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Interview   

The Dead Daisies : le collectif avant tout


The Dead Daisies n’avait jamais été aussi stable que ces cinq dernières années. Certes le groupe a quand même régulièrement connu des changements de line-up (l’arrivée de Doug Aldrich puis celle de Deen Castronovo), mais au moins le visage de The Dead Daisies est resté le même trois albums durant, incarné par l’ex-Mötley Crüe John Corabi. Et avec le showman Marco Mendoza à la basse, nul doute que les deux musiciens ont largement contribué au galon pris par The Dead Daisies. On en avait presque oublié le postulat de départ sur lequel The Dead Daisies a été fondé : c’est un collectif de vétérans avant d’être un groupe, et donc l’idée des rotations de musiciens est incrustée dans son ADN.

John Corabi et Marco Mendoza s’en sont donc allés voguer vers leur destinée solo l’été dernier. Peut-être les retrouverons-nous un jour dans The Dead Daisies, en attendant la bande à David Lowy – guitariste, fondateur et leader du combo – démontre une nouvelle fois sa capacité à rebondir en allant chercher le grand Glenn Hughes et faire d’une pierre deux coups. Avec un album finalisé, enregistré en partie à Saint-Rémy-de-Provence, dans le sud de la France, The Dead Daisies est depuis le début de l’année dans l’attente du moment propice pour lâcher son nouveau méfait. On a tout de même pu déjà savourer deux morceaux : « Righteous Days » et « Unspoken ».

En attendant de pouvoir s’en mettre davantage sous la dent, nous avons passé un coup de fil à David Lowy pour parler changement de line-up, revenir sur les fondements de The Dead Daisies et tout ce qu’ils impliquent, et glaner quelques infos sur la conception de l’album Holy Ground. L’occasion également d’en savoir un peu plus sur ce guitariste australien, détenteur d’une licence de pilote de ligne…

« Je suis fan de nombreux groupes dont des membres ont changé et ça ne me plaît pas non plus, donc je comprends complètement les fans qui ne sont pas contents à cause de ça. C’est juste que je ne peux rien y faire [petits rires]. »

Radio Metal : On a appris en août l’an dernier les départs de John Corabi et Marco Mendoza. On sait tous que le groupe a toujours été considéré plus comme un collectif qu’un groupe. Malgré tout, c’était les deux membres qui étaient restés le plus longtemps dans The Dead Daisies, en dehors de toi ; ils semblaient bien s’éclater dans ce groupe et on dirait qu’ils ont eu une grand part de responsabilité dans le développement de The Dead Daisies ces dernières années. Du coup, leur départ a surpris les fans, mais toi, l’as-tu vu venir ?

David Lowy (guitare) : Non, pas vraiment. Si je remonte au début, The Dead Daisies n’a pas commencé comme un groupe d’adolescents dans un garage, avec chacun investissant quelques centaines de dollars, essayant de faire un album, nouant des liens en tant que groupe, grimpant dans les classements et devenant un plus gros groupe, comme ça arrivait traditionnellement dans les années 70 et 80. Quand nous avons fondé le groupe, c’était déjà avec des gens qui étaient des musiciens bien établis et qui avaient fait plein de choses différentes dans leur carrière. A l’origine quand le groupe a commencé, tous ceux que j’ai contactés disaient : « Je suis content de rejoindre le groupe, mais j’ai d’autres choses dans ma vie que j’ai aussi envie de faire, je travaille sur d’autres projets, je fais des trucs solos. » J’ai dit qu’il n’y avait pas de problème parce que ça me convenait aussi. Je suis passionné par la musique, j’adore jouer, mais j’ai aussi d’autres choses dont je m’occupe dans ma vie. Je suis aussi un homme d’affaires, donc je dois aussi m’occuper de mon business. Ça semblait très bien convenir que nous nous réunissions avec des gens qui voulaient faire leur propre truc mais qui voulaient aussi être dans un groupe, profiter de la camaraderie d’un groupe, et étaient prêts à travailler collectivement. J’aime travailler collectivement avec des gens. Il n’y a pas juste une personne assise dans une pièce à écrire toutes les chansons, nous nous posons tous ensemble dans la pièce pour écrire les chansons, balancer des idées. Avec ce type de personnes voulant faire à la fois leur propre truc et le groupe, ça convenait très bien à tout le monde, mais de fait, ça impliquait que des membres changeraient de temps en temps.

