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Interview   

The Dead Daisies : l’éveil dans la lumière


Apporter la lumière aux gens. Telle est la conception qu’a Glenn Hughes du rock ou, en tout cas, la mission qu’il s’est donnée depuis 1992 à la sortie du centre de désintoxication Betty Ford. La lumière, justement, comme son titre l’indique, est au cœur de Radiance, le nouvel album de The Dead Daisies – la lumière au sens à la fois de réconfort et d’éveil spirituel, dont le besoin se fait clairement ressentir aujourd’hui, notamment après deux années et demie de pandémie. C’est d’ailleurs durant cette dernière que l’album a été conçu, empêchant le groupe de retourner au studio La Fabrique où avait été conçu Holy Ground (2021). Radiance est en conséquence une expérience différente de son aînée, à la fois dans sa réalisation qui fut plus difficile et dans son écoute en raison de morceaux globalement plus heavy.

Glenn Hughes étant enfin remis du Covid-19 qui l’a empêché de terminer la récente tournée européenne, nous avons échangé avec lui mais aussi Doug Aldrich pour qu’ils nous parlent de leur expérience à créer Radiance, du message qu’ils souhaitent véhiculer et du renouveau qu’apporte le chanteur au groupe, autant que du renouveau qu’apporte le groupe au chanteur…

« Les groupes avaient tendance à sortir un album par an dans les années 70. Peut-être parce que ce type de musique était plus libre et qu’on n’avait pas à trop y réfléchir. Peut-être que les groupes comme nous n’avaient pas à se poser de questions pour passer à la radio ou à faire un single juste pour faire un single. »

Radio Metal : Je vous ai vus au théâtre antique de Vienne le 26 juillet dernier dans des circonstances particulières puisque, ayant contracté le Covid-19, Glenn, tu as été remplacé par Dino Jelusić et Yogi Lonich. Tout d’abord, comment te sens-tu ?

Glenn Hughes (chant & basse) : Je vais bien ! J’ai attrapé le Covid-19 à Paris fin juillet et j’ai dû rester en France jusqu’à ce que je sois guéri. Malheureusement, je n’ai pas pu poursuivre la tournée, mais maintenant je suis chez moi, je me sens bien.

Comment le groupe a-t-il vécu ça ? Ça n’a pas été compliqué de remplacer Glenn dans un délai aussi court ?

Doug Aldrich (guitare) : C’était très étrange ! Ces gars sont arrivés et ont fait du super boulot. On ne peut pas remplacer Glenn, chacun a sa propre manière de jouer et de chanter. Nous essayions juste d’assurer les concerts prévus. Nous étions à deux doigts de rentrer chez nous. C’est ainsi que ça se profilait : nous allions annuler. C’était étrange, mais nous avons réussi à faire la tournée et c’était bien que nous puissions honorer nos engagements. Nous avions plein d’amis et de fans qui avaient fait des plans pour venir nous voir, avec des hôtels, des vols, etc. Evidemment, ils auraient préféré que Glenn soit là, mais au moins, ils ont pu voir le concert, donc c’était bien.

Glenn : On m’a dit au départ que, malheureusement, la tournée allait devoir s’arrêter et l’instant d’après, finalement elle continuait. Je suis content que ç’ait été le cas, rien que pour les fans. C’était probablement mieux pour eux, mais c’était beaucoup de travail supplémentaire y parvenir.

Il y a une grande flexibilité et résilience au sein de ce groupe. Est-ce une question de mental ou d’expérience ?

Pour moi, c’est tout du mental. Il faut que ça le soit. Tu dois constamment vérifier ton mental et être prêt à réagir. Nous sommes ensemble dans cette situation et c’est un groupe très uni de gens qui ont envie de jouer pour autant de monde que possible. C’est la raison pour laquelle nous sommes là !

Le line-up du groupe a une fois de plus changé depuis Holy Ground avec le retour de Brian Tichy suite au départ de Deen Castronomo. Ces rotations font maintenant presque partie du concept de The Dead Daisies. Même si on pouvait penser que ces changements seraient déstabilisants, n’est-ce pas aussi une façon de briser la routine ? Est-ce que ça contribue à l’excitation et au sentiment de fraîcheur quand on est dans ce groupe ?

