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Interview   

The Great Old Ones : dans l’ombre de Lovecraft


La littérature n’a pas fini d’inspirer nos artistes metal, comme a, par exemple, pu le faire très largement J.R.R. Tolkien mais aussi H.P. Lovecraft avec ses nouvelles effroyables, dont l’influence est venue se glisser autant chez les mastodontes de Metallica que dans le death metal expérimental et terrifiant de Portal. Chez nous, en France, il y a un groupe pour qui Lovecraft est devenu comme un membre à part entière : The Great Old Ones.

Les bordelais sortent tout juste leur troisième album, EOD: A Tale Of Dark Legacy, l’acronyme signifiant Esoteric Order Of Dagon, un ordre occulte apparaissant dans la nouvelle Le Cauchemar D’Innsmouth sur laquelle se base l’album. Mais pas question cette fois de rééditer l’expérience de Tekeli-Li (2014), qui avait pour ambition de mettre en musique Les Montagnes Hallucinées, c’est une suite à l’histoire originelle de Lovecraft que propose désormais The Great Old Ones via son black metal chiadé et imagé.

Nous nous sommes entretenus avec Benjamin Guerry, chanteur-guitariste mais aussi l’homme derrière la musique, les textes et le concept de The Great Old Ones, pour échanger longuement sur sa passion pour l’écrivain d’horreur fantasque et sa vision de son univers, et donc sur ce nouvel et passionnant opus.

« C’est toute la force de Lovecraft aussi, c’est que c’est quelque chose qu’on sait irréel mais qui est ancré dans le réel, et forcément ça excite l’imagination. »

Radio Metal : L’œuvre de The Great Old Ones est intimement liée à H.P. Lovecraft, et c’est toi le cerveau musical de la bande. Du coup, quelle est ta relation à Lovecraft et comment tu en es arrivé à lui consacrer ta musique ?

Benjamin Guerry (chant & guitare) : C’est un auteur qui me suit depuis que je suis gamin, depuis que je suis ado spécialement. Il y a plusieurs manières de découvrir Lovecraft, moi je l’ai découvert, comme pas mal de gens, au travers du jeu de rôle. Quand j’étais plus jeune, je jouais au jeu de rôle L’Appel De Cthulhu. Du coup, en jouant à ça, je me suis intéressé à l’auteur sur lequel était basé le jeu, et depuis, il ne m’a pas quitté. J’ai dû lire, je ne vais pas dire toutes ses œuvres, mais pas loin, parce qu’elles ne sont pas non plus infinies. J’étais dans un groupe avant et j’avais envie de composer quelque chose tout seul, un peu comme un projet solo à l’origine, sans savoir ce que j’allais en faire après, et quand j’ai écrit les morceaux, je n’avais pas encore tout écrit que je trouvais que ça collait bien avec ma représentation de l’univers de Lovecraft. Du coup, c’était un bon sujet, je me sentais inspiré pour continuer à composer en me basant là-dessus et écrire des textes là-dessus aussi. Donc c’est resté.

Qu’est-ce qui te fascine dans son œuvre ?

C’est assez difficile à exprimer parce que, quand tu lis un bouquin, c’est un peu comme quand tu écoutes de la musique, il y a beaucoup de ressentis. Après, il y a le travail d’écriture et tout qui fait que s’il avait écrit n’importe comment, ça ne m’aurait peut-être pas autant touché. Mais il y a un univers total qui est hyper intéressant. En fait, tu peux rapprocher ça de Tolkien qui a un univers très complet qui se retrouve dans plusieurs œuvres. A part le Seigneur Des Anneaux, il y a le Silmarillion où tout est lié au même univers, à la même mythologie, et c’est un peu la même chose chez Lovecraft. Même si ça se passe à des endroits différents, dans des situations différentes, il y a toujours le même bestiaire, la même mythologie qui revient, et c’est quelque chose de super passionnant ; sa mythologie a des entités qui sont super charismatiques. Du coup, quand, dans les différentes nouvelles ou romans, tu retrouves les mêmes choses, les références que tu avais vues dans d’autres, ça créé un tout qui rend la chose super intéressante et te donne envie de découvrir toute son œuvre. J’ai trouvé ça assez fascinant parce que chaque fois que tu lis une nouvelle de Lovecraft, tu découvres quelque chose de nouveau mais, en même temps, tu n’es pas perdu, tu sais où tu mets les pieds.

Tu as dit que tu t’es rendu compte que la musique que tu avais commencé à composer collait bien avec ta représentation de l’univers de Lovecraft. Qu’est-ce qui te faisait dire ça ? Qu’est-ce que selon toi ta musique avait de lovecraftien ?

En fait, c’était – enfin, je parle de l’époque des premières compositions mais ça l’est toujours – une musique d’ambiance, mais c’est une musique qui est aussi sombre, et qui s’est encore un peu plus assombrie avec le temps. Du coup, tout ce côté d’ambiance ténébreuse faisait que j’ai retrouvé ça. Quand je lisais Lovecraft, comme je le disais tout à l’heure, ce qui me fascinait, c’était toute la mythologie qu’il y a autour et ce n’était pas uniquement la nouvelle que j’étais en train de lire, c’était un ensemble. La cité de R’lyeh enfouie sous l’eau, dans le pacifique, ce n’était pas juste un endroit ; moi, en tout cas, dans mes lectures de Lovecraft, je ne me représentais pas uniquement la citée elle-même, j’ai même représenté une cité au milieu de quelque chose de très grand, la mer en l’occurrence. Du coup, je trouvais dans la musique que j’avais composée à ce moment-là ce côté paysage fantastique, avec le côté un peu terreur, un peu sombre, qui se rapprochait du côté très factuel de l’entité horrible et innommable – il emploie souvent ce mot-là. Je trouvais que c’était un ensemble super cohérent avec ce que je faisais, ça me faisait penser à ça. Ce côté sombre et en même temps avec beaucoup d’ambiant, donc quelque chose qui représentait des paysages. Et du coup, au lieu de représenter – comme certains musiciens le font très bien – le côté uniquement viscéral de la peur lovecraftienne, quand j’écoutais, je ressentais ça de manière différente. Il y avait une terreur mais il y avait aussi toute cette envie de visite de ces lieux, il y avait un côté voyage ; un voyage intérieur parce que c’est de la musique, donc ce sont des images qu’on se fait soi-même, mais aussi un côté grands paysages qui me faisait penser à Lovecraft, dans la manière dont moi je me le représentais que je lisais. Ça reste assez personnel ; tout le monde ne se le représente pas de la même manière. D’ailleurs quand le premier album est sorti, autant des gens se sont bien représenté, ont bien compris et ressentaient la même chose, autant d’autres étaient là : « Ouais, mais on préfère la vision de Portal », par exemple, sur le côté lovecraftien, sur le côté très terreur, vraiment très sombre sans aucune échappatoire. Ca dépend un peu de la sensibilité de chacun.

De façon plus générale, est-ce que tu penses que le black metal est le terreau idéal pour transposer les émotions et ambiances que développe Lovecraft dans son œuvre ?