John voulait revenir à son projet solo. Ça faisait trois ou quatre ans qu’il était avec The Dead Daisies et il a dit : « J’aime bien faire mes concerts solos, j’aimerais m’y remettre maintenant. » John et moi sommes encore de très bons amis, nous communiquons tout le temps, j’ai un énorme respect pour lui, c’est un chanteur, un musicien et un compositeur fantastique. Marco a lui aussi toute une carrière solo, il tourne beaucoup en Europe. Les emplois du temps des gens ne coïncident pas toujours aussi. Autant ça serait génial d’avoir une unité solide avec The Dead Daisies, autant ce groupe n’a pas été fondé ainsi en vertu d’où chacun était dans sa carrière et en vertu de l’âge des gens, qui avaient déjà eu des carrières réussies et fait plein de choses. Voilà un peu d’histoire et le background, et quand tu mélanges tout ça, il y aura forcément des membres qui vont changer de temps en temps. D’un côté ce n’est pas idéal, je comprends que les gens en soient vraiment déçus. D’un autre côté, intégrer de nouvelles idées et de nouvelles personnes permet au groupe de continuer de se développer. Ce n’était pas mon choix que John ne reste pas dans le groupe, ni Marco. Nous sommes tous de bons amis et des frères d’armes, pour ainsi dire. J’ai d’ailleurs joué avec le groupe solo de Marco l’an dernier ; j’ai fait un concert avec lui à Budapest. C’est simplement comme ça. Comme je l’ai dit, cela dépend d’où en sont les gens dans leur carrière, de notre âge et du timing des choses. Malheureusement, le timing est horrible en ce moment pour tout le monde dans le business et c’est incroyablement frustrant, je dois te dire !

En 2015, John nous avait dit qu’il espérait que vous perdriez « cette étiquette de ‘collectif’ pour n’être plus qu’un groupe ». Avez-vous à un moment donné essayé de faire ça ?

Je n’y ai jamais pensé en ces termes. Ça n’a jamais été mon option préférée de ne pas pouvoir garder tout le monde réuni, mais la vie est comme ça aujourd’hui. Ça dépend des opportunités qui se présentent à chacun des membres et ce qu’ils veulent faire. Comme je l’ai dit, ce n’était pas ma préférence, ça a simplement fini comme ça. Heureusement, nous croisons plein de gens dans nos carrières et nos vies, nous connaissons plein de gens dans l’industrie, donc quand quelqu’un veut ou a besoin de partir, nous contactons des gens que nous connaissons. C’est ainsi que Glenn nous a rejoints. Ce n’est pas idéal, j’aurais préféré avoir tout le temps le même groupe, mais ce n’est pas faisable, compte tenu des carrières de chacun, de leurs emplois du temps et des souhaits et désirs des gens. Après, combien existe-t-il de groupes sans les membres originels ? Combien de grands groupes n’ont peut-être qu’un seul musicien originel avec des itérations complètement différentes du groupe ? Comme je l’ai dit, nous n’avons pas commencé comme un groupe d’adolescents. Si nous avions fait ça, peut-être que nous serions encore tous ensemble, mais il y a très peu de groupes qui ont fait ça.

Il n’y a pas deux albums qui ont été enregistrés par le même line-up : penses-tu que les gens comprennent maintenant que c’est dans l’ADN de The Dead Daisies d’avoir un line-up tournant ou y a-t-il des fans qui sont encore déstabilisés par ça et qui ont du mal à suivre le groupe ?

Certains fans sont déstabilisés, certains fans l’acceptent, certains fans aiment bien. Je comprends le point de vue des fans, je suis moi-même un fan de rock n’ roll, comme eux. Je dis souvent que nous sommes dans cette aventure avec les fans. Ce n’est pas nous – le groupe – en haut sur scène et les fans en bas sur le sol de l’auditorium ou du club. Nous participons tous à cette aventure ensemble. Je suis fan de nombreux groupes dont des membres ont changé et ça ne me plaît pas non plus, donc je comprends complètement les fans qui ne sont pas contents à cause de ça. C’est juste que je ne peux rien y faire [petits rires]. Nous devons tous tirer le meilleur parti de nos circonstances et ce n’est pas un monde parfait.

