L’affiche du concert annonce « Anneke Van Giersbergen présente The Gentle Storm ». Même si le nom de la chanteuse est inscrit en plus petit que le nom du projet mené avec Arjen Anthony Lucassen (avec laquelle la chanteuse a déjà collaboré sur Ayreon), la présentation pourrait laisser croire à une opération solo. Point du tout ! Ce soir, c’est bel et bien à une prestation d’un groupe à laquelle nous assisterons.
L’unique album à ce jour de The Gentle Storm, The Diary, présente les mêmes titres dans une interprétation acoustique et une électrique. D’où l’idée de tempête douce. Idée que nous retrouverons live avec un passage acoustique plutôt naturel et réussi, le premier expliquant le second. Mais n’en dévoilons pas plus et laissons Stream Of Passion ouvrir la soirée.
Artistes : The Gentle Storm – Stream Of Passion
Date : 22 Avril 2015
Salle : Divan du Monde
Ville : Paris [75]
Stream Of Passion est une formation hollandaise oeuvrant dans le metal symphonique et progressif qui, mine de rien, possède déjà quatre albums à son actif. Leur dernier opus en date, A War Of Our Own, fournira la majorité des titres joués ce soir. Les Hollandais démarrent à 19H40 et l’arrivée des musiciens est applaudie par le public. Marcela Bovio, la chanteuse, arrive un peu après ses musiciens et le groupe lance ‘Monster’. La formation est d’entrée de jeu dans son sujet comme le prouve Stephan Schultz, guitariste, qui se poste directement sur les retours, au plus près du public mais aussi le bassiste Johan van Stratum qui, avec ses dreadlocks très visuels, impose son physique.
Avant ‘The Curse’, Marcela communique avec le public et s’excuse de la qualité de son français. Le public est charmé, indulgent. Marcela, dans sa petite robe noire est effectivement charmante. Et même si pour l’instant, la musique est sympathique sans pour autant révolutionner le genre, la voix de la chanteuse l’impose largement indépendamment de sa tenue vestimentaire. Sur ‘Deceiver’, titre du premier album, le public montre son soutien par ses applaudissements. Ce morceau bien plus intéressant que les précédents, offrira l’occasion à Marcela de jouer du violon. A part un peu de fantaisie visuelle, l’apport de l’instrument n’est pas d’une évidence transcendante.
‘Exile’ continue dans la force avec son introduction musclée et permet d’apprécier le chant, puissant, proprement posé. Son final au piano caresse agréablement les oreilles. Il est amusant sur ce passage de voir les autres musiciens regarder jouer le clavier, très attentifs, presque bienveillants. Le titre est salué par le public qui tombe sous le charme du groupe. Il faut dire qu’il y a du cœur dans la prestation, une réelle conviction et une belle émotion dans le chant de Marcela. Leur reprise de ‘Street Spirit’ de Radiohead est particulièrement intéressante. Bien exécutée, elle propose une relecture d’un morceau en dehors de l’univers metal. Plutôt audacieux, non ?
En cinquante minutes, le groupe aura eu le temps de s’exprimer ce qui n’est pas toujours le cas d’une première partie souvent contrainte à trente minutes. Et de réussir haut la main le job attendu d’une première partie. Le public aura apprécié, attentif et calme, sans secousses, ce que les Hollandais auront proposé.
Le changement de plateau s’opère et l’on peut voir les musiciens de Stream Of Passion mettre la main à la patte, participant activement au rangement de leur matériel. Merel Bechtold, la jeune guitariste de The Gentle Storm semble rencontrer des difficultés pour régler son instrument. Johan van Stratum, le bassiste de Stream Of Passion la dépannera d’une pile, signe d’une certaine solidarité entre les groupes qui jouent ce soir.
‘Endless Sea’ ouvre le concert de The Gentle Storm avec Anneke qui se présente tout d’abord seule sur scène, a cappella. Démarrage tout en douceur donc qui ne dure qu’un instant puisque le groupe rejoint la chanteuse. ‘Heart Of Amsterdam’ qui suit offre l’occasion d’une belle joute guitare clavier tandis que ‘Brightest Light’, de toute beauté, est enchaîné, nous offrant de son côté un duo de voix féminine qui porte le morceau. En effet, la choriste du combo accompagne Anneke sur ce morceau. Et vous la connaissez déjà puisqu’il s’agit de Marcela, chanteuse du groupe précédent. Autre musicien à être dans les deux formations, Johan van Stratum, bassiste. Ce mélange explique peut-être la belle complicité que l’on perçoit entre les musiciens, tout sourire.
« How do you like these guys ? » demande Anneke au public, parlant du reste du groupe. « Let’s rock! » lance-t-elle avant que la formation n’attaque l’énervé ‘The Storm’. Les spectateurs apprécient, applaudissant avec force, spectateurs qui participent très activement à l’ambiance de la soirée, répondant à chaque sollicitation. ‘Eleanor’ pièce plus progressive truffée de « breaks » offre une première ouverture sur la discographie de The Gathering, titre sur lequel la chanteuse laissera les musiciens seuls un moment pour un passage instrumental. Mais l’album The Diary revient vite avec la très belle chanson ‘New Horizons’ et sa superbe voix. Et même si l’album de The Gentle Storm se taillera une belle part dans la liste des morceaux joués, la carrière d’Anneke sera largement explorée, avec ce titre de The Gathering mais aussi avec d’autres extraits de sa collaboration avec Ayreon.