Ouais. Je pense que ça fonctionne bien. Ça n’a jamais été le point de départ du black metal mais – alors pas tous les groupes, car le black metal c’est très vaste – pour les groupes qui développent des ambiances, je trouve que ça fonctionne ; ça fonctionnerait en tout cas avec. Je trouve que le black metal est une musique qui est très bien pour ça, car ce n’est pas uniquement une musique rythmique, c’est une musique qui génère beaucoup d’émotions, mais des émotions un peu sombres, et ça se rapproche totalement de ce que je viens d’expliquer par rapport à moi, ma vision quand je lis du Lovecraft. Donc, forcément, je trouve que le black metal est tout à fait adapté à ça. Mais ça pourrait marcher aussi avec des musiques purement ambiantes ou même du drone, comme je te dis, ça dépend vraiment de la sensibilité de chacun. Et là, c’est la mienne, et celle du groupe, qui s’est retrouvée complètement là-dedans.

On voit bien qu’avec The Great Old Ones vous êtes en marge des stéréotypes et clichés du black metal. Que représente pour toi le black metal, quelle est son essence ?

Vaste question [petits rires]. Le black metal parle de plein de chose, mais à l’origine, c’est quand même le satanisme. Mais, en fait, pour moi, c’est une musique sensible. Après, je me ferais peut-être taper sur les doigts par les « trues » – et il n’y a rien de péjoratif là-dedans – mais c’est une musique spirituelle et sensible. Pour moi, c’est la base du black metal. Quand j’écoute du Darkthrone, du Emperor ou du Mayhem, il y a énormément d’ambiance et c’est vraiment un style de musique porteur d’émotion. Même dans les groupes de black metal d’origine, je parle surtout de la deuxième vague, en dehors des Venom et consorts, il y avait ce côté ambiance sombre. Donc pour moi, le black metal est une musique qui se ressent beaucoup. Ce n’est pas une musique que tu écoutes et tu passes directement à autre chose. C’est pour ça que pour moi, ce n’est pas du tout une musique mercantile. C’est une musique, comme on disait à l’époque, non commerciale. Après, maintenant, ça s’ouvre à d’autres choses ; des gens diraient que c’est dommage, moi je dirais tant mieux si ça permet de la faire découvrir à des gens qui sont touchés par ça. Ce n’est quand même pas une musique facile d’accès. C’est une musique qui a besoin de plusieurs écoutes et qu’on ressente les choses. Quelqu’un qui ne va pas du tout être sensible à l’atmosphère du black metal, ça ne va pas le toucher, il va vite passer à autre chose. C’est musique qui doit vraiment se ressentir et qui se vit. Et c’est pour ça qu’en concert, dans le black metal, il y a des gens qui font des pogos, pourquoi pas, mais il y a quand même beaucoup de gens qui sont dans la contemplation, je ne vais pas dire de l’artiste, mais de l’ensemble, de l’ambiance, de la musique, qui le vivent autant au travers de leur regard en live qu’à l’intérieur d’eux. Donc pour moi, la base du black metal, c’est une musique qui se vit, spirituelle et très intérieure.

« Quand on adore un auteur, il faut autant être capable de reconnaître ses qualités que ses défauts […]. Je comprends tout à fait que ce soit imbuvable de se taper des ‘innommable’, ‘non euclidien’ et ‘incommensurable’ tous les trois mots. Par contre, ça reste mon péché mignon et j’ai appris à les apprécier. »

D’autres groupes se sont inspirés de l’univers de Lovecraft, le plus connu étant Metallica, mais il y a aussi Morbid Angel, Electric Wizard ou encore, comme tu l’as mentionné, Portal. Qu’est-ce que tu penses de leur approche de cet univers ?

C’est une approche qui est différente de la nôtre mais qui n’est pas moins intéressante, loin de là. Comme je disais tout à l’heure, certains diront même qu’elle est plus proche de leur vision de Lovecraft que ce que nous nous développons. Ce que j’aime bien est qu’il y a une approche assez littéraire de la chose. Je ne suis pas sûr que dans les groupes que tu as cités qu’il y ait une croyance dans les entités lovecraftiennes, ça reste de la littérature. Pour revenir deux secondes sur la question d’avant, il y a quelque chose qui me touche et qui est assez fort, bien que ce ne soit pas ce que j’avais envie de développer, c’est que les musiciens qui ont développé le satanisme dans le black metal, qui est quand même la base, la plupart – je ne sais pas si c’est encore le cas aujourd’hui – croyaient à ça. C’est quelque chose qui me touche beaucoup. Alors que je ne peux pas dire la même chose de la mythologie lovecraftienne. Je ne crois pas en Chtulhu. J’adore, ça me touche énormément, j’ai beaucoup d’images quand je joue la musique, et c’est pour ça que je la compose aussi, mais par contre, je ne pense pas qu’il existe et que R’lyeh soit au fond du pacifique, à moins que Lovecraft ait été un visionnaire par rapport à ça, ça serait fun… ou pas d’ailleurs parce qu’on mourrait tous ! Et dans l’approche de ces groupes-là, ce que j’ai aimé, c’est qu’il y avait une vraie profondeur. Metallica, par exemple, c’est un morceau que j’aime beaucoup. Après je suis un fan invétéré de Metallica, ça m’a fait rentrer dans le metal quand j’étais gosse, forcément ça restera toujours un peu un groupe culte, et ce morceau-là tout particulièrement parce que les morceaux de Metallica développent toujours des ambiances, mais celui-là, en tant qu’instrumental, possède vraiment une ambiance particulière. Là, je parle vraiment juste musicalement, car étant instrumental, il n’y avait pas de texte. Mais Morbid Angel a développé aussi des ambiances mais en se basant sur quelque chose de littéraire, et je trouve ça fort de leur part aussi d’arriver à développer de vraies ambiances sombres et chaotiques mais sur quelque chose de littéraire. Portal, quand tu l’écoutes, tu peux tout à fait, très facilement, te représenter les entités lovecraftiennes dans toute leur horreur, ça marche très, très bien ; Portal, c’est très flippant ! D’ailleurs, j’invite ceux qui ne l’ont pas regardé à aller voir le clip de Portal adapté d’une nouvelle de [Edgar Allan] Poe – une petite infidélité à Lovecraft – et c’est le truc le plus flippant que j’aie vu depuis très longtemps. Et donc je trouve que ces groupes amènent tous une vision différente de Lovecraft et ont bien absorbé le côté littéraire et ont mis une ambiance dessus qui fait qu’on y croit. C’est toute la force de Lovecraft aussi – pour rebondir sur ta première question –, c’est que c’est quelque chose qu’on sait irréel mais qui est ancré dans le réel, et forcément ça excite l’imagination. Et ça, tous les groupes qu’on a cités arrivent à le faire à leur manière, et de manière vraiment excellente.

Etant donné ta relation intime avec l’œuvre de Lovecraft, es-tu particulièrement critique quant à ce qu’en font d’autres artistes ?

Non, pas vraiment. Je ne suis pas vraiment critique avec les autres parce que si je l’étais, je me retrouverais dans la situation où de mon côté ce serait très difficile d’accepter qu’on me dise que ma vision de Lovecraft est nulle à chier [petits rires] – je pourrais employer un autre terme –, disons, qu’elle ne correspond pas vraiment à Lovecraft. Je ne suis pas critique parce que justement, nous avons toujours dit dans TGOO que c’était notre représentation de l’univers de Lovecraft. Donc, en fait, s’il y avait un moment donné un groupe dont je n’arrivais pas à comprendre où est Lovecraft dans ce qu’ils font musicalement parlant, la seule chose que je me dirais, c’est : « Moi, je n’ai pas compris. Moi, personnellement, je n’ai pas ressenti. Mais eux l’ont ressenti de cette manière-là, je n’ai rien à dire par rapport à ça. » Donc non, je ne suis pas particulièrement critique. Après, s’il y avait du reggae sur Lovecraft, j’aurais peut-être du mal à le comprendre, j’avoue que ça serait un peu compliqué à voir. Mais, en même temps, la littérature, c’est quelque chose de très personnel dans la perception de ce que tu vis, donc à partir de là, je n’ai même pas à être critique par rapport à ça.

