Et encore du changement dans les rangs du super groupe The Dead Daisies, souvent qualifié de collectif pour les allers-retours incessants dans ses rangs, étiquette qu’ils aimeraient pourtant perdre pour n’être plus qu’un « groupe ». Le guitariste Richard Fortus et le claviériste Dizzy Reed s’en sont allés pour se consacrer à la réunification d’Axl Rose, Slash et Duff McKagan dans Guns N’ Roses. Mais pas de quoi déstabiliser The Dead Daisies qui à peine un an après Revolución revient avec un troisième opus gorgé d’enthousiasme. Et on comprend cet enthousiasme lorsqu’on sait que l’ex-Whitesnake et Bad Moon Rising, le classieux lead-guitariste Doug Aldrich, les a rejoint en début d’année pour apporter son cachet à la musique de la bande.
Et sa présence ne fait aucun doute dès l’entrée en matière, « Long Way To Go », à écouter pendant qu’on bouffe de l’asphalte dans l’ouest américain, qui fait monter la pression jusqu’à un refrain de véritable hit et un solo rutilant. Les guitares rugissent (le hard groovy « We All Fall Down » ou l’arena rock bien lourd de « Make Some Noise ») et couinent (le riff tricoté de « Freedom » qui contraste avec son refrain relâché), pendant que le groupe enchaîne les tubes. A commencer par sans doute le plus mémorable d’entre eux, « Song And A Prayer » où l’influence d’Aerosmith se fait largement sentir dans un refrain aux mélodies/harmonies typiques. Influence qu’on retrouve – autant dans les riffs que le chant – de façon plus marquée encore sur un « Last Time I Saw The Sun » qui swing et aurait facilement pu sortir de l’album Rocks (1976) des bad boys de Boston – certainement que le producteur et co-compositeur Marti Frederiksen, étroit collaborateur des Toxic Twins depuis la fin des années 90, n’y est pas étranger.
Il ne faut pas plus que les trois premières chansons pour comprendre que The Dead Daisies revient en feu, fort de la bonne réception dont a bénéficié son deuxième opus. Fort aussi d’un John Corabi désormais pleinement intégré qui, de son grain de voix chaud, déploie ses ailes et ne s’économise pas, comme sur un « Mainline » plein d’urgence. Sur « Join Together », où le groupe accentue le parfum sudiste de cet original de The Who qui les ferait presque passer pour Lynyrd Skynyrd, c’est la choriste Suzie McNeil qui sort l’harmonica pour répondre à la talk box d’Aldrich. Et c’est toujours dans la chaleur sudiste vintage que le groupe nous emporte avec une seconde reprise, celle du « Fortunate Son » de Creedence Clearwater Revival, infectieuse par sa bonne humeur et son énergie décuplée. En revanche, pas de clavier, pas de percussion cubaine, pas même une seule ballade à l’horizon, le groupe a pris le parti d’un album de rock n’ roll brut, bruyant comme le veut son titre, où les guitares sont reines.
Ce qui est sûr à l’écoute de ce Make Some Noise, c’est que The Dead Daisies se bonifie au fil des albums et prend du caractère, ce que certainement Corabi a apporté avec lui l’an passé et qu’Aldrich apporte à son tour cette fois-ci. Et si le groupe continue sur cette lancée, non seulement ils auront transcendé leur statut, souvent à double tranchant, de super groupe, mais faisons le pari peut-être pas si fou qu’ils seront la prochaine fois en mesure de sortir un incontournable dans un genre où il devient pourtant difficile de rivaliser avec l’héritage, car ils n’en sont cette fois pas passés loin.
Chanson « Last Time I Saw The Sun » en écoute :
Chanson « Join Together » en écoute :
Chanson « Make Some Noise » en écoute :
Clip vidéo de la chanson « Long Way To Go » :
Album Make Some Noise, sortie le 5 août 2016 via SPV. Disponible à l’achat ici.
« Et si le groupe continue sur cette lancée, non seulement ils auront transcendé leur statut, souvent à double tranchant, de super groupe, mais faisons le pari peut-être pas si fou qu’ils seront la prochaine fois en mesure de sortir un incontournable dans un genre où il devient pourtant difficile de rivaliser avec l’héritage, car ils n’en sont cette fois pas passés loin. »
Les goûts et les couleurs… Pas loin d’un incontournable, non. Très loin même. Je refuse un disque incontournable avec ne serait-ce qu’une reprise pour commencer. Alors 2…
J’ai été déçu. C’est pas nul, mais c’est loin d’être une claque comme Revolucion. Ca manque d’ambiance, de variation par rapport au précédent. Du rock brut comme tu l’as dit. Je pense, et je peux comprendre que le groupe a voulu battre le fer (de son succès mérité avec « revolucion » – et si celui-ci était déjà leur incontournable ?) tant qu’il était chaud.
Pour le prochain, j’espère qu’ils prendront plus de temps.
Pour finir, « song and a prayer » est juste de toute beauté. Elle a intérêt à intégrer la setlist 🙂
Eh bien tu vois, Revolucion, j’avais trouvé l’album sympas mais pas plus que ça. Le plaisir était surtout dans le fait de retrouver Corabi mais ça manquait de chansons fortes pour moi. Alors que là, je prend vraiment beaucoup de plaisir et les mélodies/riffs me restent vraiment en tête, et je trouve globalement le jeu/chant un cran au dessus. Mais comme tu dis, les goûts et les couleurs. La musique c’est une question de toucher une corde sensible, parfois ça le fait pour les uns et pas pour les autres, et on peut expliquer et y mettre tous les mots qu’on veut, ça n’y changera rien.
Pour le coup des reprises, je peux te citer pas mal d’albums incontournables qui en contiennent une : Coroner – Mental Vortex, Faith No More – The Real Thing, Guns N’ Roses – Use Your Illusion 1 & 2, Jimi Hendrix – Are Experienced, Mötley Crüe – Shout At The Devil, Pantera – Far Beyond Driven, Type O Negative – October Rust, W.A.S.P. – The Headless Children… 😉
longue vie à ce groupe c’est du tout bon sur scène…..