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Live Report   

The Dillinger Escape Plan, un dernier saut dans la folie


Ils nous ont sorti des albums rapides, incompréhensibles, punk, techniques, déstructurés… et c’est désormais fini. The Dillinger Escape Plan a décidé au terme d’une dernière grande tournée de mettre fin à leur carrière. En 2016, on a eu le droit à Dissociation, l’album studio pour nous dire au revoir, mais nous faisant quémander encore plus.

Le concert parisien devait avoir lieu le 1er mars mais suite au grave accident de bus du groupe, il a dû être reporté. Quand ? Le lendemain du Hellfest. On a quitté le Hellfest 2017 avec eux, il est temps de finir ce qu’ils ont commencé en festival et de nous achever en salle. Car ce que nous avons vu d’eux au Hellfest n’était qu’un échantillon. Le public bien que motivé pâtissait d’une certaine fatigue, ce qui est normal après trois jours de festival intense. En outre, le groupe ne venait pas dans le public, la « seule » excentricité de leur set est qu’en fin de concert ils se sont décidés à exploser la batterie. Cette fois-ci sans barrières, nous attendons au plus proche du groupe qui devrait nous achever une bonne fois pour toute.

Artistes : The Dillinger Escape PlanWarsawwarsawGod Mother
Date : 19 juin 2017
Salle : Le Trabendo
Ville : Paris [75]

Mais commençons par les premières parties du soir. God Mother ouvre le bal de manière singulière. Même si tout le monde n’est pas encore bien présent dans la salle, le groupe se chargera de trouver la connexion entre le public et la scène. Dès les premiers accords le chanteur sautera dans la salle encore assez vide et partira à la rencontre de tout le monde pour chanter près d’eux. À monter sur les enceintes et à mosher avec quelques personnes, le frontman brise la timidité habituelle d’un public de première partie. Et ça marche ! On trouvera une personne dans la foule prête à donner sa rage dès le début et à partir dans tous les sens, permettant de faire émerger ce sentiment de folie. Témoin de cette participation si franche du chanteur, le public est sous le charme très vite et se rapproche petit à petit de la scène. Avec des mots écrits sur une feuille de papier, le chanteur va essayer de nous parler en français pour nous remercier et nous diriger par la suite vers son merchandising. On apprécie l’effort, mais pas besoin de cela pour que l’on remarque le groupe. Que ce soit musicalement ou scéniquement, God Mother a tout pour faire bouger les foules. Un élan de violence et d’énergie pure, rien de mieux pour nous préparer à la suite.

Setlist God Mother (sous réserve) :

Oväld
Blodfors
By The Millions
Ophiuchus
Tar Mirror
Carve Them
De Ovälkomna
Weak
Between Voids
Eyes Bleached

On continue avec cette fois-ci un groupe français. Là où God Mother nous a apporté l’énergie et la violence de The Dillinger Escape Plan, Warsawwarsaw nous livre son esprit musical. Un duo guitare-batterie aux morceaux courts et à la musicalité mathcore, allant parfaitement avec la tête d’affiche. Bien que le set soit plus calme que celui que l’on vient de voir, il est musicalement plus intéressant, ainsi que visuellement car God Mother ne brillait pas par la technique. Warsawwarsaw profite de jeux de lumières de grande qualité, nous changeant des habituelles premières parties pauvres en ambiances lumineuses. Avec un batteur de grand talent, on profite véritablement du groupe, en dépit de cette même personne qui pendant God Mother voulait pousser tout le monde dans la fosse et se jetait sur les enceintes du groupe pour headbanger. Warsawwarsaw n’oublie pas de remercier le groupe de l’emmener en tournée avec eux, une véritable aubaine en effet pour que les fans puissent retrouver un son avec lequel ils sont déjà familiers. Peut-être la continuité musicale de The Dillinger Escape Plan.