Est-ce que l’œuvre de Lovecraft a toujours le même impact sur toi aujourd’hui que lorsque tu l’as découverte à l’adolescence ? Comment est-ce que ça a évolué ?

Par contre, tu vois, pour rebondir sur ta question d’avant, c’est un parallèle qui est super intéressant : autant je ne vais pas être critique par rapport à la vision que développent les autres groupes de l’univers lovecraftien, autant j’arrive aujourd’hui à être plus critique vis-à-vis de la manière d’écrire de Lovecraft. C’est une manière d’écrire qui parfois peut-être un peu pompeuse, il faut le reconnaître. Quand on adore un auteur, il faut autant être capable de reconnaître ses qualités que ses défauts, mais ces défauts, on apprend à les aimer. Aujourd’hui, quand je relis du Lovecraft, je prends toujours autant de plaisir mais, avec des fans invétérés de Lovecraft, on est les premiers à en rire par rapport à tous ses adjectifs. Il en met des tonnes ! Quand tu lis Les Montagnes Hallucinées – que j’ai relu plusieurs fois pour bien me mettre dedans et écrire les textes du deuxième album Tekeli-li -, tu ressors avec un diplôme de géologie ! Ce n’est pas le truc le plus agréable en littérature, tu n’es pas vraiment là pour ça. Il y a beaucoup de descriptions, parfois c’est très pompeux, parfois c’est long. J’ai des amis qui n’écoutent pas forcément de metal mais [qui ont été lire] pour essayer de comprendre un peu plus le concept qui m’anime, et parfois il y en a qui ont eu du mal, par exemple, et je le comprends tout à fait. La manière d’écrire de Lovecraft est particulière. Aujourd’hui, je suis capable d’être critique par rapport à ça et dire : « Oui, effectivement, je comprends tout à fait que ce soit imbuvable de se taper des ‘innommable’, ‘non euclidien’ et ‘incommensurable’ tous les trois mots. » Par contre, ça reste mon péché mignon et j’ai appris à les apprécier. Donc, je suis critique mais j’aime toujours et je prends toujours autant de plaisir.

Le nouvel album EOD : A Tale Of Dark Legacy est une suite au Cauchemar d’Innsmouth. Qu’est-ce que cette nouvelle représente pour toi ? En quoi t’a-t-elle parlé et inspiré ?

Après avoir remangé Les Montagnes Hallucinées, qui n’est pas gigantesque mais qui est assez long… C’est un roman – je ne sais pas si on peut le qualifier de roman ou de longue nouvelle – que j’adore mais qui est plus difficile à digérer, plus difficile à démarrer surtout. Ce que j’aime avec le Cauchemar d’Innsmouth, c’est que tu es un peu direct dans le bain et surtout, il y un peu d’action. Ce n’est pas la seule nouvelle de Lovecraft où il y a de l’action mais celle-ci en a particulièrement, avec quelque chose de très cinématographique parfois, mais dans le côté action. Les Montagnes Hallucinées, ça ferait un film qui serait très bien aussi, mais ça serait un film presque plus contemplatif ; au début il se passe pas mal de choses mais tu contemples plutôt ce qui vient de se passer et tu n’assistes pas vraiment à ce qu’il se passe. Alors que dans Le Cauchemar d’Innsmouth, il y a de la poursuite, le cadre est fantastique, cette vieille ville avec des gens qui puent le poisson, il faut le dire, de suite tu es mis dans une ambiance qui est vraiment superbe, la finalité est hyper cool… C’est vraiment une nouvelle que je lis comme si je regardais un super film d’ambiance et d’horreur, ça j’adore.

D’ailleurs, il semble qu’il y a pas eu énormément d’adaptations cinématographiques des histoires de Lovecraft…

Pas beaucoup. Il y en a eu quelques-unes. Il y a eu justement Dagon, un vieux film un peu entre série B et série Z, mais ça manquait un peu de moyens. Il y a eu le film Cthulhu qui était hyper spécial. Moi, il y a vraiment deux adaptions que je trouve superbes… Disons qu’il y en a trois, en fait ; j’ai moins aimé la troisième mais l’effort était cool. Il y avait l’Appel De Cthulhu qui est sorti il y a quelques années en mode film muet. C’est un film moderne en noir et blanc qui reprend le style des films muet du début des années 1900 et qui du coup marche super bien, avec des effets spéciaux vraiment à l’ancienne mais en même temps, c’est très bien fait. C’est un court métrage d’une quarantaine de minutes qui est vraiment une très bonne adaptation. Après, la même équipe a fait un autre film, Celui Qui Chuchotait Dans Les Ténèbres, qui lui au aussi est en noir et blanc mais qui est parlant. Il est bien fait et très sympa mais je trouve qu’il a un petit peu moins de charme. Par contre, il est plus long, c’est un long-métrage. Et je te dirais que l’adaptation lovecraftienne en film que j’ai trouvé la meilleure, et pourtant qui n’est pas une pure adaptation lovecraftienne mais qui est vraiment inspirée, c’est L’Antre De La Folie de John Carpenter ; c’est vraiment un mélange entre Stephen King et Lovecraft. En tant que fan de Lovecraft, la première fois que je l’ai vu, j’ai repéré de suite [les références]. Je suis aussi un gros fan de Stephen King, c’est moins resté que Lovecraft mais j’aimais beaucoup quand j’étais gosse. Après, on attend toujours l’adaptation des Montagnes Hallucinées de Guillermo Del Toro qui a mon avis a des chances de ne jamais arriver, malheureusement, mais je pense que tous les fans de Lovecraft l’attendent avec impatience. J’avais lu une interview de Guillermo Del Toro qui disait pourquoi il ne l’avait pas encore adapté, c’est que ça représentait quand même un financement assez important pour avoir la qualité du roman, et il avait du mal à faire un film qui soit interdit aux moins de seize ans, un film un peu dur, qui n’ait pas de happy end. Il disait que ça, les studios ne veulent pas. Et donc c’est peut-être pour ça aussi qu’il y a peu de films basés sur les histoires de Lovecraft, c’est que les gros studios, qui permettraient d’avoir un film ayant un minimum de budget – je ne dis pas qu’il faut forcément un blockbuster –, ont du mal à financer des films qui n’ont pas du tout de happy end. Et Lovecraft, je te mets au défi de trouver une nouvelle qui a une happy end ! [Petits rires]

« Quand je compose, je suis toujours guidé par les émotions. Il y a peu de réflexion, en fait. »

Il y aurait un défi technique aussi. Il y a des choses peut-être difficile à rendre à l’écran, on peut penser à La Couleur Tombée Du Ciel, par exemple, où il parle de cette couleur indéfinissable…

