Quelques semaines après le tragique incendie de l’Elysée Montmartre devait avoir lieu le très attendu Paris Extreme Fest II, avec en tête d’affiche Devin Townsend. Vous pouvez donc imaginer la déception des fans suite à l’annonce de l’annulation de cet événement, l’occasion de voir cet artiste que l’on associe souvent à l’adjectif « génial » étant assez rare dans notre contrée.
Heureusement, les divinités du metal ont réparé leur erreur et ont permis à Hevy Devy de revenir parmi les nôtres pour un moment réellement magique bien que se tenant dans une salle moins prestigieuse : la Maroquinerie. On y découvrira un Townsend à l’humour absolument délirant et sans limites, respirant la joie de vivre et prenant tous les clichés du metal (et présupposés de la scène) à rebours. Par-dessus tout, nous avons eu droit à une première partie mythique, puisque Devin Townsend a joué lui-même en version acoustique !
Artiste : The Devin Townsend Project
Date : 12 juin 2011
Lieu : Paris
Salle : La Maroquinerie
En effet, après avoir observé la scène occupée seulement par un tabouret sur lequel trônait la marionnette de Ziltoid, Devin Townsend fait son apparition en toute simplicité. Arrivant comme si de rien n’était vers le micro pour nous saluer, bien entendu sous un tonnerre d’applaudissements. Et tandis qu’il commence à nous dire « je vais vous expliquer ce qui va se passer », certains membres du public commencent à se demander s’il y a eu un problème de dernière minute poussant le frontman à venir annoncer l’annulation du concert.
« Alors, l’Elysée a cramé, c’est con hein ? Du coup, on avait quand même envie de venir jouer ici, mais comme on n’avait pas de première partie sous la main, on s’est dit qu’on allait quand même le faire, avec moi en première partie » déclare l’artiste le plus naturellement du monde, comme s’il participait à une discussion autour du feu avec un petit groupe d’amis. Et pendant qu’il prend sa guitare acoustique et commence à jouer quelques notes, il continue de parler tranquillement à l’assistance avec une décontraction, une spontanéité jamais observée durant un concert de metal. Devin Townsend finissant par entamer son premier morceau en demandant à son guitar-tech : « Dis-moi, tu peux virer Ziltoid, s’il te plaît ? Il perturbe un peu mon espace vital, là ».
Le public de la Maroquinerie observera ébahi ce musicien seul sur scène, muni seulement d’une guitare, et le silence sera tellement intense que l’homme aurait pu jouer sans sonorisation particulière, purement en acoustique, et nous l’aurions tout de même parfaitement entendu. De nombreux artistes anglophones semblent supposer que le public français ne parle pas anglais, et ne pipent mot pendant leurs concerts, mais avec Devin c’est tout le contraire car l’homme semble prendre un réel plaisir à partager avec son public, à se tourner lui-même en dérision ou à constamment faire des commentaires sur les morceaux. « Imaginez-ça chanté par un chœur de jolies jeunes femmes » dit-il par exemple après être monté dans son registre aigu sur un passage, suivi de « ici, il devrait y avoir un crescendo d’instruments symphoniques ».
Il provoquera même quelques éclats de rires lorsqu’il attaquera un couplet sur une fausse note, avant de recommencer sur la bonne, et de dire « chuuuut » aux spectateurs lui faisant remarquer son erreur. « Vous aurez du metal ce soir, mais pas tout de suite. Pour l’instant on est en mode ‘Devin Introspectif’ ». Après de fabuleuses interprétations des morceaux « Sister » et surtout « Ih-Ah! » Devin nous confiera malicieusement : « Je reviens avec le groupe dans une petite demi-heure, mais on va essayer de faire une entrée grandiloquente, donc faites comme si vous ne m’avez jamais vu !».
Mais rien n’aurait pu nous préparer à ce qui allait suivre, en particulier pendant l’entracte !
Devin Townsend est un astre qui repousse les frontières du réel. En effet, un artiste qui a l’outrecuidance de balancer une bande sonore où le musicien lui-même incarne un DJ qui propose des morceaux entiers de Beyoncé ou Aqua est un acte éminemment original… et diablement culte. Eh oui, c’est un fait : il faut absolument préciser que les titres étaient diffusés en intégralité car un fan de metal qui doit subir pendant quatre minutes des chansons de pop/dance, c’est forcément un grand moment ! Même si les groupes diffusés se faisaient siffler (on ne se refait pas…), ce sont surtout les sourires du public que l’on retiendra à ce moment et durant l’intégralité de ce show hors-norme qui verra pour la première fois le titre « Stand », tiré de l’album Deconstruction, interprété sur scène.
Ce set ne peut pas être raconté en détails car le public a vécu trop de choses. Avec Devin Townsend, il peut y avoir dix événements en dix secondes, alors que dire ? Eh bien, que l’atmosphère dégagée par ce concert était particulièrement chaleureuse, que l’attitude scénique de Devin Townsend est faite de grimaces, de sourires, de blagues toujours bien senties et que ce groupe en live peut vous balancer de la musique hyper agressive (« Color Your World ») mais vous faire vibrer d’une autre manière, dans le moment suivant, avec un morceau aussi calme et beau que « Deep Peace ». Une interprétation parfaite de ce titre qui montre d’ailleurs que Devin Townsend est aussi, il faut le rappeler, un guitariste exceptionnel. Notons que, sur ce titre, ses collègues bassiste et guitariste s’éclipseront pour laisser le maestro subjugué seul le public.