« Glenn a des opinions tranchées, ce qui est une bonne chose, mais c’est aussi quelqu’un qui sait écouter, ce qui est également une bonne chose. Dans The Dead Daisies, il faut savoir écouter, pas seulement parler. »

Comme The Dead Daisies a perdu un chanteur et un bassiste, était-ce l’occasion pour vous d’essayer une nouvelle formule en les remplaçant par Glenn Hughes, un chanteur-bassiste, et de devenir un quatuor ?

C’était effectivement une occasion de faire ça. Quand John Corabi a décidé de partir, nous avons commencé à demander autour de nous qui serait intéressé, en cherchant à faire quelque chose de nouveau qui nous conviendrait. Glenn semblait être un choix très naturel vu son style de musique. Doug a travaillé avec lui pendant un petit moment et je connaissais également Glenn. Je lui ai parlé et nous avons eu un échange. Nous voulions nous assurer que nous irions bien ensemble, que nous nous entendrions bien, que nous jouerions bien ensemble et que nous serions sur la même longueur d’onde au sujet de notre musique, notre style, et ce que nous aimons et n’aimons pas. Nous avons noué des liens, et parce que nous avons noué des liens, nous avons pu faire cet album. Glenn a un talent incroyable, nous avons vraiment apprécié de faire un nouvel album avec lui. Nous allons vraiment bien ensemble, c’était très créatif. C’est un merveilleux compositeur, chanteur et bassiste. Je me sens tellement privilégié de pouvoir être dans la même pièce avec ces gars et faire de la musique avec eux [petits rires].

Comment parvenez-vous à conserver l’identité du groupe au fil du temps quand le line-up change constamment, en particulier avec un changement aussi radical que ce dernier ?

Ce n’est pas facile ! [Rires] C’est très difficile, tu poses toutes les bonnes questions. C’est dur à faire mais je pense que les styles musicaux des gens qui ont fait partie du groupe sont tous très similaires. L’ADN de base du groupe, le style musical et ce qui parle à tous ceux qui ont joué dans le groupe sont très similaires, et ça permet de conserver le style que nous aimons. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde musicalement et je pense que c’est ce qui nous permet de maintenir le son de The Dead Daisies avec un line-up différent. C’est ce que nous nous efforçons de faire. Evidemment, ce sera légèrement différent, comme c’est toujours le cas quand un nouveau membre intègre un groupe. C’est simplement comme ça aujourd’hui et nous devons faire du mieux que nous pouvons. Evidemment, Glenn ne nous aurait pas rejoints s’il n’aimait pas tout ce que nous avons fait par le passé et évidemment, nous n’aurions pas voulu que Glenn rejoigne le groupe si nous n’aimions pas tout ce qu’il a fait par le passé. On sait tout de suite que ça colle. Un groupe, c’est un mariage entre plusieurs personnes en même temps, ça nécessite des gens qui peuvent exprimer leur opinion tout en s’entendant bien les uns avec les autres, c’est la clé. Nous voulons nous amuser en faisant ça, la musique c’est amusant. Dans la phrase « on joue de la musique », l’accent est mis sur « jouer ». C’est une profession et tout le monde doit gagner sa vie, mais au final, on joue de la musique. Il faut s’amuser quand on joue. Si nous nous amusons et apprécions ce que nous faisons, alors on peut supposer que nos fans ressentiront la même chose. C’est un défi d’avoir un groupe, je peux te le dire [petits rires], mais c’est aussi très gratifiant.

D’un autre côté, penses-tu que les changements de line-up contribuent à faire que The Dead Daisies reste excitant, parce qu’il y a toujours un nouveau membre qui apporte de la fraîcheur au groupe ?

Ça, c’est l’autre partie de l’équation, et ils apportent aussi leurs propres fans. C’est l’avantage. Rien n’est tout blanc, ni tout noir. Il y a du positif et du négatif dans tout dans la vie. Ça permet effectivement ça et ça ouvre des opportunités.

Qu’est-ce que ça implique, à chaque fois que vous avez un nouveau membre, de reconstruire une alchimie ?

On le sait très vite. A la minute où tu rentres dans la pièce… Vous pouvez longtemps discuter, vous pouvez écouter de la musique ensemble, vous pouvez passer du temps ensemble, vous pouvez passer du temps à ne même pas parler de musique, mais quand vous allez dans la salle de répétition, vous vous branchez et vous savez très vite si ça va marcher ou pas. Avec Glenn, c’était très rapide, nous savions que ça allait marcher, on le sait tout de suite.

Doug Aldrich et Glenn ont tourné ensemble en 2015 : est-ce que ça a aidé à ne pas partir de zéro sur le plan de l’alchimie ?