Je suis d’accord. En même temps, on peut retrouver le même problème dans Le Seigneur Des Anneaux. Quand tu lis Le Seigneur Des Anneaux, il te décrit les elfes comme des personnages dont la beauté n’est pas représentable tellement ils sont beaux et magnifiques, et puis quand tu vois le film, ce sont des acteurs normaux, ils ont mis un peu un halo blanc autour et des grandes oreilles. Du coup, effectivement, ils ne sont pas si bien représentés que ça. Alors peut-être qu’il y aurait le même problème avec cette couleur. Mais je pense que les fans de Lovecraft auraient tellement envie d’avoir un grand film lovecraftien qu’on serait peut-être capables d’être un peu tolérants par rapport à ça. La couleur, ils la représenteraient d’une manière hyper bizarre, bon, après chacun se fait son image. Si déjà, pour faire un film comme ça, ils interrogeaient une centaine de personnes pour savoir comment ils se la représentent quand ils lisent le truc, ils arriveraient à faire quelque chose qui surement serait pas mal. Après, il ne faudrait pas que ça déborde d’effets spéciaux dégueulasses ; un film lovecraftien, il faudrait qu’il garde un côté un petit peu austère, sinon ça serait dommage. Mais La Couleur Tombée Du Ciel ne serait pas forcément la pire à adapter. Il y a des nouvelles qui seraient beaucoup plus difficiles à adapter. Déjà avec les nouvelles très courtes, faire un film d’un quart d’heure, c’est compliqué. Mais je trouve que Les Montagnes Hallucinées pourraient faire un bon film. Ils se sentiraient surement obligés d’y mettre un peu plus d’action, on assisterait un peu plus au truc, on serait un peu plus spectateur des horreurs qui se passent et on n’arriverait pas après comme la plupart des choses qui se passent dans le bouquin, mais ça serait faisable. J’ai trouvé beaucoup de Lovecraft aussi dans Prometheus, par exemple, le prequel d’Alien. Pour moi, c’est un film qui est très lovecraftien. D’ailleurs, je rebondis dessus mais dans la même interview, Guillermo Del Toro disait : « De toutes façons, ça m’a un peu emmerdé parce que quand j’ai vu Prometheus, j’ai retrouvé plein de plans que j’avais prévu de mettre dans Les Montagnes Hallucinées ! » C’est marrant, il a vu des trucs, il s’est dit : « Putain, ça va être les mêmes plans que je vais faire ! » Donc ça l’a un peu emmerdé.

Pour revenir à l’album, prétendre proposer une suite à une œuvre de Lovecraft c’est quand même osé voire culotté… Pourquoi avoir choisi d’en faire une suite ?

On me pose souvent la question et c’est simple à répondre. Nous essayons toujours d’évoluer par rapport à ça ; déjà, musicalement, nous essayons toujours d’évoluer et proposer quelque chose de nouveau. Nous ne révolutionnons jamais notre style de musique à chaque album mais je pense qu’on y retrouve à chaque fois une évolution, quelque chose de différent. Et quand j’écris des textes, j’essaie à chaque fois de proposer quelque chose d’un peu différent, justement, de ne pas tout le temps retomber sur la même chose. Al Azif, c’était un recueil de textes basé sur plusieurs histoires, soit des histoires adaptées directement de Lovecraft, soit dans l’univers lovecraftien. Tekeli-li, c’était adapté purement des Montagnes Hallucinées. Et là, je me suis dit : « Quid de la suite ? Qu’est-ce que je fais ? Je n’ai pas envie de refaire la même chose, ça ne m’intéresse pas. » Alors je me suis dit : « Pourquoi pas écrire une suite ? » Après, « écrire une suite », je n’ai pas écrit la nouvelle, j’ai juste écrit les textes. Si tu lis les textes, tu verras que ce n’est pas… Comme tu dis, c’était culotté mais je n’ai pas eu l’impression de trahir la nouvelle originale. C’est une suite, le personnage revit un peu les mêmes choses que l’autre, mais de manière un peu différente. On est plus spectateurs directs de l’action dans les textes que j’ai écrits pour coller plus à la musique. Mais c’était vraiment un souci d’évolution pour essayer de proposer autre chose. Je ne trouve pas que ce soit si culotté que ça parce que quand j’ai écrit les textes je trouve que j’ai énormément respecté la nouvelle originale. Par contre, ça a amené un petit quelque chose supplémentaire et me permettait, comme je disais, de mettre encore un petit peu plus d’action. Lors du rituel auquel on assiste directement, il y avait des choses assez fun. J’aime écrire les textes sur la musique pour qu’il y ait un côté assez cinématographique, pour que quand on lit les textes on puisse vraiment se faire des images, quand il y a, en plus de la musique derrière, et je trouvais que ça fonctionnait bien. Sur « In Screams And Flames », il y a un côté un peu violent dans le morceau, il y a des descriptions un peu [crues], alors qu’il n’y en a pas beaucoup dans Lovecraft et moi j’aimais bien mettre ça, quelque chose d’un peu plus direct.

Ce que je voulais dire aussi en disant que c’est culotté, c’est qu’aux yeux des puristes, il y a quelque chose d’un peu sacré dans l’œuvre de Lovecraft, et ils pourraient s’imaginer que tu as la prétention de te mettre au niveau de l’auteur.

Justement, comme je disais à l’instant, je n’ai pas du tout la prétention de me mettre au niveau de Lovecraft. Je n’ai pas écrit la suite de la nouvelle, j’ai écrit des textes, mais ça ne me dérangerait pas de le faire mais par contre je le ferais en toute humilité. Comme je le dis, je n’ai pas révolutionné la nouvelle en écrivant la suite. Il y a des choses qui sont plus visuelles dans les textes que j’ai écrits mais je ne me mets absolument pas au niveau de l’auteur. Je raconte une histoire mais qui est purement basée sur les écrits de Lovecraft, et d’ailleurs, même dans le style des textes que j’utilise, j’utilise des adjectifs lovecraftiens. Ça reste et ça restera toujours un hommage. Il n’y aura jamais la prétention de se mettre à son niveau ou même de continuer son œuvre de manière directe. On continue toujours un peu son œuvre en la faisant découvrir quand on s’adapte dessus, mais comme les autres groupes le font aussi, mais c’est une continuité qui reste du domaine de l’hommage.

Comment est-ce que tu as envisagé cette suite ? Qu’est-ce qu’elle raconte ?

Je ne voulais pas une suite directe parce que là, justement, je me serais placé au niveau de l’auteur, et je n’avais surtout pas envie de dénaturer la nouvelle. Si tu écris une suite, ça dénature un peu, parce que dans cette nouvelle, il y a une fin. Si j’avais écrit une suite directe – genre, qu’est-ce qu’il se passe pour le protagoniste juste après ? –, là j’aurais pu dénaturer et je n’en avais vraiment pas envie ; je trouvais que ça aurait été manquer de respect par rapport à Lovecraft. C’est pour ça que j’ai placé l’histoire plus longtemps après, et je n’ai pas donné d’indice de temps. J’ai mis que c’était un descendant de Robert Olmstead, qui est le protagoniste du Cauchemar d’Innsmouth, qui revient sur les traces de son ancêtre pour savoir ce qui lui est arrivé. Il ne sait pas ce qui lui est arrivé et il a envie de savoir. Donc il se repointe à Innsmouth et là, il lui arrive plein de trucs [petits rires]. Il lui arrive différentes choses que je peux caser dans cinq ou six morceaux, donc forcément, ça va assez vite, ça se passe dans un laps de temps très réduit, le temps qui m’est accordé sur un album. Sans vraiment rentrer dans le détail, le personnage va assister à rituel mais de manière de manière purement lovecraftienne – j’ai tenu à respecter ça –, ça veut dire qu’il n’est pas vraiment acteur de ce qui lui arrive il est plus spectateur, un peu comme dans toutes les nouvelles de Lovecraft ; les protagonistes de l’univers de Lovecraft assistent plus à quelque chose qu’ils n’en sont acteurs, ils ne peuvent pas faire grand-chose par rapport à ce qui arrive, c’est souvent ça, des gens normaux qui sont témoins de choses surnaturelles qui les dépassent, qui en prennent conscience de manière horrible mais du coup, le subissent, c’est plus fort qu’eux. C’est toujours ce principe, et là, ça reste là-dessus : le protagoniste de l’histoire que j’ai écrite pour l’album assiste à pas mal de choses mais il est très peu acteur.

