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Chronique Focus   

The Night Flight Orchestra – Aeromantic


Il est à peine dix heures du matin, vous ouvrez les yeux difficilement et déplorez déjà la mauvaise odeur de la chemise transpirante que vous n’avez pas enlevée avant de vous affaler lamentablement sur votre lit. Il faut dire que la nuit a été mouvementée malgré une solitude matinale qui pourrait faire penser le contraire. Vous y étiez préparé, le brushing tient toujours malgré l’épreuve de l’oreiller. Vous sentez à la fois le sconse et l’apprêté, et malgré l’état piteux de cette matinée à l’olfaction et l’hygiène douteuses, vous avez la tête remplie des souvenirs de votre épopée avec comme principaux protagonistes le sourire d’ange et la splendide permanente de votre compagne d’alors, une hôtesse de l’air radieuse. Un visage figé dans le temps, qui ne bouge qu’au ralenti et qui s’est accaparé votre nuit. Si tel est votre film matinal, alors la bande originale appartient certainement à The Night Flight Orchestra. Le groupe de classic-rock formé par Björn Strid et David Andersson de Soilwork est l’un des acteurs principaux du retour aux années 80 porté en grande partie par la synthwave. Aeromantic est leur cinquième opus, une sorte de soap opera, d’action romantique dans la lignée de Top Gun ou Flashdance avec pour credo « qui peut le plus, doit le plus ». En somme : vol long-courrier, femmes et romance à outrance.

L’instrumental « Cabin Pressure Drops » était sorti l’an dernier en guise de teaser d’Aeromantic. The Night Flight Orchestra se montre actif et profite de son succès en accueillant à chaque fois de nouvelles personnes à son bord, en l’occurrence la violoniste Rachel Hall du groupe Big Big Train et le claviériste John Lönnmyr qui vient remplacer Richard Larsson (tout de même présent sur quelques titres de l’album). La recette du NFO est évidemment toujours la même, il s’agit justement de l’approfondir, d’appuyer ses caractéristiques. L’omniprésence des claviers sur Aeromantic est l’argument principal. Joués par trois des membres de la formation, ils confèrent aisément ce cachet eighties si précieux et viennent parfois se confondre avec les guitares. Ils sont la colonne vertébrale de « Carmencita Seven », supportés par les lignes de violon et le groove de la guitare, et apportent une composante légèrement gothique à « Sister Mercurial ». Ils permettent au très synthwave « Transmissions » d’honorer les canons du genre, se rapprochant des atmosphères à la Perturbator et Carpenter Brut en plus langoureux, la « faute » au talent renommé de Björn Strid. The Night Flight Orchestra réalise une prouesse de production en respectant à la fois l’esprit de sa musique, jusqu’à accueillir le kit de batterie d’Abba sur l’album Super Trooper pour enregistrer. Surtout, il respecte les plages de chaque instrument, permettant au violon d’émerger réellement du spectre, à l’instar du solo lors de l’outro de « Transmissions ».

Aeromantic semble accumuler les clichés sur la musique des eighties avec un plaisir non dissimulé. Le groove haché, un brin funky de « Curves » en fait l’archétype du titre « smooth » pop, tandis qu’avec ses airs ultra-entêtants, « Divinyls » avait ce qu’il faut pour faire un carton au début du Top 50. Le riffing plein de réverb’ du plus musclé « Servants On The Air » annonce d’emblée la couleur : The Night Flight Orchestra a sans doute composé cheveux au vent avec une panoplie de ventilateurs, ne serait-ce que pour l’état d’esprit. Le groupe maîtrise ses classiques comme personne, jusqu’à jongler en toute décontraction entre les registres : quand « Aeromantic » démarre comme un vieux classique de Kiss, c’est pour ensuite nous emmener en pleine fièvre disco-funk… « Golden Swansdown » occupe le poste de la ballade mielleuse qui amène inévitablement au solo le plus surjoué qui soit, sorte de fantasme de guitar-hero prépubère exécuté à la perfection. Le paroxysme est atteint sur « If Tonight Is Our Only Chance » et sa mélodie simplissime. On se surprend à accompagner Björn sans gêne : « If tonight is our only chance, we’ll take it (…) we’ll try (…) we will make it tonight you and I ». Tout un programme. The Night Flight Orchestra se réserve tout de même le droit d’incorporer des éléments plus progressifs à travers les soli de « Carmencita Seven » ou le pont de « Dead Of Winter » qui s’éloignent des chemins balisés de la pop pure. De quoi rappeler la polyvalence de musiciens qui ne font au final que s’amuser dans les grandes largeurs.

Il s’agit de cela après tout : l’amusement. The Night Flight Orchestra peaufine une formule, on pourra lui reprocher de ne pas en sortir voire, parfois, de tourner en rond. Le groupe ne s’en soucie pas et Aeromantic comprend tout de même pléthore de petits arrangements kitchissimes qui rendent son écoute exaltante, parfois passionnante tant elle s’applique à évoquer les fantasmes d’une époque. L’univers du séducteur haut en couleur et des histoires d’amour improbables est parfaitement rendu, de quoi faire miroiter son prochain vol. Il faut du second degré pour se mettre de la gomina, il en faut aussi pour The Night Flight Orchestra. Le dernier le récompensera bien davantage en revanche.

Clip vidéo de la chanson « Transmissions » :

Clip vidéo de la chanson « Divinyls »:

Album Aeromantic, sortie le 28 février 2020 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici



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