Ça peut aider et ça peut aussi nuire parce que chacun apporte son passif avec lui [petits rires]. Bien sûr, ça a aidé parce qu’ils se connaissaient. Quand on tourne dans un groupe et qu’on vit dans des lieux exigus pendant une longue période de temps, on se tape tous constamment sur les nerfs les uns les autres. Mais au final, nous aimons ce que nous faisons et nous nous aimons les uns les autres. Si tu n’aimes pas et ne respectes pas les autres membres de ton groupe, vous ne pouvez pas jouer ensemble. Ça a effectivement aidé que Doug ait déjà travaillé avec Glenn avant, c’était un plus. C’est aussi bien parce qu’on sait comment les gens s’entendent.

Vous avez enregistré un nouvel album intitulé Holy Ground et ça a débuté avec une session au Sunset Sound à Los Angeles l’été dernier, où vous avez enregistré quatre chansons, dont « Unspoken » et « Righteous Days ». On dirait que Glenn vous a rejoints et que vous avez immédiatement mis la machine en route avec la nouvelle musique. Est-ce l’arrivée de Glenn qui a déclenché la créativité ou bien aviez-vous commencé à travailler là-dessus avant ?

Doug et moi avions travaillé sur quelques trucs ensemble, mais dès que Glenn a dit qu’il nous rejoindrait, nous nous sommes réunis et nous avons commencé à travailler. Notre manière de composer est que nous apportons tous des idées dans la pièce et passons en revue ces idées. Si quelqu’un aime bien un riff, une ligne de refrain, un couplet ou quoi que ce soit et que nous voulons construire une chanson sur cette base, alors nous le faisons.

« Certaines personnalités ont besoin d’être des dictateurs, autrement ça ne marche pas pour elles, mais pour moi c’est l’opposé. C’est simplement un style de leadership différent. J’ai un style collaboratif de leadership plutôt que dictatorial, c’est ce qui fonctionne pour moi. »

En novembre, vous avez été à Saint-Rémy-de-Provence, dans le sud de la France, pour poursuivre l’écriture et l’enregistrement de l’album, et les touches finales ainsi que le mix ont été réalisés au début de l’année. Comme d’habitude, on dirait que les choses ont été très vite. Penses-tu que The Dead Daisies a besoin de ce sentiment d’urgence ?

Je crois au sentiment d’urgence dans tout ce que je fais. Il n’y a pas de temps à perdre. Regarde dans le temps, dans les années 60 et 70, combien de temps ça leur prenait de faire un album ? C’était une affaire de quelques jours seulement ! On peut prendre six semaines, six mois ou six ans, tout dépend de ce que tu ressens par rapport à ton album et du temps que tu as à ta disposition. Il faut faire les choses bien, il faut avoir un bon sentiment par rapport aux chansons et il faut en être fier, mais ensuite, arrive un moment où c’est terminé. On peut enregistrer un album aussi longtemps qu’on veut mais au final, il faut le sortir, tu as envie qu’il sorte et de le jouer, tu as envie que des fans l’entendent. Je n’aime pas perdre du temps – le temps est la seule chose qu’on n’a plus, donc je n’ai pas envie de le perdre. Là où il faut faire très attention, c’est que tu n’as pas non plus envie d’écourter le processus. Même si tu veux avoir ce sentiment d’urgence et finir l’album dans un temps donné, tu n’as pas envie de le bâcler non plus. Si tu as besoin de rallonger le processus, alors il faut le faire. Je crois toujours au fait d’avoir une date butoir en ligne de mire, ce n’est pas définitif mais tu travailles avec cet objectif en tête. Si tu planifies ton travail autour de ça, je pense que tu as le meilleur des deux mondes. Tous les gars impliqués font des albums depuis longtemps, et ce groupe a fait cinq albums, donc nous savons le temps que ça nous prend. On peut avoir une bonne référence de temps et travailler en visant cette référence, à condition d’en être content à la fin.

Les deux derniers albums ont été enregistrés à Nashville – la ville musicale par excellence – avec Marti Frederiksen. Pourquoi avoir décidé de changer radicalement et de travailler à Saint-Rémy-de-Provence cette fois ?