Il est temps pour le groupe de quitter la scène. Non, la pause rappel n’est pas déjà là ! Bien au contraire, le concert est loin d’être terminé comme Anneke revient seule, guitare acoustique sous le bras, changée. La Hollandaise revêtait un haut rouge, elle est désormais tout de noir vêtue. Pour donner plus de solennité et de tenue au passage plus calme proposé aux fans ? En tout cas, cette mise en scène soignée n’instaure aucune distance avec les spectateurs. Anneke dégage une convivialité agréable, joue avec les réflexions du public – « j’ai dit chanter pas crier » dira-t-elle en entendant le hurlement d’un fan après avoir invité la salle à chanter avec elle. Avant d’entamer ‘Wish You Were Here’ des Pink Floyd, elle précise que ce moment est privilégié, « juste entre vous et moi ». Très décontractée, elle s’amusera de se tromper sur la fin du morceau. Les spectateurs s’en amusent eux aussi, bien évidemment, et saluent avec force ce premier titre acoustique.
Le calme continue avec les prochains morceaux qui se présentent sous différentes formes : piano et voix, avec final où Marcela rejoint Anneke ou piano et guitare ou encore avec deux belles voix de concert comme sur ‘Valley Of The Queens’.
Le groupe quitte à nouveau la scène et des bandes introduisent le prochain titre – les bandes devraient être interdites en live ; elles cassent une belle énergie ! Ceci dit, le beau ‘Cape Of Storm’ remet pêche et électricité dans le Divan du Monde. Le public est vraiment chaud, applaudissant, participant à la réussite de cette soirée et augmentant la température chaude de la salle. La chanteuse, à nouveau vêtue d’un haut rouge, apprécie et remarque que la réaction du public est toujours bonne à Paris. « And you know who else is good? This band, the best metal player in Holland!” continue-t-elle rendant un bel hommage aux musiciens que le public ovationne. “Another Ayreon song?” harangue-t-elle le public. Sur cette autre chanson piochée dans la discographie d’Ayreon, Joost van den Broek, le clavier aura le droit à son solo, comme Ed Warby avait eu le droit au sien précédemment. Aucun doute, ce groupe a une force collective, n’oublie pas de mettre en valeur les musiciens, comme lorsque Anneke présente sa guitariste. Et demande d’applaudir Stream Of Passion.
A propos de guitare, les spectateurs accueillent avec force d’applaudissements la grosse guitare qui démarre ‘Strange Machines’, second titre de The Gathering joué ce soir. Quelle énergie ! Quelle voix ! Ce titre est définitivement plus heavy et le groupe y déploie toute sa puissance. Quelle sensation de voir tous les musiciens sur le devant de la scène headbanguer comme des furieux ! Le public applaudit à l’unanimité ! Et il a bigrement raison ! « Shall we do one more? » demande Anneke, très communicative. “We have to get out in the streets to eat kebab!” plaisante-t-elle avant que le morceau ‘Isis And Osiris’ ne change d’ambiance et que la pause rappel intervienne vraiment.
Les membres du groupe reviennent les uns après les autres, sans protocole particulier, et Anneke entonne spontanément les paroles « isn’t she lovely? » de Stevie Wonder comme Marcela rentre sur scène. Belle preuve de complicité, de respect. A saluer. C’est dans tous les cas très agréable à vivre. « One more? The kebab can wait » précise la chanteuse avant que l’ultra puissant ‘Fall Out’ issu de la discographie de Devin Townsend ne démarre les rappels. Rappels qui prouvent s’il en était encore besoin l’entente et le partage qui règnent dans le groupe – Marcela chantera seule une partie du morceau par exemple. Evidemment Anneke est au centre de l’histoire, inévitablement du fait de sa notoriété, mais sur scène, une vraie complicité se ressent. Pour preuve les regards échangés entre Marcela et Ferry Duijsens pendant le dernier titre, ‘Shores Of India’ qui conclut une belle heure et demi de concert avec sa très haute teneur épique.
Il est manifestement des tempêtes dans lesquelles il est agréable d’être embarqué. The Gentle Storm en fait partie. Ce groupe se donne à fond avec des musiciens dont on sent le plaisir d’être sur scène, à partager entre eux, avec les fans, démontrant une belle unité saluée à juste titre par des fans ravis de cette soirée.
Set List Stream Of Passion :
Monster
A War Of Our own
The Curse
Deceiver
Exile
Don’t Let Go
Street Spirit (reprise RadioHead)
In The End
Haunted
Set List The Gentle Storm :
Endless Sea
Heart Of Amsterdam
Bightest Light
The Storm
Eleanor
New Horizons
Wish You Were Here
The Moment
Valley Of The Queens
(Comatoes)
Cape Of Storms
The Greatest Love
Waking Dreams
Strange Machines
Isis And Osiris
Rappels :
Fall Out
Shores Of India
Live report : Lost.
Photos : Lost.
A voir également :
Galerie photos The Gentle Storm.
Galerie photos Stream Of Passion.