Est-ce que tu développes la musique et le récit en même temps ?

Généralement, ça vient en même temps. Après, c’est un peu entremêlé. Ça veut dire que, concrètement, je vais d’abord commencer à écrire la musique mais je ne vais pas écrire tout l’album. Il va y avoir quelques morceaux, je vais commencer à me mettre sur les textes, et après, à peu près, ça alterne. C’est un mix des deux ; parfois ça a pu m’arriver, dans la musique que je vais faire à un instant T, quand je suis en composition, de chercher à retrouver les sentiments que ressent le protagoniste à ce moment-là. Mais le point de départ reste toujours la musique parce que ça me permet de savoir sur quoi je vais partir pour le prochain album de TGOO et après, au bout de quelques morceaux, je commence à me coller au concept et tout s’enchaîne.

« Il ne faut pas tomber dans le Dimmu Borgir où, à la fin, ce n’est plus sombre du tout, c’est de la musique de film avec un peu de black dessus, il n’y a plus de guitare. Nous avons quand même les trois guitares, il faut que ça reste comme ça. »

Se laisser guider par l’émotion ou par un récit, n’est-ce pas le meilleur moyen pour s’émanciper d’automatismes que l’on peut développer en tant que musicien ?

Surtout dans ce style de musique. Je rejoins ce qu’on disait tout à l’heure au sujet du black metal qui est une musique qui se vit et se ressent beaucoup. Quand je compose, je suis toujours guidé par les émotions. Il y a peu de réflexion, en fait. Il y en a toujours un peu, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Généralement je compose les guitares, après je rajoute la basse, et puis je compose la base de batterie ; je mets ma batterie pour savoir quand il y aura du blast, je mets quelques breaks, etc. et après on réarrange tout avec Léo Isnard qui va amener son expérience de batteur que je n’ai pas et qui, du coup, va affiner tout ça de manière super. Mais ce n’est pas très réfléchi. C’est-à-dire que quand j’écris, il faut vraiment que je ressente quelque chose. Et effectivement, ça permet de mettre de côté la technique et de se laisser guider uniquement, comme tu disais, par les émotions. Je suis toujours parti du principe qu’on ne ressent pas tous les choses de la même façon, mais si au moins moi, ça me touchait quand je l’écrivais, alors ça va toucher quelques autres personnes aussi. D’ailleurs, quand j’ai fait les morceaux et que je fais écouter aux autres membres du groupe, s’il y a un passage qui ne les a pas touchés du tout, ils me le disent, « ouais, là, le passage je ne le trouve pas forcément fantastique. » Alors il y a trois possibilités, soit je dis « non, moi je le kiffe ce passage, je préfère le garder, vraiment j’y crois, », soit je le change, je le modifie pour trouver quelque chose de bien, soit je le dégage complètement. Mais c’est vrai que ça permet vraiment de ne pas se soucier de la technique et de rester vraiment sur l’émotion. Et comme c’est une musique qui doit véhiculer des sentiments et émotions forts, forcément, c’est le meilleur moyen pour y arriver.

Il y a un vrai sens du détail dans cet album pour dépeindre les ambiances, et le sens du détail est une des marques de Lovecraft. Dirais-tu que c’était une qualité essentielle à développer pour s’attaquer à l’œuvre de cet écrivain ?

Je ne suis pas sûr. Je ne sais pas. Ça nous concerne nous mais je ne suis pas sûr que ça pourrait concerner tout le monde. J’imagine très bien un album d’un groupe qui ferait de l’ambiant pur et dur et qui pourrait s’inspirer de Lovecraft pour écrire leurs morceaux, comme du drone et tout serait très spontané, c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de vraie réflexion, ça serait porté uniquement par les émotions. Parce que je disais tout à l’heure que je suis porté par les émotions, mais une fois que le morceau est terminé, il faut quand même que je revienne un peu dessus pour peaufiner les détails, donc il y a forcément une réflexion à un moment, ne serait-ce que pour les arrangements, même s’il n’y en a pas pour la base. Mais j’imagine tout à fait sur de l’ambiant quelque chose de très spontané, quelque chose qui pourrait même être créé en live, sans forcément être préparé à l’avance. Je suis sûr que ça pourrait fonctionner aussi. Donc non, je ne suis pas persuadé que le sens du détail soit vraiment [essentiel]. Pour moi, dans Lovecraft, il y a une ambiance particulière et c’est l’ambiance qui prime. Les détails, nous ça nous va bien parce que ça permet d’aller plus loin, de proposer quelque chose de très abouti, mais ça fonctionnerait tout à fait avec un projet de compositions live improvisées, par exemple.

Il y a aussi une vraie richesse instrumentale dans votre musique avec notamment trois guitares, deux chants et parfois mêmes d’autres instruments. Comment est-ce que tout ceci s’agence dans la composition ? Comment est-ce que vous utilisez cette densité instrumentale, et notamment les trois guitares ?