Doug : Il est clair que quand Glenn est arrivé, c’était un tout nouveau départ et c’était vraiment cool de faire quelque chose de différent. Comme tu le dis, ça maintient une forme de fraîcheur. En parlant de Brian, il est arrivé au moment parfait quand nous étions en train de parler de faire un album. Glenn et moi adorons le jeu de Brian. C’est le mec parfait pour ce groupe. Pour moi, c’est même le mec parfait pour n’importe quel groupe, mais il est arrivé et il a tout défoncé. Nous avons joué, nous avons enregistré ensemble, et je trouve que son jeu de batterie est parfait sur cet album.

Glenn : Je suis complètement d’accord. Pour moi, un groupe n’est bon qu’avec un super batteur et j’ai joué avec les meilleurs : les deux Bonham, Chad Smith, Kenny Aronoff, Steve Gadd, Ian Paice, Dave Holland, tous des batteurs absolument incroyables, et Brian Tichy en fait partie. Il est juste extraordinaire. Tous les batteurs qui jouent dans mon groupe se doivent d’être exceptionnellement orientés groove.

Vous sortez Radiance seulement un an et demi après Holy Ground : vu l’écart qu’il y a eu entre la finalisation d’Holy Ground et sa sortie, mais aussi le fait que la pandémie traînait en longueur, vous êtes-vous tout de suite remis au travail sur de nouvelles musiques ?

Doug : Pas du tout de suite. Nous avions terminé Holy Ground et nous étions prêts à le promouvoir. Il était prêt à sortir et tout a fermé. Plusieurs mois sont passés et ensuite, nous avons commencé à parler de faire quelque chose. Nous avons juste fait un peu de composition à ce moment-là, simplement pour nous occuper pendant la pandémie. Puis finalement, Holy Ground est sorti l’an dernier. Nous sommes encore en train de le promouvoir d’ailleurs, car il y a des endroits où nous n’avons pas encore joué l’album.

« L’enregistrement de ce nouvel album était très décousu. Ce n’était pas un climat facile pour moi pour faire un album. »

Glenn : Oui, ces chansons sont vraiment excellentes, donc nous voulons pouvoir en jouer autant que possible.

Doug : Nous nous apprêtions donc à aller en Europe pour soutenir Holy Ground, mais tout a été repoussé à l’été, donc nous avons décidé : « Eh bien, on a quelques chansons de prêtes. Continuons à écrire et faisons un album. »

Glenn : C’est intéressant. C’est un nouveau monde. C’est ainsi qu’il faut faire. C’est ainsi que sont les choses ! Il faut se souvenir que beaucoup de gens n’ont pas cette chance. Plein de groupes ont jeté l’éponge à cause de cette pandémie. Plein de gens ont du mal à faire des concerts. Plein de gens ont du mal à faire des albums. Donc nous sommes reconnaissants de pouvoir continuer.

Ce n’est pas la première fois que The Dead Daisies sort deux albums en moins de deux ans : c’était le cas de Make Some Noise après Revolución. C’est devenu rare de nos jours de voir des groupes aussi prolifiques, mais fut un temps, surtout dans les années 70, où c’était plus courant. Rien que toi, Glenn : à l’époque Deep Purple, tu as sorti Burn et Stormbringer la même année, puis Come Taste The Band l’année suivante, donc trois albums en deux ans. Avez-vous l’impression que les groupes de rock sont devenus fainéants avec le temps ?

Doug : Je ne sais pas si on peut dire qu’ils sont fainéants, c’est juste comme ça. Comme l’a dit Glenn, ce n’est pas facile aujourd’hui pour les groupes de se réunir et de faire ce qu’ils ont à faire. Il est clair que nous sommes très productifs et nous voulons rester occupés. Nous voulons jouer, nous voulons créer, nous voulons tourner. Je pense que nous avons le luxe de pouvoir tourner en ce moment. J’en suis assurément reconnaissant, mais tu as raison, les groupes avaient tendance à sortir un album par an dans les années 70. Peut-être que c’était plus facile dans ce temps de se réunir et d’être productif, peut-être est-ce aussi parce que ce type de musique était plus libre et qu’on n’avait pas à trop y réfléchir. Peut-être que les groupes comme nous n’avaient pas à se poser de questions pour passer à la radio ou faire un single juste pour faire un single, c’était juste : « Mettons-nous dans une pièce et jouons. » C’est ainsi que les gens faisaient des albums.