Nous voulions aller dans un studio dans lequel nous pourrions vivre. Quand tu as un temps limité pour faire un album et que tu veux t’imposer des contraintes de temps, c’est super de ne pas avoir à se lever le matin, monter dans ta voiture et conduire jusqu’au studio, et ensuite remonter dans ta voiture pour rentrer à l’hôtel ou chez toi. C’est très efficace de pouvoir vivre, manger et travailler au même endroit. Ce studio est fantastique pour ça. Et aussi, le studio a une merveilleuse atmosphère, ce qui aide beaucoup à la créativité ; c’est un lieu vraiment propice à la création. On peut obtenir un son incroyable pour l’enregistrement dans les pièces de ce studio. C’est vraiment un super endroit, très efficace, on ne perd pas de temps à faire des allers-retours en voiture, à faire d’autres choses… On peut dîner, avoir une idée et directement retourner au studio, alors que si tu es ailleurs pour une journée, tu es ailleurs. C’est pourquoi un studio où on peut loger nous convenait parfaitement. Je n’avais jamais fait ça avant et je voulais le faire aussi.

Comment comparerais-tu ces sessions à celles que le groupe a connues par le passé ?

Le processus était très similaire. Nous allons dans une pièce ensemble, nous proposons des idées, nous travaillons dessus. Notre producteur est dans la pièce également et il nous donne son point de vue en même temps. C’est intéressant parce que notre manageur est également avec nous. Il y avait deux ou trois morceaux avec lesquels nous n’étions pas tellement à l’aise et il nous a poussés à persister dessus et finalement, le résultat est fantastique. Comme je l’ai dit, c’est un processus très collaboratif, tout le savoir ne repose pas sur une seule personne et c’est tout sauf une science exacte. C’est un processus créatif où on mélange les idées de plusieurs personnes.

Comment le fait d’être un quatuor avec Glenn a-t-il changé la dynamique créative en studio ?

Le fait d’avoir moins de gens dans la pièce implique qu’il y a moins d’opinions, ce qui d’un côté est bien et d’un autre côté peut-être pas bien. C’est différent, mais pas forcément différent en mal ou en bien, c’est juste différent. Chacune de ces expériences se prête au processus créatif. Glenn apporte un type de créativité vraiment différent. C’est un compositeur incroyablement bon. Comme je l’ai dit, c’est un privilège de l’avoir dans le groupe. C’est un privilège d’avoir tous ces gars dans le groupe et collectivement nous créons ce truc, en travaillant sur les idées des uns et des autres. Glenn a des opinions tranchées, ce qui est une bonne chose, mais c’est aussi quelqu’un qui sait écouter, ce qui est également une bonne chose. Dans The Dead Daisies, il faut savoir écouter, pas seulement parler. Glenn en est vraiment capable. Je lui tire mon chapeau. Il a tellement d’expérience, il est tellement talentueux, et pourtant c’est quelqu’un qui écoute, ce qui est merveilleux. Mais chacun a un apport créatif différent. Il peut y avoir des styles légèrement différents, en fonction de leur expérience, ce qu’ils aiment, ce qu’ils pensent et ce qu’ils ressentent. C’est un processus de collaboration, et c’est quelque chose que nous aimons tous. Glenn a apporté plein d’idées, tout comme nous tous. Au final, nous avons décidé collectivement ce que nous enregistrerions. Glenn doit aussi chanter les paroles et écrire les textes. Nous en parlons et y réfléchissons, nous donnons notre avis, mais c’est lui qui doit les interpréter. C’est un parolier fantastique et il a une voix incroyable. C’est génial qu’il fasse partie de The Dead Daisies.

L’album s’intitule Holy Ground : qu’est-ce que cette « terre sainte » à laquelle vous faites référence ? C’est le rock n’ roll ?

Ça peut être plein de choses. C’est tout ce que vous voulez que ce soit, c’est à l’auditeur de se faire un avis. Pour nous, ce titre évoque plein de pensées différentes.

L’album est terminé, mais vous n’avez pas encore annoncé de date de sortie et on n’a entendu que deux chansons jusqu’à présent. Comment décrirais-tu l’album pour nous faire saliver ?

[Rires] Je suis sûr que quand vous l’entendrez, vous l’adorerez. Quiconque adore le rock adorera cet album. Il a plein de nuances et de couleurs. J’en suis très fier. C’est une œuvre exceptionnelle. Je ne sais pas exactement quand il sortira. Tout dépend quand nous pourrons tourner et quand le management pensera que c’est le meilleur moment pour le sortir. Dans la vie, il y a plein d’inconnues, mais en ce moment, il y a plein d’inconnues avec ce Covid-19.

