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Chronique Focus   

The Night Flight Orchestra – Skyline Whispers


The Night Flight Orchestra - Skyline Whispers« Feel good music ». Si le terme n’existe pas, il faudrait l’inventer tout spécialement pour The Night Flight Orchestra. Un « super groupe », pourrait-on le qualifier, puisqu’on retrouve le chanteur Björn « Speed » Strid et le guitariste David Andersson de Soilwork, le bassiste d’Arch Enemy Sharlee D’Angelo, le claviériste Richard Larsson de Von Bento (groupe d’un des gagnants de Swedish Idol) et le batteur Jonas Källsbäck, ami d’enfance d’Andersson. Mais c’est avant tout un « super groupe » au sens premier, c’est-à-dire un groupe de super potes, réunis pour faire de la super musique super fun. Et ne pas se fier au pedigree de certains de ses membres, on est bien loin, très loin, du metal extrême de Soilwork ou Arch Enemy. C’était un classic rock à tendance road trip que le combo avait proposé avec son premier opus Internal Affairs qui déjà avait égayé notre année 2012.

The Night Flight Orchestra revient aujourd’hui avec Skyline Whispers pour confirmer que c’est une affaire qui roule, ou plutôt qui décolle. Si « Sail On » fait la liaison directe avec Internal Affairs sous un classic rock qui doit beaucoup à Deep Purple dans ses riffs heavy boogie remuants et les cris de Björn dignes d’un jeune Ian Gillan et même David Coverdale, très vite on constate que le groupe va plus loin dans sa démarche rétro et, dès le second titre, s’amuse carrément avec les sonorités très typées années 80. Claviers kitschs au possible, batterie qui marque le temps à la manière du « Don’t Break My Heart Again » de Whitesnake ou d’un « Eye Of The Tiger » de Survivor, des riffs et un sens mélodique proche du Bon Jovi des deux premiers albums, sans compter des samples de conversations téléphoniques qui rappelleront le « Sex Over The Phone » des Village People… Avec « Stiletto » qui suit, on frise le Kool And The Gang, avec son groove de basse, sa guitare légèrement funky et un chant définitivement soul, sans parler des paroles qui virent au glam : « Waiting for a woman, waiting once again. You know you look so good […]. Please don’t take off your stilettos, they never tell me lies…” (pour les non-anglophones, en gros ça parle de femmes et de talons aiguilles). Ca continue un peu plus loin avec « I Ain’t Old, I Ain’t Young » et ses sonorités 80’s planantes à la « Nightcall » de Kavinsky (pour ceux qui ont vu le film Drive), sans non plus complètement perdre son rock. Des claviers typés aussi sur « Floridian Eyes », qui renvoient au Van Halen de 1984 (« Jump », « I’ll Wait ») ou le Rush des années 80.

On n’est pas loin avec ces chansons des B.0 de Flashdance ou des films de Stallone (Survivor dans Rocky, Sammy Hagar dans Over The Top), et pourtant la très grande force de The Night Flight Orchestra est sa capacité de prendre ces sonorités et gimmicks d’un autre temps (on n’aurait jamais cru entendre ce genre de choses en 2015) pour en faire une musique efficace d’une classe et d’une élégance sans bornes. Et ceci passe notamment par des refrains à en perdre la tête, mais aussi une certaine maestria des musiciens qui transpire à travers tout l’opus – dont Sharlee D’Angelo qui se révèle comme il ne l’avait encore jamais fait, ni dans Arch Enemy, ni dans Spiritual Beggars. Car par-delà de certains dehors disco et radio-friendly qui font aussi dire qu’en un autre temps ce groupe aurait tout défoncé sur son passage dans les charts, The Night Flight Orchestra met parfois, sur certains phrasés, un pied dans le progressif façon Yes et surtout, encore et toujours, porte l’héritage du génie des années 70. On plonge directement dans le soul rock diablement groovy du Deep Purple époque Come Taste The Band avec « Lady Jane ». On enchaîne sur un blues rock tout en légèreté à mi chemin entre Kiss et Lynyrd Skynyrd avec « All The Ladies ». Si « Spanish Ghost » reprend les sonorités « eighties », il s’amuse aussi avec quelques castagnettes pour rendre la dimension hispanique annoncée. « Roads Less Traveled » balance dans un shuffle typiquement Thin Lizzy. Et « The Heather Reports » achèvera de convaincre : un titre épique de dix minutes qui flirte via son jam de deuxième partie avec le progressif et le jazz d’Al Di Meola période Elegant Gypsy, avec percussions légères en renfort, le tout pour aboutir à un final cathartique.

Skyline Whisper a tout pour devenir un plaisir coupable. Au carrefour de styles qu’on a appris à mépriser depuis que les superficielles années 80 sont restées derrière nous. Mais c’est aussi et surtout un voyage à travers le classic rock, conduit de toute évidence par des amoureux du genre. Un grand rayon de soleil qui soigne de la sinistrose, donne de l’énergie pour la journée et même lorsqu’il ne nous traverse pas les oreilles, il continue de nous accompagner avec sa marque imprégnée en tête. « Feel good music ». Tout simplement.

Avec la contribution d’Arthur Nimal.

Ecouter l’album en intégralité :

Album Skyline Whispers, sorti le 9 juin 2015 chez Coroner Records.



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