Glenn : J’avais déjà composé des chansons quelques années avant Deep Purple, mais quand tu es jeune comme ça et que tu travailles avec un groupe qui a eu un tel succès, pour moi, c’était une courbe d’apprentissage de me mettre à écrire et jouer avec ces nouvelles personnes. Nous étions tellement jeunes et il y avait tellement d’énergie que c’était une formalité d’enregistrer trois albums en deux ans. C’était relativement normal à l’époque.

Vous avez une nouvelle fois travaillé avec le producteur Ben Grosse, mais cette fois, au lieu de vous rendre dans le magnifique et paisible cadre du studio La Fabrique dans le sud de la France, vous êtes restés à Los Angeles. Êtes-vous quand même parvenus à vous immerger dans le processus comme la dernière fois ?

Doug : C’était très différent. C’était un petit peu plus difficile parce que nous devions faire la navette jusqu’au studio. Surtout Glenn, il avait un long trajet à faire tous les jours. De même, quand nous vivions dans le sud de la France, c’était très facile de se concentrer et de rester plongé dans son travail, alors que là, quand on revenait à la maison le soir, il y avait un peu plus de distractions, mais nous sommes parvenus à faire l’album.

Glenn : La Fabrique était une superbe opportunité pour vivre ensemble. Nous voulions y retourner, j’aurais adoré, mais nous ne pouvions pas voyager, nous pensions que ce serait impossible. Peut-être la prochaine fois. L’enregistrement de ce nouvel album était très décousu. David faisait les allers-retours depuis New York et moi, je vis tellement loin que j’avais trois heures de trajet pour aller au studio et en repartir. C’était difficile pour moi parce que je n’y étais que pour quelques heures et ensuite je rentrais à la maison. Nous avons enregistré les chansons avec Brian et David, puis il y a eu une période de trois semaines où Doug faisait des guitares au studio, puis j’y suis retourné pour faire du chant. Cet album a été difficile à faire. Ce n’était pas un climat facile pour moi pour faire un album. J’espère que ça ne s’entend pas dans la musique, mais je ne pense pas.

Êtes-vous parvenus à trouver l’inspiration à une période où on n’avait parfois pas le droit de sortir et de vivre à fond la vie ?

Doug : Comme partout ailleurs, il y a eu des hauts et des bas en Californie. La première fois où nous avons commencé à nous réunir en 2020, nous ne pouvions voir personne d’autre. Il n’y avait que Glenn et moi. Puis, quand nous avons commencé à écrire au début de cette année, en janvier, pour ajouter quelques chansons, c’était presque revenu à la normale. Omicron arrivait, mais c’était un peu plus normal.

« L’écriture des paroles de cet album faisait pour moi partie d’une progression spirituelle qui m’amène à aider les autres, ceux qui sont en besoin de conseils spirituels. »

Quelle est généralement la source de votre créativité ? Est-ce intérieur ou bien tirez-vous ça de l’extérieur ?

Glenn : Pas pour moi. Tout vient de l’intérieur.

Doug : C’est pareil pour moi. Je suis un musicien qui suit son feeling. Il faut que je tombe sur quelque chose qui me fasse du bien et alors je travaille dessus et j’essaye de l’emmener jusqu’à un stade où je me sens à l’aise avec l’idée de le présenter à Glenn et aux autres gars. Mais ça vient toujours de l’intérieur.

Votre son et votre riffing sur cet album, comme dans la chanson éponyme, « Kiss The Sun » ou « Cascade », sont assez heavy. Est-ce du rock lourd pour des temps lourds ?

