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Chronique Focus   

The Pineapple Thief – Versions Of The Truth


Depuis Your Wilderness (2016) et l’arrivée de Gavin Harrison, The Pineapple Thief voit sa notoriété s’accroître d’année en année. Bruce Soord peut désormais compter sur une deuxième force créatrice en la présence de l’ex-batteur de Porcupine Tree. Gavin Harrison était impliqué dans l’ensemble du processus de composition de Dissolution (2018), le plus grand succès de la carrière de The Pineapple Thief à ce jour. Une tournée aux US et un album solo de Bruce Soord intitulé All This Will Be Yours (2019) ont séparé les sessions d’écriture du successeur de Dissolution. En résulte Versions Of The Truth, le nouvel effort de The Pineapple Thief qui conserve le même line-up pour la troisième fois d’affilée. Tout est dans le titre : ce qui fascine (et exaspère) Bruce, c’est la manière dont la vérité est courbée. Une tendance vieille comme l’humanité, mais rendue d’autant plus perverse par les réseaux sociaux, au point de devenir une arme redoutable pour motiver le chaos.

Lorsqu’on connaît la discographie de The Pineapple Thief, on est familier de la propension de Bruce Soord à ne jamais vouloir exactement se répéter. Versions Of The Truth n’échappe pas à la règle. Il est produit par les quatre membres du groupe, Bruce Soord évidemment mais aussi Gavin Harrison, le bassiste Jon Sykes et le claviériste Steve Kitch. Sur ce plan, The Pineapple Thief livre une partition clinique, que ce soit dans les multiples arrangements de guitare, les samples de clavier ou le jeu limpide de batterie. L’ouverture « Versions Of The Truth » emprunte aux deux précédentes œuvres de la formation : on retrouve ce goût pour une structure de chanson qui se veut simple à appréhender et les intégrations de sonorités plus audacieuses, à l’image de ce petit jeu de percussions. The Pineapple Thief réintroduit de la concision dans la formule qui a fonctionné sur Dissolution. Le groove de « Break It All » et sa progression centrale qui emprunte des sonorités psychédéliques et des gammes orientales obéissent à cette méthode : The Pineapple Thief conserve ses aspects progressifs qu’il condense davantage. Le groupe favorise les accroches mélodiques entêtantes plutôt que les longues élancées musicales, à l’instar de « Demons » et ses lignes de chant en apparence légères de Bruce. The Pineapple Thief se démarque à nouveau par son sens du détail, à l’image de cette virgule de guitare acoustique qui ponctue élégamment la progression mélodique du titre. Le groupe témoigne en outre de son sens de la délicatesse et de son goût persistant pour les influences pop qui nourrissent les notes de piano de la ballade « Driving Like Maniacs », épurée et douillette avec ses chœurs chaleureux, narrant ces amitiés destinées à s’effriter car trop intenses.

Il est évident que les mélodies et le cachet « enfantin » de certaines sont savamment mis en valeur, à nouveau, par le génie de Gavin Harrison. Versions Of The Truth est toutefois moins démonstratif que Dissolution à cet égard, le batteur respectant justement cet effort de concision. Il se fait discret sans l’être en multipliant les accents de finesse qu’on lui connaît depuis Porcupine Tree (multitude de ghost-notes, jeu de cymbales d’une précision chirurgicale et un sens de l’interprétation hors du commun). Le break rythmique du pont de « Leave Me Be » en est un exemple : Gavin rend les compositions de The Pineapple Thief malléables et empêche la routine de s’installer. Il s’accorde parfaitement avec les autres musiciens : il devient la colonne vertébrale de l’atmosphérique « Too Many Voices », calquant ses accents sur les notes de clavier de Steve Kitch et les accords de Bruce Soord. Il fait vivre la quasi-comptine entêtante « Stop Making Sense » en accompagnant le marimba, un xylophone africain volumineux. Le plus entraînant « Our Mire » (au break rappelant le « Animate » de Rush) est la synthèse de l’alchimie qui opère au sein de The Pineapple Thief : une qualité d’écriture louable et enviable ainsi qu’une interprétation pointilleuse et millimétrée. « The Game » clôture Versions Of The Truth en prenant le contre-pied des efforts précédents. Pas de conclusion épique : une colère à peine retenue exprimée de manière désabusée par un Bruce Soord qui livre crûment sa vision du climat actuel : « You’re taking us all for fools ».

Versions Of The Truth respecte le dessein de ses géniteurs : proposer une musique qui ne se veut pas la mimique de Your Wilderness et Dissolution. Il en est un écho, additionnant les deux caractéristiques qui font le cachet de The Pineapple Thief : la concision et l’expérimentation. Versions Of The Truth respecte le désir d’accessibilité de Bruce Soord sans s’avilir grâce à l’exécution des musiciens. Versions Of The Truth ne nous embarque pas dans de grandes épopées musicales : il invite davantage à une réflexion plus mesurée. Celle qui doit justement nous amener à démêler le vrai du faux.

Clip de la chanson « Break It All » :

Clip de la chanson « Demons » :

Album Versions Of The Truth, sortie le 4 septembre 2020 via Kscope. Disponible à l’achat ici



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