Quand Devin Townsend joue live, on a l’impression que son mouvement caractéristique de la droite vers la gauche le projette à chaque instant dans la foule. De plus, tout est jeu avec le public et un simple regard ou une mimique originale de Devin peut faire rire et/ou engendrer une réaction de l’audience. C’est un vrai showman. Ainsi la lumière qui insiste à plusieurs reprises sur le visage plein de grimaces de Devin sur le formidable « Truth » est un bon indicateur des facéties du staff de The Devin Townsend Project. D’ailleurs, Devin n’omettra pas de présenter tous ceux qui l’accompagnent à la technique (ingé-lumière, technicien, etc.) dans ses pérégrinations live et qui participent à rendre ce show théâtral complètement unique.
The Devin Townsend Project est donc une grande famille. Le public en fait bien sûr partie et restera ultra-concentré sur le set acoustique avant de se déchaîner pendant la prestation électrique. Des membres de l’audience ayant même la chance de monter sur scène avec le groupe pour le quatrième et ultime rappel, « Bend It Like Bender! ». Un rappel qui avait d’ailleurs été anticipé de la sorte par Devin : « Bon, on part mais ne vous inquiétez pas, on revient tout de suite ! » en parodiant dans la foulée une sortie de scène où l’artiste part en coulisses hyper concerné et le visage fermé en ayant la volonté de faire croire que c’est vraiment la dernière chanson. C’est ça Devin Townsend live : l’art de la parodie, de la caricature et du détournement des codes du metal et de la musique en générale. Oui, Devin Townsend live c’est avant tout la victoire du contre-pied.
Hier soir à Paris, le groupe The Devin Townsend Project a donné devant 500 personnes une leçon de musique, d’humanité et de vie. Tout cela véritablement incarné par l’attraction Devin Townsend qui constitue une figure emblématique et indispensable de notre style musical fétiche. Lorsque l’on a conscience des épreuves traversées par ce musicien ayant connu une grosse déprime par le passé, ce concert exceptionnel restera une preuve que la joie du partage avec ses semblables est l’un des piliers importants de nos vies respectives. Un socle fondamental qui permet de mieux savourer sa propre existence en sortant de ses tourments.
Devin Townsend est un messie musical venu sur Terre pour apporter du bonheur aux disciples que nous sommes.
Nous pouvons donc vraiment lui dire MERCI pour cette ode à la vie.
Set acoustique :
Coast
Terminal
Fall
Solar Winds
Sister
Ih-Ah!
Set électrique :
Supercrush!
Kingdom
Stand
Juular
Deadhead
Truth
OM
By Your Command Life
Gaia
Bad Devil
Rappels :
Color Your World
The Greys
Deep Peace
Rappel 2 :
Bend It Like Bender!
Live report set acoustique : Stan
Live report set électrique : Doc’
Photos : Julien Pérez
Il y a des rencontres qui ont un impact direct sur votre vie. C’est mon cas avec Devin Townsend à Montréal le 14 décembre dernier. Prochainement ici, sur Radio Metal 😉
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Vu Mister Devin aux Metallurgicales ce samedi — RIP P ROY — et le clou du set reste le morceau « Hearth (fuckin’) Day » …Downsend mi-rocker mi- « (the)Joker », avec ses mimiques de clown blanc…son trop feutré comme l’a noté l’ami Olivier, mais une véritable (space) communion avec le public!
ps1: petit message: dis Monsieur Metallugical’, quand tu vas occulter les fenêtres de la salle pour ambiance/setlights? on compte sur toi pour 2012!
ps2: Hell fest à nouveau dans mon c…, boulot oblige…grrr!!
aurais bien revu Scorpions, moi…
ps3(lol): 9/10 à Radio Métal, avec 1 question: problème de décalage entre affichage « icônes » et groupe/morceau passé: help!…
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Oui moment magique ! Il manque juste Life dans votre playlist !
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bouuuuuuuuuu je pleurs à lire le résumé du concert…. moi qui est loupé l’élysée et qui est appris que trop tardivement la date à la maro. Dieu m’a puni, j’en suis sur !!! Bonheur à ceux qui ont pu participé à ce show
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Je confirme que ce concert était hors du temps. Ayant fait quelques 600 km pour voir ce concert, oh que je ne fût pas déçu, ce live report dit tout, même si au final, on ne peut absolument pas retranscrire ce qui se passe dans un concert de devin townsend. Ayant vu vraiment de nombreux artistes live, je n’avais jamais autant décollé que sur deadhead, waaaaaaah, litéralement sidérant, et d’une varition sidérante au niveau de la brutalité/douceur. Ce concert a intégré mon top 3, et haut la main, à quand le retour???
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C’est exactement ça: un concert impossible à retranscrire dans un live report. Rien qu’en faisant le report sur la partie acoustique j’étais tenté de raconter tout ce qu’il a dit, mais il n’arrête pas de parler, et il n’y a pas que ce qu’il dit, il y a ce qu’il fait, et surtout la maîtrise qu’il a des réactions du public
Aucune news sur les Metallurgicales de Denain ce samedi 11 juin, dans la ville de feu Patrick Roy? DTP y était aussi.
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