C’est une combinaison de différentes choses. Ces riffs ont commencé avec Glenn, et tous les deux, nous les avons emmenés à un autre niveau en studio. Je trouve que globalement, c’est un album vraiment dense et heavy. Tout est très pêchu dessus. Il y a toujours des choses qui nous font dire : « Oh, j’aurais dû faire ci ou ça », mais j’en suis très content.

Glenn : Nous avons plein de trucs que vous n’avez pas entendus et qui sont vraiment géniaux. Les démos étaient extraordinaires. Nous avions tellement de choses enregistrées sur pistes que nous n’arrêtions pas d’en retirer et d’en remettre. Doug sait que « less is more » est ma philosophie, donc personnellement, j’ai beaucoup aimé faire cet album avec lui avant d’aller en studio. Quand on écoute maintenant le résultat, c’est juste différent, mais j’apprécie les démos également. Les démos de chansons comme « Not Human », « Cascade » et « Radiance » sont énormes !

Doug : Tout ça pour dire que, encore une fois, il y a toujours des choses qu’on ferait différemment avec le recul, c’est comme ça à chaque album, mais pour ma part, c’est mon album préféré de The Dead Daisies. Je le préfère à Holy Ground, qui pourtant était un super album, mais je le trouve meilleur. Je le trouve plus cohérent. Il y a aussi des chansons supplémentaires qui sont excellentes et qui ne sont pas incluses parmi les dix de l’album, mais elles vont sortir. Nous avons hâte que tout le monde découvre l’album mais aussi ces trois autres chansons que nous avons enregistrées et qui, j’espère, sortiront bientôt.

Glenn : Oui, j’espère aussi ! Il y a de super musiques que vous n’avez pas encore entendues.

J’ai parlé du côté lourd, mais d’un autre côté, l’album se termine sur « Roll On », un morceau très apaisant qui permet à l’auditeur de respirer et de quitter l’album en douceur…

Oui. C’est une chanson qui a été écrite vers la fin des sessions. Le management nous a contactés Doug et moi pour écrire quelque chose pour la radio et, pour moi, « radio » veut probablement dire quelque chose d’un peu différent de ce qu’ils avaient en tête. Pour moi, « radio » veut dire « top 50 ». Donc j’ai cherché une idée qui serait peut-être plus dans cette veine. Peut-être que j’ai compris de travers, mais je suis content que cette chanson ait trouvé sa place dans l’album.

Doug : Oui, moi aussi [rires].

Glenn : Je trouve que c’est un bon refrain commercial et un bon arrangement de cordes. Un super solo aussi. C’est très clairsemé. On y trouve un beau message et avec un peu de chance, les gens comprendront ce que nous cherchions à faire.

Doug : C’est aussi une chanson avec une super atmosphère. Elle a beaucoup d’âme.

Avez-vous toujours espoir que The Dead Daisies passe à la radio ?

On ne sait jamais !

Glenn : Ecoute, avec la façon dont les choses évoluent aujourd’hui, on ne sait jamais, mais encore une fois, cette chanson a été mise dans l’album pour l’écoute globale et peut-être pour de nouveaux fans. Mais peut-être, nous ne savons pas, c’est dur à dire ! Pour moi, quand je fais de la musique, c’est une épée à double tranchant parce que si tu connais ma carrière, je suis un rockeur, mais je m’y connais bien aussi dans le RnB, la soul et la musique plus légère. Quand je suis en train de composer, je pose toujours des questions : « Est-ce que ça va passer ? » Ces riffs sont des riffs qui vont avec ma voix, sur lesquels je peux chanter. Quand j’écris un riff, je me demande toujours : « Comment est-ce que ça va sonner ? Est-ce que ça va bien passer en live ? Est-ce que ça ne sera pas trop dense ? Est-ce que ce sera assez agressif ? » De l’autre côté de l’agressivité : « Quel genre de texte vais-je écrire ? Quel genre de mélodie ? A quel point ça sonnera dramatique ? » Je pense toujours à la forme que prendra la chanson à la fin. Je sais que c’est la bonne chose à faire parce que je suis un compositeur. Je ne réfléchis pas en termes de genre musical ou de passage à la radio. Je réfléchis juste à ce qui fonctionne pour moi en tant que compositeur. Donc avec un peu de chance, ce que je fais me convient et les gens comprennent ce que je fais.

