça.
L’album s’appelle Burn It Down (Réduis-les en cendres, NdT) : est-ce que le titre est là pour souligner l’énergie qui nourrit le groupe ?
John : Il y a une chanson sur l’album qui s’appelle « Burn It Down » et qui, pour résumer, parle des gens qui se plaignent de leur vie, ils se plaignent à propos de ce qui leur arrive mais ils ne font rien pour changer leur situation. Ils ont besoin de changer leur vie mais je crois qu’ils ont peur du changement, donc rien ne se passe jamais, le résultat est toujours le même. Dans la chanson, je dis : « Si tu veux que le résultat change, tu dois gratter une allumette et brûler tous tes anciens problèmes, réduis-les en cendres et recommences à zéro. » Et je pense que c’est un très bon titre pour l’album parce que chaque album que tu fais est un nouveau départ. Même si notre dernier album, Make Some Noise, a reçu un très bon accueil, tu ne peux pas te reposer sur ça. Il faut que tu sois disposé à grandir, à changer et à prendre quelques risques. Donc nous voilà, en train de réduire le passé en cendres et reconstruire l’avenir.
« Monter sur scène c’est monter sur scène. Peu importe la taille de la scène ou l’endroit où la scène se trouve. Nous adorons faire ce que nous faisons. Nous nous amusons toujours. La taille ou le lieu n’ont pas d’importance. »
Le groupe est composé de personnalités très fortes ; n’y a-t-il jamais de problèmes d’egos ?
Doug : Pas vraiment non. Enfin, de temps en temps, tu… En ce qui me concerne, de temps à autre, mon ego va me poser problème et je dois me rappeler que je ne suis pas là pour ça. Il ne s’agit pas de Doug Aldrich, mais du groupe et ce qui est le mieux pour le groupe. Evidemment, les egos entrent en jeu dans un groupe, nous avons tous notre amour propre, mais nous essayons d’apprendre et de nous rendre compte que parfois, notre amour propre se met en travers de notre chemin, il faut réussir à s’en défaire.
John : Tu sais quoi ? Nous sommes comme n’importe qui d’autre. Oui, nous nous disputons, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais en même temps, nous avons plus ou moins trouvé comment… Nous hurlons, nous nous disputons à propos de quelque chose, et nous quittons la pièce et nous rendons compte que nous avons vraiment quelque chose d’incroyable avec ce groupe. Du coup, nous nous asseyions, nous discutons, nous réglons le problème et avançons. Je pense que s’il y a une chose que nous avons apprise à faire c’est… Je sais que quand j’étais plus jeune, j’avais un très, très mauvais caractère. A de nombreuses reprises, dans tous mes groupes, The Scream, Mötley, même avant The Scream quand j’étais dans le groupe Angora, il y a eu des disputes très violentes, presque à en venir aux poings. Mais je n’ai plus vingt-cinq ans. Je suis plus âgé, je suis un père, un mari, un grand-père. Nous avons tous trouvé comment communiquer entre nous d’une meilleure façon. Nous pouvons dire ce que nous avons envie de dire. Nous pouvons ne pas être d’accord si c’est le cas. Mais nous sommes toujours conscients que ce que nous avons est une très, très bonne chose et nous savons comment donner notre avis et aller de l’avant. Je pense que c’est quelque chose que tu apprends avec l’âge.
Je vous ai vu en concert dans un petit club ici à Lyon, en tournée avec The Answer, où vous avez joué devant trois ou quatre cents personnes, et pourtant vous avez vraiment mis le feu. Est-ce qu’il y a une différence pour vous lorsque vous jouez dans un petit club comparé aux grosses scènes que vous avez tous fait durant vos carrières respectives ?
Non. Pour nous, monter sur scène c’est monter sur scène. Peu importe la taille de la scène ou l’endroit où la scène se trouve. Nous adorons faire ce que nous faisons. Nous nous amusons toujours. La taille ou le lieu n’ont pas d’importance. Nous sommes là pour nous amuser et nous nous éclatons.