Ce sont des couches. C’est simple sans être simple. Comme je fais tout seul la base de la composition, du coup, pareil, tout vient spontanément. Après, ça ne veut pas dire que c’est fait sans mal, attention. EOD, ça a été l’album que j’ai mis le plus de temps à composer, car j’avais vraiment envie qu’il soit parfait, et d’ailleurs il n’est pas parfait sur toute la ligne, on pourrait toujours revenir sur des choses. Mais vraiment, tout est fait spontanément, et quand ça fonctionne, ça fonctionne. Je fais ma première guitare, généralement c’est la plus compliquée et la plus dure, le fait d’arriver à trouver le bon riff qui marche. Après, je rajoute la deuxième guitare pour apporter soit un médium à un niveau rythmique, soit une ambiance supplémentaire. En fait, c’est tout un exercice d’arriver à harmoniser l’ensemble. Mais tout est fait de manière spontanée en jouant. C’est vraiment des heures à jouer sur un passage en boucle jusqu’à trouver le truc qui fait que l’émotion passe complètement et le tout fonctionne. C’est pareil pour les autres instruments. La batterie, c’est un peu différent parce qu’il y a le côté rythmique mais il y a un jeu de batterie qui est assez riche, donc il y a un peu de ça aussi. La basse, je trouve que dans TGOO elle ressort beaucoup, elle n’a pas juste un rôle rythmique, elle a un rôle assez mélodique, donc c’est pareil, ça va être joué de manière spontanée pour trouver la basse qui ressort au bon endroit et qui va appuyer la rythmique de Léo mais tout ça de manière naturelle. C’est un boulot qui serait, concrètement, à mon avis, dans le style que nous faisons, hyper compliqué à composer si nous le faisions tous ensemble, en répétition par exemple. Aujourd’hui, ça nous va très bien de faire comme ça. Ça serait très compliqué de le faire en répétition parce que le petit détail, on ne comprendrait pas forcément ce que l’autre fait à côté. C’est un peu l’avantage de bosser tout seul, ça me permet vraiment d’aller au bout des idées et de passer du temps dessus. Tu ne peux pas maintenir un groupe cinq jours d’affilée en répète, au bout d’un moment tu en as marre, ça paraît compliqué… Alors que moi, passer du temps devant mon PC, dans mon home studio et enregistrer longtemps, revenir dessus, essayer des riffs, mixer, prendre une guitare, prendre l’autre pour tester un peu tout, c’est quelque chose que je peux faire. C’est la manière la plus simple et c’est comme ça que ça se passe. Après, pour les autres instruments, comme le violoncelle et tout, ça c’est du domaine de l’arrangement. Mais pareil, généralement ça vient un peu comme ça, « là, ce passage, il faut mettre un truc comme ça. » Le violoncelle au début de « Mare Infinitum », le dernier morceau, pour moi, c’était évident ; ça n’a pas été : j’ai pris un violoncelliste et puis « vas-y on essaie de faire ça, on essaie sur ce morceau-ci ou ce morceau-là. » Non, j’avais composé le violoncelle déjà avant. Après le violoncelliste qui est venu a transcendé le passage parce qu’il l’a fait avec des accents que je n’avais pas forcément fait parce que je ne suis pas violoncelliste, loin de là, par contre j’avais composé la mélodie et tout ça, et c’était vraiment prévu à ce moment-là. Je trouve que tout se fait de manière spontanée et c’est ce que doit être en même temps le black metal, ça doit être une musique spontanée où tu exprimes tes émotions. Si c’est pour réfléchir, on perd un peu la base.

Tu parles de l’intro de « Mare Infinitum ». Qu’est-ce que ça représente émotionnellement pour toi ?

Pour moi, ça représente vraiment la finalité de l’histoire. Sans trop en dire, c’est le moment où le protagoniste arrête de batailler avec tout ce qui lui arrive. Même s’il est spectateur, il essaie toujours de s’en sortir, parce que c’est un sentiment assez humain, c’est l’instinct de survie. Et c’est le moment où il va lâcher l’affaire. Et je trouve que ce début de morceau a un côté assez mélancolique mais aussi assez « sous-marin ». Le traitement du violoncelle n’est pas très sec, c’est un traitement qui amène vraiment une ambiance sous-marine. Il faudrait lire les textes pour comprendre aussi un peu plus pourquoi je dis ça, mais encore une fois, je ne veux pas trop en dire. Comme les chœurs à la fin du morceau qui, eux, représentent un côté plus transcendantal. C’est-à-dire qu’il est passé du moment où il bataillait pour sa vie et sa santé mentale, à un moment où il va lâcher l’affaire, il abandonne tout et s’abandonne lui aussi, mais à la fin, il retrouve une sérénité, quelque chose de transcendantal. Et à chaque fois, c’est pour mettre ça en avant.

« S’il y avait un auteur vers qui nous pourrions aller, ce serait Poe, parce que nous ne ferions pas vraiment une infidélité en faisant ça. [Mais] je sens que sur Lovecraft il y a encore des choses à trouver. »

L’introduction de « The Ritual » superpose une même séquence de batterie jouée trois fois pour créer un effet de masse. Dirais-tu que le travail des effets sonores de ce type, pour accentuer certaines atmosphères, est tout aussi important que le travail de la musique elle-même ?

Pas autant, mais c’est très important. C’est pareil, on revient toujours au domaine de l’arrangement. Les arrangements, dans le style que nous faisons… Après, il y a plein de gens qui diraient que pour certains styles de metal et de black metal, les arrangements, ça enlève de la spontanéité, ce qui n’est pas entièrement faux, d’ailleurs, parce que quand tu écoutes un Darkthrone – il faudrait que j’analyse un disque mais surtout les plus vieux -, je ne suis pas sûr qu’il y ait énormément d’arrangements dedans, c’est très spontané, ça n’empêche pas qu’il y ait beaucoup d’ambiance ; il y a côté un peu punk sur les bords, c’est-à-dire qu’on envoie et on laisse sortir différents sentiments mais sans forcément réfléchir à quelque chose de très perfectionné. Mais d’un autre côté, je trouve que [les arrangements] amènent quelque chose en plus, et ça amène surtout une dimension cinématographique que je trouve hyper importante dans la musique que nous faisons. Nous sommes censés représenter des images, et dans le groupe, nous sommes tous fans autant de cinéma que de musique que de littérature ; ce côté cinématographique nous plait énormément. Chaque fois que j’ai proposé des arrangements de chœurs ou de violoncelle, dans le groupe, ils m’ont toujours suivi par rapport à ça, parce que nous sommes tous animés par ça, plus nous ressortirons d’émotions, plus nous serons contents, pour résumer [petits rires]. Du coup, je trouve que c’est vraiment quelque chose qui, pour nous, est important. Nous aurions pu ne pas mettre l’orgue [sur « Ritual »] mais je trouve qu’il aurait manqué quelque chose ; la grandeur du passage aurait été moins imposante. Donc ce n’est pas important pour tout le monde mais pour nous, je pense que c’est quelque chose d’essentiel. Et plus le temps avance, plus je trouve que les arrangements sont importants. Je ne suis pas du tout le genre de compositeur de metal qui a tendance – enfin, ne jamais dire jamais – à redescendre, je n’ai pas l’impression que pour le prochain album j’aurais envie de dire « on va faire un album purement sans arrangement, on va faire un truc direct. » J’aurais plutôt envie d’aller plus loin là-dedans, car ça me fait ressentir énormément de choses, et dans le groupe ça fait ressentir énormément de choses à tout le monde. C’est un peu comme quand j’envoie les parties de chacun à tous les membres, ils se l’approprient aussi dans la manière de jouer, et donc tout ça, pour TGOO c’est essentiel.