Setlist Warsawwarsaw (sous réserve) :

Nipplesin
Legacide
Carbon Date Rape
Freestrator
Woodcloth
Eyewound
Jahiliya
Vanity Crest
Undressed to Kill
Spray for Salvation
Slumber Attendant
Listen Silent
Celestial Blackeye
Deaf Ignition
Hollow Cost
Hell’s Angles

La date est complète et attendue depuis mars dernier. Certains reviennent tout juste du Hellfest et n’en ont pas fini. La salle est bondée et impatiente d’accueillir cette ultime date parisienne. Les lumières se coupent, et les projecteurs sur scène nous lancent une intense lumière bleue stroboscopique. Difficile à ce moment-là de conserver le regard fixé sur la scène. Dans cet univers très sombre, les membres du groupe arrivent progressivement et se lancent sur « Prancer », le premier titre de One Of Us Is the Killer. Alors dès le début la foule perd tout contrôle et se lance dans une série de slams, ayant comme seul but de provoquer le plus grand chaos que le Trabendo ait connu ; on peut sûrement avancer que c’est effectivement le cas. Même ceux ne participant pas au chaos de la fosse suent à grosses gouttes dès les trois premiers titres : nous sommes loin du plein air de Clisson. Ici, on doit mériter son concert et son défouloir. On s’attendait à une telle anarchie aussi bien dans la foule que sur scène. Le chanteur monte sur les enceintes des côtés de cette dernière, un des guitaristes slame dans la foule tandis que l’autre monte sur ses amplis pour ensuite sauter et se désarticuler. Un chanteur qui s’exercera également très près de la foule, mentionnons évidemment les nombreuses personnes qui termineront leurs slams sur la scène, se jetant à nouveau tout de suite après. Une musique à la fois technique, chaotique, rageante, enivrante et unique, qui ne pouvait provoquer qu’un tel engouement.

Le groupe a pris de plus en plus de place sur cette scène mathcore si discrète. Connu pour ses prestations live uniques, on regrette que le groupe ait décidé de se séparer. Cette setlist de dernière tournée faisait évidemment office d’un grand best-of, avec évidemment « Milk Lizard », « One Of Us Is The Killer » et « Farewell, Mona Lisa ». Sans oublier les titres de leur excellent dernier album tel que « Symptom Of Terminal Illness », « Surrogate » ou encore « Limerent Death ». Le concert terminera sur deux anciens titres du groupe : « The Mullet Burden » et « 43% Burnt » venant, respectivement, de l’EP Under The Running Board et leur premier album Calculating Infinity.

Une salle très sombre et à fortes nuances de bleus avec les habituels stroboscopes du groupe appuyant l’aspect intense de leur musique, nous plongeant dans une expérience unique de concert. On est habitués des concerts, de la musique, des foules en folie, mais The Dillinger Escape Plan est un cas unique. On a rarement vu un public si concerné par un groupe, connaissant par cœur et chantant les paroles des morceaux pourtant difficilement compréhensibles. À mi-chemin entre le punk et le progressif en passant par le core : une musique tout ce qu’il y a de plus expérimentale et saisissante. Pourtant nombreux sont ceux ne pouvant y accrocher, ayant fait l’impasse sur le groupe sans remettre en cause ni leur talent, ni leur importance chez les fans. Leur départ de la scène et du studio sera amèrement remarqué chez les amateurs du genre.

Cela faisait du bien de voir le Trabendo rempli une dernière fois pour dire au revoir à ce groupe. Dans un dernier élan d’énergie, de rage et de sueur, les américains partent en laissant ce qu’il faut retenir d’eux. Un groupe fort, violent, et impulsif. On ne sait jamais vraiment ce que cette bande va nous proposer durant le concert. En regardant le sol de la salle après le concert, on pourrait presque nager tellement la sueur a coulé cette nuit. Toute la salle est épuisée et a du mal à se remettre de ses émotions. C’est comme ça qu’un groupe doit quitter la scène, en nous laissant un dernier album fabuleux et une dernière prestation inoubliable. Un dernier effort pour le groupe comme pour le public, tous deux déchaînés. Les derniers slams, les derniers cris, les derniers applaudissements. Comme ils le disent si bien dans leur morceau : « nothing to forget ».

Setlist The DIllinger Escape Plan :

Prancer
When I Lost My Bet
Panasonic Youth
Black Bubblegum
Symptom of Terminal Illness
Milk Lizard
Surrogate
Nothing To Forget
One of Us Is the Killer
Good Neighbor
Farewell, Mona Lisa
Sunshine the Werewolf
Limerent Death
The Mullet Burden
43% Turnt

Texte et photos : Matthis Van der meulen



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