« Quand j’étais adolescent, les paroles de John et Paul dans l’album Sgt. Pepper étaient tellement majestueuses et réconfortantes aux oreilles de ce jeune homme que je les ai portées avec moi toute ma vie. »

Dans Radiance, vous avez des chansons très positives faites pour donner de la force : « Face Your Fears », « Shine On », « Born To Fly », « Roll On », « Courageous »… Avez-vous délibérément essayé d’offrir aux gens ce dont ils avaient désespérément besoin en ces temps sombres et troublés ?

A cent pour cent. L’écriture des paroles de cet album faisait pour moi partie d’une progression spirituelle qui m’amène à aider les autres, ceux qui sont en besoin de conseils spirituels. Je ne suis pas en train de dire que vous devriez m’écouter, mais le message que j’essaye de véhiculer est que sur cette planète, on est tous en train de vivre un éveil à un moment où la cinquième dimension est très présente dans nos vies. Certains d’entre nous la comprennent, d’autres pas, mais on en fait tous l’expérience. Avec un peu de chance, on va tous s’unir et le réaliser très bientôt. Le thème des chansons, de façon générale, du début à la fin de l’album, c’est l’éveil. C’est un album curatif pour les gens qui veulent comprendre que l’on doit rester soudés. On doit surmonter toutes les peurs qu’on nous présente actuellement. En tant qu’êtres humains, on est influencés par une centaine de formes différentes de peurs illusoires, et on doit affronter ces peurs pour devenir libres. Si on n’affronte pas et ne gagne pas ce défi de la peur, on ne sera jamais libre en tant qu’être humain.

Rien que le titre, Radiance, fait référence à la lumière : est-ce ça, pour toi, la mission du rock n’ roll, combattre l’obscurité et le désespoir ?

Exactement. Dieu merci, tu comprends ces paroles car ça parle vraiment de s’élever au-dessus de la ligne d’horizon, d’émerger dans une lumière blanche immaculée après être sorti de l’obscurité où on se trouvait. On peut choisir d’y rester ou d’en sortir. En général, les personnes spirituelles comprennent qu’on est actuellement en train de vivre ce processus d’éveil.

En tant qu’auditeurs, quels ont été les albums ou les artistes qui vous ont personnellement montré la lumière dans les moments désespérés ?

Ça a toujours été [John] Lennon et [Paul] MacCartney. Je reviens aux sources. Quand j’écoute ces grands albums des années 60 et le message que John et Paul écrivaient dans leurs paroles, encore aujourd’hui, ça signifie beaucoup pour moi et, avec un peu de chance, pour d’autres gens. Quand j’étais adolescent, les paroles de John et Paul dans l’album Sgt. Pepper – et même avant – étaient tellement majestueuses et réconfortantes aux oreilles de ce jeune homme que je les ai portées avec moi toute ma vie. Le côté dramatique, la mélodicité et l’expressivité de la musique que les Beatles ont créée m’ont amené où je suis aujourd’hui. C’est le plus grand groupe et les meilleurs paroliers de tous les temps.

Doug : Pour moi, au début et au milieu des années 70, les albums de Jeff Beck étaient très importants pour moi. Evidemment, j’adore Led Zeppelin, ce groupe m’a permis de traverser pas mal de moments sombres. Gary Moore est aussi l’un de mes préférés et l’une de mes principales influences. Puis simplement la musique en général. Je veux dire que n’importe quoi venant des années 70 a été réconfortant pour moi. Qui sait ce que je serais devenu sans la musique et la guitare en général ; ma guitare elle-même m’a sauvé de tant de choses et, à la fois, elle m’a apporté énormément de joie. La musique et les instruments, j’adore !

Holy Ground parlait beaucoup de la condition humaine, et il semblerait que ce soit encore le cas de Radiance. Vous sentez-vous avant tout comme des observateurs de l’humanité ? Est-ce même ce qui définirait un artiste, d’une certaine façon ?