Doug : Ça ne fait aucune différence parce que nous voulons simplement tout déchirer et faire de la musique qui déchire. C’est très important. Nous voulons jouer correctement. C’est une chose que j’adore à propos de ces mecs : ils n’en n’ont rien à faire d’où nous jouons. Nous voulons donner un concert de qualité. John sait tout le temps comment capter l’attention des gens, ainsi ils ont l’impression de faire partie du show et ils sont excités à cette idée. Marco et Brian formaient une section rythmique super cool, de la même façon que Marco et Deen maintenant, et David et moi adorons jouer de la guitare ! [Petit rires] David Lowy est le leader du groupe, il est accro au travail ! Il adore ça. Peu importe que nous jouions à un gros festival ou dans un club, nous faisons une sorte de réunion entre membres du groupe tous les jours avant le concert et nous jetons un œil à la setlist et décidons de la manière dont nous pouvons l’améliorer, nous réfléchissons à ce que nous avons fait la nuit précédente et ce que nous pourrions changer pour le concert à venir ; nous faisons de notre mieux pour rendre chaque concert encore meilleur.
Je suppose que dans les petits clubs, il est plus facile d’être proche et plus intime avec les fans… Est-ce que cette proximité est quelque chose qui t’a manqué, Doug, quand tu jouais avec Whitesnake ?
Je n’y pense pas vraiment. C’est simple, j’adore jouer ! J’aime tellement jouer ! J’adore jouer de la bonne musique, et Whitesnake avait de la bonne musique et des personnes talentueuses, dont un des meilleurs chanteurs qui soit. Nous avons joué dans de grandes salles et c’était amusant, mais avec The Dead Daisies, c’est plus comme un nouveau groupe. Il y a toujours de la bonne musique avec de super mecs mais c’est en cours de construction en quelque sorte. Donc ça n’a pas d’importance pour moi. Je suis heureux de jouer face à… C’est bien aussi de jouer devant un public nombreux ! Ne te méprends pas là-dessus. C’est très amusant : tu montes sur scène et tu joues devant une foule de personnes, c’est très plaisant.
Tu avais quitté Whitesnake pour être plus présent pour ta famille, mais The Dead Daisies est un groupe très actif qui fait beaucoup de tournées, peut-être même plus que Whitesnake ! Comment est-ce que tu fais pour concilier le groupe et la vie de famille comme tu voulais le faire à la base ? Comment est-ce que tu gères ça ?
[Rires] A l’époque, quand j’ai quitté Whitesnake, mon fils avait trois ans et demi ou quatre ans. Ensuite, j’ai travaillé à Las Vegas et c’était vraiment cool, je jouais de la guitare avec d’autres très bons musiciens avec lesquels j’étais heureux de jouer, Howard Leese, Robin MacAuley, Andrew Freeman… Mais je me suis lassé de faire la même chose tous les jours et je voulais repartir en tournée. Mon fils avait grandi et je m’étais marié – enfin, il était plus âgé, il n’avait plus besoin d’autant d’attention, et j’ai pu passer plusieurs années auprès de lui. Ma femme et lui allaient bien, et puis ma femme est tombée enceinte et j’ai pris une décision : « Je dois sortir de Las Vegas et saisir des opportunités. » L’une des choses qui s’est produite a été de partir en tournée avec Glenn Hughes en tant que trio. J’ai fait ça, je me suis beaucoup amusé, et c’est à ce moment que The Dead Daisies m’a appelé pour faire un album, et je ne savais pas que nous allions être autant occupés ! Mais heureusement, ma vie familiale était plus stable et j’ai réussi à faire en sorte que ça fonctionne. Ma fille a maintenant deux ans et je ne vais pas te mentir, ça va être très dur de la quitter, mais je savais que The Dead Daisies serait amené à beaucoup tourner. Donc ça va être dur mais j’y arriverai ! C’est ce que je fais.
Interview réalisée par téléphone les 13 février et 12 mars 2018 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Traduction : Lison Carlier.
Site officiel de The Dead Daisies : thedeaddaisies.com.
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>>> Un groupe parmi d’autres qui l’a reprise, mais à l’origine, c’est pas d’eux.
Coquille, c’est « Hooligan’s Holiday » et pas Holligan’s
« Il a gardé profil bas » – Il a FAIT profil bas, non ?
Nicolas et Lison, ça va pas le faire. Continuer comme ça et vous allez finir chez TPMP 😉