« J’aime m’entourer de gens qui sont meilleurs que moi. Ça a élevé mon jeu et ma performance, ça m’a aidé dans ma composition. C’est bien de se reposer sur les épaules de géants [petits rires]. »

Pour un leader, tu es plutôt discret sur scène, et en studio tu laisses tous les autres composer et avoir leur mot à dire là-dessus, peu importe s’ils viennent d’arriver dans le groupe ou pas. On connaît tous ces histoires de groupes menés par un dictateur, mais penses-tu que la qualité principale d’un leader soit en fait de savoir donner de l’espace aux gens dans le groupe pour qu’ils expriment leur talent et de les encourager à le faire ?

Tout dépend de chacun. Dans tous les domaines dans lesquels je travaille, dans mon business, et tout ce que je fais en dehors de la musique, c’est dans ma nature de faire les choses de manière collaborative. J’aime avoir des gens autour de moi qui en savent plus que moi sur un truc particulier et qui sont meilleurs que moi là-dessus. J’écoute tout ce qu’ils ont à dire et c’est l’apport de tous les gens qui en savent plus que moi qui permet d’obtenir les meilleurs résultats. C’est un style particulier – et c’est mon style personnel – qui consiste à prendre en compte l’apport de tous ceux qui en savent plus que moi et qui sont meilleurs que moi dans ce que je fais, et ensuite, essayer de trouver le chemin à travers tout ça qui permettra d’aboutir au meilleur résultat. Je ne peux pas faire de manière dictatoriale. Je ne dis pas que c’est mal de le faire comme ça, ce n’est juste pas comme ça que je le fais. Certaines personnalités ont besoin d’être des dictateurs, autrement ça ne marche pas pour elles, mais pour moi c’est l’opposé. C’est simplement un style de leadership différent. J’ai un style collaboratif de leadership plutôt que dictatorial, c’est ce qui fonctionne pour moi.

Tous les gens qui ont été dans The Dead Daisies sont des musiciens très expérimentés avec de fortes personnalités. Est-ce que ça ne mène pas parfois à des frictions entre ces personnalités ou à des problèmes ?

Pas vraiment, parce que comme je l’ai dit, le plus important est que nous devons nous amuser à faire ça, et c’est le cas ! Ça réduit les frictions. On ne peut pas avoir de frictions, surtout quand on tourne, parce que ça peut devenir assez dur sur la route. Il y a un respect et une admiration mutuels entre les gens et, typiquement, ça permet de surmonter les frictions. Quand il y a un respect et une admiration mutuels dans un environnement collaboratif où tout le monde a son mot à dire, ça a tendance à réduire les frictions. Notre but est de nous faire plaisir et si nous nous faisons plaisir, et faisons de la super musique, alors les fans nous suivrons dans cette aventure.

Est-ce que l’expérience aide les musiciens à accepter les contributions et les idées des autres ?

Plus ils ont de l’expérience et sont sûrs d’eux, plus ils sont plus ouverts aux idées des autres. Pour moi, c’est évident.

Tu as été la seule constante dans ce groupe. J’imagine que ça doit être très enrichissant de jouer avec autant de musiciens talentueux. Comment est-ce que ça t’a affecté en tant que musicien ?

C’est très intimidant parce que ce sont tous de bien meilleurs musiciens que moi ! [Rires] Comme je l’ai dit, j’aime m’entourer de gens qui sont meilleurs que moi. Ça a élevé mon jeu et ma performance, ça m’a aidé dans ma composition. C’est bien de se reposer sur les épaules de géants [petits rires]. Parfois c’est intimidant tellement ils sont talentueux et c’est un défi pour moi. Je me suis énormément entraîné pour pouvoir jouer au niveau auquel nous jouons sur scène et je continue à m’entraîner tous les jours. J’y travaille très dur. Il est clair que ça a fait de moi un meilleur musicien ! Ça a élargi mon style. J’avais un style particulier, qui fait toujours partie de moi, hérité de tous les groupes avec lesquels j’ai joué avant. J’ai joué quand j’étais adolescent mais j’ai commencé à le faire au niveau actuel il y a seulement quinze ans. J’ai eu toute une carrière dans le business entre-temps. Je n’ai pas joué toute ma vie, donc c’est un gros défi et, encore une fois, un privilège pour moi de jouer avec ces gars.