Je pense que ça définit en grande partie Glenn. Il écrit sur la condition humaine, c’est son truc. Je pense qu’il y a des gens qui apprécient différents types de musique, qui entendront cet album et se diront : « Ouah, c’est heavy, mais les messages sont très positifs et c’est super accrocheur. » Je ne sais pas si ça répond vraiment à ta question…

Glenn : Surtout en tant que parolier, j’ai du mal à écrire des paroles ironiques sur le sexe et ce genre de sujet. Je considère que ce n’est tout simplement pas mon boulot de faire ça. Ma responsabilité en tant qu’être spirituel, c’est en partie d’aider les gens à comprendre que nous sommes aujourd’hui en train de vivre un processus d’éveil. La plupart des gens dont j’aime écouter la musique vivent la même expérience que moi. Je veux dire que je ne suis pas tellement du genre à aimer les paroles ironiques. Il y a même des gosses qui ont dans la vingtaine aujourd’hui et qui vivent cette expérience. Quand j’avais vingt-cinq ans, je ne savais rien de l’éveil spirituel. Donc personnellement, étant une meilleure personne, j’essaye de m’encourager quotidiennement à réaliser ce qu’on est en train de vivre en ce moment même. Encore une fois, j’ai dit que la musique guérissait. Ça fait trois décennies que je le dis. Ça ne changera pas le monde, ça ne changera rien, mais il est clair que ça aidera des gens qui ont besoin que des êtres sensibles les apaisent.

« J’ai du mal à écrire des paroles ironiques sur le sexe et ce genre de sujet. Je considère que ce n’est tout simplement pas mon boulot de faire ça. Ma responsabilité en tant qu’être spirituel, c’est en partie d’aider les gens à comprendre que nous sommes aujourd’hui en train de vivre un processus d’éveil. »

Tu as parlé de progression spirituelle, quand est-ce que ça a commencé pour toi ?

Quand je suis sorti de l’hôpital et que je suis devenu sobre en 1991, ça a changé le cours de ma vie. Je suis allé au centre Betty Ford en 92 et depuis, tout ce que j’ai écrit, chaque chanson que j’ai écrite contient un message spirituel. Il est probable que vous ne l’entendiez pas, c’est du rock n’ roll, mais je parle d’entraide. Même une chanson comme « Cold » de Black Country Communion, ça parle vraiment d’amour et d’aider autrui.

Ça fait maintenant trois ans que tu as rejoint The Dead Daisies. Tu as fait plusieurs tentatives par le passé pour avoir un vrai groupe, par opposition à ton projet solo. Tu as actuellement Black Country Communion aussi, mais ce groupe n’est pas très actif à cause des emplois du temps chargés de ses membres. As-tu l’impression d’avoir trouvé la perle rare en The Dead Daisies, le groupe que tu recherchais depuis tout ce temps ?

Oui. Beaucoup de gens le pensent. Quand j’ai compris pourquoi j’étais là, comment je suis arrivé là et comment avancer, j’ai réalisé qu’il n’y avait aucune erreur au royaume de Dieu. Je suis censé être là. On est censé vivre tout ce qu’on vit, et Doug comprend ce que je raconte. On vit tout ce qu’on vit parce que c’est censé arriver. On est tous censés rester présents pendant qu’on fait ça, et être amour et faire preuve de sensibilité. Ma façon de composer et jouer est différente de celle de Marco [Mendoza] et ma façon de composer et chanter est différente de celle de John [Corabi]. Ils avaient une vision de moi, en tant que Glenn Hughes, au sein de ce groupe et ils voulaient créer quelque chose d’un peu différent. Nous n’emmenons pas le train trop loin du Dead Daisies originel, comme tu le sais, nous faisons du classic rock – nous passons encore sur les radios classic rock et nous sommes encore dans les magazines classic rock. Nous essayons de ne pas trop changer, mais il y a des aspects qui diffèrent. Si je puis dire, il y a plus de groove maintenant dans The Dead Daisies, et peut-être un côté plus dramatique, et probablement un message spirituel plus fort. Ce groupe me comble, il m’aide et il aide les autres. A un moment dans ma vie, je retournerai en solo, et je ferai un autre album avec Joe [Bonamassa], Derek [Sherinian] et Jason [Bonham], mais pour l’instant, The Dead Daisies est la seule chose qui compte.