Ça ne tiendrait qu’à moi… Je ne peux pas le faire car ça irait trop loin, mais ça ne tiendrait qu’à moi, le prochain album de TGOO, j’y collerais une chorale entière avec des parties orchestrales, j’adore ça ! Mais bon, après, ça deviendrait pompeux, ça serait surement trop. Il faut que ce soit cohérent aussi. Il ne faut pas que ça dénature complètement le truc. Septicflesh, par exemple, j’aime beaucoup, mais c’est pompeux à mort ! Je ne considère pas encore que nous fassions de la musique pompeuse. Pour eux, ce n’est plus du domaine de l’arrangement, c’est du domaine de leur musique. Si je faisais quelque chose, je pense que ça resterait du domaine de l’arrangement mais peut-être un petit peu plus. Tu vois, je suis un fan invétéré d’Emperor, et le clavier, même s’il a une place super importante, parfois il est du domaine de l’arrangement ; sur Anthems [To The Welkin At Dusk], parfois c’est de l’arrangement parce que ce sont les guitares qui sont un peu plus devant, et ça j’adore, ça me transporte complètement. Mais quand tu mets un orchestre, là tu rentres vraiment dans le domaine du pompeux, qui peut être cool aussi quand tu aimes la musique de film. J’adore la musique de film, ça me plairait. Mais, par contre, rien qu’avoir une chorale… Là, nous avions une petite chorale pour enregistrer, mais avoir une grosse chorale pour le faire et en mettre à plus d’endroits… Mais pas en mode Batushka mais en mode vraiment cinématographique, j’adorerais ! Donc pourquoi pas, à voir [rires], mais ça, ce sera si ça marche avec les morceaux. Je ne commencerais pas à composer la chorale et après je mettrais la musique dessus, comme Septicflesh peuvent le faire, à commencer à faire les orchestrations et après mettre les guitares. Moi, je ferais plutôt l’inverse. Il ne faut pas tomber dans le Dimmu Borgir où, à la fin, ce n’est plus sombre du tout, c’est de la musique de film avec un peu de black dessus, il n’y a plus de guitare. Nous avons quand même les trois guitares, il faut que ça reste comme ça. Ce que nous faisons restera toujours une musique à guitare, ça sera toujours les trois guitares qui amèneront la musique et le reste sera du domaine de l’arrangement. Par contre pourquoi pas développer ce côté aux endroits appropriés, tant que ça met en valeur le reste, et pas l’inverse.

Est-ce que le groupe restera toujours centré sur Lovecraft ou bien êtes-vous ouverts à lui faire des infidélités ? Parce que je reviens à ce que tu disais tout à l’heure : le premier album, c’était un recueil d’histories, pour le second, tu t’es basé sur une nouvelle complète, et là tu as fait une suite, et tu as toujours essayé de faire quelque chose de nouveau. Du coup, qu’est-ce qu’il peut y avoir de nouveau après ça ?

Je n’ai pas encore trouvé, mais ça va venir [rires]. J’ai une petite idée mais je ne peux rien dire pour l’instant, c’est beaucoup trop tôt. Mais oui, peut-être un jour. On m’a souvent posé la question, et d’ailleurs on me pose la question depuis le deuxième album, et nous ne savons pas, pour l’instant. Nous pourrions tout à fait aller voir ailleurs. Ce que Portal a fait avec Poe, c’est une super idée. S’il y avait un auteur vers qui nous pourrions aller, ce serait Poe, parce que nous ne ferions pas vraiment une infidélité en faisant ça, du coup ça pourrait beaucoup me plaire. Mais je sens qu’il y a encore des choses à faire, vraiment. Je sens que sur Lovecraft il y a encore des choses à trouver. L’évolution, nous allons la trouver, nous allons trouver un concept qui sera cool et qui permette d’aller encore un peu plus loin. Je pense vraiment qu’il y a encore à creuser pour ne pas se répéter et rester dans Lovecraft. Pour l’instant, son œuvre et lui-même sont les personnages principaux de notre musique, donc c’est un peu difficile d’anticiper un changement aujourd’hui. Pour l’instant, nous sommes vraiment à fond dessus.

Tu dis que Lovecraft est le personnage principal de votre musique. Est-ce que tu considèrerais qu’il est comme un membre du groupe aujourd’hui ?

C’est complètement un membre à part entière. Il est avec nous ; il est avec nous sur scène, nous avons un backdrop avec lui. Ça serait quand même compliqué de ne pas le considérer comme un membre à part entière – alors, j’espère qu’il serait d’accord, mais je ne suis pas sûr qu’il kifferait la musique [petits rires], ça c’est un autre débat. Mais il est à la base. C’est-à-dire que les atmosphères qui sont développées dans notre musique, elles sont faites pour représenter la mythologie lovecraftienne, les textes sont basés sur lui, sur ses écrits… Je ne vois vraiment pas comment nous ne pourrions pas le considérer comme un membre à part entière. Ça serait presque lui qui écrirait à travers nous mais bon, nous n’en sommes pas sûrs… Là, pareil, je dis ça en tout humilité, c’est-à-dire que je n’en sais rien, car les autres groupes font ça très bien aussi mais de manière différente. Je pense que personne n’a la solution miracle ; lui ne l’aurait d’ailleurs peut-être pas eue pour mettre en musique ce qu’il écrivait.

« Je ne vois vraiment pas comment nous ne pourrions pas considérer [Lovecraft] comme un membre à part entière. Ça serait presque lui qui écrirait à travers nous. »

Vous avez accueilli deux nouveaux membres, Jérôme Charbonnier à la basse et Aurélien Edouard à la guitare, remplaçant respectivement Sébastien Lalanne et Xavier Godart. Pourquoi sont-ils partis et comment s’est passé le recrutement des nouveaux membres ?

Le pourquoi ils sont partis, je vais l’expliquer très rapidement parce que je pense que ça ne concerne que nous, et d’ailleurs ça n’intéresse que nous. C’était un truc assez logique de groupe, parce que je pousse toujours pour que le groupe aille loin, j’essaie en tout cas, pour que nous puissions tourner le plus possible, et qui dit tourner le plus possible, dit aussi pas forcément la même disponibilité pour tout le monde. Mais à un moment, quand tu as vraiment envie, que tu mets tout ce que tu as dans un projet, c’est un peu compliqué d’arrêter le truc… Mais d’ailleurs, Xavier, de lui-même, pendant la grosse tournée avec Der Weg Einer Freiheit, il m’a dit : « Ce n’est pas de ça dont j’ai envie. » Et ça se respecte énormément. Il avait toujours dit que quand ça tournait trop, ce n’était pas trop son truc, et là c’était trois semaines et demi, quasiment un mois, et il nous a dit que ce n’était pas son truc alors que nous, nous étions chauds pour continuer. La plupart, nous nous reposions pendant quinze jours et nous pouvions repartir pendant un mois, ça ne posait pas de problème. Ils sont partis en bon terme, il n’y a pas de souci. Il n’y avait pas du tout de question artistique. C’était vraiment une question d’organisation, une manière de voir l’avenir. C’est ce qu’il se passe dans beaucoup de groupes, c’est quelque chose d’assez simple de ce côté-là. Après, il y a une manière de fonctionner dans le groupe qui fait qu’avec cette envie d’avancer et le fait que je compose un peu tout, j’essaie de maintenir ça parce que ça me permet d’aller où je veux, et ça peut convenir à des gens et un peu moins à d’autres. Mais pareil, ça se respecte beaucoup. Après, c’est toujours pareil, qu’est-ce que tu mets [en priorité] ? Tu mets le projet, tu mets les gens ? Mais quand tu mets les gens et qu’il y a aussi une question logistique, du coup c’est compliqué et la question se pose. Et puis, de toutes façon, quand tu arrives à un moment où les gens n’ont pas envie de tourner, parce que ça ne les branche pas forcément ou qu’ils ne peuvent pas du tout, c’est compliqué de bloquer tout le monde par rapport à ça. Nous sommes très potes, il n’y a pas de problème, mais nous ne sommes pas un groupe de lycée où nous nous connaissons depuis que nous avons douze ans. Donc forcément, le choix s’est porté plus vers le projet, par rapport à ça. Mais ce n’était pas vraiment un choix commun puisque c’était eux qui ont décidé de partir, mais au fond, ça l’était presque parce que, au final, d’un autre côté, il y avait un projet qui faisait que c’était compliqué. Mais il n’y a pas eu de problème humain en particulier.