Sur Revolución, The Dead Daisies était un sextet, puis c’est devenu un quintet sans clavier, et maintenant c’est un quatuor. Penses-tu qu’un jour ça pourrait devenir un trio ?

Non, je n’ai pas envie d’avoir un trio. Je pense qu’il faut deux guitares et une basse. Un trio guitare-basse-batterie, ce n’est tout simplement pas pour moi. J’ai été fan de trios, mais ça ne m’irait pas.

Jusqu’à présent, aucun ancien membre n’a réintégré le groupe, mais pourrait-on imaginer que ça arrive ? Pourrait-on même voir sortir un véritable album collectif avec tous les membres passés et peut-être des duos, comme entre John Corabi et Glenn Hughes ?

Tout est possible. Ce n’est pas sur l’écran radar ou au programme pour l’instant. Ce qui est sur notre écran radar aujourd’hui, c’est de pouvoir tourner et jouer cet album afin que nos fans puissent l’entendre et que nous puissions nous faire plaisir en le jouant. J’essaye de ne pas trop anticiper le futur parce que ça ne fonctionne jamais comme on le croit. Il y a trop d’inconnues, surtout aujourd’hui, donc je n’y pense même pas. Nous n’avons même pas eu l’occasion de jouer en live tous les quatre. C’est incroyablement frustrant de ne pas pouvoir jouer. Donc la prochaine étape pour nous est de voir le monde revenir à une forme de normalité, où les gens peuvent aller dans une salle et profiter de la musique. Je ne regarde pas plus loin que ça aujourd’hui.

Comment as-tu vécu la distanciation sociale ces derniers temps ?

C’est perturbant. Je ne suis pas sûr si la réponse a été la bonne, le temps dira si le confinement en valait la peine. Il y a plein de choses de second et troisième ordre qui ont découlé d’un événement de premier ordre. Le temps dira s’il y aura d’autres choses de second et troisième ordre qui se produiront, on verra. Je pense que, potentiellement, le confinement n’avait pas besoin d’être aussi sévère. La Suède a eu une réponse à la crise sanitaire, d’autres pays ont eu des réponses différentes. On verra sur le long terme quelle réponse a été la meilleure. On espère que les politiciens font du mieux qu’ils peuvent pour nous et telles sont les décisions qu’ils ont prises. Espérons qu’on pourra revenir à une forme de normalité bientôt. Les êtres humains sont des êtres sociaux. Au final, la distanciation sociale pourrait causer plus de problèmes qu’elle n’en a résolu.

« Une des choses que j’apporte à The Dead Daisies, c’est le rock australien et je le mélange au rock anglais et américain. C’est ça The Dead Daisies, c’est un assemblage de ces trois trucs. »

Durant le confinement, comme de nombreux artistes, on vous a vus rester engagés auprès des fans via les réseaux sociaux ; vous avez même réalisé une prestation acoustique d’« Unspoken ». Penses-tu que les prestations en ligne sont le futur des groupes ? Penses-tu que ça restera ?

Ça pourrait rester à un certain niveau, mais on ne peut pas remplacer un concert avec un vrai public, que ce soit pour le public ou pour les musiciens. Si tu travailles dans un bureau tous les jours, dans la finance, c’est relativement facile de travailler depuis chez toi, avec la vidéoconférence et toute la technologie. C’est très différent dans l’industrie du divertissement musical. Je pense que le plus tôt on trouvera soit un vaccin, soit un traitement, le mieux on se portera. Je ne pense pas que ça remplacera les vrais concerts.

Comment c’était de faire cette prestation acoustique ?

C’est très dur ! Quand tu es dans une pièce tout seul, avec ton iPad et un téléphone et que tu dois jouer en même temps, c’est dur. Vous verrez d’autres choses dans le genre de notre part, nous avons deux ou trois trucs sur lesquels nous sommes en train de travailler pour nos fans. C’est un défi, et les défis sont des bonnes choses.

Sur un autre sujet, non seulement tu es un rockeur, mais tu es aussi un pilote d’avion. Tu as participé à des spectacles aériens, tu es un ancien champion d’acrobatie aérienne en Australie et tu es le président et fondateur du musée d’aviation de Temora. Tu es donc très impliqué là-dedans, mais qu’est-ce qui t’est venu en premier, la musique ou les avions ?

