Stabbing Westward vit encore ! Certains d’entre vous se souviennent peut-être encore de ce groupe industriel estampillé « nineties ». Certes, il possédait une aura plus confidentielle que les gros poissons américains que sont Nine Inch Nails ou Ministry, il aura pour autant assurément réussi à marquer les esprits de tous ceux qui ont pu croiser le chemin de sa musique. Trois albums essentiels voire référentiels et un dernier un peu à part mais non dénué de qualité, et le groupe était fini. Rideau. Ou pas tout à fait. Car l’histoire continue immédiatement après, dès 2002, avec The Dreaming fondé par le chanteur Christopher Hall, même si le groupe prend son temps avant de décoller et se démarque tout de suite en prenant la voie d’un rock alternatif plus léché et « consensuel » mais tout aussi addictif. Deux albums avec lesquels Hall prouve qu’il n’a pas son pareil pour proposer des mélodies grisantes, puis aujourd’hui ce nouvel opus Rise Again, au nom évocateur à certains égards.
Avec l’arrivée en 2014 du clavier Walter Flakus, ou plutôt son retour aux côtés de Christopher Hall, le binôme fondateur de Stabbing Westward est à nouveau réuni. Et autant dire que la patte de Flakus se fait immédiatement sentir sur le single en ouverture d’album, « Alone », où The Dreaming (re)trouve des sonorités industrielles plus marquées et soignées. Exit les sucreries quasi écœurantes (mais qui faisaient aussi sa force) de l’album Puppet ? Pas tout à fait, mais elles trouvent ici leur contrepoids dans ces teintes un peu plus froides et amères. En réalité, Rise Again se fait le témoin de l’équilibre entre les deux anciens compères de Stabbing Westward, comme sur « Kisses Taste Like Death » où les refrains perçants et lumineux portés par Hall trouvent leur antithèse dans des riffs indus acides.
L’alchimie est là, mais si on se délecte du travail électronique dont bénéficie Rise Again, de ses beats entraînants (« Rise Again » qui pourra évoquer Rammstein) mais rarement envahissants et de ses riffs qui savent se faire désirer mais arrivent toujours au moment opportun (« Empty Promises » qui s’emballe soudainement aux deux tiers), on apprend vite à ne pas juste s’attendre à un album de Stabbing Westward déguisé. Car les composantes essentielles de The Dreaming restent proéminentes : ces refrains répétés à l’envi qui portent chaque morceau, cette voix omniprésente aux respirations suaves et au timbre entêtant, ces constructions relativement évidentes en trois ou quatre minutes chrono… The Dreaming a, à ce titre, tout pour exploser dans des sphères plus larges, c’est d’ailleurs à se demander comment il peut encore se faire aussi discret aujourd’hui.
Nostalgiques de Stabbing Westward, c’est peut-être là l’occasion de s’intéresser à l’œuvre de l’ « après » de Christopher Hall. Mais c’est surtout l’occasion pour tous de découvrir un groupe qui, en faisant le choix d’aller à l’essentiel et d’une forme de simplicité élégante, ne manque pas de pouvoir de séduction.
Ecouter l’album en intégralité et regarder le clip de « Alone » :
Album Rise Again, sorti le 10 février 2015 chez Metropolis Records.