Et les autres sont arrivés… Le truc, c’est que Aurélien, nous le connaissions tous un petit peu mais il avait déjà joué un peu dans l’ancien groupe de Jeff [Grimal] en live, et c’est Xavier qui l’a proposé. Au début c’était pour le remplacement d’un seul concert et puis après, ça s’est bien passé, donc il est resté. Il a même écrit et joué les solos de la fin de « In Screams And Flames ». Et Jérôme Charbonnier, à la basse, j’avais joué avec lui il y a très longtemps dans un groupe que nous avions ensemble, donc ça m’a semblé logique que ce soit lui. En plus, c’est un très bon graphiste, donc il a beaucoup bossé sur les objets de la sortie, l’édition limitée et tout, en se basant sur les artworks de Jeff. Et nous savions qu’humainement, ça allait être super. Et ce sont des gens qui sont plus dans l’idée de tourner, donc ça convient mieux. Maintenant, il faut que nous arrivions à tourner…

Par contre, c’est bien Sébastien et Xavier qui ont enregistré l’album.

Oui, tout à fait. Franchement, c’était évident. Je ne voyais pas comment nous aurions pu faire autrement. C’est-à-dire qu’ils avaient bossé toutes les parties… Car le choix s’est fait, nous étions en tournée mais nous avions déjà commencé à travailler les morceaux ; nous jouions déjà deux nouveaux morceaux pendant la tournée et les autres, nous avions commencé à les bosser, ils avaient appris leurs parties, ils se les étaient appropriés aussi, donc forcément, je trouvais que c’était complètement normal que ce soit eux qui enregistrent. Et ils ont fait ça super bien, d’ailleurs ! Ça a été parfait ! Ça s’est hyper bien passé, alors que c’est toujours compliqué dans ces cas-là. Même si l’ambiance était très bonne et, comme je disais tout à l’heure, il n’y a pas eu de conflit particulier, on peut se dire qu’ils savaient qu’ils partaient, ils enregistrent un album, moi je suis toujours un peu là pour chapeauter l’enregistrement… Mais ça s’est hyper bien passé ! Si bien que je n’étais pas là tout le temps. Sur Tekeli-li j’étais un peu tout le temps à côté ; là, je me barrais et puis je venais écouter le résultat, nous refaisions deux ou trois trucs et c’était super. Donc ils ont fait ça super bien.

Et les nouveaux membres, est-ce qu’ils s’intéressent aussi à Lovecraft ? Est-ce que l’intérêt pour Lovecraft est une condition pour faire partie de The Great Old Ones ?

L’intérêt humain, déjà, avant toute chose [petits rires]. Il faut que nous nous entendions d’abord. Et puis le niveau, l’envie, etc. Tout ça c’est quand même la première chose. Après, ils connaissaient tous les deux Lovecraft à différents niveaux, pas autant l’un que l’autre. Donc ils savaient où ils mettaient les pieds par rapport à ça, il n’y avait pas de problème. Mais ce n’est pas une condition. A la limite, ça serait un peu comme si nous disions que c’est une condition que celui qui nous écoute connaisse Lovecraft. Non, au contraire ! Si les gens peuvent découvrir grâce à ça, tant mieux ! Là-dessus, il n’y a aucun problème avec ça. Par contre, il y a une condition, mais qui n’est même pas posée, c’est-à-dire que les gens se la posent eux-mêmes, c’est qu’au moins, à un moment, ils s’y intéressent. Même s’ils ne connaissaient pas avant, il faut qu’ils s’y intéressent, c’est évident.

Jeff Grimal réalise les pochettes des albums. Comment est-ce qu’il conjugue le visuel et la musique ?

Jeff, c’est un peu comme moi quand je compose. Il fonctionne vraiment à la spontanéité pure et dure, sauf qu’il a un niveau de technique de malade, vraiment excellent, du coup il arrive à mettre en image tout ce qu’il se représente. Jeff, ça a été la première personne à rentrer dans TGOO quand j’ai voulu arrêter de faire les choses tout seul et que j’ai voulu monter un groupe, et nous nous sommes complètement entendus là-dessus, sur la vision de Lovecraft, sur ce qu’il y avait derrière, il a tout de suite compris. En fait, il va écouter les morceaux, il va savoir ce qui se passe dedans, il va s’intéresser à ce que disent les paroles, ce que raconte le texte, etc. et il va tout sortir spontanément, que ce soit en dessin ou en peinture. Et le fait qu’il ait un niveau technique exceptionnel fait que, forcément, il arrive à sortir très spontanément des choses qui fonctionnent de suite avec la musique.

Vous avez une approche scénique singulière, où on ne reconnait pas vraiment de leaders, étant tous encapuchonnés. Est-ce que vous avez réfléchi à appuyer davantage cette ambiance particulière pour votre prochaine tournée ?

Déjà, scéniquement ça beaucoup évolué. Je ne sais pas si tu nous as vus en concert vraiment au tout début de TGOO, mais c’était beaucoup plus simple, la scène était plus brute et avec moins d’ambiance. Nous avons vraiment eu envie de proposer autre chose, donc nous avons quand même pas mal développé le truc, nous avons la sculpture d’une entité tentaculaire, qu’on pourrait rapprocher de Cthulhu, même si c’est un peu différent, plus Lovecraft derrière nous. Après, nous ne pouvons pas aller dans la démesure, pour plusieurs raisons. Premièrement parce que financièrement, c’est compliqué, il faudrait que beaucoup plus de gens viennent nous voir en concert pour ça ; donc venez, les gens, nous pourrons faire beaucoup plus de trucs [rires]. Mais surtout, je pense que le gros travail, et c’est vraiment là-dessus que nous bossons vraiment comme des dingues, c’est sur les lumières. Nous avons un ingénieur lumière, Sylvain. C’est un ami de longue date qui bosse extrêmement bien et qui a surtout beaucoup de goût, ce qui fait qu’il va vraiment autant travailler les moments un peu violents où le public va avoir besoin de quelque chose de rentre-dedans, avec le côté posé et ambiant. C’est vraiment là-dessus que nous travaillons. Après, nous cherchons toujours de petits artifices supplémentaires, parce que j’aime ça lorsque je vais à un concert, j’aime voir un spectacle. J’aime à penser que les gens, quand ils viennent nous voir, viennent autant voir un concert qu’un spectacle lovecraftien. Donc après, on pourrait imaginer beaucoup de choses. Nous pourrions faire vraiment un spectacle gigantesque mais ça demanderait beaucoup de moyens, ce n’est pas forcément simple à mettre en place, ce n’est pas forcément simple à transporter non plus. Donc, pour l’instant, nous essayons de faire le maximum avec nos moyens. En tous cas, c’est vraiment une réflexion que nous avons pour essayer, à la hauteur de nos moyens, de faire le show le plus abouti possible, en faisant la musique proprement, en proposant quelque chose de travaillé – spontané mais travaillé – et derrière, avec un décorum qui va vraiment mettre l’accent sur les ambiances au niveau des lumières et tout.

Interview réalisée par téléphone le 2 février 2017 par Nicolas Gricourt.
Fiche de questions : Nicolas Gricourt, Philippe Sliwa & Jean-Florian Garel.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Photos : Valerie Cridelause (2 & 6) & David Helman-Hans (1, 3, 5 & 7).

Page Facebook officielle de The Great Old Ones : www.facebook.com/thegreatoldones

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