C’était les deux. J’ai voulu être un pilote dès mes cinq ans, quand m’a mère m’avait acheté la maquette d’un petit planeur. Je vivais sur une colline très escarpée sur la côte à Sydney, il y avait toujours une brise marine l’après-midi. J’ai lancé le planeur sur la colline et je l’ai regardé planer jusqu’en bas de la colline et à partir de ce moment, j’ai voulu être un pilote. Mais en même temps, nous avions un piano à la maison, ma mère jouait du piano et j’avais pour habitude de m’asseoir au piano. Puis je me souviens d’avoir vu les Bealtes ou les Rolling Stones à la télévision en me disant : « Je vais faire ça un jour ! » Ça m’a juste pris beaucoup de temps [rires]. Ces deux choses – le planeur et le piano – sont deux souvenirs très forts de mon enfance. J’ai toujours voulu faire les deux, je voulais être un pilote et un musicien. A la place j’ai eu une longue carrière dans les affaires, mais je n’ai quand même abandonné aucune de ces deux choses. Au final, j’ai la chance aujourd’hui de pouvoir faire ça aussi.

Trouves-tu le temps de voler malgré le fait que tu es très actif avec The Dead Daisies ?

Je ne fais plus de spectacle aérien et de démonstration d’acrobatie aérienne, mais je vole partout où je vais ; dès que je voyage quelque part, je pilote moi-même l’avion. J’ai une licence de pilote de ligne, donc je pourrais travailler comme pilote de ligne si je le voulais. J’adore voler !

Un autre rockeur est connu pour sa passion pour les avions : Bruce Dickinson. En as-tu déjà parlé avec lui ?

J’ai volé avec lui ! Nous avons volé ensemble. Je l’ai emmené pour un vol dans un petit jet privé que j’ai au musée. J’avais une vidéo de ça, mais je ne sais pas où elle est passée. Je connais Bruce, nous partageons plein d’histoires sur les vols ensemble.

Pilotes-tu toi-même l’avion de The Dead Daisies en tournées comme le fait Bruce avec Iron Maiden ?

Oui. Je le fais depuis que le groupe a débuté ! Je ne pilote pas le jour d’un concert ou le lendemain d’un concert, mais si nous avons quelques jours entre deux concerts, alors je pilote.

Tu es australien, mais la plupart des membres de The Dead Daisies sont basés à Los Angeles. Je ne sais pas où tu vis aujourd’hui, mais j’imagine que tu dois souvent être à Los Angeles toi-même : ton pays ne te manque pas ?

En fait, je vis à New York, je passe très peu de temps en Australie. Bien sûr, mon pays me manque parfois, mais aujourd’hui, ma vie tourne autour de New York City, qui ces dernières semaines n’a pas été le meilleur endroit où se trouver. Ça pourrait changer à nouveau, mais actuellement ma vie est à New York et c’est là que je passe la majeure partie de mon temps. Et le groupe n’a aucun de mal à se réunir.

L’Australie est connue comme étant un grand pays rock et hard rock, avec des groupes comme AC/DC, Rose Tattoo, The Angels, etc. A quel point est-ce que ça a joué sur ton éducation en tant que guitariste et musicien ?

Enormément ! Je suis un grand fan de The Angels. J’ai d’ailleurs joué avec Doc Neeson, qui était le chanteur de The Angels. Nous avions un groupe ensemble qui s’appelait Red Phoenix. Nous avons aussi joué en tant que Doc Neeson’s Angels à un moment donné. J’ai fait quatre ou cinq concerts avec The Angels, ce qui a été un des temps forts de ma carrière musicale, quand John Brewster – l’un des fondateurs – a eu besoin d’une opération du cœur. J’ai été un énorme fan d’AC/DC. Le tout premier disque que j’ai acheté était un single d’un groupe qui s’appelait The Easybeats. C’était un groupe créé par George, le frère de Malcolm et Angus Young. J’avais dix ans, j’ai dû marcher cinq kilomètres pour rentrer chez moi parce que j’avais dépensé tout l’argent du bus pour acheter ce single. Le rock australien, c’est le rock australien, ce n’est pas américain, ce n’est pas anglais ou européen, c’est différent. Je pense qu’une des choses que j’apporte à The Dead Daisies, c’est le rock australien et je le mélange au rock anglais et américain. C’est ça The Dead Daisies, c’est un assemblage de ces trois trucs.

Interview réalisée par téléphone le 3 juin 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Emilie Bardalou.
Traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de The Dead Daisies : thedeaddaisies.com.

Acheter le single Unspoken.



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