Penses-tu que ce groupe soit comparable à ce que tu as connu avec Deep Purple, car c’était également une constellation variable de musiciens, mais aussi un groupe avec une grande alchimie ?

Oui, mais ce n’est pas aussi exigeant. Deep Purple, c’était de la pure adolescence. C’était un très jeune homme qui passait par différentes étapes de formalité avec la musique à une époque où le monde était en train de s’ouvrir à trois groupes : Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath, c’était les trois grands groupes. Quand je repense à ma vie, je suis tellement reconnaissant d’avoir survécu à tant d’aspects différents de celle-ci. Maintenant, il s’agit de rester présent, de survivre à tout ce qu’on a vécu avec la pandémie, le Covid-19, toutes les annulations, tous les gens tombés malades, et d’avoir la force de continuer à parcourir le monde et à faire ce que nous faisons.

A l’époque de Holy Ground, Doug, nous avions parlé du jeu de Glenn qui, d’après toi, est très britannique. Justement, comment s’intègre un Britannique au milieu de deux Américains et un Australien ?

Doug : Ce qui est intéressant, c’est que toutes mes plus grandes influences sont britanniques. Je joue probablement plus comme un Britannique qu’un Américain. Quand on y repense, toutes ces années à travailler avec Whitesnake, j’avais clairement ce feeling et ce son, donc on ne pense pas vraiment à ce genre de chose, à la provenance de telle personne. Glenn réside en Californie depuis les années 70, je crois. Il fait ce qu’il fait. Je suis très content des compositions que nous avons faites pour cet album. C’est très équilibré et même David Lowy a écrit des choses pour cet album.

Est-ce en partie le fait que vous ayez tous les deux cette sorte de double culture, musicalement parlant, qui fait que vous vous entendez aussi bien ?

Nous nous entendons parce que nous sommes amis, c’est la raison principale. J’apprécie le jeu de Glenn et avec un peu de chance, je fais ressortir le meilleur de lui-même. J’essaye très fort, en tout cas.

Glenn : Tu y arrives Doug, vraiment. Nous n’en parlons pas très souvent, mais je le sais – et il faut que les gens sachent que tu as cet effet sur moi – et j’espère que je fais la même chose pour toi. Le truc, c’est que vivant depuis très longtemps ici, je me sens comme un Américain, mais je sais que Doug adore les Britanniques. Il a joué avec des Britanniques et je vois ce que tu veux dire, Nicolas, mais c’est étrange. David est clairement australien, à fond. On peut le ressentir dans sa musique et dans sa manière de jouer, mais avec moi, on peut presque ressentir un côté transatlantique.

Vous avez sorti un jeu gratuit pour téléphone portable baptisé Daisys Revenge, basé sur le clip de « Bustle And Flow », et plus récemment vous avez fait un clip « meta cinematic » pour la chanson « Radiance ». Êtes-vous des gamers ou avez-vous une fascination particulière pour les mondes virtuels ?

Non ! Toutes ces trucs animés n’ont aucune importance pour moi. Je pense qu’aucun de nos fans n’apprécie ça. Peut-être qu’ils essayent d’attirer de nouveaux fans, mais personnellement, je ne regarde même pas. Je n’y connais rien. Ces idées viennent d’une équipe de gens qui travaille pour nous, mais ce sont des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord.

Ne peux-tu pas exprimer ton désaccord ?

Oh si, je l’ai exprimé ! [Rires]

Interview réalisée par téléphone le 29 août 2022 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.

Site officiel de The Dead Daisies : thedeaddaisies.com

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  • Rien à rajouter sur l’interview,par contre, je suis déçu par ce « Radiance »qui, pour moi, est bien en dessous de »Holy Ground »: hormis « Shine on », Courageous,Not Human et Roll On,je trouve le reste un peu fade, tant au niveau des riffs (très basiques !)que des solis ( minimum syndical !)et des mélodies très passe-partout…quand au tempo,il est, en général, assez moyen, dans tous les sens du terme…au final, c’est moyen,ce qui est décevant pour des musiciens de ce niveau…

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